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00:00Vous avez la parole ce matin avec Théo H. Soissique-Pellé,
00:03nos journalistes, on parle des études de médecine et de l'installation des médecins dans les déserts médicaux.
00:07Oui, car les internes en médecine sont en grève aujourd'hui contre une réforme voulue par le gouvernement
00:11qui prévoit d'instaurer une quatrième année d'internat pour les généralistes,
00:14pour les attirer vers les déserts médicaux.
00:17Alors on va en parler avec notre invité et on vous rappelle,
00:20on vous invite à venir témoigner également de la situation chez vous Mathieu.
00:24On pose cette question ce matin, attendez-vous l'installation d'un médecin chez vous ?
00:28On a vous perdu ces dernières années, allez-vous en perdre un ou une dans les prochains mois
00:33ou les prochaines années ? Appelez-nous au 0476 46 45 45.
00:36Et notre invité, bonjour Maxime Tournier.
00:37Bonjour.
00:38Merci d'être avec nous en studio ce matin.
00:40Vous êtes vous-même interne en médecine au CHU de Grenoble
00:42et vous présidez le syndicat ISNAR-IMG, c'est comme ça qu'on dit ?
00:45Alors c'est le syndicat, c'est la branche locale de l'ISNAR-IMG
00:48qui représente l'ensemble des internes de médecine générale de la France.
00:51L'un des syndicats effectivement d'internes.
00:53D'abord expliquez-nous, pourquoi vous êtes contre cette réforme ?
00:56Vous ne voulez pas aller dans des déserts médicaux ?
00:58Alors ce serait un énorme raccourci de dire que cette réforme est censée favoriser simplement
01:02l'installation dans les déserts médicaux.
01:04Initialement, nos syndicats d'internes soutenaient cette réforme
01:07parce qu'il y avait une volonté pédagogique
01:10et l'objectif de la quatrième année, en tout cas promue par les internes en médecine générale,
01:14c'est de mieux former à la pratique libérale, salarié,
01:19à permettre une installation dans de bonnes conditions
01:22et de passer d'un statut d'étudiant à un statut de professionnel.
01:25Une année de transition, c'est le but.
01:29Tout à fait, mais une transition pédagogique
01:32et non pas juste nous utiliser pour aller dans ces déserts médicaux.
01:36Même si découvrir les territoires, c'est quelque chose d'essentiel
01:40dans notre formation pour notre profession future.
01:42Et en même temps, l'État français a attaqué en justice pour inaction face au problème d'accès aux soins.
01:47Il faut bien faire quelque chose, c'est l'un des leviers.
01:49C'est évident, il faut faire des choses, la population le demande,
01:53les élus le réclament et ils ont la pression de la population.
01:57Il y a déjà des choses qui sont mises en place.
01:59D'ailleurs, en Isère, on a la chance d'avoir un département
02:01qui soutient les installations des jeunes médecins,
02:04qui promouvoit les installations dans les zones rurales, les zones préurbaines.
02:08Il faut aussi savoir que les déserts médicaux, ce n'est pas uniquement certaines zones.
02:12Au final, c'est la France qui est un désert médical en général.
02:15Donc, il faut aussi accepter cet état des faits
02:18et ne pas habiller Paul en déshabillant Jacques, tout simplement.
02:23Et on voit que les déserts médicaux peuvent concerner aussi Grenoble.
02:26On avait le cas du quartier Gustave Rivière, il me semble, à Grenoble,
02:29où sept médecins sont partis d'un coup,
02:30effectivement laissant plusieurs milliers de personnes en difficulté.
02:34On a des gens, justement, au standard de France B, Isère.
02:36Exactement.
02:37D'ici Isère, pardon.
02:38Non, il n'y a pas de mal, ne vous inquiétez pas.
02:39Giuseppe qui nous appelle de Fontaine. Bonjour Giuseppe.
02:42Bonjour, ça va ?
02:44Écoutez, nous ça va Giuseppe.
02:46La question qu'on vous pose ce matin, c'est est-ce que vous, niveau médecin, ça va ?
02:51Non, ça va pas. Pourquoi ? La mienne, elle est partie au mois de novembre à la retraite.
02:54Et depuis, j'appelle sur les Fontaine, Sassnage, un peu Sessiné, les environs.
03:00Ils me disent, vous n'êtes pas client chez nous.
03:02On ne peut pas vous prendre tout de suite.
03:04En fait, c'est le sacre qui se mord la queue, quoi.
03:06Vous n'avez plus de médecin, mais vous ne pouvez pas retrouver un.
03:08Ah non. J'appelle à Fontaine, Judith Fontaine, où j'habite moi, à Fontaine.
03:14Et puis Sassnage, ou à Sessin.
03:17Ils me disent, vous n'êtes pas client chez nous. On ne vous prend pas.
03:20Et Giuseppe, est-ce qu'il y a d'autres installations de prévue ?
03:22Vous avez des infos là-dessus ou pas du tout ?
03:24Non, non. J'ai des deux associés.
03:30La mienne n'a pas la retraite.
03:33Et la deuxième, elle va s'intégrer.
03:36Mais elle ne prend que ses clients.
03:38D'accord, écoutez.
03:40On va faire réagir notre invité là-dessus.
03:42Merci pour souligner ce souci dont on a parlé.
03:45Des médecins qui partent à la retraite et qui ne sont pas remplacés.
03:47Exactement. C'est un phénomène qu'on voit un petit peu partout en Isère.
03:50Notre invité Maxime Tournier, interne en médecine lui-même au CHU de Grenoble
03:54et qui préside le syndicat ISNAR-IMG en Isère.
03:57Quand vous entendez le témoignage de Giuseppe et de plein d'autres gens,
04:00qu'est-ce que vous dites ?
04:01Comment on peut encourager les internes en médecine
04:05à s'installer en médecine générale dans des endroits où il manque des médecins ?
04:08Sur quel levier ?
04:10Pas forcément en les obligeant à faire une quatrième année en plus.
04:14Il faut savoir que les internes en médecine générale,
04:17en majorité à la fin de leur internat,
04:19certes on va en avoir certains qui remplacent,
04:21mais les remplacements sont essentiels pour les médecins
04:23qui veulent parfois souffler un petit peu.
04:25Mais la plupart s'installent.
04:26Donc si on veut créer une quatrième année,
04:28il faut être sûr qu'elle soit intéressante
04:30et qu'elle permette d'avoir des médecins bien formés
04:35et qui s'installent dans des zones pertinentes.
04:38Parce que concrètement,
04:40on retarde leur installation dans d'autres situations.
04:42Nous, nous sommes pour le report,
04:44parce que nous sentons que cette réforme,
04:46même si elle a des objectifs louables,
04:48elle n'est pas encore suffisamment préparée
04:50et qu'il n'y a absolument aucune urgence
04:52à la mettre en place,
04:53sachant que de toute façon,
04:54les médecins de demain,
04:56ils ne se perdent pas dans la nature.
04:58Et bien entendu, le principal souci,
05:00c'est le déficit de médecins.
05:02Moins 1000 médecins sur la balance
05:05entrer dans la profession retraite en 2023, je crois.
05:08C'est ce que j'allais vous demander.
05:10C'était ma question suivante également.
05:11Si on manque de médecins de base,
05:13est-ce qu'il y a assez de médecins formateurs
05:15pour vous aider dans cette année de transition éventuellement ?
05:19Qu'elles interviennent maintenant ou dans deux ans,
05:21ce sera globalement la même chose.
05:22Est-ce qu'il y a assez de médecins formateurs aujourd'hui ?
05:24C'est la principale interrogation, nous,
05:26par rapport à cette réforme.
05:27Aujourd'hui, le ministre de la Santé
05:30est persuadé qu'il y a assez de médecins formateurs.
05:34Nous, sur la France en général,
05:36nous avons beaucoup de doutes
05:37et nous n'avons en fait aucune garantie,
05:39malgré des incitations financières qui ont été annoncées lundi,
05:42mais qui ne suffisent pas malheureusement.
05:45Sur l'ISER, nous avons la chance d'avoir
05:47quand même beaucoup de médecins,
05:49et de manière générale, sur la subdivision de Grenoble.
05:52Donc, nous, nous appelons à la grève,
05:54mais plus en soutien au national.
05:57Et nous espérons que, de notre côté,
05:59sur l'ISER et les Deux-Savoies,
06:00puisque nous représentons l'ensemble
06:02de ces trois départements,
06:03les choses pourront se faire au mieux.
06:05On est un petit peu mieux dotés,
06:06mais il y a tout de même beaucoup d'ISEROI
06:08qui se retrouvent sans médecin généraliste,
06:10et on en a au standard d'ici.
06:11Alors là, on a justement quelqu'un
06:13qui nous dit, c'est Corinne,
06:14qui nous appelle de Saint-Antoine-de-la-Baie.
06:15Je vais lui dire bonjour.
06:16Bonjour Corinne.
06:17Oui, bonjour à vous, merci.
06:19Alors Corinne, il y a un jeune médecin
06:21qui s'est installé au village,
06:22et vous nous dites, on a la chance d'en avoir un,
06:24parce que c'est considéré comme une chance.
06:27Oui, oui, tout à fait, oui.
06:29En fait, quand le médecin qui était en place,
06:32alors moi, il n'y a que 8 ans que je suis à Saint-Antoine,
06:34je n'ai pas beaucoup de recul,
06:35mais voilà, quand on est arrivé,
06:36on était tout contents,
06:37médecin, pharmacie, c'était la panacée.
06:39Et puis notre médecin qui part d'un coup,
06:42et voilà, pendant un an,
06:44il a fallu aller à Saint-Marcelin,
06:46au centre médical.
06:47Il a fallu se débrouiller, quoi.
06:48Voilà, et puis là,
06:49on a un jeune médecin qui s'est installé en 2022,
06:52donc voilà, on est tout contents.
06:54On le garde sur le coude.
06:56On souffle, il faut.
06:58Merci beaucoup Corinne de votre appel.
07:00Je vous en prie, merci à vous.
07:01Passez une excellente journée.
07:02On a d'autres réactions aussi sur notre page Facebook.
07:04On a Michel qui a la chance aussi d'avoir un cabinet médical,
07:08nous dit-elle, à proximité.
07:10Elle est à Beaucroissant.
07:12Et par contre, on a Nadine qui est très inquiète.
07:15Elle habite à Chimilin.
07:16Mon médecin part à la retraite en juillet.
07:18Toujours pas de remplaçant à l'appel.
07:20Et puis sur une autre question,
07:21Jean-Louis qui habite à Bourgoin-Jalieu
07:23et qui nous dit,
07:24nous, sur la commune,
07:25il est prévu deux maisons de santé pour cette année.
07:27Ça pourrait peut-être régler le problème.
07:29Notre invité ce matin,
07:30Maxime Tournier,
07:31interne en médecine au CHU de Grenoble
07:33et qui préside le syndicat ISNAR-IMG en Iserlin,
07:36des syndicats d'interne.
07:37Vous voyez aussi le soulagement.
07:39Il y a effectivement des médecins,
07:40des jeunes médecins
07:41qui s'installent dans les déserts médicaux.
07:44Et puis il y a le soutien des collectivités.
07:46Enfin, à Bourgoin-Jalieu,
07:48ce que j'entends,
07:49c'est quelque chose qui se met de plus en plus en place.
07:52Les maisons de santé professionnelles,
07:55c'est des systèmes qui peuvent réellement être effectifs
07:59qu'avec le soutien de la commune,
08:01du département.
08:02Je prenais l'exemple de l'Iser
08:03qui est un département très proactif,
08:05de la région également.
08:07Il y a tout un maillage territorial
08:09qui peut permettre la bonne installation des médecins,
08:12la multiprofessionnalité avec les paramédicaux
08:17qui vont avoir des tâches de plus en plus élargies.
08:19C'est ce que promeut notamment l'État
08:21via les infirmiers en pratique avancée.
08:23Donc il y a énormément de choses à faire.
08:25Donc il y a d'autres leviers peut-être
08:26que cette quatrième année de médecine,
08:28c'est ce que vous dites aussi ?
08:29Il y a des leviers plus efficaces,
08:31sachant que cette quatrième année,
08:32elle doit être à valeur pédagogique
08:34avant d'être à valeur de régler les soucis des aires médicaux.
08:38Et oui, il y a énormément de choses à mettre en place
08:40en gardant à l'esprit que la réduction
08:42des effectifs de médecins formés
08:45dans les années 90-2000,
08:47c'est quelque chose que l'on subit malheureusement actuellement
08:49et qu'il va falloir du temps
08:51avant de retrouver une démographie médicale suffisante.
08:54Merci beaucoup Maxime Tournier
08:56d'avoir été notre invité ce matin.
08:58Belle journée. Merci.