Le conducteur du car scolaire qui s'est renversé près de Châteaudun en Eure-et-Loir jeudi 30 janvier, faisant un mort et plusieurs blessés, a été testé positif aux stupéfiants. L’accident interroge sur la fréquence des contrôles réalisés.
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00:00Avec nous Christophe Trébosque. Bonjour Christophe. Secrétaire général de l'ANATEP, qui est une association qui oeuvre pour la qualité des transports éducatifs.
00:06Dominique Mazzaferro du syndicat UNSA, régie Ligne d'Azur. La métropole niçoise a mis en place un dépistage des stupéfiants auprès des chauffeurs de bus et de cars,
00:16et ce à la suite d'un accident. Vous allez nous raconter tout ça. Et puis Vincent Vantighem, grand reporter au service police-justice de BFM. Bonjour Vincent.
00:23L'accident de ce car scolaire près de Châteaudun en Eure-et-Loire a coûté la vie à une adolescente de 15 ans hier matin, a fait 24 blessés.
00:29Le test salivaire du chauffeur s'est révélé positif aux stupéfiants. Est-ce que l'on sait d'abord de quand date cette prise de stupéfiants ?
00:37Non, parce que pour l'instant on n'a que ce test salivaire dont vous venez de parler et il doit être confirmé ou infirmé par un test sanguin qui a été effectué hier
00:46et on attend les résultats dans le courant de la matinée. Il consiste en quoi d'ailleurs ce test salivaire ?
00:50Le test salivaire c'est immédiat, résultat positif, donc c'est à ce moment-là qu'on a fait la prise de sang et on teste 4 types de drogues,
00:57les opiacés, le cannabis, la cocaïne et les amphétamines. Dans ce genre de cas, en général, les résultats tombent dans les heures qui viennent.
01:07Il faut savoir que le cannabis va rester 8 heures maximum dans la salive et dans le sang, c'est plusieurs jours, encore plus si la personne est consommatrice régulière.
01:16Pour ce qui est de la cocaïne, là encore, dans la salive, ça reste que quelques heures et dans le sang, ça peut aller jusqu'à 24 heures, nous disait le professeur Alvarez qui est toxicologue.
01:23Christophe Trébosse, quand un chauffeur prend le volant, on doit le tester ou il doit se tester à quoi ?
01:30Actuellement, il y a un éthylotest anti-démarrage qui est mis en place depuis plusieurs années.
01:34Je ne sais pas si on peut voir les images, ça c'est obligatoire ?
01:36Ça c'est obligatoire, tous les quartiers sont équipés et il y a un test obligatoire. Il souffle dans l'éthylotest et s'il y a une alcoolémie au-delà de 0,2, le quart ne démarre pas.
01:45On voit sur ces images, le chauffeur s'installe.
01:48Il souffle même une deuxième fois au bout de 20 minutes pour voir s'il n'est pas en train de monter son taux d'alcool.
01:52Même s'il conduit, il doit souffler ?
01:54Il s'arrête, normalement avant de prendre son volant, il souffle une première fois, on attend 20 minutes et il souffle une deuxième fois pour voir si le taux n'est pas en train de grimper.
02:01Mais il est stupéfiant ?
02:02Non, il n'y a pas de dispositif technique mis en place.
02:08Comment ça se fait ? Ce n'est pas possible techniquement ?
02:11Je n'ai pas la réponse techniquement, c'est pas le souci, apparemment vous avez un exemple avec Nice qui va nous expliquer.
02:15Justement, on va y aller, parce que 20% des accidents aujourd'hui sont attribués ou sont aggravés par la prise de stupéfiants.
02:23Vous parlez de sécurité routière en sens large, on ne peut pas stigmatiser les véhicules.
02:27Dans le cadre des transports collectifs d'enfants, à l'ANATEP on a des statistiques qui montrent qu'en 2024, on a eu 3 décès pour 138 accidents.
02:38Les 3 décès concernent également 1 en circulation, 2 au point d'arrêt.
02:43On concerne que l'accident au point d'arrêt pour le transport scolaire est aussi sensible.
02:49Et en 2021 et 2022, on avait 0 décès, on est bien d'accord, sur le transport collectif d'enfants et 1 seul décès au point d'arrêt en 2022.
02:59C'est-à-dire que sur les 3 dernières années en circulation, il n'y a pas eu de morts dans le transport collectif, dans le transport scolaire.
03:05Mais il y a plus d'accidents.
03:07Il y a plus d'accidents.
03:09Est-ce que vous avez un début d'explication là-dessus ?
03:11Le nombre d'accidents globalement a augmenté, effectivement, on l'a vu.
03:14L'explication, je vais être très prudent dans mes propos, est-ce qu'il y a une liaison entre, vous en avez vu, vous avez communiqué là-dessus,
03:22la crise de recrutement des conducteurs qui sévit depuis 3 ans maintenant, ça va mieux, les entreprises font front,
03:30mais effectivement les collectivités et les acteurs professionnels sont un peu tendus à ce niveau-là.
03:36Quels sont les critères quand on recrute un chauffeur ? Moi je peux devenir un chauffeur de bus par exemple ?
03:42Il vous suffit d'avoir un permis d'aide, d'avoir passé une formation FIMO obligatoire de 3 semaines,
03:48ensuite tous les 5 ans il y a un rappel avec ce qu'on appelle la FCO qui est une formation continue de 3 jours.
03:56Mais il n'y a pas une attention quand même particulière quand il s'agit du transport collectif d'enfants ?
04:01Justement on a l'impression qu'on peut embaucher, pardon d'utiliser cette expression, mais un peu n'importe qui.
04:05Aujourd'hui les conducteurs sont embauchés effectivement avec une sélection, avec le permis,
04:11la FIMO je répète comporte des modules professionnels au niveau de la conduite, du client passager, de l'éco-conduite,
04:18tous ces aspects techniques et il faut les responsables, les autorités, les acteurs sont vigilants là-dessus.
04:24Je répète, il y a aujourd'hui effectivement on l'a dit une crise de recrutement, donc effectivement peut-être que la sélection
04:33est moins efficace que ce qu'elle a pu être dans le passé.
04:37On fait moins attention forcément.
04:39Ces dernières années on a parfois eu du mal à trouver des conducteurs pour conduire les carts de ramassage.
04:47C'est le cas, mais les statistiques montrent qu'en termes de sinistralité il y a certes plus d'accidents,
04:53mais le corporel est très peu impacté.
04:56Moins de victimes.
04:57Pas moins de victimes, très peu impactées.
04:59Il y a forcément plus de victimes, c'est mécanique.
05:01Le responsable de la société de cars disait qu'il organisait des contrôles aléatoires chaque mois sur les salariés,
05:09donc tous les salariés qui ne sont pas testés, des dépistages salivaires au cannabis.
05:13Exemple intéressant, très intéressant dans la métropole de Nice, nous sommes avec Dominique Mazzaferro
05:19du syndicat UNSA Régis Lignes d'Azur, parce que la métropole de Nice a mis en place un dépistage des stupéfiants
05:26auprès des chauffeurs de bus et de cars, et ce à la suite d'un accident.
05:30D'ailleurs, c'était quand, c'était quoi cet accident ?
05:35Oui, bonjour.
05:36Alors cet accident dont vous parlez, c'était un accident qui a eu lieu dans la vallée de la Tinet,
05:41c'était un transport scolaire, c'est un autre réseau.
05:44Et justement, la personne a été sous l'emprise de stupéfiants, bon ben malheureusement on ne l'a pas décelé à temps,
05:52et lorsqu'on a fait les tests, on a vu qu'il y avait des substances illicites.
05:59Après bien sûr, on a fait des analyses de sang, comme vous disiez tout à l'heure, si bien qui ont confirmé.
06:05Et chez nous, c'est un petit peu comme ça que ça se passe, je veux dire, on fait des tests aléatoires,
06:10et si on a un doute, on fait des analyses de sang qui vont confirmer l'emprise de stupéfiants.
06:19Mais vous décidez aussi d'installer un dispositif de dépistage auprès des chauffeurs de bus et de cars.
06:27Il fonctionne comment ce dispositif de dépistage ?
06:31Ah non, non, non, nous on n'a pas de dispositif de dépistage,
06:34on a des agents de maîtrise qui nous encadrent sous la commande de la direction.
06:40Le dispositif en fait, c'est le contrôle aléatoire ?
06:44C'est le contrôle aléatoire, donc chaque agent de maîtrise RDG, responsable de groupe,
06:52a un certain nombre de lignes sous sa responsabilité,
06:56il suit régulièrement les conducteurs, voir s'il a son permis à jour, voir s'il a la FIMO à jour,
07:02et en même temps, s'il y a un doute, on fait un test aléatoire, comme ça, la routine.
07:10Et si vraiment ça s'avère positif, ça devra obligatoirement être confirmé par des analyses de sang,
07:16parce que vous savez, vous allez dans une soirée arrosée ou un petit truc comme ça,
07:20même si vous êtes dans une ambiance festive,
07:23et si les autres fument, vous pouvez être aussi contraint à avoir des résidus de substances silicide dans le corps.
07:32Donc ça sera confirmé uniquement par les analyses de sang.
07:35Et Dominique, est-ce que ça a marché, ce dispositif de contrôle aléatoire ?
07:39Est-ce que ça a réduit le nombre d'accidents ?
07:43Nous, on n'a jamais eu de cas de figure, on a quand même une boîte sérieuse,
07:47c'est-à-dire qu'avant d'intégrer l'entreprise, on vous fait une vise médicale complète,
07:55voir si tout est OK, et notamment des analyses de sang, des analyses d'urine.
08:03Et si toutefois, dans les analyses d'urine, il s'avérait qu'il y a des substances silicide,
08:08l'entreprise ne va pas prendre le risque de vous engager.
08:12Là, c'est clair et net.
08:13Donc déjà, au départ, il y a un filtrage.
08:16Mais je pose la question autour de la tâche.
08:18Il n'existe pas de dispositif comparable au dispositif de dépistage d'alcoolémie pour les stupéfiants.
08:24Ça n'existe pas.
08:25Pas efficace.
08:26On ne sait pas si c'est faisable, mais bon, le prélèvement salivaire, c'est immédiat,
08:31donc ça pourrait être fait, mais il faudrait quelqu'un qui le contrôle.
08:34Une entreprise allemande qui a travaillé sur un dispositif,
08:37mais en fait, la difficulté qu'on rencontre, c'est que le test salivaire,
08:40puisqu'on parle d'un test salivaire, pas d'une prise de sang avant de prendre le volant tous les matins,
08:44le test salivaire, il peut se révéler positif aussi à l'occasion d'une prise de médicaments.
08:48Donc ça veut dire qu'est-ce qu'on fait dans ces cas-là ?
08:50Et c'est la difficulté d'avoir la finesse d'un résultat qui permet de dire
08:53oui, c'est positif aux stupéfiants parce qu'il y a eu une prise de stupéfiants,
08:56parce qu'il y a eu une prise de stupéfiants dans tel délai horaire.
08:59Voilà, c'est tout ça qu'on n'arrive pas encore à trouver.
09:01C'est paradoxal de dire qu'on dépiste bien l'alcoolémie, mais pas bien la prise de stupéfiants.
09:05Pour le prélèvement salivaire, ça se présente, il y a des réactifs, un peu comme un test Covid ou grippe
09:09où vous voyez des lignes qui s'affichent en fonction de chaque substance.
09:12Mais Vincent a raison de le préciser, seule une analyse sanguine
09:15permet de savoir précisément ce qu'il y a dans le sang.
09:18Par exemple, on peut être contrôlé positif dans un dépistage salivaire
09:22et être contrôlé positif aux amphétamines parce qu'on a pris, par exemple, de la pseudoéphédrine,
09:26c'est la molécule qu'on retrouve dans les médicaments anti-rhume.
09:30On peut aussi être positif aux opiacés parce qu'on a pris un médicament avec de la coédéine dedans.
09:34Il faut attendre les résultats sanguins qui permettent de savoir exactement quelle substance a été ingérée.