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Invité prestigieux de Paris-Saclay Summit 2025 - Choose Science, Michel L’Hour a été à la tête du Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-Marines de 2006 à 2021. L'archéologue imagine à quoi pourraient ressembler les prochaines innovations en matière d’exploration sous-marine.

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Transcription
00:00L'archéologie c'est vraiment une discipline, c'est une science, c'est une vocation de développer nos connaissances d'un passé commun, celui de l'humanité.
00:06Ça n'a strictement rien à voir avec les récupérations sauvages qui peuvent s'opérer un peu partout aujourd'hui dans le monde
00:11et surtout malheureusement dans la sphère des pays qui n'ont pas les moyens de développer des systèmes de protection de leur patrimoine immergé.
00:18Il y a le monde de l'archéologie que j'ai côtoyé en presque dix mille heures de plongée, en travaillant moi-même sur des sites
00:24où j'ai des souvenirs, je ne peux même plus les trier tellement j'en ai, et puis il y a des images.
00:29Quand on passe par le sous-marin, c'est-à-dire par le robot, on arrive à très grande profondeur et là on se retrouve de plus en plus avec des sites totalement vierges.
00:37Et quand on arrive sur ces sites qui sont des espèces de cimetières géants dans la pénombre, on arrive avec nos éclairages.
00:44Et moi j'ai des images absolument extraordinaires, notamment sur un paquebot italien qui se trouve par 500 mètres de fond,
00:50qui est encore présent sur le fond, c'est un paquebot qui avait été réquisitionné pour transporter des troupes et qui a été torpillé en 1943.
00:58Et là c'est assez extraordinaire parce qu'avec nos phares, en longeant le paquebot, il y avait encore tous les grands salons,
01:05il y a tous les hublots des grands salons et on a l'impression que quelqu'un circule à l'intérieur de l'épave et qu'il nous éclaire l'épave en même temps qu'on se déplace.
01:13Alors évidemment tout ça est complètement relatif, mais ça crée des images qu'on emporte je crois pour une vie.
01:17Les archéologues sous-marins sont des humains, donc nécessairement pour leur intervention propre, c'est-à-dire in situ, avec les bouteilles sur le dos,
01:25on est très vite limité, ce sont des limites physiologiques voire psychologiques de la plongée, l'essentiel des interventions des archéologues.
01:33Sous-marins dans le monde c'est entre 0 et 40, 50, 60 mètres.
01:37Ce sont généralement les industriels ou les militaires qui, lors de leurs essais ou de leurs travaux, ont identifié des vestiges sous-marins,
01:44en ont déclaré la découverte à des archéologues qui ont eu du même coup vocation à les étudier.
01:50Et c'est dans ce contexte que les archéologues, assez tôt dans des pays comme le nôtre, la France est un pays leader
01:55dans le domaine de la recherche archéologique sous-marine, se sont efforcés de trouver des méthodes, des moyens d'approcher ces vestiges.
02:01En France, les archéologues, cent ans, ont commencé à étudier ou tenté d'étudier des épaves par grande profondeur dès le début des années 80.
02:09Quand je dis très grande profondeur, c'est au-delà de 100, 200, 300 mètres, ce sont souvent les sites archéologiques les mieux protégés.
02:15Et donc très tôt, on a essayé de se rapprocher d'abord des industriels et des militaires afin de bénéficier de leurs compétences, de la technologie qu'ils mettaient en œuvre,
02:24et puis ensuite, les archéologues, c'est mon cas, ont développé des programmes de recherche spécifiques.
02:29J'ai moi-même développé, à partir de 2007 en France, avec des partenaires roboticiens et maintenant avec des partenaires roboticiens de l'université Stanford en Californie,
02:39des systèmes de plongée, des systèmes robotisés pour développer ce que j'ai appelé l'archéologie des abysses.
02:44En réalité, le sous-marin habité, on en a utilisé nous-mêmes, moi-même j'ai utilisé les sous-marins habités,
02:50mais c'est plutôt une visite dans ces cas-là d'un site archéologique.
02:53Pour étudier un site archéologique, on a besoin de toucher, on a besoin de s'en approcher, et dans ces cas-là, plutôt que le submersible aujourd'hui,
03:00on est tourné maintenant vers les ROV, des systèmes qui peuvent être soit phyloguidés, soit éventuellement sur des AUV qui sont des systèmes autopilotés.
03:10Évidemment, nous bénéficions des compétences développées par les autres, mais il y a peu de pays qui ont développé des compétences.
03:17En France notamment, les grands chantiers de référence, l'un d'entre eux, je suis désolé de le citer comme tel,
03:23mais c'est la fouille que j'ai pu mener moi-même à Borneo.
03:26C'est une épave qui était à grande profondeur, qui avait été trouvée à l'époque par le groupe Elfe Brunei, au sultanat de Brunei, donc à Borneo,
03:33et où là, on a mis à disposition des moyens techniques, des robots, des sous-marins habités et de la plongée très high-tech.
03:42Je pense que ça, ça a été un déclic en tout cas pour la France, et du même coup pour beaucoup de pays qui se sont inspirés de ce que nous avons fait.
03:51La Lune, c'est une épave tout à fait extraordinaire.
03:53C'est un navire de la première marine de Louis XIV, un grand vaisseau de la marine, perdu en 1664 devant Toulon au retour d'une expédition sur les côtes barbaresques.
04:02Et la Lune a été découverte par un sous-marin d'ailleurs, celui d'Ifremer, le Nautil en 1993.
04:09Et là, on s'est vite rendu compte, lors de la première expertise, on s'est dit, les archéologues n'ont pas les moyens aujourd'hui d'étudier ce site,
04:14parce que c'est un site géant, magnifiquement conservé, c'est une espèce de vasa par 90 mètres de fond.
04:20Et donc, pendant des années et des années, on a cocooné le site, et on y réfléchissait en se disant, mais comment, il faudrait, il n'y a qu'à, voilà.
04:29Et donc, en 2012, moi, j'ai lancé un programme de recherche sur cette épave, et j'ai décidé que la Lune allait devenir notre chantier laboratoire,
04:36précisément pour développer, inventer, innover, construire une robotique spécifique adaptée aux besoins des archéologues sous-marins.
04:44Il est certain qu'aujourd'hui, on songe à la technologie pour assurer une protection, mais d'abord une protection contre les intrusions d'origine anthropique,
04:51c'est-à-dire les risques de pillage. Il est évident qu'on pourrait trouver aujourd'hui dans la technologie,
04:56comme chacun protège son domicile avec des systèmes d'alarme, des caméras, on peut envisager un jour de protéger nos épaves de cette manière-là.
05:04Donc ça, c'est la première chose. La deuxième, c'est que la technologie apporte, parce que les archéologues et leurs confrères, je dirais,
05:11qui travaillent dans les laboratoires de restauration et de conservation, développent sans cesse de nouvelles méthodes qui permettent de mieux conserver,
05:17de restaurer, et donc de préserver les objets que nous prélevons sur le fond, de manière à les présenter au public,
05:23parce que la légitimité, ce n'est pas pour l'archéologue d'être un peu comme Arpagon sur sa cassette, d'étudier ces objets que pour lui,
05:29c'est in fine quand même d'apporter au champ de la connaissance, d'une part, et puis de restituer au public cette part de son histoire.
05:35Pour les grandes profondeurs, c'est-à-dire sur les thématiques sur lesquelles je travaille, je pense qu'à terme, on verra apparaître des humanoïdes
05:42qui seront ce que nous essayons de mettre au point aujourd'hui, qui ne seront pas plus vraiment des robots, mais presque déjà des avatars d'archéologues sous-marins.
05:51C'est-à-dire qu'on verra à travers leurs yeux, on travaillera à travers leurs mains, on réagira.
05:55L'idée, c'est qu'un jour, on puisse travailler à très grande profondeur avec des humanoïdes sur le fond, avec le sentiment qu'on y est nous-mêmes sur le fond.
06:25Sous-titrage Société Radio-Canada

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