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00:00Ici, à Gare Lozère, journée spéciale sur nos antennes ce matin, on parle emploi et
00:08désindustrialisation.
00:09A 7h47, notre invité est le PDG d'Ergo Santé, avec nous en studio, bonjour Samuel
00:15Korn.
00:16Bonjour à vous.
00:17Et merci d'être avec nous.
00:18Ergo Santé, 300 salariés en France, 150 sur votre site de production à Anduz, où
00:22vous fabriquez notamment des sièges de bureaux et des exosquelettes, du matériel en fait
00:27pour améliorer le quotidien et la santé des salariés, on peut le dire comme ça ?
00:31Oui.
00:32Et depuis une dizaine d'années, vous produisez en très grande partie en France, expliquez-nous
00:37pourquoi vous, vous avez fait ce choix-là ?
00:39Ben disons que c'est un combat personnel, moi je voulais créer de l'emploi local,
00:45je voulais pas faire de la réindustrialisation, je voulais pas fabriquer des sièges, je voulais
00:49pas fabriquer des exosquelettes, moi ce qui m'intéressait c'était de créer de l'emploi
00:52local et je me suis servi de ces outils pour arriver à mes fins.
00:57Parce que vous êtes gardois vous à la base ?
00:58Ah non pas du tout.
00:59Ah vous n'êtes pas gardois ?
01:00Non, je suis breton et j'ai été accueilli dans le Gard, dans les Cévennes et j'ai
01:05décidé d'en faire, on va dire, mon chez-moi.
01:07Vous avez décidé d'en faire votre chez-vous ? On le disait tout à l'heure, Ergo Santé
01:13c'est une entreprise qui a disons deux activités, une partie conception des produits et une
01:18partie fabrication avec la manufacture des Cévennes où plus de la moitié des salariés
01:22sont en situation de handicap.
01:23Est-ce que ça vous a posé problème, vous, en termes de compétitivité dans votre secteur,
01:29le fait d'employer des salariés en situation de handicap ?
01:32Je pense que c'est même plutôt un avantage puisque ça ne vous échappera pas que la
01:37plupart des innovations dans notre société, dans notre civilisation, étaient faites par
01:41des personnes diminuées et pas augmentées.
01:42Et je pense qu'une des clés de la compétitivité c'est justement d'ouvrir les portes à la
01:48différence dans l'entreprise, ça permet de penser différemment, ça permet de regarder
01:52les choses différemment et pour nous ça a été un moyen assez flagrant d'améliorer
01:58notre compétitivité.
01:59Mais qu'est-ce que vous voulez dire par là ? Vous voulez dire que vos salariés qui
02:02travaillent, notamment ceux qui sont en situation de handicap, testent le matériel que vous
02:05vendez ?
02:06Non, pas test, bien sûr qu'ils le testent mais ce que je veux dire c'est que c'est
02:10une réflexion globale sur comment on va concevoir des produits et j'aime qu'il y ait beaucoup
02:16d'avis différents, beaucoup de manières de penser différentes, d'où l'intérêt
02:21d'ouvrir les portes à des personnes en situation de handicap dans nos bureaux d'études par
02:26exemple.
02:27Et pourquoi vous le disiez tout à l'heure que ça vous tenait à cœur de surtout, votre
02:30priorité, créer de l'emploi ?
02:32Parce que l'emploi, si vous voulez, c'est le socle d'une vie sociale et quand on n'a
02:37pas de boulot, souvent on est en galère, c'est le début des grosses galères et moi
02:41pour ma petite vie, j'ai voulu avoir un impact positif là-dedans.
02:45Vous fabriquez des exosquelettes, ces exosquelettes c'est pour qui ?
02:49Les exosquelettes c'est pour toutes les personnes qui ont des boulots pénibles, ça peut être
02:54des agriculteurs, ça peut être des ostréculteurs mais aussi des chirurgiens qui ont des tâches
02:58longues et compliquées et qui développent ce qui s'appelle des troubles musculo-squelettiques
03:03c'est-à-dire des douleurs aux articulations, à l'épaule, au dos, etc.
03:07Les exosquelettes luttent efficacement contre ça.
03:10C'est un 50 journées spéciales emploi et désindustrialisation sur votre radio, ici
03:14Garlozer, aujourd'hui, notre invité Samuel Korn, il est président directeur général
03:18d'Ergo Santé.
03:19Oui Samuel Korn, alors ces exosquelettes-là, vous les vendez où concrètement ?
03:23Alors on les vend en France et à l'international, à tous les endroits où l'humain, je dirais,
03:29a de la valeur, c'est-à-dire où c'est plus les entreprises préfèrent investir
03:33dans la prévention plutôt que de remplacer les personnes et donc du coup, on les distribue
03:39via nos commerciaux en France, sur notre site internet apo.eu et aussi dans les pays
03:46limitrophes et aux Etats-Unis.
03:47Mais ça veut dire que là aujourd'hui, dans le Garo ou en Lozère, il y a des entreprises
03:50qui viennent vous voir pour vous acheter ces exosquelettes-là ?
03:52Oui, bien évidemment, ça c'est le quotidien.
03:54Vous travaillez avec qui par exemple ?
03:55Par exemple, là récemment, je pensais à l'agglodalèche, je pense à Royal Canin,
04:00je pense à des petits, j'ai eu des gars qui faisaient du miel, parce que je voyais votre
04:07peau de miel là sur le bureau.
04:10C'est pour la voix d'Antony, oui.
04:11Exactement, ouais.
04:12Enfin bref, c'est assez éclectique, à l'hôpital d'Alaise par exemple, il y a des chirurgiens
04:15qui opèrent avec nos exosquelettes, c'est assez variable parce qu'en fait, ce qui réunit
04:20tout le monde, c'est la douleur que pose le travail.
04:22Et vous le disiez aussi, vous vendez ces exosquelettes aux Etats-Unis, où il y a un président qui
04:27est protectionniste, Donald Trump, qui met des taxes sur les produits étrangers un peu
04:30partout.
04:31Alors pour vous, du coup, ça va donner quoi ?
04:32Alors, a priori, le tableau, il est assez noir comme ça, sauf qu'en fait, on avait
04:37anticipé la problématique, parce que ça ne date pas de Donald Trump, le protectionniste
04:41américain, by American force, c'est quelque chose qui date depuis déjà un petit bout
04:44de temps.
04:45On s'est mis à fabriquer des exosquelettes aux Etats-Unis, et en fait, de cette difficulté
04:50est sortie une force, puisque nous sommes une des rares entreprises à fabriquer des
04:54exosquelettes aux Etats-Unis.
04:56Même les entreprises américaines fabriquent des exosquelettes à l'étranger, donc bon
05:00courage à eux pour ramener la production aux Etats-Unis, quand on voit le coût de
05:04la fabrication.
05:05Les produits aux Etats-Unis sont taxés quand ils ne sont pas produits aux Etats-Unis,
05:09même s'ils sont produits par des entreprises étrangères.
05:12Bon, Ergo Santé, vous vivez aussi des commandes publiques, sauf que le gouvernement, là,
05:16il a un petit peu serré les cordons de la bourse.
05:19Ça se traduit comment, du coup ?
05:20Ça se traduit à devoir un petit peu esquiver ce problème, c'est-à-dire, nous, on a eu
05:25une grosse baisse de notre volume de vente pour la commande publique, et au lieu de croiser
05:33les bras, on a essayé d'accélérer les ventes à l'international pour compenser la baisse
05:39de la commande publique.
05:40Disons qu'il faut apprendre à danser sous la pluie, à faire avec le chaos, et c'est
05:45sûr que ce n'est pas du tout évident.
05:46D'un côté, on nous demande de développer l'activité, l'industrie c'est formidable,
05:51et de l'autre côté, on ne nous achète plus.
05:52Voilà, c'est du sport, on va dire.
05:55Parce que là, ça risque de durer plusieurs années, ces restrictions budgétaires.
06:00Oui, c'est vrai, mais c'est la même chose pour tous les concurrents.
06:03Donc, ce que je veux dire par là, c'est que les règles, c'est le même pour tout le monde.
06:07Donc, en fait, que le meilleur gagne, et je pense qu'il ne faut pas s'apitoyer sur l'autre
06:11sort, il faut aller de l'avant, trouver des nouveaux marchés.
06:13Samuel Korn, je vous remercie beaucoup d'avoir été avec nous ce matin.
06:17Je le rappelle, président, directeur général d'Ergo Santé, une entreprise qui fabrique
06:22notamment des fauteuils et des exosquelettes, je les appelle anti-pénibilité, mais je
06:27ne sais pas si on peut le présenter comme ça.
06:28En tout cas, c'est le but.
06:30Je vous remercie beaucoup.
06:31Et on rappelle également que nous sommes en journée spéciale sur votre.