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Justine Mettraux entre dans l’histoire du Vendée Globe. Première femme et meilleure étrangère de cette édition, la navigatrice suisse signe un exploit et milite pour plus de mixité dans la voile.

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Éducation
Transcription
00:00Bonjour à tous, c'est Justine Mettraud et pour le JDD, je vous raconte mon Vendée Globe dans lequel j'ai terminé 1ère féminine.
00:09En terminant le Vendée Globe en 76 jours, je bats le record féminin sur la course.
00:14Il faut savoir que le record précédent date de 2020, il a été établi avec un bateau à dérive.
00:19Aujourd'hui, nous, on navigue avec des bateaux qui ont des foils sur le côté, qui nous permettent quand même d'aller de plus en plus vite.
00:24C'est aussi dans la logique des choses que les temps continuent à être améliorés parce que c'est toujours le même parcours,
00:29mais par contre, les bateaux sont de plus en plus rapides, de plus en plus performants.
00:32Mon bateau, il s'appelle aujourd'hui Teamwork Team Snef, mais c'est l'ancien Charal de Jérémy Beyou,
00:36le bateau avec lequel il a participé à l'édition précédente.
00:39C'est un bateau qui a été mis à l'eau en 2018, qui n'a pas été spécifiquement fait pour ce Vendée Globe,
00:44qui n'est pas de toute dernière génération, qui n'est pas considéré comme un bateau neuf,
00:47mais qui est juste de la génération d'avant, qui reste un bateau très performant.
00:51C'était top de pouvoir déjà avoir ces armes-là pour une première participation pour moi.
00:59Sur un Vendée Globe, sur 75 jours de course ou un peu plus, il y a vraiment tout plein de moments forts.
01:04Ça peut être lié à des gros coups de vent, des tempêtes.
01:06Il y a le passage des trois capes mythiques, bien sûr.
01:09Cape de Bonne-Espérance, Cape Lewin, Cape Horn.
01:11Et puis, moi, je suis passée assez proche d'un cargo aussi, pas très, très loin de l'arrivée.
01:15Donc voilà, on se dit que souvent, le fait de réussir à aller au bout de la course, ça ne tient pas à grand-chose.
01:19Le moment où je ne passe pas loin du cargo, c'est juste de nuit avant l'arrivée à la pointe du Cap Finistère.
01:24Moi, j'ai des soucis avec mon système de détection de bateau principal.
01:28Donc, je dois utiliser une connexion satellite pour voir les bateaux qui sont autour de moi sur mon ordinateur.
01:32Malheureusement, ce système-là, il détecte la plupart, mais pas tous les cargos.
01:35Et donc, c'est de nuit, il commence à y avoir du vent.
01:38Et je vois les feux de navigation d'un cargo pas très, très loin de moi, mais que je ne vois pas sur ma carte.
01:43Donc, je suis à peine à estimer s'il est proche, etc. ou pas.
01:45De toute manière, il faut que je roule la voile que je suis en train d'utiliser pour passer sur Plitie.
01:49Voilà, je prends le temps de faire ma manœuvre.
01:51Et puis, quand je sors la tête de ma manœuvre, le cargo croise vraiment peut-être une cinquantaine de mètres derrière moi.
01:56Donc, vraiment pas très loin.
01:57Voilà, c'est le genre de choses où ça arrive assez souvent en course au large, où on se dit,
02:01finalement, ce n'est pas passé loin parce qu'on est quand même tout seul sur des grosses machines
02:06qui vont vite avec pas mal de paramètres à gérer.
02:08Et puis, en plus, quand on n'a plus tout qui fonctionne bien, ça peut vite être un peu problématique.
02:17Sur la course, la partie la plus compliquée, ça a été la remontée de l'Atlantique pour moi,
02:21parce que peut-être qu'on s'attend après le passage du Cap Horn à ce que les conditions s'améliorent
02:25où on sort des mers du Sud et normalement, c'est censé être un peu plus simple.
02:28Et là, c'est vrai que dans les mers du Sud, moi, j'étais allée dans maximum six mètres.
02:31Et là, il fallait accepter d'aller avec un peu plus de sept mètres
02:34pour quand même réussir à trouver une route raisonnable et dans laquelle on estime qu'on va réussir à passer
02:39et ne pas casser le bateau, ne pas casser le matériel non plus.
02:41Après deux semaines de course, à peu près au début de l'Atlantique Sud,
02:44j'ai une de mes voiles qui se déchire une première fois que je répare
02:46et après qui se déchire de manière vraiment importante et du coup, qui est irréparable.
02:49Donc, voilà, j'ai dû me passer de cette voile-là, qui est le J0,
02:52qui est une voile assez polyvalente, mais qu'on utilise plutôt quand il n'y a pas trop, trop de vent.
02:55Donc, ça m'a handicapée au moment de sa perte.
02:57Il est quelques jours après, puis après, on était dans les mers du Sud.
02:59Donc, de toute manière, dans des conditions en moyenne plus fortes,
03:02on utilise plutôt les voiles plus petites qu'on a à bord.
03:04Donc, voilà, il a fallu ne rien lâcher jusqu'au passage de la ligne au Sape d'Olonne.
03:13En final, c'est vrai que ça peut paraître long de passer 76 jours en mer toute seule,
03:17mais on a quand même des journées qui sont très chargées entre l'analyse météo,
03:20les changements de voile, les réglages, le fait aussi juste de prendre le temps de se reposer,
03:24de manger, de prendre soin de soi, peut-être de faire les réparations, etc.
03:27Donc, les journées, elles sont quand même bien remplies, donc elles défilent assez vite.
03:30Et puis aujourd'hui, on est quand même beaucoup plus connectés que ce qu'étaient les marins à l'époque.
03:34Aujourd'hui, on a du Wi-Fi à bord.
03:36Donc, on a WhatsApp qui est notre moyen principal de communication.
03:39Donc, c'est très facile d'envoyer des messages à nos équipes, à nos proches si on a besoin.
03:43Donc, on a quand même un échange continu en tout cas.
03:51C'est un moment émouvant. Je pense que c'est vraiment le moment du départ.
03:53On quitte notre famille pour commencer. Après, on quitte l'équipe.
03:56Le pendant de ça, c'est les retrouvailles.
03:58On sait que généralement à la fin des grandes courses, le premier Zodiac qui vient vers nous,
04:01c'est le Zodiac de l'équipe qui a aussi travaillé très dur sur le projet.
04:03Donc voilà, c'est chouette de retrouver les proches, de retrouver l'équipe,
04:06et puis que tout aille bien, que moi, je me sois ramenée avec le bateau à peu près en bon état.
04:10Donc voilà, ça, c'est des chouettes moments.

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