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00:00Et bonsoir à tous et bonsoir à toutes, bienvenue dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
00:08Nous venons de vivre cette cérémonie bouleversante du 80e anniversaire de la libération du camp
00:13d'Auschwitz où près d'un million de juifs ont été exterminés entre 1940 et 1945.
00:20Au total, pendant cet holocauste, 6 millions de juifs sont morts.
00:24Nous avons entendu des témoignages des rescapés dans ces lieux terribles marqués par la tragédie
00:29de l'histoire. Nous sommes évidemment en direct ce soir pour vous faire vivre cette cérémonie,
00:35cette émotion, ce devoir de mémoire qui nous incombate tous. Je m'oppose d'abord d'écouter
00:40le témoignage d'un homme de 98 ans, il s'appelle Marian Turski, c'est un rescapé d'Auschwitz.
00:47Il y a des motifs d'espoir quand les deux côtés comprennent qu'il n'y a pas d'issue avec la guerre
00:57et qu'il n'y a pas de possibilité d'offrir une vie sans guerre à leurs enfants et à leurs petits-enfants.
01:03Alors il est l'heure du compromis. Regardez l'exemple de la France et de l'Allemagne.
01:10N'ayons pas peur de nous convaincre nous-mêmes qu'il faut une vision de ce qui va se passer
01:24demain et de ce qui va se passer dans quelques années. Voilà pour ce témoignage de Marian Turski,
01:32un rescapé de 98 ans. Il nous met en garde, Rachel Kahn, de ce qui peut se passer demain,
01:37de cet antisémitisme qui renaît sous un autre visage, une autre bannière, de nouveaux slogans.
01:43Et c'est ce qu'il faut retenir d'abord de le fait qu'il y avait très peu dans cette cérémonie de
01:48rescapés, 40, il y en aura sans doute de moins en moins. Et puis ce message, attention, parce que
01:53l'antisémitisme est là et il renaît. Oui, et heureusement qu'on a eu ces messages. On a vu
01:58aussi dans cette cérémonie beaucoup de rubans jaunes. Et j'ai une pensée évidemment pour ma
02:04famille, mais aussi pour Moshe Ridler qui a été rescapé d'Auschwitz et qui a été assassiné,
02:11massacré le 7 octobre. Et une autre pensée pour Shlomo Mansour qui a été rescapé et qui est
02:17encore détenu dans les tunnels du Hamas. Le devoir de mémoire, Eric Reuvel, bonsoir,
02:22nous incombat tous, je le disais aujourd'hui. Quand on interroge les jeunes français, 46% d'entre
02:28eux, entre 18 et 29 ans, disent ne jamais avoir entendu parler de la Shoah. Et Ronald Lauder
02:35rappelait aussi qu'aux Etats-Unis, par exemple, il y a de moins en moins dans les jeunes générations
02:40de gens qui considèrent que l'existence d'Israël doit continuer. Le chiffre est effrayant, je crois
02:47qu'il c'était 40%. Mais ce qui m'a frappé, c'est entre Marian Turski, Léon Weintraub,
02:55Dovah Friedman qui ont témoigné et Ronald Lauder, c'est qu'il y a les témoignages qui disent
03:02on peut éviter ça. Et ceux qui disent, regardez tous les ingrédients sont sur la table pour
03:10peut-être aller vers la même barbarie. Evidemment, ça résonne beaucoup à nos oreilles, notamment en
03:15France, je vais pas polémiquer, mais ça résonne beaucoup à nos oreilles. Et vous savez, qui a
03:19été à Auschwitz, bien des années après, c'était mon cas lors d'une visite de Chirac qui était reçue
03:25par la présidente polonaise Kielczewski, ne ressort pas indemne. Moi j'ai en mémoire les valises dans
03:33les blocs, les tétines des enfants, les milliers de paires de chaussures de ces gens qui sont
03:38arrivés sans repartir. Et les béquilles. Et puis je pense aussi à Yad Vashem qui est ce
03:44mémorial de la Shoah à Jérusalem. Là aussi, quand vous allez dans la salle des noms, où éternellement
03:50on égrène les noms des juifs qui sont morts en déportation, on ne sort pas indemne. Joseph
03:55Bassescaron, cette cérémonie est poignante. Il faut continuer à témoigner, il faut continuer à dire
04:02ce qui s'est passé, parce que les derniers témoins directs vont s'éteindre. Et après, il n'y aura que
04:07le récit. Notre récit contre la contre-vérité qui s'installe. Il y a une image, mais extrêmement
04:13d'une puissance et d'une force de Ronald Noader, le président de l'Union des Juifs mondiales, qui a pris la parole
04:19et qui a parlé du canarie au fond d'une mine. Il disait, pour les mineurs, les mineurs emmenaient
04:25un canarie. Pourquoi ? Parce que le canarie, il alertait lorsqu'il n'y avait plus d'air.
04:31Il mourait. Et cette image forte, il a dit, en fait, le 7 octobre, un canarie est mort.
04:40Et la vraie question, c'est de savoir si nous nous en sommes tous. Enfin, tous, mais évidemment, ici,
04:47nous le savons, mais si en dehors de nous, tout le monde s'en est vraiment rendu compte qu'un canarie
04:52est mort. Cette image, je trouve, est d'un symbolisme, d'une puissance extrêmement forte.
04:59Olivier Benkemoun, c'est une cérémonie bouleversante. Là, on voit des jeunes qui accompagnent les
05:05rescapés autour de bougies, des bougies du souvenir, bien sûr. Oui, et c'est important parce que
05:09Auschwitz, chaque année, en tout cas l'an dernier, c'est 1,8 million de visiteurs. Donc, c'est un
05:16lieu de mémoire très important que je ne reconnais pas, d'ailleurs, aujourd'hui, dans cette mise
05:20en scène. On a un peu magnifié cet endroit, on l'a rendu très beau, alors que l'horreur
05:27qu'ont vécu ces survivants, l'horreur de la mort, parce que c'est un cimetière, vous l'avez dit,
05:33ne ressort pas de ces images, me semble-t-il. Mais il y a les témoignages. Il y a eu ces quatre
05:39témoignages. Les témoins, ils ont entre 85 et 99 ans, aujourd'hui. Donc, demain, c'est fini. La plus
05:46jeune qui est allée à Auschwitz, elle avait cinq ans et demi. Elle l'a raconté. Il y a cinq ans et
05:51demi, elle a compris que c'était une usine de la mort. Tous ont une histoire particulière, tous
05:56sont des survivants, tous ont réussi à sortir de cet enfer. L'une d'entre elles s'est cachée avec sa
06:02maman dans les cadavres et a été découverte au moment de la libération du camp par les
06:07Russes. Il y a eu 7000 survivants, dont 700 enfants. Et combien sont partis dans d'autres
06:16camps, etc. La mémoire, la mémoire, aujourd'hui, existe. Elle existe peu. Est-ce qu'on raconte
06:21encore ce que c'est que la Shoah ? Est-ce qu'on dit le mot Shoah, encore, aujourd'hui, en France,
06:28dans les classes, dans les écoles ? Aujourd'hui, c'est formidable. Il y a des témoignages. Il y a
06:32encore des films, évidemment. Il y a des films qui vont raconter. Il y a des témoins directs qui
06:36vont dans les classes, encore ? Oui, mais ils ont 85 ans, 90 ans. Donc, pour combien de temps,
06:41ces témoins directs ? Heureusement qu'il y a... Moi, on passait Nuit et Brouillard, à mon époque,
06:49à l'école. Je ne suis pas certain que ça se fasse encore. Malheureusement, on est beaucoup de
06:58enfants de déportés, ou encore de petits-enfants de déportés, à se dire qu'heureusement que nos
07:04grands-parents ne sont plus là pour voir ce qui peut se passer en France, aujourd'hui. À cause
07:08de la montée de l'antisémitisme, à cause du négationnisme, à cause du révisionnisme,
07:12de cette disqualification, à cause des taxes sur les murs, à cause d'avoir peur d'aller faire ses
07:18courses à l'hyper-cacher. On va rejoindre à Auschwitz nos envoyés spéciaux, Johannes Zay et
07:22Sacha Robin. Bonsoir à tous les deux. Vous vous trouverez avec de la cérémonie absolument
07:27poignante, bouleversante, avec les témoignages. Et puis, j'imagine cette atmosphère que vous vivez
07:32puisque vous êtes sur place, Johannes. Absolument, Laurence. C'est vrai qu'il y a une émotion qui
07:39est extrêmement forte, vraiment très palpable. Ici, cette cérémonie, elle a vraiment été subie
07:43dans un silence absolu, un silence de recueillement aussi, bien sûr. Ce qui est frappant, bien sûr,
07:49ici, c'est l'inquiétude des rescapés, l'inquiétude concernant l'avenir. Vous l'avez entendu,
07:53vraisemblablement, ils appellent tous ces rescapés à la vigilance, à la vigilance dans un monde
07:59où on constate à nouveau la montée de cette antisémitisme, celui-là même qui a conduit à
08:04la Shoah. Voilà ce qu'a dit l'un des quatre rescapés qui a pris la parole, qui a témoigné.
08:09Le premier rescapé aussi, évidemment, a été particulièrement touchant. Il a exprimé son
08:15inquiétude, l'inquiétude vis-à-vis du négationnisme, des négationnismes qui niaient
08:20hier l'existence de la Shoah et qui nient aujourd'hui l'existence du pogrom du 7 octobre.
08:25Ce lien entre la Shoah et le 7 octobre, il a été quasi permanent durant cette cérémonie. Bien sûr,
08:34ce qui est très frappant, c'est que tous ceux qui ont témoigné aujourd'hui, ils sont nés avec
08:39l'antisémitisme et ils vivent leurs dernières années avec un antisémitisme qui, certes, est
08:45différent, mais qui est bien présent, qui est bien là. Et ça, évidemment, c'est quelque chose qui
08:50est très émouvant et très inquiétant. Ils ont voulu le retranscrire. Inquiétude, donc évidemment,
08:55très palpable, je vous le disais. Des témoignages, témoignages de ces rescapés qui ont essayé de
09:01décrire l'enfer qu'ils ont pu vivre à Auschwitz-Birkenau, cette usine à tuer. Et puis,
09:07le Kaddish qui a été dit il y a quelques minutes, que vous avez entendu. Cette prière
09:13chrétienne qui a été dite également. Et puis, ces mots, les mots que l'on retiendra de cette
09:18cérémonie. Plus jamais ça. Merci Yohann Uzay. On passe avec Sacha Robin. On a là, en ce moment,
09:25les personnalités qui s'approchent avec une bougie à la main pour la mettre devant l'hôtel. Le roi
09:30Charles III. On va voir sans doute dans quelques instants Emmanuel Macron et son épouse Brigitte
09:35Macron. Il y a beaucoup de reconnaissances. Et monsieur Zelensky. Président ukrainien. Personnellement,
09:43j'étais un peu étonné de devoir prendre la parole et dire en l'occurrence qu'il fallait
09:50empêcher le mal de gagner. Parce que le devoir de mémoire, il doit se faire dans toutes les
09:54histoires et dans toutes les identités. Et je ne pense pas, bien sûr, qu'en Ukraine, on l'ait fait
09:59entièrement ce devoir de mémoire. Et on n'oublie pas non plus qu'Auschwitz a été libéré par les
10:03forces russes et l'armée rouge. Et en 2005, pour le 60e anniversaire de la libération du camp,
10:10Vladimir Poutine était là. Alors là, évidemment, c'est un peu différent. Mais au-delà du devoir de
10:15mémoire, je pense qu'il y a une obligation mémoire. Parce que pour pas que les petites bougies de la
10:20mémoire s'éteignent, la phrase pour moi choque de l'odeur, le président du congrès juif mondial,
10:27c'est le silence mène à Auschwitz. Et précisément quand vous n'enseignez plus la mémoire,
10:32et bien vous tombez dans le silence. Et ce silence mène à Auschwitz.
10:36Le roi de l'armée des Belges, quand vous n'enseignez plus l'histoire, en général.
10:39Louis de Ragnell, on a cette procession de ces personnalités qui sont présentes ce soir à
10:44Auschwitz, qui apportent des bougies. Chacun apporte une bougie à déposer sur une grande table qui est
10:50devant ce mur sinistre qui a vu tant de millions de personnes mourir. Un million et demi d'enfants
10:59sont morts dans les camps de la mort. Absolument, c'est très important qu'il y ait des chefs d'État
11:03et de gouvernement, il y ait des rois et des reines européennes, des têtes couronnées européennes,
11:08parce que ça participe de ça, le travail de mémoire. Mais je rebondis sur ce qui a été dit
11:13tout à l'heure, moi je n'ai jamais entendu autant de pont entre ce qui s'est passé à cette époque-là
11:18et aujourd'hui. Et cette mise en garde qui a été faite de manière extrêmement ferme, moi j'ai
11:23noté trois phrases qui m'ont marqué. Les gens ont des costumes semblables aux nazis, on parle des
11:28gens d'aujourd'hui. Je vous demande de ne pas commettre à nouveau ces erreurs. Et puis une
11:34troisième évocation de la mort de la civilisation occidentale. On pensait qu'elle était morte à
11:40Auschwitz, elle a réussi à renaître après. Et c'est à nouveau la même mise en garde et on voit
11:45bien qu'aujourd'hui il y a un terreau politique extrêmement propice à la remise en question d'une
11:52vérité historique. Il y a eu aussi beaucoup de références au travail de vérité, de l'information.
11:57D'ailleurs c'était une mise en garde à destination de, en partie, nous les journalistes. Et voilà,
12:03je n'ai jamais vu des discours aussi offensifs et remplis d'inquiétudes par rapport à la situation
12:09d'aujourd'hui. Un pont permanent entre la deuxième guerre mondiale et le 7 octobre. Il y a 15 ans,
12:15un tel pont on n'aurait pas pu, enfin les gens n'auraient pas compris. Aujourd'hui, moi je trouve
12:20que ça crève les yeux parce que la moitié des discours étaient sur le passé et sur le présent.
12:26Et on a le président Macron qui s'approche pour déposer une bougie avec son épouse Brigitte
12:30Macron. Aujourd'hui, vous avez des élus de gauche qui appellent otages les responsables du meurtre
12:39d'un étudiant français dans une université tuée parce que juif. Voilà, aujourd'hui.
12:45Gauthier Lebret, on a entendu aussi ces phrases, Emmanuel Macron et Brigitte Macron, à l'instant,
12:51sont en train de déposer leur bougie, de s'incliner à la mémoire de ces millions de juifs qui sont
12:56morts. Les attaques qui visent la civilisation judéo-chrétienne visent en réalité la mort de
13:01la civilisation occidentale. C'est ce que défend Benjamin Netanyahou depuis des mois en disant que
13:07cette guerre qui mène contre le Hamas, il la mène au nom de tout l'Occident. Et ceux qui ont tué le
13:137 octobre sont les mêmes que ceux qui ont tué au Bataclan, dans les bureaux de Charlie Hebdo ou sur
13:18les terrasses de café à Paris. Évidemment que ce sont les mêmes. Et quand Rachel rappelait qu'il y
13:24a deux rescapés de la Shoah, un qui a été tué le 7 octobre et l'autre qui est toujours dans les
13:29tunnels du Hamas, vous imaginez ce que c'est. Vous avez vécu votre enfance derrière les murs
13:35monstrueux d'Auschwitz et au moment de votre retraite, en fin de vie, vous la vivez captif
13:41du Hamas dans les tunnels avec les conditions de séquestration qu'on connaît. Donc c'est
13:47absolument horrible. Et il y a quelque chose dont on n'a pas encore parlé, c'est le relativisme de
13:52certains. Si vous comparez Donald Trump au nazisme, vous relativisez ce qu'est le nazisme. Et quand on
13:57voit qu'un grand comédien est capable de dire que Donald Trump est nazi et de lire ce matin...
14:02Et qu'il faut l'éliminer. Et qu'il faut l'éliminer, mais là je suis sur la manière dont il relativise ce
14:08qu'est le nazisme. On parle de Monsieur Weber. Et ce matin, Monsieur Weber a lu la lettre d'un déporté
14:12au mémorial de la Shoah. Il devrait voir que ça n'a rien à voir et que quand il fait cela,
14:17il affaiblit l'horreur du nazisme. C'est ça la vérité. Et j'ai vu aussi ce matin, Joseph a
14:23commencé à en parler, La France Insoumise, le tweet de Rima Hassan qui disait « Auschwitz hier, Gaza
14:28aujourd'hui ». Vous vous rendez compte, le tweet de Rima Hassan a relayé un quotidien suisse qui faisait
14:33cette comparaison absolument odieuse. Donc on est dans ce contexte-là. On est dans un contexte où
14:37les professeurs ne peuvent pas parfois recevoir des rescapés de la Shoah. On a des rescapés de la
14:42Shoah qui viennent livrer leurs témoignages. Et souvent, au fond de la classe, il y a du bruit
14:46quand ils ne peuvent même pas prononcer le terme de Shoah. Donc évidemment, on est dans un contexte
14:51très particulier. Et il se trouve qu'on est aujourd'hui 80 ans après la libération du
14:56camp d'Auschwitz. Juste l'importance de l'histoire. C'est l'importance de connaître l'histoire.
15:02Connaître l'histoire, c'est quand vous êtes dans l'amalgame. C'est-à-dire, je ne sais pas si
15:07nous sommes dans l'amalgame. Mais ce qui est sûr, c'est que dans les Balkans, ayant poursuivi les
15:12Juifs, il y avait une division qui s'appelait la 13e Division Anschar, n'est-ce pas, qui était
15:16composée à 95% de musulmans volontaires et qui ont été, à Sarajevo, passés en revue par le
15:23Grand Moufti de Jérusalem en 1943. Voilà, photo à l'appui. Donc ça, c'est pour les personnes qui
15:29ne nous disent pas d'amalgame. L'histoire, c'est toujours important de l'avoir en tête.
15:33Vous avez raison. Et là, nous sommes à Auschwitz pour cette commémoration du 80e anniversaire de
15:38la libération de ce camp, Auschwitz-Birkenau. Olivier Ben Kemoun, ce camp a été libéré par
15:44les forces russes. Poutine n'est pas là. Il y a une décharge émotionnelle, évidemment, qui
15:48nous renvoie au 7 octobre. Évidemment, il faut rappeler, si on veut se souvenir aussi de l'histoire,
15:55que 80% des Juifs qui ont été envoyés à Auschwitz sont morts immédiatement. Ça aussi, c'est
16:02l'histoire. Et que si Israël existe aujourd'hui, c'est parce qu'il y a eu la Shoah. Moi, je trouve
16:08que ça n'a pas été suffisamment rappelé, suffisamment martelé. C'est-à-dire que l'horreur
16:12absolue qui s'est déroulée entre ces murs, derrière ces murs, dont on a beaucoup parlé
16:18aujourd'hui, qui ont été... Et d'autres camps d'extermination. Mais là, ici, c'est particulier
16:23parce qu'il y avait le camp, il y avait les crématoires, il y avait les chambres à gaz et
16:28que tout a été démonté avant l'arrivée et la libération. Donc, on a très peu d'images,
16:34vous le savez. Tout ça, Israël est né parce qu'il y a eu l'horreur, l'horreur de la Shoah,
16:41l'horreur de la destruction massive. Penser une stratégie pour assassiner les Juifs, ça,
16:48ça n'est pas dit, ça n'est pas répété. Certains vont rendre hommage aujourd'hui aux victimes de
16:53la Shoah et peut-être remettre en cause, dans la même phrase, l'existence d'Israël. Remettre en
16:58cause l'existence d'Israël, c'est au fond, vous avez raison. Remettre en cause ce qui s'est
17:03passé, remettre en cause l'histoire. Oui, se remettre en cause l'histoire et puis cette
17:08commémoration, elle a un goût très particulier depuis le 7 octobre, évidemment un goût amer
17:12parce que la question qui se pose, c'est est-ce qu'on sera des collabos ou est-ce qu'on sera des
17:19justes ? Parce qu'avant d'arriver à Auschwitz, c'est la dernière destination, mais les déportés
17:27de France, ils sont passés par Bonne-la-Rolande, par Pithiviers, par Compiègne. Alors serons-nous
17:32des collabos ou des justes ? Question lancinante. Le fondement à travers les siècles de l'antisémitisme,
17:39toujours le fil rouge, a été de dire aux Juifs, vous n'êtes pas à votre place. Là où vous êtes,
17:44vous n'êtes pas à votre place, en permanence et dans tous les pays. Et aujourd'hui que les Juifs
17:49ont une place, justement, on est en train de leur dire, vous êtes en Israël, mais vous n'êtes pas
17:54à votre place. Et c'est ça ce qui est en jeu aujourd'hui. Vous êtes des collabos, vous êtes des
17:58collectivités. C'est une question très particulière qui s'est posée aussi aux survivants. Lorsqu'ils
18:05sont sortis des camps, ils ont dit, pourquoi moi ? Pourquoi moi, je n'ai pas été exterminé ? Parce
18:08qu'ils étaient affamés, mais peut-être qu'ils ont eu une dose de plus à manger ou à boire. Parce
18:13que d'une manière ou d'une autre, à un moment, ils ont aidé au fonctionnement du camp. Il y avait,
18:18je le racontais tout à l'heure, un endroit qui s'appelait le Canada à Auschwitz. Le Canada,
18:22c'est un endroit où on triait les vêtements, on triait les pantalons, les costumes, les chaussures,
18:29etc. On les mettait dans des ballots de ceux qui étaient exterminés et tués. Ceux qui étaient au
18:34Canada étaient un peu en dehors du camp. Ils étaient un peu mieux nourris, ils avaient un peu
18:38plus de sucre dans le café, etc. Ils entendaient tout ce qui se passait. Et quand certains ont
18:45raconté des survivants, ils ont dit, mais pourquoi je suis encore vivant ? Est-ce que c'est parce que
18:50j'ai eu, en quelque sorte, une petite collaboration à ce grand système qui était une entreprise de
18:56tuerie de masse ? Est-ce que c'est parce que j'ai collaboré d'une certaine manière que je suis
19:00vivant ? Là aussi, cette grande question s'est posée. Beaucoup, en rentrant, n'ont pas pu parler,
19:04n'ont pas pu raconter ce qui s'était passé. Certains ne les croyaient pas, d'autres ne pouvaient
19:09plus le raconter, d'autres se sentaient tellement coupables d'être encore là.
19:13Peut-être qu'on peut écouter, en gardant évidemment cette cérémonie présente avec
19:18cette musique qui est lancinante, qui est comme un long fil sonore qui sous-tend cette commémoration.
19:24Ginette Kolinka, qui a 99 ans aujourd'hui. Elle a été déportée à Auschwitz en avril 44. Elle n'avait
19:30que 19 ans. Elle évoque ce qu'elle a vécu et ce syndrome évidemment du survivant. Écoutons-la,
19:36regardons cette image. On ne peut pas trouver les mots exacts pour décrire ce que l'on a
19:47subi dans les camps. Pas dans tous les camps, dans le camp de Birkenau. Le fond de cette histoire,
19:57ce sera toujours la férocité de ceux qui nous contrôlaient. C'était la férocité,
20:07sauvagerie, je ne sais même pas trouver les mots pour le dire. Alors les nazis ne se salissaient
20:14pas les mains à venir nous... Ils commandaient tout simplement. Et ils commandaient les capots.
20:20Et les capots, pour ne pas devenir comme nous, à notre place, c'était à faire la même chose.
20:30Eh bien, ils en faisaient peut-être certainement encore plus que si les nazis nous avaient commandés.
20:37Voilà pour ce témoignage de Ginette Kolinka. Elle va avoir 100 ans au mois de février.
20:41Je suis partie à Auschwitz justement avec elle. C'est une force, c'est une bienveillance et puis
20:51par rapport à tout ce qu'elle a vécu, elle ne se ménage pas pour transmettre
20:56aux plus jeunes tout le temps. Parce que faire ce déplacement à chaque fois, pour son âge,
21:01c'est quand même assez remarquable. Mais elle trouve toujours cette force de vie. Je crois que
21:05c'est ça aussi aujourd'hui, se dire que la vie, ceux qui sont en vie doivent encore se battre. Et
21:11puisque l'on parlait des témoignages, il y a ces témoignages du passé. Mais aujourd'hui,
21:15on voit à quel point les témoignages au présent veulent être gommés, effacés. Et c'est sur ça
21:22aussi, permettre à ceux qui souffrent de l'antisémitisme de pouvoir témoigner. C'est très
21:26important. Et si on a quelques jeunes téléspectateurs, auditeurs qui nous écoutent,
21:32eh bien voilà, c'est important de faire notre travail aussi, de rappeler ce qu'a été le camp
21:36de Suisse Birkenau, de rappeler ces millions de morts, 1,5 million d'enfants tués pendant la
21:42Choua. Parce que c'était inimaginable. Olivier Benkvist. Janina Ivanska, qui a témoigné tout à
21:48l'heure qu'elle était la plus jeune, parce qu'elle a 86 ans, elle ne se ménage pas non plus. Elle a
21:52une chaîne YouTube, il y a 500 000 personnes qui la suivent. Et son combat, c'est de raconter,
21:56s'adresser aux plus jeunes et c'est de faire fonctionner sa chaîne TikTok et de répondre
22:01à toutes les questions qu'on se pose. Parce qu'évidemment, le point important, central,
22:07névralgique de tout ça, c'est la transmission et l'histoire. Moi, j'attends un tribunal de
22:12Nuremberg du 7 octobre. Mathilde Bret. J'étais en train de me dire que Ginette Kolenka est née
22:19en France avec l'antisémitisme, qu'elle a été détenue à Auschwitz et qu'elle a vu l'horreur
22:25absolue devant ses yeux, que quand elle est sortie de cet enfer, on a dû lui promettre
22:31jamais plus, jamais plus. Et qu'à la fin de sa vie, alors qu'elle va avoir 100 ans le mois prochain,
22:37elle doit faire face à une résurgence de l'antisémitisme, qu'elle voit parfois dans les
22:42classes quand elle témoigne et qu'elle explique qu'au fond de la classe, il y a du bruit, que le
22:46mot Shoah est un mot qu'on ne peut pas prononcer devant tous les élèves et qu'évidemment, Israël
22:52est attaqué quotidiennement et est attaqué de la pire des manières le 7 octobre 2023. C'est
23:01extrêmement troublant parce que cet exemple, vous êtes rescapé, vous sortez d'Auschwitz de
23:06rescapé et un se retrouve dans les tunnels du Hamas et l'autre se retrouve assassiné par des
23:11islamistes qui sont aujourd'hui les nouveaux nazis. S'il y a un parallèle à faire entre le nazisme,
23:15c'est avec l'islamisme. Ce n'est pas avec Donald Trump. Qui aujourd'hui tue les juifs ? Qui tue
23:22dans les rédactions en France ? C'est évidemment le même mal. Donc quand Israël est en première
23:28ligne face au Hamas, oui, c'est un combat qu'il mène pour tout l'Occident parce que ceux qui ont
23:33tué le 7 octobre sont encore une fois les mêmes qui ont tué au Bataclan. C'est cette même idéologie,
23:38l'idéologie islamiste qui est une idéologie mortifère. Éric Revelle, on vit la fin de cette
23:44cérémonie. Je repense à ce que vous disiez tout à l'heure sur ces juifs qui ont peut-être été un
23:50peu mieux nourris et qui culpabilisent à l'idée d'avoir survécu. On peut se poser la même question
23:57en tant que non-juifs. Est-ce qu'on aurait écrit une liste de Schindler ou est-ce qu'on aurait
24:02sinon dénoncé ? En tout cas, ne rien dit. Et pourquoi je vous dis ça ? Parce que quand vous
24:09visitez Auschwitz, moi ce qui m'a frappé, c'est la proximité des habitations autour du camp.
24:14Des voisins. Tout à l'heure, l'un des témoignages était de dire, je garde en mémoire l'odeur de ces
24:23fumées, de ces camps qui brûlent. Et moi, je garde en mémoire la proximité des maisons,
24:28donc des Polonais qui habitaient autour du camp et qui, pour le moins, n'ont rien dit ou n'ont
24:34pas alerté. Donc, il y a une lâcheté collective aussi. Et ça, ça m'a frappé. C'est-à-dire que
24:40vous avez des maisons qui ne sont pas très loin du camp d'Auschwitz et on se dit, mais comment
24:44ces gens pouvaient continuer à vivre ? J'allais dire se boucher le nez et se fermer les yeux et de
24:49ne pas dénoncer la barbarie qui est en train de se jouer à l'intérieur. Donc, toutes ces questions
24:53de culpabilité sur qu'est-ce que j'aurais fait ? Qu'est-ce que je n'aurais pas fait ? Est-ce que
24:58j'aurais écrit une liste de Schindler ? Est-ce que je n'aurais pas dénoncé, mais je n'aurais rien
25:01dit quand même ? Alors que je savais parce que j'habitais à côté d'un camp comme Auschwitz-Wirkenau.
25:06C'est des questions qu'on peut se poser aussi aujourd'hui. Ne pas se poser de questions quand
25:09il y a une marche contre l'antisémitisme. Ne pas se poser de questions et que tous les citoyens
25:14et même jusqu'au plus haut sommet de l'État puissent aller à cette marche fièrement en
25:18fraternité pour combattre la haine du juif. Aujourd'hui on est dans un, on sait très bien,
25:23un judaïsme clandestin où il faut enlever ses mésousotes des portes, mettre une casquette au
25:30lieu d'avoir une kippa, se cacher pour aller faire des courses au kachère. Ce judaïsme clandestin,
25:36ou changer son nom même sur les applications de taxi, il est bel et bien présent.
25:42Aus était le grand manitou de la solution finale. Sa maison était, son jardin était collé à
25:50Auschwitz. Sa femme a fait comme si rien ne se passait, faisait son jardin, etc. C'était l'horreur.
25:57Mais il y a eu un moment qui a été terrible lorsque on a voulu éliminer les juifs de Hongrie. Et ça
26:04a été le summum, le point d'orgue de la solution finale. 400 000 juifs hongrois ont été amenés.
26:10Il n'y avait pas assez de fours crématoires, il n'y avait pas assez de chambres à gaz. On a creusé
26:17des tranchées et on a mis, parce que ça n'allait pas assez vite, ça marchait jour et nuit, on a
26:23jeté des femmes, des enfants, des hommes directement dans ces tranchées qu'on appelait tranchées
26:28crématoires, dans le feu, dans les flammes. Personne ne peut dire qu'on ne savait pas. Et là,
26:34c'est terrible. Encore une fois, je reviens à ce que je disais tout à l'heure, c'est ceux qui
26:38étaient les travailleurs, parce qu'Auschwitz c'était aussi de travail, n'ont pas pu faire
26:44autrement que de savoir. Tout le monde savait de toute façon. Vous vivez avec ça ? Comment vous
26:48vivez avec ça ?

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