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  • 03/02/2025
Il s'est d'abord opposé aux idées du FN, avant de rejoindre le parti de Marine le Pen. Kévin Pfeffer fait partie des hommes de confiance de Jordan Bardella. Il siège au groupe Rassemblement national depuis 2022.

Pourquoi s'engage-t-on en politique ? Comment tombe-t-on dans le grand chaudron de l'Assemblée ?
Chaque jour, Clément Méric, dans un entretien en tête à tête de 13 minutes, interroge un parlementaire sur les personnalités, les évènements - historiques ou personnels - qui l'ont conduit à choisir la vie publique.
Car on ne naît pas politique, on le devient !

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Transcription
00:00Il s'est d'abord reposé aux idées du Front national
00:02avant de rejoindre le parti de Marine Le Pen.
00:05Mon invité fait partie des hommes de confiance de Jordan Bardella.
00:08Il siège au groupe Rassemblement national depuis 2022.
00:12Musique intrigante
00:14...
00:24Bonjour, Kevin Pfeffer.
00:25A 17 ans, ce n'est pas le Front national qui vous a tiré.
00:29Vos premières affinités politiques, si on peut dire,
00:32étaient à gauche, plus précisément pour la candidate socialiste
00:35à la présidentielle de 2007.
00:38La voulez-vous ? La victoire ?
00:41Acclamations
00:43Alors, en avant, rassemblons-nous,
00:47prenons-nous la main,
00:49aimons-nous les uns les autres,
00:51construisons ensemble,
00:55vive la République, vive la France !
00:59A quelles aspirations est-ce que Ségolène Royal
01:02a répondu chez vous, à cette époque, en 2007 ?
01:05En 2007, j'avais 17 ans, j'étais lycéen.
01:08J'étais un peu, d'ailleurs, un ovni dans mon lycée,
01:11car je m'intéressais à la campagne présidentielle,
01:14je regardais les programmes des candidats,
01:16je suivais leurs interventions.
01:18Quand on a 17 ans, quand on est lycéen,
01:20on ne pouvait qu'être séduit par la campagne de Ségolène Royal,
01:24qui parlait de l'emploi des jeunes, de démocratie participative.
01:27Tout ça, c'est des sujets qui me touchaient, à l'époque.
01:30Et le fait d'avoir une femme qui se lançait en politique,
01:34un peu seul contre tous, même au sein de son parti,
01:38ça m'avait aussi séduit.
01:40Vous étiez sympathisant,
01:42mais pas militant de désir d'avenir, comme ça a pu être écrit.
01:45J'étais sympathisant, je n'avais pas le droit de vote.
01:48Si j'avais eu le droit de vote à cette époque,
01:51j'aurais voté Ségolène Royal.
01:52Vous vous définissiez comme de gauche.
01:56Oui, je ne me suis jamais trop défini
01:58comme de droite ou de gauche,
02:00mais j'étais attiré par son discours, son programme,
02:03son projet pour la France, et je la trouvais courageuse.
02:06J'ai été séduit par sa candidature, par son discours,
02:09mais je n'ai jamais trop été dans ce clivage droite-gauche,
02:12c'est d'ailleurs ce qui m'a amené à adhérer
02:14au Front national de Marine Le Pen.
02:16Vous avez expliqué qu'à l'époque,
02:18dans votre famille, il y avait des électeurs du Front national
02:21et que vous vous opposiez à eux.
02:23Pourquoi ?
02:24Qu'est-ce que représentait le FN pour vous, à l'époque ?
02:27Les débats à la maison, avec ma maman notamment,
02:30parce que je vivais avec ma maman, étaient parfois houleux.
02:33Parce qu'elle votait Front national depuis longtemps,
02:36et moi, je ne le comprenais pas.
02:38J'étais lycéen, encore une fois.
02:40Je me souvenais aussi de la campagne de 2002,
02:43des débats, quand j'étais au collège, à ce moment,
02:46et les discussions étaient un peu tendues.
02:50Qu'est-ce qui vous dérangeait au sein de ce parti ?
02:52J'ai les clichés habituels.
02:54C'est un parti raciste.
02:56Pourquoi est-ce que tu votes pour eux ?
02:59Ils ne proposent rien, ils ne parlent que d'immigration.
03:02Voilà, c'était les clichés habituels
03:04dans lesquels on tombe quand on ne s'enseigne pas plus.
03:08Votre conversion aux idées du FN s'est faite en 2012,
03:10à l'occasion d'un meeting de Marine Le Pen à Strasbourg.
03:14Vous expliquez avoir été subjuguée par son charisme fascinant,
03:17ce sont vos mots, vous parlez de révélation.
03:19Ca peut donner l'impression
03:21que vous êtes tourné vers Marine Le Pen
03:23que vers les idées du FN ?
03:25En tout cas, l'accroche au FN, ça a été Marine Le Pen.
03:29J'ai été à ce meeting, à la demande de ma maman,
03:32qui m'avait demandé d'y aller,
03:33car j'ai été voir d'autres meetings présidentiels à Strasbourg,
03:37et elle m'a demandé d'aller aussi à celui-ci.
03:39J'y ai été avec plein d'appréhension
03:42sur le discours, sur la fréquentation de ce meeting.
03:45Quand j'y suis arrivé, j'ai vu des familles,
03:48des jeunes de mon âge,
03:50des jeunes femmes, vraiment des gens de tout âge,
03:54un public très différent.
03:56Passé cette appréhension du public, j'ai écouté son discours,
03:59j'ai été très séduit par son discours ni droite ni gauche
04:02et son discours sur l'Union européenne.
04:04Le discours de Strasbourg était centré sur ça.
04:07Ca fait quand même un virage politique à 180 degrés,
04:10passer de Ségolène Royal à Marine Le Pen.
04:12Non, mais je le vois pas comme ça.
04:15Je m'intéressais, encore une fois,
04:18à ses propositions sur l'Europe, notamment,
04:21qui, moi, me parlaient beaucoup dans une région
04:23qui a été désindustrialisée, qui a beaucoup souffert
04:26de cette mondialisation et de cette délocalisation
04:30des industries.
04:31Donc, vraiment, je me suis reconnu dans son discours
04:34et, encore une fois, je l'ai trouvé très charismatique.
04:37J'ai été détendu par l'atmosphère et les gens autour de moi.
04:40Vous avez gravi les échelons du FN 1 à 1
04:43en partant du statut de simple militant.
04:45C'est d'abord fait dans le sillage de Florian Philippot.
04:48Tout est parti d'un message posté par Florian Philippot
04:51sur Facebook.
04:53Exactement. Je suis présidentiel de 2012,
04:55je suivais Marine Le Pen dans les médias.
04:57Le très médiatique, Florian Philippot,
05:00vice-président du FN, porte-parole de sa campagne.
05:03Quelques semaines après, il a été parachuté
05:05dans ma circonscription en Moselle, à Forbac.
05:08Il a posté un message sur Facebook demandant de l'aide,
05:11un appel aux militants.
05:12J'ai eu une première occasion de m'engager sur le terrain.
05:15J'avais jamais distribué un tract ou collé une affiche.
05:18Quel était votre rôle à ses côtés ?
05:20Mon rôle, c'était de l'aider sur le terrain,
05:23d'organiser les tractages...
05:25De lui servir de chauffeur aussi, j'ai lu.
05:27Il n'avait pas de permis de conduire.
05:29Il n'avait pas de permis, donc je servais de chauffeur.
05:32Aussi, d'organiser les contacts et de donner les trucs locaux.
05:36Il n'était pas du coin, ça aidait bien d'avoir quelqu'un du cru.
05:39Vous avez appris à ses côtés ?
05:41J'ai beaucoup appris à ses côtés.
05:43Je pense qu'il a beaucoup apporté au FN, à l'époque.
05:46Il a apporté peut-être du sérieux sur le programme.
05:51Il a apporté une autre façon de faire de la politique
05:54dans les médias. Il a apporté une ouverture
05:56à un public qu'on n'avait pas avant,
05:58peut-être de jeunes diplômés qui nous ont rejoints en masse.
06:02Je pense qu'il a beaucoup apporté aux partis à l'époque.
06:05Sauf qu'en 2017, après l'échec de Marine Le Pen
06:07à la présidentielle, elle l'a poussée à la démission.
06:10Vous ne l'avez pas suivi, Florian Philippot,
06:13quand il a quitté le FN. Pourquoi ?
06:16Ca faisait plusieurs mois que j'étais en rupture avec lui,
06:19avec ses méthodes. Je voyais bien qu'il tentait
06:22de se désolidariser du parti et qu'il pensait à la suite.
06:25C'est très drôle, parce qu'il a fait une analyse,
06:28la même analyse que Marion Maréchal, à l'époque, je pense,
06:31alors qu'en interne, le moins qu'on puisse dire,
06:34c'est qu'ils n'étaient pas amis.
06:36A la suite du débat de Marine Le Pen en 2017,
06:39qui était raté, elle l'a dit elle-même,
06:43ils ont fait le pari que Marine Le Pen, c'était terminé.
06:46Je me souviens d'une phrase dans La Voiture en Moselle
06:49pendant l'éliche de 2017 où Florian Philippot me dit
06:52que Marine Le Pen, c'est terminé, elle ne se relèvera jamais
06:56de ce débat raté. Si Marine Le Pen est terminée,
06:59le FN est terminé.
07:00Il voulait tenter autre chose.
07:02Je n'étais pas d'accord sur cette analyse,
07:04car je le voyais sur le terrain, qui avait un vrai attachement,
07:08mais on le voit plus tard.
07:09En 2022, vous vous êtes retrouvé face à Florian Philippot
07:12aux législatives, dans la même circonscription.
07:15Vous l'avez battu au premier tour avant d'être élu au second.
07:18Quels sentiments avez-vous eus en affrontant
07:22celui qui avait été votre mentor, en quelque sorte ?
07:26C'était un peu navrant, parce que je pense qu'il avait sa place
07:29dans le parti, qu'il aurait pu continuer à apporter
07:32beaucoup de choses. En même temps, il m'a beaucoup appris.
07:36Je me suis engagé en 2012 pour le faire élire, lui, député,
07:39et dix ans plus tard, en 2022, je me retrouve face à lui,
07:42et c'est moi qui suis élu député.
07:44C'est l'élève qui a dépassé le maître ?
07:46Après, il était brillant dans bien des domaines,
07:49et je n'ai pas la prétention de dire que je suis autant que lui,
07:52mais oui, en quelque sorte, sur la manière de faire
07:55de la politique et une campagne locale,
07:57j'ai peut-être dépassé le maître.
07:59Après le départ de Florian Philippot,
08:01votre ascension au sein du RN semble être liée
08:04à ce que Jordan Bardella,
08:06parce qu'à peine élu président du RN,
08:08il vous a nommé trésorier du parti,
08:10plus récemment, vice-président de la commission
08:13qui est chargée de réaliser le casting des candidats du RN
08:16aux prochaines législatives,
08:17et ça, c'est quelque chose de stratégique.
08:20Il vous fait confiance, Jordan Bardella.
08:22Comment s'est nouée votre relation politique avec lui ?
08:25Assez tôt, parce que lui aussi
08:28gravitait un peu autour de ses jeunes diplômés
08:33ou qui arrivait un peu de tous les horizons
08:35qui avaient rejoint le Front national
08:37au moment de Florian Philippot.
08:39On se côtoyait à cette époque,
08:41il avait lancé un collectif banlieue patriote.
08:43J'ai aidé Florian Philippot à lancer ces collectifs,
08:46j'avais rencontré Jordan à cette occasion.
08:49Plus tard, c'est en 2019, quand je travaillais au siège
08:52du, encore, Front national, après la présidentielle de 2017,
08:55et on a travaillé dans le même bureau
08:57pendant plusieurs mois,
08:59et ensuite, j'ai été nommé co-directeur
09:01de sa campagne des Européennes de 2019.
09:03On a passé beaucoup de temps ensemble,
09:05dans le même bureau,
09:06je l'accompagnais sur les médias,
09:08donc ça rapproche, ça crée des liens.
09:10J'ai lu que Jordan Bardella n'a fait lire les épreuves de son livre
09:14qu'à quatre personnes avant sa sortie.
09:16Il y a ses deux meilleurs amis, un proche collaborateur,
09:19et vous, même pas Marine Le Pen, si j'ai bien lu.
09:22Qu'est-ce qui vous a valu ce geste-là ?
09:24Comment vous l'expliquez ?
09:25Je pense que c'est la confiance qu'il m'accorde.
09:30Mais c'est pas forcément connu des journalistes
09:32ou du grand public.
09:33Là, vous êtes vraiment très proche de lui
09:36pour qu'il ait eu ce geste-là.
09:38Peut-être parce que je suis quelqu'un d'assez discret,
09:41je me vente pas de cette proximité,
09:43ni avec Marine Le Pen ni avec Jordan Bardella.
09:45Je suis là quand on a besoin de moi,
09:48de façon très modeste, avec mes compétences.
09:50Du coup, vous lui avez...
09:52Je pense que j'ai prouvé que je pouvais être quelqu'un
09:55de confiance parce que je n'ai jamais parlé
09:57à des journalistes en off de choses qu'on aurait pu me confier.
10:00Voilà, tout ce qu'il m'est dit.
10:02Vous ne me direz pas si vous lui avez conseillé
10:05de changer certains passages de son livre ?
10:07Non, mais je peux vous dire que j'ai pas apporté grand-chose.
10:11Il y avait peut-être quelques petites incohérences
10:14au niveau du temps, des actions,
10:16mais c'était très bien.
10:17J'ai pas eu beaucoup de remarques à faire.
10:20Il vous a donc confié la fonction stratégique de trésorier.
10:23C'est stratégique, mais c'est aussi très exposé.
10:27Vous avez réfléchi à ça, avant d'accepter le...
10:29J'ai réfléchi à ça. En fait, c'est Marine Le Pen,
10:32qui, un an avant la présidence de Jean-Luc Mélenchon,
10:35m'est nommé trésorier national.
10:37Oui, oui, c'est un risque,
10:39c'est un poste qui est exposé.
10:41On prend beaucoup de risques,
10:43on signe beaucoup de documents toutes les semaines,
10:46on gère de l'argent public,
10:48donc on est astreint à beaucoup d'obligations,
10:51beaucoup de contrôles.
10:52C'est un risque que peu de gens accepteraient de faire,
10:56beaucoup de gens me demandent pourquoi j'ai accepté ça.
10:59Mais moi, j'y vois là une façon d'être utile au mouvement.
11:02De cette façon, j'apporte certaines compétences
11:05et je me sens utile pour le mouvement.
11:07On voit l'émission stratégique qu'on vous a confiée
11:10et on vous voit peu dans les médias.
11:12Pourquoi ? Vous aimez pas ça ?
11:14Non, je pense qu'on peut pas tout faire.
11:17Je suis député, je suis engagé localement,
11:19je suis conseiller municipal de ma commune à Stira-Vendel.
11:22Je suis trésorier national,
11:24un job à temps complet, ça me prend beaucoup de temps.
11:27On va pas dans une émission les mains dans les poches,
11:30ça se prépare, c'est plusieurs heures de préparation
11:33sur l'actualité, sur les thèmes.
11:35J'ai pas le temps de le faire et d'autres collègues
11:38de mon groupe font ça de façon brillante,
11:40donc j'ai aucune raison d'y aller moi aussi.
11:42On va conclure l'émission par notre petit quiz.
11:45Je vous propose des débuts de phrases
11:47que vous allez devoir compléter.
11:49Contrairement à Marine Le Pen, Jordan Bardella...
11:53Jordan Bardella aime bien aller faire des dîners à Paris.
11:58Voilà, faire des dîners à Paris.
12:00Marine Le Pen aime pas ça ?
12:01Non, elle aime pas ça, elle n'aime pas les dîners.
12:04Elle aime bien être chez elle le soir.
12:06Être le premier Kevin élu à l'Assemblée.
12:09Vous êtes deux, pour être exact.
12:12Oui, c'était déjà un sujet en 2017,
12:16quand j'avais fait Y a-t-il eu en 2017.
12:19C'est vrai que c'est une première
12:20parce qu'en fait, Kevin, c'est un marqueur social
12:23dans la société française et moi, je m'en réjouis
12:26parce que ça montre que l'Assemblée est ouverte à tout le monde,
12:29quelles que soient nos origines, nos origines sociales, surtout.
12:33Enfin, la quiche Lorraine des boulangeries parisiennes.
12:36Ca va.
12:37Ca va, c'est correct ?
12:39Ca va, c'est correct.
12:40Il manque un petit ingrédient en plus ?
12:42Il manque le savoir-faire de nos mamans, voilà, mais ça va.
12:48Merci, Kevin Pfeffer, d'être venu dans La Politique et moi.
12:51Merci à vous.

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