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00:00Vous avez la parole, et la parole également au monde de la culture en Isère où les coupes budgétaires inquiètent.
00:04Oui, des coupes budgétaires parfois violentes.
00:06Jeudi dernier, les acteurs culturels, les enseignants aussi, ont appris que le pass culture était gelé.
00:11Toute la part qui finance l'éducation artistique et culturelle, les sorties au théâtre, les interventions d'artistes dans les classes notamment.
00:19Et qu'en pensez-vous la culture ? Est-ce qu'elle est accessible à tous ?
00:22Est-ce qu'il y a des sorties justement, vous, qui vous avez permis d'aller au théâtre, de découvrir un autre monde de la culture ?
00:27Rappelez-nous pour en parler et pour nous donner votre avis également sur le rôle de l'école dans la place de la culture 04-76-46-45-45.
00:34Et pour en parler ce matin, notre invité Jérôme Villeneuve, bonjour.
00:37Bonjour.
00:38Merci d'être avec nous en studio ce matin, directeur de l'Hexagone à Mélan, théâtre, scène nationale aussi.
00:43Alors, il y a pas mal de réactions dans le monde de la culture depuis quelques jours.
00:47La comédie française se dit très inquiète, le syndicat d'enseignants SNES-FSU parle de hold-up.
00:52Vous, Jérôme Villeneuve, quel est votre sentiment ? Quel mot vous utiliseriez ?
00:56Bon, celui d'inquiétude profonde, décroissante et d'assidération en fait.
00:59Il y a quelque chose de très brutal dans ce qui se passe, dans le fond comme dans la forme.
01:03Et c'est pas la première fois, c'est sans doute pas la dernière et ça augure une année 2025 très très compliquée pour nos secteurs de l'éducation et de la culture.
01:09Parce que pour vous, concrètement, ce gel du pass culture, ça a quel impact ?
01:12Est-ce que ça veut dire des projets qui tombent à l'eau, qui sont suspendus ?
01:16Je les ai listés, il y en a quatre, je ne sais pas si je les écriverais tous là maintenant.
01:20Mais il y a déjà le travail de fond qui est construit entre l'éducation nationale et la culture
01:24pour satisfaire à quelque chose, à travers plusieurs décennies, d'ouverture des esprits de la jeunesse au savoir et au rêve, d'une certaine manière.
01:33Ça veut dire, par exemple, qu'il y avait des sorties scolaires prévues à l'Hexagone qui sont annulées ?
01:37Des sorties scolaires prévues à l'Hexagone, des artistes en milieu scolaire à l'Hexagone et à l'échelle du territoire métropolitain ou départemental.
01:43Vous pouvez y aller sur des dizaines, centaines de projets qui vont devoir tomber à l'eau sur les quatre mois à venir.
01:47On parle en centaines de projets ?
01:49Là, hier, on a contacté nos collègues sur votre invitation à venir parler.
01:53Aujourd'hui, on a huit personnes, huit structures qui ont répondu.
01:56L'électrique, MC2, TMG, Odyssée, quelques-uns de nos habituels collaborateurs et collaboratrices.
02:02On est sur plus d'une centaine d'actions qui seront annulées à cette échelle-là.
02:08Donc, à l'échelle du département de l'Isère, je vous laisse imaginer.
02:10Et puis, il n'y a pas que les institutions qui travaillent sur le pass culture.
02:13Donc, oui, c'est énorme.
02:14Les scènes nationales, elles sont censées encourager la création, démocratiser la culture aussi.
02:19Est-ce que vous estimez que là, et à vous entendre, on a l'impression que c'est vos missions principales,
02:24le cœur de vos métiers qui sont en danger ?
02:26C'est au cœur de nos missions, c'est au cœur de nos engagements.
02:29On reste, pour l'éducation et la culture, des personnalités en général passionnées d'agir et pour le meilleur.
02:35Et dans ces deux secteurs-là, depuis quelques années, c'est fragile, ça se fragilise.
02:38Le pass culture était déjà un outil fragilisant.
02:41Parce qu'un outil de report, de manière de faire, qui était très qualitative,
02:45avec des moyens qui étaient soclés à la fois dans l'éducation nationale et dans la culture,
02:48qui se sont étiolés au point de disparaître.
02:51Le pass culture, c'est tout ce qui nous reste.
02:53Pour les enfants, pour cette jeunesse qui nous engage aussi en tant que parents,
02:57en tant que grands-parents, en tant que famille, on est tous à cet endroit-là.
03:00Donc oui, c'est le fond de nos métiers, c'est le fond de nos engagements qui est touché.
03:04On entend votre sidération un petit peu ce matin,
03:06sidération partagée par beaucoup d'acteurs du monde de la culture.
03:10Tout à fait, on accueille Aurélie Racchetti qui est avec nous.
03:13Bonjour Aurélie !
03:14Oui, Racchetti, bonjour.
03:16Pardon Aurélie, excusez-moi, je commence déjà par une erreur.
03:21Je me présente, je suis comédienne, artiste clown et marionnettiste sur Grenoble.
03:25Je travaille pour plusieurs compagnies.
03:27Et vous demandez, est-ce que la culture a sa place à l'école ?
03:31En fait, de tout temps, nous les comédiens, nous sommes intervenus déjà à l'école.
03:35Le pass culture a permis que ce soit plus facile que les scolaires et du budget pour ça.
03:41Et après une mise en place un peu compliquée pour avoir le pass culture,
03:45ça ne se fait pas non plus comme ça pour les compagnies,
03:48ça permet d'entrer plus facilement dans les milieux scolaires.
03:52Nous, on a un projet qui a failli aussi pas se faire.
03:56Heureusement, les profs avaient déjà préparé les effectifs.
03:59On a dû déposer en deux jours le projet.
04:03Aujourd'hui, toute cette médiation qu'on fait de tout temps,
04:07elle est encore remise en question.
04:10On nous demande de prouver que la culture est importante pour les jeunes,
04:14mais pour tout le monde en général.
04:16Ça veut dire que là, le projet qui est lancé, il va se faire,
04:20mais les suivants, vous n'en êtes absolument pas sûrs ?
04:22Les suivants, non. Pour cette année, il n'y a plus rien.
04:25Il n'y a plus rien, d'accord.
04:27Aujourd'hui, sans parler du gel du pass culture,
04:30on peut quand même dire que de toute façon, au niveau culturel,
04:32nous là, les artistes, parce que tous les projets qui ne vont pas se faire,
04:35c'est autant d'artistes qui ne vont pas être payés non plus.
04:37Il faut qu'on en parle et nous, la précarité, on y est de plus en plus dedans.
04:41On est vraiment très inquiets.
04:43Aujourd'hui, sans parler de...
04:46On est des aides-pensants.
04:48L'IA fait des chansons et des textes de théâtre.
04:51L'intelligence artificielle vous questionne et vous met en danger.
04:55Aussi, on était les aides-pensants.
04:57Maintenant, je pense qu'on ne sera plus que les aides-pensants,
04:59on sera moins les aides qui ressentent.
05:01Aujourd'hui, la culture est là pour ça,
05:03pour faire ressentir, et aux plus jeunes aussi.
05:05On nous demande de le prouver.
05:07Juste que le grand public se rende compte
05:09qu'il y a de moins en moins de programmation dans les salles.
05:12Les salles aussi ont dû réduire.
05:14Presque elles ont aussi moins...
05:16Monsieur pourra vous le dire, monsieur Villeneuve.
05:18Les petites compagnies comme la nôtre,
05:20forcément, vont moins être prises dans les salles
05:22puisque les salles ont besoin de prendre des compagnies
05:24qui ramènent du public.
05:26Est-ce que le grand public se rend compte de ça ?
05:28Continuez à aller dans les salles
05:30et aiderons-nous collectivement
05:32pour défendre nos métiers et défendre la culture.
05:34Le message est passé.
05:36Vous êtes de la compagnie Des Ordres Imaginaires, c'est ça ?
05:38C'est ça, c'est ça.
05:40Merci beaucoup Aurélie Raschetti d'avoir été
05:42avec nous au Standard d'ici hier ce matin.
05:44Vous pouvez faire comme elle, nous appeler Mathieu.
05:46Répondre à cette question,
05:48Aurélie y a répondu.
05:50Est-ce que la culture est accessible à tous ?
05:52Est-ce que c'est à l'école de participer à cette accessibilité ?
05:54Et petite note également,
05:56il y a des souvenirs de sorties scolaires qui vous ont marqué,
05:58qui vous ont permis d'aller découvrir des choses
06:00que vous ne connaissiez pas.
06:02On a beaucoup de réactions sur notre page Facebook également sur cette situation.
06:04On a Rose par exemple qui nous écrit
06:06« C'est vraiment une triste nouvelle,
06:08la culture est un outil formidable pour l'éducation.
06:10Toutes les familles n'ont pas les moyens
06:12d'avoir accès à toutes les formes de culture. »
06:14Dans le même style,
06:16on a Colette qui nous dit, celle qui l'écrit
06:18« Ça fait du bien de pousser une petite gueulante
06:20de bon matin, encore des économies
06:22sur le dos des plus démunis. »
06:24Et puis Jean-Louis qui nous dit
06:26« C'est bien dommage, il y avait des économies à faire,
06:28mais dans d'autres secteurs que la culture. »
06:30Appelez-nous pour intervenir 0476 46 45 45.
06:32Et notre invité ce matin, Jérôme Villeneuve,
06:34directeur de l'Hexagone,
06:36a mêlé en théâtre l'une des deux scènes nationales
06:38de l'agglomération grenobloise.
06:40J'ai vu sur la page Facebook
06:42de l'Hexagone, Jérôme Villeneuve,
06:44que vous encouragez les spectateurs
06:46à se mettre debout à la fin des spectacles
06:48pour afficher leur soutien
06:50au service public de la culture.
06:52Quel message a passé ce matin, celui d'Aurélie aussi ?
06:54Aller dans les salles de spectacle
06:56soutenir les artistes ?
06:58C'était avant ça, ça fait beaucoup sur le début de l'année.
07:00C'est en conséquence de coupes
07:02qu'on attend en fait.
07:04On attend les décisions prises par l'État,
07:06on sait que le budget est en cours d'être intériné peut-être,
07:08de nos collectivités, de la région
07:10et même de la métropole.
07:12On ne sait pas où on va en 25, on est dans 25,
07:14on a programmé 25 jusqu'à fin mai,
07:16on anticipe notre saison jusqu'à juin 2026,
07:18on est en train de la construire.
07:20Nos équipes, malgré tout, gardent le cap,
07:22les artistes sont présents au plateau,
07:24les publics sont plus que jamais dans nos salles,
07:26c'est aussi quelque chose qui est à dire, c'est que les gens viennent,
07:28les gens sont présents, et les gens se lèvent très volontiers
07:30pour manifester l'importance pour eux d'être là en communion
07:32face à ces plateaux-là,
07:34ou hors des murs, ou dans les classes,
07:36quand il est question des artistes,
07:38qu'on balade aussi sur le territoire pour rendre accessible
07:40précisément cette culture au plus grand nombre.
07:42Pour revenir et étayer un peu
07:44ce que disait l'intervenante,
07:46sur les huit structures qu'on a sondées hier,
07:48on est à quelques milliers d'euros de déficit par structure
07:50sur les entrées en billetterie.
07:52Pour chaque structure, vous voulez dire ?
07:54C'est rien, on compte en dizaines de milliers d'euros
07:56le déficit pour les artistes.
07:58Il y a des structures, la Belle Électrique, c'était 10 000 euros d'engagement,
08:00l'Espace 612, 1000 euros d'engagement,
08:02c'est considérable,
08:04et effectivement, les premiers concernés
08:06sont tout d'abord ces jeunes
08:08qui ne viendront pas au spectacle,
08:10auxquels on ne viendra pas
08:12présenter des propositions artistiques
08:14ou des ateliers de pratique, et c'est les artistes du territoire
08:16immédiatement concernés,
08:18parce que c'est vraiment eux qui, au quotidien, sont engagés
08:20sur ces actions d'éducation artistique et culturelle.
08:22Ce ne sont pas des gros projets qui viennent de loin,
08:24c'est vraiment notre tissu créatif
08:26d'imagination
08:28et de propension
08:30du rêve
08:32qui se trouve ébranlé.
08:34C'est vraiment eux, les principaux affectés.
08:36Au-delà des équipes, de nos structures,
08:38ça se construit dans le temps,
08:40on reconstruira, on est résilients,
08:42mais c'est vraiment cette qualité du territoire
08:44dans cette création artistique qui est ébranlée de première.
08:46Un tissu local qu'on met en valeur
08:48sur ICI EASER,
08:50évidemment, tous les jours. Un mot, d'ailleurs,
08:52de la biennale que vous organisez
08:54qui débute aujourd'hui, ça s'appelle
08:56Experimenta, c'est la douzième édition,
08:58le but, c'est de mêler art
09:00et science, c'est ça ?
09:02Art, science, enjeux de société, de territoire, de démocratie
09:04et d'environnement, donc c'est un peu tout ça
09:06qu'il y a dans les sciences. On retrouve tous les complices
09:08du spectacle vivant que j'ai cité là,
09:10c'est vraiment un projet de territoire métropolitain,
09:12mais aussi du Grésil-Vaudan qui sont concernés,
09:14qui touche plusieurs milliers de jeunes,
09:16qui touche toutes les formes artistiques imaginables,
09:18qui sort partout dans la cité.
09:20C'est ce que fait la culture de mieux.
09:22On est pilote, mais ça ne se ferait pas sans tous nos partenaires,
09:24sans tous les artistes qu'on propose
09:26de programmer dans ce projet-là
09:28et sans un engagement d'abord
09:30à celui de l'accessibilité, une gratuité considérable
09:32de toutes nos expositions qui vont durer un mois complet
09:34au musée dauphinois, à la Bastille.
09:36Il y en a partout.
09:38Il y en a partout, effectivement. Expositions à la Bastille,
09:40nombreux spectacles sur la métropole,
09:42le Grésil-Vaudan, le Voironnais, c'est assez étalé.
09:44Ce sera festif, donc faisons en profitant de ça
09:46tant que ça existe.
09:48On s'engage à toujours tirer le meilleur parti
09:50de ces moyens du douanier public
09:52et on s'interroge fort sur ce qui se passe.
09:54Les messages sont, comme je le disais, d'une brutalité incroyable.
09:56Sans considération véritable
09:58de comment on fonctionne, là, il faut voir
10:00que le pass culture, donc là, il y a une rupture franche
10:02pour tout ce qui cite encore l'éducation nationale
10:04et nous pendant quatre mois.
10:06En début de saison prochaine, on a 25% de coupe.
10:08Ça représente 25% de budget en moins
10:10de toute façon pour la culture liée à l'éducation nationale.
10:12Donc c'est un chiffre délirant.
10:14C'est quand même un quart de nos moyens en principe consacrés.
10:16Et ça fait peur.
10:18Et donc soutenez la culture et ça démarre ce soir
10:20Experimental, la biennale que vous organisez.
10:22Cœur colère à l'Hexagone,
10:24à Mellon ce soir.
10:26Merci beaucoup Jérôme Villeneuve d'avoir été avec nous ce matin.
10:28Belle journée, merci.

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