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Dans cette sixième édition de “Bruxelles, je t'aime ?" en Français, nous explorons la campagne des élections allemandes et la fin présumée du cordon sanitaire entre le centre-droit et l'extrême droite allemande.

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00:00Bruxelles je t'aime, Bruxelles je t'aime, tu m'as fait manquer, Bruxelles je t'aime, Bruxelles je t'aime, t'es ma préférée, Bruxelles je t'aime, Bruxelles je t'aime.
00:12Bonjour et bienvenue dans Bruxelles je t'aime, l'émission hebdomadaire d'Euronews qui décortique tout ce que vous allez adorer ou détester de la politique européenne.
00:21Je suis Maya Delabaume, merci de nous avoir rejoints.
00:25Au programme de cette émission, tous les yeux sont rivés vers l'Allemagne.
00:29Des milliers de personnes ont envahi les rues de Berlin le week-end dernier pour protester contre une nouvelle motion visant à restreindre l'immigration.
00:37Et qui a été adoptée grâce au soutien de l'AFD, le parti d'extrême droite allemand, en deuxième position dans les sondages.
00:44Avec les élections du 23 février, le parti conservateur historique du plus grand pays de l'Union Européenne semble prêt à briser le traditionnel cordon sanitaire qui empêche les partis extrémistes d'accéder au pouvoir.
00:57Nous jetons un oeil à ce dilemme politique pour le leader conservateur Friedrich Merz et voyons ce qui est en jeu lors de ces élections cruciales.
01:05Et moins d'un mois après son arrivée au pouvoir, le président américain Donald Trump commence déjà à semer la panique à travers le continent.
01:12L'un des sujets qui a fait les gros titres ces derniers temps, c'est le Groenland, cette immense île danoise peuplée de seulement 57 000 habitants.
01:21En réponse aux appels de Trump pour en faire un territoire américain, les Français ont affirmé qu'ils allaient résister.
01:27Ils sont même prêts à envoyer des troupes européennes pour protéger l'île.
01:31Nous analyserons l'ampleur de cette menace et verrons comment Bruxelles devrait réagir.
01:35Pour en parler de tous ces sujets, j'ai le plaisir d'accueillir sur ce plateau Jean-Marc Germain, député européen du groupe socialiste.
01:43Bonjour Jean-Marc.
01:44Bonjour.
01:45Geneviève Ponce de l'Institut Europe Jacques Delors et qui fut également membre de cabinet de l'ancien président de la Commission Européenne Jacques Delors.
01:52Bonjour Geneviève.
01:53Et Michaëla Naoum, correspondante à Bruxelles de Radio France Internationale RFI.
01:58Bonjour à tous et merci beaucoup de nous avoir rejoints.
02:01Avant d'entendre votre analyse, écoutons brièvement un résumé de la situation délicate dans laquelle s'est plongé le leader des chrétiens démocrates allemands,
02:10l'homme politique qui espère devenir le prochain chancelier d'Allemagne.
02:16Friedrich Schmeer s'attendait à une certaine opposition de la part de l'opinion publique, mais pas à celle-ci.
02:22Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue dans toute l'Allemagne pour protester contre lui,
02:28dont au moins 160 000 dans la seule ville de Berlin.
02:35Les observateurs politiques parlent d'un pari politique qui s'est retourné contre lui de manière spectaculaire.
02:40Friedrich Schmeer s'avait présenté au Bundestag des propositions visant à durcir les politiques migratoires.
02:46Ceci intervenant après qu'un homme originaire d'Afghanistan eût attaqué un groupe d'enfants avec un couteau, tuant un garçon de deux ans et un homme.
02:59La résolution de Friedrich Schmeer a obtenu la majorité avec l'aide du parti d'extrême droite AfD, provoquant un tollé monumental dans l'establishment politique allemand.
03:07Friedrich Schmeer a-t-il sapé le pare-feu, qui empêche l'extrême droite d'accéder au pouvoir ?
03:16A-t-il sauté dans le train du populisme pour gagner une élection ?
03:19A-t-il renforcé l'AfD ?
03:24Les réponses le 23 février, lorsque l'Allemagne se rendra aux urnes.
03:28Jean-Marc, une question pour le député que vous êtes.
03:35Merz, on l'a vu, avait promis qu'il ne ferait pas affaire avec l'extrême droite.
03:39Mais en s'appuyant sur les voix de l'extrême droite pour faire passer cette motion dont on a parlé dans la vidéo, est-ce qu'il a perdu toute crédibilité à vos yeux ?
03:47Oui, et pas simplement à mes yeux, mais je l'espère aux yeux des Allemands.
03:54Toute crédibilité, soyons mesurés, parce que les sondages montrent qu'il a baissé.
04:00Mais pour autant, il reste le représentant du premier parti politique en Allemagne.
04:08Mais il a brisé quelque chose de fondamental dans l'un des pays les plus importants de l'Europe,
04:14qui est qu'il n'y ait pas d'alliance avec l'extrême droite.
04:18Parce que ce n'est pas comme s'il n'y avait pas eu une alerte, puisqu'il y a eu deux textes.
04:22Il y a eu un premier texte qui n'était pas contraignant, pour lequel il y a eu déjà les voix de l'extrême droite.
04:28On pouvait dire que c'est un accident. En réalité, ça ne l'est pas du tout.
04:32Mais ensuite, il y a eu un texte contraignant où il est allé chercher les voix de l'extrême droite.
04:36Et pour un parti qui a joué un rôle fondamental dans la lutte contre le fascisme en Allemagne,
04:44c'est un traumatisme pour l'Allemagne, mais c'est un traumatisme aussi pour tous les Européens.
04:51On avait eu une alerte d'ailleurs au niveau européen,
04:53puisque un autre représentant de son parti politique, Manfred Weber,
04:58qui dirige le groupe de la droite européenne, avait fait voter des amendements de l'AFD
05:04qui étaient déposés par le groupe auquel il appartient au niveau européen.
05:08Et sur le même sujet, c'est-à-dire pour construire des murs aux frontières de l'Union Européenne
05:13avec l'argent de l'Union Européenne.
05:15Geneviève, vous êtes d'accord ? Est-ce qu'il a brisé quelque chose justement ?
05:18Ou du moins, est-ce qu'il a déjà scellé son destin politique ?
05:21C'est vrai qu'en Allemagne, la frontière avec l'extrême droite est quand même très ancrée dans la culture
05:31et très ancrée dans les comportements depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
05:37Donc en Allemagne, briser ce tabou a peut-être encore plus d'impact qu'ailleurs.
05:44Et c'est curieux qu'il l'ait fait parce que peut-être que ce qui est arrivé à son collègue des Pays-Bas,
05:52je crois que c'était à l'été 2023, aurait dû lui servir de leçon.
05:59En jouant le jeu de l'extrême droite, en adoptant le discours de l'extrême droite,
06:06les libéraux néerlandais ont joué leur perte.
06:11Parce que les néerlandais, je parlais des néerlandais.
06:15Donc l'exemple de 2023, c'était aux Pays-Bas.
06:18Et ils ont fait élire l'extrême droite en prenant ces thèmes.
06:22Donc en fait, ce qui se passe, c'est comme si les électeurs préféraient le modèle à limitation.
06:29Et si vous adoptez le discours de l'extrême droite, en particulier sur l'immigration,
06:33ce qui risque de vous arriver, c'est que vos électeurs vont aller voter pour l'extrême droite.
06:40Et vous avez un double risque.
06:41Vous avez des électeurs qui vont aller voter pour l'original, donc l'extrême droite.
06:46Et vous allez aussi dégoûter ceux qui, parmi vos électeurs,
06:50se sentent plus centristes et se sentent plus révoltés par cette attitude.
06:55Donc c'est extrêmement dangereux et c'est le deuxième exemple que nous avons en Europe.
07:01Justement Myraïla, on voit cet exemple-là dans d'autres pays d'Europe aujourd'hui.
07:05Et moi je pense à l'Autriche maintenant aussi, qui risque d'avoir une coalition centre-droite avec la droite extrême.
07:12Mais finalement, est-ce qu'ils ne devraient pas briser ouvertement ce tabou ?
07:16Peut-être qu'il faut le briser de façon explicite aujourd'hui.
07:19Et faire quoi ?
07:21Justement.
07:22Et faire quoi, je te demande.
07:23Parce que tu me parles d'Autriche.
07:26Le cas d'Autriche est très intéressant parce qu'il y a 24 ans,
07:30l'Autriche faisait une alliance avec l'extrême droite, la même extrême-extrême droite dont on parle maintenant,
07:35et elle était mise en quarantaine par la présidence portugaise de l'Union Européenne, souviens-toi.
07:40Au moment des Raiders.
07:42Oui.
07:43Et elle est mise en quarantaine à ce moment-là pendant 8 mois.
07:46Une quarantaine qui n'a absolument pas fait d'effet.
07:49Il n'y a rien qui s'est passé en fait, on l'a juste montré du doigt.
07:52Notre Louis-Michel National, belge, était très remonté,
07:57voilà, on va faire, on va dire,
07:58Yves Nobé, Benita Ferreiro-Wallner, qui était ministre des Affaires étrangères
08:02et qui n'avait rien à voir avec l'extrême droite elle-même.
08:05Et puis rien ne s'est passé.
08:07Mais 24 ans sont passés, on reparle de l'extrême droite, peut-être la même en Autriche,
08:13et on ne sait moins plus.
08:15On parle plus de quarantaine.
08:18C'est devenu un truc, oui,
08:21en même temps c'est inquiétant, on ne sait pas comment on va faire.
08:24On assiste un peu quand même à une normalisation de ce discours de droite-droite.
08:29Oui, normalisation qui est déjà là depuis longtemps.
08:31Qui est déjà là depuis des années,
08:33qui a commencé une fois que les vagues d'immigration ont commencé à venir sur nos plages méditerranéennes,
08:39c'est-à-dire 2015,
08:41qui s'installe petit à petit,
08:43qui, à un moment donné, on ne sait plus si je dis j'ai pas de travail et j'aimerais changer de gouvernement,
08:48est-ce que je suis de droite ou de gauche ?
08:50À un moment donné, il y a des revendications dans la société qui est un organisme vivant,
08:54qui répond à des menaces,
08:56ou des choses qu'elle perçoit comme des menaces en tout cas,
08:59qui répond comme elle peut,
09:01avec le peu de culture politique qu'on a de nos jours, surtout les jeunes.
09:04Et à ce moment-là, on est catalogués extrême droite ou extrême gauche.
09:08Des fois on dit un peu trop facilement ces choses-là aussi.
09:13Tous les gens qui votent un peu contre l'immigration, on va dire,
09:16ne sont pas nécessairement d'extrême droite.
09:18Donc il y a un mélange aujourd'hui dans la société,
09:20et on va peut-être passer à côté des vrais...
09:24Justement ce que vous dites, et je me tourne vers vous Jean-Marc,
09:27puisque votre groupe dénonce ces rapprochements mortifères,
09:30justement comme on le voit avec l'AFD,
09:32mais la question c'est que certaines alliances
09:35ne deviennent pas finalement à un moment donné inévitables dans le contexte actuel,
09:39et c'est ce que vous disiez un peu, de polarisation extrême,
09:43qui reflète aussi la polarisation de la société aujourd'hui.
09:47Alors si ça reflétait la polarisation de la société de manière un peu démocratique,
09:52on pourrait se poser la question, se dire, au fond,
09:56nous on appelle ça une faute morale,
09:58mais si les habitants voulaient vraiment se protéger contre l'immigration
10:03et que c'était leur sujet majeur qu'ils souhaitaient être dirigeants,
10:06ça pourrait être une question politique.
10:08La réalité c'est que derrière tout ça,
10:10il y a une immense manipulation avec des femmes et des hommes
10:16comme Elon Musk, comme Donald Trump,
10:19qui essaient de créer une internationale des extrêmes droites
10:23en utilisant tous les moyens de manipulation des opinions publiques en général,
10:28mais les moyens d'un réseau comme X en particulier.
10:34Vous avez vu qu'Elon Musk a pris partie pour l'extrême droite en Allemagne
10:41et il utilise son réseau social,
10:43où lui quand il met un message il y a 150 millions de personnes qui le voient
10:48et moi quand j'ai mis un message j'en ai 1000
10:51et tout un chacun on en a 10.
10:53Et donc c'est un instrument de manipulation massive
10:57et donc c'est une illusion de croire que c'est pour le bien des Européens
11:02qu'il faudrait ce genre d'alliances.
11:04Et puis c'est une faute morale, enfin, souvenons-nous de l'histoire,
11:07c'est comme ça que ça a commencé dans les années 30.
11:10C'est par des alliances électorales entre la droite et l'extrême droite
11:15qu'ensuite, de manière tout à fait légale entre guillemets,
11:19soi-disant voulue par les peuples, qu'Hitler est arrivé au pouvoir.
11:24Moi ce qui me choque beaucoup c'est quand je suis arrivé comme député européen,
11:27je me suis dit, c'est difficile pour moi parce que je suis socialiste,
11:31je travaille avec la droite.
11:33Mais on est pro-européen et on fait avancer l'Europe.
11:36Quand on est d'accord, on vote, quand on n'est pas d'accord, on ne fait rien.
11:39Très bien, mais aujourd'hui je vois cette alliance entre la droite et l'extrême droite
11:43un peu partout en Europe, qui d'ailleurs, comme vous l'avez dit,
11:46est toujours en faveur de l'extrême droite.
11:49C'est-à-dire que quand la droite pense qu'elle va gagner électoralement
11:52face à l'extrême droite, elle perd parce qu'elle diffuse ses idées.
11:55Et c'est le cas en France, la droite est extrêmement faible
11:58et l'extrême droite est très forte.
12:00Je finis mon raisonnement pour l'Allemagne, et pardon d'être un peu trop long.
12:07Moi je pensais qu'en Europe, ce qui empêcherait l'alliance entre la droite et l'extrême droite,
12:12c'était l'impossibilité en Allemagne d'une alliance entre la droite et l'extrême droite.
12:16Donc ce qui se passe en Allemagne, la réaction des Allemands que vous avez montré,
12:21la réaction d'Angela Merkel qui est très importante parce qu'elle fait partie
12:25de cette formation politique, elle est essentielle.
12:28Parce que si ça tombe en Allemagne, alors en Europe ça va être dramatique
12:33pour les pays européens et pour l'Europe allemande.
12:35Pour en savoir plus sur les implications politiques du pari risqué de Friedrich Merz
12:39et sur l'atmosphère à Berlin avant ces élections,
12:42nous avons demandé à notre correspondante à Berlin, Liv Stroud,
12:45de nous faire un point sur la situation.
12:51L'ambiance à Berlin est évidemment très tendue, à l'approche des élections anticipées
12:54qui auront lieu dans à peine deux semaines.
12:56Ces élections sont sans doute les plus importantes pour l'Allemagne depuis 1933.
12:59Le pays décidera s'il bascule vers la droite, comme beaucoup d'autres pays européens,
13:02ou si les choses restent en grande partie inchangées.
13:06Comme nous l'avons vu dans le sondage INSA de cette semaine,
13:10le pari politique de Merz ne semble pas avoir trop affecté les électeurs,
13:13le soutien à la CDU se maintenant à 30%.
13:16Toutefois, les verts et la gauche ont enregistré un nombre record de demandes d'adhésion
13:19à la suite des manifestations qui ont eu lieu le week-end dernier
13:22et qui ont attiré des centaines de milliers de personnes dans tout le pays.
13:29Geneviève, justement, on le voit là avec notre correspondante Liv Stroud,
13:32Merz semble assez stable.
13:34Mais comment, selon vous, formera-t-il une coalition gouvernementale
13:38après les élections s'il gagne ?
13:40Parce que c'est ça la grande question.
13:42En effet, vous avez parfaitement raison.
13:44Le premier risque, c'est de perdre des électeurs en faveur de ceux qu'on a flattés et imités,
13:49ça c'est le premier.
13:51Mais le deuxième risque, c'est précisément,
13:53dans un pays qui a besoin de coalitions, comme l'Allemagne,
13:56de perdre les candidats potentiels à une coalition
14:00parce que le SPD et les Verts n'auront peut-être pas envie
14:05de s'allier à quelqu'un qui a joué le jeu de l'extrême droite.
14:10Donc c'est une question réelle.
14:13Moi, je n'ai pas de réponse.
14:15Mais la réaction des Allemands montre en tout cas
14:20qu'il y a dans la population allemande
14:23un grand refus de ce glissement vers l'extrême droite.
14:27Et c'est le pari qu'il faut faire.
14:30Oui, et d'ailleurs parfois, en interrogeant des experts,
14:33vous disent aujourd'hui qu'une coalition entre la CDU et le SPD
14:38est encore possible, réalisable.
14:40Donc c'est aussi l'ambiguïté en Allemagne.
14:42Vous, Mirella, que pensez-vous justement de cette future coalition ?
14:46Tout est possible.
14:48Et c'est dangereux d'anticiper.
14:50Enfin, nous, maintenant, sur le plateau d'une télé,
14:52on ne sait pas ce qui sortira des urnes.
14:55On ne sait pas quels seront, après, en fonction des résultats,
15:00les paris que les politiciens amenés à faire cette coalition vont prendre.
15:05Mais en vous écoutant tous les deux tout à l'heure,
15:08je me suis souvenu que je me suis amusée il y a quelques semaines
15:11à écouter la conversation diffusée en direct entre Elon Musk et Alice...
15:16Biden, qui est la leader de l'AFD.
15:20Leader de l'AFD, elle.
15:22Et il fallait bien s'accrocher.
15:24À un moment donné, on se serait dit...
15:26Il y a deux copains qui discutent autour d'un verre de vin,
15:28mais qu'est-ce qu'ils disent ? Des choses intéressantes, quand même.
15:31Qu'est-ce qu'ils me disent ?
15:32Ils me disent que le nucléaire reste une solution
15:34au mix énergétique de l'Allemagne et de l'Europe.
15:36Ils me disent qu'il y a trop d'immigration, mais ça, on le savait déjà.
15:39Ils me disent qu'il y a trop peu de boulot pour les Allemands.
15:43C'est un peu le problème partout, en France, en Allemagne, partout.
15:47Partout en Europe, sauf dans les pays de l'Est.
15:50Il fallait s'accrocher.
15:52Quand elle a commencé à expliquer que Hitler n'était pas de droite, mais de gauche...
15:56Communiste.
15:58Je dis ça pour les gens qui n'auraient pas suivi cette conversation passionnante,
16:02qui a duré plus d'une heure.
16:04Et puis Musk a commencé à nous dire comment il va peupler la Lune.
16:07Mais jusque-là, c'était resté vraiment terre-à-terre.
16:10Avant qu'il parte sur la Lune, et qu'il commence à expliquer à Alice...
16:13Il l'avait même oublié, je crois qu'il y avait des milliers de gens qui l'écoutaient.
16:17Et il flirtait avec, c'était vraiment l'énergie qui passait.
16:21Il fallait s'accrocher.
16:23L'extrême droite, on ne défile plus en bottes caoutchouc et la main tendue.
16:29D'ailleurs, on a vu Musk à la cérémonie de Washington ensuite.
16:34Mais c'est aussi par des belles paroles.
16:37C'est très dangereux, parce que ça commence par les Afghans et on ne sait pas où ça finit.
16:42Il faut toujours se souvenir.
16:44Pendant ce temps, alors que les Allemands se préparent à voter,
16:47la Belgique vient de se doter d'un nouveau gouvernement,
16:50pas moins de 234 jours après les élections du 9 juin.
16:53Le gouvernement issu de la coalition dite Arizona a été approuvé.
16:57C'est une coalition de cinq partis qui comprend, du côté flamand,
17:01le parti nationaliste de la N-VA, le CDNV de centre-droit et les socialistes,
17:05et du côté francophone, les libéraux du mouvement réformateur, le MR, et les centristes.
17:10Le nouveau Premier ministre issu de la N-VA est Bart Weaver,
17:14l'ancien maire, ou, devrais-je dire, bourgmestre d'Anvers,
17:17connu pour être l'homme politique qui, à l'époque, se battait pour l'indépendance de la Flandre.
17:21Les choses ont un peu changé depuis.
17:24Geneviève, je me tourne vers vous. Est-ce que vous avez suivi cette actualité ?
17:28Je suis française, mais je vis en Belgique depuis 35 ans.
17:35Je ne suis pas sûre d'être encore capable de comprendre
17:39toutes les subtilités du système politique belge.
17:44Je me souviens quand même qu'il y a eu une période de plus d'un an
17:49où la Belgique assurait, dont six mois pendant lesquels la Belgique assurait
17:54la présidence du Conseil de l'Union Européenne,
17:58et tout s'est très bien passé.
18:01La Belgique a cette capacité de fonctionner sans gouvernement.
18:06Ce qu'il faut voir maintenant, c'est sa capacité de fonctionner
18:10avec cette coalition dite Arizona.
18:13Il y a beaucoup d'inventivité aussi en Belgique sur les noms des coalitions.
18:18On sort un peu du léger, on rentre dans le plus sérieux,
18:25et de cette coalition qui, manifestement, comprend des hommes politiques d'extrême droite.
18:33On est là dans cette fameuse rupture du cordon sanitaire,
18:38dont on a parlé au début, qui se manifeste un peu partout.
18:45Je vais aussi prendre l'exemple de la France, brièvement.
18:49Michel Barnier a fait un pas vers l'URN en l'incluant dans sa négociation budgétaire
18:58et en pensant avoir conclu un deal avec eux, et, si j'ose dire, il s'est ramassé.
19:05Le fait aussi que ses alliés ne soient pas fiables,
19:13je pense que c'est quelque chose qui peut jouer positivement pour la sauvegarde ou le rétablissement du cordon sanitaire.
19:21Justement, en parlant de la France, Jean-Marc, je me tourne vers vous.
19:23Là aussi, quand vous voyez des socialistes rejoindre les rangs d'un gouvernement
19:27qui prévoit quand même de durcir la politique migratoire, de limiter les allocations de chômage,
19:32la fin de certains régimes spécifiques de retraite,
19:35c'est un gouvernement très conservateur avec, comme vous disiez, une ouverture.
19:41Probablement qu'en France, c'est assez compliqué à imaginer un scénario comme ça.
19:45Donc, vous réagissez comment ?
19:47Écoutez, il se trouve qu'au sein de notre groupe européen, on a à la fois le PS belge
19:52et le parti Faureult qui a décidé de participer à ce gouvernement.
19:56Donc, vous imaginez que les discussions sont animées, les deux partis ne sont pas d'accord.
20:01Et moi, je pense que le PS belge a raison de dire qu'il ne fallait pas y aller,
20:06même si c'est un peu facile de condamner un parti politique qui est face à une situation politique extrêmement compliquée
20:13et face au choix un peu cruel de se dire qu'on continue sans gouvernement pendant des années et des années
20:20où on essaie de régler un certain nombre de problèmes.
20:22Et c'est exactement la situation dans laquelle on est en France.
20:25Nous avons décidé pour ne pas, le PS français, se retrouver dans la situation du gouvernement Barnier
20:31où sa survie dépendait de l'extrême droite, de négocier avec le gouvernement Beyrou des avancées pour les Français.
20:40Et on en a obtenu sur l'hôpital, un milliard de plus, sur les 4 000 fonctionnaires qui devaient être supprimés dans l'éducation,
20:48qui vont être maintenus, etc.
20:51Et à la fin, au bout de cette négociation, on a décidé de ne pas censurer le gouvernement Beyrou.
20:56Mais le cœur de notre choix politique, ce n'est pas qu'on pense que ce budget est bon, d'ailleurs on a voté contre,
21:04c'est qu'on pense que la France a besoin d'un budget, qu'on doit accepter qu'on n'est pas majoritaire, nous, la gauche,
21:10et que soit on laisse le gouvernement dépendre de l'extrême droite et on est dans le confort de l'opposition en disant
21:17on s'oppose à tout, on vote pour la censure et on repart pour une nouvelle instabilité,
21:22soit on offre la possibilité d'une discussion avec nous qui empêche le Rassemblement National d'être en position d'arbitre.
21:29On voit bien que c'est une situation un peu cruelle pour nous et qu'on est critiqué pour ça, évidemment, et on peut aussi comprendre les critiques.
21:37Sur ce point, nous pouvons clore cette conversation. Merci beaucoup à tous les invités ici présents.
21:42On prend un temps de pause, mais restez avec nous pour entendre ce que pensent les habitants du Groenland,
21:47des aspirations du Président Trump à acheter leur île. A tout de suite.
22:00Heureuse de vous retrouver sur le plateau de Bruxelles Je T'aime avec nos trois invités ici présents.
22:05Alors un fait d'actualité récent que nous voulions approfondir, ça se passe à Nuuk au Groenland,
22:10où le Parlement local a repris ses travaux cette semaine après sa pause hivernale.
22:15C'était la première réunion des députés depuis que le Président Trump a prêté serment et exprimé son désir de s'emparer de l'île et de ses 57 000 habitants.
22:24Trump affirme que le contrôle du Groenland est essentiel à la sécurité nationale et économique des États-Unis.
22:30Il veut également des ressources naturelles, des terres rares aux minerais de fer.
22:34Le Groenland étant lié politiquement et culturellement au Danemark, ce dernier a déjà averti le secrétaire d'État américain Marco Rubio que le Groenland n'était pas à vendre.
22:44Alors Jean-Marc, je me tourne vers vous, que pensez-vous finalement de ce débat sur le Groenland ?
22:48Ça fait déjà des semaines qu'on en parle.
22:50Qu'il faut être très ferme et ça vaut pour le Groenland comme pour les tarifs douaniers,
22:55comme pour tous les sujets qui sont soulevés par Donald Trump, c'est de dire ce qu'a dit le ministre des Affaires étrangères français
23:02et qu'a fini par dire d'ailleurs, ou qu'ont fini par dire les chefs d'État et de gouvernement,
23:08le Groenland appartient à l'Union européenne et le restera et on défendra sa souveraineté s'il le faut.
23:17Et je crois d'ailleurs que Donald Trump ne comprend que ça et sur d'autres sujets il faut faire pareil.
23:23Parce qu'il y a eu un peu au début la tentation de la part de la présidence de la Commission de dire
23:28« Ok, on va commencer à négocier, vous voulez qu'on achète plus de pétrole, plus de gaz liquide, vous voulez avoir accès à des ressources ? »
23:37Il y a eu une peur très forte aujourd'hui.
23:40Voilà, de rentrer dans une guerre commerciale, le sujet n'est pas d'être dans une guerre, c'est de dire on a des peuples souverains,
23:46on a des alliances, on appartient à un ensemble européen et donc on applique nos règles de manière tout à fait ferme,
23:54tout à fait déterminée et puis j'ajoute pour terminer qu'il faut qu'on évite de se positionner en permanence dans les années qui viennent face à Trump.
24:02Il faut qu'on construise l'Europe telle qu'on a envie de la construire.
24:05Cette Europe, elle doit être souveraine, on doit aussi nous favoriser le bail européen puisque le sujet de Trump c'est le bail américain.
24:13Voilà, soyons nous-mêmes.
24:15Est-ce que Trump a ouvert une boîte de Pandora avec le Groenland ?
24:18Oui absolument et ça dépend combien il veut payer, combien il veut mettre sur la table.
24:23Est-ce que ça ne vous a pas semblé un peu bizarre le fait que Frédéric Seyne ait besoin la semaine dernière de venir en Europe
24:32et de faire un tour de quelques capitales pour se dire est-ce que vous me soutenez ou est-ce que vous ne me soutenez pas ?
24:37Et finalement au sommet européen informel de lundi dernier à Bruxelles, on a dit oui, on va la soutenir.
24:44Mais ça dépend, on a besoin d'argent.
24:47La Groenland il y a quelques années avait voté contre le Danemark, ils voulaient leur indépendance.
24:53Justement pour parler des Groenlandais, pour savoir ce que pensent les habitants des velléités du président Trump de s'emparer du territoire,
25:03notre correspondante Shona Murray s'est rendue aux Groenland pour leur poser la question, écoutons-les.
25:08On parle d'indépendance, mais qu'est-ce que l'indépendance ?
25:13Personne n'est vraiment indépendant, nous dépendons tous les uns des autres.
25:16Personne ne veut vraiment être acheté par les Etats-Unis.
25:18Je veux dire que cette façon abrupte de se présenter et de dire, je veux acheter le Groenland, mais enfin, nous ne sommes pas à vendre,
25:24nous ne jouons pas aux monopolis dans le monde réel.
25:27C'est faire preuve d'un état d'esprit très colonial, de pensée.
25:31Lorsque le Danemark n'aura plus le Groenland, nous le prendrons.
25:34C'est comme si les colonisateurs parlaient avec une autre entité coloniale, comme s'ils parlaient entre eux.
25:38Mais enfin, et nous, nous avons des droits en tant qu'êtres humains.
25:41Geneviève, je me tourne vers vous.
25:44La France a dit qu'elle serait prête à envoyer des troupes européennes au Groenland si les Etats-Unis tentaient de l'envahir.
25:51Est-ce que, selon vous, c'est une réaction appropriée ?
25:54Tout à fait.
25:56Moi, je suis fière d'être française.
25:59Quand je vois que les premiers à réagir à cette incroyable attitude de Trump,
26:09agressivité vis-à-vis du Groenland et d'ailleurs vis-à-vis du Danemark,
26:15je trouvais que l'Europe était étonnamment silencieuse.
26:19Et donc, j'ai été heureuse que, côté français, on prenne la parole.
26:24Ce que je veux dire, c'est que c'est du Danemark qu'il s'agit, quand on parle de l'Union européenne.
26:31Et le Danemark conserve une certaine souveraineté sur le Groenland.
26:40Et c'est le Danemark qui est attaqué directement par Trump.
26:45Il a passé 45 minutes au téléphone avec Mette Frederiksen en la menaçant.
26:52Donc, il paraît que c'était une conversation agressive, brutale.
26:57Et c'est là qu'elle a été obligée de lui dire que le Groenland n'est pas à vendre.
27:01Mais peut-être juste encore un mot.
27:04Moi, je suis très sensible à ce que disent les Groenlandais.
27:07C'est ça qui est finalement le plus important.
27:09C'est une population.
27:11Cette population a des aspirations à la souveraineté.
27:15Elle a vraisemblablement des aspirations à la souveraineté vis-à-vis du Danemark.
27:19Mais pourquoi est-ce que ce serait pour tomber entre les mains des Etats-Unis ?
27:25Je crois qu'il faut donner la parole au Groenland.
27:31Et je crois que le réflexe de réunir le Parlement est le bon réflexe.
27:37Parce qu'il faut que les Groenlandais s'expriment et décident de leur souveraineté.
27:42Moi, je suis beaucoup plus inquiète pour l'Ukraine.
27:44Parce que si Trump se met à prendre le Groenland, qu'il l'achète ou qu'il le prend,
27:49qu'est-ce qu'on peut reprocher alors à Poutine ?
27:52Qu'il a tué aussi des gens.
27:54À un moment donné, on s'en fout.
27:57On est très cyniques en politique européenne, attention.
28:00Parce qu'on peut s'émouvoir du sort des gens.
28:03Surtout la France, parce qu'elle a la bonne rhétorique et la bonne parole.
28:06Parce que les Anglais ont moins, parce que c'est une autre nation, carrément.
28:10Il ne faut pas oublier les Anglais là-dedans.
28:12Ils ne sont pas membres de l'Union Européenne, malheureusement.
28:14Ils ne sont plus membres de l'Union Européenne.
28:16Mais ils ont leur mot à dire, parce que c'est le pont avec l'Amérique et tout.
28:19Mais au moment où on commence comme ça,
28:21où ton territoire est à moi et je l'achète ou je l'envahis,
28:26qu'est-ce qu'on va reprocher à Poutine ?
28:28Et on va oublier l'Ukraine.
28:30Je voulais dire qu'en fait, tous les sujets qui sont sur la table en ce moment
28:36procèdent de la même logique.
28:38Trump se vit comme un chef d'entreprise.
28:40Tout est à acheter ou à vendre.
28:43C'est vrai pour le Groenland.
28:45Et à la fin, ça peut-être se terminer par un accroissement des intérêts
28:50des entreprises américaines sur le sol du Groenland
28:54pour exploiter les ressources minières, sans envahissement.
28:58Mais ça vaut pour Gaza aussi, où on veut enlever tout le monde
29:02et transformer ça en Eldorado au bord de la mer.
29:07Ça vaut aussi pour l'Ukraine.
29:10On vous laisse tomber, sauf si vous permettez à nos entreprises
29:13de venir exploiter vos ressources minières.
29:16Et tout ça, le couteau sur la tempe.
29:18Ce que je voulais dire, c'est que la réaction forte de l'Union européenne
29:21est essentielle.
29:22C'est sur ce point que nous pouvons clore cette conversation.
29:25Pardon de vous avoir interrompu.
29:27Mais pour en savoir davantage sur les projets de Trump pour le Groenland,
29:30n'hésitez pas à consulter notre site web euronews.com.
29:33Merci beaucoup à tous les invités ici présents.
29:36Restez avec nous sur Euronews.
29:39...
29:47Heureuse de vous retrouver sur le plateau de Bruxelles.
29:49Je t'aime.
29:51Avec nos invités, Jean-Marc Germain, député européen du groupe Socialiste,
29:55Geneviève Ponce de l'Institut Europe,
29:57Jacques Delors et Michaela Nahoum, correspondante à Bruxelles
30:00de Radio France Internationale RFI.
30:02Parmi les actualités de la semaine, il y en a une qui nous a fait
30:05un peu tourner la tête.
30:06Ce sont les mots du premier commissaire européen à l'espace
30:09qui a appelé à la création d'un bouclier spatial européen
30:12lors d'un discours à la Conférence annuelle sur l'espace.
30:15Andrius Koubilius, commissaire lituanien,
30:18qui est également responsable de la défense,
30:20a appelé à créer un véritable Big Bang pour l'espace
30:23avec d'énormes investissements européens.
30:25Alors que de plus en plus de pays cherchent à dominer l'espace
30:29et que la Russie et la Chine unissent leurs forces,
30:32le commissaire à l'espace a averti que les Européens
30:34ne peuvent pas abandonner l'espace.
30:36Alors Jean-Marc, je me tourne vers vous.
30:38Est-ce que c'est une priorité l'espace
30:40au vu de ce qui nous attend sur la planète Terre ?
30:43Oui, tout à fait, et il a eu raison, c'est une priorité militaire.
30:47Et d'ailleurs, nous allons avoir dans les semaines qui viennent,
30:51à partir du livre blanc qui va être remis par ce commissaire
30:54sur la défense européenne, une discussion financière
30:58qui va s'ouvrir.
30:59On parle de 500 milliards d'euros qui pourraient être utilisés
31:02dans les cinq ans qui viennent pour la défense.
31:04Moi, je suis en charge des budgets pour le groupe socialiste
31:08et nous sommes tout à fait d'accord pour accompagner cet effort
31:11à condition évidemment que l'Europe sociale continue à progresser.
31:15Et dans la défense, le spatial et la maîtrise de l'espace
31:19est fondamental.
31:20D'ailleurs, sur le plan militaire, tous les spécialistes le disent,
31:25mais aussi sur le plan économique et même sociétal,
31:29c'est-à-dire maîtriser tout ce qui est la localisation partout
31:33sur la planète, ce qu'on appelle le GPS.
31:35En fait, on a notre système européen, Galiléo,
31:38et qui doit se développer.
31:40Pour le développement durable aussi, l'espace devient un endroit
31:44d'observation sur la consommation d'espace, de forêts,
31:48les transformations d'espace, pour à la fois garantir
31:52la préservation de la biodiversité et la lutte contre
31:55le réchauffement climatique absolument fondamentale.
31:57On doit avoir notre propre système d'observation.
32:00Geneviève, est-ce qu'il faut investir plus sur l'espace ?
32:03Parce que justement, il y a un problème d'investissement,
32:05c'est ce qu'on entend aussi.
32:07Et Jean-Marc le dit, les enjeux sont assez cruciaux
32:10parce que ce n'est pas que l'espace et la défense.
32:12Moi, je suis tout à fait de cet avis parce que ce qu'il faut
32:16comprendre dans la période actuelle et le nouveau Trump,
32:20c'est que nous n'avons plus d'alliés.
32:23Donc ce n'est pas juste la Russie ou la Chine,
32:29ce sont les Etats-Unis.
32:32L'attitude des Etats-Unis, notamment de SpaceX,
32:36sera certainement de moins en moins à la coopération
32:39avec les Européens.
32:41Donc les Européens doivent vraiment s'affirmer
32:44comme puissance spatiale, comme puissance de défense.
32:48On n'a plus d'alliés.
32:50On ne peut plus compter sur l'oncle Sam.
32:52C'est fini.
32:54Parce que, qu'est-ce qu'on peut dire ?
32:56Ce n'est pas juste un homme d'affaires.
32:58C'est l'illustration de la théorie America First.
33:02Donc c'est purement les intérêts américains qui comptent.
33:05Donc dans le domaine de l'espace, pour les raisons
33:07qui ont été indiquées, il faut continuer à investir.
33:10L'espace est crucial pour la défense.
33:13L'espace est crucial également pour l'environnement
33:17avec tout le système d'observation de la Terre
33:19et de l'océan, d'ailleurs, Copernicus.
33:22Et puis, également dans le domaine des télécommunications,
33:26avec le projet Iris.
33:28Donc il faut le faire.
33:30Il y a un lien fort entre espace et défense.
33:33Et puis, encore une phrase sur votre...
33:36Est-ce qu'avec tous les soucis qu'on a sur la Terre,
33:39il faut investir dans l'espace ?
33:41Oui, si c'est l'espace conçu justement pour être autonome,
33:45pour se défendre, pour défendre notre environnement.
33:47Justement, il y a beaucoup parlé d'investissement.
33:49Nous avons interrogé le directeur de l'agence spatiale européenne
33:52et il se montre plutôt confiant concernant la course à l'espace.
33:55Écoutons Joseph Arbacher.
33:58Les gens pensent que l'Europe n'est pas compétente
34:01lorsqu'il s'agit de la conquête de l'espace.
34:03En fait, nous sommes très forts.
34:05Nous avons quelques programmes où nous sommes parmi les meilleurs au monde.
34:07Parfois, nous sommes le partenaire principal
34:09et la NASA est le partenaire junior.
34:11Nous avons besoin de trois choses pour réussir.
34:13Premièrement, nous avons besoin de talent.
34:15Deuxièmement, il faut de l'argent, de l'accès à l'argent.
34:18Et troisièmement, nous devons être plus simples, plus rapides et plus agiles.
34:23Alors, Michaëla, justement, quand on entend le directeur de l'ESA,
34:26qu'est-ce qu'on cherche en fait à obtenir dans ce secteur ?
34:29Est-ce que c'est exploré ou est-ce que c'est dominé ?
34:32Ni un ni l'autre. Il faut être là.
34:35Mais bon, les Européens, on sait, ils n'y sont pas.
34:38Ils n'y seront pas bientôt.
34:41Un collègue à nous faisait une blague sur X l'autre jour ici dans la boule européenne
34:44en disant, pour les Européens, le ciel n'est pas la limite.
34:48Parce qu'ils n'ont pas les moyens de le faire. Ils ne savent pas comment le faire.
34:50Et je vais te dire très rapidement une petite anecdote.
34:53C'est que je suis copine, très copine, avec l'ancien directeur de l'agence satellitaire
34:58qui se trouve en Espagne, à côté de Barcelone.
35:01Je ne l'ai jamais vu, ce mec, mis dans la lumière, si tu veux.
35:04Il venait de temps en temps en Bruxelles.
35:06Il m'appelait. Oui, j'ai une conf de presse. Il y a trois personnes qui viennent.
35:09On ne sait pas se vendre. On ne sait pas investir.
35:12On ne trouve jamais nos vraies priorités.
35:14Et maintenant, parce que Trump, il est à la Maison Blanche,
35:17on se dit, l'Amérique n'est plus notre copine.
35:20Ça n'a jamais été notre copine.
35:22Depuis le président Eisenhower, tous les autres présidents américains
35:25ont emballé dans des belles mots le fait que ça a toujours été America first.
35:30Et que l'Amérique, si elle a regardé les Européens, c'était pour faire des affaires.
35:35Ou pour se mettre au dos des Européens.
35:37On n'a jamais été copains.
35:39Si on aurait été copains, pourquoi est-ce que Churchill a eu besoin de tous ces efforts
35:42pour faire le débarquement en Normandie ?
35:44Donc, ce n'est pas nos copains.
35:46Ça a toujours été des partenaires d'affaires, des gens hyper pragmatiques.
35:50Et les Européens ne sont pas aussi pragmatiques que les Américains.
35:54On n'est pas un seul pays. On est 27 démocraties différentes,
35:58avec chacune ses priorités.
36:00Je ne pense pas que si la France, par exemple, voudrait aller dans l'espace,
36:04on ne va pas la Tchétchénie aller tout de suite, ou la Slovénie, par exemple.
36:07Jean-Marc, je me tourne vers vous.
36:09On voit se profiler une guerre commerciale avec Trump, justement,
36:13dans les semaines, les mois à venir.
36:16Est-ce que ça pourrait se passer sur le terrain de l'espace ?
36:19Puisque nous sommes en concurrence.
36:21En tout cas, il y a une concurrence.
36:23Et il est absolument urgent d'aller très vite,
36:26comme le disait le directeur de l'agence spatiale européenne.
36:29En ce moment, on est dans une situation totalement absurde
36:32où nos satellites sont lancés par des lanceurs américains,
36:35et plus ou peu par Ariane ou par Vega, qui sont les lanceurs européennes,
36:39alors qu'on a toutes les compétences pour le faire.
36:41Et par rapport à votre question initiale, qui est fondamentale,
36:44on y va pour quoi faire ? On n'y va pas pour dominer.
36:47On va pour être un acteur aussi fort que les autres,
36:50pour imposer ce que peut faire l'Europe dans tous les domaines,
36:53c'est qu'il y ait un multilatéralisme,
36:56et qu'il n'y ait pas un face-à-face entre la Chine et les Etats-Unis,
37:00mais qu'on soit là autour de l'Europe.
37:02L'Europe doit être un acteur sur l'espace, on doit faire plus, on doit investir plus.
37:05C'est sur cette note positive que nous concluons notre débat.
37:08C'est la fin de l'émission Bruxelles, je t'aime.
37:10Un grand merci à tous nos invités d'avoir été parmi nous,
37:13et merci à vous de nous avoir suivis.
37:15Si vous avez des commentaires, n'hésitez pas à nous écrire à bruxellesjetaime.euronews.com
37:20ou à nous contacter via les réseaux sociaux.
37:22Passez une excellente semaine et à très bientôt sur Euronews.

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