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Situé à la confluence de deux cours d'eau, la ville de Redon, en Ille-et-Vilaine, est habituée aux inondations. Dans les heures à venir, le record de 1936, 5,46 mètres, pourrait être dépassé. Si le pic de crue est encore attendu, les services météorologiques estiment que 200 litres d'eau par m² se sont abattus depuis début janvier sur la commune, soit l'équivalent de trois mois de pluie en seulement trois semaines. Pascal Duchêne, maire de Redon, est l'invité de RTL Soir.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 29 janvier 2025.

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Transcription
00:00Il est 18h18, bonsoir Pascal Duchesne, vous êtes le maire de Redon en Ile-et-Vilaine.
00:08Votre commune est durement frappée par les inondations qui touchent la région, toujours vigilance rouge aux crues, je le rappelle ce soir.
00:14Merci beaucoup de nous rejoindre sur RTL. L'eau continue-t-elle de monter au moment où nous parlons, monsieur le maire ?
00:20Elle continue de monter. En début de semaine, le pic de crues était envisagé.
00:26Aujourd'hui, en milieu de journée, et les dernières évaluations que nous détenons fixent ce pic demain après-midi à 17h.
00:38Il est possible que demain matin, on nous annonce un moment différent.
00:46Les eaux montent toujours à Redon.
00:49Vous êtes en train de nous expliquer que demain matin, vous risquez d'avoir de sévères surprises, peut-être encore plus dramatiques et brutales que celles que vous subissez déjà ?
00:57Écoutez, nous essayons de ne pas trop subir le phénomène en décidant d'opérations et d'actions sur le terrain.
01:07Nous sommes forts d'abord d'une expertise des services de la ville, de l'État et des départements pour évaluer le niveau des crues.
01:17Nous disposons aussi de documents cadres et d'anticipation.
01:23À partir du moment où un maire active le plan communal de sauvegarde, il dispose d'un certain nombre d'éléments qui lui permettent de bien décider avec le concours des forces de sécurité.
01:32Un spécialiste expliquait hier soir sur notre antenne que vous récupérez à Redon un tiers des eaux venant de Bretagne. C'est bien le cas ?
01:39C'est tout à fait le cas. Non seulement les eaux de l'amont de la Vilaine. Aujourd'hui encore, la ville de Rennes est en une situation très problématique.
01:52Nous conjuguons ces effets de la Vilaine avec ceux de l'Ouste qui est un affluent de la Vilaine et qui converge à Redon.
02:04La Vilaine est donc un fleuve qui déborde régulièrement et qui a une histoire de ce type ?
02:09Tout à fait. Malheureusement, la ville de Redon connaît ces phénomènes de façon régulière.
02:19Nous avons d'ailleurs pour repère des crues historiques, celle de 1936, celle de 1995, celle du début des années 2000.
02:28Il y a une connaissance des redonnées de celles et ceux qui vivent depuis un certain temps de ces phénomènes.
02:35Mais la ville, et non pas un village comme j'ai cru entendre dire M. Calvi en présentant notre intervention et notre échange, la ville connaît...
02:46Je ne pense pas. J'ai une notion de géographie qui fait que je sais que Redon est une ville, rassurez-vous.
02:52Excusez-moi si vous avez pu l'entendre ou le croire.
02:55Comme je suis au téléphone, peut-être que j'entends mal.
02:58Je vous disais que le phénomène est connu, mais il est découvert aussi par de nouveaux habitants de la ville.
03:06Il y a une espèce de forme de résilience, d'acceptation du phénomène, sauf que la crue atteint des records malheureusement.
03:18Il faut adapter nos dispositifs aux situations nouvelles que nous observons.
03:24Il ne suffit pas d'avoir une culture de la crue pour pouvoir la combattre, en tout cas dans les proportions où vous la vivez en ce moment.
03:30Il y a des évacuations et est-ce que vous pouvez nous en donner le détail au moment où nous parlons ?
03:35Tout à fait. Depuis lundi, à peu près 150 personnes ont été évacuées.
03:40Dès lundi matin, je décidais de la création d'un centre d'hébergement d'urgence de 50 places, 50 lits, qui est actuellement utilisé.
03:49Et hier soir, d'un complément de 200 lits.
03:54Nous disposons sur deux centres d'hébergement installés dans deux salles de sport de la ville, d'une capacité d'accueil de 250 lits.
04:06Au moment où je vous parle, ce sont une trentaine, 30-40 personnes qui sont accueillies dans ces centres d'hébergement,
04:13puisque les personnes évacuées ont trouvé très rapidement pour certains d'entre elles des solutions.
04:19Nous, nous sommes là pour accueillir celles de ces personnes qui n'ont pas trouvé de solution.
04:23Bien sûr. Est-ce que ces évacuations sont rendues obligatoires ?
04:28Ou c'est juste que les gens viennent à vous parce qu'ils savent qu'il y a des possibilités ? Comment ça se passe ?
04:35Votre question est intéressante.
04:38Hier, le principe de l'évacuation était celui d'incitation.
04:42Nous incitions les habitants des zones concernées à évacuer.
04:46Ce matin, le leitmotiv de la journée, c'était l'obligation.
04:51Parce qu'il y a des secteurs du périmètre identifiés qui sont dans des situations très problématiques.
04:59J'imagine que c'est très difficile, notamment, d'appeler à un départ obligatoire dans des familles,
05:06avec des enfants, des animaux de compagnie, des personnes âgées.
05:09Leur dire qu'il faut fuir est quand même quelque chose de particulièrement rude. Ils peuvent l'entendre ?
05:14Beaucoup l'entendent, connaissant les phénomènes qu'ils ont déjà par ailleurs vécus.
05:22Mais vous dites juste qu'il y a une difficulté, il y a d'appréhension à quitter son logement.
05:27On quitte son environnement immédiat, on quitte ses habitudes.
05:32La question des animaux domestiques est une vraie question.
05:35Les centres d'hébergement d'urgence, en particulier, n'accueillent pas les animaux.
05:40Il a fallu trouver des solutions avec le voisinage.
05:45Nous avons sollicité aussi la SPA pour l'accueil des animaux.
05:48Cela paraît anecdotique, mais c'est énorme pour les personnes qui sont concernées.
05:54L'ancien maire de Redon, votre prédécesseur Alain Madelin, évoquait déjà ce problème il y a plus de 20 ans.
05:59Des travaux ont-ils été faits ?
06:00A l'époque, M. Madelin expliquait qu'il n'y avait rien à faire, que vous étiez obligé de subir d'une certaine façon.
06:06Je ne pense pas qu'il n'y ait rien à faire.
06:08Il y a une configuration particulière, nous le rappelions au début de notre échange, de cette confluence de Loustes et de la Villaine.
06:15Des aménagements ont été réalisés par la ville, d'ailleurs pour certains que j'ai inaugurés il y a quelques mois,
06:22qui viennent surélever les ouvrages de protection sur le port.
06:28Mais évidemment, on ne peut pas le faire partout.
06:32La ville est bordée par la Villaine, elle est bordée par Loustes.
06:35La ville est par ailleurs entourée de marais.
06:38C'est notre réalité hydraulique et géographique.
06:43L'autre sujet, c'est celui des constructions, des zonages.
06:51Ce sont des documents de référence sur lesquels nous travaillons évidemment,
06:56ce qu'on appelle un schéma de cohérence territoriale,
06:59qui se décline en plan local d'urbanisme, qui sectorise, qui zone la ville.
07:06Effectivement, par exemple, pour la zone portuaire de Redon,
07:09nous sommes dans un dispositif enclenché de renaturation du site,
07:13quand à une époque, dans les années 60-70,
07:16on s'est mis à construire là où nos aînés n'avaient jamais envisagé construction,
07:21puisque nous sommes précisément à hauteur d'eau, les marais précisément.
07:27Une toute dernière question, s'il vous plaît.
07:29On arrive à assurer son logement à Redon ?
07:32Oui.
07:34Je vous sens hésitant, monsieur le maire, pardonnez-moi.
07:37Vous parlez du patrimoine de la ville ?
07:39Non, les habitants, bien sûr.
07:41Les habitants, oui.
07:43C'est une question qui est cruciale en réalité.
07:47Là, nous sommes dans le moment de la crise.
07:51Il y aura après la décrue les constats de dégradation de l'habitat,
08:01de dégradation de l'espace public, des bâtiments, des équipements publics,
08:06et chacun se retournera évidemment vers son régime d'assurance,
08:11ou son assurance, pour évaluer les dégâts et la question du remboursement.
08:17Certaines communes sont dans certaines difficultés.
08:21Les collectivités ont une difficulté à assurer tout leur patrimoine.
08:25La question du péril est aujourd'hui très problématique.
08:30Merci infiniment, Pascal Duchesne, maire de Redon.
08:32On vous adresse toutes nos pensées à vous et à vos habitants
08:35dans l'épreuve que vous affrontez ce soir.
08:37Dans un instant, les toutes dernières informations avec notre journal de 18h30.
08:41Et puis à 18h40, c'est un ancien ministre du logement, Marc-Philippe Dobrez,
08:45qui sera notre invité. Pourquoi le secteur du neuf continue-t-il de dégringoler dans notre pays ?
08:50Les mesures annoncées par François Bayrou peuvent-elles résoudre cette crise du logement qui dure ?
08:54Rendez-vous dans moins d'un quart d'heure.

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