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00:007h45, est-ce la fin des palmiers dans les Pyrénées-Orientales ?
00:04A Perpignan, devant le Palais de Justice, les palmiers de la place Aragaud vont être abattus très prochainement,
00:09victimes du charançon rouge. D'autres arbres comme les platanes sont aussi fortement attaqués dans le département.
00:15Pour en parler, Simon Colboc, votre invité est justement spécialiste des arbres.
00:19Bonjour André Trive, vous êtes agriculteur, vous êtes fondateur aussi de l'association Arbres et Paysages 66,
00:25vous êtes également conseiller municipal à Aisne. Les palmiers, c'est donc bientôt fini dans notre département ?
00:31Si on ne change pas nos façons de mettre en place le paysage urbain au niveau végétal,
00:38c'est sûr que si on garde cette direction, on va droit dans le mur.
00:42Qu'est-ce que vous appelez le paysage urbain ?
00:45Aujourd'hui, c'est reconcevoir nos lieux de vie, nos espaces verts,
00:52les alignements d'arbres monospécifiques, ce n'est plus d'actualité,
00:57on voit bien qu'on arrive un peu au bout de l'histoire,
01:00donc il faut reconcevoir la ville de demain, notamment le végétal,
01:03et aussi parler d'enlever le béton tout simplement, parce qu'on est envahi par ce béton,
01:09et la réaction en chaîne fait que derrière, on a des incidences comme celle-ci.
01:13Plusieurs choses sur ce que vous venez de dire, d'abord l'effet traîné de poudre,
01:16quand il y a une seule culture, le côté monoculture, un palmier malade,
01:20derrière, c'est l'ensemble des arbres qui finissent aussi par en mourir ?
01:24Complètement, c'est-à-dire que le ravageur qui a besoin de se nourrir va passer,
01:29alors ce serait pareil que dans un potager, vous faites un alignement de choux,
01:33c'est la même chose, la chenille qui va attaquer un chou va attaquer l'autre chou derrière,
01:37donc si entre les deux, vous mettez des fleurs, des multis étages
01:41qui vont permettre à la biodiversité de s'installer, des feuillages persistants,
01:46voilà, un sol vivant aussi, parce que ça c'est très important,
01:49un sol avec une dalle de béton au-dessus ne peut pas être vivant,
01:52et donc ne peut pas permettre aussi de créer ces interconnexions avec le végétal
01:57qui font que derrière, la plante peut être beaucoup plus résistante.
01:59Et je reviens sur ce palmier qu'on aime tant,
02:02qui est toujours une des signatures aussi du sud de la France,
02:05et de Perpignan en particulier,
02:08ils sont tous condamnés, même si on fait quelque chose,
02:11parce que là c'est le charançon finalement, c'est la nature,
02:14est-ce que c'est pas la nature qui gagne à la fin de toute façon ?
02:17La nature gagne, ça c'est sûr,
02:20après moi personnellement j'ai vu dans certains endroits,
02:23un peu style des friches et tout ça, des palmiers poussés à partir de semences sauvages,
02:29qui sont apportées par des animaux et tout ça,
02:32et on peut voir certaines espèces vraiment prospérer,
02:36mais elles sont entourées derrière d'une multitude d'autres espèces,
02:41donc voilà, il faut vraiment reconcevoir ce système,
02:44là malheureusement, dans le cas où l'on est,
02:47j'ai l'impression que c'est déjà trop tard.
02:49Est-ce que c'est facile à faire en ville,
02:52comme ça, concevoir un espace vert,
02:55un espace vivant, une terre vivante,
02:58autour des arbres que l'on plante en ville,
03:01ça paraît extrêmement compliqué, le bitume est partout ?
03:04En fait aujourd'hui, on a quand même des experts,
03:07au niveau national, même au niveau international,
03:10nous on en avait fait venir d'ailleurs quelques-uns,
03:13lors des rencontres de l'agroécologie à Aisne,
03:16qu'on faisait avec Arbres et Paysages,
03:18et aujourd'hui avec la nouvelle association qui s'appelle Sols vivants méditerranéens,
03:21qui travaille plus sur l'agronomie des sols,
03:23et on se rend compte que, bien entendu, ça va créer des gênes dans un premier temps,
03:26parce que c'est des travaux à mettre en place,
03:29mais derrière, c'est plusieurs gains,
03:32c'est un peu l'effet qui se coule,
03:35on va changer notre façon de mettre en place le paysage urbain,
03:38ça va créer de la beauté, des îlots de fraîcheur,
03:41donc il y a un bien-être aussi pour les habitants,
03:44donc je pense qu'on coche plusieurs cases,
03:47les solutions sont présentes,
03:50il faut avoir la volonté de les mettre en place.
03:53Votre volonté c'est d'amener des bouts de forêt vers la ville,
03:56de faire des artères vertes entre le centre des villes et l'extérieur ?
03:59Tout à fait, c'est-à-dire qu'on appelle ça des trames vertes,
04:02on appellerait ça les trames bleues pour les questions de l'eau,
04:05et l'une ne va pas sans l'autre,
04:08elles sont plutôt complémentaires,
04:11et il faut absolument se reconnecter au paysage sauvage à l'extérieur des villes,
04:14pour pouvoir amener toute cette biodiversité,
04:17toute cette fraîcheur.
04:20Est-ce qu'une route bordée de platanes, pour vous, c'est une trame verte,
04:23ou est-ce que ça va bien plus au-delà ?
04:26Je pense que, comme on disait,
04:29aligner c'est pas génial,
04:32aujourd'hui on voit qu'on paye un peu les erreurs du passé,
04:35parce qu'on n'avait pas les connaissances à l'époque,
04:38aujourd'hui on les a, donc sur tout ce qui est nouveau,
04:41il va falloir changer notre façon de mettre en place les choses,
04:44et sur tout ce qui est mis en place, il va falloir le sauvegarder,
04:47donc il va falloir diversifier un peu ce qui est mis en place,
04:50pour pouvoir pérenniser ces platanes et ces autres alignements qui existent actuellement.
04:537h50, vous écoutez ici Roussillon,
04:56notre invité André Thrive, agriculteur fondateur d'arbres et paysages 66,
04:59on parle justement des arbres dans les P.O.
05:02et des platanes qui sont en souffrance,
05:05et des palmiers aussi, les palmiers de la place Argo,
05:08justement la mairie veut les remplacer par des féviers d'Amérique et des érables de Montpellier,
05:11c'est une bonne idée selon vous ?
05:14Moi je pense que si on parle des espèces, c'est une bonne idée,
05:17parce qu'elles sont adaptées beaucoup plus au climat méditerranéen,
05:20cependant on n'est pas au max,
05:23c'est-à-dire que cette place qui est très minérale,
05:26il va falloir peut-être réfléchir à enlever du béton,
05:29il va falloir aussi réfléchir à mettre des sous-étages,
05:32il faut reconstruire complètement le lieu,
05:35et alors ce n'est pas que ce lieu,
05:38il faut reconnecter aux espaces extérieurs,
05:41donc c'est un ensemble qu'il faut revoir,
05:44si on veut que bientôt ce ne soient pas les érables de Montpellier
05:47qui un jour se retrouvent malades.
05:50Les plantes communiquent entre eux, se protègent entre eux finalement ?
05:53C'est ça, tout à fait, c'est-à-dire que si vous avez un sol
05:56qui est vivant, tout simplement,
05:59donc c'est un sol qui est riche en champignons, en verres de terre, en micro-organismes,
06:02on peut les refaire venir, il suffit de créer le gîte et le couvert,
06:05et donc c'est sûr qu'un sol qui est couvert d'une dalle de béton
06:08ne pourra pas être vivant, mais à ce partir de là,
06:11quand toutes les connexions se font, et grâce à ce fameux champignon,
06:14les mycorhizes qui sont dans le sol, les plantes peuvent
06:17communiquer entre elles et se donner les informations, aujourd'hui c'est prouvé
06:20scientifiquement, ils vont pouvoir émettre des substances
06:23qui repousseront les ravageurs.
06:24Ce qui est prouvé scientifiquement aussi, c'est que quand on met des arbres
06:27dans une ville, on fait baisser la température en ville,
06:30et ça amène la pluie. Est-ce que vous pouvez nous expliquer ?
06:33Bien entendu, c'est-à-dire qu'aujourd'hui on a des points chauds
06:36urbains, on appelle ça, c'est donc
06:39le béton, tout simplement, qui va retenir de la chaleur,
06:42aussi bien que dans les espaces agricoles, un sol qui est nu,
06:45pareil, c'est un sol qui va emmagasiner de la chaleur,
06:48nous on avait fait des tests avec des experts,
06:51et on s'en est rendu compte qu'on renvoyait
06:54de la chaleur dans l'atmosphère, et donc si vous végétalisez,
06:57si on couvre nos surfaces urbaines, nos surfaces
07:00agricoles, on va donc créer, on va dire,
07:03des masses d'air froid, des masses d'air chaud,
07:06et donc en superposant ces deux masses d'air,
07:09on recrée ce qu'on appelle le petit cycle de l'eau.
07:12C'est-à-dire que les orages de l'été, par exemple,
07:15sur l'arrière-pays, arriveraient jusqu'en pleine,
07:18ne seraient pas bloqués ? C'est ça, c'est tout à fait, c'est-à-dire ce fameux
07:21rouchate qu'on appelait à l'époque, qui naissait sur les
07:24pentes du Canigou au 15 août, on sent que ce nuage est bloqué
07:27actuellement sur les pentes du Canigou, tout simplement
07:30parce qu'il n'arrive pas à se reconnecter à la mer, parce qu'entre deux,
07:33ce nuage, qui doit se recharger d'humidité,
07:36ne le fait pas, parce que tout simplement, on est sur une plaque
07:39de béton et sur des espaces agricoles délaissés,
07:42où il n'y a plus de couverture végétale.
07:44Mais là, je me mets à la place de l'auditeur qui nous écoute dans sa voiture
07:47et qui se dit, mais attendez, faire des allées vertes,
07:50se reconnecter avec les forêts, c'est bien gentil, mais les bouchons,
07:53les travaux que ça va générer ?
07:55Mais bien entendu, après, on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs,
07:58comme on dit, donc, bien entendu,
08:01tout changement aujourd'hui peut créer des gênes.
08:04Par contre, est-ce qu'on a le choix, aujourd'hui, de se dire
08:07qu'on passe à côté de ça ?
08:10En gros, on n'a pas le choix.
08:11On n'a pas le choix, parce que tout simplement, le climat s'emballe
08:14et on a encore aujourd'hui de l'eau disponible,
08:17même si ces dernières années, on a eu des pertes de sécheresse,
08:20on a encore de quoi réalimenter nos sols
08:23pour les rendre vivants. Si on ne le fait pas,
08:26peut-être que dans 15 ans, on sera en train de sortir
08:29les mouchoirs, parce qu'on sera arrivés au bout du bout.
08:32Merci beaucoup, André Triff. Je rappelle que vous êtes agriculteur,
08:35vous êtes aussi le fondateur d'Arbres et Paysages 66,
08:38Conseil municipal à Aisne. Et pour en savoir plus
08:41sur votre exploitation, notamment tout ce que vous préconisez,
08:44votre exploitation sera ouverte au public, ce sera le 6 février prochain.
08:47Vous nous expliquerez l'agroécologie
08:50que vous préconisez dans votre exploitation
08:53à Aisne. Merci beaucoup, André Triff.
08:56Bonne journée à vous.
09:05Merci d'avoir écouté votre radio de proximité dans les Pyrénées-Orientales.
09:08Ici Roussillon avec vos messages météo qui arrivent sur mon écran
09:11grâce à WhatsApp ou 0468 35 5000
09:145 à Toulouse avec Elisa.
09:17Et puis nous avons "-3 à Formiguerre avec Anthony
09:20à La Montagne. Et puis il y a également le Facebook de la radio
09:23Ici Roussillon qui est dispo pour votre météo.
09:26On salue Sandra de Saint-Hyppolite, 6 degrés ce matin.
09:29Et puis des nouvelles également de Ville Longue,
09:32de La Salanque avec 6 degrés en compagnie.

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