Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée Nationale était l’invitée du Face-à-Face d’Apolline de Malherbe ce jeudi 6 février. Elle a été interrogée sur la motion de censure rejetée, une affiche polémique ou encore les alliances au sein du NFP.
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00:00Vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Mathilde Pannot.
00:02Bonjour.
00:03Merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions ce matin.
00:06Vous êtes la présidente du groupe La France Insoumise à l'Assemblée Nationale.
00:09Vous êtes vous-même députée du Val-de-Marne.
00:11Votre motion de censure hier n'a été votée que par 128 députés.
00:16Est-ce que vous estimez que c'est un échec ?
00:19Non, mais je crois que c'est beaucoup de colère, y compris dans le pays.
00:23D'abord parce que le gouvernement Bayrou n'est pas tombé,
00:26mais surtout parce que cela veut dire que ceux qui n'ont pas voté la censure,
00:29donc à la fois le Rassemblement National, parce que je ne voudrais pas qu'il s'en tire à bon compte,
00:34qui de nouveau font l'assurance-vie du système, mais aussi le Parti Socialiste,
00:38permettent de laisser un budget qui est le budget le plus violent depuis 25 ans,
00:43donc le budget le plus violent de ce siècle, avec des conséquences dramatiques
00:47sur les 11 millions de familles qui vont voir leurs factures d'électricité exploser,
00:51sur les auto-entrepreneurs, les indépendants, les petits commerçants qui risquent de fermer,
00:55sur les fonctionnaires qui vont voir leur indemnisation maladie baisser de 100 à 90%,
01:00sur les universités à qui on enlève 1,5 milliard, bref, c'est la politique de malheur qui continue.
01:06Et à ceux qui nous parlent de stabilité, nous avons une stabilité de cette politique de malheur
01:11dont je crois que celles et ceux qui n'ont pas voté la censure
01:14ne comprennent pas la violence sociale qui existe depuis maintenant 7 ans sur le peuple de France.
01:18Mathilde Panot, quand vous dites cela, vous pensez évidemment à ceux qui,
01:23anciens membres du Nouveau Front Populaire, enfin c'est à vous de me dire si ce sont les anciens membres ou pas,
01:27mais les socialistes n'ont pas voté la censure.
01:32Et vous avez publié, et ça fait beaucoup parler et réagir ce matin,
01:36sur le compte officiel de la France Insoumise sur les réseaux sociaux,
01:40une affiche que l'on va voir sur BFMTV et que je vais décrire pour ceux qui nous écoutent sur RMC.
01:45Cette affiche, elle montre un personnage à deux visages, une sorte de Janus,
01:51d'un côté le visage de Marine Le Pen, de l'autre Olivier Faure,
01:55comme s'il s'agissait d'une seule et même personne,
01:57des deux revers d'une même pièce avec ce slogan.
02:01Alors que ce gouvernement impose par 49.3 un projet d'assassinat de la sécurité sociale,
02:08PS et RN ne votent toujours pas la censure,
02:11PS et RN qui ne seraient donc qu'une seule et même personne.
02:14Vous ne regrettez pas ? Pourquoi ? D'abord pourquoi ? Pourquoi vous faites ça ?
02:18Mais non, mais déjà je vais être très clair, pour répondre je ne vais pas esquiver cette question.
02:22Nous n'avons jamais mis d'équivalence entre le PS et l'extrême droite et le RN.
02:28Ils n'ont absolument rien en commun, je le dis pour que ça soit clair.
02:32Par contre, il y a une responsabilité commune à la fois du RN et du PS,
02:40sauf les six députés socialistes qui ont vanté la censure,
02:43et je veux les saluer pour avoir continué l'engagement qui a été fait devant les électeurs et les électrices.
02:48Et cette responsabilité commune, c'est de sauver Emmanuel Macron et le gouvernement Bayrou
02:54avec toute la violence qui va s'abattre sur les gens, avec non seulement ce budget,
02:58mais aussi le budget de la sécurité sociale dont vous parliez à l'instant,
03:01qui va enlever 3,5 milliards au système de santé.
03:05C'est de ça dont nous sommes en train de parler.
03:07Mais pourquoi ce visuel ? Mais pourquoi coller dos à dos comme si ce n'était qu'une seule et même personne ?
03:11Ce n'est pas le visuel officiel, vous verrez que sur nos comptes, il n'y a pas ce visuel.
03:15Je l'ai vu publié par le compte LFI.
03:18Madame de Malherbe, il y a effectivement un visuel avec la tête de François Hollande,
03:22la tête de Marine Le Pen et la tête d'Emmanuel Macron,
03:25qui ne visent qu'une seule chose, non pas à dire qu'il y aurait du commun entre les socialistes et l'extrême droite,
03:30qu'il y ait une forme de diversion sur le non-vote de la censure qui a été fait hier par le PS,
03:35mais qui est juste une manière de réaffirmer qu'ils ont une responsabilité commune
03:39et que nous sommes très inquiets que le PS soit en train de renouer avec la politique de François Hollande
03:45qui a dégoûté tant de Français et de Françaises,
03:47notamment avec la déchéance de nationalité, avec la loi travail, avec mon ennemi c'est la finance et faire la loi.
03:52On va parler de tout ça, mais je n'ai pas compris, Mathilde Panot,
03:55cette image qui a été publiée sur le compte LFI, en tout cas du côté du PS, on s'en émeut.
04:01Olivier Faure a répondu sur les réseaux sociaux en écrivant que viendra sans doute, je cite,
04:06le moment des excuses. Est-ce que vous vous excusez au nom de LFI pour cette image où vous renvoyez dos à dos ?
04:11Et je vais même lui donner, Madame de Malherbe, une médaille pour avoir sauvé Emmanuel Macron et son gouvernement.
04:16Je vais vous dire, nous sommes en train de parler de choses sérieuses.
04:19La politique est une chose sérieuse. Nous parlons d'un pays dans lequel les enfants ont de nouveau le scorbut.
04:25Le scorbut, cette maladie qui avait disparu. Nous parlons de choses sérieuses.
04:30Tout ça est évidemment dramatique, mais vous ne pouvez pas me répondre à cela par autre chose.
04:34Il faut quand même, à un moment, lui répondre. Il vous demande des excuses.
04:37Je ferai des excuses à Olivier Faure lorsqu'il fera des excuses pour avoir fait passer un budget aussi violent que celui-ci.
04:43Et la dernière chose que je vous dis, c'est que ce n'est pas ce visuel que vous trouvez sur l'ensemble des comptes de la présidente du groupe que je suis.
04:50Est-ce que ce ne sont pas des députés visuels ?
04:52Mais écoutez, Madame de Malherbe, combien de fois avez-vous parlé du groupe Facebook dans lequel se trouvent 15 députés du RN
04:58qui appellent à l'explosion des mosquées, à assassiner des exilés, qui appellent à assassiner le président de la République ?
05:03On va vraiment passer toute cette interview sur un visuel ?
05:06Mais ce n'est pas un compte caché.
05:08Mais nous n'avons pas de compte caché, donc c'est un compte tout à fait officiel.
05:12Et je vais vous dire, Sophie Binet de la CGT, elle dit à l'instant qu'elle ne mettra jamais dos à dos l'extrême droite et quelques autres forces politiques.
05:19Et elle se dit même très inquiète de cette stratégie de banalisation.
05:22Je viens de vous dire quoi au début de l'interview, Madame de Malherbe ? Moi, je veux bien qu'on continue comme ça.
05:26Que vous ne vous excuseriez pas alors qu'Olivier Faure se sent particulièrement offensée par ce groupe.
05:32Qu'est-ce que j'ai dit ? J'ai dit il n'y a rien de commun entre le Parti socialiste et l'extrême droite.
05:37Exactement la même chose que ce que vous venez de dire. Point.
05:39Donc voilà. Donc maintenant, vous avez passé tout un temps...
05:42Mais vous ne regrettez pas cette image.
05:44Mais écoutez, ce visuel, un, n'est pas le visuel officiel que vous trouvez sur l'ensemble des comptes.
05:49Deux, nous ne faisons pas d'équivalence entre les deux.
05:52Trois, nous disons qu'il y a une responsabilité du Parti socialiste et du RN de laisser un gouvernement
05:58dont juste la présence de M. Retailleau aurait dû, dès le départ, être un motif de censure.
06:03Mathilde Panot, Jean-Luc Mélenchon hier soir parle des socialistes comme des trafiquants, des traîtres, des menteurs.
06:10Il mente et il dit également qu'il y a chez eux de la bêtise et qu'il n'a pour eux que le plus grand mépris.
06:17Est-ce que vous partagez aussi ces propos-là ?
06:19Écoutez, moi, vous devez comprendre la colère qu'il y a dans le pays.
06:22D'abord, quand je vous dis que le Parti socialiste est en train de renouer avec la politique menée par François Hollande.
06:28Il faut se rappeler qu'en 2022, lorsque nous faisions 22%, que le Parti socialiste faisait 1,7%,
06:35la première chose sur la nupèce que nous avions fait, c'était notamment d'écrire noir sur blanc,
06:40dans le programme commun que nous avions, qu'il y avait une rupture avec la politique hollandiste,
06:46notamment celle qui ne faisait que mentir et décevoir.
06:49Mon ennemi, c'est la finance, j'en parlais.
06:51Celui qui avait promis le récipicé sur le contrôle au fasciste, qui ne l'a pas fait.
06:54Celui qui avait promis la reconnaissance de l'État de Palestine, etc.
06:58Donc, vous comprenez qu'il n'est pas possible, dans le nouveau Front populaire,
07:02dans l'alliance que nous faisons pour priver l'extrême droite du pouvoir dans ce pays,
07:07parce que c'est de ça dont il s'agit.
07:09Il n'est pas possible d'avoir d'un côté ceux qui votent la censure et qui sont dans l'opposition,
07:13et la seule opposition, et ceux qui ne votent pas cette censure.
07:16Parce que, dans toutes les assemblées du pays, Mme de Malherbe,
07:19et même dans toutes les assemblées du monde,
07:21le moment clé pour savoir qui est dans la majorité et qui est dans l'opposition,
07:25c'est le vote du budget.
07:27Voilà ce qui s'est joué hier.
07:29Est-ce qu'il fallait tant d'outrance ?
07:31C'est une manière d'exprimer une colère populaire,
07:34et une déception immense.
07:36Je veux dire, l'engagement qui a été fait avec le nouveau Front populaire,
07:39dont le programme commence par dire que le nouveau Front populaire unit des femmes et des hommes,
07:44issus à la fois de syndicats, d'associations, d'organisations politiques,
07:49qui s'unissent pour proposer une alternative en rupture avec la politique d'Emmanuel Macron.
07:54Ce n'était pas il y a 15 ans, c'était il y a 6 mois.
07:57Vous ne pouvez pas ensuite nous reprocher de vous poser des questions
07:59sur des choses que vous faites vous-même et sciemment,
08:01lorsque l'Insoumission, qui est le journal qui est publié,
08:07le site internet des Insoumis,
08:10qui, hier, met en ligne la liste des coupables.
08:14Et la liste des coupables, c'est le nom de chaque député qui a voté.
08:19Est-ce qu'il n'y a pas, chez vous, l'idée, quand même, d'exagérer la cassure ?
08:23Mais non, nous ne sommes pas en train d'exagérer,
08:25nous sommes dans un moment qui est extrêmement grave.
08:28La question, c'est de savoir si ça va pouvoir continuer.
08:31Mais vous n'avez peut-être pas envie que ça se rabloche, quoi.
08:33En tout cas, en faisant cela...
08:35Il se trouve qu'il reste deux motions de censure,
08:37pour que tout le monde comprenne bien, sur le budget de la Sécurité sociale,
08:39à la fois sur le côté recettes et le côté dépenses,
08:42avec, encore une fois, un budget de la Sécurité sociale qui est extrêmement violent.
08:46Et, je le redis, ce que nous avons fait, ce dont vous êtes en train de parler,
08:50c'est pour que, justement, les gens puissent interpeller leurs députés,
08:53parce que les députés n'ont pas été élus dans un conseil d'administration.
08:56Et quand vous vous présentez aux élections,
08:58en disant « je serai en opposition à la politique d'Emmanuel Macron,
09:01battue trois fois dans les yeux en madame de Malherbe »,
09:04eh bien, je crois qu'il faut respecter la parole qui est faite aux électeurs et aux électrices,
09:08et, justement, aller jusqu'au bout.
09:10Et quand vous dites « battue trois fois dans les urnes »,
09:12c'est les doutons de l'institut, les européennes...
09:15Mais il a été élu président.
09:17Ah oui, tout à fait !
09:19Avec un débat, au moment des élections présidentielles,
09:22qui a été complètement annihilé.
09:24Et une campagne très courte, on est d'accord.
09:26Mais Mathilde Panot, est-ce que le nouveau Front populaire existe encore ?
09:32Il existe encore, grâce au fait que, à la fois,
09:35les communistes, les écologistes, les insoumis,
09:37et six députés socialistes ont voté ensemble la censure.
09:41Mais il ne faut pas raconter d'histoire.
09:43Encore une fois, c'est une question de clarté.
09:45Nous avons été élus en rupture avec le macronisme,
09:48pour proposer une alternative,
09:50pour dire qu'il est possible de faire tout autrement dans ce pays
09:53que la politique que mène depuis maintenant sept ans Emmanuel Macron.
09:57Donc c'est une question de ne pas laisser la résignation s'installer dans le pays.
10:01Mais Olivier Faure, lui, il dit que le nouveau Front populaire existe encore,
10:05et il dit, lorsqu'il s'agira à nouveau,
10:07parce que c'est une alliance électorale, laisse-t-il entendre,
10:10lorsqu'il s'agira à nouveau de faire battre Marine Le Pen ou le RN,
10:15alors oui, dans ces moments-là, le nouveau Front populaire existe.
10:18Ça vous fait sourire ?
10:19Mais oui, mais bien sûr, ça ne fonctionne pas comme ça.
10:22C'est donc au moment où il aurait besoin des voix insoumises,
10:25que d'un coup, nous serions de nouveau fréquentables.
10:28Ils n'ont posé aucun acte sur la question de l'opposition.
10:31Vous comprenez que les gens, il y a des questions de confiance qui se créent derrière.
10:34Et les questions de confiance, c'est de dire, par exemple,
10:36lorsque vous dites que vous vous opposez, vous posez l'acte de vous opposer.
10:39Et vous arrêtez de permettre à un gouvernement,
10:42non seulement qui compte Monsieur Rotaillot,
10:44qui parle comme sous Vichy de français de papier, mais aussi...
10:47Comme sous Vichy ? Vous le comparez à un collabo ?
10:50Ah bah français de papier, c'est une expression de pétain.
10:52Arrêtez de faire des polémiques.
10:53Non, non, mais...
10:54C'est juste une expression de pétain, c'est factuel.
10:55Mais je vais vous dire, avez-vous entendu hier la porte-parole du gouvernement
10:59qui dit que oui, le gouvernement de François Bayrou est d'accord
11:04avec le fait qu'on rétablisse le délit de séjour irrégulier.
11:07Comme si les personnes qui n'auraient pas de papier dans ce pays,
11:10qui ont fui la guerre, la misère, seraient des délinquants.
11:13Eh bien, ce point-là du programme est un point du programme
11:16qui se retrouve depuis des années dans le programme de l'extrême droite.
11:20Voilà ce qu'ils sont en train de faire.
11:21Voilà ce qu'ils sont en train de laisser passer.
11:23Et c'est des millions de français dans ce pays
11:26qui n'en peuvent plus qu'on les montre du doigt.
11:28La question qui est en jeu derrière, c'est non seulement le fait de pouvoir vivre
11:31dignement tous dans la septième puissance économique au monde,
11:34mais c'est la question de l'unité du peuple français.
11:36Et je veux vraiment faire une alerte sur cette question.
11:38Lorsque vous voyez des gens qui quittent le pays tellement ils n'en peuvent plus du racisme,
11:42c'est ça qui est en question aujourd'hui dans notre pays.
11:44Et notre pays a une histoire très longue.
11:46Et dans cette histoire très longue, nous, nous sommes les garants justement du fait
11:49qu'on ne stigmatise personne ni pour sa couleur de peau,
11:52ni pour sa religion, ni pour son orientation sexuelle, ni pour son genre.
11:56Alors il y a, Mathilde Panot, vous le dites aujourd'hui,
11:58des gens qui quittent le pays, qui sont français, qui quittent le pays
12:01parce qu'ils se sentent stigmatisés.
12:02Mais bien sûr.
12:03Vous avez des chiffres ?
12:04Vous avez des livres qui en parlent, mais bien sûr.
12:07Vous n'avez pas entendu les différents témoignages qui ont été faits,
12:10notamment pendant les élections législatives,
12:13avec la peur immense qu'il y avait que l'extrême droite puisse gagner le pays.
12:17Est-ce que vous parlez aussi des juifs qui partent en Israël
12:19parce qu'ils se sentent menacés en France ?
12:21Est-ce que ça fait partie de ce que vous parlez ?
12:23Je parle de l'unité du peuple français en général.
12:25Non, mais est-ce qu'eux aussi font partie, pour vous,
12:28de ceux qui partent parce qu'ils se sentent menacés en France ?
12:30Peut-être, mais je vais vous dire, moi je l'ai dit à chaque moment,
12:33qu'une personne de confession juive dans notre pays,
12:37une personne de confession musulmane,
12:38une personne de confession catholique
12:39et même une personne sans aucune confession,
12:41si elle est prise à partie à un moment,
12:43elle nous trouvera, nous, les insoumis, toujours à ses côtés.
12:45Et vous pensez sans doute au livre d'entretien,
12:47et j'avais reçu d'ailleurs son auteur qui s'appelait
12:48« La France, tu l'aimes ou tu la quittes ».
12:50Exactement.
12:51Mathilde Panot, lorsque François Hollande dit
12:54cette LFI qui s'est éloignée du Nouveau Front Populaire,
12:57c'est Jean-Luc Mélenchon qui veut censurer tous les gouvernements,
12:59uniquement pour provoquer une élection présidentielle anticipée.
13:02Est-ce qu'il a tort ?
13:04Mais oui, il a tort, je vais vous expliquer pourquoi.
13:06Ce n'est pas l'idée quand même des présidentielles qui vous animent ?
13:08Mais bien sûr que si, mais je vais vous expliquer
13:10en quoi ça n'a rien à voir de personnel avec Jean-Luc Mélenchon
13:12qui aurait je ne sais quel tropisme.
13:14Je vais vous dire, nous sommes dans une situation
13:17de coup de force d'Emmanuel Macron qui continue
13:19et auquel les socialistes ont contribué
13:21en refusant de voter la censure,
13:23notamment après le non-vote de confiance,
13:25mais aussi là, avec un budget qui a été passé par 49-3.
13:28Je rappelle juste en parenthèse que normalement
13:31une des lignes rouges posées par le parti socialiste,
13:35en plus de l'abrogation de la réforme des retraites,
13:37du NFP à Matignon, etc.,
13:39c'était de ne pas utiliser de 49-3.
13:41Bon, on n'y est pas du tout.
13:42Donc, la question, ce n'est pas,
13:44c'est que ce coup de force qui continue
13:47doit à un moment trouver une fin.
13:49On ne va pas avoir des gouvernements qui gouvernent
13:52soit pendant deux mois seulement,
13:54soit à coup de 49-3 à tout moment,
13:55parce que c'est ça qui va se passer.
13:57Donc, quand vous êtes dans une situation d'impasse
13:59comme celle-ci, qui est uniquement le fait
14:01du président de la République,
14:03eh bien, il faut retourner devant les urnes.
14:05Comme démocrate, je ne connais pas d'autre solution
14:07que de retourner devant les urnes
14:09et donc d'avoir une présidentielle anticipée.
14:11Mathilde Panot, est-ce que vous demandez aujourd'hui
14:13aux écologistes et aux communistes
14:15de renoncer à continuer à discuter
14:18avec le gouvernement comme ils ont pu le faire pour l'instant ?
14:20Alors, nous, nous avons...
14:22Non, enfin, de renoncer, non.
14:23Écoutez, vous voyez le fait qu'ils se rendent
14:25aux différentes réunions comme ils l'ont fait pour l'instant,
14:27ça, ça vous convient ?
14:28D'accord, mais communistes et écologistes,
14:29eux, ont voté la censure.
14:30Tout à fait.
14:31Donc, notamment sur la question des 2,5 milliards
14:33qu'on enlève à l'écologie,
14:35alors qu'il y a encore des catastrophes en île
14:37et à VLN récemment, avec des nouvelles crues,
14:39alors qu'il y a la catastrophe de Mayotte
14:41qui est encore toute récente, etc.
14:43Donc, nous, ce que nous avons proposé,
14:45c'est que l'ensemble des députés
14:47qui ont voté la censure puissent se retrouver
14:49pour envisager la suite.
14:50C'est une des propositions que nous avons mis sur la table.
14:52Vous en avez-vous répondu ?
14:53Pas encore, mais bon, on l'a mis hier sur la table,
14:55après les deux votes de censure,
14:57donc c'est normal que nous n'ayons pas encore de réponse
14:59sur cette question.
15:00Faut-il régulariser les Français clandestins
15:02qui sont en France ?
15:04On a eu les chiffres de l'immigration
15:06il y a 48 heures,
15:08avec aussi les chiffres de ceux qui ont l'AME.
15:10Ceux qui ont l'AME, c'est donc qu'ils sont
15:12effectivement sans papier.
15:13Est-ce que vous estimez qu'il faut les régulariser ?
15:15Nous, nous sommes pour régulariser
15:17l'ensemble des travailleurs sans papier de ce pays
15:19qui vivent ici, qui paient des impôts ici,
15:22notamment par la TVA,
15:24qui ont vocation à continuer à vivre ici
15:26et qui, en plus, travaillent dans des conditions
15:28souvent d'exploitation.
15:30Je pense notamment aux travailleurs de Chronopost
15:32qui tiennent un piqué de grève
15:34depuis maintenant trois ans
15:36et qui ont justement été exclus de ce piqué de grève
15:38alors que La Poste a été condamnée
15:40pour son devoir de vigilance,
15:42notamment pour l'emploi de travailleurs sans papier
15:44dans des conditions déplorables et en dessous du SMIC.
15:46Nous sommes pour la régularisation
15:48de tous les travailleurs sans papier.
15:50Mais je vais vous dire, Mme de Malherbe,
15:52à force de courir après l'extrême droite
15:54un peu partout dans ce pays,
15:56on finit par ne parler que d'immigration
15:58comme si c'était un problème.
16:00Je vous explique, le nombre de personnes étrangères
16:02dans ce pays est stable depuis des années
16:04et des années, depuis des décennies.
16:06Il n'est pas, nous sommes d'ailleurs...
16:08Le 20ème pays de l'Union Européenne
16:10à accueillir.
16:12Donc nous accueillons très peu en Europe de l'Ouest
16:14et la plupart des migrations dans le monde
16:16sont des migrations sud-sud.
16:18Donc maintenant ça suffit qu'on parle
16:20sans cesse d'immigration comme un chiffon rouge,
16:22qu'on ne parle pas, encore une fois,
16:24du score but des enfants,
16:26du récent rapport de la fondation
16:28des logements des défavorisés
16:30qui parle d'une explosion d'enfants sans-abri,
16:32qui parle d'une multiplication par deux
16:34du nombre de personnes sans-abri
16:36de 6 milliards en moins pour le logement
16:38dans ce budget, ce qui était une nouvelle raison de le censurer.
16:40La question des régularisations, la question aussi
16:42des nationalisations, à partir de combien de temps
16:44Mathilde Panot, vous estimez qu'un étranger
16:46naturalisé français
16:48a les mêmes droits qu'un français ?
16:50Mais dès le début ! Vous savez, c'est ça
16:52la différence de vision entre l'extrême droite et nous.
16:54Non, c'est la différence de vision entre vous et Rima Hassan.
16:56Parce que Rima Hassan, à propos de
16:58Boalem Sansal, est pour justifier et expliquer
17:00le fait qu'elle n'ait pas voté
17:02en faveur de la demande
17:04du Parlement européen de sa remise
17:06en liberté. Il est aujourd'hui détenu
17:08en Algérie. Elle précise
17:10qu'il n'était français que depuis quelques mois.
17:12Ça veut dire quoi, ça ?
17:14Ce n'est pas du tout ce que veut dire Rima Hassan.
17:16Je vais vous expliquer le vote de Rima Hassan.
17:18Le fait de rappeler à ce moment-là
17:20qu'il n'était français que depuis quelques mois,
17:22m'a surpris. Alors, je vais redire,
17:24nous demandons la libération de Boalem Sansal.
17:26Point. Sans condition, nous demandons
17:28sa libération immédiate. Point.
17:30Le problème de la résolution qu'il y avait
17:32au Parlement européen, c'est qu'il y avait
17:34dedans des menaces sur la question de l'accord
17:36entre l'Union européenne et l'Algérie.
17:38Ce qui n'a jamais été fait
17:40sur l'accord entre l'Union européenne et Israël,
17:42alors que, nous le savons,
17:44l'extrême droite israélienne est en train de commettre
17:46un génocide et peut-être même un nettoyage ethnique.
17:48Vous avez entendu ce qu'a dit
17:50Trump, notamment, qui nous inquiète énormément
17:52et qui montre une internationale
17:54d'extrême racisme. On ne va pas rentrer ici dans les détails, mais vous le savez,
17:56le mot génocide n'est pas utilisé
17:58par la justice internationale.
18:00Il n'y a pas d'internationale de justice ici qui dit
18:02qu'il risque génocide depuis janvier
18:042024.
18:06Je vais terminer ça.
18:08Nous, nous sommes très inquiets
18:10de la montée en escalade qu'il y a avec
18:12l'Algérie. Non pas, et moi je le sais
18:14puisque j'ai été défendre, par exemple,
18:16les manifestants du Irak. Non pas que nous sommes
18:18en train de défendre le pouvoir algérien ou ce qu'ils font.
18:20Nous demandons la libération de Boalem-Sensal.
18:22Mais il faut comprendre qu'en France,
18:24nous avions des liens très profonds,
18:26historiques avec l'Algérie et que nous
18:28l'ont gardé des relations avec le peuple algérien.
18:30Nous sommes inquiets de ce que fait
18:32Retailleau et compagnie. Je ne vous fais pas ce
18:34procès-là, Mathilde Pannot.
18:36Je vous invite juste à commenter
18:38le fait que dans l'explication et dans la
18:40justification qu'en fait Rima Hassan,
18:42elle précise
18:44que Boalem-Sensal n'est français
18:46que depuis quelques mois. Ça vous met
18:48pas mal à l'aise, ça ? Vous qui, effectivement,
18:50avez toujours dit, quand on devient français, on l'est
18:52tout de suite. Mais bien sûr qu'on l'est tout de suite.
18:54Ah bah non, en fait, il faut rappeler qu'il n'est français
18:56que depuis quelques mois. Ça n'existe pas,
18:58et je vais vous dire, je ne sais pas... Enfin, ça n'existe pas,
19:00c'est tout à fait écrit, je l'ai vu. Attendez, ça n'existe
19:02pas. Je ne sais pas d'où vient
19:04cet extrait-là, je regarderai. Dans la justification.
19:06Mais je veux juste dire que Rima Hassan
19:08est une réfugiée palestinienne qui a été
19:10apatrie pendant tout un temps, qui est devenue
19:12française. Oui, mais vous me répondez à côté,
19:14Mathilde Pannot, vous me répondez à côté. Non, ce qui est plus que tout,
19:16c'est que la France est une nation politique
19:18autour de la devise liberté, égalité, fraternité.
19:20Ça vaut pour Boalem-Sensal,
19:22ça vaut pour Rima Hassan, et ça vaut pour tout le monde
19:24dans ce pays. Donc, il n'y aurait pas des Français
19:26de naissance et les autres qui ne seraient
19:28français que depuis quelques mois. Non, ça, c'est la vision de l'extrême-droite, justement.
19:30Ce qu'ils sont en train de faire, notamment, avec le droit du
19:32sol à Mayotte, c'est
19:34exactement ce que défend l'extrême-droite.
19:36En Allemagne, avec l'AFD, c'est ce que défend
19:38l'extrême-droite en France, et donc nous ne serons
19:40jamais d'accord avec ça. Mais est-ce que ce n'est pas dangereux de rappeler
19:42qu'il n'est français que depuis quelques mois ? Eh bien, je ne sais pas,
19:44je vais regarder ça, mais nous ne serons jamais
19:46d'accord avec cela. Voilà, je le redis,
19:48nous, c'est une nation politique.
19:50Et c'est très clair. Merci Mathilde Panot
19:52d'avoir répondu à mes questions ce matin.
19:54Présidente du groupe La France insoumise
19:56à l'Assemblée nationale.