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Yoann Offredo au micro de Cyclism'Actu. L’ancien coureur, devenu consultant sur France Télévisions, a révélé il y a quelques temps déjà être touché par une maladie auto-immune qui touche ses yeux. Cycliste professionnel entre 2008 et 2020, Yoann Offredo a passé la majeure partie de sa carrière au sein de la FDJ, avant de rejoindre Wanty-Gobert en 2017, équipe au sein de laquelle il a couru jusqu'à sa retraite. A l'occasion de la conférence de presse lundi 27 janvier à Paris où Intermarché a renouvelé son partenariat avec l’équipe de cyclisme Intermarché-Wanty jusqu’en 2028, Yoann Offredo en a profité pour parler vélo et évoquer ses projets du moment. Entretien.

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Transcription
00:00Yohan, déjà tous les vœux pour cette année 2025, déjà, il est encore temps, et si on regarde derrière vous, vous avez re-signé avec Intermarché Mondial ?
00:14J'aurais pu, j'aurais pu parce que je pense que Thierry et Jean-François ont bien résumé le truc, c'est une famille,
00:22je me parlais de proximité avec Intermarché où il y en a un tous les dix kilomètres, mais je pense qu'il y a, et tu le sais très bien, cette espèce d'esprit de famille dans cette équipe,
00:34et quand tu la quittes, en fait, tu restes toujours un peu, donc même si je n'ai pas re-signé, je reste un fervent supporter de l'équipe.
00:42Quelle évolution, parce que tu la connais cette équipe, tu l'as vue évoluer, t'aurais cru il y a 4-5 ans que ça arrive là ?
00:50Moi, je n'y aurais pas forcément cru, mais par contre, je croyais en la détermination de Jean-François Bourlard, de Christophe Wanti, de tout le monde, de toute l'équipe et de tous les sponsors,
01:02et en fait, je trouve que quand on avait reçu Bignam sur le Tour l'année dernière en Italie, quand il gagne sa première étape, j'étais vraiment ému pour tout l'ensemble de l'équipe,
01:14c'est plus qu'une victoire sur le Tour, c'est plus qu'une évolution de l'équipe, c'est se dire que quand tu veux quelque chose, tu peux le faire, et il faut se donner les moyens,
01:24mais par contre, quand tu as un projet, ça veut dire que tu peux être un club de 2ème, 3ème division, et petit à petit passer les échelons,
01:32et à force de conviction, à force d'aller voir des sponsors, et puis de montrer aussi ce rapport que tu as et tes valeurs, d'arriver là où ils sont aujourd'hui, c'est juste une récompense.
01:43C'est leur saison 2024 avec ce maillot vert, entre autres, de Bignam, mais qui déclenche tout pour toi ?
01:48Oui, pour moi, oui, je pense que Bignam a fait beaucoup de choses, beaucoup de bien à l'équipe, mais en fait, dès l'instant où on est arrivé sur le Tour de France,
01:57tu as vu, je dis « on », mais on est arrivé sur le Tour de France, il y avait cette volonté de montrer le maillot,
02:02alors certes, avec des budgets qui sont beaucoup inférieurs aux autres, et puis avec des coureurs aussi avec des compétences et des qualités, comme moi,
02:12qui étaient pas en capacité d'aller gagner sur le Tour, mais de faire des échappées, de montrer le maillot, et c'est aussi le système économique du vélo,
02:19et aujourd'hui, avec la victoire de Bignam, c'était plus que du vélo, c'est un message sur l'ouverture, un message sur l'abnégation, sur la résilience, sur plein de choses,
02:29ne serait-ce que sur la carrière de Bigni, il s'est mis en avant rapidement, a gambé le game, et puis après, il a eu un côté un peu sang,
02:36et puis tout de suite, les gens se sont un peu écartés de lui, en disant « oh, finalement, on a parié un peu trop gros sur lui »,
02:41mais non, quand il vient gagner sur le Tour, tout le monde vient faire une accolade, on savait, mais oui, oui, on savait, mais pas tout le monde savait.
02:48Tu m'expliques comment, là, parce qu'en France, on s'inquiète quelque peu, tu as pu lire Emmanuel Hubert, son inquiétude pour Arkea, BNB Hotel,
02:54et puis là, on voit Intermarché, qui est quand même à la base français, et qui se retrouve avec une équipe belge, on ne sait pas faire en France ou quoi ?
03:00Si, on sait faire, puisque Vincent Lavenulle a très bien fait avec AG2R pendant des années, je pense aussi à l'équipe Cofidis,
03:09qui est là depuis très longtemps, Jean-René Bernodeau, Marc Madiot avec la Française des Jeux, et désormais avec Groupama,
03:15mais c'est vrai qu'il y a eu des questions qui ont été soulevées, c'est celle du salary cap, on ne peut pas rivaliser quand on est une équipe française,
03:22qu'on doit payer des charges, et qu'il y a une législation et un code du travail qui est en vigueur, qu'il n'y a pas forcément à l'étranger,
03:29donc forcément, on joue au même jeu, mais pas forcément avec les mêmes règles, donc ça, ce n'est pas évident.
03:35D'un point de vue sport, on repart sur les mêmes bases en 2025 qu'on a terminé 2024, comment tu la sens, là ?
03:42Je suis très impatient de voir comment ça se passe, puisqu'il y a différentes données qui rentrent dans l'équation à chaque fois,
03:49tu as des coureurs qui sortent un peu de nulle part, ça a été le cas de ces dernières années, et surtout, moi, ce qui m'interpelle,
03:57c'est que le cyclisme, il est plus stéréotypé comme il était avant, tu parles d'une course comme Milan-Sanremo,
04:03tu te disais, voilà, c'est une course qui, petit à petit, fait un écrémage par l'arrière, et ensuite, tout se fait dans la Cipressa et le Poggio,
04:12mais non, maintenant, on a des coureurs qui sont capables, comme Pogacar, d'attaquer à 80 km de l'arrivée, un mec comme Remco Evenepoel,
04:18qui a fait un super Tour de France, qui va montrer, je pense, encore mieux de quoi il est capable cette année,
04:23et finalement, on a des classiques qui vont être hyper intéressantes, et puis des grands tours qui vont l'être encore plus.
04:30Si Pogacar domine autant, début 2025, comme il l'a dominé fin 2025, on va vite se faire chier, non ?
04:36En fait, je suis un peu mitigé sur le « se faire chier ». C'est vrai que parfois, je me dis, oui, effectivement, c'est un peu…
04:43ça, c'est lui, il gagne tout sur le tour, il laisse rien à personne, mais en même temps, je me dis, on assiste quand même à un truc incroyable,
04:50ce qui fait que tu ne peux pas te faire chier quand tu le vois attaquer à 80 km de l'arrivée.
04:54Alors oui, effectivement, c'est un peu biaisé, mais c'est aux autres équipes aussi de jouer avec ça.
05:00Je pense qu'il y en a, quand tu vois le camion qui ne s'utilise plus, mais pour la Jumbo, la Visma, et bien, si tu veux…
05:08Control room.
05:09Oui, alors il n'y aura plus de control room, mais je pense qu'on a bien étudié comment ça marchait ailleurs,
05:13comment ça fonctionnait, et puis j'espère qu'on aura la concurrence à la hauteur du talent de Pogacar.
05:18S'il y a un truc, un truc que tu voudrais, en 2025, vivre, que tu n'as pas ressenti, ce serait quoi ? On connaît ta goye ?
05:26On a été gâtés sur le tour. Franchement, on a eu un début de Tour de France entre la victoire de Romain Bardet,
05:31celle de Kevin Vauclin, celle de Bignam, sur le tour, c'était quand même exceptionnel.
05:36Moi, j'aimerais qu'un Français gagne une classique. Moi, j'aimerais bien Paris-Roubaix, un truc comme ça,
05:40qu'un Français… parce que je me souviens du discours de Marc qui disait « Ici, on est chez nous ».
05:44Mais c'est vrai qu'on a envie qu'il y ait cette relève, mais pour qu'il y ait cette relève,
05:49il faut qu'il y ait ce système, justement, où tu as des écoles de cyclisme et qu'on forme des jeunes coureurs
05:53et qu'on les emmène vers le haut. En l'occurrence, j'ai l'impression que c'est un peu compliqué.
05:57C'est de plus en plus compliqué de trouver des bénévoles, c'est de plus en plus compliqué de trouver des financements
06:01pour les clubs amateurs. Si tu veux qu'il y ait un bon pro, il faut qu'il y ait des bons amateurs, et ça, c'est compliqué.
06:05Tu deviens Yoann Offredo, quand même ?
06:07Yoann Offredo est malade. Il a une maladie auto-immune. Je suis en train de perdre un peu la vue, mais je me soigne.
06:14Je me suis remis à faire du sport de manière quotidienne pour ma santé.
06:20Je fais plein de projets. J'aide beaucoup les autres, puisque dans ma carrière, il y en a qui m'ont aidé.
06:27Maintenant, je passe beaucoup de temps à aider des associations.
06:30Je travaille avec quelques agences de communication sur des activations de marques.
06:35Je suis toujours avec France Télévisions pour les prochaines années.
06:39Toujours sur le tour avec France Télé ?
06:41Oui, j'ai une quarantaine de jours avec France Télévisions.
06:46Je suis en train de développer un projet qui n'est plus un projet.
06:52C'est une série où je vais rencontrer des gens qui ont connu dans leur carrière un moment de down, un moment de chute.
07:02Ce qui arrive dans la vie de tous les jours, à tout un chacun.
07:05La maladie, une séparation, parfois une maladie très grave.
07:09Comment ils se sont relevés ? Avec quels moyens ? Avec quels leviers ?
07:13J'ai rencontré Alexis Anquincan dans un premier temps, Kevin Rolland et Cyril Noël.
07:18Ils m'ont tous partagé cette volonté de, quand tu es en bas, cette capacité que tu as à te relever.
07:24J'ai trouvé leur discours tellement inspirant que je me suis dit qu'il ne faudrait pas qu'ils m'inspirent que moi et qu'ils inspirent le plus grand nombre.
07:30Là, ce sera mon gros projet de 2025.
07:33Toujours un battant ?
07:34Oui, on essaye. Pas tout le temps.
07:38Il y a des fois où tu as envie de baisser les armes.
07:41Comme avec la maladie, je pense que c'est exactement pareil.
07:44Souvent, je repense à des étapes du Tour de France où j'étais dernier.
07:49Je me dis que je vais abandonner. De toute façon, ça sert à quoi ?
07:52Avec la maladie, parfois, c'est un peu ça. Tu te dis à quoi bon ?
07:55Finalement, tu repenses à ces trucs-là et tu penses surtout à l'arrivée sur les Champs-Elysées.
07:59Aujourd'hui, on est sur les Champs.
08:02Tout à l'heure, c'est un lieu important.
08:04Pour moi, il l'est d'autant plus que quand j'ai terminé le Tour en 2019 à la dernière position,
08:09c'était de me dire que je repense à tout ce qui s'est passé au moment où j'aurais pu abandonner.
08:15Je pense que dans la maladie ou dans les épreuves de vie de tous les jours, c'est un peu ça.
08:18Le vélo, c'est un peu plus que du vélo.
08:20C'est ce qui se passe dans la vie.
08:22Des hauts, des bas, des descentes, des montées, du vent de face, du vent de dos.
08:26Il y a un niaque pour 2025 ?
08:28Oui, il y a un niaque à mort.
08:30C'est ça.

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