Regardez Lenglet-Co du 06 février 2025.
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00:00Il est 7h40, Langley Eco, François Langley. La semaine dernière, on redoutait que LVMH se délocalise.
00:07Et bien ce matin, François, c'est un autre fleuron français qui est en péril, Total Energy, plus américain que jamais.
00:15François, les investisseurs Made in US sont-ils en train de nous voler Total ?
00:18C'est vrai qu'on découvre que 40% des actionnaires de Total sont américains, alors que Total annonce ses résultats.
00:25Total Energy, pour être précis. 15 milliards de profits cette année.
00:29Alors, la part des actionnaires américains ne cesse de grimper, alors que la proportion des français, elle, ne cesse de dégringoler.
00:36Les actionnaires français individuels, ça n'est plus que 15% du capital.
00:41Et cette évolution intervient alors que l'entreprise va, dans les prochains mois, se faire côter à Paris et à New York, simultanément.
00:49Ça veut quand même dire que le centre de gravité de notre pétrolier se déplace vers les Etats-Unis, même si son siège reste en France, il faut le préciser.
00:58Bon, j'ai peut-être posé une question qui va sembler bête, mais est-ce que c'est si grave ? Est-ce que c'est un problème ?
01:02Écoutez, pour Total Energy, formellement, non. Les Etats-Unis, c'est d'ailleurs le premier pays pétrolier au monde.
01:08Pour la France, oui, c'est un problème, parce que les actionnaires sont les patrons du patron, ce sont eux qui décident de la stratégie de l'entreprise.
01:16Et la France est quand même donc exposée à voir s'affaiblir sa souveraineté énergétique.
01:21Mais de quoi vous avez peur exactement ? Qu'est-ce que vous redoutez ?
01:23Prenez un exemple. Total perd de l'argent en France depuis longtemps sur son activité de raffinage.
01:29Parce que c'est une compagnie française et qu'elle estime qu'il faut rester en France.
01:33L'entreprise rapporte aussi 2 milliards de taxes à l'État, c'est un poids relatif beaucoup plus important que ce que justifierait son chiffre d'affaires.
01:40Est-ce que ça serait toujours le cas si une majorité d'actionnaires est américaine ? C'est pas sûr.
01:44Imaginons une grave crise énergétique mondiale. Total privilégierait évidemment l'approvisionnement français et européen.
01:52Là encore, est-ce que ça durerait si le centre de gravité se déplaçait outre-Atlantique ?
01:58Effectivement, ça fait beaucoup de questions. Mais pourquoi sur le fond, la part des actionnaires français a-t-elle diminué ?
02:02C'est la clé. Tout simplement parce que les grands investisseurs, les banques, les assureurs, sont incités à délaisser les placements dans l'énergie fossile.
02:11Parce que ce sont les réglementations européennes et nationales qui disent, c'est sale.
02:15Les investisseurs institutionnels, comme on les appelle, se conforment donc à ces injonctions et vendent leurs actions,
02:22qui sont rachetées par des américains qui n'ont pas ces pudeurs.
02:26On ne peut pas quand même reprocher à ces règles de vrai pour la transition énergétique.
02:30Non, mais on peut poser le problème autrement, Amandine. La France et l'Europe ont-elles encore besoin de pétrole aujourd'hui, oui ou non ?
02:37La réponse est oui, bien sûr.
02:39Question d'après, est-ce qu'il est alors souhaitable de disposer d'un pétrolier de taille mondiale ?
02:43Evidemment, oui !
02:44Bon, sauf qu'avec des raisonnements comme ça, rien ne bouge.
02:47Oui.
02:48Désolée, mais c'est vrai.
02:50Non, mais il faut quand même noter que Total Energy consacre un tiers de ses investissements aux autres énergies fossiles.
02:56On peut considérer que ce n'est pas assez, que ça ne va pas assez vite. C'est un débat tout à fait légitime.
03:01Mais il faut savoir deux choses.
03:02Un, les pétroliers concurrents américains, eux, réinvestissent 100% dans le pétrole.
03:07Total est donc plutôt le meilleur de la classe.
03:09Deux, pour peser sur la stratégie de Total Energy et faire valoir l'argument que vous devez le pied, il n'y a qu'un moyen, c'est justement d'être actionnaire.
03:17Merci beaucoup François.