Retrouvez le replay du nouveau documentaire de l'Équipe Enquête intitulé "Rugby : la maison brûle" du 03/02/2025.
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00:00:00Plus une semaine ne passe sans qu'une nouvelle affaire éclate.
00:00:26Après de longues années d'Omerta, les travers du milieu du rugby apparaissent au grand jour de manière spectaculaire.
00:00:33Consommation d'alcool extravagante, addiction à la drogue, aux antidouleurs, comportement agressif, violence conjugale, racisme,
00:00:42le milieu du rugby est touché par d'innombrables excès.
00:00:45La croissance économique brutale de ce sport a également soumis les joueurs à une pression nouvelle.
00:00:51Des gladiateurs d'un autre temps qui souffrent de plus en plus, physiquement et psychologiquement.
00:00:57Dans son nouveau numéro, l'équipe enquête s'est plongée dans un monde qui semble parfois à la dérive.
00:01:02Rugby, la maison brûle, c'est un documentaire de Julien Rosa et moi-même.
00:01:07Le montage est signé Cyril Viard et Benoît Chevalier.
00:01:11Cette rupture rugby-mystique du troisième état, c'est pour se recongratuler, c'est pour se démonter.
00:01:28Aujourd'hui, c'est la flotte, c'est la drogue.
00:01:33Si c'était pas parti, je pense qu'il pourrait fracasser la tête.
00:01:40La fête, l'alcool, les filles et puis parfois les nuits qui dérapent.
00:01:47Le rugby a bénéficié de l'indulgence générale durant d'innombrables années.
00:01:52Que s'est-il passé à bord du vol Cardiff-Brive pour que la compagnie aérienne parle aujourd'hui de 300 000 francs de dégâts ?
00:02:02Autorités politiques, policières, dirigeants influents, journalistes.
00:02:08Longtemps, il fut impensable de dégrader l'image d'un sport que l'on aimait définir comme un jeu de voyous, pratiqué par des gentlemen.
00:02:16Celui qui n'a jamais pêché nous jette la première bière.
00:02:24Les affaires étaient minimisées, parfois étouffées.
00:02:28Lorsqu'elles éclataient publiquement, elles étaient souvent dramatiques.
00:02:32La tournée de l'équipe de France de rugby en Australie s'achève sur un drame.
00:02:36Le pilier Dominique Bouet a été retrouvé mort la nuit dernière dans sa chambre d'hôtel.
00:02:40Il est mort asphyxié, étouffé par ses propres vomissements.
00:02:44Les problèmes ont toujours existé, mais dans une société qui semble avoir évolué trop vite pour lui,
00:02:50le monde du rugby traverse désormais une tempête qui le bouleverse et le dépasse.
00:02:57Bagarre, violence conjugale, racisme.
00:03:02C'est toujours le premier rabot que j'ai rencontré.
00:03:04Enfin, si je suis en route, je lui mets un coup de casque.
00:03:07Addiction à l'alcool, à la drogue, comportement toxique, les scandales se multiplient.
00:03:13La loi du silence prévaut encore, mais des plaintes sont désormais déposées et les tribunaux convoqués.
00:03:20A travers quelques témoignages édifiants...
00:03:23J'étais dans la voiture à côté et enceinte.
00:03:25On me sort par les cheveux, grand classique.
00:03:27On me déplaçait comme ça en fait.
00:03:29Nous allons vous révéler la part d'ombre du rugby français.
00:03:34Dans un sport où les enjeux financiers sont devenus incompatibles avec certains codes du passé,
00:03:39de nombreux rugbymen sont aussi confrontés à un mal-être profond et mal pris en charge.
00:03:47Je sais très bien que si vraiment les langues se déguisent, ça va forcément être la boucle du nez.
00:03:52La situation semble hors de contrôle.
00:03:54La première étape de notre enquête nous a menés dans une région éloignée des terres traditionnelles du rugby.
00:04:24C'est à Vannes, en Bretagne, que nous nous sommes rendus pour remonter le fil d'une soirée d'après-match qui a totalement dérapé au printemps dernier.
00:04:3931 mai 2024 au stade de la Rabine.
00:04:43Au terme d'un match intense et indécis, Vannes se qualifie pour la finale de Pro D2.
00:04:49Sur le terrain, l'atmosphère électrique peine à retomber.
00:04:54Pour les joueurs de Béziers, la saison est terminée. La troisième mi-temps va bientôt débuter.
00:05:19Après avoir effectué la tournée des bars et des boîtes de nuit de la ville, un groupe d'une douzaine de joueurs rentre à son hôtel.
00:05:27Il est 6 heures du matin, ils ont déjà beaucoup bu, mais personne ne compte aller se coucher.
00:05:35Habitué à accueillir des équipes de rugby, le directeur de l'établissement où séjournait le club Biterroi a souhaité conserver l'anonymat pour nous raconter la suite des événements
00:05:45qui ont conduit son épouse à porter plainte contre un joueur pour menace de mort.
00:05:52L'établissement n'ouvrait ce matin-là qu'à 7 heures, donc moi j'étais présent à côté, mais j'ai rien entendu.
00:05:59Comme ils ont trouvé porte close, ils ont cherché une porte pour entrer dans le bar, puisqu'ils voulaient accéder au bar.
00:06:05Donc ils sont passés par la porte de derrière, en la forçant.
00:06:09C'est cette porte-là ?
00:06:10C'est cette porte-là, tout à fait.
00:06:12On ne sait pas qui a forcé la porte, mais la porte a été arrachée, tous les gonds ici ont été arrachés.
00:06:19Il faut y aller quand même ?
00:06:20Oui, il faut y aller, c'est une porte qui est sécurisée, donc effectivement il faut y aller.
00:06:25Et alors du coup ils sont rentrés par là ?
00:06:26Ils sont rentrés quelques mètres plus loin, ils avaient accès à toute la partie accueil.
00:06:31Donc ils ont commencé à se servir au bar, ils ont mis de la musique avec des haut-parleurs, et c'est ça qui m'a réveillé.
00:06:38Il y avait des gens partout, toutes les portes étaient ouvertes, la musique à fond.
00:06:43J'ai senti qu'il y avait beaucoup d'alcool, des gens très fatigués.
00:06:47Moi je me suis contenté de les entourer, sans intervenir, sans remarques agressifs, parce que je sentais que ça pouvait mal se passer.
00:06:55Il y avait quelques verres cassés, mais ça restait encore acceptable.
00:06:59La majorité continuait à boire, sans aucune limite, on avait l'impression que c'était un concours.
00:07:03C'était vraiment des doubles, voire des triples doses.
00:07:04Certains même buvaient à la bouteille, on entendait des insultes quand même sur la bande vidéo.
00:07:11« Viens boire un coup le bougnule », on entend plusieurs fois ça.
00:07:15Il disait ça à un coéquipier ?
00:07:16Oui voilà, tout à fait.
00:07:18Et le coéquipier ne dit rien ?
00:07:19Non, ça avait l'air de choquer personne.
00:07:22Et au final, quel est l'élément qui fait que… ?
00:07:26Alors l'élément, il y a un joueur qui a pété un plomb.
00:07:29Moi je cherche encore pourquoi, on a regardé les caméras de multiples fois.
00:07:34Un joueur a commencé à cogner sur du mobilier.
00:07:38Là, des coéquipiers à lui sont intervenus, évidemment, ce n'est pas moi qui allais le faire.
00:07:43Ils l'ont poussé dans une autre pièce.
00:07:45Entre temps, ma femme est arrivée.
00:07:47Ma femme était en colère.
00:07:49Plusieurs fois, elle lui a dit « maintenant vous partez, ça suffit, ça allait beaucoup trop loin.
00:07:53Vous sortez de l'établissement, je ne veux plus vous voir ».
00:07:56Et là, le joueur a commencé à s'énerver, mais de façon très violente.
00:08:02Et donc a commencé à l'insulter en lui disant « tu fermes ta gueule, tu fermes ta gueule ».
00:08:08Après elle a menacé « je vais te péter la gueule, je vais te tuer, je vais te plier ton autel en deux,
00:08:14je vais tout casser ici ».
00:08:16C'était très violent, ça a duré quelques minutes.
00:08:18Et ses coéquipiers avaient vraiment du mal à le maîtriser.
00:08:22Et donc moi après, je suis resté pendant deux heures avec eux parce qu'ils ne partaient pas tout de suite.
00:08:28Je sentais encore une forme d'intimidation, il y avait beaucoup de stress.
00:08:32J'ai vraiment été stressé.
00:08:34On m'a reproché pendant ce temps-là de ne pas avoir appelé la gendarmerie.
00:08:37Je ne l'ai pas fait parce que je sentais encore de la tension, beaucoup de tension.
00:08:41Et puis je n'étais pas moi-même.
00:08:43J'avais qu'une idée en tête, c'est qu'ils s'en aillent.
00:08:45Tout simplement, qu'on ferme les portes et puis qu'on nous laisse tranquilles.
00:08:48Je ne sais pas, l'entraîneur, l'encadrement, les dirigeants, comment ils ont réagi en fait ?
00:08:52Certains se sont excusés, c'est vrai que certains étaient désolés pour nous.
00:08:56Mais personne n'a blâmé le joueur.
00:08:58Personne n'est allé dire au joueur « ça suffit maintenant ».
00:09:00Ils étaient là ?
00:09:02Ils seraient temps, tout à fait.
00:09:04Ils seraient temps d'aller dormir.
00:09:06Personne n'est allé les voir pour dire stop.
00:09:08Ils ont payé les dégâts quand même ?
00:09:10Pour l'instant, c'est en procédure.
00:09:12Ça part en justice.
00:09:14Nous, on souhaitait effectivement que ça reste entre nous et le club.
00:09:18C'est vrai que ça s'est ébruté.
00:09:20On aurait peut-être pu s'arranger.
00:09:22Il y a une chose qui a fait pencher la balance en une action de justice,
00:09:26c'est que derrière, il y a eu une main courante qui a été déposée.
00:09:30Contre nous, pour racisme.
00:09:33Et ça, forcément, on n'est pas d'accord.
00:09:36Déjà, on n'est pas racistes.
00:09:38Et puis en plus, ça démontrait une chose, c'est que ces gens-là n'avaient pas compris leur bêtise.
00:09:43Il y a une culture quand même de l'alcool après les matchs avec le rugby.
00:09:46Vous recevez souvent des équipes.
00:09:48Il y a quand même ça.
00:09:50En cours de saison, il n'y a pas de dérive.
00:09:52Moi, je n'en ai pas remarqué.
00:09:54Mais dès qu'ils ont un espace libre, on sent qu'il faut lâcher les chevaux.
00:09:58Effectivement, ils sont préparés à la montée en pression avant les matchs, mais pas à l'atterrissage.
00:10:06Et on a l'impression que l'alcool, c'est le moyen d'atterrir et qu'il n'y a pas de limite.
00:10:11Ce sont des gens qui ont une force physique qu'on n'a pas.
00:10:15On ne peut pas lutter.
00:10:17Donc, on s'écrase, on subit l'intimidation.
00:10:19Je ne veux pas généraliser.
00:10:21Mais par contre, le rugby, une fois qu'on est sorti d'une enceinte sportive,
00:10:25c'est un monde qui est comme la société actuelle.
00:10:30C'est-à-dire avec des gens très bien, des gens éduqués et puis des voyous.
00:10:34Le rugby, c'est aussi ça.
00:10:38Cette affaire demeure en cours d'instruction,
00:10:41mais elle s'inscrit dans une invraisemblable accumulation de procédures judiciaires impliquant des joueurs de rugby.
00:10:47Des actes de violence collectif ou individuelle,
00:10:50souvent liés à une consommation d'alcool extravagante et dont les principales victimes sont des femmes.
00:11:02Juin 2022 à Montpellier.
00:11:06Alors qu'ils célèbrent leur titre de champions de France en boîte de nuit,
00:11:10Enzo Forletta et Thomas Darmon font le coup de poing.
00:11:12Bilan, mâchoire fracturée pour un client, nez cassé pour un vigile.
00:11:17Ils sont condamnés à 6300 euros d'amende chacun.
00:11:22Août 2022 à Bayonne.
00:11:25Alors entraîneur adjoint de l'Aviron,
00:11:28Antoine Battu frappe un infirmier dans une clinique après une soirée alcoolisée.
00:11:32Il est condamné à six mois de prison avec sursis et 3000 euros d'amende.
00:11:37Décembre 2022.
00:11:40Décembre 2022, toujours à Bayonne.
00:11:43Le pilier de l'Aviron, Pascal Côté, est condamné à 300 euros d'amende
00:11:48pour avoir giflé une femme à la sortie d'une boîte de nuit.
00:11:52Mai 2023 à Montpellier.
00:11:54Mohamed Awas agresse son épouse dans un centre commercial.
00:12:00Il est condamné à un an de prison ferme, mais échappe à l'incarcération.
00:12:04Janvier 2024 à Castres.
00:12:07Le joueur du C.O. Wilfridung Patin frappe sa femme.
00:12:12Il est condamné à un an de prison avec sursis.
00:12:16Octobre 2024 à Béziers.
00:12:19Le trois-quarts-centre Taleta Tupuola
00:12:22assène deux violents coups de pied à sa femme devant son fils de trois ans.
00:12:26Il est condamné à 14 mois de prison avec sursis.
00:12:29Il est condamné à 14 mois de prison avec sursis.
00:12:34Décembre 2024.
00:12:36Trois anciens joueurs de Grenoble sont jugés pour viol en réunion.
00:12:40Reconnus coupables,
00:12:42Dennis Coulson et Loïc Jam ont été condamnés à 14 ans de prison.
00:12:46Rory Grace a 12 ans.
00:12:49Ils ont décidé de faire appel.
00:12:52Novembre 2024 à Dax.
00:12:55Ratu Nassika, troisième ligne de l'USD,
00:12:59est condamné à un an de prison avec sursis
00:13:02pour des agressions sexuelles et des violences sur deux serveuses.
00:13:0716 décembre 2024 à Béziers.
00:13:10Hans Kinsey est condamné à 18 mois de prison,
00:13:13dont six mois fermes pour des violences conjugales.
00:13:16Le deuxième ligne de Béziers est un récidiviste.
00:13:19En avril 2023, il avait déjà été condamné
00:13:21à 10 mois de prison avec sursis pour violences répétées
00:13:25à l'encontre de sa précédente compagne.
00:13:27Son sursis a en partie été révoqué.
00:13:30Au total, sa condamnation s'élève ainsi à 12 mois de prison ferme.
00:13:34Il a interjeté appel.
00:13:38La première condamnation judiciaire du joueur de Béziers
00:13:41n'avait jamais été médiatisée jusqu'à présent.
00:13:44Nous en avons appris l'existence
00:13:46lorsque nous nous sommes intéressés au débordement au sein de l'hôtel
00:13:49qui avait accueilli les joueurs de Béziers à Vannes au printemps dernier.
00:13:54L'homme accusé d'avoir proféré des menaces de mort
00:13:57et celui qui frappait Dorian Hamdy porte le même nom, Hans Kinsey.
00:14:03Nous avons alors pris contact avec Dorian.
00:14:06Après en avoir discuté avec ses proches,
00:14:09elle a accepté de nous recevoir pour nous raconter son histoire.
00:14:12Vous vous rencontrez Hans Kinsey au début de l'année 2019.
00:14:16Il est joueur de rugby professionnel.
00:14:18Il évolue alors à Grenoble en pro D2.
00:14:20Très vite, cette rencontre se transforme en relation amoureuse.
00:14:23La vie est belle.
00:14:25La vie est belle.
00:14:27Je suis séduite.
00:14:29Et en fait, il a une faculté, Hans.
00:14:33C'est une qualité, je pense, dans le monde du travail.
00:14:36Mais par contre, c'est aussi,
00:14:37la caractéristique principale du pervers narcissique,
00:14:42c'est qu'il scanne instantanément son interlocuteur ou son interlocutrice
00:14:47et il dit tout ce qu'on veut entendre.
00:14:49Et ça, je l'ai compris plus tard.
00:14:51Mais donc, sur le coup, séduite à 100%.
00:14:54Six mois plus tard, vous vous installez ensemble.
00:14:56Il vient de signer à Castres en top 14.
00:14:58Sa carrière sportive décolle.
00:15:01Vous le suivez dans le Languedoc.
00:15:03Votre couple se passe très bien.
00:15:04Au début, oui.
00:15:06L'euphorie du début.
00:15:08Et puis au départ, on n'habitait pas ensemble tout le temps.
00:15:11Je passais la semaine avec lui.
00:15:13Et puis le week-end, je rentrais chez moi à Saint-Etienne.
00:15:15Et comme tout se passait bien,
00:15:17j'emménage officiellement à plein temps à Castres.
00:15:23Peu de temps après, Doriane découvre que son compagnon la trompe.
00:15:27Elle lui demande des explications.
00:15:29Mais très vite, le ton monte.
00:15:31Les disputes se succèdent.
00:15:32Les gestes deviennent menaçants.
00:15:34La jeune femme commence à avoir peur.
00:15:41C'était des bousculades.
00:15:43Au départ, c'était sous alcool.
00:15:45Il faisait des soirées avec ses copains.
00:15:47Et puis après, il rentrait.
00:15:51En fait, il ne fallait pas qu'on discute.
00:15:53Parce qu'à partir du moment où il n'était pas d'accord avec moi,
00:15:55il y avait beaucoup de contacts physiques.
00:15:57Il me repoussait.
00:15:59Il me disait, allez, c'est bon.
00:16:00Tais-toi, tout ça.
00:16:02Finalement, si j'insistais un peu trop,
00:16:04il me prenait la tête pour que je l'écoute,
00:16:06que je le regarde.
00:16:08Ça a commencé comme ça.
00:16:10C'était déjà des violences,
00:16:12mais pour moi, c'était des grosses disputes.
00:16:14Jusqu'au jour où, par contre,
00:16:16il m'en a vraiment mis une.
00:16:18Et là, j'ai compris qu'en fait,
00:16:20les comportements qu'il avait eus auparavant,
00:16:22c'était déjà des comportements violents
00:16:24et que c'était dangereux.
00:16:25Vous prenez alors une claque
00:16:27ou un coup de poing ?
00:16:29À un moment où il me prend par la tête,
00:16:31il me prend par les cheveux,
00:16:33il me jette au sol
00:16:35et il me met un coup de pied
00:16:37comme pour dire, en fait,
00:16:39dégage.
00:16:41Jusqu'au bout, là, il ferme la porte
00:16:43et il s'en va, il change de pièce.
00:16:45Et moi, j'ai quand même mon caractère,
00:16:47donc je l'ai tenue tête.
00:16:49Enfin, je me suis relevée,
00:16:51je lui ai dit, mais ça ne va pas,
00:16:53tu ne te comportes pas comme ça.
00:16:55Alors, les premières fois,
00:16:57oui, je me suis défendue,
00:16:59j'ai tenté de le repousser,
00:17:01je l'ai déjà giflé.
00:17:03Mais bon, après, c'est vrai
00:17:05que j'ai mis une gifle une fois
00:17:07et puis je n'ai pas à recommencer
00:17:09parce que je n'étais pas en position de force.
00:17:11Donc après, la peur m'a gagnée.
00:17:13Un jour, il vous bat,
00:17:15vous vous réfugiez dans la salle de bain,
00:17:17porte fermée.
00:17:19Que s'est-il passé ce jour-là ?
00:17:21Ce jour-là, il toque à la porte
00:17:23et il me demande d'ouvrir
00:17:25la porte quand il sera plus calme.
00:17:27Et là,
00:17:29il a mis un coup de poing dans la porte
00:17:31et la porte, elle est tombée.
00:17:33Donc, là, pareil,
00:17:35on s'envoie.
00:17:37Une autre fois, dernier exemple,
00:17:39vous subissez une crise de panique,
00:17:41mais importante.
00:17:43Oui, je fais une crise de panique
00:17:45parce qu'avec cette violence,
00:17:47je vois son regard changer,
00:17:49je me sens en danger,
00:17:51il me porte des coups
00:17:53et du coup, j'ai très peur.
00:17:55Sauf que lui, il savait bien
00:17:57que c'était de sa faute
00:17:59et tout ce à quoi il a pensé,
00:18:01c'est qu'est-ce que j'allais dire
00:18:03quand les pompiers allaient arriver.
00:18:05Donc, il n'a appelé personne.
00:18:07Comment il se comportait
00:18:09après vous avoir violenté ?
00:18:11Très bien.
00:18:13Très désolé, très mal.
00:18:15Donc, je sais qu'il était dur
00:18:17à gérer aussi.
00:18:19Il me dit, c'est grave ce que j'ai fait,
00:18:21je suis une merde,
00:18:23je n'aurais pas dû faire ça,
00:18:25pardon.
00:18:27J'avais promis que je ne recommencerais plus,
00:18:29mais je recommence.
00:18:34Nous avons pu écouter
00:18:36des conversations audio
00:18:38et consulter de nombreux messages
00:18:40échangés entre Doriane
00:18:42et son ancien compagnon
00:18:44qui atteste de l'authenticité
00:18:46des propos de la jeune femme.
00:18:48À l'automne 2020, vous tombez enceinte ?
00:18:50Ça faisait quelques temps
00:18:52que ça s'était bien calmé.
00:18:53Il avait entrepris plein de choses.
00:18:55Il avait vu un psy,
00:18:57un hypnotiseur.
00:18:59On avait entamé
00:19:01une thérapie de couple.
00:19:03C'était agréable et paisible.
00:19:05Mais très vite, c'est reparti.
00:19:07Et très vite, c'est reparti
00:19:09puisque l'histoire sur l'art d'autoroute,
00:19:11j'étais enceinte de 4 mois,
00:19:134 mois et demi.
00:19:15C'était quoi cette fois-ci ?
00:19:17Encore un désaccord.
00:19:19Il se chauffe un peu
00:19:21avec un autre automobiliste
00:19:23et on va régler nos comptes
00:19:25et tout ça.
00:19:27J'étais dans la voiture à côté
00:19:29et enceinte.
00:19:31Je m'interpose et je dis
00:19:33qu'on ne va pas s'arrêter.
00:19:35On trace notre route.
00:19:37On ne tombe pas d'accord.
00:19:39Il s'est bien arrêté plus loin
00:19:41sur une aire d'autoroute
00:19:43mais ce n'était pas pour régler
00:19:45ses comptes avec l'autre automobiliste.
00:19:47C'était pour me laisser là.
00:19:49Il descend, il me sort par les cheveux.
00:19:51Grand classique.
00:19:54Là, par contre, je me suis dit
00:19:56que c'est fini.
00:20:00Hans ne l'entend pas ainsi.
00:20:02Il refuse l'idée même
00:20:04d'une séparation.
00:20:06Il lui confisque les clés de sa voiture,
00:20:08les clés de leur maison.
00:20:10Il lui interdit d'aller voir ses proches.
00:20:12Elle perd 15 kilos.
00:20:14Il vous a fallu un an pour partir ?
00:20:16Oui.
00:20:18Après, j'étais contente
00:20:20parce qu'il y en a qui ne partent jamais.
00:20:22Je suis partie avec une voiture pleine
00:20:24et c'est tout.
00:20:26Je suis partie comme une voleuse.
00:20:29Il est parti un matin
00:20:31faire un test Covid
00:20:33au stade.
00:20:35Il avait 20 minutes de trajet,
00:20:3720 minutes aller, 20 minutes retour.
00:20:39J'avais demandé à ma marraine
00:20:41et à une amie
00:20:43de venir nous récupérer
00:20:45avec mon fils.
00:20:47Quand il est rentré, il a compris.
00:20:49Il s'y attendait, je pense.
00:20:52Après trois ans de relations,
00:20:54Doriane est retournée vivre en Haute-Loire
00:20:56où elle a passé l'essentiel de son enfance.
00:20:58Après quelques jours de réflexion,
00:21:00elle a décidé de porter plainte.
00:21:02Le 11 avril 2023,
00:21:04Hans Kinsey a été condamné
00:21:06à dix mois de prison avec sursis
00:21:08pour violences habituelles.
00:21:14C'était la reconnaissance enfin
00:21:16de tout ce que vous aviez subi ?
00:21:18C'était un soulagement ?
00:21:19Quel sentiment ?
00:21:21Oui, c'était une protection
00:21:23plus qu'un soulagement
00:21:25parce que j'ai un enfant en commun
00:21:27avec cette personne,
00:21:29donc on sera toujours en contact.
00:21:31Mais en tout cas,
00:21:33je me sens protégée
00:21:35parce qu'il a été reconnu coupable
00:21:37des faits qui lui ont été reprochés.
00:21:39Je sais que si il est récidive,
00:21:41en tout cas sur ma personne,
00:21:43il ira normalement
00:21:45systématiquement en prison.
00:21:47Après,
00:21:49on se rend compte réellement
00:21:51que c'est une vraie sanction
00:21:53puisqu'à priori,
00:21:55il ne s'est pas calmé.
00:21:57Comment vous allez aujourd'hui ?
00:21:59J'y vais bien.
00:22:01J'ai un petit garçon merveilleux
00:22:03qui grandit bien.
00:22:05J'ai un conjoint merveilleux
00:22:07qui prend bien soin de moi.
00:22:09J'ai un travail dans lequel
00:22:11je suis épanouie
00:22:13et je me sens bien.
00:22:15De son côté,
00:22:17le rugbyman a poursuivi sa carrière
00:22:19en tant qu'adulte.
00:22:22Est-ce que vous faites un lien
00:22:24entre ce statut de rugbyman,
00:22:26professionnel,
00:22:28avec tout ce que ça engendre
00:22:30et ces violences ?
00:22:32Oui, parce que
00:22:34c'est les questions que je me suis posées
00:22:36quand j'ai cherché à l'aider
00:22:38et à trouver des solutions
00:22:40pour que ça s'arrange.
00:22:42C'est sûr qu'ils ont des pressions,
00:22:44plein de choses compliquées à gérer.
00:22:46C'est clair.
00:22:47C'est sûr qu'ils ont des pressions
00:22:49dans leur vie perso.
00:22:51Est-ce que quelqu'un
00:22:53leur a vraiment expliqué
00:22:55les valeurs du rugby ?
00:22:57Tout le monde dit que c'est un sport
00:22:59génial,
00:23:01que ça n'a rien à voir
00:23:03avec, par exemple, le foot.
00:23:05Les rugbymans, c'est des vrais mecs,
00:23:07c'est des gentlemen,
00:23:09il paraît.
00:23:11Je ne sais pas.
00:23:13Il a été pris au centre de formation
00:23:15il était très jeune.
00:23:17Il avait de l'immaturité un petit peu,
00:23:19un manque d'éducation.
00:23:21Peut-être que tout ça, ça donne
00:23:23des violences, sûrement.
00:23:25Ils ont un rapport à la virilité
00:23:27un peu particulier ?
00:23:29Moi, je suis persuadée qu'il y en a
00:23:31pas mal d'entre eux qui pensent
00:23:33qu'être virile,
00:23:35c'est avoir des gros bras,
00:23:37parler comme un bourru,
00:23:39boire des canons, taper.
00:23:41Mais ça n'a rien à voir avec ça,
00:23:43la virilité.
00:23:45Comme tout travail,
00:23:47on les laisse aux vestiaires
00:23:49et ses muscles, on les laisse
00:23:51au boulot.
00:23:53On ne fait pas n'importe quoi, n'importe où.
00:23:55Il n'y a pas assez de sensibilisation,
00:23:57je pense.
00:23:59Je n'ai pas envie de faire une trop grosse généralité
00:24:01parce qu'il y avait aussi des gens super bien,
00:24:03des rugbymans avec des vraies valeurs
00:24:05et qui traitaient très bien leurs femmes
00:24:07et qui s'occupaient très bien de leurs enfants
00:24:09et qui faisaient des tâches ménagères.
00:24:11Mais ce n'est peut-être pas la majorité, oui.
00:24:13L'alcool, la drogue,
00:24:15c'est quelque chose qui existe aussi ?
00:24:17Ça fait partie intégrante du milieu,
00:24:19avec la troisième mi-temps
00:24:21qui fait partie du poste.
00:24:23C'est dans le contrat.
00:24:25Donc l'alcool, oui.
00:24:27Après la drogue,
00:24:29j'en ai vu beaucoup.
00:24:31Parler, ce n'est pas neutre ?
00:24:33Est-ce que vous avez aussi
00:24:35beaucoup hésité ?
00:24:37Est-ce que vous avez peur des conséquences ?
00:24:39J'ai beaucoup hésité, oui.
00:24:41Et les conséquences,
00:24:44eh bien,
00:24:45j'en ai peur un petit peu aussi.
00:24:47J'espère vraiment
00:24:49que mon témoignage servira
00:24:52et que
00:24:54ça m'aidera à accepter
00:24:56les conséquences qui seront moins rigolotes
00:24:58parce que forcément, il y en aura.
00:25:00Et
00:25:02oui, après,
00:25:04j'ai été soutenue là-dedans.
00:25:06J'ai un entourage sain
00:25:08qui m'a encouragée
00:25:10à faire cette prise de parole
00:25:12et je continue de penser
00:25:13que c'est bien.
00:25:19Le courage de Dorian
00:25:21et des rares personnes
00:25:23qui osent témoigner
00:25:25impose au monde du rugby
00:25:27à ouvrir les yeux
00:25:29sur les démons qui le rongent.
00:25:31Le nombre croissant
00:25:33de cas de violence faites aux femmes
00:25:35est un sujet de préoccupation majeure.
00:25:37Les problèmes d'addiction
00:25:39en sont un autre.
00:25:40Il y a l'alcool, bien sûr,
00:25:42carburant incontournable
00:25:44des 3e mi-temps
00:25:46depuis que le rugby est né.
00:25:48Mais ces dernières années,
00:25:50la cocaïne est également devenue
00:25:52un produit de consommation courant
00:25:54lors des fêtes entre joueurs.
00:25:56Certaines des plus grandes stars de ce jeu
00:25:58sont concernées par ce fléau.
00:26:00Plusieurs internationaux français
00:26:02en consomment régulièrement.
00:26:04Dans le milieu,
00:26:06tout le monde le sait,
00:26:08mais personne ne s'en préoccupe vraiment.
00:26:11Pourquoi cette drogue
00:26:13très addictive
00:26:15a conquis le monde de l'ovalie ?
00:26:18Que font les clubs
00:26:20pour lutter contre ce fléau ?
00:26:23Récemment retraité,
00:26:25un ancien joueur de top 14
00:26:27qui a souffert
00:26:29de graves problèmes d'addiction
00:26:31à la cocaïne
00:26:33avait accepté de nous rencontrer.
00:26:35Il a finalement renoncé.
00:26:37Trop tôt,
00:26:38trop douloureux
00:26:40alors qu'il sortait à peine de l'hôpital.
00:26:46Nous allons vous faire écouter
00:26:48l'échange téléphonique
00:26:50que nous avions eu avec lui.
00:26:52La voix est modifiée,
00:26:54les paroles sans concession.
00:27:08Il y a des traumatismes physiques,
00:27:10il y a des traumatismes psychiques
00:27:12parce qu'aujourd'hui,
00:27:14il y a la répétition des chocs,
00:27:16des intensités, des chaos.
00:27:18Je pense que tout ça fait
00:27:20une grosse bombe
00:27:22au jour où on arrête notre carrière.
00:27:24Et puis on essaie de compenser en fait.
00:27:26On essaie de compenser le mal-être
00:27:28et tout ça.
00:27:30On est aussi soumis
00:27:32à la pression des malades,
00:27:34à la pression de notre carrière.
00:27:36C'est le sport de haut niveau
00:27:38qui fait la colère parce que
00:27:40un manager, il peut tuer,
00:27:42il peut faire monter en haut.
00:27:44Si vous voulez tuer un mec,
00:27:46vous le tuez facilement dans le management.
00:27:48Mais la cocaïne, ça a aidé aussi
00:27:50à supporter les chocs ?
00:27:52La cocaïne, ça a été vraiment
00:27:54une découverte sur le temps.
00:27:56Après 30 ans,
00:27:582-3 dernières années de ma carrière,
00:28:00j'en avais jamais vu avant.
00:28:02J'ai découvert cette manière
00:28:04du milieu de cette coupe
00:28:06parce que je crois que
00:28:08c'est le cas pour chaque groupe.
00:28:10La seule chose qui m'agace,
00:28:12c'est quand je vois les histoires
00:28:14comme celles-ci.
00:28:16Tout le monde est ébranlé de la situation
00:28:18alors que tout le monde sait depuis des années.
00:28:20La drogue, des fois...
00:28:22Moi j'ai eu des situations
00:28:24où il y a eu des histoires
00:28:26en interne dans le club
00:28:28mais ça a toujours été tout fait.
00:28:30On s'est taputés,
00:28:32c'est évident.
00:28:34Quand il y a eu ces situations-là,
00:28:36on n'a pas cherché à aider les gens ?
00:28:38On n'a pas cherché à dire
00:28:40que c'était l'originaire,
00:28:42parce que les mecs,
00:28:44tout le monde savait que c'était épicé.
00:28:46Pour moi, le premier,
00:28:48c'est que là,
00:28:50si vraiment les langues se déguisent,
00:28:52ça va forcément être la boucle du monde.
00:29:09un produit pourtant interdit par la loi.
00:29:14Il nous a également alerté
00:29:16sur l'étendue d'une autre forme d'addiction,
00:29:18légale,
00:29:20mais potentiellement désastreuse pour la santé.
00:29:39Et puis c'est bien
00:29:41compliqué en tout temps, il n'y a rien.
00:29:43Je pense que ça favorise,
00:29:45malheureusement, ce genre de pratiques.
00:29:47Quand on a commencé pour nous la goutte,
00:29:49c'était genre que je voyais ça dans Scarface.
00:29:51C'était pas encore banalisé,
00:29:53mais au final c'est arrivé super vite.
00:29:55La goutte a un parfum maintenant,
00:29:58moi j'ai arrêté tout ça, mais je le vois.
00:30:00C'est plus un phénomène de société
00:30:02qui, au final, il y en a dans le rugby,
00:30:04mais parce que dans le rugby,
00:30:06t'as toutes sortes de profils.
00:30:08Ça, soi-disant, pour les sportifs,
00:30:10pour les antidouleurs ou quoi que ce soit,
00:30:12c'est beaucoup.
00:30:14Par contre, c'est créatif.
00:30:16Toi, l'histoire de l'antidouleur ?
00:30:18Je ne vois pas l'intérêt, aujourd'hui,
00:30:20sportivement, de prendre de la coque
00:30:22pour s'entraîner ou pour jouer au match.
00:30:24Il y a suffisamment d'assistance médicamenteuse,
00:30:26que ce soit le travailleur,
00:30:28que ce soit certains médicaments
00:30:30que tu peux choper, des anti-inflammatoires.
00:30:32Parce que maintenant,
00:30:34je m'imagine que dans les mecs
00:30:36qui font 35 matches par saison,
00:30:38c'est pas forcément un truc
00:30:40pour être opérationnel à 100 % tout le temps.
00:30:42Alors, les bains froids, les massages,
00:30:44c'est bien beau,
00:30:46mais ça n'est pas tout, quoi.
00:30:48Après, ça devient un peu psychosomatique.
00:30:50Il y a des joueurs qui ne joueront pas
00:30:52sans médicaments, tu vois.
00:30:54Certains joueurs,
00:30:56à force de prendre des anti-inflammatoires,
00:30:58mais même moins le premier,
00:31:00tu termines à te faire
00:31:02un certain espèce de soucis à l'estomac
00:31:04ou des problèmes préalables
00:31:06sur les parois intestinales.
00:31:08On ne s'en sert pas la main.
00:31:10On n'est pas là en train de dire au doc
00:31:12vas-y, prends ça, sinon tu ne vas pas.
00:31:14C'est juste qu'en fait, à un moment donné,
00:31:16les joueurs sont très psychologiques.
00:31:18Tu te dis, putain, j'ai pris un travailleur,
00:31:20j'ai fait le match de la nuit.
00:31:22Et le matin après, il revient,
00:31:24tu te dis, je refais tout pareil
00:31:26pour éviter la performance,
00:31:28mais je reprends tout pareil.
00:31:30Un seul, ça ne suffit pas,
00:31:32mais tiens, j'en prends un deuxième.
00:31:34Ça reste des médicaments,
00:31:36donc ce n'est pas censé en prendre
00:31:38certains médicaments à long terme.
00:31:40Ce n'est pas forcément top,
00:31:42non plus physiologiquement.
00:32:09Malgré tout, le sujet demeure
00:32:11un tabou absolu.
00:32:21Nous avons contacté le directeur général
00:32:23d'un club majeur de top 14
00:32:25dont l'un des cadres internationals
00:32:27tricolore reconnus
00:32:29souffre de problèmes d'alcool.
00:32:31Malaise immédiat.
00:32:39Le mal, c'est suffisant pour moi.
00:32:42Vous êtes confronté à des histoires
00:32:44d'addiction, des choses que vous devez régler
00:32:46ou ça vous paraît excessif,
00:32:48ce qui se dit ?
00:32:56Nous, on nous a dit que chez vous,
00:32:58il y avait un problème avec un joueur,
00:33:00un grand joueur, on va dire.
00:33:03On ne peut pas le citer.
00:33:06Donc nous, on va un peu aussi
00:33:08pour savoir aussi si les clubs
00:33:10gèrent les choses, si la fédération
00:33:12gère les choses, tout ça,
00:33:14pour être clair.
00:33:18Voilà.
00:33:21Ça ne vous inspire rien.
00:33:24Je ne vous ai pas dit ça.
00:33:26Non, non, mais je comprends.
00:33:28Je comprends que ce soit compliqué.
00:33:30Je comprends.
00:33:32Bon, OK.
00:33:35Merci, au revoir.
00:33:36Au revoir.
00:34:07Les Bleus obtiennent l'autorisation
00:34:09de leur staff de se rendre
00:34:11dans la ville de Mendoza
00:34:13pour fêter leur succès.
00:34:15La suite est connue,
00:34:17une consommation d'alcool
00:34:19totalement disproportionnée,
00:34:21une nuit de débauche
00:34:23et une accusation de viol
00:34:25à l'encontre d'Oscar Gégou
00:34:27et Hugo Auradou.
00:34:29Incarcérés durant un mois
00:34:31puis placés en résidence surveillée,
00:34:33les deux hommes ont pu rentrer
00:34:34en Argentine en septembre dernier.
00:34:36Depuis, la justice argentine
00:34:38leur a accordé un non-lieu.
00:34:40Mais si les charges judiciaires
00:34:42ont été levées,
00:34:44l'enquête a révélé le comportement
00:34:46exalté et inconséquent
00:34:48de jeunes internationaux
00:34:50lâchés dans la nature
00:34:52de l'autre côté de l'Atlantique.
00:34:54Une semaine après les faits,
00:34:56certains joueurs sont de nouveau sortis
00:34:58dans la nuit de Buenos Aires
00:35:00alors que les dirigeants
00:35:02de la fédération
00:35:04et leurs coéquipiers
00:35:06dormaient en prison.
00:35:08Tout cet enchaînement
00:35:10d'affaires est dramatique.
00:35:12C'est dramatique pour les bénévoles
00:35:14des clubs de rugby,
00:35:16c'est dramatique pour le sport en général.
00:35:18C'est une douche froide,
00:35:20c'est un coup de massue sur la tête
00:35:22et c'est un recul.
00:35:24Ancien sélectionneur des Bleus
00:35:26puis président de la fédération
00:35:28française de rugby
00:35:30de décembre 2016 à janvier 2023,
00:35:32Bernard Laporte a lui aussi
00:35:34fait une turbulence.
00:35:36En février 2018,
00:35:38à l'issue d'un match
00:35:40du tournoi des Six Nations à Edimbourg,
00:35:42la police écossaise interrogeait
00:35:44puis relâchait huit joueurs
00:35:46soupçonnés d'agressions sexuelles.
00:35:48En février 2021,
00:35:50en pleine crise du Covid-19,
00:35:52le sélectionneur des Bleus
00:35:54Fabien Galtier était suspecté
00:35:56d'avoir brisé la bulle sanitaire
00:35:58créant un cluster très embarrassant.
00:36:02Mais jamais l'équipe de France
00:36:04n'a connu scandale aussi retentissant
00:36:06que celui de l'été dernier.
00:36:11Quel regard tu as porté
00:36:13sur ce qui s'est passé cet été ?
00:36:15J'aime les équipes de France.
00:36:17Que ce soit de rugby, de foot, de basket,
00:36:19la France pour moi c'est mon pays,
00:36:21c'est ma patrie,
00:36:23donc je la défendrai toujours.
00:36:25Maintenant, on ne peut pas défendre
00:36:27l'indéfendable.
00:36:29Le comportement des joueurs
00:36:31effectivement est ablamé.
00:36:33Et le soir même,
00:36:35tout le monde s'envoie à l'air,
00:36:37tout le monde sort,
00:36:39tous les migrants à 5h du matin,
00:36:41ivres, etc.
00:36:43Il faut se dire la vérité.
00:36:45J'ai fait des tournées,
00:36:47on avait fait des très grosses
00:36:49au troisième hémithard,
00:36:51mais quand c'était fini,
00:36:53ça m'a heurté effectivement.
00:36:55Je me suis dit,
00:36:57mais on est dans un monde
00:36:59de plus en plus professionnel,
00:37:00c'est la faute à Paul,
00:37:02c'est la faute à Jacques,
00:37:04je ne sais rien, je n'y étais pas,
00:37:06mais c'est vrai que de l'extérieur,
00:37:08ça a été terrible pour notre sport.
00:37:10Les débordements nocturnes de Mendoza
00:37:12ont choqué de part et d'autre
00:37:14de l'Atlantique,
00:37:16mais ils n'ont pas vraiment surpris
00:37:18ceux qui suivent au plus près
00:37:20l'équipe de France.
00:37:22Un an plus tôt,
00:37:24en pleine Coupe du Monde,
00:37:26les Bleus s'étaient autorisés
00:37:28des fêtes très alcoolisées.
00:37:31Même pendant la Coupe du Monde,
00:37:33il y a eu des histoires ?
00:37:35Oui, notamment il y a eu
00:37:37cette période de trois semaines
00:37:39où ils ont été à Aix-en-Provence,
00:37:41où l'encadrement leur a laissé
00:37:43le droit de sortir.
00:37:45On était en pleine compétition
00:37:47et ils sont allés faire la fête,
00:37:49mais avec l'autorisation de le faire.
00:37:51C'est tout le paradoxe de ce sport
00:37:53qui aujourd'hui évoque
00:37:55une préparation scientifique
00:37:57qui va jusqu'à taper
00:37:58dans les gains marginaux
00:38:00de la diététique,
00:38:02et qui en pleine Coupe du Monde
00:38:04ou en pleine préparation
00:38:06s'accorde des soirées complètes
00:38:08à boire des coups,
00:38:10à manger n'importe quoi,
00:38:12à faire la bringue.
00:38:14Le problème, c'est qu'on a l'impression
00:38:16qu'ils boivent des quantités astronomiques.
00:38:18Il y a l'effet de meute,
00:38:20l'effet de groupe,
00:38:22l'effet de ce sport de gladiateurs,
00:38:24de gars costauds, hyper entraînés,
00:38:26et sa faculté à tenir l'alcool
00:38:28va avec le personnage.
00:38:30On nous rapporte aujourd'hui
00:38:32qu'il y a énormément
00:38:34de joueurs professionnels
00:38:36qui ont besoin de faire la bringue
00:38:38toutes les semaines
00:38:40de manière démesurée.
00:38:42C'est en lien avec le sport ?
00:38:44C'est en lien avec une culture.
00:38:46C'est en lien avec une culture
00:38:48et avec un sport qui est devenu
00:38:50professionnel en 1995,
00:38:52mais qui ne veut pas rompre
00:38:54avec certaines traditions
00:38:56qui ne vont plus avec le sport
00:38:58c'est-à-dire que,
00:39:00moi je ne connais pas bien la natation,
00:39:02mais j'ai du mal à imaginer
00:39:04que Léon Marchand ait pris
00:39:06une cuite par semaine
00:39:08dans le mois qui a précédé
00:39:10les Jeux Olympiques de Paris.
00:39:12L'entraîneur de l'équipe de France
00:39:14aujourd'hui, c'est quelqu'un
00:39:16qui a connu la fin de l'amateurisme.
00:39:18Est-ce que lui n'est pas aussi
00:39:20totalement en accord
00:39:22avec ses pratiques, quelque part ?
00:39:24Il les autorise en tout cas.
00:39:26Il les autorise.
00:39:28C'est un peu comme dans le Covid
00:39:30puisque l'équipe de France
00:39:32aurait brisé la bulle sanitaire.
00:39:34Si un entraîneur brise une bulle,
00:39:36c'est compliqué après derrière
00:39:38de demander l'être parfait.
00:39:40C'est sûr qu'à partir du moment
00:39:42où votre hiérarchie,
00:39:44elle n'est pas irréprochable,
00:39:46c'est difficile de demander
00:39:48« faites ce que je dis,
00:39:50pas ce que je fais ».
00:39:52Je pense que c'est limite.
00:39:54Jusqu'au crash de Mendoza,
00:39:56Fabien Galtier prônait
00:39:58une nouvelle bulle.
00:40:00Sa position est devenue intenable.
00:40:02En novembre dernier,
00:40:04alors que les Bleus se retrouvaient
00:40:06pour la première fois
00:40:08depuis la tournée en Argentine,
00:40:10les dirigeants du rugby français
00:40:12ont publié une nouvelle charte
00:40:14de bonne conduite des internationaux.
00:40:16Désormais, il est notamment interdit
00:40:18de boire de l'alcool
00:40:20dans les lieux dits de performance
00:40:22comme le centre d'entraînement
00:40:24de Marcoussi.
00:40:26Terminée, également,
00:40:28il n'y a plus de bière dans le vestiaire.
00:40:30C'est pas parce que tu bois une bière
00:40:32dans le vestiaire après le match.
00:40:34Au contraire, c'est le côté du rugby,
00:40:36c'est le côté convivial.
00:40:38Je comprends qu'après,
00:40:40ils veuillent montrer
00:40:42qu'ils veulent laver
00:40:44plus blanc que blanc,
00:40:46mais à la limite,
00:40:48je crois que tout le monde
00:40:50ferait pareil.
00:40:52La vertigineuse beuverie de Mendoza
00:40:54a également été à l'origine
00:40:56d'un autre dérapage.
00:40:58Tout aussi inquiétant.
00:41:00Je te jure, le premier rubble
00:41:02que je crois, c'est ce soir-là.
00:41:04J'ai mis un coup de casque.
00:41:06J'ai mis un coup de casque.
00:41:08A la suite de cette vidéo
00:41:10qu'il a publiée par inadvertance
00:41:12sur ses réseaux sociaux,
00:41:14Melvin Jaminet a été suspendu
00:41:16de toute compétition
00:41:18pendant 34 semaines.
00:41:20Même si le joueur a plaidé
00:41:22la thèse de la blague
00:41:24qui aurait dû rester dans la sphère privée,
00:41:26sa sortie a mis le doigt
00:41:28de l'anarchisme.
00:41:30Lors de la Coupe du monde 2023,
00:41:32déjà,
00:41:34la présence de Bastien Chalureau
00:41:36au sein de l'équipe de France
00:41:38avait suscité la polémique.
00:41:40Le joueur de Montpellier
00:41:42avait été condamné pour violence
00:41:44à caractère raciste,
00:41:46une charge aggravante,
00:41:48finalement abandonnée
00:41:50lors de son procès en appel.
00:41:52En octobre 2023,
00:41:54une violente bagarre
00:41:56avait également éclaté
00:41:58l'équipe visiteuse assure
00:42:00avoir été victime ce jour-là
00:42:02d'insultes racistes.
00:42:04Salles bougnoules
00:42:06ou encore salles arabes
00:42:08auraient ainsi été proférées
00:42:10par des spectateurs.
00:42:12En novembre dernier,
00:42:14lors d'une rencontre espoir
00:42:16disputée en Savoie,
00:42:18des cris de singes
00:42:20ont également été adressés
00:42:22à un joueur
00:42:24par certains membres du public.
00:42:26C'est devenu un produit,
00:42:28on t'achète
00:42:30et quand on ne peut pas t'utiliser,
00:42:32on te met au placard.
00:42:34Aujourd'hui, tu te crois,
00:42:36tu te dis même plus bonjour,
00:42:38c'est terminé,
00:42:40c'est terminé.
00:42:42La vertigineuse beuverie
00:42:44de Mendoza
00:42:46a également été à l'origine
00:42:48d'un autre dérapage
00:42:50tout aussi inquiétant.
00:42:52Le premier arabe
00:42:53a fait un coup de casque.
00:42:55J'ai fait un coup de casque.
00:42:57Joli, j'ai fait un coup de casque.
00:42:59A la suite de cette vidéo
00:43:01qu'il a publiée par inadvertance
00:43:03sur ses réseaux sociaux,
00:43:05Melvin Jaminet a été suspendu
00:43:07de toute compétition
00:43:09pendant 34 semaines.
00:43:11Même si le joueur a plaidé
00:43:13la thèse de la blague
00:43:15qui aurait dû rester dans la sphère privée,
00:43:17sa sortie a mis le doigt
00:43:19sur un autre sujet sensible
00:43:21et inquiétant,
00:43:23l'annonce de Bastien Chalureau
00:43:25au sein de l'équipe de France
00:43:27avait suscité la polémique.
00:43:29Le joueur de Montpellier
00:43:31avait été condamné pour violence
00:43:33à caractère raciste,
00:43:35une charge aggravante
00:43:37finalement abandonnée
00:43:39lors de son procès en appel.
00:43:41En octobre 2023,
00:43:43une violente bagarre
00:43:45avait également éclaté
00:43:47lors d'un match de niveau régional.
00:43:49En plus des coups,
00:43:51l'équipe visiteuse assure
00:43:53qu'elle n'a pas été touchée
00:43:55par des violences sexuelles
00:43:57ou encore salarabes
00:43:59auraient ainsi été proférées
00:44:01par des spectateurs.
00:44:03En novembre dernier,
00:44:05lors d'une rencontre espoir
00:44:07disputée en Savoie,
00:44:09des cris de singes
00:44:11ont également été adressés
00:44:13à un joueur
00:44:15par certains membres du public.
00:44:17Du monde professionnel
00:44:19au milieu amateur,
00:44:21aucun étage du rugby
00:44:23n'a été touché.
00:44:25Les spectateurs
00:44:27ont été incités
00:44:29à s'entraîner
00:44:31et à se faire connaître
00:44:33et à s'entraîner
00:44:35dans leur âme,
00:44:37dans leur corps.
00:44:39On sort de nous aujourd'hui.
00:44:41Un, deux, trois !
00:44:43Un, deux, trois !
00:44:45Un, deux, trois !
00:44:48Bon match !
00:44:50Bobigny, en Seine-Saint-Denis.
00:44:53Un match très prestigieux,
00:44:55le troisième en quatre rencontres de championnat.
00:45:00Depuis 15 ans déjà,
00:45:02les filles du 93 rivalisent
00:45:04avec les sections féminines
00:45:06des plus grands clubs français.
00:45:08Cette réussite symbolise
00:45:10l'implantation progressive
00:45:12du rugby dans les banlieues.
00:45:19Il y a 18 mois,
00:45:21à l'occasion de la Coupe du Monde,
00:45:23le rugby a été sollicité
00:45:25pour participer au film publicitaire
00:45:27d'un célèbre équipementier sportif.
00:45:31Objectif de la vidéo,
00:45:33promouvoir un visage jeune,
00:45:35urbain et multiculturel du rugby.
00:45:39Mais pour Koumba,
00:45:41actuellement blessée,
00:45:43la désillusion fut brutale,
00:45:45douloureuse et incompréhensible.
00:45:47Dans les commentaires,
00:45:49des propos racistes,
00:45:51méchants, racistes.
00:45:53Il y a eu des critiques
00:45:55sur le fait qu'il y avait
00:45:57une partie des actrices
00:45:59portent des jupes.
00:46:01Prendre le temps de faire ça,
00:46:03c'est que vraiment,
00:46:05t'en as sur le cœur.
00:46:07Normalement, le sport,
00:46:09c'est un sport,
00:46:11c'est un sport,
00:46:13c'est un sport,
00:46:15c'est un sport,
00:46:17c'est un sport,
00:46:19c'est un sport,
00:46:21c'est un sport,
00:46:23c'est pour tout le monde,
00:46:25la diversité,
00:46:27comme le rugby a une histoire.
00:46:29Avant, c'était que des Blancs,
00:46:31que dans des petits villages,
00:46:33et maintenant que ça a évolué
00:46:35avec le temps,
00:46:37avec la génération,
00:46:39ils n'acceptent pas,
00:46:41ils n'acceptent pas encore.
00:46:43Nous retrouvons les filles
00:46:45de Bobigny lors d'une séance
00:46:47d'entraînement.
00:46:49Elles préfèreraient attirer
00:46:51les regards pour
00:46:53Les attaques racistes ont été trop nombreuses pour parler d'autre chose.
00:46:58La plupart du temps, les insultes viennent des tribunes.
00:47:01Mais parfois, comme lors d'un déplacement dans le Béarn en avril dernier,
00:47:05les mots sortent de la bouche de leurs adversaires.
00:47:08« Salle noire » ou encore « Calme-toi, on n'est pas dans ta cité ».
00:47:13Une nouvelle fois visée, Koumba n'a rien oublié.
00:47:19En fait, c'est choquant. Tu n'y attends même pas.
00:47:22C'est pas comme si tu lui avais fait quelque chose, rien du tout.
00:47:25Parce qu'à côté de toi, coup d'épaule...
00:47:27Et t'as pas réagi ?
00:47:28En fait, j'étais choquée. J'étais en état de choc au début.
00:47:31Après, je regardais ma copine à côté et je me dis « elle m'a dit ça, là ? »
00:47:36Et après, j'allais pour partir et j'ai entendu les coachs à côté
00:47:39« Reste dans ton match, reste dans ton match ».
00:47:42Sur le moment, Koumba ne réagit pas.
00:47:44Mais certaines de ses coéquipières décident de tout raconter sur leurs réseaux sociaux.
00:47:49L'affaire devient virale, les médias s'emparent du sujet.
00:47:53Ça a pris un engouement.
00:47:55Ouais, ça a pris un engouement en fait, en vrai de vrai.
00:47:57Et je me disais avec du recul que si j'avais frappé sur le moment,
00:47:59il n'y aurait pas eu le même engouement.
00:48:01T'as bien réagi, je pense. Ils ont... Ils l'ont encore là, vraiment.
00:48:05Vous avez parlé après entre vous, dans le vestiaire, quand il s'est dit ?
00:48:09Oui.
00:48:10Ça veut dire qu'il y a des choses qui ont été expulsées à ce moment-là ?
00:48:13Oui. En fait, la rage, ça fait mal de te dire « bah du coup, t'as rien pu faire ».
00:48:18Et qu'en fait, partout où on va, on sera toujours stigmatisés en fait.
00:48:22Moi, ça me met en colère quand j'entends des trucs comme ça.
00:48:26Et ça me rend partout un peu triste aussi pour mes copines, mais...
00:48:30On peut dire que Bobini, c'est plus agressif, que Bobini, c'est plus ci, c'est plus ça.
00:48:33Alors qu'en fait, si on enlevait la couleur de tout le monde,
00:48:36je pense que l'interprétation serait vraiment pas pareille.
00:48:38On dirait que...
00:48:39C'est ça le...
00:48:40Ouais, c'est trop bizarre.
00:48:41On dirait que... Enfin, je sais pas moi, mais moi j'ai l'impression que...
00:48:43Genre, notre seule qualité, entre guillemets, c'est genre des progressions.
00:48:47Des progressions.
00:48:48Voilà.
00:48:49On dirait qu'on sait pas jouer au rugby.
00:48:51Et bon, après, on fait un sport qui prône des valeurs d'inclusivité, de...
00:48:55Il y a de la place pour tout le monde dans le rugby, il y en a pour tous les gabarits.
00:48:58Voilà, nous, je pense qu'on aimerait bien prôner cette idée
00:49:01qu'il y en a aussi pour toutes les couleurs et toutes les religions.
00:49:04Et quand on voit ce qui se passe sur les réseaux sociaux,
00:49:07bah en fait, non.
00:49:09Donc moi, je trouve que ça fait du bien aussi
00:49:12d'avoir une équipe qui détonne dans le championnat
00:49:15et qui fait valoir son identité, qui est très forte
00:49:18et que, quand même, il n'y a pas tout le monde qui peut...
00:49:20Il n'y a pas tout le monde qui peut prôner ça.
00:49:24Deux semaines auparavant, une autre joueuse de Bobigny s'était dite victime d'insultes racistes.
00:49:29Contrairement à Koumba, elle n'avait pas réussi à se contenir
00:49:33et répondit par un violent coup de poing.
00:49:37À la fin du match, je vais la voir et je lui dis vraiment,
00:49:39c'est pas du tout acceptable, ton comportement.
00:49:41Tu renvoies une image hyper négative de toi, de l'équipe, etc.
00:49:44Et elle me dit tout de suite, mais elle m'a insultée.
00:49:47Donc elle a été insultée de sale macaque.
00:49:50C'est compliqué à gérer parce que c'est évidemment inadmissible.
00:49:53En parallèle, si on veut combattre la violence,
00:49:56on ne peut pas répondre par la violence.
00:49:58Et en même temps, elle me dit, en fait, c'est épidermique.
00:50:01Plusieurs jours après, elle en pleurait encore, sincèrement.
00:50:03Elle a été vraiment secouée.
00:50:05Mais elle dit, si ça arrivait à nouveau,
00:50:07je ne sais pas si j'arriverais à ne pas réagir comme ça.
00:50:12Face à l'accumulation d'incidents,
00:50:14une réunion avec l'ensemble de l'équipe est organisée.
00:50:18Tu as senti que ça allait libérer d'un poids aussi, de l'exprimer ?
00:50:21Sur le moment, j'ai plus senti un poids que de libérer d'un poids.
00:50:24On a eu des filles qui, à chaque fois qu'on en parlait,
00:50:26pleuraient et pleuraient, vraiment.
00:50:28Pour nous, c'était vraiment important d'avoir ce temps-là.
00:50:31Ça a duré beaucoup plus longtemps que prévu.
00:50:33Initialement, ça devait être une dizaine de minutes.
00:50:35En fait, je crois qu'on a passé tout l'entraînement juste à se parler
00:50:37parce que c'était très important à ce moment-là
00:50:39de se recentrer et de se comprendre les uns et les autres.
00:50:42Ça a heurté les filles sur le fait de...
00:50:45Comment c'est possible ?
00:50:47En fait, on est en 2024, comment...
00:50:49Bon, ok, ça existe.
00:50:51Et maintenant, on fait quoi ? On se positionne en victime ?
00:50:53Non.
00:50:54D'accord, on fait quoi ? On arrête de jouer au rugby ?
00:50:57Non.
00:50:58Ok, mais on fait quoi ?
00:51:00Le premier truc, c'est l'urgence.
00:51:02Si ça arrive à nouveau, qu'est-ce qu'on fait ?
00:51:04Si on se fait insulter, quelle que soit l'insulte d'ailleurs.
00:51:07On rentre au vestiaire parce qu'on n'est pas là pour ça.
00:51:09Ça implique aussi qu'on soit exemplaire dans nos comportements.
00:51:13Mais on a aussi envie de faire un travail en interne
00:51:16autour d'actions sociales,
00:51:18avec des personnes en situation de handicap.
00:51:20L'année dernière, on a un groupe de joueuses
00:51:22qui est allé en prison pour travailler
00:51:26et faire une situation rugby
00:51:28avec des gens qui étaient pas loin de ressortir
00:51:32et donc d'être en situation de réinsertion.
00:51:36Ça permet de rencontrer des personnes,
00:51:39de pouvoir discuter sur des sujets qui sont différents,
00:51:42de voir le sport d'une manière plus large
00:51:44que simplement la performance sportive.
00:51:46On a la chance d'être des joueuses qui évoluent
00:51:48en première division féminine,
00:51:50donc qui pratiquent leur sport au plus haut niveau
00:51:53et qui en même temps ont un message apporté
00:51:56auprès de plans de public différents.
00:52:01Parmi les actions mises en place par les joueuses de Bobigny,
00:52:04des rencontres sont organisées
00:52:06avec des personnes atteintes de cancer du sein.
00:52:08Après une première intervention à l'hôpital,
00:52:11elles se sont retrouvées sur le terrain,
00:52:13l'automne dernier, pour une séance de rugby santé.
00:52:17On a tous vécu quelque chose de vraiment difficile
00:52:20et en fait, même nous, on n'en parle pas.
00:52:24La soirée se termine au club house
00:52:26par un moment de témoignage et de sensibilisation
00:52:29au dépistage du cancer du sein.
00:52:32Pour les filles de Bobigny,
00:52:34il n'est plus question de rugby.
00:52:41Racisme, violence, addiction,
00:52:45le rugby traverse une crise profonde
00:52:47que peu osent décrire à voix haute.
00:52:50Impuissant à réguler les excès qu'il génère,
00:52:53le monde professionnel ne semble pas plus habile
00:52:56à répondre à la souffrance psychologique
00:52:58qui touche de plus en plus de joueurs.
00:53:01Pour sortir du gouffre dans lequel le rugby l'avait plongé,
00:53:04Rémi Leroux n'a pu compter que sur lui-même,
00:53:07quitte à tirer un trait sur sa carrière,
00:53:09à l'âge de 24 ans.
00:53:15Deux ans après avoir pris cette décision radicale,
00:53:18il a accepté de nous raconter
00:53:20comment ce sport qu'il aime tant
00:53:22l'a rendu si malheureux.
00:53:25C'était des moments sympas.
00:53:27C'est le premier maillot en pro.
00:53:31Contre Toulouse.
00:53:33Je ne l'ai même pas lavé.
00:53:34Il faisait grand beau.
00:53:35C'était magnifique.
00:53:38Ça, c'était des belles années.
00:53:41C'est l'année où on perd en finale de Dantes.
00:53:44Premier match situé à Montpellier.
00:53:47Le sentiment de plénitude.
00:53:49Tu captes tout ce qui se passe.
00:53:52T'es aux aguets sur tout.
00:53:54C'est incroyable.
00:53:56Voilà un petit peu les reliques que j'ai gardées.
00:54:00Originaire de Normandie,
00:54:02Rémi Leroux signe son premier contrat professionnel
00:54:04à La Rochelle en 2020.
00:54:06Il a 21 ans.
00:54:08Avec les Maritimes,
00:54:10ce solide deuxième ligne au casque rouge
00:54:12va disputer plus de 20 matchs de top 14
00:54:14et de Coupe d'Europe.
00:54:16Vice-champion de France en 2021,
00:54:18dans un club ambitieux où il se sent bien,
00:54:21Rémi Leroux profite pleinement
00:54:23de sa vie de jeune rugbyman.
00:54:25À La Rochelle, c'était magnifique.
00:54:27Rémi Leroux, que des bons souvenirs.
00:54:30C'était pour moi mes plus belles années.
00:54:33Honnêtement.
00:54:35Premier contrat professionnel,
00:54:37premier match en pro.
00:54:39On avait un groupe incroyable.
00:54:41J'étais réellement avec une bonne de pote.
00:54:43Ce qui m'a fait partir de là-bas,
00:54:45c'est quand Will Skelton est arrivé.
00:54:47Au bout d'un moment, je me suis dit
00:54:49ça y est, Rémi, t'es plus invité.
00:54:51Quand tu vois Will arriver,
00:54:53tu te dis c'est bon.
00:54:55Tu t'inclines et tu te casses.
00:54:58Là, tu signes en pro D2.
00:55:00Comment ça se passe ?
00:55:02Je signe à Vannes.
00:55:04Ça se fait assez naturellement là-bas.
00:55:07Ça me rapproche d'ici la Normandie.
00:55:10Ça me rapproche de ma famille.
00:55:12Le projet était sympa en plus.
00:55:14Il y avait déjà l'ambition
00:55:16de monter en top 14.
00:55:18Ça me plaisait.
00:55:20Alors qu'il a déjà signé son contrat
00:55:22pour le club breton,
00:55:24Rémi se blesse lors de son dernier match
00:55:26avec la Rochelle.
00:55:28Il est victime d'une rupture
00:55:30d'un ligament à une cheville.
00:55:32C'est le début d'une course contre la montre
00:55:34pour se soigner avant de démarrer
00:55:36la préparation avec son nouveau club,
00:55:38pressé de pouvoir l'utiliser sur le terrain
00:55:40et pressé en dehors.
00:55:42Tu ressens qu'on t'a recruté.
00:55:44Il faut que tu sois prêt.
00:55:46Quand tu serres la main d'un mec
00:55:48et que tu signes un contrat,
00:55:50t'as envie d'honorer ta part.
00:55:52Il faut que tu sois bon de suite.
00:55:54T'as cette responsabilité
00:55:56qui est la mienne.
00:55:58Après, t'as celle des prépas
00:56:00et du coach, je pense.
00:56:04Très clairement, ils te remettent
00:56:06très vite sur le terrain.
00:56:08Tous les jours, tous les matins,
00:56:10tu peux courir.
00:56:12Je ne sais pas.
00:56:16Rémi est déclaré apte à jouer
00:56:18mais dès le deuxième match de préparation,
00:56:20sa cheville lâche à nouveau.
00:56:22Le normand comprend que cette fois,
00:56:24il va falloir être plus patient
00:56:26malgré l'empressement du staff.
00:56:30Il découvre surtout que la prise en charge
00:56:32psychologique des joueurs blessés
00:56:34n'existe pas.
00:56:36La deuxième fois, j'ai pas voulu faire la même connerie.
00:56:38J'ai pris vraiment mon temps.
00:56:40L'équiné était un peu tiraillé entre le prépas
00:56:42et eux me le disaient aussi.
00:56:44Ils aimeraient bien que tu reviennes.
00:56:46J'ai encore mal.
00:56:48Tu recours, tu boites.
00:56:50Le prépas te dit que c'est normal.
00:56:52C'est le début.
00:56:54L'équiné te dit que si tu as mal,
00:56:56il vaut mieux faire une semaine.
00:56:58Tu n'auras plus mal et tu reprendras normalement.
00:57:00Tu la sens cette pression
00:57:02mais elle n'est pas directe.
00:57:04Elle est très claire.
00:57:06Elle est claire mais pas explicite.
00:57:08On vient de voir le mat.
00:57:10Comment ça va ?
00:57:12Tu peux courir ? Tu ne peux pas courir ?
00:57:14Il s'en va.
00:57:16Il faut que tu joues tel match.
00:57:18On ne te le dit pas.
00:57:20Comment tu l'as vécu cette période-là ?
00:57:22Honnêtement, c'est descente aux enfers,
00:57:24rapide.
00:57:26Tu passes de top 14, pro D2, blessé,
00:57:28et ne pas jouer un match.
00:57:30Est-ce que j'ai fait le bon choix ?
00:57:32T'intégrer dans une équipe quand tu es blessé,
00:57:34ce n'est pas évident.
00:57:36Surtout qu'avant les blessés,
00:57:38on était assez mis de côté.
00:57:40Tu n'as pas senti un soutien énorme du club ?
00:57:42T'en as pas.
00:57:44Le soutien, t'en as pas à ce moment-là.
00:57:46Ils s'occupent des joueurs qui jouent,
00:57:48qui sont bons, qui sont performants,
00:57:50et qui sont là pour aller chercher quelque chose.
00:57:52Ceux qui ne sont pas encore dans le move,
00:57:54on ne s'en occupe pas.
00:57:56S'ils raccrochent, tant mieux.
00:57:58S'ils ne raccrochent pas, tant pis.
00:58:00Personne ne te demande comment tu vas ?
00:58:02Personnellement, non.
00:58:04Pas une fois ?
00:58:06Pas une fois.
00:58:08Dans le rugby, on ne te demande pas si ça va.
00:58:10Tu es rugbyman professionnel,
00:58:12tu as un salaire,
00:58:14tu fais ton métier,
00:58:16c'est ta passion,
00:58:18tu ne peux pas aller mal.
00:58:20En même temps, il y a l'image du rugbyman
00:58:22où c'est le mec fort.
00:58:24C'est le mec musclé,
00:58:26viril.
00:58:28Il ne peut pas être pas bien dans sa tête.
00:58:30Parler au club, c'est un reussi ?
00:58:32Non, ce n'est pas possible.
00:58:34Tu ne peux pas aller voir le manager
00:58:36et lui dire que ça ne va pas bien,
00:58:38je rentre chez moi en chiant.
00:58:42Remis de sa blessure,
00:58:44Rémy intègre l'équipe en octobre 2021.
00:58:46Il enchaîne les matchs
00:58:48avant de perdre sa place de titulaire
00:58:50sans comprendre pourquoi.
00:58:52Le moral, déjà affecté
00:58:54par une intégration difficile,
00:58:56cède pour de bon.
00:58:58Tu es tombé carrément en dépression ?
00:59:00Avant, oui.
00:59:02Je suis allé voir quelqu'un
00:59:04au milieu de ma deuxième saison.
00:59:06Je n'avais pas encore pris la décision
00:59:08d'arrêter réellement.
00:59:10Je me suis posé plein de questions.
00:59:12J'ai commencé à en parler
00:59:14à des mecs qui étaient dans la même situation que moi.
00:59:16Là, les mecs te disent
00:59:18« Ouais, moi aussi,
00:59:20j'ai été voir un psy.
00:59:22En fait, on était 5-6 dans le vestiaire
00:59:24à aller voir un psy à côté.
00:59:26On aurait dû en parler, ça m'aurait aidé. »
00:59:28Quand tu vois qu'il y en a autant
00:59:30qui allaient voir des psys,
00:59:32tu te poses la question « Est-ce que c'est normal ? »
00:59:34Parce que quand même, c'est ta passion
00:59:36qu'au moins
00:59:385-6 mecs dans le vestiaire
00:59:40même si je pense qu'il y en avait plus
00:59:42aillent voir des psys alors que tu évites ta passion
00:59:44et que c'est censé faire le truc qui te fait le plus kiffer au monde.
00:59:46Tu es devenu un produit.
00:59:48On t'achète, on t'utilise
00:59:50et quand on ne peut pas t'utiliser,
00:59:52on te met au placard.
00:59:56Rémy a 24 ans quand il décide
00:59:58de mettre un terme à sa carrière.
01:00:00Il rentre chez sa mère en Normandie
01:00:02et met à jour son CV
01:00:04dans lequel figurent des études de commerce.
01:00:08L'ancien joueur de Top 14
01:00:10décroche rapidement un poste
01:00:12dans une société de distribution de boissons.
01:00:14« Franchement, je suis
01:00:16beaucoup plus détendu.
01:00:18J'ai retrouvé un équilibre
01:00:20entre ma vie
01:00:22ma vie pro et mes envies
01:00:24mes plaisirs.
01:00:26J'arrive à lier le tout
01:00:28harmonieusement. »
01:00:30« Tu n'as pas cherché à rebosser dans le rugby ?
01:00:32Parce que tu aurais pu avoir une activité professionnelle aussi dans le rugby. »
01:00:34« Oui, mais je voulais vraiment couper avec le milieu.
01:00:36J'ai bien mis 7-8 mois
01:00:38avant de remettre les pieds ici et de me dire
01:00:40je vais recotoyer
01:00:42des gens qui font du rugby. »
01:00:46S'il a perdu le plaisir de jouer,
01:00:48Rémy a découvert celui d'entraîner,
01:00:50à Ifto, là où il a commencé le rugby.
01:00:52« Allez, on parle là-bas.
01:00:54Avant la porte, prends plus de profondeur.
01:00:58On regarde, on tourne la tête, on tourne les épaules,
01:01:00on envoie la balle. Allez, Kiki ! »
01:01:02Deux fois par semaine,
01:01:04il chaperonne les avants de ce club régional
01:01:06composé essentiellement d'agriculteurs
01:01:08et d'étudiants. Loin,
01:01:10très loin du monde professionnel
01:01:12abandonné il y a deux ans.
01:01:14« Tu n'as pas des grains aujourd'hui ? »
01:01:16« Non.
01:01:18Franchement, je suis très à l'aise
01:01:20avec ma décision.
01:01:22J'en veux à personne.
01:01:24Maintenant, il y a
01:01:26un milieu qui fonctionne comme ça.
01:01:28Et je pense que
01:01:30ou tu l'acceptes, ou tu n'es pas fait pour.
01:01:32Et puis, tout bonnement,
01:01:34moi, je pense que je n'étais pas fait pour.
01:01:36Mais tu vois, moi, j'idéalisais un truc.
01:01:38Enfin, j'idéalisais vraiment
01:01:40ce truc
01:01:42de dimension collective,
01:01:44de bande de potes, de trucs. Et puis, on entendait
01:01:46des histoires des anciens. Moi, j'attendais
01:01:48beaucoup de les vivre.
01:01:50Et puis, j'en ai vécu
01:01:52des très belles, mais
01:01:54peut-être pas aussi fortes que ce que j'aurais voulu les vivre.
01:01:56Et puis, en arrivant à Vannes,
01:01:58carrément plus du tout.
01:02:00Je pense que les jeunes qui arriveront
01:02:02seront un peu plus préparés
01:02:04et auront conscience que c'est un métier.
01:02:06Il faut bosser.
01:02:08Et tu es un produit.
01:02:10Je pense que tout le monde le saura. Ce sera clair pour tout le monde.
01:02:12Et il y aura moins de déceptions. »
01:02:16Longtemps, le milieu
01:02:18du rugby a capitalisé sur les
01:02:20fameuses valeurs de son sport.
01:02:22Peu à peu,
01:02:24l'illusion disparaît.
01:02:26Et désormais,
01:02:28certains le disent sans concession.
01:02:30« C'est devenu de plus en plus dur
01:02:32mentalement. Pourquoi ?
01:02:34Parce qu'il y a des contrats
01:02:36avec les joueurs qui ne jouent pas,
01:02:38qui sont blessés, etc.
01:02:40Aujourd'hui,
01:02:42il y a l'aspect financier
01:02:44qu'on n'avait pas, nous.
01:02:46On travaillait.
01:02:48On venait au rugby, on s'éclatait.
01:02:50On voyait nos potes.
01:02:52C'était vraiment une famille.
01:02:54On venait chercher quelque chose.
01:02:56Ce côté convivial, ce côté guerre ensemble,
01:02:58la soule, un village contre
01:03:00un autre village, ça, ça a été
01:03:02notre éducation. Ça n'existe plus, ça.
01:03:04Aujourd'hui, on est professionnels, tu te crois,
01:03:06tu ne te dis même plus bonjour, chacun rentre chez soi,
01:03:08etc. C'est terminé, ça.
01:03:10Ces valeurs du rugby, quand on me dit « la grande famille »,
01:03:12tout ça, ce sont des
01:03:14mensonges.
01:03:16Il y avait des familles. Il y avait une famille
01:03:18mais tout ça n'existe plus.
01:03:20C'est l'entraîneur du club qui, aux urgences,
01:03:22va lui dire qu'elle ne se
01:03:24respecte pas parce qu'elle donne son nom.
01:03:34Il n'y a pas question de dire « on a accepté ce qu'ils ont fait ».
01:03:36On n'a pas du tout accepté ce qu'ils ont fait.
01:03:38C'est pas une deuxième chance d'être un patron.
01:03:44Longtemps, le milieu du rugby a capitalisé
01:03:46sur les fameuses valeurs de son sport.
01:03:50Peu à peu, l'illusion disparaît.
01:03:52Et désormais,
01:03:54certains le disent sans concession.
01:03:56C'est devenu de plus en plus dur
01:03:58mentalement. Pourquoi ?
01:04:00Parce qu'il y a des contrats.
01:04:02Il y a des joueurs qui ne jouent pas,
01:04:04qui sont blessés, etc.
01:04:06Ils s'emmerdent.
01:04:08Aujourd'hui, il y a l'aspect financier,
01:04:10qu'on n'avait pas, nous.
01:04:12On travaillait.
01:04:14On venait au rugby, on s'éclatait.
01:04:16On voyait nos potes.
01:04:18C'était vraiment une famille.
01:04:20On venait chercher quelque chose.
01:04:22Ce côté convivial, ce côté guerre ensemble.
01:04:24La soule, un village contre un autre village.
01:04:26Ça, ça a été notre éducation.
01:04:28Ça n'existe plus, ça.
01:04:30Aujourd'hui, on est professionnels.
01:04:32Tu te crois, tu ne te dis même plus bonjour,
01:04:34chacun rentre chez soi, etc. C'est terminé, ça.
01:04:36Ces valeurs du rugby, quand on me dit « la grande famille »,
01:04:38tout ça, ce sont des mensonges.
01:04:40Il y avait une famille rugbystique.
01:04:42Mais tout ça n'existe plus.
01:04:46Dans un rugby déshumanisé
01:04:48et de plus en plus exigeant physiquement,
01:04:50le groupe n'est plus là pour accompagner
01:04:52les fragilités des copains.
01:04:54Dans ce domaine aussi,
01:04:56le rugby a pris un retard important.
01:05:00Il y a pourtant urgence.
01:05:02La prise en charge de la santé mentale des joueurs
01:05:04sera un enjeu considérable
01:05:06des années qui viennent.
01:05:08Il va falloir prendre en considération le bien-être.
01:05:10Et je sais que pour avoir été à World Rugby,
01:05:12c'est un véritable centre d'intérêt,
01:05:14c'est un véritable souci,
01:05:16la santé des joueurs.
01:05:18Mais moi, je pense, encore une fois,
01:05:20que les joueurs jouent trop.
01:05:22Je suis certain qu'à terme,
01:05:24les joueurs joueront moins,
01:05:26parce que malheureusement,
01:05:28quand on voit ce qui arrive à certains joueurs,
01:05:30notamment au niveau des commotions,
01:05:32tu te dis, tôt ou tard,
01:05:34il va falloir réduire la volure.
01:05:36C'est une évidence.
01:05:38Ou alors, il va falloir 55 joueurs.
01:05:40Ce n'est pas possible.
01:05:42C'est un grand budget.
01:05:44Arrière internationale,
01:05:46champion de France et vainqueur du challenge européen
01:05:48avec le Stade français,
01:05:50Hugo Bonneval a joué toute sa carrière
01:05:52ou presque en serrant les dents.
01:05:54Hanches, épaules, cuisses
01:05:56et surtout genoux,
01:05:58le francilien a beaucoup souffert.
01:06:02Il a multiplié les séjours dans les salles d'opération
01:06:04et prenait des anti-inflammatoires quotidiennement
01:06:06pour supporter la douleur.
01:06:10Fin 2021,
01:06:12un médecin de la Sécurité sociale
01:06:14le déclare inapte à la pratique du rugby
01:06:16et lui interdit de renouveler sa licence.
01:06:20Quand tu es passé devant le médecin de la Sécurité sociale,
01:06:22tu rigoles.
01:06:24Pourquoi ?
01:06:26Parce qu'il a vu...
01:06:28Je suis arrivé avec un dossier,
01:06:30avec des sacs à dos.
01:06:32La pile de dossiers,
01:06:34si tu veux,
01:06:36d'infiltration, PRP,
01:06:38visco,
01:06:40arthroscopie,
01:06:42tous les ans, etc.
01:06:44Pour moi, ce qui me semblait être un dossier normal
01:06:46d'athlète blessé,
01:06:48c'est vrai qu'il voit ça et me dit
01:06:50comment vous faites pour marcher ?
01:06:52Je ne sais pas.
01:06:54Parce qu'en fait, tu ne te poses pas la question.
01:06:56Quand tu es dans le circuit,
01:06:58il faut savoir aimer la douleur
01:07:00parce que sinon, tu ne peux rien faire sans la douleur.
01:07:02Peu importe le sport, peu importe la blessure.
01:07:04Tu ne te dis pas que vous avez pris des risques
01:07:06pour ton corps ?
01:07:08Je ne peux pas dire ça parce que le sport m'a donné
01:07:10tout ce que j'ai dans la vie aujourd'hui.
01:07:12Mais après, tu te rends compte que
01:07:14finalement, 33 ans, ce n'est pas vieux
01:07:16et que tu as des parties de ton corps qui ont
01:07:18le double voire le triple de leur âge officiel.
01:07:22Jamais aucun médecin,
01:07:24aucun kiné, aucun entraîneur ne m'a forcé.
01:07:26Est-ce que ce n'est pas un sport qui est devenu
01:07:28trop dur ? En tout cas, très dur.
01:07:30C'est vraiment le seul sport de combat
01:07:32où tu joues 10 mois par an.
01:07:34Un boxeur,
01:07:36il fait 3 combats dans l'année.
01:07:38Franchement, c'est beau.
01:07:40Au football américain, ils ont une saison de 6 mois
01:07:42avec 15 matchs.
01:07:44Et nous, on est les seuls ou les équipes qui sont championnes,
01:07:46elles démarrent le 1er août et finissent le 27 juin.
01:07:48Aujourd'hui, les collisions au rugby,
01:07:50ça me fait rire,
01:07:52mais c'est une smartoff rouge.
01:07:54Si tu te fais cartonner par une smartoff rouge à 30 km par heure,
01:07:56c'est pareil. Aujourd'hui, les mecs font
01:07:58110-115 kg, ils courent à 34-35 km par heure,
01:08:00ils te rentrent dedans.
01:08:02Tu vois, notre carrosserie, c'est nos os et nos muscles.
01:08:04Tu ne te dis pas qu'il faudrait mettre un peu le pied
01:08:06sur le frein, peut-être ?
01:08:08Je ne vois pas comment tu peux le faire.
01:08:10Sauf si tu réduis le nombre de matchs.
01:08:12Tu passes à un calendrier, on va dire,
01:08:14comme les équipes anglo-saxonnes, comme les irlandais,
01:08:16qui font 15-20 matchs par an.
01:08:18Mais donc, tu dis à tous les mecs,
01:08:20je retire un zéro sur la fiche de paix,
01:08:22tu rentres dans un débat
01:08:24qui n'est plus la santé du joueur,
01:08:26mais qui est toute l'économie du sport
01:08:28et ce que les joueurs préfèrent gagner plus
01:08:30et risquer de se blesser
01:08:32ou gagner moins et être en bonne santé.
01:08:34Ça, je ne me permettrais pas de parler
01:08:36pour tout le monde.
01:08:38Chacun a ça.
01:08:40Chacun pense comme il veut, chacun a ses besoins
01:08:42pour sa famille, pour ses proches.
01:08:44Mais c'est sûr que si tu dis aux mecs,
01:08:46demain, vous ne faites qu'un match tous les deux semaines,
01:08:48en gardant les mêmes salaires, etc.,
01:08:50je ne pense pas qu'un joueur va te dire
01:08:52qu'il veut jouer tous les jours.
01:08:54C'est compliqué.
01:08:56J'ai le genou d'un homme vieux
01:08:58dans le cerveau d'un jeune homme.
01:09:00Je ne suis pas triste de ça
01:09:02parce que je sais ce que ça m'a apporté.
01:09:04Après, plus tard, t'en payes les conséquences.
01:09:06T'as mal au genou, t'as mal à l'épaule,
01:09:08t'as plus de viscu, parce que tu t'es désinséré.
01:09:12Mais demain, si c'était à refaire,
01:09:14tu le referais ? Je te dis oui, à 100 %.
01:09:16Parce que quand tu te lèves le matin,
01:09:18tu fais l'entrée du Stade de France
01:09:20avec 80 000 personnes qui chantent.
01:09:24En coulisses, la prise de conscience collective
01:09:26émerge peu à peu dans les discussions.
01:09:30Partout dans le monde,
01:09:32de nombreux rugbymen souffrent,
01:09:34soit physiquement, soit psychologiquement,
01:09:36souvent les deux.
01:09:38Ce sport est devenu trop exigeant.
01:09:40Les joueurs jouent trop,
01:09:42trop vite, trop fort, trop souvent.
01:09:44Mais personne ne souhaite vraiment
01:09:46appuyer sur la pédale de frein.
01:09:48Il y a des matchs à gagner,
01:09:50des sponsors à convaincre,
01:09:52des trophées à conquérir.
01:09:54Il ne se passe plus une semaine
01:09:56sans qu'une nouvelle affaire éclate.
01:09:58Les conséquences sportives, pour ceux qui fautent,
01:10:00sont quasi nulles.
01:10:02Cette saison, Montpellier
01:10:04compte 7 joueurs et un membre du staff technique
01:10:06déjà condamné pour des faits de violence.
01:10:08L'été dernier,
01:10:10le MHR a notamment recruté
01:10:12l'ancien joueur de Castres,
01:10:14King Patin, condamné à 12 mois de prison
01:10:16avec sursis pour des violences conjugales.
01:10:18Et Mohamed Awas,
01:10:20puni d'un an de prison ferme
01:10:22pour les mêmes raisons.
01:10:24L'histoire est simple.
01:10:26Tu as une deuxième chance et tu n'en as pas trois.
01:10:28Il n'est pas question de dire
01:10:30qu'on a accepté ce qu'ils ont fait.
01:10:32On n'a pas du tout accepté ce qu'ils ont fait.
01:10:34On a donné une deuxième chance.
01:10:36Je trouve très fort l'attitude de mon président.
01:10:38Quand je lui ai dit,
01:10:40quand on a signé ces deux joueurs,
01:10:42j'ai dit, mais qu'est-ce qu'on fait ?
01:10:44On les laisse sur le bord de la route,
01:10:46plus personne ne les regarde,
01:10:48comme ça s'est passé.
01:10:50Quand tu parles avec eux,
01:10:52c'est la grande famille du rugby,
01:10:54là aussi on peut en parler.
01:10:56Tu leur dis, vous êtes très mal comportés.
01:10:58Vous aurez une deuxième chance,
01:11:00vous n'en aurez pas trois.
01:11:02Je préfère cette formule.
01:11:04Est-ce que tu comprends les critiques ?
01:11:06Bien sûr que je peux les comprendre,
01:11:08ce n'est pas ça le problème.
01:11:10Il y en a qui ne sont pas récupérables, on le sait.
01:11:12Mais je le répète,
01:11:14j'ai trouvé fort qu'on me donne la chance
01:11:16à ces jours-là,
01:11:18mais ils savent qu'il n'y en aura pas d'autres.
01:11:40L'entraîneur du club s'est rendu au tribunal
01:11:42pour soutenir son joueur.
01:11:44Le 5 octobre,
01:11:46au petit matin,
01:11:48Taleta Tupuola a violemment
01:11:50agressé son épouse au retour d'une soirée
01:11:52alcoolisée avec des coéquipiers.
01:11:54« Quand je bois, je ne peux plus m'arrêter »,
01:11:56raconte-t-il à la barre.
01:11:58La suite décrit
01:12:00une nuit d'horreur.
01:12:02La soirée se termine.
01:12:04Taleta Tupuola prend le volant de son véhicule,
01:12:06sa femme à ses côtés,
01:12:08leur petit garçon de 3 ans
01:12:10à l'arrière.
01:12:12Sur le chemin, Taleta Tupuola
01:12:14percute 4 bornes en plastique.
01:12:16Le couple se dispute.
01:12:18À leur arrivée à leur domicile,
01:12:20Shaona Tupuola monte coucher
01:12:22son fils à l'étage.
01:12:24Taleta Tupuola les suit.
01:12:26« Maintenant, je vais défoncer
01:12:28ta mère », dit-il à son enfant.
01:12:30Quelques secondes plus tard,
01:12:32il attrape son épouse par le cou,
01:12:34il lui saisit les cheveux,
01:12:36elle tombe, dévale les escaliers.
01:12:38Alors que la jeune femme
01:12:40se trouve encore allongée au sol,
01:12:42il lui assène un violent coup de pied
01:12:44au visage, puis un deuxième.
01:12:46En haut des escaliers,
01:12:48le petit garçon assiste à la scène
01:12:50en silence.
01:12:52À la barre,
01:12:54le joueur apparaît contrit.
01:12:56Il reconnaît les faits,
01:12:58raconte une enfance au cours
01:13:00de laquelle la violence s'invitait
01:13:02trop souvent au sein du foyer familial.
01:13:04Il a le cœur brisé,
01:13:06dit-il, depuis qu'il sait que son fils
01:13:08a tout vu. En l'absence
01:13:10de son épouse, reparti en Nouvelle-Zélande
01:13:12avec son fils, il est condamné
01:13:14à 14 mois de prison avec sursis.
01:13:16Mais ce jour-là,
01:13:18ce n'est pas que le procès
01:13:20de Taleta Tupuola qui se joue.
01:13:22Parti avant la fin de l'audience,
01:13:24Pierre Cayet, le manager
01:13:26de la SBH, n'était pas présent
01:13:28pour entendre le réquisitoire
01:13:30du procureur de la République.
01:13:34Les premiers mots de ce dernier
01:13:36lui étaient pourtant destinés.
01:13:40On a tendance à considérer qu'un milieu particulier
01:13:42règle particulière.
01:13:44C'est le cas dans ce dossier.
01:13:46La victime a déposé plainte
01:13:48le 9 octobre pour des faits
01:13:50qui sont du 5. Et elle n'a pas
01:13:52été amenée aux urgences par les pompiers.
01:13:54Elle a été amenée aux urgences par l'entraîneur.
01:13:56C'est l'entraîneur du club
01:13:58qui l'amène aux urgences.
01:14:00C'est l'entraîneur du club qui, aux urgences,
01:14:02va lui dire qu'elle ne se respecte
01:14:04pas parce qu'elle donne son nom.
01:14:06Quand elle dépose plainte devant
01:14:08les policiers, elle dit qu'on ne
01:14:10voulait pas qu'elle donne son vrai nom.
01:14:12Pierre Cayet a-t-il
01:14:14cherché à étouffer l'affaire ?
01:14:16Dans sa déclaration devant les
01:14:18enquêteurs, Shauna Tupuola
01:14:20a prononcé ces mots.
01:14:22A l'hôpital, Pierre s'est énervé
01:14:24en disant « t'as aucun respect ».
01:14:26Pierre voulait que l'on respecte l'anonymat
01:14:28de mon nom.
01:14:30Après avoir été frappée, Shauna
01:14:32Tupuola est parvenue à s'enfuir
01:14:34avec son téléphone portable.
01:14:36Elle a alors appelé Ileana,
01:14:38la compagne de Cameron Dodson,
01:14:40un autre joueur de baisiers.
01:14:42Le couple la prend en voiture,
01:14:44direction l'hôpital.
01:14:46En route, Shauna a téléphoné
01:14:48à Tim Nanaï-Williams et
01:14:50Otunoku Paota, deux autres joueurs
01:14:52du club, pour leur demander d'aller
01:14:54s'occuper de son fils.
01:14:56A leur arrivée,
01:14:58chez les Tupuola,
01:15:00Tim et Otunoku préviennent
01:15:02Pierre Cayet, leur entraîneur,
01:15:04de la situation.
01:15:06C'est à ce moment-là de la nuit
01:15:08que les versions divergent.
01:15:10Face aux policiers,
01:15:12Ileana a affirmé que
01:15:14Pierre Cayet a envoyé un message
01:15:16pour leur dire de ne pas se rendre
01:15:18à l'hôpital.
01:15:20Shauna a alors accepté
01:15:22de se rendre au domicile
01:15:24de l'entraîneur.
01:15:26Ce dernier aurait ensuite voulu
01:15:28appeler le médecin du club.
01:15:30Une dispute a alors éclaté
01:15:32entre Ileana et le manager
01:15:34de l'ASBH.
01:15:36Cette dernière lui aurait dit
01:15:38« Je vais appeler la police
01:15:40si tu ne nous laisses pas aller
01:15:42à l'hôpital ».
01:15:44A l'issue de cette dispute,
01:15:46Pierre Cayet a finalement
01:15:48accompagné Shauna Tupuola
01:15:50aux urgences.
01:16:00De retour à Paris,
01:16:02après le procès de Taleta Tupuola,
01:16:04nous avons pris contact
01:16:06avec l'entraîneur de Bézier.
01:16:08Il dément fermement avoir voulu
01:16:10couvrir les violences de son joueur.
01:16:14« Je ne sais pas si vous êtes au courant,
01:16:16mais dans ces réquisitions,
01:16:18le procureur vous a mis en cause.
01:16:22Donc voilà, il a dit
01:16:24« La victime,
01:16:26elle a été amenée aux urgences par l'entraîneur du club.
01:16:28Elle dépose plainte devant les policiers
01:16:30et elle dit qu'on ne voulait pas
01:16:32qu'elle donne son vrai nom. »
01:16:34« Qui c'est qui a dit ça ? »
01:16:36« Le procureur dans ces réquisitions. »
01:16:38« Ah ouais ? D'accord.
01:16:40Je ferai rectifier ça dès demain. »
01:16:42« Est-ce que vous vous démentez ? »
01:16:44« Tout à fait. Le procureur a dit n'importe quoi.
01:16:46Je ne lui demanderai personne d'aller voir
01:16:48qu'il fasse des exercices.
01:16:50Aujourd'hui, moi, ça ne lit pas. »
01:16:52« Dans sa déposition devant la police,
01:16:54Shawna a dit
01:16:56« Pierre s'est énervé
01:16:58en disant « Tu n'as aucun respect.
01:17:00Pierre voulait que l'on respecte l'anonymat
01:17:02de mon nom. »
01:17:04« Pas du tout.
01:17:06Ça me déçoit un peu.
01:17:08Tu l'amènes à l'hôpital,
01:17:10tu lui sors ses papiers, sa carte vitale.
01:17:12Je ne vois pas comment je peux le cacher. »
01:17:14« Je vous dis les déclarations
01:17:16de Shawna Duclos là. »
01:17:18« Quatre heures du matin,
01:17:20je reçois cinq appels.
01:17:22Ils se décrochent.
01:17:24Ils me disent qu'il y a eu un problème.
01:17:26Je dis « C'est quoi le problème ? »
01:17:28Il me dit « Oui, bagarre, les cas, beaucoup de sang.
01:17:30Avec qui ? Sa femme. »
01:17:32Je lui dis « Alors, qu'est-ce qui se passe ? Elle est où ? »
01:17:34Il me dit « On va l'amener parce qu'on ne sait pas quoi faire. »
01:17:38« Ah ouais, d'accord.
01:17:40Cinq minutes après,
01:17:42il s'est attrapé.
01:17:44Arrêtez. »
01:17:46« Donc vous, jamais vous leur avez dit « Il ne faut pas appeler la police.
01:17:48Il ne faut pas aller aux urgences. Je vais appeler le docteur Duclos. »
01:17:50« Mais je n'ai même pas discuté avec eux.
01:17:52Je n'ai même pas discuté de ça avec eux.
01:17:54La femme de Cameron Dodson,
01:17:56de toute façon, sa déposition, elle ne vaut rien. »
01:17:58« Pourquoi ? »
01:18:00« La femme de Cameron Dodson allait rentrer chez moi, dans mon domicile,
01:18:02hystérique et ivre mort.
01:18:04De toute façon, ça m'apprendra aussi.
01:18:06C'est vrai qu'ici,
01:18:08je suis coach particulier.
01:18:10Je suis dans l'affectif. Je gère beaucoup d'extra-sportifs.
01:18:12Mais bon, c'est comme ça. Quand ça te tombe dessus... »
01:18:14« Mais vous ne dites pas que le rugby a tendance
01:18:16à vouloir protéger,
01:18:18à vouloir étouffer les affaires ? »
01:18:20« Je ne comprends pas. Aujourd'hui,
01:18:22l'affaire Duclos, la violence conjugale,
01:18:24il est sanctionné pour ça.
01:18:26Est-ce que le rugby protège ça ?
01:18:28Mais vous ne comprenez pas qu'on protège, d'accord ?
01:18:30On protège un homme aussi. »
01:18:34« Qui a quand même mis deux coups de pied
01:18:36dans la tête de son épouse, quand même. »
01:18:38« C'est très méchant, mais moi, j'en sais rien.
01:18:40C'est vous qui le dites. C'est le problème. »
01:18:42« C'est la justice, c'est pas moi. »
01:18:44« Alors c'est quoi ? On juge tout le monde ?
01:18:46Aujourd'hui, je protège
01:18:48tout simplement un homme
01:18:50qui a fait une erreur, qui a reconnu
01:18:52avoir fait une erreur.
01:18:54Et il a déjà double peine. Il perd sa femme,
01:18:56il perd son enfant. Donc qu'est-ce qu'on fait ?
01:18:58On lui trache dessus encore ?
01:19:00Ce qu'il a fait, c'est acceptable, je le sais.
01:19:02Mais après, au-delà de tout ça, qui suis-je ?
01:19:04C'est la justice qu'on cache.
01:19:06Moi, je cache quoi ? Arrêtez. »
01:19:12Le lendemain de sa condamnation,
01:19:14Taleta Tupiola était de retour
01:19:16à l'entraînement. Trois semaines
01:19:18plus tard, il était de nouveau
01:19:20titulaire contre Brive.
01:19:22Une part d'ombre demeure autour
01:19:24de cette affaire.
01:19:34Sous-titrage Société Radio-Canada