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Le Studio Ghibli, le plus célèbre studio d'animation japonais, a frappé à la porte de la Bretonne Cécile Corbel en 2010 pour réaliser la B.O. du film "Arrietty : le petit monde des Chapardeurs" ! Pour neo, elle raconte comment d'un geste innocent de fan, son rêve est devenu réalité. 🎬🎶

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00:00Le studio Ghibli me répond « Est-ce bien vous qui avez envoyé ce disque ? »
00:04Et là, je tombe de mon lit au sens presque vrai.
00:07J'étais loin de me douter de ce qu'ils allaient me demander ensuite.
00:09Pour moi, raconter des histoires, c'est garder une part d'enfance.
00:13Bonjour, je m'appelle Cécile Corbel.
00:15Je suis musicienne, artiste celtique, chanteuse, compositrice.
00:20Et il y a une quinzaine d'années, j'ai eu la chance de composer la bande-son d'un film
00:24qui s'appelle « Arrietty et le petit monde des chapardeurs » au Japon pour le studio Ghibli.
00:31J'étais vraiment fan de tout ce que faisait ce studio,
00:33fan d'animation japonaise en général.
00:35Mais moi, je n'étais pas du tout connue au Japon.
00:37J'étais d'ailleurs même à peine connue en France.
00:39J'ai fait un geste que font parfois les fans,
00:41c'est-à-dire un cadeau très innocent et très naïf.
00:43J'avais sorti un disque et je l'ai envoyé au studio Ghibli
00:46pour les remercier pour leur film qui m'inspirait beaucoup.
00:48Le disque a fait son chemin et est arrivé à la bonne adresse,
00:52sur le bureau du producteur en chef qui s'appelle Toshio Suzuki.
00:55Moi, je pense que ce sont des faits qui se sont emparés de mon enveloppe
00:58parce qu'il m'a dit ensuite de ne jamais écouter aucun CD qu'il recevait
01:02parce qu'il en reçoit 50 par semaine.
01:04Il ne sait pas trop pourquoi, il l'a raconté ensuite,
01:06il a ouvert cette enveloppe, il a écouté.
01:08À ce moment-là, ils commençaient la production de leur futur film
01:10qui allait s'appeler « Arrietty » mais le film n'existait pas.
01:12Je n'avais pas mis d'adresse sur mon envoi,
01:15même pas de mail de contact, rien, ils ont cherché.
01:17J'ai reçu un premier email qui disait juste
01:19« Est-ce bien vous qui avez envoyé ce disque ? »
01:22Et là, je tombe de mon lit au sens presque vrai.
01:25Je me dis, le studio Ghibli me répond.
01:27Je savais qu'ils étaient formidables et ils veulent me remercier d'avoir envoyé un disque
01:31mais j'étais loin de me douter de ce qu'ils allaient me demander ensuite,
01:34à savoir de composer une chanson pour leur futur film.
01:38Une chanson est devenue trois chansons, dix chansons et toute la B.O.
01:42Je pense que si on le fait de façon préméditée, ce genre d'envoi,
01:45en se disant « je vais montrer mon travail », ça ne marche jamais.
01:48D'ailleurs, je n'ai jamais recommencé mais je suis sûre que ça ne pourrait pas marcher deux fois.
01:52Il y a une dimension de chance extraordinaire.
01:54Les Japonais ont vraiment voulu nous rencontrer une première fois
01:57et au niveau des agendas, il n'y avait pas grand-chose qui collait pour eux,
02:00à part un concert que je faisais dans le Berry, donc on est vraiment au cœur de la France
02:04et c'était dans un tout petit village perdu, qui s'appelle Gargilesque, qui est magnifique.
02:10Une délégation de studio Ghibli a débarqué là-bas.
02:12En y repensant, c'était plutôt rigolo comme moment.
02:16Arrietty, c'est une petite fille un peu spéciale parce qu'elle fait dix centimètres,
02:20l'équivalent d'un lutin ou d'un corrigan breton ou irlandais,
02:24sur lequel elle vit à Tokyo avec sa famille.
02:26Ils vivent cachés bien évidemment parce que ce serait un drame si les humains les découvraient
02:31et c'est tout l'enjeu de l'histoire, c'est qu'Arrietty est un peu intrépide
02:34et qu'elle va se faire voir par un petit garçon, un humain.
02:38Donc la chanson d'Arrietty, c'est la toute première chanson composée pour le film
02:41qui finalement devient le générique du film.
02:44C'est devenu une chanson qui a, on peut dire, je crois, changé ma vie
02:48et je la joue chaque fois en concert depuis quinze ans.
02:52Avec Simon Caby, qui est mon compagnon à la ville et à la scène,
02:54on l'a commencé en même temps que le film, donc il y avait juste les dessins et le scénario
02:58et nos chansons qui prenaient vie au fur et à mesure
03:01et que les dessinateurs allaient écouter ensuite pendant des mois tout en travaillant
03:05et les indications précieuses du réalisateur qui étaient sous forme de poèmes.
03:10J'aime bien le mot artisan plutôt qu'artiste
03:13parce qu'on fabrique des choses comme un artisan, quel que soit le cours de métier.
03:17Donc j'aime bien cette humilité de ce métier de créateur
03:20et pas tout d'un coup de valoriser les paillettes et d'être devant la caméra,
03:25même si c'est le cas aujourd'hui.
03:26Je sais que derrière toute création artisanale, il y a du travail, de la sphère,
03:31peut-être même des larmes parfois, et donc je me sens vraiment artisane, moi, comme musicienne.
03:39Beaucoup de gens disent que je suis devenue une star au Japon.
03:42Moi, je ne l'ai jamais trop vécu comme ça.
03:43Pour moi, c'est Arrietty, c'est Arrietty.
03:45J'ai jamais trop vécu comme ça.
03:46Pour moi, c'est Arrietty et le film qui sont des stars.
03:50Et du coup, sa musique est rentrée dans les oreilles de tout le monde
03:52parce que l'été de la sortie du film, on ne pouvait pas marcher dans la rue
03:55sans voir l'affiche du film, sans entendre la chanson.
03:57C'était même assez angoissant quand j'y repense.
04:00Donc c'est Arrietty, la star.
04:02Ma chanson s'est glissée dans la porte et du coup, ma petite personne a été un peu connue aussi,
04:08mais je ne me sens pas star pour autant.
04:11Je pense que depuis enfant et dans mon métier de musicienne,
04:14ce qui m'a plu dès le début, c'était de raconter des histoires, en chanson, bien sûr, en mélodie.
04:18C'est peut-être lié à mes racines finnistériennes,
04:20où il y a vraiment un légendaire, un imaginaire qui est hyper présent
04:24et dont je suis assez friande depuis enfant et encore maintenant.
04:27Je trouve qu'il y a des ponts incroyables entre les cultures celtes et asiatiques
04:32dans une façon d'aborder la nature.
04:35Déjà, au Japon, j'ai été surprise de voir à quel point il y avait des paysages
04:38qui pouvaient rappeler surtout ma Bretagne natale,
04:41un lien aussi assez particulier avec l'océan.
04:43Même les citadins ont ce lien très puissant avec les éléments naturels,
04:48avec l'idée que derrière les arbres, les sources, les forêts,
04:52il y a quelque chose de supérieur ou en tout cas de caché.
04:57Et c'est quelque chose qu'il y a aussi beaucoup en Bretagne,
05:00dans les légendes ou même dans la vie quotidienne, j'ai envie de dire.
05:03Pour moi, raconter des histoires, c'est garder une part d'enfance.
05:07Je sais que les gens qui viennent me voir en concert, il y a aussi bien des grands et des petits,
05:11mais les grands, je crois, retrouvent quelque chose qui est important
05:15et qu'on a dans l'enfance et qu'on perd un peu quand on grandit,
05:17c'est le pouvoir de l'imagination.
05:19Dans beaucoup de légendes celtes ou japonaises,
05:22il y a des fées, il y a des lutins, il y a des créatures
05:26qui, peut-être si on est un adulte, font partie d'un monde imaginaire.
05:32Mais il suffit un peu de lever le voile des apparences
05:35et puis d'écouter différemment pour tout d'un coup lever le voile sur une autre réalité
05:40qui peut-être n'est pas la réalité, mais qui nous rattache à l'enfance.
05:45On peut dire qu'on croit aux fées parce qu'on a envie d'y croire
05:48et parfois ça fait du bien.
05:49Je ne voulais pas être musicienne, moi je voulais être archéologue.
05:52J'ai fait des études d'ailleurs d'archéologie, donc je voulais plutôt découvrir des trésors.
05:57Et la musique, c'est venu un peu plus tard, le fait de jouer avec d'autres musiciens.
06:02Ça a commencé dans les rues de Paris, dans les pubs de Paris
06:05et c'est un peu comme un virus où tout d'un coup on prend ce goût
06:08de la rencontre avec celui qui est venu écouter.
06:11Et donc je ne suis pas devenue archéologue.

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