"Les chefs d'entreprises qui partent ont raison de le faire", dit le président du Medef. Regardez la réaction fr Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT.
Regardez L'invité d'Amandine Bégot avec Céline Landreau du 31 janvier 2025.
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00:007h-10h, RTL Matin, Céline Landreau et Thomas Soto.
00:04Il est 8h16, l'interview de Céline Landreau, ça se crispe de toutes parts autour du budget et du gouvernement.
00:09L'opposition est en colère, les patrons sont en colère, et les syndicats et la CGT, que pense-t-elle de la situation ?
00:15Pour le savoir, Céline, vous avez choisi d'inviter ce matin Sophie Binet, c'est la secrétaire générale de la CGT. Bonjour et bienvenue.
00:20Bonjour Sophie Binet. Bonjour.
00:22La commission mixte paritaire, c'est députés et sénateurs qui doivent trouver un compromis sur le projet de budget,
00:27a donc enterré hier la surtaxe sur les très grandes entreprises, malgré la colère des grands patrons.
00:33Surtaxe qui doit rapporter, on le rappelle, 8 milliards à l'État. Vous applaudissez ?
00:37Écoutez, je pense que la position des grands patrons est juste indécente.
00:42Bernard Arnault, on parle d'un homme dont la fortune est équivalente à la richesse du Portugal.
00:48Sa fortune a quadruplé sous le septennat d'Emmanuel Macron,
00:52et il ose, alors que le chômage n'a jamais été aussi élevé aujourd'hui qu'il explose,
00:57se plaindre qu'on augmente légèrement la taxation des plus grandes entreprises,
01:01dont les impôts ont énormément baissé sous le septennat d'Emmanuel Macron. Il faut arrêter de se moquer du monde.
01:06Bernard Arnault, que vous citez, repris par Patrick Martin ici même hier matin,
01:11explique que ces surtaxes poussent à la délocalisation.
01:15Patrick Martin, le patron du Medef, l'a dit, ceux qui peuvent partir partent et ils ont raison.
01:19Est-ce que ces menaces de délocalisation vous inquiètent ?
01:21Écoutez, ce chantage à l'emploi, on n'en peut plus.
01:24Pour rester sur le cas de Bernard Arnault, c'est seulement 20% de ses salariés qui sont en France aujourd'hui,
01:29donc le Made in France est très relatif.
01:31Et ses propos, ses comportements sont à l'image du comportement des grands patrons aujourd'hui qui coulent le pays.
01:37Ils n'en ont plus rien à faire de la France, ils n'en ont plus rien à faire de l'intérêt général.
01:42Leur seul objectif, c'est l'appât du gain.
01:45Moi j'ai envie de dire, les rats quittent le navire, voilà ce qu'on voit aujourd'hui.
01:49Mais si délocalisation il y a, au bout du bout, c'est quand même des salariés qui perdent leur emploi.
01:54Vous pourriez être solidaire de ce combat-là ?
01:56Évidemment, la CGT se bat, et on est bien seul d'ailleurs, pour dénoncer les centaines de milliers de licenciements qui sont en cours aujourd'hui.
02:03Mais malheureusement, les patrons n'ont pas attendu cette annonce d'une surtaxation des plus grandes entreprises pour licencier et délocaliser.
02:12Je rappelle qu'aujourd'hui, la CGT recense plus de 300 plans de licenciements qui menacent quasiment 300 000 emplois.
02:18C'est le naufrage de la politique de l'offre d'Emmanuel Macron.
02:21Jamais en France, les entreprises n'ont payé aussi peu d'impôts, jamais les aides aux entreprises n'ont été aussi élevées.
02:27C'est quasiment 200 milliards chaque année, et pour autant, les licenciements se multiplient avec une situation catastrophique.
02:34Donc là, le son, ce n'est pas qu'il faut continuer à multiplier les cadeaux, c'est qu'il faut empêcher les entreprises, notamment les multinationales,
02:41de faire la pluie et le beau temps en France comme elles le font aujourd'hui, à l'image de ce que fait Renault, par exemple, à la Fonderie de Bretagne.
02:47Renault qui a refusé, pour rappel, dans ce dossier de s'engager sur des commandes, ce qui empêche la reprise de la Fonderie de Bretagne,
02:55et donc qui menace 350 emplois, on le rappelle.
02:58Exactement, et cette situation, on l'a partout, avec des multinationales qui n'en ont plus rien à faire et qui ne cherchent qu'à s'enrichir toujours plus.
03:05Il faut que le gouvernement reprenne la main, parce que c'est à cause de cela que notre industrie est en train de partir de toutes parts.
03:12On est dans un environnement mondial, concurrentiel, Sophie Bignès, ça ne vous a pas échappé.
03:16Le coût du travail en France, est-ce qu'il ne peut pas être interrogé, quand même ?
03:19C'est ce qu'a fait le directeur général de Michelin devant le Sénat.
03:23Pour lui, le problème, c'est que pour verser par exemple 100 euros bruts à un salarié, cela coûte à l'entreprise aujourd'hui 142,
03:30et que sur ces 100 euros bruts, finalement, le salarié n'aura que 77,50 euros dans sa poche, au bout du bout.
03:36Cette différence entre ce que l'entreprise paye et ce que le salarié reçoit, est-ce qu'elle n'est pas devenue trop importante dans notre pays ?
03:42Est-ce qu'il ne faut pas travailler là-dessus ?
03:44Non, justement, en fait, ça s'appelle nos droits.
03:47On a le salaire pour vivre à la fin du mois, et le salaire brut, c'est le salaire pour vivre toute la vie,
03:52pour payer nos retraites, notre assurance chômage, notre assurance maladie.
03:56C'est les droits des travailleuses et des travailleurs, et donc, ces droits sont très importants.
04:01Aujourd'hui, en France, on est encore trop mal payés.
04:04Il y a des centaines de milliers de personnes qui se lèvent tôt, qui bossent dur,
04:08et qui, pour autant, n'arrivent pas à boucler leur fin de mois, et à payer le départ en vacances de leurs enfants.
04:14Le problème, il est là, et c'est indécent que le patron de Michelin ose se plaindre,
04:19alors qu'il est en train de licencier près de 1000 salariés,
04:22alors que l'entreprise a distribué des dividendes de plusieurs milliards à ses actionnaires.
04:26Vous dites, en France, on est trop mal payés aujourd'hui.
04:29Moins de charges, ça pourrait permettre d'avoir plus d'argent dans la poche du salarié à la fin, aussi ?
04:34Eh bien non, puisque c'est ce qu'a fait Emmanuel Macron depuis 7 ans.
04:37Il a baissé les cotisations sociales des entreprises,
04:39et au final, je pense qu'aucun des auditeurs et des auditrices n'a vu son salaire augmenter.
04:43Au contraire, nos salaires ont baissé, ils n'ont pas retrouvé leur niveau de 2020.
04:47Donc, on voit bien que ces cadeaux aux entreprises qui n'ont jamais été aussi élevés,
04:51ils ne servent qu'à alimenter les dividendes,
04:53et que ça ne va ni rémunérer les salariés, ni payer de l'investissement pour préparer l'avenir de notre pays.
04:59Sophie Binet, autre dossier sur la table.
05:01Vous avez, en fin d'après-midi, une intersyndicale.
05:03Vous allez vous retrouver pour tenter de trouver une position commune à défendre
05:07lors de ce conclave initié par François Bayrou sur la réforme des retraites.
05:11Vous y allez avec quelle requête, vous, la CGT, aujourd'hui ?
05:15Eh bien, écoutez, on a des intersyndicales de façon très régulière,
05:18parce que les organisations syndicales sont unies pour dénoncer cette réforme
05:23et le report de l'âge à 64 ans.
05:25Le mandat très clair que nous ont donné les salariés,
05:28la bataille que nous avons menée ensemble depuis deux ans,
05:31c'est d'abroger cette réforme, de revenir à 62 ans.
05:34Et nous nous retrouvons en intersyndicales,
05:36parce que nous savons que, traditionnellement,
05:38le patronat et le gouvernement cherchent toujours
05:40à diviser les organisations syndicales.
05:42Pour ce qui est de la CGT, nous restons concentrés
05:45sur le fait de gagner le retour à 62 ans.
05:49Je le dis tout net, si on nous propose un hypothétique compromis
05:53sur les 63 ans, ça ne fera pas l'affaire,
05:56parce que ça serait un recul par rapport à aujourd'hui.
05:59Aujourd'hui, les salariés partent à 62 ans et demi,
06:01et c'est déjà trop, puisque le nombre de seniors au chômage explose.
06:05Vous brandissiez donc déjà une ligne rouge.
06:07Et hier, Patrick Martin, le MEDEF, en a posé une autre, ici même,
06:11en expliquant que si le but, c'était de financer les retraites du public
06:14avec l'argent du privé, en clair, avec les excédents, pardon,
06:17des retraites complémentaires du privé qui financeraient
06:19les retraites publiques, ce serait niat, il n'irait pas.
06:21C'est la même chose pour vous ?
06:23Oui, tout à fait. C'est ce que la CGT et toutes les organisations syndicales
06:26disent depuis le début. Il faut que le Premier ministre
06:28révise ses chiffres. Il n'y a pas de déficit caché
06:31de nos régimes de retraite.
06:34Il faut remettre les choses d'équerre.
06:36Ce n'est pas possible d'alourdir le déficit
06:38de près de 40 milliards d'euros comme ça.
06:40Mais quand on vous entend, on a l'impression qu'il est déjà morné, ce conclave.
06:42Eh bien non, puisque vous voyez, déjà, il y a un premier point
06:45de compromis sur lequel le gouvernement doit bouger.
06:48C'est la question des comptes et le fait de ne pas faire payer
06:53aux salariés du privé pour la retraite des fonctionnaires
06:56qui doit être payée par les employeurs publics.
06:58Ce qui est sûr, c'est que les organisations syndicales
07:02sont déterminées à obtenir un retour aux 62 ans
07:06et que nous nous battrons pour cela.
07:08La CGT lance une grande campagne d'information
07:10et de mobilisation des salariés
07:12parce que c'est ça qui fera bouger les lignes
07:14et qui nous permettra de gagner à la fin.
07:16Vous réclamiez, il y a quelques semaines, un référendum
07:18sur cette question des retraites.
07:20Ce n'est toujours pas un projet partagé par l'exécutif
07:22parce qu'on dit, on entend, que du côté de l'Elysée
07:25on réfléchit à des référendums.
07:28Oui, en fait. Ce qui est très important,
07:30c'est qu'enfin la démocratie parle
07:32sur cette réforme des retraites.
07:33Vous avez vraiment un espoir d'être entendue là-dessus ?
07:35Un référendum sur les retraites, ça vous paraît possible aujourd'hui ?
07:37Ce qu'il faut, c'est que d'une façon ou d'une autre,
07:39à la fin, ce soit la démocratie qui tranche,
07:41soit les députés qui ont été élus pour ça,
07:43soit les Françaises et les Français qui votent
07:45si ce qui est possible.
07:48Dans la discussion, on voit bien que le patronat
07:50a des positions très différentes des organisations syndicales
07:52parce que le patronat ne veut pas baisser
07:54l'âge de départ en retraite.
07:56Et donc, à un moment, le juge de paix,
07:58c'est la démocratie, c'est quand même la base.
08:00Merci beaucoup, Sophie Binet, secrétaire générale,
08:02on le rappelle, de la CGT.
08:04Merci d'être venue vous expliquer dans RTL Matin.