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00:00Emmanuelle Ducrox est avec nous aussi sur Ropar. Bonjour Emmanuelle.
00:04Bonjour Dimitri et bonjour à tous.
00:06Alors une histoire édifiante ce matin, vous nous parlez du burn-out d'un médecin de campagne.
00:11L'histoire se passe à Bully dans la Loire, un village de 433 habitants dans une zone très rurale des monts de la Madeleine.
00:18La médecin du village, une jeune femme, a eu la désagréable surprise la semaine passée de voir débarquer trois gendarmes en pleine consultation
00:26pour lui remettre un arrêté de réquisition à la demande de l'ARS, l'agence régionale de santé.
00:31Il s'agit de la forcer à effectuer des gardes de nuit parce que le secteur manque de médecins.
00:36C'est la goutte d'eau qui a fait débord d'élevage pour la praticienne de Bully et sous le choc, elle est depuis en arrêt maladie.
00:42Elle ne voulait pas tirer au flanc cette médecin, au contraire, elle croulait déjà sous le travail et les consultations.
00:47Et oui, c'est la seule praticienne de ce petit village, la collègue avec laquelle elle travaillait, a jeté l'éponge en juin dernier.
00:54Et depuis, elle assure seul le suivi de 1500 à 2000 patients avec des semaines de 50 heures.
01:00Alors elle avait alerté l'agence régionale de santé que ce rythme était trop intenable pour y rajouter en plus des gardes.
01:07Ses sept confrères du secteur sont tous confrontés à la même surcharge et ils alertent tous depuis un an.
01:13Mais la règle, c'est la règle et l'ARS a pris cette mesure rare de la réquisition qui se heurte donc au principe de réalité, l'épuisement du médecin.
01:21Alors à Bully, les habitants sont inquiets. Le maire a lancé une pétition qui vient de franchir les 1000 signatures.
01:30Oui, pour soutenir le médecin et demander de la souplesse à l'ARS. La commune nous apprend le progrès.
01:36Le journal régional s'est démené pour ne pas être un désert médical, c'est crucial, dans cette zone à l'habitat très émietté.
01:42Elle a refait il y a trois ans le cabinet et une association locale y a logé des médecins salariés.
01:48Alors en attendant que la fameuse médecin se requinque, des confrères vont assurer des remplacements.
01:53Deux jours par semaine, l'association s'est aussi mise en quête d'un autre titulaire pour soulager la praticienne.
01:59Moi je leur conseille d'y aller, c'est très beau cette région de Bully.
02:02Mais les élus s'inquiètent. Lorsqu'on fait venir un gendarme pour obliger un médecin à faire des gardes,
02:07les jeunes qui veulent s'installer n'ont sûrement pas envie de venir dans un cabinet, dans une petite commune.
02:11C'est l'adjointe au maire de Bully qui parle, il est clair que ça n'est pas exactement la meilleure pub qu'on puisse faire à cette commune.
02:17Pour conclure, Emmanuel, vous nous dites que l'histoire de ce médecin de Bully est un peu le symbole d'une médecine libérale arrivée à bout de souffle.
02:25Oui, en France, 8 millions de personnes vivent dans un désert médical et ne peuvent pas consulter plus de deux fois par an un généraliste, faute d'en avoir un à proximité.
02:34Et que dire ? Des pédiatres, des ophtalmo, des gynécologues et des psychiatres ?
02:38Alors, pour y remédier, on a à peu près tout tenté. Les incitations à l'installation, alors parfois ça marche, parfois ça ne marche pas.
02:44Il y a aussi souvent une tentation de forcer les installations en zone dépourvue de médecins, mais ça les fait plutôt fuir vers le privé.
02:51La réalité, c'est qu'il nous faudrait en France le double du nombre de médecins et qu'on ne les a pas.
02:56Parce qu'on ne les a pas formés dans les années 90 et un praticien sur quatre est en âge de partir à la retraite.
03:02Je suis navrée, mais cette chronique est gaie comme une ordonnance d'antidépresseurs.
03:07Rassurez-vous Emmanuel Ducrot, on a vu des sujets plus lourds aussi ce matin,
03:13sans n'en être qu'un parmi d'autres, si je puis dire, dans cette chronique de la France un petit peu déprimante qu'on fait tous les matins, malheureusement, sur Europe 1.
03:20Merci en tout cas de votre sourire Emmanuel, c'est toujours un plaisir de vous avoir à l'antenne.
03:24On vous retrouve demain, 8h52.