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Ce documentaire poignant et intimiste explore la transformation radicale que peut provoquer une maladie grave. À travers son expérience personnelle, Nicolas Bourgouin a souhaité raconter comment le diagnostic du cancer, puis les soins pour l'éradiquer ainsi que ce temps suspendu qu'on appelle la rémission, lui ont permis de redécouvrir la vie sous un angle nouveau, plus vibrant et plus précieux.
Ce film donne également la parole à ceux qui partagent son quotidien et en particulier sa femme, devenue aidante du jour au lendemain. Leur témoignage est essentiel pour comprendre l'impact du cancer sur les proches, leur force, leur courage et parfois leurs sacrifices. L'ombre du cancer peut assombrir la vie de couple, mais elle peut aussi renforcer les liens et raviver l'amour. Leur histoire est une épreuve de vérité, un parcours de résilience commune.

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Transcription
00:00Alors Pitié-Salpêtrière, par le boulevard de l'hôpital, ou pas ?
00:03Ouais, par le boulevard de l'hôpital, ouais, dans l'hôpital.
00:06Vous pouvez rentrer de toute façon à l'intérieur ?
00:08Oui, oui, bien sûr.
00:09Non, parce qu'il y a deux entrées, c'est pour ça.
00:11Ouais, ouais, je sais, ouais.
00:30C'est un peu plus loin sur la droite, je vous indiquerai.
00:54J'ai un rendez-vous, il faut remplir ce truc-là.
01:16C'est quoi la question ?
01:17C'est la question, je suis assuré.
01:19Avez-vous des difficultés à faire certains efforts physiques ?
01:22Avez-vous des difficultés à faire une longue promenade ?
01:24Ça sert à quoi ?
01:25Je sais pas.
01:27Avez-vous besoin d'aide pour manger, vous éveiller, faire votre toilette ?
01:30Pas du tout.
01:32Tendu ?
01:33Un peu.
01:34Rassuré ?
01:36Un peu.
01:37Irritable ?
01:39Pas du tout.
01:40Déprime ?
01:41Un peu, ouais.
01:42Oh, c'est n'importe quoi.
01:46Vous êtes sentie déprimée ?
01:47Oui, quand ma femme me dit un peu.
01:51Alors, toi, as-tu passé une bonne semaine ?
01:57Tu m'emmerdes avec ton hôpital.
02:02Tu m'emmerdes avec tes hôpitaux.
02:05Monsieur le Premier ministre ?
02:08Oui.
02:10Chacun réagit différemment face à la maladie.
02:14Certains préfèrent ne pas en parler, se taire ou s'isoler.
02:20Mon cancer, moi, j'ai décidé de le raconter sur les réseaux sociaux,
02:25dans un journal de bord.
02:30En hommage aux vieux chênes qui se trouvent en face de chez moi en Normandie,
02:35ce journal, je l'ai intitulé « Chêne de vie ».
03:00Je n'avais pas imaginé au départ qu'il serait aussi suivi.
03:04Chaque jour, je recevais des dizaines et des dizaines de messages de soutien.
03:10Ce journal de bord est devenu pour moi un truc thérapeutique
03:15qui m'a aidé à traverser la maladie.
03:18La première page de « Chêne de vie », je l'ai écrite il y a un peu plus de deux ans.
03:30Chêne de vie
03:41Quand tu es parti passer ton scanner, on pensait que tu avais un problème de digestion
03:46parce qu'on avait fait un gros week-end de Pâques avec beaucoup de repas très riches
03:51et pas mal de vin, tout ça.
03:59Chêne de vie
04:07C'était juste avant l'opération.
04:09On rigolait bien. Je me rappelle, l'anesthésiste, je lui avais dit
04:12« Bon, vous m'appelez pour me dire ce qu'il a exactement. »
04:15Et quand j'étais avec ton frère, quand j'ai vu un numéro de masque qui s'affichait,
04:19je me dis « Ah, ça, ça doit être la clinique. »
04:21Et là, j'ai mis sur au parleur.
04:23Heureusement qu'on était assis parce que ce qu'on a entendu, ça a été une déflagration.
04:29Je ne t'ai jamais raconté vraiment tout ça, mais c'était tellement dur ce que j'ai entendu.
04:35C'était quoi ?
04:37Il m'a dit « Bon, alors voilà, Madame Bourgoin, les nouvelles ne sont pas bonnes.
04:42La tumeur, c'est bien un cancer et puis elle est très, très grosse, la tumeur.
04:46Et puis, il y a autre chose. »
04:48Je dis « Quoi ? Alors, c'est quoi ? »
04:50Il me dit « Il y a des métastases partout sur le péritoine. »
04:54Alors, je lui dis « Mais c'est quoi le péritoine ? »
04:56Il m'explique que c'est la membrane qui entoure tous les organes qui sont dans notre ventre.
05:04Je lui dis « C'est grave ou pas ? »
05:07Il me dit « Oui, oui, ce n'est pas beau à voir. Ce n'est vraiment pas beau. »
05:10Je me disais « Bon, il y a une façon d'annoncer les choses. »
05:14Ce monsieur n'est pas très agréable.
05:18Je lui disais « Quels sont vos pronostics vitaux ? »
05:23Il m'a dit « Vous savez, madame, le cancer du péritoine, c'est très grave.
05:27Généralement, on prolonge les gens pendant 2, 3, 5 ans. »
05:41C'était un tsunami d'apprendre ça.
05:54C'est le jour où vous perdez définitivement votre insouciance, me dira une psy à l'hôpital.
06:00Et puis, je découvre la douleur.
06:03Celle qui fait hurler, qui donne envie de disparaître, d'un coup.
06:08On est toujours minable face à la douleur.
06:11On ne fait pas le malin, on ferme sa gueule.
06:15Et puis, l'envie de vivre revient.
06:18Comme ça, toute seule.
06:21Ouais, Nicolas, ce petit chant des oiseaux de mon jardin.
06:26Des oiseaux tropicaux.
06:30Qui te donneront peut-être un petit peu d'air dans ta chambre d'hôpital.
06:40Voilà, je t'embrasse bien bien fort.
06:45C'est con, mais je n'ai jamais rien entendu de si bon.
06:55Chaîne de vie.
06:58Le cancer ne s'invite pas simplement dans un corps.
07:01En famille, il met les pieds sous la table et exige son rond de serviette.
07:05Tout le monde est concerné.
07:07Ma femme, nos 4 enfants, notre famille recomposée.
07:14Oui, c'est bon.
07:20Faut rire.
07:22Bisous.
07:26Ça, c'est les bourgognes.
07:29Rose.
07:31Je l'ai connue amante, épouse et mère.
07:43Je la découvre aidante, discrète et merveilleuse.
07:48Je me suis dit que j'allais tout faire pour que tu puisses guérir.
07:53C'est là où j'ai décidé de prendre pas mal de choses en charge.
07:58Tu n'as plus qu'à te concentrer sur tes soins qui étaient très lourds.
08:03Et sur ta guérison.
08:06Il a fallu tout réorganiser.
08:09Que je porte financièrement le foyer.
08:13Que je travaille, que je continue à travailler.
08:16Que je m'occupe d'Arsane qui était encore petit.
08:19Il avait 10 ans.
08:21Que je fasse en sorte que mon inquiétude que j'avais en moi...
08:26Les propos du médecin ne transparaissent pas.
08:30Que personne ne s'aperçoive de tout ça.
08:33De ce que j'avais en moi.
08:35De cette peur de te perdre.
08:37Parce qu'elle était là.
08:39Et c'était extrêmement fatiguant.
08:42Fatiguant moralement.
08:44Parce qu'il fallait ne pas montrer l'inquiétude.
08:47Avec Arsane, il a fallu trouver les mots.
08:50Pour qu'il ne soit pas trop inquiet.
08:52Et qu'il sache la vérité.
08:54On ne peut pas mentir à ses amis.
08:56Ils savent et ils sentent les choses.
09:19Chaîne de vie.
09:22Il s'est glissé dans le lit.
09:24Puis, tout contre moi, dans un murmure, m'a dit.
09:27Papouchou de mon cœur.
09:29J'ai besoin que tu guérisses.
09:31Je l'ai serré fort.
09:33Et je lui ai dit.
09:35C'est promis.
09:45Je n'aime pas les jours de départ.
09:47Quand il faut se mettre en route.
09:49Quitter ma Normandie pour Paris.
09:51Pour l'hôpital.
09:53C'est comme aller à l'école quand j'étais petit.
09:55C'est un caprice, je sais.
09:57Mais je n'ai pas envie d'y aller.
09:59Allez, tu fermes ta gueule, M. Bourgoin.
10:01Tu bouges ton cul et tu souris à la vie.
10:04Quand je m'agace, je me parle à moi-même.
10:07En m'appelant M. Bourgoin.
10:14Chaîne de vie.
10:16Il faut bien comprendre une chose.
10:18Un jour de chimio est un jour où on s'emmerde.
10:21Et comme ma capacité de concentration
10:23est affreusement diminuée,
10:25j'ai du mal à lire, hélas.
10:28Avec Autoportrait dans le miroir des chiottes,
10:30le titre de l'œuvre,
10:32il faut voir une tentative aboutie de passer le temps.
10:35Une réussite, donc.
10:40La première séance de chimio,
10:42je supporte à moitié.
10:44La deuxième, je suis malade comme un chien
10:47et les autres s'enchaînent.
10:49Je les supporte, je les supporte.
10:51Ce n'est pas facile, mais je les supporte.
10:53Mais là où on se dit,
10:55est-ce que la chimio va fonctionner ?
10:57Parce que si la chimio n'a pas fonctionné,
10:59je n'aurais pas pu être opéré, etc.
11:01Il y avait toute cette incertitude-là
11:03qui, pour moi, était présente.
11:07Il fallait vivre avec cette incertitude,
11:09avec la difficulté des soins
11:11et avec l'incertitude du traitement.
11:17Chaine de vie.
11:19Il y a aussi des moments de grâce.
11:21C'est fou, mais c'est comme ça.
11:23Des moments de bonheur qu'on n'imagine pas.
11:26C'est un accord parfait du corps et de l'esprit.
11:28Le corps à la bonne place
11:30et l'esprit en paix.
11:34Il faisait encore bon en forêt.
11:36Tout était lent.
11:38Tout était beau.
11:41Le combat pour les animaux,
11:44le combat pour la vie,
11:46c'est quand même le plus beau des combats.
11:48Dans la vie, tu n'as pas ça.
11:50Jamais tu n'es confronté à ça.
11:52Tu te bats pour avoir ton bac.
11:54Tu te bats pour avoir une femme.
11:56Tu te bats pour avoir un boulot.
11:58Tu ne te bats pas pour vivre.
12:00Il n'y a jamais ce truc-là de se dire
12:02que si tu perds, tu meurs.
12:04Si tu gagnes, tu vis.
12:06Mais là, c'était ça mon jeu.
12:08Et cet enjeu-là est extraordinaire.
12:10Il y a quelque chose d'extraordinaire dans tout ça.
12:12Et moi, il m'a exalté.
12:14Il y avait quelque chose de l'ordre de l'exaltation.
12:16De la peur, mais de l'exaltation aussi.
12:20Chaîne de vie.
12:22J'avais rendez-vous avec mon futur
12:24nouveau chirurgien à l'hôpital.
12:27Derrière ses lunettes,
12:29il a un regard doux.
12:31Je me sens en confiance.
12:33Il épluche mon dossier.
12:35Je retiens ma respiration.
12:37Sur l'échelle qui va de 1 à 39, me dit-il,
12:39vous êtes à 10.
12:41On peut largement vous opérer.
12:43On va vous sortir de là.
12:45Ne vous inquiétez pas.
12:47À quoi ça tient, un petit moment de bonheur ?
12:49Un mot ?
12:51Une phrase ?
12:53Un sourire ? Un regard ?
12:55À peu de choses, en vérité.
13:05Chaîne de vie.
13:07Aujourd'hui, j'ai 50 ans.
13:09Je ne porte pas de Rolex à mon poignet,
13:11mais un bracelet en plastique blanc,
13:13sur lequel il y a mon nom.
13:15Je ne sais pas si c'est un signe de réussite,
13:17mais ce n'est pas un signe de bonne santé.
13:19Demain,
13:21on va m'ouvrir de pied en cap
13:23pour enlever ce qu'il reste de maladie.
13:31Chaîne de vie.
13:33Mes chers amis,
13:35un petit mot du fond de mon lit d'hôpital
13:37pour vous dire que la maladie s'en est allée.
13:39Mille baisers.
13:43Ça reste un protocole de soins qui dure presque un an.
13:45Neuf mois exactement.
13:47Donc c'est très long.
13:49Il faut continuer.
13:51OK, la chimie a fonctionné,
13:53mais après,
13:55il y a l'hôpital, une opération très lourde
13:57avec un mois de convalescence.
13:59Là, il faut encore recommencer à porter.
14:01C'est-à-dire que moi,
14:03je n'ai pas été formée pour ça.
14:05Personne ne l'est.
14:07Personne ne m'a dit
14:09« Vas-y maintenant, tu vas accompagner quelqu'un
14:11pendant un an qui a un cancer au stade 4.
14:13Débrouille-toi, cocotte. »
14:15Et puis souvent, les soins se passent à domicile maintenant.
14:17Donc moi, je récupère le malade
14:19à la sortie d'une opération,
14:21mais il y a encore tous les soins,
14:23toutes les souffrances derrière.
14:25Et moi, ce n'est pas mon boulot.
14:27En plus, on habitait à la campagne,
14:29donc c'était l'hiver, il fallait faire des feux de bois.
14:31Je portais les brouettes
14:33de bois symboliquement.
14:35C'était en plus la fin d'un cycle.
14:37J'étais déjà épuisée d'avoir tout porté
14:39pendant des mois.
14:41Je me souviens d'une extrême fatigue.
14:43Oui, bien sûr.
15:03...
15:15Chaîne de vie.
15:17C'est la dernière image du chêne.
15:19Celle que j'ai prise ce matin.
15:21La fin de l'histoire.
15:23Quand on retire à 10h
15:25l'aiguille de la dernière chimio.
15:27Les dernières gouttes.
15:29Je souffle et quelques larmes
15:31coulent sur ma joue.
15:33Là, c'est vrai qu'on s'est mis tous les deux à...
15:35Ça, c'est un truc
15:37qu'on n'en a jamais vraiment trop parlé,
15:39mais il y a une sorte de dépression
15:41commune et séparée.
15:43Moi, de mon côté, et toi du tien.
15:45C'était curieux, c'est bizarre.
15:47On pensait que tout allait...
15:49qu'une fois que tout serait arrêté,
15:51que ça allait être le retour
15:53de la joie.
15:55Surtout qu'on allait souffler,
15:57que ce serait le bonheur absolu, etc.
15:59C'était une sorte de dépression,
16:01et l'un et l'autre, et ensemble.
16:03Tu te souviens de ça ?
16:05C'était pas une sorte de dépression,
16:07mais je pense que c'était un épuisement.
16:09Parce qu'on a tenu comme tu disais.
16:11Tu étais sur ton ring pendant 9 mois,
16:13et moi, je portais tout mon côté
16:15pendant 9 mois.
16:17Une fois que ça s'est arrêté,
16:19après, on était épuisés.
16:21Je pense qu'il y avait une sorte
16:23de relâchement général.
16:25Et puis, la prise de conscience
16:27a fallu traiter par des séances
16:29de psychothérapie, etc.
16:31Mais sur le moment, ça a été difficile
16:33à digérer, en fait.
16:35Il fallait digérer tout ça,
16:37et la digestion était très dure.
16:39Chaîne de vie.
16:41Je me suis dit qu'il fallait le prendre
16:43en photo avant de quitter
16:45Madame-Andy pour vivre à Paris.
16:47Mon bonhomme de chaîne.
16:49La photo du départ.
16:51Merci d'avoir été là, mon vieux.
16:53Mais maintenant,
16:55je ne peux plus.
17:11Chaîne de vie.
17:13Levé tôt.
17:15Un café sur le pouce.
17:17Ça fait plus d'un an que ça ne m'est pas arrivé.
17:19Comme je suis heureux de pouvoir l'écrire à nouveau.
17:21Aujourd'hui, je reprends mon métier de réalisateur.
17:23Je repars en tournage.
17:43Chaîne de vie.
17:45J'avais pensé à quelques vannes, mais pas celle-ci.
17:47Suspicion de récidive.
17:49Voilà ce qui est écrit en conclusion du scanner.
17:53C'est pas du tout celui que je pouvais jeter à fond.
17:57C'est lui un calibre le plus important
17:59que j'ai vu dans cette ciné.
18:13Cette séance de cébété,
18:15une opération après...
18:17La totale qui revient
18:19et qui est ressurgi
18:21ça faisait à peine six mois qu'on, après la première session, la phase de dépression et
18:26bon un été à peu près cool on va dire, on a eu à peu près six mois tranquilles pendant lesquels
18:32on a déménagé, on a bossé, on vit quand même bien danse, encore une fois bien intense et là je
18:38me suis dit mais en fait je vais pas y arriver quoi, c'est pas possible. Le moral il est dans
18:42mes chaussettes parce que là tu dis merde tout ce qu'on a fait avant ça servait à rien, ça
18:46recommence, j'ai fait tout ça pour rien, enfin je me suis dit je peux pas revivre ça une deuxième
18:52fois, c'est pas possible quoi, là c'est direct c'est moi qui vais tomber malade quoi.
18:56Tu peux pas aller en Chine sans bouton. Bon courage mon chéri, bon courage. A tout à l'heure mon coeur. Bisous.
19:13Chaîne de vie, l'attente, la peur, le vide, le trop de trop, c'est impossible à répondre à tout ce trop,
19:30le trop n'est jamais fatigué, il a une sacrée santé, alors il épuise l'autre, celle qui assiste,
19:39celle qui est là, attentive mais impuissante, c'est un sacré chemin de croix que d'être
19:47spectatrice chaque jour de ce trop là, il faudrait avoir la vocation, celle de la nonne ou de
19:55l'infirmière, être dans le sacrifice, l'abnégation, de quel droit demander ça ? Du coup on ne se parle
20:07pas trop. C'était l'une des choses les plus dures en fait de nos disputes à ce moment là quoi pour moi,
20:26parce que tu avais assuré effectivement, tu avais tout porté et moi je m'étais concentré pour me
20:31battre sur la maladie et là fallait que je me batte sur la maladie et de plus me porter la
20:36demi-charge qui me revenait. C'est pas ce que je t'ai demandé, je t'ai demandé de chercher de l'aide
20:40ailleurs et pas compter que sur moi. C'est là où la vie de couple, il faut que chacun puisse vivre de
20:46son côté tout en étant ensemble sans que ça explose, c'est là le défi à mon avis de ce
20:50truc là, c'est d'accepter ça. Ça n'a pas été simple mais bon on a fini par, à force de discuter,
21:00c'est toujours la clé, la communication, comprendre tout ça et se le dire et avancer,
21:05mais au final on a réussi. On peut en goûter une ? Super bon ! Alors ? Pour une première c'est pas mal
21:21et c'est assez sucré ou pas ? Je pense pas que t'aimes le sucre à 100%. Et t'as le droit ou pas de manger ça ?
21:30Le sucre c'est pas bon en préventif, pour éviter d'avoir le cancer il faut même pas manger du sucre,
21:35donc faut faire gaffe, mais quand t'es là et que t'es en curatif, en pleine cure de soins, il faut
21:41qu'effectivement ça peut nourrir les cellules cancéreuses, mais s'il y en a, s'il en reste, mais ça nourrit aussi le
21:45coeur, les muscles, les cerveaux, sans faire l'excès bien évidemment, mais j'en ai besoin pour
21:55affronter l'épreuve de l'opération. Boîte ? Ouais, ça va, c'est pas parce que t'es malade qu'ils font te parler comme ça, c'est bon.
22:03Bon, pas trop de sucre quand même, parce que t'as besoin de l'éclairage. Moi je suis contente d'avoir réussi ça, dis donc.
22:16Tu vois, c'est un peu avec notre rythme de pré-recrété, avec la maladie, on se transforme
22:24un peu, on se prépare à être grand-mère, tu vas faire des pâtes de fruits, c'est ça ? C'est pas bon, c'est pas flou.
22:32Ça me fait vraiment penser à ça, grand-mère. C'est plaisir aussi, même.
22:39Bon, bien fermé la boîte. Je rentre. Tu veux aller se coucher ?
22:51Il est 10h30 ? Ouais, c'est l'heure, là. Il est 10h25. Oh là là, on fait des excès, la chaîne.
23:21On voit beaucoup moins de gens, on sort beaucoup moins. C'est difficile de passer d'un rythme de vie très intense à un rythme de vie très calme.
23:44C'est pas évident quand c'est imposé par un truc extérieur comme ça, qui est la maladie.
23:50C'est pas évident, faut s'y habituer, quoi. Je commence à m'y habituer, mais c'est pas facile. C'est pas forcément un choix.
23:59Tu crois que la maladie, c'est pas ton choix ?
24:03Bien sûr que non, ni pour toi ni pour moi, mais ce que je veux dire, c'est que le fait, elle s'impose à l'entourage alors qu'on n'est pas concerné, vraiment. On n'est pas malade.
24:17Tu vois le truc, ou pas ? Je vois le truc, bien sûr que je vois le truc.
24:21Tu comprends ce que je veux dire, ou pas ? Ouais.
24:25Ça veut dire que tu n'es pas malade toi-même et que tu vis comme si tu l'étais quand même un peu, parce qu'il y a plein de choses que tu fais plus, que tu fais moins.
24:41On ne peut pas partir en vacances, on ne peut pas aller en voyage, partir en voyage loin, on ne peut pas faire une semaine sur deux, tu n'es pas en état de sortir, de faire la fête.
24:57Voilà, il y a beaucoup de rendez-vous médicaux, il y a beaucoup de tout ça, donc c'est pas comme avant, quoi.
25:12C'est quelque chose d'intrusif, quand même. Même si on n'est pas malade. Et en plus, c'est pas un truc très cool, quoi. Quand même, les traitements, ils ne sont pas cools, quoi.
25:27Je te le confie, hein. Mais est-ce qu'il ne faut pas vivre entre chaque instant ? Est-ce qu'il ne faut pas profiter de chaque instant, chaque moment qui passe, entre des trucs qui font en sorte de savourer ?
25:43Bien sûr. Mais peut-être que c'est plus facile pour la personne qui est malade que pour l'entourage, justement, ça.
25:51Moi, je vais bien donner ma place.
25:53Non, pas moi, pas la mienne. Je ne prendrai pas ta place, c'est sûr. Pour rien au monde. Mais en tout cas, je pense que le fait que toi, tu sois malade, te fait savourer la vie peut-être plus intensément,
26:08parce que tu l'es. Ça te met un peu au pied du mur. Donc, il y a ce côté de bénéfice secondaire lié à la maladie. L'entourage, on n'a pas ça, parce qu'on n'est pas au pied du mur.
26:27Donc, c'est peut-être moins évident, en fait, de savourer la vie. Je ne sais pas.
26:39Chaîne de vie. J'ai eu besoin de me retrouver dans la solitude du chêne. Lui et moi réunis, après des mois d'absence. J'avais peur de revenir. Peur des souvenirs, de ces longs mois de maladie.
26:52Aujourd'hui, c'est plus simple. La maladie ayant pointé à nouveau le bout de son nez, je n'éprouve plus, évidemment, l'angoisse qu'elle revienne.
27:09Il y a des jours où l'on irait bien hurler dans un bois toute la colère et les ras-le-bol accumulés. Tous les « ça suffit », les « ça fait chier ».
27:24Devenir vulgaire, tout envoyer balader. Il faut supporter ça, je vous jure. Il faut être capable de le supporter. Alors je me laisse glisser, en attendant que tout cela passe, en me persuadant que tout cela va bien finir par passer.
27:54Et ça, dans mon sac.
28:10Tu l'as fait ?
28:12Ouais.
28:25C'est pour développer la capacité respiratoire après l'opération.
28:33Heureusement que tu as fait de la clarinette avant.
28:36On va en essayer quand même.
28:38Il y a toujours un sens caché au jour le jour.
28:42Ça c'est bon, tout est prêt. Il n'y a plus qu'à les faire opérer.
28:49Allez, d'accord, un critère. A la pitié.
28:59Ça va aller, t'inquiète.
29:07Chaîne de vie.
29:08Saint-Marcel.
29:10Ce matin, je suis le bloc. C'est ainsi que l'on parle de moi.
29:14Saint-Marcel.
29:16Parce qu'à mon étage, c'est moi le premier qui file au bloc opératoire.
29:20Alors pour tout le monde, je suis le bloc.
29:23Il est réveillé le bloc ? Oui, oui, oui, bien sûr.
29:27Dehors, le soleil brille. Je prendrais bien un double expresso et deux croissants.
29:31Au loin j'entends, allez, au bloc le bloc.
29:34Tout le monde se marre.
29:36C'est vrai, c'est rigolo.
29:38C'est vrai, c'est rigolo.
30:09Et puis là, il y a la petite cuisine.
30:12Les placards en bois.
30:16Il y a une belle hauteur sur le plafond, quand même.
30:19On n'en fait pas grand-chose.
30:24Et t'aimes bien ?
30:27Écoute, je trouve ça admirable de passer sept jours ici sans péter les plombs.
30:33C'est quand même pas un rêve.
30:35C'est quand même pas un rêve.
30:37J'ai la chance d'avoir un peu de ciel bleu.
30:46Ça a l'air d'aller quand même, non ? Ouais.
30:53C'est magique.
30:55C'est magique, quand même, quand tu...
30:58Aujourd'hui, c'est une journée où c'est...
31:00C'est une sensation absolument unique et délicieuse.
31:03Quoi ?
31:04Quand tu te réveilles le matin, tu te réveilles, t'as pas de douleur.
31:08Et tu te sens bien, t'es de bonne humeur.
31:11T'as un rire dans la tête.
31:17C'est bon.
31:19En plus, t'as gagné des belles chaussettes.
31:22Je les ai ramenées à la maison, celles-ci.
31:24Ces belles chaussettes.
31:26Souvenir.
31:33C'est l'heure.
32:33Que la personne qui te filme, arrête.
32:35Je vais te filmer.
32:36Vas-y, vas-y.
32:37Essaie, essaie, essaie.
32:39Vas-y.
32:45Attends.
32:46Mon téléphone.
32:47Je te double.
32:49Je te double, je te double, je te double.
32:54Jamais.
32:55Si.
32:58Je te double, je te double, je te double.
33:01Si.
33:14Arrête.
33:15Vas-y, tu joues plus jamais.
33:1716-8, encore moins.
33:31Je te double, je te double, je te double.
33:56Chaine de vie.
33:57Bienvenue.
33:58Salut mon grand.
33:59Sébastien, je l'ai rencontré en chimio.
34:00Comment tu vas ?
34:01Bien et toi ?
34:02Tout de suite on a discuté.
34:04De tout, de rien.
34:06Quatre étages après une chimio ?
34:08Il est fort.
34:09De nos maladies, de nos vies.
34:11Sans s'arrêter.
34:12Et puis sa séance s'est terminée.
34:14Pas la mienne.
34:15Il s'en foutait, on était bien.
34:17Alors il est resté.
34:19Et on a continué à discuter.
34:21Jusqu'à la fin de la journée.
34:23Vous allez bien ?
34:24En se quittant, on s'est promis qu'on se reverrait.
34:27Ça va toi ?
34:28La première coloscopie disponible, c'était au Trocadéro.
34:32Clinique privée du Trocadéro.
34:34Super.
34:35Donc je suis allé là.
34:36Et puis le docteur s'est rendu compte de ça.
34:39Il t'a appelé ?
34:40Il m'a appelé le soir.
34:41Comme toi, par téléphone ?
34:43Par téléphone.
34:44En fait, vous avez un cancer.
34:46Oui, c'est quand même vrai.
34:47T'avais une tumeur, c'est ça qui s'est produit ?
34:49J'avais une grosse tumeur au niveau du colon.
34:51Colon, foie, et après c'est remonté au poumon par la suite.
34:56On s'est partagé le traitement, entre guillemets.
34:59Je lui ai dit, tu prends un côté médical, je ne peux pas le faire à ta place.
35:02Moi, je prends le stress.
35:03Je prends tout le stress.
35:04C'est vrai ?
35:05Oui, ça s'est fait comme ça.
35:06C'était marrant.
35:07Je viens de stresser.
35:09C'est quand même une grande lessiveuse, tout ça.
35:11Avec les hauts, les bas, les bonnes annonces, les mauvaises annonces.
35:16Emotionnellement, c'est extrêmement intense et dur.
35:19Enfin, intense.
35:20Intense.
35:21Intense.
35:22Et quand ça s'arrête, tout d'un coup...
35:25Et quand le truc retombe, c'est mon analyse à moi,
35:27c'est que tout peut paraître un peu fan.
35:29Tu sais, t'as un truc comme ça...
35:31C'est tellement intense.
35:33C'est tellement intense de se battre pour ce truc-là
35:37que finalement, tout est un peu...
35:39Tout t'emmerde.
35:42Après, peut-être par rapport à...
35:45Je ne sais pas, mais c'est vrai que ça m'émane.
35:47On n'a jamais...
35:49En fait, le cancer n'a jamais eu une place prédominante dans la vie.
35:53Tu vois ?
35:54On ne l'a jamais traité avec la priorité...
35:57Enfin, une priorité.
35:58En fait, ça a toujours été secondaire.
36:00Enfin, secondaire.
36:01Comment dire ?
36:02C'est difficile à exprimer.
36:03Mais disons que la maladie n'avait pas sa place à la maison.
36:06Point.
36:07Globalement.
36:08Donc en fait, même Seb, quand il avait des traitements à prendre,
36:12tout est dans des placards.
36:13Jamais rien d'affiché.
36:14Je ne voulais pas que la maison devienne un hôpital secondaire,
36:17je ne voulais pas que ça devienne un hôpital de traitement.
36:19Ça, c'était une très bonne chose.
36:20Parce qu'en fait, même quand j'étais tout seul,
36:22je ne voyais pas de médicaments.
36:23Ce n'est pas caché pour une question d'esthétique,
36:25c'était juste pour dire qu'on ne vit pas dans un hôpital.
36:27Voilà.
36:28Et donc, d'un coup, à force de faire ça et de traiter le sujet comme ça,
36:31en fait, on ne l'a jamais considéré comme étant un sujet...
36:34C'était bien entendu une priorité, puisqu'il était en arrêt et qu'il devait être traité,
36:38mais comme ça, j'ai toujours interagi avec lui,
36:40pas comme avec un malade.
36:41Je le forçais.
36:42Enfin, on allait faire des cours, on marchait le dimanche matin.
36:46On y allait à son rythme, mais on y allait quand même ensemble.
36:50Donc, d'un coup, la maladie n'a pas eu tellement de place.
36:52Donc, quand elle est partie ou quand on nous a dit que c'était fini,
36:55elle n'avait pas plus de place qu'avant.
36:58On a juste mis les boîtes à la poubelle, c'était réglé.
37:00Mais c'était pire.
37:01Alors après, ce qui est vrai, c'est qu'il y a des gens que ça rapproche,
37:03il y a des gens que ça sépare.
37:05Nous, ça nous a vachement rapprochés, c'est sûr.
37:08On est hyper assoudés.
37:10On s'entend hyper bien et en fait, d'un coup...
37:14On se comprend aussi super bien.
37:15On se comprend et puis on a vraiment besoin de l'un de l'autre.
37:18En fait, ça nous a donné une espèce de...
37:20De fusion.
37:22Oui, peut-être quelque chose comme ça.
37:24Où vraiment, l'un et la biquille d'eux.
37:27Après, ça a eu des impacts aussi.
37:29Parce que, d'un coup, moi je suis pas allée avant.
37:31J'aurais bien aimé l'être...
37:34Au moment où on pensait que ça pouvait arriver, il est tombé malade.
37:37Malgré tout, il s'est passé trois ans.
37:39Trois ans à mon âge, c'est trois ans trop.
37:41Ou pas, enfin on ne sait pas.
37:43Mais d'un coup, ça reste un projet.
37:45Un projet, mais bon, c'est un projet qui est un peu compliqué.
38:08Chaîne de vie.
38:10Je ne sais pas si elle reviendra.
38:13Je sais désormais que pendant un été,
38:15elle s'en est allée.
38:17Loin.
38:18Presque oubliée.
38:20Le plus bel été du monde.
38:29Fleurs des champs.
38:30Ce sont les vinaigrets.
38:32Les vinaigrets.
38:33Le tri aux fleurs.
38:34Ces fruits de saison.
38:35Saison.
38:36C'est vous qui achantez ?
38:37En fait.
38:38Son saumon mariné.
38:39Ses crevettes en folie à la coco.
38:44A table.
38:45A table les amis.
38:46Mathieu.
38:48Le pauvre.
38:50Je regarde toutes tes recettes pour voir si elles sont pareilles ou pas.
38:52Tu choisis.
38:59Je ne sais pas si tu t'en rends compte,
39:01mais je pense qu'il y avait très peu de gens qui avaient de l'espoir autour de toi.
39:05Je ne l'ai pas vécu comme ça.
39:06Je ne pouvais pas le vivre comme ça à l'époque.
39:08Toi, tu ne le vivais pas comme ça.
39:09Moi, j'étais plein d'optimisme.
39:12Je me souviens, la première fois qu'on s'est revus,
39:14je m'étais préparé à être positif pour toi.
39:18Je m'attendais à ce que tu ne le sois pas forcément.
39:20D'accord.
39:21Je me suis dit, allez, sois fort.
39:26Et en fait, c'est étonnant parce que tu m'as accueilli.
39:29Tu me disais que je faisais le con.
39:30Oui, tu étais super bien.
39:33Et en fait, c'est moi qui, du coup,
39:35j'ai mis quelques heures à essayer de comprendre ce qui se passait,
39:41pourquoi tu étais bien, pourquoi moi, je n'étais pas bien.
39:45Et je me suis fait que ça a été un peu dur.
39:48Je me suis dit, OK, il a choisi de le vivre comme ça,
39:51donc on va le vivre comme ça.
39:53Et on va en faire un truc dont on va tous se sortir.
39:59Et on s'en est sortis.
40:02Cette fois, tu avais raison.
40:04Là, on est bien.
40:05Mais en fait, Nico, il est en rémission.
40:07Tu sais, la rémission, ce n'est pas la guérison.
40:09Ce n'est pas la même chose.
40:11Donc la rémission, ça veut dire que tu as toujours une épée de Damoclès
40:14au-dessus de la tête.
40:16Et donc, tous les trois mois, il y a des contrôles à l'hôpital et tout,
40:20qui font qu'il y a toujours une incertitude, une angoisse,
40:24il y a toujours une incertitude, une angoisse de la suite.
40:28Donc, il a beau être vachement bien et détendu,
40:31il y a toujours quand même, dans ton inconscient,
40:34cette petite alerte qui te dit,
40:36ouais, peut-être que ça ne va pas durer, en fait.
40:42Donc, moi, ce que je souhaite le plus,
40:44c'est qu'il ait au moins un an de répit.
40:48Un an de répit, ça va lui permettre de se remettre.
40:50S'il y a des nouveaux traitements, il pourra les supporter.
40:52Enfin, moi, je raisonne comme ça.
40:54Mon moteur, c'est juste faire en sorte qu'il se sente bien,
40:57qu'il soit le moins mal possible dans cette situation.
41:01Et c'est quoi la solution, du coup, pour te soulager ?
41:05Bah oui, c'est avoir des moments comme ça,
41:07où on retrouve de la légèreté, de l'insouciance.
41:10Parce que c'est très fugace, tu vois.
41:11Après, on va replonger dans notre vie parisienne,
41:14avec tous ces contrôles à l'hôpital.
41:17La maladie, elle sera encore présente, même si ça va mieux, là.
41:20Il y a toujours quand même ce...
41:22Le cancer, dans la relation de couple et dans les familles,
41:25c'est comme un tiers qui pose ses valises, tu vois.
41:27Le cancer, il est là, il s'impose,
41:30et tu peux pas l'expulser, il est là, quoi.
41:35Il y a peut-être ça aussi qui peut être difficile à vivre.
41:40D'être celui qui amène la maladie dans le couple, dans la famille.
41:45Ouais, celui qui amène le truc,
41:46qui fait changer la vie de famille, en fait, tu vois.
41:48Ouais, mais c'est comme si t'étais responsable de quelque chose, en fait.
41:51Alors qu'effectivement, la maladie, tu l'as pas cherchée.
41:55Ça, ça fait partie des choses difficiles aussi,
41:57notamment dans la récidive.
41:58Parce que Céline, tu sais, on en a parlé,
42:01ça a été difficile pour elle que la maladie revienne.
42:03Pour moi aussi, mais pour elle...
42:05J'allais dire, parce que pour elle, encore plus que pour moi, quoi.
42:08Si on s'aimait pas très fort, on serait plus ensemble,
42:11parce que ça met vraiment à l'épreuve la relation de couple.
42:15Comment dire ?
42:16Comment expliquer ça ?
42:17C'est que, tu vois...
42:20Imagine que tout d'un coup, ton mec, il a 50 ans,
42:23et par un moment, il en a 70.
42:25Parce qu'il peut plus rien faire, il est trop crevé,
42:29il est épuisé par les traitements,
42:32il se couche à 20h,
42:35le week-end...
42:36Enfin, semaine, week-end compris,
42:38tu fais plus rien, tu peux plus sortir...
42:41Ensemble.
42:42Moi, je peux toujours,
42:43mais en fait, y a plus ce truc, cette vie de couple qu'on avait avant,
42:46elle existe plus, ou elle est mise entre parenthèses
42:49pendant toutes ces périodes de traitement,
42:51ou même d'avant...
42:55d'avant examens médicaux, parce qu'il est très angoissé,
42:57donc il est pas vraiment là, il est dans son truc, tu vois...
42:59Et toi, t'as la culpabilité permanente si tu vas pas bien, non ?
43:03T'es obligée d'aller bien, non ?
43:04Et moi, je suis obligée de... Ouais.
43:06J'ai pas le droit d'être malade.
43:08J'ai pas le droit.
43:09Donc y a pas de répit, en fait, tu vois, y a jamais de moment...
43:11Donc c'est pour ça, ce week-end, c'est vraiment le moment de...
43:16de détente absolue,
43:17où on peut enfin décompresser et parler d'autre chose
43:20et se faire du bien au corps et à l'esprit, quoi.
43:23Mais...
43:24Mais c'est très rare, en fait.
43:25C'est très rare.
43:26Et surtout, moi, je trouve que ce qui est le plus dur,
43:27c'est de pas être en phase.
43:29On est plus en phase depuis très longtemps, là.
43:32C'est très égoïste et presque...
43:33J'allais dire immature, je sais pas,
43:34mais tu sais que l'autre, c'est...
43:35C'est très égoïste et presque...
43:36J'allais dire immature, je sais pas,
43:37mais tu sais que l'autre, c'est...
43:38C'est très égoïste et presque...
43:39J'allais dire immature, je sais pas,
43:40mais tu sais que l'autre, c'est...
43:41Enfin, tu sais, tu veux que...
43:42En fait, que la maladie ouvre tous les droits, en fait.
43:43Tu sais que, en gros,
43:44que tout le monde va être optimiste pour toi,
43:45parce que...
43:46parce que c'est toi qui risques ta vie, etc.
43:49Donc tu imagines que, fondamentalement,
43:51tout le monde va se mettre...
43:52va se plier en quatre pour t'apporter.
43:54Et en fait, la vie, c'est pas ça.
43:56Enfin, tu vois, chacun a sa vie.
43:57Chacun a le droit de vivre aussi
44:00ce qu'il a à vivre en fonction de son âge, tu vois.
44:04Moi, pour...
44:05Justement, pour recharger les batteries,
44:06j'ai besoin, au contraire,
44:07de légèreté, d'insouciance,
44:09de sortir, de voir du monde,
44:10voir les copines et tout.
44:12Et je culpabilise un peu,
44:13parce que lui, il est au fond de son lit,
44:15il est crevé.
44:16Ouais, tu peux pas le lâcher.
44:18Je peux pas le lâcher.
44:19Et si je le fais, c'est...
44:21T'as la culpabilité.
44:22Ouais, donc j'en profite pas.
44:24Ouais, j'en profite pas autant que...
44:26Et puis nous, on est un couple fusionnel,
44:28donc on a toujours tout fait ensemble.
44:30Quand on sort, c'est tout le temps ensemble.
44:32Enfin, on adore tout partager, tu vois, donc...
44:34Et là, moi, je peux pas partager sa maladie,
44:36fort heureusement, tu vois.
44:38Ça, c'est son truc à lui,
44:39et je peux pas en parler vraiment non plus,
44:41parce que c'est ce qu'il vit,
44:43c'est pas...
44:44Tu peux pas...
44:45C'est difficile à...
44:46C'est indicible, en fait.
44:47Ce qu'il vit, lui,
44:48et ce que je vis, moi,
44:49on n'arrive pas à le partager.
44:51C'est vraiment un truc
44:52qui nous éloigne complètement, en fait.
44:54Parce qu'on vit pas du tout la même chose.
44:56Et ça, j'ai mis du temps à l'accepter, quoi.
44:58Tu vois, mais...
44:59Et de se rendre compte que, en fait,
45:00nos deux vies deviennent pas incompatibles,
45:02mais en tout cas très différentes, en fait.
45:04Tu vois, c'est que...
45:05Je sais pas, je peux pas sortir jusqu'à 6h du matin,
45:07je vais danser, je vais en boîte,
45:08ça, c'est plus possible.
45:09Donc, faut accepter que l'autre le fasse.
45:11Et de l'autre côté,
45:12faut accepter que...
45:13Faut qu'elle accepte
45:14que son mari devienne un peu chiant.
45:16Enfin, tu vois, t'as ce truc-là,
45:17mais en fait,
45:18on n'a pas d'autre choix
45:19que d'accepter ça, quoi.
45:20Parce que je vais pas me rendre malade,
45:22et elle va pas s'empêcher de vivre non plus.
45:24Mais c'est des trucs
45:25qui sont difficiles à vivre, en fait.
45:30Parce que de pas être...
45:32C'est difficile, quoi.
45:34Si je m'accroche à tout ça,
45:35et si moi, je me bats aussi à ses côtés
45:37et que je l'aide beaucoup,
45:39c'est je pense que l'amour
45:41peut permettre aux gens
45:42vraiment de s'en sortir aussi, tu vois.
45:44Ouais.
45:45Et qu'à chaque fois, on dit
45:46ouais, le cancer,
45:47le moral est très important, etc.
45:49C'est pas...
45:51C'est pas galvaudé, c'est vrai.
45:53C'est-à-dire que si vraiment,
45:54il y a un entourage proche
45:56et beaucoup d'amour,
45:57ça porte les gens.
45:59Ça peut vraiment les aider à s'en sortir.
46:01Ça, c'est sûr.
46:02Et particulièrement
46:04pour cette maladie, j'ai l'impression, non ?
46:05Bah oui, parce que...
46:07Parce que c'est tellement dur, les traitements.
46:09C'est tellement dur.
46:10L'opération qu'il a vécue,
46:11elle est extrêmement lourde, tu vois.
46:13Donc, il faut qu'il ait envie de vivre.
46:15Et pour qu'il ait envie de vivre,
46:17le moteur de la vie, c'est quoi ?
46:18C'est l'amour, quoi.
46:19L'énergie de la vie, c'est l'amour.
46:20Donc, s'il n'y a pas...
46:22S'il n'y a pas ça, c'est plus compliqué,
46:23je pense, de guérir, quoi.
46:25Tu vois, c'est...
46:27Et donc, c'est aussi pour ça que...
46:30Je fais tout pour lui apporter ça, quoi.
46:33Et pour qu'il s'en sorte.
46:35J'espère que ça va marcher.
46:37Non, mais ça va marcher.
46:52Moi, je vis maintenant, aujourd'hui,
46:54surtout après la récidive, tu vois...
46:57Avec...
46:59Encore plus avec cette idée
47:00qu'il faut profiter de chaque instant,
47:01parce que peut-être ça reviendra et que...
47:03Voilà. Ou pas.
47:04J'en sais rien, en fait.
47:06Moi, je pense, personnellement,
47:08que c'est pas un truc comme ça.
47:10C'est une épreuve.
47:11Et que les épreuves, elles sont...
47:13Elles arrivent pas par hasard.
47:14Elles aident à grandir, aussi.
47:15Oui, oui, oui, bien sûr.
47:16En tout cas, à partir du moment
47:17où tu arrives à les dépasser,
47:19tu en ressors différent.
47:21Absolument.
47:22Alors, on dit grandi.
47:23J'en sais rien si c'est grandi,
47:24mais en tout cas différent.
47:25Et certainement avec plus de maturité,
47:27plus de...
47:28Plus d'éveil, ou des choses comme ça, oui.
47:30C'est vrai que je suis comme
47:31extrêmement mature et sage.
47:33J'ai pas l'impression, encore, tout à fait.
47:35Tu vois ?
47:36Il y a encore du chemin, je pense.
47:37Non, non.
47:38Non, non, sur ça...
47:42Il y a encore un peu de chemin,
47:43mais écoute, je serai toujours à tes côtés,
47:45sur le chemin de la sagesse.
47:50En tout cas, moi,
47:51ce que ça m'a appris, c'est d'épreuver.
47:53Et ça...
47:54Tu l'as appris quoi, là ?
47:55Ce que ça m'a apporté.
47:57Oui.
47:58Ça m'a apporté beaucoup d'emmerdes,
48:00beaucoup de fatigue.
48:02Mais il y a eu, quand même, aussi,
48:04quelque chose de bien,
48:05c'est que ça m'a donné
48:06beaucoup confiance en moi.
48:08Parce que je me suis rendu compte que,
48:09waouh, j'étais capable de faire
48:11beaucoup de choses toute seule, quand même,
48:13et de...
48:15d'être dans l'abnégation
48:17et le don de soi vraiment pur.
48:19Et ça, c'est fort.
48:21Ça donne beaucoup confiance en moi.
48:23Et ça, c'est un truc que j'avais pas du tout.
48:24J'avais très peu confiance en moi.
48:26Donc ça, ça m'a aidé à ça.
48:28Le petit merci.
48:29Non, mais c'est...
48:30Les épreuves de la vie.
48:31Mais...
48:32Profitons, quoi.
48:33Profitons de tout ça.
48:34Et puis, arrêtons de nous attendre
48:36toujours mieux ou plus.
48:37Oui, je suis d'accord.
48:38Voilà, c'est ça.
48:39Là, la leçon, c'est ça, aussi.
48:40Ouais.
48:41Toi, t'es sûr qu'il faut prouver le bonheur,
48:42c'est profiter de ce qu'on a
48:43à la base de son appareil,
48:44de ce qu'on attend.
48:45C'est clair.
48:46Ça, je suis d'accord avec toi.
48:47J'ai pas besoin de plus,
48:48parce que j'ai...
48:49J'ai pas besoin de plus.
48:50Si, avec l'électrique, peut-être.
48:53Je déconne, je déconne.
48:54Arrête pas comme ça.
48:55Je déconne.
48:56Non, mais il y avait quand même
48:57toujours une petite marge
48:58de progression, quand même.
48:59Non, non, non.
49:18Je suis bon, moi.
49:19Oui.
49:23Je t'explique.
49:24Quoi ?
49:25Non, mais tout va bien.
49:26Non, tout va bien.
49:27C'est pas ça.
49:28C'est qu'en fait,
49:29ils ont hésité à me remettre
49:30à l'hôpital.
49:31Ouais.
49:32Mais en fait,
49:33comme tout est super bien,
49:34comme les résultats sont excellents,
49:35eh bien...
49:36On va voir,
49:37si jamais ils répondent,
49:38il n'y a pas de problème.
49:39Mais du coup...
49:40Ils ont décidé quoi, alors ?
49:41Et du coup, ils ont décidé
49:42juste de faire une surveillance
49:43tous les trois mois,
49:44comme ça, le classique.
49:45Ouais.
49:46Bien pépouze, quoi, tu vois.
49:47Bien pépouze,
49:48on dirait.
49:49Bien pépouze.
49:50Et donc...
49:51Non, voilà.
49:52Et donc, les vacances,
49:53rien avant septembre.
49:54Et rien pas de...
49:55Voilà, tout est cool.
49:56C'est quoi le conseil
49:57pour que ça ne revienne pas,
49:58alors ?
49:59Le conseil,
50:00il m'a donné un conseil
50:01que je lui ai demandé.
50:02Je lui ai demandé,
50:03mais je lui ai dit
50:04qu'est-ce qu'il faisait des choses
50:05à ne pas manger
50:06ou à manger,
50:07ou à...
50:08Voilà, etc.
50:09Et alors ?
50:10Il m'a dit
50:11la seule chose qu'il faut faire.
50:12C'est trop bon.
50:13C'est vrai ?
50:14Bon.
50:15Il m'avait dit
50:16tiens, un peu moins de marge.
50:17C'est pas possible.
50:18Mais arrête,
50:19arrête, arrête.
50:20Ça va me faire chier.
50:21Ça va me délire,
50:22ça va me délire.
50:23C'est cool, quand même.
50:24Quelle bonne nouvelle.
50:25Tu m'as lecadré, là.
50:26Non, j'en vois rien.
50:27J'en vois rien,
50:28tu m'as lecadré.
50:29C'est bon ?
50:30Oui.
50:31C'est bon.
50:32C'est bon.
50:33C'est bon.
50:34C'est bon.
50:35C'est bon.
50:36C'est bon.
50:37C'est bon.
50:38C'est bon.
50:39C'est bon.
50:40C'est bon.
50:41C'est bon.
50:42C'est bon.
50:46Chaîne de vie.
50:51Cette nuit j'ai compris.
50:53J'ai compris que l'on peut vivre avec cette maladie,
50:55et très bien vivre.
50:59J'ai compris aussi qu'il faut l'accepter quand elle est là,
51:03se réjouir quand elle s'en va.
51:07J'ai compris que la vie est faite
51:09si on l'accepte.
51:12J'ai compris que la vie est faite de multiples petits bonheurs, qu'il faut apprendre à savourer.
51:22Ce matin, j'ai compris ce que la nuit m'a apporté, juste un peu plus de sérénité.
52:12Lors de l'entraînement, j'ai appris à m'occuper de mon corps.
52:17J'ai appris à m'occuper de mon corps.
52:21J'ai appris à m'occuper de mon corps.
52:25J'ai appris à m'occuper de mon corps.
52:29J'ai appris à m'occuper de mon corps.
52:33J'ai appris à m'occuper de mon corps.
52:37J'ai appris à m'occuper de mon corps.

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