Invité de France 2 ce dimanche 9 février, Emmanuel Macron a annoncé "109 milliards d'investissement dans l'intelligence artificielle dans les prochaines années".
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00:00On en parlait tout à l'heure dans le journal de 20h, Olivier BABAUD, que retenir de ces déclarations 109 milliards, est-ce que ça y est, la France
00:09va être à la hauteur, est-ce qu'on va avoir les moyens aussi de nos ambitions ?
00:12Il faut dire que ça y est, c'est encourageant, ça faisait longtemps qu'on disait mais on est derrière,
00:16on laisse l'histoire se faire sans nous. L'IA c'est la plus grande révolution de l'histoire de l'humanité,
00:21elle est à nos portes,
00:22on est en train de la vivre,
00:24on se rend pas forcément compte, l'homme de la rue se rend peut-être pas compte de ce qui est en train de se passer,
00:28c'est absolument énorme, ce sont des enjeux de souveraineté, d'indépendance et derrière des révolutions extraordinaires qui vont
00:34probablement avoir un impact sur tous les emplois,
00:38sur l'économie, sur la façon dont on vit, sur toute la civilisation.
00:41C'est vraiment, je le dis pas uniquement pour pour faire les effets de manche, c'est vrai et donc c'est bien que ça y est, nous prenions
00:47la mesure de la
00:49révolution et de cette nécessité, nous devons avoir chez nous ces technologies, nous ne devons pas dépendre
00:56d'un autre pays,
00:57que ce soit les Etats-Unis, a fortiori la Chine, pour avoir ces technologies qui vont donner la puissance économique et militaire. Donc il faut investir
01:05énormément, on a des champions chez nous, on a des possibilités, on n'est pas tout à fait en avance, mais on n'est pas
01:11largué à 100%, voilà ça c'est la bonne nouvelle.
01:13Mais en ce qui concerne l'intelligence artificielle,
01:16ce sommet qui se tient demain, qui est quand même un défi majeur pour la France,
01:19qu'est-ce qu'il y a d'autre à retenir de cet entretien, Olivier ?
01:22Il a parlé des data centers, il a parlé de la nécessité de s'allier avec d'autres pays,
01:26notamment avec le président Modi, alors l'Inde c'est une autre dimension, soit un milliard quatre cents millions, nous on est 68 millions,
01:32je crois qu'ils forment un million d'ingénieurs par an, évidemment ça fait rêver, mais c'est intéressant, il a même évoqué l'idée de non-alignement,
01:39l'idée de non-alignement c'est de dire, jusque là on disait, bon il va falloir choisir nos maîtres, est-ce que ça va être à l'est,
01:44est-ce que ça va être à l'ouest, est-ce que si on ne peut pas avoir une ambition supplémentaire qui est de dire que nous soyons
01:49capables de ne pas choisir nos maîtres et de l'être d'une certaine façon, mais ça, ça veut dire qu'il faut investir tout de suite,
01:55extrêmement fort, qu'il faut peut-être des formes de lois d'exception comme on a fait avec Notre-Dame ou les Jeux Olympiques,
02:00pour pouvoir développer les technologies, faire des formes de zones franches, faire des investissements énormes, attirer
02:06les meilleurs cerveaux, faire des formations, il faut agir extrêmement vite, encore une fois la partie n'est pas complètement
02:12perdue parce que depuis une vingtaine de jours, la Chine a montré que l'IA pouvait peut-être être faisable avec des systèmes ouverts,
02:18beaucoup moins chers, c'est un espoir extraordinaire parce que jusque là, les bras nous ont tombés, on se disait, ben voilà, si vous n'avez pas
02:23investi 100 milliards depuis un moment, vous êtes derrière, vous aurez toujours des années de retard, donc ça y est, les Etats-Unis ont gagné,
02:29et bien finalement, le jeu est plus ouvert, c'est encourageant, mais encore une fois, c'est absolument nécessaire, alors le Président,
02:36c'est agréable pour lui parce qu'il fait quelque chose qui est un sujet qui est relativement peu politique, mais en tout cas assez consensuel,
02:42ça doit le reposer un peu. Oui, mais c'est aussi, bonsoir Guillaume Darré du service politique de BFMTV qui nous fait le plaisir d'être
02:48avec nous, c'est aussi quand même une belle opportunité,
02:51Guillaume, pour le Président, de parler d'intelligence artificielle à ce moment-là et de le faire comme ça, de revenir au premier plan,
02:59voire de reprendre aussi le leadership en Europe. Alors la question lui a été posée, vous le disiez effectivement à la fin, notamment sur le débat
03:05politique interne, justement, en se disant, est-ce qu'il peut l'aborder ou pas, est-ce que vous ne nous parlerez plus que d'intelligence artificielle ?
03:11Il a dit qu'il aborderait plus tard la question du droit du sol qui fait débat actuellement, mais que ça relevait effectivement du Premier ministre et
03:18des ministres et du chef du gouvernement.
03:20On voit que ce qu'il a voulu mettre en avant dans l'interview, c'est aussi la difficile équation, c'est ce qu'il a dit,
03:26entre la régulation sans pour autant se couper de l'innovation, c'est-à-dire, bien sûr, ils font un modèle
03:31européen dans lequel on va réguler cette intelligence artificielle, mais attention,
03:34que cela ne nous empêche pas d'avoir des entreprises qui innovent,
03:38et il semble avoir même dit qu'il fallait innover presque avant de réguler parce que sans
03:42quoi il n'y aurait pas de richesse créée, et on voit aussi qu'il a mis l'accent sur la dimension
03:47de l'intelligence artificielle durable, l'intelligence artificielle verte, parce qu'on sait que ça consomme ces
03:52data centers énormément d'énergie, et donc effectivement,
03:56c'est ça, il a mis l'accent sur le fait de dire au monde entier, regardez, nous on a à ses yeux de l'énergie propre par le
04:02nucléaire, vous pouvez venir en France parce qu'on fera de l'intelligence artificielle propre.
04:06Les enjeux sont majeurs, mais est-ce que, malgré tout, aidez-nous un peu à décrypter aussi quand même la dimension politique de cet entretien,
04:13est-ce que
04:15c'est quand même réellement un sujet qui lui tient à coeur au Président de la République, est-ce que c'est sincère ?
04:20Oui, si, ça fait un moment qu'il est porté sur cette question-là, dans tous les déplacements internationaux, les voyages officiels,
04:26où il va, par exemple en Inde, ou même, je me rappelle, aux Etats-Unis, il est toujours en contact avec ce type d'entreprise,
04:31c'est quelque chose qui l'a toujours intéressé, on ne peut pas lui enlever cette dimension-là,
04:35et effectivement, on voit aussi que ça lui permet d'essayer de se mettre un peu au-dessus de la mêlée de la politique française,
04:40d'essayer de jouer au niveau de la politique internationale, parce que c'est vraiment,
04:43dans ce qui lui reste, effectivement, comme pouvoir politique, cette volonté de projeter le pays
04:48dans les 10, 15, 20 prochaines années, et il est persuadé que l'intelligence artificielle,
04:52si on prend trop de retard maintenant, la France ne pourra pas rattraper ce retard, et donc,
04:56c'est quelque chose, pour les deux ans et demi qui lui restent, sur lequel il doit vraiment mettre le paquet.