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La France face aux inondations En France, 18 millions de personnes vivent dans des zones susceptibles d’être inondées. Du Pas-de-Calais, à la vallée de la Roya, en passant par l'Ille-et-Vilaine ou la Seine-et-Marne, aucun territoire n’est épargné. Dans ce nouveau numéro de Dialogue citoyen, cinq Français racontent leur vie brisée et interpellent les pouvoirs publics. Manque d’anticipation, financement de la reconstruction, difficulté à s’assurer, trois sénateurs répondent à leurs interrogations. Année de Production :

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Transcription
00:00Sous-titrage Société Radio-Canada
00:02...
00:09Bonjour à tous. Tempête, pluie, inondation.
00:12Cette semaine encore, notre pays a été frappé par d'importantes crues.
00:16On a vu des images impressionnantes à Rennes.
00:19Pas vu autant d'eau en Bretagne depuis 40 ans.
00:22Des phénomènes météo qui se multiplient ces dernières années.
00:25On a tous encore en tête la tempête Alex
00:27qui a détruit une partie de la vallée de la Roya en 2020
00:30et fait 18 morts.
00:32On pense également à la violence des inondations
00:35dans le Pas-de-Calais en 2023 et en 2024,
00:38avec à chaque fois le même constat,
00:40des vies brisées en un instant,
00:43pour d'autres, le travail de toute une vie
00:45ou le foyer que l'on s'était construit au prix de grands sacrifices
00:48et qui disparaît.
00:49Ce sont ainsi 18 millions de Français
00:52qui vivent dans des zones susceptibles d'être inondées
00:56par un débordement de cours d'eau.
00:58Dans ce nouveau numéro de Dialogue citoyen,
01:00cinq Français vont témoigner de leurs difficultés,
01:03de la façon dont ils ont fait face à ces phénomènes météo.
01:07Ils vont aussi pouvoir proposer des solutions.
01:09Merci à tous les cinq d'avoir accepté notre invitation.
01:13Avec vous, nous allons faire un tour de France,
01:15évoquer les inondations dans le Pas-de-Calais
01:17ou encore en Seine-et-Marne.
01:19Nous parlerons également des conséquences
01:21en matière d'assurance ou encore de relogement.
01:24Pour commencer, nous allons justement à côté de Coulomiers,
01:27en Seine-et-Marne, où nous attend Sandrine Gerbin.
01:30Bonjour, Sandrine.
01:31Vous êtes propriétaire d'une maison depuis 2015
01:35sur la commune de Doubs.
01:36Votre maison a été inondée trois fois ces dernières années.
01:40Une première fois en 2018,
01:42puis deux fois l'année dernière, en août puis en octobre 2024.
01:46Avant d'en parler avec vous, on va regarder une vidéo édifiante.
01:49Elle a été tournée par un de vos voisins
01:51et on en parle juste après avec vous.
01:54Il y a tellement d'eau, j'arrive même pas à avancer.
01:57C'est un truc de dingue, j'ai jamais vu ça.
01:59Il y en a partout. C'est des torrents de flotte.
02:02Tout le monde va être noyé, là. Ça, c'est chier.
02:05Oh là là. C'est pas possible, c'est bon.
02:07Tout le monde va manger, là.
02:09On est tous inondés, là.
02:14Bonjour, Sandrine.
02:15Ces images, elles sont vraiment très impressionnantes.
02:17Comment est-ce que vous les avez vécues ?
02:19On se dit que vous avez forcément eu peur,
02:20peur aussi pour vos enfants.
02:23Oui, bonjour.
02:24Oui, effectivement, quand on revoit les images,
02:27il y a plein de choses qui remontent.
02:29À l'occasion, j'étais avec mon mari et mon fils de 8 ans
02:34qui n'arrêtaient pas de me dire,
02:35« Maman, l'eau, elle monte jusqu'à la première marche.
02:38Maman, l'eau, elle monte à la deuxième marche. »
02:41Donc, ça a été très traumatisant pour chacun de nous.
02:44Ce sont des images difficiles.
02:46Oui, c'est des images, je le rappelle, qui datent d'octobre 2024.
02:51Est-ce que, aussi, ce que vous retenez,
02:52c'est ce sentiment d'impuissance de voir l'eau qui monte
02:55et cette sensation qu'on ne peut rien faire face à cette montée des eaux ?
02:59Tout à fait.
03:01Une fois que l'eau commence à rentrer dans la maison,
03:03rien ne l'empêche d'aller plus loin.
03:06Ça s'infiltre partout.
03:09Et on a beau essayer de mettre des sacs de sable
03:12ou de camoufler tant bien que mal, l'eau passe partout.
03:17Oui. Est-ce que vous avez eu des alertes ?
03:19Est-ce qu'on est venu vous voir avant ces inondations
03:21pour vous prévenir que l'eau allait monter ?
03:23Comment ça s'est passé ?
03:25Pas du tout. Pas du tout.
03:27Malheureusement, on a déjà vécu, en 2018,
03:32une inondation dans notre maison, mais moins importante.
03:36Mais là, ça a été la pire inondation connue sur notre hameau.
03:41On a eu 60 cm d'eau dans tout le rez-de-chaussée de notre maison.
03:46Oui.
03:47Ça a été très compliqué.
03:49Les voitures ont été également inondées,
03:52puisqu'elles étaient dans notre jardin.
03:54Donc, on s'est retrouvés, nos deux véhicules inondés,
03:57sans possibilité de sortir, de s'échapper.
04:00Quelque part, on était coincés dans notre maison,
04:03dans notre hameau, sans pouvoir s'en aller.
04:08Est-ce qu'il y a des secours qui sont venus ?
04:10Est-ce que les pompiers étaient équipés lorsqu'ils sont arrivés ?
04:12Comment ça s'est passé ?
04:14Il n'y a pas eu de pompiers.
04:16On n'a pas vu grand monde, malheureusement, dans nos petits hameaux.
04:21C'est assez compliqué dans les campagnes.
04:24On a essayé d'alerter pour avoir du secours, etc.,
04:27mais il y a eu une personne ou deux de la mairie, de la commune,
04:32qui sont venus, mais qui n'ont aucun moyen
04:34pour venir nous en secours, en fait, quand il y a autant d'eau.
04:39De toute façon, à part attendre que ça s'arrête,
04:44c'est ce qu'on a fait, en fait, on a attendu.
04:46Et puis, on a appelé de la famille pour qu'on vienne nous chercher,
04:49parce que ce n'était pas possible de rester dans notre maison
04:52sans électricité, avec 160 centimètres d'eau dedans.
04:56J'ai une dernière question pour vous, Sandrine.
04:58C'est un phénomène nouveau, ce qui s'est joué avec votre maison
05:01en 2018 et l'année dernière, vous le dites.
05:05Oui, il y a déjà eu, si vous voulez, des petites alertes.
05:09On a acheté en 2015.
05:11On a déjà eu des phénomènes d'inondations,
05:13mais qui se limitaient au jardin.
05:15Mais nous, lorsqu'on a acheté la maison,
05:17la maison n'est pas du tout en zone inondable,
05:19n'est pas du tout normalement impactée par les inondations.
05:24La première inondation en 2018,
05:27déjà très peu de temps après qu'on ait acheté,
05:29ça nous a quand même beaucoup interpellés.
05:32Et puis, là, les deux dernières en août,
05:34la pire était en août et en octobre.
05:38Les voisins qui sont là depuis bien plus longtemps que nous
05:41n'ont jamais connu ça.
05:43Merci pour votre témoignage, Sandrine.
05:45Alors, en plateau, pour réagir, j'accueille trois sénateurs.
05:48Bonjour, Christine Lavarde, vous êtes sénatrice LRD Hauts-de-Seine.
05:51Vous avez rendu en mai dernier un rapport
05:53sur le régime d'anémonisation des catastrophes naturelles,
05:56alors que c'est un sujet majeur
05:58qui représente des sommes de plus en plus importantes.
06:01À côté de vous, Jean-Yves Roux, bonjour, sénateur RDSE.
06:05C'est le groupe composé principalement de radicaux au Sénat.
06:07Vous avez travaillé sur un autre rapport
06:09publié en septembre dernier
06:11sur l'adaptation des territoires aux inondations.
06:14Et enfin, j'accueille sur ce plateau Renan Dantec.
06:16Bonjour, vous êtes sénateur écologiste de Loire-Atlantique,
06:18président de la Commission nationale
06:20sur l'adaptation aux changements climatiques.
06:23Jean-Yves Roux, on va commencer avec vous.
06:25Dans votre travail sénatorial,
06:26vous vous êtes penché sur ces inondations de 2023-2024,
06:29des cas comme celui de Sandrine, qui sont beaucoup revenus,
06:33avec des communes jamais touchées
06:34qui, désormais, sont sous l'eau en cas de fortes pluies.
06:38– Oui, écoutez, moi, je remercie la dame de son témoignage,
06:43parce que c'est du courage les personnes
06:44que nous interrogeons aujourd'hui par rapport à ce que vous avez vécu.
06:47Et c'est vrai que, à la réflexion des inondations,
06:50avec mon collègue Jean-François Rapin,
06:51quand nous avons établi ce rapport, nous avons visité le Pas-de-Calais,
06:55nous sommes allés dans les Alpes d'autres provinces,
06:56dans les Hautes-Alpes, nous avons fait des auditions
06:58dans le Gard aussi par rapport aux inondations,
07:00nous avons rencontré aussi les élus de la Roya
07:03pour discuter avec eux par rapport à ce problème d'inondations.
07:06– Et donc, de plus en plus de monde est touché ?
07:07– De plus en plus de monde est touché,
07:09et on s'aperçoit que les précipitations que nous subissons,
07:11malheureusement, sont vraiment très localisées,
07:14à des endroits bien déterminés, qui avant n'étaient pas inondables.
07:16Et aujourd'hui, on voit que les inondations
07:18peuvent couvrir tout le territoire national.
07:21C'est pour ça que dans ce rapport, nous avons un peu déterminé,
07:23un peu apporté des solutions, nous avons fait des recommandations
07:26qui permettent, on l'espère,
07:28de faire avancer, entre guillemets, le problème des inondations.
07:30– On aura le temps d'évoquer tout ça dans cette émission.
07:33Christine Lavarde, qu'est-ce qu'on peut dire à tous ces Français
07:35qui sont concernés par ce nouveau phénomène ?
07:38– Ce qui est intéressant dans le témoignage qu'on vient d'entendre,
07:42c'est que cette personne a acheté une maison
07:44en ayant regardé les documents à sa disposition
07:46au moment de la signature de l'acte de vente,
07:49et notamment les documents qui sont obligatoirement annexés,
07:52c'est-à-dire le statut ou non de la commune
07:55sur les risques naturels majeurs, et de savoir si l'endroit
07:59où est située sa maison est concerné par un possible risque d'inondation
08:03ou risque d'autres natures.
08:04Et elle le dit, au moment où elle achetait,
08:05sa maison n'était pas soumise à des risques potentiels.
08:15Et finalement, l'adaptation, le changement, ce qui se passe,
08:20fait qu'aujourd'hui, elle est soumise à des inondations,
08:23et ça pose après des questions, notamment pour l'indemnisation
08:27pour les communes, pour mettre en place,
08:28puisque une commune qui est soumise à des risques d'inondation,
08:31elle doit avoir son plan de prévention des risques naturels,
08:34elle n'est pas obligée de le faire si jamais elle n'est pas
08:36dans cette zone dite rouge.
08:38Et donc derrière, il y a des mécanismes d'Etat
08:40qui viennent aider les communes dotées d'un PPRN,
08:43et les autres, malheureusement,
08:45elles ne peuvent pas bénéficier du fonds Barnier,
08:46elles ne peuvent pas disposer des bénéfices d'aide.
08:49Il y a certainement, au regard de ces témoignages,
08:51un besoin d'actualiser beaucoup plus fréquemment
08:54les cartes de risques et les documents d'urbanisme
08:57pour tenir compte de cette évolution du changement climatique
09:00et des incidences, notamment sur les cours d'eau
09:02et leur débordement.
09:02– Voilà, Roland Dantec, c'est ce qu'on était en train de dire,
09:05ce sentiment d'impuissance qui est un nouveau sentiment
09:08que ces Français n'avaient pas jusque-là connu sur leur commune.
09:12– Oui, il faut qu'on réussisse à sortir de ce sentiment d'impuissance
09:16parce qu'effectivement, ce qu'on sait, et on est là pour le dire,
09:20c'est que le réchauffement climatique va s'accélérer,
09:24que le réchauffement climatique, c'est plus d'eau dans l'atmosphère,
09:26donc c'est plus de précipitations.
09:28Aujourd'hui, c'est à peu près 7% de précipitations de plus,
09:31c'est parfaitement documenté,
09:32qu'on sait qu'on est à peu près à 1,5 de plus,
09:36qu'on va vers les 3 degrés, donc ça va s'aggraver.
09:38Donc à partir de là, il y a deux choses,
09:41il y a exactement ce qu'a dit Christine Lavarde,
09:43parce que moi, je suis surpris sur vos images
09:46qu'il y ait quand même une maison en construction,
09:48alors qu'il y a eu déjà une inondation en 2018,
09:50ce qui veut dire que malgré une inondation en 2018,
09:52il y a eu un permis de construire après à cet endroit-là,
09:55donc ce qui pose déjà beaucoup de questions
09:57en termes de droit d'urbanisme.
09:59Et puis, il faut voir d'où vient l'eau.
10:01C'est-à-dire qu'on a imperméabilisé,
10:04on a enlevé les haies, on continue à imperméabiliser,
10:07d'où l'enjeu majeur du ZAN,
10:10il faut aller très vite sur le zéro artificialisation net,
10:13sinon il y aura plus d'inondations,
10:15et il faut des pratiques agricoles
10:17qui ralentissent ce qu'on appelle le grand cycle de l'eau.
10:19La seule solution pour éviter que ça se reproduise
10:23de plus en plus fréquemment,
10:25c'est que l'eau, elle reste dans les champs,
10:26elle reste dans les haies, qu'elle descende lentement,
10:30et ça veut dire des pratiques agricoles
10:32et de l'urbanisation très différentes.
10:34Sandrine, quelle est votre situation actuellement ?
10:37Est-ce que vous avez définitivement quitté votre maison ?
10:40Oui, tout à fait.
10:41Depuis le 1er août, notre maison est inhabitable.
10:48On a commencé à la sécher par des machines
10:51depuis le 1er août.
10:53La seconde inondation du mois d'octobre,
10:56il a fallu tout recommencer.
10:58On n'a pas réintégré à ce jour notre maison.
11:00Est-ce que vous avez pris votre décision,
11:02vous allez y rester ou vous allez la quitter ?
11:05C'est compliqué, parce qu'il faut savoir
11:10si notre maison a toujours la même valeur
11:12avec tout ce qui se passe.
11:15On ne sait pas, aujourd'hui, la valeur de notre maison.
11:19Moi, j'ai beaucoup de mal à retourner dans ma maison.
11:22C'est très compliqué, psychologiquement, à y retourner.
11:26Et puis, dès qu'il pleut, c'est les images qui reviennent
11:30et la menace que ça recommence.
11:34Justement, vous aviez une question à adresser à nos sénateurs.
11:38Est-ce que vous pouvez nous la lire, s'il vous plaît ?
11:40Oui, bien sûr.
11:42Quelles sont les mesures d'urgence qui peuvent être prises aujourd'hui ?
11:46Quand je parle de mesures d'urgence,
11:48ce sont des mesures, là, dans l'année.
11:51On a besoin de choses concrètes dans l'année,
11:55parce qu'effectivement, je me suis renseignée sur pas mal de choses,
11:58le PAPI, les PPRI, etc.,
12:01mais c'est un millefeuille administratif
12:03qui est très long à mettre en place.
12:05Je voulais savoir quelles sont les mesures
12:07qui peuvent être mises en place tout de suite.
12:09Lorsque vous avez dit des mesures administratives très lourdes,
12:11on a vu les sénateurs en plateau acquiescer de la tête, M. Roux.
12:14Qu'est-ce qu'on peut faire concrètement et rapidement
12:17pour aider ces Français qui sont en première ligne ?
12:20Je pense que la première chose à faire,
12:22c'est d'entretenir les réseaux d'eau pluviale.
12:26C'est-à-dire que nous avons beaucoup de rivières, de caniveaux
12:29qui, aujourd'hui, ont une lourdeur administrative
12:32pour enlever des embâcles, pour enlever du sédiment.
12:34Et on sait que l'eau, si elle part d'un bord à l'autre
12:37par rapport à la berge,
12:39on pourra facilement en faire des écoulements
12:42et les inondations n'arriveront pas directement au niveau des maisons.
12:45Il faut qu'on ait une réflexion, mais il faut absolument
12:47qu'il y ait aussi un accompagnement des collectivités territoriales
12:50qui soit là, avec un accompagnement de l'Etat.
12:52Parce qu'on ne peut pas faire n'importe quoi.
12:54Et l'entretien, je veux dire, on ne veut pas dire curage,
12:56mais l'entretien des réseaux de rivières
13:00nous permettra sûrement de limiter les inondations
13:03et d'avoir une... Mais seulement, c'est la lourdeur administrative.
13:06Il faut faire des études environnementales.
13:07Oui, c'est très compliqué.
13:09Est-ce qu'il y a des choses très faciles ou rapides
13:10qu'on peut mettre en oeuvre pour aider ces Français ?
13:12Je pense que l'entretien des rivières,
13:16des canaux, des poussières et des caniveaux,
13:19c'est quelque chose qu'il faut faire rapidement,
13:21avec un soutien facile de l'Etat,
13:24qui accompagne les collectivités pour réaliser.
13:26Et je pense que déjà, ça peut être très rapide.
13:29M. Dantec, une mesure immédiate
13:31que vous pourriez proposer à ces Français ?
13:32Il n'y a pas de solution miracle.
13:35Je crois qu'on mentirait en disant que comme ça,
13:38du jour au lendemain, parce qu'il y aurait une mesure,
13:40on évitera l'inondation. Ce n'est pas le cas.
13:42Je prends l'exemple du curage.
13:44Il y a eu une polémique dans le Nord-Pas-de-Calais
13:46sur le fait qu'on ne curait pas et que c'était la raison.
13:49Toutes les études ont montré que ce n'était pas le cas.
13:52Marie-Alexie Lefebvre, la maire de Safré,
13:55inondée ce mercredi, est victime du curage.
13:59C'est-à-dire qu'on a trop curé et elle est sur un bassin de plaine
14:03et l'eau descend beaucoup plus vite.
14:04Donc, ça donne une idée.
14:06On est dans un moment d'émotion et d'émotion légitime
14:09pour ceux qui sont en train de perdre leur maison,
14:12mais derrière ça, on essaie de trouver des solutions
14:14un peu immédiates qui, en fait, ne marchent pas,
14:16voire, des fois, aggravent la situation.
14:18Donc, il faut absolument, je pense...
14:20La première chose, c'est vraiment de se mettre d'accord
14:23sur le grand cycle de l'eau
14:25et toutes les mesures d'urbanisme, d'accompagnement...
14:28Très concrètement, est-ce que Sandrine doit rester dans cette maison ?
14:31Il faut qu'elle s'en aille ?
14:34Je pense que là, au moins sur ce cas précis,
14:38il faut poser le diagnostic.
14:39Pourquoi ça déborde à cet endroit-là ?
14:41Si on n'a pas le diagnostic, on n'a pas les mesures.
14:44On a besoin, aujourd'hui, d'ingénierie hydraulique,
14:48de bien comprendre, est-ce que c'est la pratique agricole ?
14:50Est-ce que c'est l'urbanisation liée à des parkings ?
14:53Pourquoi est-ce que c'est un mauvais entretien des rivières ?
14:56Tant qu'on ne pose pas les diagnostics,
14:58on ne peut pas aller.
15:00Par contre, il faut aller plus vite sur les diagnostics
15:02et sur les réponses.
15:03Là, on est trop long au niveau administratif.
15:06C'est la proposition.
15:07On va aller dans un deuxième département très touché.
15:10Merci, Sandrine. Vous restez avec nous.
15:12Vous n'hésitez pas à nous recontacter
15:14au cours de l'émission si vous voulez reprendre la parole.
15:17On va prendre la direction du Pas-de-Calais.
15:19Les phénomènes ont été particulièrement graves
15:22au cours de l'hiver 2023-2024,
15:24touchant au total un demi-million de personnes.
15:27Les dégâts de ces inondations sont estimés à 262 millions d'euros.
15:32Et pour en parler, nous allons à Blandeyck,
15:34à 40 kilomètres de Dunkerque,
15:36pour rencontrer Vincent Maquignon.
15:38Bonjour, Vincent. Merci d'être avec nous.
15:40On va voir des images de la maison
15:42dans laquelle vous viviez depuis 23 ans.
15:45Elle a été gravement touchée, elle aussi,
15:47par des inondations en 2023.
15:48Une maison que vous avez dû quitter. On regarde.
15:53Voilà ce qu'on nous pose sur nos maisons.
15:55Propriétés, défense d'entrée, suivi des arrêtés.
16:00Là, la maison qui n'a pas bougé
16:02depuis la première inondation de novembre 2023.
16:11Ce qui reste du jardin.
16:15Vincent, pour vous aussi,
16:17ça a été très douloureux de quitter votre maison.
16:21Oui, ça a été un choix très compliqué
16:24de devoir quitter cette maison
16:26et de devoir solliciter le fonds Barnier.
16:29Vous savez, quand vous remplissez votre dossier,
16:31on a eu la chance de profiter du fonds Barnier
16:33grâce à l'Éthorpe.
16:35Le fonds Barnier, c'est un fonds qui a été créé
16:39grâce à l'Éthorpe.
16:40L'État a été très réactif sur ce sujet.
16:42Et nous, on a été très bien accompagnés
16:45par le comité de commune du pays de Saint-Omer
16:47et par la région où on est toujours soutenus à ce jour.
16:50Oui, et vous avez eu la sensation de tout perdre en un instant.
16:53C'est aussi ce sentiment-là que vous avez vécu en 2023 ?
16:58En 2023, la première inondation,
17:00on s'est dit qu'on avait pris une inondation.
17:02On avait connu ça en 2002.
17:05Mais la deuxième et la troisième inondation
17:07nous a vraiment abattus.
17:09Et là, on s'est résignés à se prendre la bonne décision
17:12et à partir.
17:14Et on a été plus d'un an et demi sans logement.
17:16Oui, vous diriez que c'est un phénomène qui s'est aggravé,
17:19vous aussi, dans le Pas-de-Calais, ces dernières années.
17:23Nous, habitant vraiment le long de la rivière,
17:26on a vu le changement de comportement de cette rivière.
17:28Elle ne fait que réagir de plus en plus vite.
17:31Le SMAJA, qui est gestionnaire de cette rivière,
17:34a fait sauter tous les barrages.
17:36On se demande si c'est vraiment la bonne solution.
17:39L'eau va de plus en plus vite, réagit de plus en plus vite.
17:41Et tout en sachant que nous sommes dans un bassin
17:44où on est condamné,
17:46l'eau de Marois est condamnée pour protéger l'eau d'Inkirquois.
17:49Alors, c'est justement la question que vous vouliez poser au sénateur.
17:54On peut entendre votre question tout de suite ?
17:57Oui. Trouvez-vous normal que l'eau de Marois
18:02soit condamnée par rapport au Dunkerquois ?
18:05Parce que c'est les mots du préfet des Hauts-de-France
18:08qui nous a dit que Dunkerquois nous coûterait des milliards
18:13pour le réparer, que l'eau de Marois ne coûte que des millions.
18:16Donc, votre question, n'avons-nous pas été sacrifiés
18:19pour éviter que de grandes villes ne soient inondées ?
18:21C'est vrai que c'est des rumeurs qu'on a entendues aussi en Seine-et-Marne,
18:23que l'on entend ici, dans le Pas-de-Calais.
18:25Christine Larrade, est-ce que c'est vrai ?
18:27Est-ce qu'on a voulu sauver les grandes villes
18:28en inondant les derniers pays ?
18:30En sous-jacent à cette question, se repose la question
18:33de l'équilibre financier du régime des catastrophes naturelles.
18:35On a un système public-privé, c'est-à-dire que vous, moi,
18:39on souscrit, en tant que particulier,
18:41on souscrit une assurance pour son habitation
18:43ou une assurance pour sa voiture auprès d'un partenaire privé,
18:46notre assureur.
18:48Au moment où on souscrit ce contrat d'assurance,
18:50de facto, on paye une surprime, dite catenat,
18:54qui vient abonder, justement,
18:56le régime de réassurance des catastrophes naturelles.
19:00Quel est le lien avec...
19:01Justement, je poursuis, mais je pense que c'est important
19:04de comprendre comment marche chez nous le régime d'indemnisation
19:06pour voir pourquoi derrière, il peut y avoir ces questions.
19:09Et c'est aussi important de dire que, finalement,
19:11tous les Français payent pour l'indemnisation
19:14des risques naturels, quand bien même,
19:15ils ne seront jamais concernés.
19:17Mais ce régime, aujourd'hui, du fait de la répétition
19:21et surtout de la sinistralité beaucoup plus forte
19:23des événements climatiques...
19:25Il ne suffit plus...
19:26...est arrivé à un point de rupture,
19:27où, en fait, on n'avait plus assez d'argent
19:29dans les caisses de la CCR
19:31pour venir couvrir l'indemnisation des dommages.
19:34Donc, c'est la raison pour laquelle, d'ailleurs,
19:36tous les Français vont le constater,
19:37au cours de l'année 2025,
19:39quand ils vont recevoir leur prime d'assurance,
19:42elle va avoir une augmentation substantielle de 8 %,
19:46toute chose égale par ailleurs.
19:47C'est-à-dire que je ne prends pas en compte
19:49l'inflation des coûts de réparation.
19:51Même si ne s'était rien passé, juste ça,
19:54le coût des catastrophes naturelles
19:55va peser pour plus 8 % dans la facture payée.
19:57Est-ce que c'est vrai ou pas ?
19:58Est-ce qu'on...
19:59Est-ce que c'est vrai ?
20:00Je ne maîtrise pas bien le réseau hydrographique
20:04dans les Hauts-de-France.
20:06Ce qui est certain, c'est qu'aujourd'hui,
20:07du point de vue des assureurs et de la CCR,
20:10le risque qui pèsera le plus cher dans les comptes,
20:13et ça va répondre à votre question,
20:14c'est une crue centenale.
20:16À Paris, si c'est ça, le régime s'effondre.
20:19Parce qu'en fait, le régime de réassurance,
20:21il vient indemniser les pertes matérielles
20:24et notamment les pertes économiques,
20:26si jamais les activités sont arrêtées.
20:28Donc, de toute façon, tout le monde fera tout
20:31pour préserver les zones industrielles de Paris,
20:34quitte à inonder très largement en amont
20:38pour éviter que Paris et les zones industrielles de Paris
20:41soient touchées.
20:43Quand vous entendez ça, ça peut être horrible
20:45pour les habitants qui se sentent sacrifiés
20:47parce qu'il y a des enjeux de très gros sous
20:49derrière économiques.
20:50Il y a des enjeux de société,
20:52c'est-à-dire que...
20:53Et nous sommes des responsables politiques,
20:55on ne fait pas de populisme, c'est-à-dire qu'à un moment,
20:57on protégera Paris parce que le coût économique
21:00pour l'ensemble de la société française sera plus élevé.
21:02Mais ce n'est pas ce qui se passe chez vous.
21:04Ce qui se passe chez vous, c'est que l'Agence de l'eau
21:08du bassin Artois-Picardie
21:11avait prévu dès les années 2020 ce qui allait se passer
21:14et avait fait des préconisations qui n'ont pas été suivies,
21:17et d'abord sur l'agriculture.
21:19Par exemple, dans les préconisations,
21:22il y avait de changer le travail du sol,
21:24de réduire un travail du sol qui tasse la terre
21:26et qui amène à énormément d'écoulement.
21:28C'étaient les propositions de 2020.
21:30C'est-à-dire que vous lisez le rapport de l'Agence en 2020,
21:34il prévoit ce qui va se passer trois ans plus tard.
21:38C'est-à-dire qu'on a un... Le premier enjeu,
21:40c'est qu'il faut arrêter de considérer
21:43que l'agriculture est juste là pour produire des produits à pas cher
21:46pour l'agroalimentaire.
21:48Elle a des externalités essentielles
21:50pour le fonctionnement de la société et notamment,
21:53il faut que l'agriculture participe à garder l'eau,
21:56ce qui n'a pas été le cas.
21:57Je ne connais pas non plus le détail d'arbitrage
22:00avec le Dakar.
22:01Ce qui est certain, c'est que dans les rumeurs,
22:04il y a eu, par exemple, qu'il fallait curer.
22:07Il y a eu plusieurs études menées par l'Etat après
22:09qui ont montré que le curage n'avait aucun impact
22:12sur ce qui s'est passé en termes d'inondation.
22:15Donc...
22:16On le voit, le fait d'anticiper à l'avance,
22:18ça permet d'éviter ce qu'on a vécu dans le Pas-de-Calais.
22:22L'anticipation, comme évoquait M. Dantec de 2020.
22:25Oui, je ne parle pas de curage, je parle d'entretien.
22:28Oui, c'est pas pareil.
22:30L'entretien, vous pouvez le réaliser
22:32si vous êtes accompagné avec une ingénierie,
22:34par l'Etat, les collectivités.
22:36Le curage, il faut faire une déclaration,
22:38ça dure huit mois, il y a des études environnementales.
22:41C'est pour ça que j'accède à l'étude sur l'entretien.
22:44C'est uniquement par rapport à ça.
22:47On va écouter notre citoyen.
22:48Vous voulez réagir à tout ce qui a été dit en plateau ?
22:51Déjà, je voudrais réagir quand j'entends dire
22:54l'entretien.
22:55L'Etat s'est désengagé depuis de nombreuses années
22:58sur l'entretien des canons.
23:00J'y travaille, je vois ce qui s'y passe.
23:02Il est grand temps que l'Etat se remette
23:04dans la partie de l'entretien
23:06et redonne les moyens ou services concernés.
23:08Vincent, j'ai une dernière question.
23:10Vous, vous avez été relogé grâce au fonds Barnier.
23:12Est-ce que vous savez si beaucoup des autres habitants
23:15de votre commune ont également bénéficié de ce fonds ?
23:17Alors, je sais que nous, dans notre commune,
23:20nous sommes 11 propriétaires ou 12 propriétaires
23:22à avoir fait la demande de fonds Barnier.
23:24Il y a eu quelques refus.
23:26Et dans l'Eau-de-Marouane même,
23:28on nous semble à peu près une quarantaine de familles
23:32à avoir profité du fonds Barnier, oui.
23:34Oui, et vous avez donc pu racheter une maison à 5 km
23:37de là où se trouvait votre précédente habitation.
23:40C'est bien ça ?
23:41C'est bien ça.
23:43Nous avons racheté sur la commune voisine,
23:44à Arcs, qui était inonde également.
23:45Mais nous, on a pris les critères.
23:47C'était la hauteur et plus de cours d'eau.
23:49Et c'est ce qu'on a fait.
23:50Eh bien, merci pour votre témoignage, Vincent.
23:52Vous aussi, vous restez avec nous.
23:54Et n'hésitez pas à intervenir dans cette émission
23:56en faisant un petit signal comme ça à nos équipes en régie.
23:59On va aller voir notre troisième citoyenne qui nous attend.
24:01Bonjour, Laurence Pluveau.
24:03Vous êtes maraîchère sur la commune de la Caloterie.
24:06C'est dans l'arrière-pays du Touquet.
24:08Votre activité est gravement touchée
24:10par la saturation des sols en eau.
24:13Et aujourd'hui, vous nous l'avez dit en préparant cette émission,
24:15vous êtes en colère.
24:16Pourquoi, Laurence ?
24:18Oh, beaucoup de choses.
24:20Beaucoup de choses, parce que ne serait-ce qu'aujourd'hui,
24:21avec ce que je viens d'entendre,
24:23ce que les sénateurs viennent de dire,
24:25entre curage et entretien, je suis tout à fait d'accord.
24:28Mais il faut savoir que nous, sur la Caloterie,
24:30déjà, il y a 100 ans, ça a été inondé, quasiment pareil.
24:35Il y a eu le journal La Voix du Nord
24:38qui a justement remonté toutes ces informations-là.
24:41Il n'y a pas eu grand-chose de fait.
24:44Il y a 30 ans, il y avait du pognon,
24:46il y avait des études, il n'y a rien eu de fait.
24:49Mais rien eu de fait.
24:51Après, on nous a dit, c'est d'intérêt public,
24:54c'est d'intérêt général.
24:55Il faut savoir que la différence, je reviens sur madame la sénatrice,
24:59c'est le coût-bénéfice.
25:00OK, d'accord.
25:02Donc, au jour d'aujourd'hui, ça a été rebelant.
25:05Je vais vous dire, c'est très dur à encaisser.
25:07C'est très, très dur.
25:08Moi, j'ai eu la chance que ma maison ne soit pas touchée.
25:10Mais c'est quand même un travail de 25 ans
25:13qui a été touché, qui a été ruiné.
25:14C'est votre exploitation qui a été durement touchée.
25:17Vous avez dû, d'ailleurs, pendant une partie de l'année dernière,
25:20vivre sans revenu. C'est bien ce qui s'est passé ?
25:23Zéro. Zéro revenu. Zéro revenu.
25:26J'ai eu la chance, en fait, d'être accompagnée par l'AMSA,
25:29qui a réagi tout de suite,
25:30c'est la mutualité sociale agricole,
25:33qui a réagi tout de suite
25:34et qui nous a fait bénéficier du RSA.
25:37Mais je veux dire, ça a été très dire.
25:40Parce que déjà, pour des gens comme nous,
25:42je vais vous dire, on nous dit souvent,
25:44il ne faut pas vivre pour la ferme, c'est la ferme qui doit nous faire vivre.
25:48Mais c'est très compliqué dans notre activité.
25:50Parce qu'en fait, on donne tout à notre travail.
25:53On y met notre coeur à fond.
25:54Rien qu'en voyant les images, j'ai ma voix qui en tremble.
25:57Parce que ça a été pénible, ça a été dur.
26:00Je veux dire, tant qu'on ne se retrouve pas là, dans l'eau,
26:03qu'on ne sent pas le froid, qu'on n'entend pas le silence,
26:06parce qu'il n'y a plus rien.
26:08Vous avez une étendue d'eau devant vous, vous ne reconnaissez plus rien.
26:11C'est...
26:13Et puis, je veux dire, après, on réalise, mais...
26:16Qu'est-ce que je vais faire ? J'ai plus de boulot, j'ai plus rien.
26:21Voilà, qu'est-ce que je fais ?
26:22Et en plus, nous, le pire, c'est vrai qu'à Calotry,
26:25en fait, on est le dernier village.
26:28C'est-à-dire qu'on s'est pris les eaux
26:32qui viennent de la Canche et de la Course,
26:34qui sont deux cours d'eau,
26:36qui se rejoignent au niveau de Neuville, sous Montreuil.
26:40Et donc, ce qui fait que tout ce qui est de Neuville,
26:42la Madeleine, atteint la Calotry, on s'est retrouvé sous l'eau.
26:45Moi, l'eau que vous voyez sur les photos,
26:48il lui faut trois semaines.
26:50Trois semaines pour qu'elle parte.
26:52Et j'ai vécu ça au mois de novembre,
26:54et j'ai vécu ça au mois de janvier.
26:57Alors, imaginez rester dans l'eau.
26:59Oui, et contrairement à nos autres témoins
27:02qu'on entendait juste avant, vous, vous ne pouvez pas partir.
27:04Je veux dire, vous travaillez à l'endroit qu'on évoque.
27:08Impossible, impossible de partir.
27:10Trouver des terres agricoles, tout ça,
27:12c'est déjà très compliqué, on le sait très bien.
27:16Donc, partir, c'est pas possible.
27:18C'est pas possible.
27:20Christine Lavarde, qu'est-ce que vous voulez répondre ?
27:22À Laurence, on voit cette détresse, cette émotion très forte.
27:26Qu'est-ce que ça vous inspire, cette colère ?
27:28Justement, on en discutait aussi entre nous en écoutant,
27:31parce que là, on est quand même sur un cas assez particulier,
27:33qui sont les activités agricoles, qui sont mal couvertes,
27:36parce qu'en fait, dans le régime des catastrophes naturelles,
27:38derrière, il y a un régime à côté qui s'appelle les calamités agricoles,
27:42qui ne fonctionnent pas sur le même fonctionnement
27:45que le régime des catastrophes naturelles.
27:47C'est un système à part, avec son propre système d'assurance.
27:51Mais cette colère qu'on entend, cette détresse...
27:53J'entends parfaitement cette colère, et justement, on se disait
27:55que cette profession particulière, cette activité particulière
27:59était peut-être la moins bien couverte par le régime assurantiel,
28:03et c'est peut-être là aussi où il y avait la mutualisation la moins forte,
28:07puisqu'elle ne bénéficie pas de la mutualisation,
28:11de la sociabilisation, on va dire, des pertes à l'échelle de toute la France,
28:14c'est recentré que sur les agriculteurs,
28:16qui peuvent, pour des régions diverses et variées,
28:18un peu dans toutes les régions de France,
28:19subir des événements climatiques très importants
28:22qui ont des conséquences, justement, sur les exploitations.
28:25Monsieur Dantec, est-ce qu'il va falloir qu'on change
28:27certaines activités qu'on faisait dans certains endroits du territoire ?
28:29Moi, ce qui me frappe depuis le début de votre émission,
28:32c'est qu'on n'a pas les raisons de chaque inondation.
28:36C'est-à-dire, on est dans le moment où on sait
28:38que l'eau va tomber de plus en plus.
28:40Ça, c'est inéluctable.
28:41Ce qui veut dire, d'ailleurs, qu'il ne faut pas baisser la gare
28:44sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
28:46Ça, c'est le premier point.
28:47Parce qu'il faut quand même se dire,
28:50c'est le réchauffement climatique qui est derrière tout ça.
28:52Après, il va falloir, territoire par territoire,
28:55poser un diagnostic et voir s'il y a des solutions.
28:57Ou, sur quelques territoires,
28:59je vois à Tréfiagate, dans le pays bigoudin,
29:02il y a des maisons qui vont être...
29:04Mais Laurence, elle dit que depuis 100 ans,
29:05on sait ce qui se passe dans ce département.
29:08100 ans, c'est un exemple intéressant.
29:12Crue centenale, c'était avant le réchauffement.
29:16Est-ce qu'aujourd'hui, les crues centenales
29:18ne sont pas devenues, globalement,
29:19en simplifiant, des crues décennales ?
29:22Ce qui veut dire que ça n'est plus du tout la même problématique.
29:24Une crue tous les 100 ans, c'est une catastrophe,
29:27mais on remonte. Une crue décennale, on ne remonte pas.
29:29C'est-à-dire qu'on est dans le moment où il faut prendre...
29:33Et Christine Lavarne est évidemment
29:35extrêmement attentif à cette question
29:37dans la Commission des finances.
29:39Mais il faut mettre de l'argent sur les diagnostics
29:42et aller rapidement, effectivement,
29:44sur les plans de prévention et sur les solutions.
29:47Or, les collectivités, aujourd'hui,
29:49n'ont pas l'argent de ces diagnostics,
29:52d'où ce qu'on a voté, d'ailleurs,
29:53sur un fonds d'accompagnement de l'ingénierie en urgence.
29:57Laurence, vous avez demandé la parole.
29:59Alors, attendez, attendez, parce que...
30:02BRE, si je ne me trompe pas, ça doit être 90, 91.
30:05J'étais pas encore installée dans cette rue-là.
30:07Il y a eu aussi des inondations, beaucoup moins élevées,
30:10mais on était quand même en barque dans cette rue-là.
30:13Suite à ça, il y a eu des études de fait.
30:15D'ailleurs, une étude de 2016, même 2020,
30:19qui a prédit à 10 centimètres.
30:2110 centimètres !
30:23Ils ont prédit ce qui allait se passer fin 2023-2024.
30:27Il n'y a rien qui a été fait.
30:29Il n'y a rien. Et au jour d'aujourd'hui, je vais vous dire franchement,
30:32là, il y a eu des travaux de fait, oui.
30:34On a dû attendre pour certains travaux.
30:36Au jour d'aujourd'hui, nous, on est aussi en colère,
30:39parce qu'il y a des collectifs de créés.
30:41On nous écoute pas.
30:42Le papy est inexistant.
30:44– Le papy, qui est le plan…
30:47– Le CIMSEA, syndicat mixte Kanchoti,
30:50a embauché 11 personnes au mois de septembre.
30:53Septembre, là, là !
30:55Ça faisait presque un an qu'on avait été inondé.
30:57– Oui, juste pour être…
30:59– Faut réagir plus vite !
31:01– Quels sont les travaux en question, Laurence ?
31:03C'est des travaux sur les fossés qui concernent la commune, c'est ça ?
31:08– Il y a eu du curage de fossés, il y a eu des levées de terre,
31:12il y a eu des ponts de cadres installés.
31:14On a eu des pompes temporaires,
31:17parce qu'on attend toujours les définitives.
31:20– Monsieur Roux, vous avez demandé la parole.
31:22Si vous pouvez répondre directement à Laurence qui nous parle.
31:26– Oui, vous avez tout à fait raison, parce que dans notre rapport,
31:28on est allé visiter, justement, dans les Hauts-de-France,
31:31par rapport à ce que vous étiez en train de dire, et c'est exact.
31:33Je veux dire, on avait des pompes qui n'avaient pas la capacité suffisante.
31:37On a été obligés d'aller récupérer des pompes en Slovaquie.
31:40Et donc, je veux dire, aujourd'hui, c'est ce que nous avons pointé du doigt
31:43pour essayer à ce que chaque centre d'incendie et de secours
31:47puisse avoir des pompes suffisantes pour pouvoir, je veux dire,
31:50justement, pomper le plus rapidement possible avec une superstition.
31:52– Tout ce que ça raconte, c'est notre impréparation à faire face à cet événement.
31:55– Mais aujourd'hui, c'est l'anticipation.
31:56Aujourd'hui, il y a eu un manque d'anticipation,
31:57et c'est pour ça que tout à l'heure, quand je vous parlais
32:00de la lourdeur administrative, vous l'avez dit, madame, à travers un papi,
32:04il faut huit ans pour faire un papi.
32:06Huit ans, c'est trop long, il faut que ça soit quelque chose…
32:08– C'est un plan.
32:09– Un plan d'adaptation pour la prévention des inondations.
32:11Il faut absolument qu'on puisse réduire ce temps.
32:15Huit ans, c'est trop, à peine vous avez fini, il faut en recommencer un autre,
32:18parce qu'il y a le changement climatique,
32:20parce qu'il y a les précipitations plus importantes.
32:22Et vous avez tout à fait raison.
32:24– Avec des communes qui n'ont pas de moyens.
32:26– Avec des communes qui n'ont pas la possibilité de moyens d'ingénierie.
32:28C'est pour ça que représentants de l'ingénierie à travers l'État
32:31pour accompagner les collectivités est essentiel.
32:34Mais il faut qu'on arrive à anticiper.
32:36Comme vous le dites, c'était une cruce entonnale, et Ronald Antec a raison,
32:40derrière, il faut réfléchir à ce qu'on essaie d'agir plus rapidement.
32:44Mais seulement, on a une lourdeur administrative qui nous permet,
32:47ce n'est pas une simplification, il faut le reconnaître.
32:49Et je crois que c'est là où on pêche, où il faut aller très vite
32:53pour essayer de trouver des solutions rapides
32:55et qu'on puisse essayer de faire dans certains endroits des digues.
32:58On est allé visiter à Boulogne-sur-Mer, on a vu, ils ont fait une digue,
33:01il y a une imprimerie qui a été inondée, la digue a cassé.
33:04Pourquoi ? Parce que le fleuve a repris le même cours d'eau qu'il prenait auparavant.
33:07Mais je veux dire, c'était réalisé dans le papy,
33:10et le papy avait indiqué comme quoi il devait renover les digues
33:13à certains endroits et faire des ponts qui permettent d'avoir une surverse,
33:17qui permettent de ne pas inonder la zone artisanale et la zone industrielle.
33:21Donc, il y a une réflexion à avoir entre l'urbanisation,
33:25l'entretien, mais aussi la prévention.
33:27Et je pense que c'est quelque chose qu'il faut absolument qu'on trouve.
33:30Et ça pose aussi la question de l'implantation de certaines activités
33:33sur certaines parties de notre territoire.
33:35Laurence, vous vouliez un mot de conclusion ?
33:37Oui, il y a autre chose aussi qu'il faut rajouter.
33:40Il faut savoir que, Madame la Sénatrice a parlé aussi des assurances,
33:44mais il faut savoir que nous, sur les taxes foncières,
33:47on a la Gemapi et on a aussi la taxe d'assèchement qu'on paye,
33:50mais qu'on paye déjà depuis des années,
33:52parce qu'on sait qu'on est dans des terrains insensibles,
33:56et on le paye tous, mais justement,
33:58je trouve que certains gens n'est pas forcément...
34:03On nous explique pas, on nous dit pas ce qu'ils font avec,
34:06ou quoi que ce soit, alors que normalement,
34:08ils devraient servir pour l'entretien, tout ça,
34:10parce qu'avant, ce qui se passe,
34:12on a eu des gros coups de vent sur le littoral.
34:15Il y a eu des embâcles dans les cours d'eau.
34:17C'était pas entretenu.
34:19Comme M. le Sénateur le dit aussi,
34:21on ne demande pas forcément du curage.
34:24On demande aussi de l'entretien.
34:25Et dans le temps, nos anciens, ils avaient le droit.
34:29Ils avaient le droit d'aller nettoyer les fossés,
34:32les cours d'eau, tout ça.
34:33Maintenant, il faut demander des autorisations.
34:35Sinon, on a la police de l'eau qui nous tombe dessus,
34:38et puis, il nous met à beau procès.
34:40– On a vu même les élus qui se plaignaient de cette police de l'eau,
34:43effectivement, sur certaines communes.
34:44On va aller voir notre première citoyenne, Sandrine,
34:48qui voulait réagir.
34:49Vous nous avez fait signe, on vous écoute, Sandrine.
34:51– Oui, je voulais revenir sur les diagnostics.
34:53En fait, nous, ça va faire dix ans qu'on se bat
34:56pour faire évoluer les choses.
34:59Les diagnostics, il y en a eu déjà de faits.
35:03Qu'est-ce qu'on en fait ?
35:04Ces diagnostics, aujourd'hui, ils sont là.
35:06Mais quelles sont les choses qui sont mises derrière,
35:08en œuvre, pour ne plus être inondées ?
35:11– Oui, je noterais qu'une réponse rapide,
35:12on va aller voir notre quatrième citoyen.
35:14– Très rapidement, je pense qu'on est dans le moment de la sidération,
35:17où les catastrophes s'accumulent avec des drames humains.
35:20Je n'y reviens pas, et on pense évidemment à toutes les victimes.
35:23On est dans le moment de la sidération,
35:25il faut créer une culture collective,
35:27un peu une grande cause nationale sur l'inondation,
35:30sans tabou, sans tabou, c'est-à-dire sur l'ensemble des causes.
35:34Il y a des causes agricoles, il y a des causes d'urbanisation,
35:37il y a des causes de mauvais diagnostics.
35:39– C'est quoi ? C'est des formations pour les citoyens ?
35:40C'est davantage de débats publics ?
35:42– Ça veut dire que tous les territoires doivent partir de l'idée
35:45que ça va s'aggraver, que le sandal devient décennal,
35:48dimensionner l'action à partir de là,
35:50et derrière, on aura à travailler sur les flux financiers
35:53qui sont très importants, mais on est au moment,
35:56dans les plans climat et énergie territoriaux,
35:59il y a normalement une obligation de diagnostic de vulnérabilité.
36:01Beaucoup de PCAT ne l'ont pas fait, tout simplement.
36:04Donc il faut prendre les choses dans l'ordre, le plus vite possible,
36:07et c'est un peu le moment de la création d'une culture
36:10qu'on avait perdue.
36:11Juste en 20 secondes, la première image, à Rennes,
36:15il y avait une vieille maison.
36:16Cette vieille maison, elle avait trois marches,
36:18ça veut dire qu'ils avaient intégré l'inondation
36:20quand ils l'avaient bâtie, et ça, on l'a perdue.
36:22Donc il faut aussi recréer de la culture
36:23pour vivre avec le risque.
36:25Merci pour cette réaction.
36:27Je voudrais remercier Laurence qui était avec nous
36:29il y a quelques instants.
36:30On va évoquer, après la situation des particuliers et des artisans,
36:33on va évoquer la situation des élus locaux
36:35avec nos deux derniers intervenants de cette émission.
36:38Bonjour Sébastien Ollarand,
36:39vous êtes maire de Breil-sur-Roya depuis 2020.
36:43Breil-sur-Roya, comme son nom l'indique,
36:45c'est dans la vallée de la Roya,
36:46une vallée dans les Alpes-Maritimes gravement touchée,
36:49on s'en rappelle, à l'automne 2020,
36:51par une bombe météorologique, la tempête Alex.
36:53Les images de l'époque, elles nous ont marquées,
36:55elles sont très impressionnantes.
36:57On va regarder ensemble des images de ce qu'il reste
36:59des installations sportives dans votre commune,
37:02des images tournées par votre secrétaire de mairie.
37:04On regarde.
37:06Anciennement, le stade de foot, ici,
37:10qui était complètement détruit.
37:15Le seul bâtiment qui reste du camping.
37:20Ça, c'est le terrain du camping.
37:22Il n'y a plus rien.
37:28Voilà, on voit les séquelles, toujours, à Breil-sur-Roya.
37:31Sébastien Ollarand, avant d'aborder la crise
37:34que vous traversez avec les compagnies d'assurance,
37:36comment se porte votre commune ?
37:38Est-ce que vous diriez que vous avez pensé vos plaies depuis 2020 ?
37:42La commune a fait beaucoup de travail pour se reconstruire,
37:45elle a été en cela aidée par ses nombreux partenaires.
37:49En réalité, c'est vrai que sur les premières années,
37:52on a bénéficié à la fois de souplesse
37:54dans l'application des différentes normes, procédures, réglementations,
37:58mais aussi de financements exceptionnels,
38:00que ce soit public ou d'assurance.
38:05Aujourd'hui, on a fait une grosse partie de la reconstruction,
38:08notamment toutes les infrastructures essentielles,
38:09les infrastructures routières, les différents réseaux,
38:13mais il reste encore du travail.
38:14En particulier, les infrastructures touristiques et sportives
38:17que vous avez vues à l'instant.
38:19Et on se rend compte qu'aujourd'hui, tout devient plus compliqué.
38:23C'est-à-dire que les financements partout se font de plus en plus rares.
38:27Nous sommes maintenant en bataille bientôt juridique
38:30avec notre rassureur pour essayer d'obtenir ce qu'il manque
38:34de l'indemnité pour les dégâts de la tempête Alex.
38:38Et pour autant, la tâche reste encore très importante,
38:42sans parler évidemment de la bureaucratie qui reprend ses droits
38:45et qui recommence à nous entraver sur beaucoup de projets
38:48où les arbitrages mettent une éternité à être rendus.
38:51Donc voilà, notre commune se porte mieux,
38:53on peut y vivre quasi-normalement.
38:55Il reste malgré tout des infrastructures qui manquent
38:58et aujourd'hui, tout est plus compliqué qu'au départ.
39:01Est-ce que vous avez perdu des habitants depuis 2020 ?
39:05Alors, il y a des habitants qui sont partis, bien sûr.
39:07Il y a trois habitants qui ont perdu la vie dans cette catastrophe.
39:09Il y a des habitants qui ont quitté la commune,
39:11peut-être une trentaine de familles qui ont dû être relogées.
39:15Une partie, peut-être la moitié, qui sont revenus s'installer.
39:17Finalement, entre les deux derniers recensements 2015-2023,
39:20la commune a plutôt gagné en habitants,
39:23ce qui n'est pas forcément le cas dans le haut de la vallée de la Roya,
39:25où on a la commune de Tente qui a chuté quasiment de 300 habitants,
39:28en partie parce que certains ont souhaité se rapprocher du littoral
39:32pour limiter le risque de se retrouver enclavés, coupés du monde,
39:36comme ça a été le cas sur beaucoup d'habitants après la tempête Alex.
39:39C'est vrai que c'est une vallée qui est difficile d'accès,
39:41avec des routes en lacets pour accéder au fond de la vallée de la Roya.
39:45C'est une vallée qui est comme ça un peu enclavée, effectivement.
39:49On voyait sur les images que vous nous avez envoyées
39:51qu'il y a des bâtiments qui sont toujours fragilisés.
39:54C'est donc qu'il y a encore des séquelles,
39:56vous le dites aujourd'hui, visibles dans la commune.
39:59Oui, tout à fait.
40:00Et en réalité, on a eu deux reconnaissances de catastrophes naturelles
40:03pour la tempête Alex.
40:04Un qui concerne les inondations sur lesquelles nous avons été indemnisés
40:09par l'assurance de la commune.
40:11Après quatre années de discussions, quand même,
40:13qui nous ont permis de doubler l'indemnité
40:14par rapport à ce qui nous était proposé au départ.
40:16Et puis, nous avons eu une reconnaissance
40:18de l'état de catastrophe naturelle pour les mouvements de terrain.
40:20Et pour les mouvements de terrain, on nous explique
40:22que ça n'a aucun rapport avec la tempête Alex.
40:24Et donc, on va devoir aller au tribunal pour faire reconnaître cette situation.
40:27Ça concerne la commune,
40:28qu'il y a des bâtiments qui ont été fortement endommagés
40:31par ces mouvements de terrain de la tempête Alex,
40:33mais ça concerne aussi beaucoup de particuliers
40:35et des entreprises, des commerces.
40:37Voilà, et toutes les assurances tiennent le même langage.
40:40Aucun rapport avec la tempête Alex.
40:42Les bâtiments allaient très bien la veille.
40:44Ils étaient fissurés de haut en bas le lendemain.
40:47Dans l'église d'un hôtel, c'est complètement effondré
40:49dans la nuit de la tempête Alex.
40:50Mais on continue de nous dire que ça n'a aucun rapport.
40:52Monsieur le maire, on va évoquer cet arrêté municipal
40:55que vous avez pris au début de l'année.
40:57Vous interdisez sur le territoire de la commune les catastrophes naturelles.
41:01Alors, ça pourrait faire sourire,
41:02mais en fait, c'est pour alerter sur votre situation.
41:05Depuis le 1er janvier, vous nous le dites, vous n'avez plus d'assurance.
41:09Alors, effectivement, le 1er janvier,
41:12nous avions été informés six mois avant
41:14que notre assureur souhaitait résilier tous nos contrats au 31 décembre.
41:18On a lancé un marché public pour trouver un nouvel assureur sans succès.
41:21On a contacté en direct de toutes les compagnies d'assurance
41:25que nous avons identifiées, sans succès aussi.
41:27Et nous avons même été devant le tribunal administratif
41:30pour essayer d'obtenir la prolongation d'un an de nos contrats,
41:33ce qui a permis que notre assurance cède
41:36pour la responsabilité civile et la protection fonctionnelle
41:39des élus et des agents, et donc accède de nous renouveler.
41:42Mais en revanche, nous avons été déboutés
41:44concernant les bâtiments municipaux.
41:46Ça veut dire qu'effectivement, au 1er janvier,
41:47les 70 biens immobiliers appartenant à la commune
41:51n'étaient plus couverts en cas de catastrophe naturelle,
41:53mais même en cas de sinistre, quel qu'il soit.
41:56Et donc, en désespoir de cause, puisque je me suis dit,
41:59en fait, qu'est-ce que je peux faire à part espérer
42:01qu'il n'y ait pas une catastrophe ?
42:02Et je me suis dit, je vais essayer de l'interdire.
42:04Évidemment, c'était absurde,
42:06mais c'était une façon d'interpeller
42:08sur une situation qui est tout aussi absurde,
42:10à la fois mettre les assureurs face à leur responsabilité
42:12et faire en sorte que nos décideurs politiques,
42:15et en particulier le gouvernement, le Parlement,
42:18puissent avancer sur la réforme de ce système
42:21de l'assurance aux collectivités
42:22qui est aujourd'hui, on le voit, complètement obsolète.
42:25Monsieur Dantel, on dit obsolète, mais même ubuesque.
42:28Qu'est-ce que vous répondez très concrètement de ce message ?
42:30Que là, on est sur un problème de cohésion nationale.
42:34C'est-à-dire, l'assurance est une mutualisation du risque.
42:37Si l'assureur ne joue pas ce rôle de mutualisation,
42:40il ne joue pas son rôle dans la société.
42:42C'est un point qu'on a vu avec Christophe Béchu,
42:44alors qu'il était précédent ministre de la Transition écologique,
42:47sur le fait de mettre dans le PNAC,
42:49le Programme national d'adaptation au changement climatique,
42:52dans un premier temps, c'est une première marche,
42:53mais nécessaire, un observatoire pour voir effectivement
42:56où est-ce que les assureurs étaient en train de se désinvestir,
43:00mais derrière, c'est très clair,
43:02il faut absolument reconstruire cette solidarité nationale,
43:05qui est la base de l'assurance.
43:07Il est hors de question que les assureurs
43:09n'assument pas leurs responsabilités.
43:11Et là, je pense que c'est un des grands combats
43:14des toutes prochaines années.
43:15Il faut leur forcer la main, ces assureurs.
43:16Pour dire que le Sénat s'est largement saisi
43:19de cette question de l'assurabilité des collectivités,
43:21et d'ailleurs, cette semaine, l'autorité de la concurrence
43:23vient de rendre un rapport, justement, sur ce sujet,
43:26de la concurrence ou pas dans l'assurance des collectivités,
43:30et fait un certain nombre de propositions.
43:32Et puis surtout, dire quand même que le Sénat a voté à l'unanimité
43:35une proposition de loi sur le financement du régime
43:37des catastrophes naturelles,
43:39et qui pose directement cette question.
43:41D'ailleurs, c'est aujourd'hui un article
43:43qui met en porte-à-faux le Sénat vis-à-vis du gouvernement,
43:48parce que nous, nous disons clairement qu'aujourd'hui,
43:50tant que l'observatoire n'a pas montré son effectivité
43:54et qu'en fait, le principe de name and shame fait
43:56que les assureurs ne quittent pas,
43:58il faut qu'on ait un outil qui soit comme une épée de Damoclès
44:02sur la tête de tous les assureurs et qui leur dise
44:04si jamais vous ne proposez pas de contrat,
44:07alors à ce moment-là, tout le monde peut se tourner
44:09sur une instance qui existe déjà,
44:11le bureau central de tarification,
44:13qui va imposer à un assureur de proposer un contrat
44:17au particulier à la collectivité qui n'arrive pas à s'assurer.
44:20Parce qu'aujourd'hui, il y a quand même aussi
44:22peut-être une sorte de non-dit, c'est que quand on interroge
44:24le bureau central de tarification et qu'on lui demande
44:27combien est-ce que vous avez de personnes qui sont venues vous voir
44:30et sollicitaient un droit à l'assurance
44:31parce qu'elles ont été refusées au titre des catastrophes naturelles,
44:35ils nous ont dit il y en a moins de cinq.
44:36Oui, parce qu'ils ne connaissent pas.
44:37Nous tous qui avons travaillé sur ces questions,
44:40on est assez surpris du faible nombre de personnes
44:43qui, soi-disant, ont sollicité le BCT pour cette raison-là,
44:47alors que partout, on entend qu'il y a un risque
44:50que certains assureurs se retirent d'endroits du territoire
44:54qui, en fait, ne sont plus rentables.
44:56C'est la question.
44:57Monsieur Roux, vous connaissez bien la Roya,
44:59c'est forcément dans votre rapport aussi une étape importante.
45:03Vous avez une autre idée, vous, une forme de péréquation,
45:06on peut expliquer très concrètement de quoi on parle.
45:09Ça sert à financer des travaux
45:10avec une forme de solidarité entre les communes, c'est ça ?
45:12Oui, c'est un peu sur la taxe Gemapi,
45:14disons qu'il faudrait qu'on essaye d'arriver à trouver un financement.
45:17La taxe Gemapi, c'est la taxe foncière,
45:21on peut la monter jusqu'à 40 euros,
45:22mais quand vous avez des petites collectivités
45:24ou des communautés de communes,
45:25parce que c'est l'intercommunalité qui récolte cette taxe,
45:28on s'aperçoit qu'il y a d'énormes travaux.
45:30Je prends un exemple, les Gorges-du-Verdon,
45:32une petite communauté de communes de 11 000 habitants,
45:34recettes par an de 900 000 euros, 15 millions d'euros de travaux
45:38pour entretenir, entre guillemets, tous les Gorges-du-Verdon.
45:41Je pense qu'il faut absolument qu'on ait une participation
45:44qui soit une solidarité avalamment,
45:46qui soit vraiment anticipée pour accompagner les collectivités
45:49qui n'ont pas les moyens.
45:50Pour les communes en aval qui payent,
45:51pour les communes en aval.
45:53Aujourd'hui, on pourrait le faire,
45:54mais c'est suivant, bien sûr, les territoires,
45:56parce que peut-être que le Haut de France n'a pas la même chose
45:59ou le Limousin ne voudrait pas payer pour le Haut de France.
46:01Nous, je pense que par rapport à notre région PACA,
46:05puisque je suis de la région PACA,
46:06donc je veux dire, c'est quelque chose qui pourrait être inventé
46:09pour essayer d'accompagner justement les collectivités
46:11à avoir une aide supplémentaire pour reconstruire correctement.
46:15C'est l'un des enjeux de votre rapport sénatorial
46:17rendu avec M. Rappin en septembre dernier.
46:19Le mot de conclusion à Sébastien Ollaran
46:21et puis on ira voir notre deuxième maire.
46:23On vous écoute, Sébastien.
46:25Oui, nous avons fait ce qu'indiquait Mme la sénatrice,
46:29c'est-à-dire saisi le Bureau central de tarification,
46:31qui le 15 janvier a rendu une décision
46:33pour obliger cinq assureurs à couvrir la commune de Breil.
46:37Mais les conditions sont extrêmement défavorables.
46:40Une cotisation d'assurance multipliée par huit
46:43défranchit ce qui aujourd'hui sont à 500 000 euros
46:45pour les catastrophes naturelles,
46:47ce qui signifie en réalité que sur 20 ans,
46:48si on avait eu les mêmes conditions à part la tempête Alex,
46:51nous n'aurions été indemnisés sur rien
46:53et nous ne sommes plus couverts pour un certain nombre de sinistres,
46:56notamment les dégradations, les vols, les dégâts des eaux,
47:00les dommages électriques, les émeutes,
47:03même si ce n'est pas trop une spécialité locale.
47:05En tout cas, on se rend compte
47:08que ça devient de plus en plus difficile de s'assurer.
47:10Je ne sais pas comment nous allons trouver
47:12les 100 000 euros supplémentaires
47:13pour boucler notre budget de cette année.
47:15C'est pour ça que je pense qu'il y a un autre système à imaginer.
47:18– Merci Sébastien Hollarand, vous restez avec nous,
47:21on va aller voir un deuxième maire.
47:22Bonjour Patrick Ledoux, vous êtes maire du Vers-Gauche de Louvigny,
47:26une commune de 2800 habitants dans le Calvados,
47:29dans la périphérie de Caen.
47:31Votre commune a subi de nombreuses crues et inondations
47:34ces dernières décennies et depuis 1995,
47:37un syndicat mixte lutte directement contre ces phénomènes.
47:41Parmi les dernières innovations de votre commune
47:44et donc déployées à Louvigny, il y a des aquas barrières.
47:47Alors Patrick Ledoux, elles permettent de protéger
47:49directement une cinquantaine de maisons, c'est bien ça ?
47:53– Oui, bonjour à tous.
47:54Oui, effectivement, ça permet de protéger
47:58bien plus d'une cinquantaine d'inondations
47:59parce que, pour vous faire un petit peu l'historique
48:02de ces 30 dernières années, l'agglomération canaise
48:06dont fait partie Louvigny a beaucoup souffert
48:07de graves inondations à répétition
48:11et les élus de l'époque ont pris le sujet à bras-le-corps
48:14et ont créé en 1996 le syndicat mixte de lutte contre les inondations
48:19qui était composé pour moitié du département du Calvados
48:22et pour moitié du district de Caen,
48:26devenu communauté urbaine entre-temps.
48:28Et ce syndicat a eu comme mission de réunir des fonds,
48:33donc il y a eu une somme d'environ 25 millions d'euros de réunis
48:37et en fait le grand principe de protection
48:40sur l'ensemble de cette portion du fleuve,
48:44c'est d'utiliser le canal de Caen-à-la-mer
48:47comme deuxième tuyau pour évacuer le trop-plein d'eau.
48:50Est-ce que ça a pu protéger vos concitoyens ?
48:53Quel est le bilan que vous tirez de ces inondations ?
48:55Le bilan qu'on peut en tirer, c'est que la dernière fois
48:58qu'il y a eu une maison d'inondés par débordement de cours d'eau à Louvigny,
49:00c'était en 2001.
49:03Depuis, les travaux se sont achevés en 2003
49:06et les procédures depuis lors fonctionnent.
49:10Les élus de l'époque avaient énormément travaillé
49:14et on constate sur ces 25 dernières années que ça a été efficace.
49:18Aujourd'hui, on se saisit des 25 prochaines années
49:22parce qu'on sait que les changements climatiques sont là
49:27et ils vont intervenir.
49:30Ces inondations fréquentes vont malheureusement être
49:35de plus en plus importantes et nous frapper plus durement.
49:39Est-ce que vous diriez que le coût entre ce que ça vous a coûté,
49:41ces installations, et le bénéfice,
49:43il est toujours au rendez-vous pour l'heure ?
49:46Oui, bien sûr.
49:48Est-ce que vous serez plus vigilant ou ça va devenir encore plus compliqué ?
49:53Je pense que la situation va s'aggraver dans les prochaines années.
49:55Oui, bien évidemment.
49:58On voit l'importance de l'anticipation
50:01de la part des élus locaux.
50:02Qui veut réagir ? M. Dantec ?
50:04Je trouve qu'on est exactement dans la situation actuelle.
50:07C'est-à-dire qu'on prend la mesure du risque,
50:09on pose un vrai diagnostic avec des solutions
50:13et à partir de là, il y a des solutions.
50:15Parce qu'il ne s'agit pas d'être désespéré dans tous les cas.
50:17Je prenais les Tréfiagates où quelques maisons vont être abandonnées
50:21parce que l'eau va remonter,
50:23parce qu'il y a aussi la montée des eaux,
50:24qui est un autre phénomène, mais assez proche finalement.
50:27Mais à l'Île-Tudy, il y aura une digue arrière
50:29pour protéger le village de la mer qui pourra arriver par l'arrière.
50:33Donc il ne faut pas non plus dire aux Français, par exemple,
50:35qu'il y a des dizaines de milliers de maisons
50:36qui vont être abandonnées, ce n'est pas le cas.
50:38Mais ça veut dire qu'effectivement,
50:39on est dans ce moment de création de culture,
50:42qu'il faut que l'Etat accompagne sur le moment d'ingénierie,
50:45qui est le moment sur lequel on est,
50:47qu'on échange sur les bonnes solutions.
50:49Oui, j'invite tous ceux qui nous écoutent
50:52à suivre attentivement le grand sommet européen
50:54sur l'adaptation qui aura lieu à Marseille le 31 mars
50:57et 1er avril prochain.
50:58On invitera justement des maires sur leurs bonnes réponses.
51:03Et on est au moment où on crée cette culture
51:06et avec effectivement des assureurs
51:08qu'on doit amener à trouver des solutions.
51:11Un monde agricole qui a d'autres fonctions que la production,
51:14qui a aussi par ses choix à aménager le territoire.
51:18Le ZAN et tout ça amène à regarder lucidement
51:22un réchauffement climatique inéluctable,
51:24même si, je le redis, il faut aussi réduire
51:25les émissions de gaz à effet de serre,
51:27parce que sinon la catastrophe va s'aggraver en permanence.
51:30J'aimerais qu'on fasse un dernier tour de table
51:32avec votre bilan de ce que vous tirez
51:35de tous ces témoignages qu'on a entendus.
51:37Mme Lavard, on le disait, la culture du risque,
51:40l'accompagnement des élus locaux,
51:41c'est des clés pour la suite.
51:44Pour rebondir sur le dernier échange,
51:47ce qui serait intéressant,
51:48je ne sais pas si le calcul a été fait,
51:51mais c'est au regard des épisodes de crues
51:54qui se sont succédés depuis que les travaux ont été réalisés.
51:57Combien finalement d'équipements publics,
52:00de maisons ont été préservées par les travaux
52:02qui ont été engagés au début des années 2000 ?
52:04Et de vies sauvées aussi.
52:05Et de vies sauvées, et donc indirectement,
52:07d'arriver à compter les économies qui ont été faites
52:12parce qu'il y a eu ces 25 millions d'investissements.
52:14Parce qu'aujourd'hui, on est tous les trois
52:15dans des groupes politiques différents.
52:17Par contre, je sais que tous les trois,
52:18on se bat pour la même chose.
52:20C'est-à-dire que les crédits de prévention, d'adaptation,
52:23aujourd'hui, c'est ceux qu'on supprime,
52:25parce que ce n'est pas l'urgence du moment.
52:27C'est-à-dire qu'ils ne servent pas à payer
52:28des agents de la fonction publique.
52:30Ils ne servent pas...
52:31Donc on se dit, ceux-là, ce n'est pas grave,
52:32on les reportera demain ou après-demain.
52:35Et quand on les reporte demain ou après-demain,
52:36finalement, les crédits d'urgence qu'on doit venir déployer
52:40pour pouvoir répondre, faire de la préemption au fonds barnier,
52:42en fait, ça coûte plus cher.
52:44Donc il y a un moment...
52:45Je pense que cet exemple, si on arrive à pouvoir montrer,
52:48parce que ça, ça éclairerait tout le monde,
52:49que 25 millions d'investis, c'est en fait 30, 40 millions
52:53qui ont déjà été économisés ou qui vont l'être,
52:56ça permettra à tout le monde de prendre conscience
52:59qu'il faut mieux s'adapter que réparer.
53:01– Monsieur Roux, le mot de la fin.
53:03– Oui, le mot de la fin, moi, je pense que tout ce qui a été dit
53:05est très important, et ce que vous dites, monsieur le maire,
53:07dans le Calvados, je veux dire, l'anticipation,
53:09ça, c'est quelque chose qui est très important, je veux dire,
53:12la prévention à travers aussi la sensibilisation des citoyens
53:16au risque d'inondations, parce qu'aujourd'hui,
53:18dans certains territoires, on n'imaginait pas une inondation,
53:21une précipitation très importante et qu'on ait les cours d'eau
53:24qui complètement surversent et soient remplis et déversent
53:27dans les situations au niveau des citoyens.
53:29Donc, je pense qu'il faut aussi consensibiliser les citoyens,
53:32qu'on apprenne aussi à essayer de sensibiliser aussi les jeunes.
53:35– Dès l'école, oui.
53:36– Dès l'école, je veux dire, je pense que c'est quelque chose,
53:38on fait bien, c'est dans le texte du Sénat,
53:40et je pense que c'est quelque chose qu'il faut absolument
53:42qu'on arrive, comme on fait les gestes de premier secours,
53:44et bien, écoutez, il faut le faire aussi
53:46pour la prévention des inondations,
53:47et il faut aussi accompagner les collectivités
53:49à avoir des capteurs en cas d'inondation,
53:52suivant les territoires, qui permettent d'avoir un appel
53:56à travers Vigicru sur nos territoires, sur nos téléphones,
53:58sur nos téléphones, nos portables, et qui nous permettent,
54:00entre guillemets, de pouvoir anticiper pour l'inondation,
54:03et je pense que cela sauvera des vies.
54:05– Bien, merci.
54:06Je voudrais remercier les cinq Françaises
54:09qui ont participé à ce débat.
54:11Merci à vous trois, en plateau, d'être venus comme ça,
54:14nous apporter ces éclairages, ces analyses.
54:17Un grand merci aux équipes techniques et éditoriales
54:19qui ont permis la réalisation de cette émission.
54:22Notre émission qui est à retrouver sur publicsenat.fr,
54:25et c'est une nouveauté,
54:26elle est également disponible en podcast sur toutes les plateformes.
54:30Donc, à très vite pour un prochain numéro.
54:33Très belle suite de programme sur Public Sénat.
54:35– J'ai trouvé ça extrêmement intéressant,
54:37parce que ça nous montre, en fait, toute la diversité des situations,
54:43malgré tout, puisque les territoires sont tellement différents,
54:45que les phénomènes auxquels on est confrontés
54:47sont très différents également,
54:48et appellent des réponses tout aussi différentes.
54:50– Ça montre quand même qu'au Sénat, ils s'inquiètent un petit peu.
54:53– Pour ma part, j'ai trouvé ça utile.
54:55Maintenant, j'espère qu'ils nous auront écoutés
54:57et qu'ils vont travailler dans le bon sens pour la population.

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