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Stocks de masques, mensonges, obstruction de la justice... Dans leur nouveau livre-enquête "Les juges et l'Assassin", Fabrice Lhomme et Gérard Davet reviennent sur la gestion du Covid-19 par l'État, jusqu'en juin 2020. 

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Transcription
00:00Oui, ça a été un vertige, c'est-à-dire un double vertige.
00:02D'abord, c'est la masse de documents que nous avons pu récupérer
00:06sur une crise qui est assez inédite dans l'histoire contemporaine,
00:11on va dire, et pas seulement en France,
00:12mais là, en l'occurrence, c'est la France qui nous intéressait.
00:14Et c'est à partir de l'expérience française qu'on a pu tirer toute cette documentation.
00:19Et surtout, très rapidement, le vertige s'est doublé par un autre vertige
00:23qui était le contenu de ces documents.
00:25C'est-à-dire qu'on s'est aperçu que par rapport à l'idée qu'on avait nous-mêmes
00:28de cette crise du Covid et sa gestion par l'État,
00:31où globalement, tout le monde avait le sentiment,
00:33et sans doute nous les premiers,
00:34que ça avait été géré de manière à peu près correcte,
00:36qu'on avait fait tout ce qu'on avait pu,
00:38et en fait, on s'est aperçu que c'était exactement l'inverse.
00:41C'est qu'il y a eu faillite, faillite d'État,
00:43il y a eu des dysfonctionnements majeurs,
00:45et surtout que cette crise qui a été présentée par beaucoup
00:48comme étant quelque chose de totalement imprévisible
00:50et qu'on a fait ce qu'on a pu au dernier moment un peu en catastrophe,
00:54on aurait dû, on aurait pu prévoir,
00:56on aurait pu anticiper,
00:58et on aurait sans doute pu éviter une catastrophe telle que nous l'avons connue.
01:01Alors, allons dans le vif du sujet,
01:03puisque vous avez quand même eu accès à des documents assez hallucinants,
01:07des échanges de SMS entre ministres,
01:09des contenus aussi de conseils des ministres,
01:12accès à des notes de ministres qu'ils notaient,
01:15qu'ils prenaient pendant ces conseils de ministres.
01:18Vous décrivez clairement le désarmement sanitaire de la France,
01:21mais aussi les alertes répétées sur la dangerosité de la pandémie,
01:25et notamment les alertes qui ont été formulées par Agnès Buzyn,
01:29qui était à l'époque ministre de la Santé.
01:32Quoi qu'on pense d'elle, et notamment de son choix de quitter le gouvernement
01:35pour se lancer dans la course aux municipales,
01:37elle a quand même senti le danger venir,
01:40et elle a alerté le couple exécutif.
01:43Oui, clairement, elle a été lanceuse d'alerte dès le début.
01:46Elle est médecin, Agnès Buzyn, donc elle a senti les choses arriver.
01:49Elle a senti qu'une épidémie était en train de se mettre en place du côté de la Chine,
01:53et qu'elle allait probablement déferler sur la France.
01:56Le problème, c'est qu'elle a essayé d'alerter l'exécutif,
01:58c'est-à-dire Édouard Philippe à l'époque, et Emmanuel Macron,
02:01et que ces deux têtes de l'exécutif étaient obsédées par la réforme des retraites,
02:05déjà comme quoi ça infuse,
02:08et également aussi tout le reste, c'est-à-dire les élections municipales
02:11qui allaient arriver en mars 2020, etc.
02:13Et donc du coup, ces alertes, ces cris d'appel en quelque sorte,
02:16ces cris d'alarme, n'ont pas été entendus.
02:18Et par là-dessus, ensuite, elle est partie.
02:21C'est-à-dire qu'elle s'est laissée convaincre
02:24de partir à la conquête de la mairie de Paris, en mars 2020.
02:26C'est un échec total, et ensuite, elle désingue à tout va.
02:29Mais lorsqu'elle alerte le Premier ministre, par exemple,
02:31premier cas identifié à Bordeaux,
02:34c'est dans la foulée d'un conseil des ministres où elle s'est d'ailleurs sentie très seule,
02:38elle a essayé d'alerter ses collègues.
02:39Le soir même, premier cas identifié à Bordeaux,
02:42elle envoie un message à Édouard Philippe, qui lui répond,
02:45ça va occuper l'espace.
02:47Oui, c'est un exemple parmi d'autres des échanges
02:51qu'il y a pu avoir au sommet de l'État et auxquels on a eu accès,
02:54où on voit bien qu'il y a un décalage qui est assez hallucinant
02:57entre la préoccupation, l'inquiétude, on va dire même l'angoisse
03:01de celle qui est en charge, c'est-à-dire la ministre de la Santé Agnès Buzyn,
03:05et les deux principaux responsables de l'exécutif,
03:08Édouard Philippe comme Emmanuel Macron,
03:10qui prennent ça vraiment par-dessus la jambe.
03:12On voit bien dans cette remarque d'Édouard Philippe,
03:14il y a un côté un petit peu ironique.
03:16Et d'ailleurs, Agnès Buzyn va ensuite le confier,
03:19c'est qu'on ne l'a pas prise au sérieux,
03:21on l'a mise de côté sur le thème assez classique finalement,
03:26dans la dernière période, c'est-à-dire,
03:31c'est des histoires de médecins,
03:32les médecins sont toujours trop inquiets, ils en font trop.
03:34Alors qu'en fait, on peut même dire avec le recul,
03:36sans doute même Buzyn, certainement, n'en a pas fait assez, au contraire.

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