Y a pas de raison de mal prendre d'être un boomer...
Retrouvez « Le billet de Charles Nouveau » dans Zoom zoom zen sur France Inter et sur :https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-charles-nouveau
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AmusantTranscription
00:00L'absence de Charles Nouveau laisse évidemment un vide émotionnel et comique dont nous mettrons
00:03tous sans exception plusieurs mois à nous remettre, mais c'est aussi pour nous l'opportunité
00:07d'accueillir un invité supplémentaire dans cette émission consacrée aux 30 glorieuses,
00:11Jean-Marie Tokrassi.
00:12Bonjour.
00:13Bonjour Jeanna.
00:14On vous a fait venir parce que vous avez une particularité, vous êtes née à la
00:17fin de la guerre et vous faites partie de ces gens, cette génération qui ne se vexe
00:20pas quand on vous dit que vous êtes un boomer.
00:21Parce qu'il n'y a pas de raison de mal le prendre, tout simplement.
00:24Babi boomer, à ce que je sache, ça veut pas dire qu'on enfonce des bâtonnets de dynamite
00:28dans des nouveau-nés.
00:30Non.
00:31Alors, les gens qui le prennent mal, c'est les gens qui écoutent des petits jeunes
00:34comme vous, Mathieu Joël, qui leur font croire qu'ils ont été avantagés par leur
00:39époque et qu'ils devraient s'en vouloir.
00:41Donc vous, vous réfutez cette idée, pour vous, c'était pas une époque facile ?
00:44Ah non, pas du tout, c'était génial, on s'est régalé.
00:46Moi, ce que je revendique, c'est qu'on n'est pas à se sentir coupable.
00:48Voilà.
00:49Mais en termes d'opportunité, il n'y a pas à dire.
00:51Moi, j'ai eu mon baccalauréat, c'était quoi ? C'était en 1963, la même année
00:55que Cyril Lacarrière, filière arithmétique et soudure.
00:58Deux ans plus tard, j'étais cadre supérieur dans la finance.
01:02Et encore, j'avais pris du retard à cause du service militaire, mais ça allait plus
01:06vite à l'époque, ils n'avaient pas encore inventé les stages, tout ça.
01:09J'ai un ami qui comprenait l'anglais, il ne le parlait pas, il le comprenait, après
01:12le bac, il a failli faire ministre des affaires étrangères.
01:15Avant qu'on ait marché sur la Lune, j'avais déjà une bagnole, un appartement, une femme,
01:20deux enfants et une maîtresse, j'étais quelqu'un d'accompli.
01:25Comme tant d'autres.
01:26Et si à un moment donné, on trouvait que c'était trop de responsabilités, parce
01:28que c'était beaucoup de responsabilités, c'est toi qui devais gérer le compte en
01:32banque et les papiers de ta femme par exemple, on pouvait ramasser ses affaires et partir,
01:36sans rien dire à personne, c'était une option, il n'y avait pas Facebook, ils n'allaient
01:41pas te retrouver, même pas obligés de changer de ville, tu pouvais juste changer d'arrondissement.
01:45On se sentait intouchables, le chômage était à moins de 2%, tu pouvais conduire à 2 pour
01:501000, on venait d'avoir l'arme nucléaire et Johnny Hallyday, il ne pouvait rien nous
01:55arriver.
01:56Peut-être un peu naïf, avec le recul, on pensait que les cigarettes étaient bonnes
02:01pour la santé, que le diesel était bon pour la planète, que la ceinture de sécurité
02:04c'était pour les homosexuels et que le nazisme ne reviendrait jamais à la mode,
02:10on ne savait pas tout, c'est vrai, mais du coup, tout était à la fois moins angoissant
02:15aussi, on faisait l'amour sans préservatif, bien sûr, il y a même eu une période clé
02:20où on était pile entre l'invention de la pilule et la découverte du sida, alors
02:25là, les planètes s'alignaient totalement, timing parfait, golden hour, golden shower
02:31même pour certains, pour les plus libérés d'entre nous, les gens avaient bien moins
02:35honte de leur corps qu'aujourd'hui, alors qu'ils en prenaient bien moins soin, parce
02:39qu'il n'y avait pas de réseaux sociaux pour se comparer, tout ça, le top de la virilité
02:43quand on était petit, c'était Jean Gabin, Lino Ventura, donc des types avec du ventre
02:49et des nez tordus, n'est-ce pas, tu pouvais rentrer dans une orgie avec l'assurance que
02:54tout le monde avait déjà vu pire que toi, ça, c'est pas inintéressant, aujourd'hui,
03:00je doute que les gens abordent les orgies avec autant de confiance en eux, je vous le
03:04souhaite, mais j'en doute, je ne sais même pas si ça se fait encore, les orgies.
03:08Mais rassurez-moi, vous êtes conscient que cette période, elle n'était pas glorieuse
03:11pour tout le monde ? Oui, forcément, pour les femmes, les tatas,
03:15les algériens, les gauchers aussi, et ceux qui cumulent, plusieurs mandats dans le tas,
03:22c'était compliqué.
03:23Aujourd'hui, c'est un peu mieux, notamment pour les gauchers, depuis le boom du pédale
03:29tennis.
03:30Le paddle tennis ! C'est ça, voilà, je vous l'ai dit, votre génération ne me culpabilisera
03:35pas, Monsieur Joël, puisque je compte quitter ce monde avec la certitude, légitime ou non,
03:42que vous auriez fait pareil à notre place.
03:44C'est probable, merci beaucoup Jean-Marie, et on embrasse quand même Charles Nouveau,
03:48qui vient plus très souvent, il envoie des amis à lui, Charles Nouveau qui n'est pas
03:52là mais qui tourne avec son spectacle l'expression de mes sentiments distingués, le 14 à Poids-d'Arcy,
03:59le 19 à Troyes, les 20 et 21 à Reims.