• la semaine dernière
L'interview média, c'est le nouveau rendez-vous de Sport en France, présenté par Romain Schindler. Pendant plus d'une demie-heure, une personnalité des médias français viendra se livrer en tête à tête sur son parcours, ses aspirations, ses plus beaux accomplissements mais aussi les doutes ou les difficultés rencontrés. Pour ce premier numéro, on retrouve Laurie Delhostal, récemment à la réalisation d'un documentaire exceptionnel sur Laure Manaudou.

Catégorie

🥇
Sport
Transcription
00:00...
00:11J'ai la chance de recevoir aujourd'hui une brillante journaliste dans le sport.
00:15Des journalistes sportives, il n'y en a pas assez, et elle le sait.
00:19Elle est aussi à la création, à l'origine de l'association Femmes journalistes.
00:22Un peu militante, donc, elle nous le dira, avec beaucoup de casquettes,
00:25passée par le média du sport Canal+, pendant 10 ans.
00:28Aujourd'hui, elle co-anime l'émission Le Club Info, sur Radio France, le dimanche,
00:31et elle réalise aussi des documentaires, on va en parler.
00:34Elle est très active dans le métier, inspirante pour la jeune génération,
00:37le sait-elle, qu'est-ce qu'elle en pense ?
00:38Elle a plein de choses à nous raconter sur le métier de journaliste,
00:41la télé, la radio, le sport, le sport qu'elle aime,
00:43le sport qu'elle déteste aussi, peut-être,
00:46et dans le documentaire qu'elle vient de co-réaliser,
00:48il y a d'ailleurs un peu de tout ça, un peu de Laurie, elle va nous le dire,
00:51et beaucoup de Laure Manodou.
00:53Bonjour, Laurie de Lestal, et bienvenue dans l'Interview Média.
00:55Bonjour, merci.
00:56Tu vas bien ?
00:57Oui, ça va super, j'ai la pression maintenant après tout ce que t'as dit.
00:59Je vais d'emblée dire qu'on se connaît bien,
01:01parce qu'on a démarré ensemble sur la même chaîne,
01:04Orange au sport, il y a longtemps,
01:05et donc je vais me permettre de tutoyer,
01:07sinon ça n'aurait pas de sens.
01:08On débute toujours cette interview par une petite question,
01:11est-ce que tu sais ce qui s'est passé dans le monde du sport le jour de ta naissance ?
01:15Non, je ne sais pas, tu as la réponse ?
01:18Oui, j'ai la réponse.
01:19C'est vrai ?
01:19Je vais me permettre de dire que tu es née un 24 février,
01:24et ce jour-là, c'est la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Lake Placide en 1980.
01:31Et il y a un exploit réalisé ce dernier jour,
01:34c'est réalisé par le patineur Eric Hayden,
01:37patinage de vitesse qui, durant cette Olympiade,
01:39gagne une cinquième médaille d'or individuelle,
01:40et ce n'est jamais arrivé depuis dans des Jeux Olympiques d'hiver.
01:43Et ça m'a fait penser, quand j'ai pensé à tout ça,
01:46parce que je disais qu'on avait débuté ensemble,
01:48je crois que tu as couvert les Jeux Olympiques à Vancouver,
01:51et que tu étais, je pense, dédiée au patinage de vitesse.
01:55Oui, oui.
01:56Est-ce que tu peux nous parler un peu des Jeux Olympiques,
01:59professionnellement et personnellement,
02:00qui a placé ça dans une carrière ?
02:02Je ne savais pas que j'étais liée depuis ma naissance aux Jeux Olympiques et Paralympiques,
02:06ce qui du coup fait sens pour la suite,
02:08parce que je fais partie des journalistes comme toi,
02:13mais on n'est pas tant que ça,
02:14être ce qu'on appelle des journalistes multisports,
02:16c'est-à-dire des journalistes qui traitent d'un peu tous les sports.
02:20Et notre moment de gloire, ce genre de journaliste,
02:23c'est les Jeux Olympiques.
02:23C'est le moment où, ça y est, on est la bonne personne.
02:26Et donc tous les quatre ans, comme certains athlètes, on brille,
02:30plus ou moins.
02:32Et donc voilà, évidemment, je me souviens de ces Jeux de Vancouver
02:36qui ont été mes seuls Jeux d'hiver,
02:38mais de grands moments de solitude, notamment au patinage de vitesse,
02:42qu'on n'était pas beaucoup à être envoyés sur place.
02:46Et puis sinon, j'ai fait Londres, j'ai fait Paris,
02:51j'ai présenté aussi sur Canal+, Rio,
02:57Tokyo sur Eurosport.
02:58Oui, c'est toujours des grands moments, évidemment, les Jeux Olympiques.
03:01Et les Jeux Olympiques, dans ton enfance, peut-être avant de devenir journaliste,
03:04c'était des événements que tu suivais à la télé ou que tu suivais tout court ?
03:09Oui, bien sûr que je suivais à la télé.
03:12Je crois qu'on a tous ce lien qu'on a créé dans l'enfance avec les Jeux Olympiques.
03:19Alors moi, je fais partie des enfants.
03:22Le seul truc qu'on avait le droit de regarder à la télé à la maison, c'était le sport.
03:25Donc voilà, et notamment le seul moment où j'avais le droit de me coucher un peu tard,
03:29c'était quand il y avait des grands événements comme ça.
03:31Et donc voilà, mais c'est marrant parce qu'on pose souvent la question
03:35de quel souvenir précis tu as ?
03:37Moi, j'ai plus un souvenir d'avoir absorbé, consommé beaucoup de sport,
03:42plus un souvenir diffus, d'une espèce de passion naissance
03:46pour le fait de regarder des exploits.
03:50Comment tu expliquerais ta profession à une classe de primaire ?
03:54Ma profession, je travaille pour un média,
03:59et un média, c'est celui qui fait le lien dans le sport
04:03entre les athlètes et le grand public.
04:09Voilà, moi, je ne sais pas, je suis une raconteuse, une passeuse d'émotions.
04:13C'est comme ça que j'expliquerais mon métier.
04:16Fini cette phrase, je ne serais pas devenue journaliste si...
04:20Oh, bonne question.
04:24Je ne serais pas devenue journaliste si...
04:31si je ne m'étais pas dit, allez, pourquoi pas, j'essaye.
04:35Parce que finalement, ça s'est fait comme ça pour moi.
04:37Et une fois que j'avais mis le pied dedans,
04:39je n'ai plus quitté le milieu parce que je me suis dit,
04:41ah, c'est ma place, c'est là que je dois être.
04:44Mais voilà, il y a eu ce petit coup de pied aux fesses que j'ai dû me mettre au départ.
04:49Et alors, on a compris que tu n'aurais pas été entraîneur de patinage de vitesse
04:51si tu n'avais pas fait journaliste, mais tu aurais fait quoi comme carrière ?
04:55J'aurais fait... J'avais envie d'être avocate quand j'étais petite.
04:59Voilà, j'aurais fait un métier où on parle beaucoup,
05:01et notamment avec les mains, parce que c'est ce que je sais faire le mieux peut-être.
05:04C'est intéressant que tu dises ça, avocate.
05:06On en parlera tout à l'heure parce que je sens que tu t'intéresses au sport, aux sportifs.
05:11Et je disais dans l'intro que tu avais peut-être un côté un peu militant.
05:15Engagé, en tout cas.
05:16Engagé. Je peux me permettre de dire que tu vis avec un ex-sportif de haut niveau.
05:20Et du coup, je me suis demandé si tu mettais beaucoup à la place de ces sportifs-là
05:25par rapport à ce qu'on leur demandait dans le métier,
05:26que ce soit les médias, que ce soit des prises de parole, que ce soit des entraînements.
05:30Alors, tu as un peu l'avocat, quoi.
05:33Oui. Je ne sais pas, mais en tout cas, ça m'intéresse, c'est sûr, de me mettre à la place d'eux.
05:38Je pense que c'est important de se dire à un moment,
05:42quand une grande partie de mon métier, c'est de faire des interviews,
05:46on ne peut pas faire ça comme il faut sans un moment se dire,
05:50alors sans se mettre à la place de l'autre personne.
05:53Je trouve que ça n'a pas de sens.
05:54D'être dans une forme d'empathie, c'est notre métier aussi.
05:58Pour transmettre au mieux, il faut être empathique.
06:01Je l'ai dit en intro, tu as passé dix ans chez Canal+,
06:05qui est quand même le média du sport, le média télévisé du sport.
06:08Tu en retiens quoi de ces dix ans ?
06:09Si tu devais retenir une chose de ces dix ans ?
06:12C'est beaucoup de questions difficiles.
06:16Une chose de ces dix ans ? Je ne sais pas.
06:17Non, j'ai été élevée à la sauce Canal+, du coup,
06:23c'est-à-dire avec cette exigence qu'on met dans le journalisme de sport
06:28qui a été inventé par Canal+.
06:32Je l'ai gardée en moi, cette exigence.
06:38Ce n'est pas que de l'émotion le sport, c'est de l'information aussi.
06:42Je l'ai dit, maintenant tu opères le Club Info sur Radio France depuis trois ans.
06:49Avant que tu nous en parles, on va écouter un peu ce que ça donne.
06:52Notre invité est l'un des plus beaux palmarès du sport français tout jeune,
06:56retraité après plus de deux décennies,
06:58dominé le handball français, européen et mondial.
07:01Bonsoir Nicolas Karabatic.
07:03Bonsoir.
07:03Merci d'être avec nous en studio pour nous parler de deux livres.
07:08Ce premier livre écrit avec votre frère,
07:10Luca, intitulé « Notre histoire d'amour avec le handball ».
07:13C'est aux éditions Flammarion.
07:14Et puis une bande dessinée, les Frères Karabatic.
07:17C'est aux éditions Casterman.
07:19Les Frères Karabatic, on va le rappeler Julien, c'est quatre médailles d'or au JO,
07:23six titres de champion du monde, six titres de champion d'Europe.
07:28On va parler de tout cela, de ces livres.
07:30Avant d'en parler, on avait envie de vous entendre sur Kylian Mbappé.
07:33Nicolas, qui est sorti du silence ce soir dans une interview accordée à Clique sur Canal+.
07:38Dans laquelle il regrette notamment, je le cite,
07:40« les gens nous voient comme des robots, on est des humains comme les autres ».
07:44Quel regard vous portez sur la pression que l'on met sur les grands champions ?
07:48Alors, j'avais plein de questions.
07:49C'était long ce lancement.
07:51Non, c'était intéressant pour plein de raisons.
07:53Un, le handball, puisque tu as, je pense, une appétence pour le handball depuis toujours.
07:58Et j'ai vu que tu recevais beaucoup de handballeurs.
08:00Bon, alors là, ça se justifie, on parle des plus grands handballeurs français.
08:03Deux, cette question par rapport à Kylian Mbappé.
08:05Et trois, qu'est-ce que ça fait ?
08:07Est-ce que tu t'écoutes souvent ? Tu te réécoutes souvent ?
08:09Non, non, pas du tout.
08:10Et c'est intéressant.
08:12Je sais, on dit toujours qu'il faut le faire, qu'il faut se regarder.
08:16Je ne l'ai jamais fait.
08:17Moi, ça m'ennuie, ça me gêne même de me réécouter.
08:21Donc, je ne le fais pas, alors que, voilà, peut-être que...
08:23Bon, elle est bien, la journaliste.
08:25Hein ?
08:25Elle est bien, la journaliste, ce que tu as entendu.
08:27Non, mais la radio, c'est particulier.
08:30Et voilà, on entend bien avec Julien Langlais, avec qui je présente.
08:34On aime bien mettre de l'humeur dans notre...
08:37Donc, je trouve que c'est ce qui ressort.
08:38Là, il y a du sourire et de l'humeur.
08:42Et voilà, c'est ce que j'ai envie de transmettre.
08:45La ligne éditoriale, un peu, de ton émission,
08:48là, on entend que tu le fais réagir sur un truc d'actu
08:51qui, d'ailleurs, sort un petit peu du sport.
08:55C'est quoi, un peu, vous mettez quoi comme objectif
08:57quand vous choisissez vos invités, vos thématiques ?
08:59Alors, c'est...
09:01Tout à l'heure, je parlais de la sauce Canal+.
09:02Là, on est à la sauce France info.
09:03Donc, on colle au plus proche de l'actu.
09:07Donc là, c'était...
09:08Voilà, c'était...
09:09On était obligés de le faire réagir sur les propos de Bapé
09:13qui dataient d'il y a quelques minutes ou d'il y a quelques heures.
09:16Notre ligne, c'est le sport et ses enjeux.
09:20C'est sortir un petit peu du côté performance pure.
09:25On a essayé de créer les musitions qu'on avait envie d'écouter.
09:29Moi, parfois, je n'ai pas envie d'être que sur la performance.
09:31J'ai envie qu'on me raconte des histoires.
09:32J'ai envie qu'on parle des enjeux politiques,
09:33des enjeux économiques du sport.
09:35Et c'est ce qu'on essaye de faire le dimanche soir.
09:38Le travail en radio, tu le disais,
09:40est-ce qu'il y a une spécificité que tu as pu découvrir
09:43en travaillant en radio depuis trois ans
09:44par rapport à tes nombreuses années où tu as vraiment fait beaucoup de télévision ?
09:47Oui, alors déjà, il s'est passé un truc très marrant.
09:50C'est qu'il y a trois ans, on est venu me chercher pour faire de la radio
09:52alors que je venais de me dire, j'aimerais bien essayer la radio.
09:55Donc, il y a eu une espèce de rêve de timing qui était super chouette.
10:00Et la surprise en radio, c'est que ça fait trois ans,
10:05je fais trois heures d'antenne toutes les semaines.
10:07Mais ça reste encore, pour moi, plus difficile à faire que la télévision.
10:11Tout le monde m'avait dit, tu verras, la radio, c'est plus léger, c'est plus simple.
10:14C'est vrai que tout est plus simple, la radio, on arrive comme ça,
10:17on peut venir en pyjama, les sons sont faciles à sortir,
10:23alors qu'en télé, les images, c'est plus compliqué.
10:25Mais pour moi, ça reste toujours plus difficile.
10:29Il y a un rythme dans la radio qui est différent.
10:33Et après plus de 15 ans de télé, je suis encore une novice en radio.
10:38Il y a de la concurrence à cette heure-là, l'after-foot, RTL, Europe 1 Sport.
10:44Comment ça se passe au sein de Radio France, t'as un enjeu d'audience,
10:47sachant que Radio France fonctionne très bien,
10:50obtient des records d'auditeurs, mais vous regardez un peu la concurrence à cette heure-là,
10:54sachant que tu l'as dit, vous proposez quelque chose de différent.
10:57Oui, du coup, je crois qu'on fait tous des choses assez différentes.
11:03Donc non, on n'a pas d'enjeu d'audience, sachant que c'est vrai que ces derniers mois,
11:10France Info est notamment devenue la deuxième radio de France.
11:13Donc oui, on n'a pas de souci d'audience en ce moment.
11:17Ça reste un média très puissant.
11:20Donc non, on ne fonctionne pas avec cette pression-là.
11:24La pression qu'on se met, c'est comme beaucoup de gens, c'est la pression éditoriale,
11:28de bien faire notre travail, d'avoir les bons invités, de leur poser les bonnes questions.
11:30Et ça suffit déjà largement.
11:34Merci Lauré, on va passer maintenant à la rubrique « Et moi, et moi, et moi ».
11:40Et moi, et moi, et moi, je vais te poser des questions qui te concernent,
11:47normalement un petit peu plus légères que ce qu'on vient de dire,
11:50mais pas tant que ça, mais qui vont te demander quand même de réfléchir.
11:52Ton plus grand moment de fierté en tant que journaliste ?
11:55Waouh ! Mon plus grand moment de fierté en tant que journaliste,
12:01c'est une très, très bonne question.
12:03Je crois que les choses qui me rendent le plus fière, c'est les choses qui durent.
12:08C'est quand c'est mes documentaires, je pense que c'est là-dedans que je m'épanouis le plus.
12:14C'est ce qui… Il y a ce petit côté, ça reste.
12:18Donc oui, je crois que je peux te dire, on va en reparler,
12:21mais je suis très, très fière de l'or, l'or, l'or, le documentaire qu'on vient de sortir.
12:26Est-ce que tu as un moment dans ta carrière, je pense que oui,
12:29dû improviser totalement à l'antenne ?
12:30Et si oui, raconte-nous comment c'était, ce qui s'est passé.
12:33De toute façon, on dit toujours que les journalistes de sport,
12:37quand on bosse pour des chaînes ou des radios d'infogénés,
12:40qu'on est les meilleurs pour l'impro, parce qu'en fait, on est quasiment tout le temps en impro.
12:46Alors, à part quand on présente des émissions très écrites, mais c'est assez rare.
12:49Moi, j'ai fait beaucoup de directs et surtout beaucoup de terrain.
12:51Donc, c'est tout le temps de l'improvisation.
12:57Quand je faisais la grille de F1, notamment, ça, c'est vraiment un truc…
13:01Quand on ouvre, parce que véritablement, ça se passe comme ça,
13:03quand on nous ouvre la grille et qu'on remonte au milieu des voitures
13:06avec un bazar absolument incroyable, où on doit parler aux gens.
13:11Il y a à peu près un million de personnes qui vous écoutent,
13:13interagir avec notre consultant.
13:15On n'a pas notre retour image.
13:17Donc oui, ça, en termes d'impro.
13:20Et puis, donc oui, je n'ai fait que ça de l'improvisation.
13:23Mais je crois que j'ai un souvenir très fort du moment où j'ai dû improviser
13:26et qui était vraiment, mais absolument affreux.
13:28C'était la finale de la Coupe de l'América que je présentais en plateau.
13:32Et je devais, comme parfois, on le fait basiquement,
13:37je devais dire, c'est la finale de la Coupe de l'América,
13:39on retrouve machin et machin qui vont vous commenter cette finale.
13:43Et sachant qu'on m'avait dit à l'époque, le boss de Canal+,
13:46c'était un zinzin de voile et on m'avait dit, il écoute.
13:50Donc je me dis, OK.
13:51Et l'épreuve commence, je vais lancer mes commentateurs et on me dit,
13:56on a un problème avec la cabine son, c'est toi qui dois commenter.
14:00Et là, c'était horrible.
14:03Je me suis dit, je dois commenter la Coupe de l'América,
14:06alors que la voile, ce n'était pas exactement mon sujet.
14:10Et donc, j'ai commenté 45 minutes, je crois, toute seule.
14:13Voilà, et ça reste un grand moment de solitude sur Canal+.
14:17Et ça, c'est une archive que tu n'as donc, j'imagine, pas réécoutée.
14:20Je ne te propose pas de réécouter.
14:23Personne ne veut réécouter ça.
14:24La qualité essentielle pour un bon journaliste sportif, en deux mots ?
14:28La curiosité, comme pour tous les journalistes.
14:32On reste des journalistes, la curiosité, la passion.
14:35Un sujet que tu trouves sous-traité dans les médias sportifs aujourd'hui ?
14:39Le sport féminin, tout simplement.
14:44Oui, ça reste sous-traité aujourd'hui.
14:48Et j'en profite parce que tu me lances une petite perche.
14:50Je vais le présenter tout de suite,
14:51parce que je ne sais pas si on aura le temps de le faire tout de suite.
14:53Tu as co-écrit le livre Championne.
14:56Oui, avec ma consoeur Sophie Gré.
14:5890 athlètes.
15:00On ne va pas faire long dessus, je le montre parce que c'est un super bouquin.
15:03J'ai découvert évidemment plein de gens que je ne connaissais pas.
15:06J'ai été sensible à Annette Kellerman qui a créé, si je ne me trompe,
15:10qui a révolutionné le maillot de bain.
15:14Je me suis dit qu'on pense toujours aux grandes icônes
15:18qui ont vraiment permis des grandes avancées.
15:20Mais je me dis qu'aussi, ça a longtemps été un sujet,
15:23les vêtements des femmes dans le sport.
15:26Ça l'est toujours.
15:28Et mine de rien, ce sont aussi des combats à mener.
15:30C'est amusant parce qu'avec Cécile et Louison qui ont fait les dessins,
15:36au départ l'idée c'était de raconter des performances.
15:38Et en fait, on s'est retrouvé à raconter aussi une histoire de la lutte des femmes
15:42pour s'habiller autrement qu'en robe longue.
15:46Il y a beaucoup d'histoires de vêtements.
15:48C'est amusant que tu aies noté ça,
15:50parce que c'est très marquant dans l'histoire du sport féminin.
15:54On t'a demandé de choisir une chanson
15:56qui résumait ta carrière ou qui était un peu ta philosophie.
16:00On va l'écouter et tu nous donneras un petit mot derrière.
16:16Pourquoi tu as choisi cette chanson ?
16:18Ça ne résume pas ma carrière.
16:20Parce que le message me paraît intéressant,
16:26qui domine le monde, ce sont les femmes.
16:30Dans le monde du sport, il y a encore beaucoup de travail.
16:32Et notamment sur l'histoire de la gouvernance du sport.
16:36Il y a une seule présidente de fédération olympique aujourd'hui.
16:41Je pense que c'est quelque chose qui doit évoluer dans les années à venir.
16:44Dernière question du MMMO.
16:46Quelle légende aurais-tu aimé d'interviewer ?
16:49Qu'est-ce que tu l'aurais demandé ?
16:53J'aimerais beaucoup discuter avec Billie Jean King,
16:56qui est encore vivante,
16:59qui est un porte-tandard de la lutte pour l'égalité salariale dans le tennis.
17:04Je la trouve fascinante, géniale.
17:08J'aimerais bien manger avec elle et discuter.
17:11Tu me tends une super perche.
17:14Des portes-tandards dans le sport féminin,
17:16il y en a eu, volontairement ou non volontairement.
17:19On va parler de ton documentaire sur Canal+,
17:21disponible sur ma chaine.
17:23Et juste avant ça, on va regarder la bande-annonce.
17:27Peut-être je vais être médiatisée un peu plus qu'avant.
17:34Pour moi, il n'y a rien qui va changer.
17:37Elle a voulu être une championne,
17:39pas devenir une icône.
17:44La plus grande nageuse française de l'histoire,
17:46Laure Manodou est une extraterrestre.
17:48Tout le monde s'est jeté sur elle.
17:50Elle était la meilleure nageuse du monde.
17:52Et d'autre côté, il y avait tout pour que ça casse à un moment.
17:54La meute qu'il y a autour d'elle, on est à l'entraînement, quoi.
17:58C'est une star.
17:59Faut faire gaffe à tout, quoi.
18:02Je ne pensais pas que c'était aussi dur de gérer tout ça.
18:05Je ne pense pas avoir changé,
18:06à part que maintenant je me méfie un peu plus des gens.
18:10Quand je vois ça, je me dis que j'en ai fait des choses, quand même.
18:13Dimanche 19 janvier à 21h seulement sur Canal+.
18:18Bravo, Laurie, déjà, parce que c'est un très beau documentaire.
18:21Je vais être très transparent dessus,
18:22mais je vais te le dire, je n'étais pas fan de Laure Manodou.
18:26Parce que le personnage, je le trouvais un peu insaisissable.
18:28Alors évidemment, je ne vais pas remettre en question
18:29ses très grandes performances sportives.
18:31J'ai appris plein de choses dans le doc que j'avais oubliées.
18:33Et j'ai découvert aussi des choses.
18:34Je vais juste commencer par le dire,
18:35tu l'as co-réalisé avec Guillaume Prima.
18:37Pour Canal+, comment est née cette idée ?
18:40Toute la période qu'on raconte avec Guillaume, là, on était là.
18:43Nous, on était reporter sur la natation à cette époque-là.
18:45C'est là qu'on s'est connus.
18:46C'est là qu'on a commencé notre carrière de journaliste.
18:48Et ça nous a beaucoup marqué,
18:49parce que déjà assister à ses performances,
18:52ça a été des moments incroyables pour nous.
18:54C'était complètement dingue.
18:56Montréal, Budapest, voilà, on était là.
18:59Et on a toujours gardé un peu en tête
19:02de faire quelque chose sur elle.
19:04Guillaume a écrit un livre.
19:06Ces dernières années, on s'est beaucoup parlé de faire quelque chose.
19:08On y a pensé chacun de notre côté.
19:10Après, on y a pensé tous les deux.
19:11Et puis, à un moment, il y a eu une opportunité.
19:14Et c'était évident, on était prêts.
19:17Et donc, ça tombe sur les 20 ans de ses médailles,
19:20ses trois médailles à Athènes, aux Jeux olympiques d'Athènes,
19:23où elle explose vraiment au monde,
19:25et pas qu'à la France.
19:27Juste, comment vous l'avez convaincue ?
19:29Parce que je sais, on en a parlé.
19:31Tu étais étonnée que personne n'ait rien fait depuis 20 ans.
19:33Alors, je pense qu'il y a des gens
19:34qui ont dû lui demander de parler,
19:35mais pas forcément en vie.
19:36Donc, comment vous avez réussi à convaincre Laure Manedou
19:39et Philippe Lucas aussi de reparler dans le même documentaire ?
19:41Non, oui, oui, il y a plein de gens
19:44qui lui ont proposé évidemment plein de choses.
19:46Mais là, je parlais de bon timing tout à l'heure.
19:50Oui, c'était le bon timing pour elle, en fait.
19:54On s'est retrouvés à un moment.
19:55Alors, on s'est quand même recroisés par hasard
19:58dans un restaurant, l'une et l'autre en vacances.
20:02Et ça, c'était écrit qu'on devait faire ce truc-là ensemble.
20:07Et après, je suis arrivée à la convaincre
20:10en lui disant qu'on était les bonnes personnes avec Guillaume,
20:12que c'était une évidence,
20:13qu'il fallait de toute évidence faire un film sur elle,
20:16que j'ai appuyé sur la corde sensible des enfants
20:19en lui disant que ses enfants
20:21n'avaient jamais vu toutes ses performances.
20:23Je lui ai demandé s'ils avaient vu ses courses.
20:25Et elle m'a dit, vite fait.
20:27Donc, je lui ai dit qu'il fallait un film
20:28pour raconter tout ça.
20:29Et après, c'était parti.
20:31Et Philippe, il a été...
20:34Pas forcément facile à convaincre non plus.
20:37On est allés le voir.
20:38Philippe, il peut être d'un abord un peu ronchon.
20:42Mais une fois qu'il était OK,
20:44après, on le voit dans le doc.
20:46Après, il donne tout.
20:47C'est une machine à punchline, notamment.
20:50Alors, j'encourage vraiment les gens à le regarder.
20:52On va en parler en détail.
20:53C'est chronologique.
20:54Vous débutez notamment à partir de 14 ans.
20:56Et ce qui est incroyable, évidemment,
20:58dans le documentaire, c'est cette scène
20:59où le père de l'animal te sort un carton
21:01avec des cassettes et des archives
21:03que personne, je pense, n'avait vues à part eux.
21:05Je ne suis même pas sûr qu'on les avait déjà vues en télé.
21:07Du coup, vous avez eu...
21:08C'est aussi la richesse du documentaire.
21:10Il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup d'archives.
21:12Tu connaissais toutes ces archives ?
21:14Comment ça s'est passé ?
21:15En fait, c'est...
21:17Alors, il y a les archives familiales.
21:20Alors, on connaissait leur existence
21:21parce qu'on l'a toujours vue avec sa petite caméra.
21:23Et après, la plupart des archives,
21:25elles étaient en autre possession avec Guillaume.
21:27On avait nos propres cassettes, nous,
21:29de l'époque où on tournait.
21:31Et on a retrouvé des pépites.
21:34Guillaume, qui avait une tonne de cassettes
21:37qu'il gardait dans sa cave depuis des années,
21:39avait perdu une cassette d'un entraînement à Mulhouse.
21:43Et un jour, je lui ai dit
21:45« Tiens, j'ai retrouvé deux, trois cassettes chez moi.
21:47Regarde ce que ça donne. »
21:48Et c'est les fameuses images
21:50de la meute de journaliste quand elle sort de l'eau.
21:53Je dis les fameuses images
21:54parce que ça a marqué beaucoup de monde
21:55dans le documentaire.
21:57J'avais en ma possession la seule cassette qui lui manquait.
22:00Bref, c'était vraiment, oui.
22:01Quand je dis que tout était écrit, c'était le cas.
22:04Mais oui, beaucoup d'archives.
22:05Et je pense que c'est la richesse du documentaire.
22:08Quelle est la partie de la carrière de Lormano Dou
22:10que tu as peut-être redécouvert ?
22:13Après, tu as dit que tu as suivi la natation.
22:15À l'époque, évidemment, tu l'avais en tête.
22:17Vingt ans après, on ne se souvient pas de tout.
22:19Est-ce qu'il y a des choses que tu avais oubliées ?
22:21Alors, en fait, pour toute la partie carrière,
22:24honnêtement, avec Guillaume,
22:25je pense qu'on était les meilleurs connaisseurs en France.
22:27C'est-à-dire qu'on connaissait mieux sa carrière qu'elle-même
22:29parce qu'il y avait des compètes.
22:31Elle ne se souvenait plus trop des courses
22:32alors que nous, on avait tout en tête.
22:34Guillaume avait écrit ce livre.
22:35Elle avait fait une autobiographie qu'on avait lue.
22:38Honnêtement, on était au taquet.
22:39Ce qu'on avait un peu laissé de côté,
22:43c'est la toute fin de sa carrière, en fait.
22:45Et on n'avait pas mesuré, en fait,
22:47vraiment, on ne s'y était pas intéressée,
22:49qu'elle arrête, elle fait un enfant et elle revient
22:52et elle arrive encore à gagner un titre de championne d'Europe.
22:54Et c'est Roxana Maracina, à nous, quand on l'interview,
22:57qui nous dit que ça a été la première à faire un enfant en carrière
23:01et à revenir et à gagner comme ça.
23:03Et on s'est dit, c'est vrai qu'à ce titre-là aussi,
23:06c'est incroyable.
23:07Et donc ça, oui, on avait zappé.
23:09Et au départ, on ne l'aurait peut-être même pas mis dans le film, en fait.
23:12Tu l'as dit juste avant,
23:13les gens te parlaient beaucoup de certains passages du livre,
23:16notamment l'oppression médiatique.
23:18Et moi, il y a évidemment un truc frappant,
23:19et je vous félicite parce que j'ai trouvé ça vraiment bien,
23:22le début de votre documentaire qui résume, pour moi, la totalité.
23:25On entend tous les journalistes qui appellent l'or,
23:27vous avez fait un montage,
23:28vraiment, on entend les crépitements des flashs,
23:30on se croirait au Festival de Cannes, quoi.
23:31Et là, ça résume, en fait,
23:33ça résume un peu tout ce qu'est l'or Manoudou, quoi.
23:36C'est-à-dire, et tout ce qui est devenu aussi le sport moderne
23:38et tous les travers qu'il y a eu.
23:41Comment et, enfin, voilà,
23:43quel regard vous aviez sur cette pression médiatique
23:45qu'il y a eu autour de l'or et qu'on avait peut-être oublié
23:47et qui a eu un vrai impact sur sa carrière,
23:49sachant qu'elle était très jeune, quoi.
23:51Alors, nous, c'est vraiment ce qu'on avait en tête avec Guillaume
23:54puisque, comme je disais, on était là,
23:56on avait envie et on savait qu'on avait les images
23:58de montrer un peu le plan un peu plus large
24:00pour montrer le monde.
24:02Nous, ce qui nous choquait beaucoup,
24:04c'était notamment les objectifs.
24:06Il y avait des objectifs qui étaient énormes
24:09alors que les gens étaient à 50 cm d'aile.
24:12Donc, il y avait des trucs comme ça qui étaient un peu insensés.
24:16Après, on savait ce qu'on voulait raconter,
24:18mais on ne pouvait raconter que ce qu'on nous disait
24:21puisqu'on n'a pas de voix dans notre documentaire.
24:23C'est vraiment la parole de ceux qui l'ont vécu.
24:25Et, en fait, c'est ce qu'ils ont raconté aussi, eux, avant tout.
24:28Donc, on avait tous cette même idée en tête
24:31que cette pression médiatique était insensée à l'époque.
24:33En termes d'interview, d'ailleurs,
24:34vous en avez réalisé combien
24:36par rapport à ce que vous avez mis dans le documentaire ?
24:38Sur combien de temps a duré le tournage ?
24:40On a tourné à peu près pendant un an
24:42et on a réalisé, je crois que c'est 13 ou 14 interviews,
24:47des très longues interviews,
24:49des interviews de 2-3 heures.
24:51Donc, on a eu tout ce qu'on voulait.
24:57Fédérica Pellegrini, par exemple,
24:59au départ, on n'y avait pas pensé.
25:00Puis, après, on s'est dit
25:01que ce serait bien d'avoir son regard.
25:02Donc, je suis allée la faire à Véronne.
25:08C'étaient des interviews très touchantes,
25:10avec la famille et avec l'or elle-même.
25:12Est-ce que tu as vu, en faisant l'or,
25:14tu connaissais sa carrière,
25:15tu connaissais tout ce qui a été,
25:16on va parler après, autour de l'or Manedou,
25:17mais tu as vu des similitudes
25:18dans l'oppression médiatique
25:20avec d'autres athlètes par le passé ?
25:22Ce documentaire est sorti
25:24juste après un documentaire
25:25de mon confrère Marc Sauvorelle
25:26sur Marie-Josée Perrec.
25:28Le lien, il est évident.
25:32Je trouve qu'à la fois,
25:34ce sont les plus grandes athlètes françaises féminines de l'histoire
25:36et à la fois,
25:38on leur a tapé dessus,
25:40elles ont été martyrisées.
25:44C'est une forme de réhabilitation
25:46pour Marie-Jo et pour l'or, je trouve.
25:48Est-ce que tu penses qu'aujourd'hui,
25:50on aurait encore un cas, l'or Manedou, dans le sport ?
25:52C'est-à-dire qu'à la fois,
25:54un grand champion, mais qui en même temps,
25:56devient un objet médiatique.
25:58Ils le sont tous.
26:00Après, ce qui change,
26:02je veux dire, tous les grands champions,
26:04on voit Victor Uwen Banyama,
26:06ce qui change, c'est les protections
26:08qu'on arrive à mettre autour.
26:10Si on prend l'exemple de Léon Marchand
26:12pour rester sur la natation,
26:14il est ultra protégé par son entourage.
26:16Et malgré tout,
26:18en décembre, il a déclaré forfait
26:20pour les championnats du monde
26:22en disant qu'il était exténué physiquement
26:24et mentalement.
26:26Et c'est passé.
26:28Il n'y a pas eu des trappes.
26:30C'est passé, mais malgré tout ce qui est mis en place,
26:32il a des moments d'épuisement.
26:34C'est juste que le sujet
26:36de la santé mentale,
26:38on entend beaucoup ce mot,
26:40mais ce qui se passe
26:42dans la tête des athlètes,
26:44on en parle un peu plus.
26:46Est-ce que vous vous êtes posé la question
26:48si à l'époque ça avait été un homme,
26:50les choses se seraient passées de la même façon ?
26:52C'est Florent Amanodou.
26:54Son frère, c'est la première interview qu'on fait.
26:56Au bout de cinq minutes, il nous dit
26:58si elle avait été un homme,
27:00elle aurait été traitée différemment.
27:02J'en suis persuadée.
27:04Cette proximité,
27:06et puis le traitement
27:08qui est fait de ses exploits à l'époque.
27:10On montre pas mal de magazines
27:12qu'on a retrouvés chez Esther Abbaron.
27:16Certaines photos,
27:18certaines manières de traiter ses performances
27:20sont clairement genrées.
27:22Et en même temps,
27:24elle a aussi une responsabilité
27:26dans cet emballement médiatique.
27:28Elle a un temps nourri la presse aussi.
27:30Quel regard elle a eu,
27:32elle dessus, sur sa responsabilité ?
27:34C'est un bien grand mot,
27:36parce qu'elle était jeune.
27:38Elle était tellement jeune.
27:40On rappelle qu'elle avait 17 ans au départ.
27:42Elle était aussi athlète de haut niveau.
27:44Ou peut-être de responsabilité de sa famille,
27:46de ne pas avoir réussi à la protéger ?
27:48Je pense que tout le monde s'est fait un peu...
27:50Dépassé.
27:52Déjà, dépassé cet emballement.
27:54C'est ce qu'on raconte aussi.
27:56Il est d'un coup insensé.
27:58Je crois que tout le monde est dépassé.
28:00Et surtout,
28:02il n'y avait pas vraiment de précédent
28:04dans un si petit sport,
28:06c'est ce qu'on raconte aussi.
28:08Sans doute qu'il aurait fallu
28:10que la fédération réagisse différemment,
28:12que peut-être son entourage réagisse différemment,
28:14que nous, les journalistes,
28:16on se dise qu'on va un peu loin aussi.
28:18Tout le monde aurait dû faire les choses différemment.
28:20Elle, avec 17 ans,
28:22je pense que c'est difficile de l'incriminer.
28:24Et tu penses vraiment
28:26que l'approche des journalistes a changé aujourd'hui ?
28:28Je ne suis pas sûr.
28:30C'est une bonne question.
28:34Après, c'est difficile
28:36de faire une généralité sur les journalistes.
28:38Il y a différents types de journalistes,
28:40différents types de journalisme.
28:42Tu reçois des athlètes
28:44en interview, tu l'as dit beaucoup
28:46pour ton émission.
28:48Le thème de l'oppression médiatique,
28:50la gestion, la santé mentale,
28:52ça les entête tous,
28:54ça les obsède, ça leur parle.
28:56Qu'est-ce que tu ressens, toi, dans ce thème-là ?
28:58Oui, pas mal.
29:00Ce que je ressens souvent, c'est qu'il y a aussi
29:02beaucoup d'incompréhension.
29:04Déjà, sur la pression médiatique,
29:06parfois, il y a une confusion entre
29:08les médias et les réseaux sociaux,
29:10ce qui est vraiment complètement différent.
29:12J'ai l'impression qu'on mélange un petit peu tout
29:14sur cette pression médiatique.
29:16Et ce qui se passe sur les réseaux sociaux,
29:18ce n'est pas la faute des journalistes.
29:20Et oui, parfois,
29:22des incompréhensions.
29:24Je trouve qu'il y a une distance, parfois,
29:26entre les sportifs et les journalistes
29:28qui est de plus en plus grande et qui crée
29:30beaucoup d'incompréhension, en fait,
29:32et de situations compliquées pour pas grand-chose.
29:34Alors, évidemment, au cœur du documentaire
29:36et de sa carrière, il y a le duo avec son entraîneur,
29:38Philippe Lucas.
29:40Le film, évidemment, n'aurait pas été le même
29:42s'il n'avait pas voulu parler.
29:44Tu m'as dit comment tu l'avais convaincu,
29:46mais je me suis demandé comment
29:48les interviews s'étaient passées en coulisses.
29:50Parce qu'on connaît, évidemment,
29:52sa capacité en interview
29:54à être un personnage.
29:56Comment ça s'est passé en interview ?
29:58Côté coulisses, quoi.
30:00On est allé le voir à Martigues.
30:02Il nous avait donné rendez-vous à la piscine.
30:04On avait rendez-vous, je ne sais plus, à 14h à la piscine.
30:06Et on s'est fait
30:08les trois heures d'entraînement
30:10au bord de la piscine à l'attendre.
30:12Mais c'est bien parce que ça remet dans le bain,
30:14pour le coup.
30:16Et après,
30:18il était prêt.
30:20Son interview, elle est très courte.
30:22Elle fait une heure et demie.
30:24Après, on voulait refaire des images.
30:26Il nous a dit de revenir demain pour l'entraînement.
30:28On a dit bon, d'accord.
30:30Et 7h à la piscine.
30:36Il est comme on le voit
30:38dans le film, en fait.
30:40À la fois très sensible,
30:42à la fois
30:44très drôle.
30:48Je me souviens
30:50très bien de ce tournage à Martigues.
30:52Avec Guillaume,
30:54Priou,
30:56on a vu
30:58300 fois ces punchlines,
31:00notamment celles qu'on a regardées dans le doc.
31:02Et à chaque fois, ça nous fait rire.
31:04C'est évidemment aussi tout le sel du documentaire.
31:06Et d'ailleurs, est-ce que vous auriez fait
31:08le documentaire s'il avait refusé de parler ?
31:10Oui.
31:12Au début, il nous a plus ou moins dit non.
31:14On s'était dit
31:16que ce serait dommage.
31:18Oui, on l'aurait fait quand même.
31:20Mais évidemment, il est indispensable.
31:22J'ai une dernière question sur le contenu.
31:24Il y a toute l'affaire des photos publiées
31:26sur le consentement de Laure Manoudou.
31:28Ça a été une question de se dire
31:30on le met ou on ne le met pas dans le documentaire,
31:32on lui en parle ou on ne lui en reparle pas ?
31:34Non, c'était une évidence.
31:36Et de toute façon,
31:38très rapidement, elle voulait
31:40qu'on en parle.
31:42Le but pour elle de faire ce documentaire
31:44c'était de transmettre
31:46et de dire aux jeunes
31:48voilà ce qui m'est arrivé
31:50pour faire en sorte
31:52que ça n'arrive pas à d'autres.
31:54Ce n'était pas du tout compliqué
31:56pour elle d'en parler. Elle voulait en parler.
31:58J'ai trois questions de fin
32:00sur ta partie documentaire.
32:02Après avoir réalisé le documentaire,
32:04pense-tu vraiment que Laure Manoudou
32:06voulait vraiment être championne
32:08comme ça implique ?
32:10Aujourd'hui, je pense que oui.
32:12Mais à l'époque,
32:14elle aurait sans doute répondu
32:16différemment.
32:18C'est Nicolas, son frère aîné
32:20qui le dit. Elle voulait être championne
32:22mais elle ne voulait pas tous les à côté.
32:24Et qu'ont pensé Laure Manoudou et ses proches du film ?
32:26Ils l'ont beaucoup aimé.
32:28Mais Laure
32:30nous a...
32:32De toute façon, c'est comme ça qu'on travaille.
32:34On ne lui a rien dit pendant tout le documentaire.
32:36Par contre, avant de le sortir,
32:38on est allé lui montrer,
32:40en lui disant que de toute façon, on ne le changerait rien.
32:42Mais on est allé lui montrer chez elle
32:44tranquillement pour qu'elle le voie.
32:46Elle n'a pas besoin d'être... Elle avait besoin
32:48sûrement peut-être d'être réhabilitée dans certains points.
32:50Mais pas forcément tant que ça
32:52auprès des Français. Parce que je le précise, il y a une étude
32:54qui vient de sortir que Laure Manoudou
32:56reste la sportive, l'icône
32:58française dans le sport
33:00la plus connue devant Marie-Jo Perrec
33:02et Amélie Mauresmo.
33:04Juste en deux mots, toi qui couvres le sport,
33:06des athlètes féminines t'envoient plein depuis 20 ans.
33:08Comment t'expliques
33:10médiatiquement parlant
33:12que personne n'ait réussi à émerger
33:14depuis Laure Manoudou ?
33:16En quelques mots, je pense qu'elles ont du mal
33:18à se livrer parce que justement
33:20il y a eu ces exemples de Marie-Jo Perrec,
33:22de Laure Manoudou qui ont été broyées
33:24par le système. Donc je pense que c'est
33:26une partie de la réponse.
33:28Je t'ai présenté tout à l'heure ton livre
33:30« 90 championnes » et je l'ai dit
33:32en introduction, tu oeuvres aussi
33:34beaucoup pour le sport féminin mais aussi pour la représentation
33:36dans les instances et il y a là aussi
33:38le besoin de représentation et de
33:40journalistes féminines dans le sport.
33:42Il n'y en a pas tant que ça. Moi je peux
33:44le dire en tant que directeur de cette chaîne,
33:46je reçois évidemment beaucoup plus de CV
33:48sauf quand tu m'en envoies,
33:50beaucoup plus de CV parce qu'aujourd'hui,
33:52t'as co-créé ou t'as créé ou t'as participé à la création
33:54de l'association Femmes Journalistes. Est-ce que tu peux nous
33:56en dire un mot ? Et je disais
33:58que t'étais inspirante, sans le savoir
34:00mais tu l'es pour ces journalistes-là.
34:02En quoi c'est important pour toi et pourquoi
34:04tu as voulu oeuvrer sur ce sujet ?
34:06Parce que je pense que le sport doit
34:08être raconté par
34:10des femmes également,
34:12pas seulement des hommes.
34:14Avec cette association,
34:16avec le documentaire qu'avait réalisé
34:18Marie Portolano avec Guillaume Priou,
34:20le sujet, je pense, a été
34:22posé, ça évolue
34:24doucement comme toutes ces questions
34:26sociétales mais ça évolue.
34:28On continue
34:30notamment à encourager ces jeunes
34:32femmes qui veulent devenir
34:34journalistes et puis à leur dire
34:36allez-y,
34:38osez, c'est en ça qu'on
34:40essaie d'être inspirante.
34:44Il y a encore beaucoup de travail
34:46à faire mais je pense que
34:48c'est important, on a besoin de plus
34:50de personnalités différentes
34:52dans le sport pour raconter le sport.
34:54On va terminer
34:56avant le Média Express, sur une petite photo
34:58parce que j'ai voulu me faire un petit plaisir.
35:00Je suis retombé sur une photo de
35:02Vancouver.
35:04Et avant que je lance
35:06le Média Express,
35:08les 20 ans de carrière,
35:10parce que tu as presque finalement
35:12aussi 20 ans de carrière, même un peu plus.
35:14Cette chapquet quand même Romain !
35:16Je l'ai toujours, je ne la mets pas souvent.
35:18On les voit passer les 20 ans de carrière
35:20dans ce métier ?
35:22Non, parce que je n'ai jamais
35:24fait plus de 2 ou 3 ans de suite
35:26la même chose. Je fais la Formule 1
35:284 ans mais c'est peut-être le truc le plus long.
35:30Donc non,
35:32je veux juste continuer à ne pas m'embêter
35:34mais je ne me suis jamais embêtée donc c'est ça le secret.
35:36Super, pour terminer, on va passer
35:38au Média Express.
35:4610 questions, tu réponds rapidement.
35:48Télé ou radio ?
35:50Radio. Canal Plus ou Radio France ?
35:52C'est quoi ?
35:54Radio France,
35:56parce que j'ai dit radio avant et que
35:58j'écoute beaucoup la radio.
36:00Selon toi, dans notre métier ou dans le sport,
36:02les réseaux sociaux sont indispensables ou superflus ?
36:04Indispensables.
36:06Interviews en direct
36:08ou enregistrés ? En direct.
36:10A commenter du sport individuel
36:12ou du sport collectif ? Sport collectif.
36:14Pas de voile, on l'a noté.
36:16L'Ormane au Doubs ou Amélie Morismo ?
36:18C'est trop dur de choisir.
36:20J'aimerais beaucoup faire un film
36:22sur Amélie Morismo aussi.
36:24Préparation minutieuse ou total improvisation ?
36:26Préparation minutieuse.
36:28Le moment le plus stressant, une interview ratée
36:30ou un problème technique ?
36:32Une interview ratée, l'enfer.
36:34Si ton micro pouvait parler,
36:36qu'est-ce qu'il dirait sur toi ?
36:38Que très longtemps,
36:40j'ai beaucoup stressé avant le direct.
36:42Un conseil que tu donnerais aux jeunes journalistes
36:44qui débutent dans le métier ?
36:46Ne pas écouter ceux qui leur disent que c'est un métier bouché
36:48ou qu'il n'y a pas de travail.
36:50Si on a envie de le faire, il faut y aller.
36:52Merci beaucoup, Laurie.
36:54On te retrouve dans le Club Info
36:56sur Radio France tous les dimanches
36:58avec Julien Langlais.
37:00Tu as co-réalisé avec Guillaume Prillou
37:02le documentaire sur l'Ormane Doubs.
37:04L'Or, l'Or, l'Or, qui est disponible sur ma chaîne.
37:06Merci beaucoup, Laurie.
37:08A bientôt.