270 038 vues 28 janv. 2025 On va plus loin (2025)
Les rebelles du M23 sont entrés dans Goma, le chef-lieu du Nord-Kivu, aidés de soldats rwandais, sous les condamnations de la communauté internationale. On va plus loin avec Niagalé Bagayoko et Stéphane Ballong.
##RDC ##Goma ##M23
Les rebelles du M23 sont entrés dans Goma, le chef-lieu du Nord-Kivu, aidés de soldats rwandais, sous les condamnations de la communauté internationale. On va plus loin avec Niagalé Bagayoko et Stéphane Ballong.
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00:00On va plus loin à présent dans l'Essentiel avec N'Galé Bagayoko, présidente de l'African Security Sector Network.
00:06Bonjour N'Galé.
00:07Bonjour.
00:08Et Stéphane Vallon, rédacteur en chef Afrique ici à France 24.
00:10Bonjour Stéphane.
00:11Bonjour Raphaël.
00:12Au sommaire, les combats dans l'est de la RDC, l'armée congolaise et les rebelles du M23 s'affrontent à Gomal, le chef lieu du Nord Kivu,
00:19où plus d'un million de Congolais sont déjà déplacés sur les deux millions d'habitants autour de la ville.
00:23Donald Trump lui fait prier la Colombie.
00:25L'Etat accepte de réadmettre les migrants expulsés des États-Unis par avion militaire après la menace de Donald Trump.
00:30Des taxes de 25 à 50 % sur les biens colombiens et la fin des visas.
00:33C'est à suivre dans l'Essentiel.
00:47Plateau.
00:48C'est une région en proie à des convulsions depuis maintenant 30 ans.
00:52Les suites notamment du génocide rwandais, l'est de la RDC, voient actuellement s'affronter l'armée congolaise et les rebelles du M23
00:59dans la ville même de Gomal, le chef lieu de la province du Nord Kivu, qui avait déjà occupé ces rebelles.
01:04C'était brièvement il y a une douzaine d'années.
01:06Aujourd'hui, ils auraient à leur côté plus de 3 500 soldats rwandais selon l'ONU,
01:10alors que Kigali dit y maintenir une posture défensive durable qui viserait à assurer sa propre sécurité.
01:16Aurélie Bazzara, Kibangula, vous êtes la correspondante de France 24 à Kinshasa.
01:20Où en est la situation ce soir ?
01:24Ce soir, la nuit est tombée à Goma et des tirs se font toujours entendre dans certains quartiers de la capitale du Nord Kivu.
01:31C'est selon des habitants que nous avons contactés.
01:33En journée, les rafales de tirs et les tirs d'artillerie étaient intenses et quasiment ininterrompus.
01:39Les habitants de Goma vont passer une nuit de plus barricadés chez eux pour tenter de se mettre à l'abri.
01:44L'un d'eux nous a confié avoir peur, peur de ne pas savoir ce qu'il va se passer.
01:49Alors la situation est toujours confuse.
01:51Il est encore impossible de savoir quelles parties de la ville sont contrôlées par les forces armées congolaises
01:57et quelles parties sont tombées sous le contrôle des soldats rwandais du M23.
02:01Alors le porte-parole du gouvernement Patrick Mouyaya a appelé les habitants de Goma à rester chez eux,
02:06à s'abstenir de commettre des actes de pillage et à barrer la route, dit-il, à la propagande du Rwanda.
02:12Le ministre a également affirmé que le gouvernement continue de travailler pour éviter, je cite,
02:18le carnage et les pertes en vie humaine.
02:20Alors pour le moment, il est franchement difficile de connaître le bilan de ces affrontements,
02:24tant sur le plan militaire que civil.
02:26Médecins sans frontières a affirmé que les hôpitaux de Goma ont accueilli de nombreux blessés
02:31et sont totalement saturés.
02:33Des hôpitaux, eux aussi, touchés par des bombardements et des tirs, selon MSF.
02:38Alors à Kinshasa, les autorités affirment aussi que des bombes sont tombées sur des sites de déplacés,
02:43des sites qui abritent près de 600 000 personnes, selon les Nations unies,
02:47et qui restent encore inaccessibles ce soir pour les humanitaires.
02:51Kinshasa a accusé un hier le Rwanda de lui avoir, je cite, déclaré la guerre.
02:56Une rencontre au Sommeil est censée intervenir mercredi entre les deux dirigeants,
03:00Félix Tshisekedi et Paul Kagame.
03:03Effectivement, la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Keikwamba-Wagner,
03:08a affirmé devant le Conseil de sécurité de l'ONU hier
03:11que l'armée rwandaise avait pénétré en plein jour sur le territoire congolais.
03:16Elle a dit que pour Kinshasa, c'est tout comme une déclaration de guerre du Rwanda,
03:20qui, Galli explique, conservait une posture défensive face à une menace sérieuse à la sécurité du Rwanda.
03:25Pour rappel, près de 3 000 à 4 000 soldats rwandais sont sur le sol congolais
03:29et appuient le M23, selon le dernier rapport des experts des Nations unies.
03:33Des sources sécuritaires évoquent l'arrivée de renforts ces derniers jours,
03:37mais sans donner de chiffres précis.
03:39Face à cette escalade militaire, un sommet extraordinaire de la communauté des Etats d'Afrique de l'Est a été convoqué.
03:46Il devrait se tenir mercredi.
03:48Le président kényan, qui est à la tête de cette organisation régionale, a affirmé que les deux présidents,
03:53Félix Tshisekedi et Paul Kagame, ont confirmé leur participation.
03:57La présidence congolaise a affirmé à nos confrères de Jeune Afrique que Félix Tshisekedi n'avait pas l'intention d'y prendre part.
04:04Ce sommet, c'est quand même un peu un espoir d'arriver à une désescalade des tensions et des violences,
04:09car jusque-là, les processus de paix n'ont pas eu de résultats concrets sur le terrain.
04:14Les deux présidents auraient déjà dû se rencontrer le 15 décembre dernier,
04:18mais le président Paul Kagame ne s'était pas rendu à Luanda.
04:22Merci beaucoup Aurélie, avec nous en direct de Kinshasa, notre correspondante sur place pour France 24.
04:31Voilà ce qu'on peut dire en tout cas de la situation avec Aurélie Bazarak et Bangoula.
04:36Stéphane, ce soir, difficile de dire quel quartier d'Ogoma aujourd'hui sont aux mains des rebelles du M23 ou de l'armée congolaise,
04:49malgré les déclarations dans la matinée du ministre français des Affaires étrangères.
04:53Oui. D'abord, si vous voulez, je pense que cette déclaration de Jean-Noël Barraud, ministre des Affaires étrangères de la France,
04:59est quelque peu maladroite, j'allais dire. Je ne suis pas sûr qu'il appartienne à un ministre des Affaires étrangères d'un pays étranger,
05:08de donner la situation sécuritaire. On est dans une situation de guerre, pour ainsi dire.
05:14Donc je pensais que je trouvais que c'est maladroit, même si là, on peut imaginer qu'il a des infos qui lui permettent de penser cela.
05:22Le dire, c'est une chose. Alors ça, c'est la première chose. La deuxième chose, où est-ce qu'on en est ?
05:28Le moins qu'on puisse dire, c'est la confusion. Hier soir, quand on a suivi cette actualité, cette actualité malheureuse,
05:35jusqu'à tard le soir, on est rentrés chez nous en nous disant qu'on allait se réveiller avec une ville qui, peut-être,
05:44serait prise par les rebelles du 23 et leur soutien rwandais. Finalement, on se rend compte que ce n'est pas aussi simple que ça.
05:57On nous parle encore de poches de résistance. Les autorités disaient hier leur détermination à résister à l'offensive des groupes rebelles,
06:09tout en précisant quand même qu'en face, ils étaient tout aussi déterminés. Donc on est dans une situation de confusion où on n'est pas en mesure de dire,
06:17et d'ailleurs Aurélie le précise très bien dans ses propos, de dire qui contrôle Goma ce soir.
06:23Le moins qu'on puisse dire, c'est que Goma est en sursis et c'est tout ce qu'on peut dire ce soir.
06:29Ce que l'on peut dire aussi, manifestement, si l'on reprend en tout cas les termes des déclarations de l'ONU, c'est que 3500 soldats rwandais
06:37figureraient parmi ces assaillants et parmi eux, 500 à 1000 qui auraient gagné le territoire congolais durant le week-end,
06:45le signe d'une porosité toujours à la frontière. Niagale Bagayoko ?
06:50Oui, on parle de forces armées rwandaises, de la force de défense rwandaise, qui se situerait entre 3000 et 4000 hommes,
06:59effectivement, selon les Nations Unies. On voit que les Nations Unies, notamment par le biais de leur secrétaire général,
07:10deviennent de plus en plus explicites dans leur mise en cause, parce que jusqu'ici, on se référait toujours,
07:18plus ou moins explicitement, au rapport des experts indépendants, du groupe d'experts indépendants des Nations Unies.
07:27Là, António Guterres a nommément cité le Rwanda et c'est Tampa qui est franchi, à mon avis, dans les dénonciations.
07:39Il faut rappeler aussi, pour mettre en contexte, que la MONUSCO a été renouvelée, la force de l'ONU sur place,
07:48qui était censée se retirer à la demande des autorités du pays. C'est un dossier qui dure depuis de longues années,
07:56puisque la demande de retrait a été formulée pour la première fois sous Joseph Kabila.
08:02Et en réalité, le mandat a finalement été prolongé, parce qu'on a vu que les zones où les soldats de l'ONU avaient laissé la place,
08:14notamment à la police nationale congolaise, n'avaient pas pu être placées sous contrôle,
08:19ce qui a amené la RDC à demander qu'il y ait une présence prolongée.
08:26Mais dans ce mandat renouvelé, le Rwanda n'est pas cité de manière explicite.
08:33Il est cité en des termes...
08:36Évasifs, oui.
08:37Non, assez clairs, puisqu'on parle de l'agression d'un État voisin, mais il n'est pas cité nommément.
08:44En revanche, les forces, les FDLR, les fameuses forces de libération du Rwanda, elles le sont dans ce rapport de l'ONU.
08:53Donc je pense que vraiment, aujourd'hui, on va vers davantage de mise en cause du Rwanda à l'échelle internationale.
09:01Et on l'a vu avec les propos, en effet, de Jean-Noël Barraud.
09:03Oui, l'ONU appelle d'ailleurs à Kigali à retirer ses forces de la région.
09:06Avec quel moyen de pression aujourd'hui, Stéphane Balland ?
09:09Mais c'est une question qui renvoie à une autre question.
09:12Est-ce qu'on sanctionne le Rwanda ?
09:14En fait, si on part du principe, si tout le monde dit, toutes les expertises disent qu'il y a un pays qui agresse un autre,
09:23qui viole la souveraineté territoriale dans notre pays, et qu'on est d'accord tous qu'il faut que cela cesse.
09:31Et les Congolais le disent à juste titre.
09:34Pourquoi il faut aller au-delà de la dénonciation et passer à la phase de sanction ?
09:41Mais on voit bien, hier encore, beaucoup de représentants se sont exprimés,
09:46nommément citer le Rwanda, y compris la France, même les Etats-Unis.
09:51Mais quand il a été question de faire un communiqué final, là, on ne cite plus le Rwanda.
09:59Pourquoi ?
10:00Parce que tout le monde n'est pas sur la même longueur d'onde
10:06quand il s'agit de nommer les responsabilités.
10:09Même au sein des Africains, il y a cette division, si je puis dire,
10:15qui fait que d'un côté, on appelle clairement le Rwanda à retirer ses troupes du territoire congolais,
10:23et de l'autre côté, on ne veut pas désigner non plus mal le Rwanda.
10:28Donc c'est une situation assez complexe.
10:32Pour abonder dans le sens de Stéphane, la position, ou plutôt la non-position de l'Union africaine
10:39est très intéressante de ce point de vue-là.
10:41On voit en effet qu'il y a un nouvel appel au cessez-le-feu entre les parties,
10:46mais que l'on ne va pas au-delà en désignant nommément les responsables.
10:52Oui, après la stricte observation du cessez-le-feu, effectivement, l'Union africaine.
10:57Mais Kigali, de son côté, justifie sa présence par une menace sérieuse à la sécurité du Rwanda.
11:03Il y a une menace pour le Rwanda ?
11:04Il y a une menace.
11:06Juste, si vous permettez, j'ajoute quelque chose par rapport à la question des sanctions.
11:09Vous voyez bien, en fait, on ne peut pas oublier l'aspect économique de cette histoire.
11:16Encore l'année dernière, pendant qu'on était en pleine offensive des rebelles du M23,
11:24on a vu une Union européenne, qui condamne l'agression rwandaise,
11:29signer un mémorandum de partenariat pour sécuriser son approvisionnement en minerais stratégiques.
11:38Donc, il y a quelque part, pardonnez-moi le mot, une forme d'hypocrisie également, il faut le dire.
11:44Il y a l'intérêt économique d'un côté,
11:47et il y a la situation qui est celle qui existe sur le terrain, qu'on condamne volontiers,
11:53mais on ne perd pas de vue ses intérêts économiques.
11:57Sur la sécurité du Rwanda, parce que c'est ainsi qu'elle justifie sa présence militaire.
12:01Exactement, c'est ce que le Rwanda appelle ses mesures défensives.
12:06La question, c'est…
12:08Durables.
12:09Durables, c'est ce qui s'est ajouté aujourd'hui.
12:12Mais elle concerne les FDLR, qui est un groupe armé qui a été formé par d'anciens génocidaires,
12:20Hutus, qui se sont refugiés dans cette partie de la République démocratique du Congo,
12:25et qui combattent, il faut le dire aussi, qui combattent aux côtés des forces armées congolaises.
12:32Donc, pour le Rwanda, c'est un point non négociable.
12:38Et d'ailleurs, le processus de Rwanda, qui a capoté en décembre dernier,
12:44prévoyait une neutralisation de ces forces-là pour aller vers, finalement, un accord entre les deux pays.
12:51Mais c'est une question qui demeure et qui est un point de friction.
12:56Conséquence, on l'a vu, avec les réfugiés, conséquence humanitaire,
12:59parce que d'après l'ONU, 400 000 personnes ont été déplacées par les combats
13:02depuis début janvier, en l'espace de seulement un mois,
13:04sur une ville qui, sur 2 millions d'habitants, compte la moitié déjà de réfugiés.
13:09C'est dire la situation dramatique.
13:11Beaucoup, d'ailleurs, vont se réfugier vers Bukavu, au nord qui vous.
13:14Tout à fait. Et il faut aussi ajouter qu'à cette situation humanitaire particulièrement dramatique,
13:23se surajoute la question des enjeux régionaux de ce conflit.
13:29Parce qu'il y a aussi les forces bourrondaises qui sont, semble-t-il, engagées en appui des FARDC,
13:38des forces armées congolaises.
13:41Et je pense que, d'une manière générale, il faut concevoir ce conflit
13:46comme étant dans une dynamique totalement transnationale.
13:49Qu'il s'agisse de ces réfugiés qui, précisément, sont poussés d'un côté ou de l'autre de la frontière,
13:57mais aussi, pour ces enjeux, il y a aussi des compagnies de sécurité privée qui interviennent en appui des FARDC.
14:05Donc, on voit très bien qu'on est dans un environnement extrêmement complexe
14:09qui va au-delà des deux seuls protagonistes que sont le Rwanda et la RDC.
14:14Un dernier mot, une rencontre Tshisekedi-Kagame mercredi, pourquoi faire ?
14:18C'est toute la question. C'est un gros défi, si je puis dire.
14:24Parce qu'on part de tellement de loin, on part d'une situation où les positions sont tellement éloignées l'une de l'autre
14:30que je ne vois pas comment on peut arriver à un compromis.
14:34Déjà, faire venir Tshisekedi, ce qui n'a pas été confirmé, Tshisekedi-Kagame à Nairobi,
14:40pour moi, ce serait déjà une victoire.
14:43Ça veut dire qu'il y a peut-être une volonté de part et d'autre d'aller vers, disons, une accalmie, une désescalade.
14:51Mais c'est très, je vais dire...
14:54C'est très aléatoire encore.
14:55C'est très aléatoire. Ce qu'on n'a pas réussi à faire en trois ans, sachant que le conflit a repris en 2021,
15:02je ne vois pas comment on peut le faire en deux jours.
15:06En deux jours, ce n'est pas très optimiste comme propos, mais ce sont les faits. Ce sont les faits, malheureusement.
15:13Surtout qu'il y a eu quand même un certain nombre de rencontres avortées
15:18ou qui, lorsqu'elles ont eu lieu, n'ont absolument rien donné.
15:21Donc non, malheureusement, ce sont les armes, le rapport sur le terrain qui parle aujourd'hui,
15:27avec notamment une supériorité militaire, avec des armements notamment extrêmement développés,
15:35une réorganisation du mouvement aussi du M23 qui semble avoir porté ses fruits
15:40et permis cette expansion territoriale, notamment.
15:44Merci beaucoup. Merci, Stéphane Ballon, d'avoir été avec nous pour nous éclairer sur cette crise dans l'est de la République démocratique du Congo.
15:51Autre sujet, le Mexique accueille 4000 migrants expulsés des États-Unis, des Mexicains pour la plupart, sans faire de vagues.
15:58Il faut dire que les voisins américains sortaient chaudés du bras de fer entre Washington et Bogota.
16:02Il n'a fallu qu'une menace à Donald Trump, taxer à 25 puis 50 % les biens colombiens entrant aux États-Unis,
16:08pour que le président Gustavo Petro accepte sans condition le retour de ces ressortissants expulsés par les autorités américaines.
16:14Julien Chahida.
16:16La Colombie a finalement cédé sous la pression américaine.
16:19Dans un premier temps, Bogota avait refusé l'atterrissage dimanche sur son sol de deux avions militaires venus de Californie,
16:26avec chacun 80 migrants colombiens à leur bord.
16:29La réaction de Washington, une restriction du nombre de visas délivrés dans son ambassade de la capitale colombienne
16:35et une augmentation des droits de douane de 25 % sur toutes les marchandises importées aux États-Unis.
16:41Bogota réplique alors avec l'annonce de droits de douane similaires,
16:45mais rétropédale quelques heures plus tard en annonçant un accord avec son principal partenaire commercial.
16:50Nous avons surmonté l'impasse avec le gouvernement américain.
16:55Dans ce contexte, le ministre des Affaires étrangères, Luis Gilberto Murillo,
17:01et l'ambassadeur Daniel Garcia Peña se rendront à Washington dans les prochains jours
17:05pour tenir des réunions de haut niveau afin de suivre les accords.
17:10Donald Trump a fait de son programme d'expulsion massive l'un de ses arguments phares de campagne.
17:16Vendredi, 265 migrants expulsés des États-Unis ont atterri au Guatemala.
17:2188 autres sont eux arrivés au Brésil samedi dans des conditions qualifiées de dégradantes par le gouvernement brésilien.
17:30Les plaintes des personnes étaient très sérieuses en raison de violations.
17:35Des familles, des enfants, certains autistes ou souffrant d'un handicap quelconque
17:42ont vécu des situations très graves dans ce maladio.
17:47La Maison Blanche s'est par ailleurs félicité cette semaine de l'arrestation de centaines de ce qu'elle nomme des migrants criminels illégaux.
17:55Et Antoine Mariotti nous a rejoint, chroniqueur international ici à France 24. Bonjour Antoine.
17:59Bonjour Raphaël, bonjour.
18:00Décidément, Donald Trump arrive toujours à ses fins. C'est la conclusion de cette histoire ?
18:04Oui, après il ne s'en est pas pris au plus fort pour commencer.
18:06Donc c'était aussi un message d'entrée de jeu pour montrer qu'on pouvait tordre le bras de quelqu'un
18:11mais d'un pays qui dépend beaucoup économiquement aussi des échanges commerciaux avec les États-Unis.
18:16Pour autant, ça a été quand même au départ, c'est monté dans les tours assez rapidement quand même.
18:20Gustavo Petro, le président colombien, a eu une réaction extrêmement forte quand justement Donald Trump a voulu envoyer ces deux avions.
18:26On parle donc de 160 personnes en tout avec des mots forts, je le disais, sur Donald Trump
18:33en disant quand même qu'il s'en fichait royalement de son pétrole, que je n'aime pas ton pétrole.
18:38Trump dit-il, tu vas anéantir l'espèce humaine à cause de ta cupidité.
18:42J'ai résisté à la torture, je te résisterai.
18:44Bon, en termes de relations diplomatiques, on a vu plus sympathique.
18:48Donc c'est monté très très fort dans les tours quand même pour retomber aussi vite finalement
18:52parce qu'à 22h10, il y a eu un communiqué de la Maison-Blanche en disant la Colombie a cédé, a accepté toutes nos demandes
18:58et Gustavo Petro l'a dit lui-même sur internet et ça a été retweeté par Elon Musk.
19:05Vous voyez, on finit par faire des confusions par Donald Trump, on ne sait plus qui est qui bientôt.
19:09Donc c'est monté très fort et en même temps, on voit bien quand même avec le Guatemala et d'autres
19:15que ça montre quand même une première fois que pour les pays qui n'ont pas une force économique extrêmement importante,
19:22Donald Trump est prêt à leur tordre le bras.
19:24Niagale Bagayoko, vous en tirez quel enseignement pour les Etats-Unis et peut-être même ici en Europe
19:29dont on connaît le discours des partis nationalistes qui accusent nombre de gouvernements qu'ils jugent trop libéraux
19:35d'incurier finalement dans leur politique migratoire ?
19:38Oui, en effet, ça ne peut être qu'un exemple qui va être cité en effet par ceux qui sont partisans d'un très fort durcissement
19:48de ces politiques migratoires côté européen.
19:52Ça prouve qu'il existe des leviers d'expulsion. Je pense évidemment à la situation de la France, la crise de la France avec l'Algérie.
19:57Alors, ce que j'allais ajouter à ce qu'a dit Antoine, c'est le fait que la Colombie est quand même un Etat qui collabore en général,
20:06qui reçoit les migrants illégaux, etc.
20:11On n'est pas du tout dans le cadre de l'Algérie qui est beaucoup plus récalcitrante vis-à-vis de la France.
20:23On est plutôt face à un Etat qui a essayé de faire valoir des questions humanitaires,
20:29mais finalement pas véritablement le principe de l'illégalité, de la présence sur le sol américain.
20:36Et donc de la réadmission sur son territoire.
20:38Voilà, exactement. Je pense que c'est beaucoup plus compliqué en ce qui concerne les relations avec l'Algérie.
20:44D'abord parce que le passé historique entre la Colombie et les Etats-Unis n'est pas aussi aigu en termes de mémoire que dans le cas franco-algérien.
20:58D'autre part parce qu'il y a des dispositions légales aussi qui concernent l'Algérie qui sont beaucoup plus compliquées,
21:04notamment les lois qui ont été adoptées à l'issue de l'indépendance dans les années 60, dans les années 70,
21:12sur lesquelles un certain nombre de dirigeants français veulent revenir, mais qui pour l'instant sont encore en vigueur.
21:18Et puis aussi parce qu'il ne s'agit pas que de la France, il s'agit de l'Union européenne.
21:23Pour ce qui concerne l'usage de l'arme économique, la France ne peut pas en décider seule.
21:29Elle est soumise à une décision beaucoup plus collective de l'UE.
21:33Donc je ne sais pas si le cas de la Colombie et des Etats-Unis pourra faire des émules en Europe aussi facilement.
21:43C'est très intéressant ce que disait Niagélé, notamment au début sur le fait que la Colombie coopère.
21:48C'est vrai. Pour être très clair, il y a eu 124 vols d'expulsion l'année dernière des Etats-Unis vers la Colombie.
21:54Et c'est un petit peu comme le Mexique. On s'affole en disant qu'ils ont expulsé 4 000 Mexicains,
21:59essentiellement des Mexicains, il n'y a pas que des Mexicains, depuis une semaine, depuis que Trump est arrivé.
22:03Mais on est exactement dans les chiffres habituels de toute l'année dernière.
22:06Il y avait 17 000 Mexicains expulsés chaque mois toute l'année dernière.
22:12Là, 4 000, vous multipliez par 4 semaines, on est à 16 000, on est même un petit chouïa en dessous.
22:16C'est quelque chose qui, pour Donald Trump, permet de taper fort du poing sur la table au bout de quelques jours,
22:22de dire « Voyez de quoi je suis capable » et de tordre le bras de n'importe qui.
22:25Mais en fait, derrière, il n'y a pas grand-chose qui change.
22:27Parce que la seule chose qui a changé, ce sont en effet les conditions dont ils ont été expulsés.
22:31Et c'est là où ça a coincé notamment aussi avec le Brésil, d'ailleurs, il faut quand même en parler,
22:35pour finalement qu'il y ait autant d'expulsions.
22:38Est-ce qu'il y en aura beaucoup plus ? Peut-être, parce que peut-être que certains Etats vont se dire
22:42« Bon, bon, soyons quand même un petit peu coopérons, on a envie de garder nos marchés.
22:46On ne peut pas changer de partenaires commerciaux aussi facilement qu'on peut changer les tarifs douaniers aux Etats-Unis. »
22:53Parce qu'en effet, aux Etats-Unis, il fait un peu ce qu'il veut, contrairement aux Européens, en effet.
22:57– Alors la présidente d'Honduras, elle appelle à une réunion urgente des chefs d'Etat de la communauté
23:05des Etats d'Afrique latine et carribe, là c'est là.
23:07Est-ce que Parti Réuni peut leur aider, les aider, d'après vous, Négalé Bakayoko,
23:12à créer peut-être des conditions d'une négociation, d'un rapport de force avec Washington ?
23:18Puisqu'il ne connaît que ça finalement, Donald Trump, le rapport de force.
23:21– En fait, ce serait tenter une solution multilatérale contre des actions qui sont purement unilatérales.
23:31La difficulté est qu'il y a une assez faible intégration politique et économique de l'Amérique latine actuellement.
23:40Alors peut-être que cet adversaire commun va inciter à davantage de collaboration et de coordination,
23:49mais c'est quelque chose qui me semble devoir être construit plutôt qu'une force qui existerait d'ores et déjà.
23:56Pour compléter aussi sur ce que disait Antoine, il y a à l'évidence une très grande part de communication
24:05dans les positions que prend Donald Trump.
24:08Manifestement, ce qui change par rapport à l'époque de l'administration précédente,
24:14c'est qu'il semble que même des visas d'entrée diplomatiques se verraient refusés à l'entrée des Nations Unies,
24:20ce qui est quelque chose d'assez inhabituel.
24:26Mais il faut se souvenir quand même du premier mandat de Donald Trump,
24:30où il y avait eu ce fameux Muslim Ban, où plus personne ne pouvait rentrer.
24:35Et finalement, qu'est-ce que ça a donné ?
24:37Je veux dire, c'est quelque chose qui s'est délité,
24:40qui est devenu assez peu utilisé tout au long du premier mandat de Donald Trump.
24:48Donc est-ce qu'il va pouvoir tenir cette cadence pendant quatre ans,
24:52ou en tout cas pendant deux ans jusqu'aux élections de demi-terme ?
24:55C'est une vraie question.
24:57Et puis sur l'unité en effet de l'Amérique latine, ça rappelle un peu ce qui se passe avec l'Union européenne,
25:02avec certes plusieurs États qui pourraient vouloir s'opposer à Donald Trump,
25:05ou en tout cas faire bloc en disant « nous on est fort, on n'est pas seul,
25:08et vous ne pouvez pas décider ce que vous voulez contre nous ».
25:10Mais en Amérique latine, ils ont Javier Melei en Argentine,
25:13auquel Trump ne va pas s'attaquer, comme il ne va pas s'attaquer à Orban,
25:16ou à Mélanie en Europe avec la Hongrie et l'Italie.
25:19Donc c'est aussi stratégiquement, certes retort, mais intelligent de sa part,
25:25parce que justement ça lui permet de diviser pour mieux attaquer les uns et les autres,
25:29et on voit bien qu'en termes d'unité, c'est compliqué.
25:32Merci beaucoup. Il n'y a qu'un dernier mot.
25:34L'Amérique latine est quand même l'un des rares continents
25:37où il y a encore beaucoup de gouvernement de gauche,
25:39contrairement à d'autres zones dans le monde.
25:42Donc ça c'est un élément intéressant.
25:46Merci beaucoup Niagale Bagayoko, Antoine Mariotti.
25:48On va plus loin, c'est terminé. Dans 4 minutes, vous avez rendez-vous
25:51avec Benoît Perrochet pour une édition spéciale consacrée
25:54au tirage au sort de la Coupe d'Afrique des Nations au Maroc.