Pour atteindre son objectif zéro émission d’ici à 2030, l’Europe mise en partie sur l’hydrogène. En 2024, seulement 1088 véhicules à hydrogène ont été vendus en Europe. Définir les usages pertinents de cette mobilité, assurer les risques qui y sont liés, créer une ambition commune : voilà les enjeux du développement de la filière.
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00:00L'invité de ce Smart Impact, c'est Jean-Michel Amaré.
00:09Bonjour.
00:10Bonjour.
00:11Bienvenue.
00:12Vous êtes le cofondateur, président d'Attaway.
00:13Vous l'avez créé il y a une douzaine d'années, présenté comme le leader européen des stations
00:18de recharge d'hydrogène.
00:19Alors, en quelques mots, c'est quoi Attaway ? Et puis, vous en êtes où de son développement
00:23aujourd'hui ?
00:24Donc, Attaway, c'est une entreprise qui conçoit, fabrique et installe et maintient des stations
00:29d'hydrogène pour la mobilité, donc pour ravitailler tout type de véhicule qui circule
00:32de manière décarbonée, zéro émission, avec le carburant propre qui est l'hydrogène.
00:36Et vous en êtes où aujourd'hui ?
00:37Donc, aujourd'hui, c'est une entreprise qui poursuit sa croissance très forte puisque
00:40chaque année, on double ou triple d'activités.
00:42Là, entre 2023 et 2024, on a doublé d'activités, 150 personnes, 19 millions de chiffres d'affaires
00:49et un parc de stations, de plus de 50 stations qui sont installées en fonctionnement aujourd'hui
00:54sur le territoire.
00:56Et à quel point c'est un métier d'innovation, d'avancée technologique ou industrielle ?
01:01Tout simplement parce que nous sommes sur des technologies de rupture, donc c'est un
01:06métier déjà d'innovation au sens de la R&D, il faut mettre au point, concevoir des
01:10nouveaux équipements à partir de composants qui eux-mêmes nécessitent d'être fiabilisés
01:15et mis au point.
01:16C'est également un métier sur lequel l'amont et l'aval de la chaîne, ce n'est pas tout
01:21de ravitailler des véhicules, mais il faut que les véhicules soient au point, qu'on
01:23soit capable d'avoir la chaîne qui permet de les maintenir et puis en amont, de pouvoir
01:27produire l'hydrogène également au meilleur coût, dans les meilleures quantités, donc
01:30c'est la mise en œuvre de toute une chaîne d'approvisionnement pour alimenter ces nouvelles
01:34mobilités.
01:35Alors cette filière hydrogène en France aujourd'hui, c'est 16 400 emplois, 124 installations
01:39stationnaires, un impact d'un milliard sur le produit intérieur brut.
01:43Est-ce qu'elle va bien la filière ? Parce qu'il y a un souci, une question de passage
01:49à l'échelle.
01:50On en parle, l'entreprise vous le disiez, elle existe depuis une douzaine d'années.
01:53Moi j'ai l'impression qu'on en parle, on en parle de l'hydrogène, mais qu'on n'en voit
01:57pas tant que ça sur nos routes des voitures hydrogènes.
01:59Oui, alors on a 2000 véhicules qui circulent aujourd'hui en France, et puis 80 stations,
02:0790 en projet, des véhicules qui vont être multipliés par 10 en termes de quantité d'ici
02:132030.
02:14Donc on est dans une accélération progressive, puisque comme je le disais, c'est toute une
02:21chaîne qui doit se mettre en place, de la production d'hydrogène, avec la provisionnement
02:23d'énergie qui est décarbonée, jusqu'à la distribution, la maintenance, et donc tous
02:29les services qui sont autour de tout cela, donc on est dans une phase de transition qui
02:33prend du temps, et il ne faut pas demander à l'hydrogène qu'elle fasse en 4 ans ce
02:38que d'autres technologies ont mis 20 ou 30 ans à réaliser comme parcours pour être
02:42déployé.
02:43Donc on est dans une phase d'accélération qui a réellement commencé depuis 2020, mais
02:47qui va nécessiter un parcours au long cours pour monter en puissance.
02:51Mais je lisais en préparant l'émission, 1088 véhicules vendus en Europe, sur toute
02:57l'Europe, pour l'année 2024, alors quand on crée des stations comme vous, on doit
03:02se dire, produisez des voitures, alors c'est le fait la poule, mais est-ce que ce n'est
03:06pas décevant quand même un chiffre comme ça ?
03:07Alors on parle de voitures, mais à côté de ça, il y a des bus, des bains d'ordure,
03:12des autocars, des bains d'ordure, et demain des camions.
03:17Il faut voir qu'on est dans cette phase de transition.
03:19Il faut mettre au point, et très clairement, le sujet de la sécurité est un sujet qui
03:23est pris au plus haut niveau, donc il faut prendre le temps de faire les choses bien
03:27pour être sûr que derrière, cela fonctionne et que les usagers aient le plus haut degré
03:32de satisfaction en termes d'usage de leurs nouveaux véhicules.
03:35Il y a eu les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris, il y a eu un petit effet d'accélération,
03:41comment vous l'avez vécu cette période-là ?
03:42Oui, ne serait-ce que circuler ou marcher dans les rues de Paris, on voit directement
03:47qu'on va être confronté inévitablement à des taxis à hydrogène, puisqu'il y a
03:51plus de 1000 taxis à hydrogène qui ont été déployés.
03:53Il y en avait déjà 500, il y en a 500 de plus qui ont rejoint la flotte.
03:56On a également eu des autocars qui circulaient, il y a quelques bus qui circulent également
04:02en Ile-de-France.
04:03Donc il y a cet héritage en termes de mobilité sur Paris et en Ile-de-France, et on voit
04:09bien que ça a créé cette dynamique et c'est en train, petit à petit, d'être
04:13déployé dans d'autres métropoles et d'autres villes en France.
04:15C'est-à-dire que vous pouvez vous appuyer sur l'exemple de ce qui s'est passé pendant
04:17les Jeux ?
04:18Oui, parce qu'en fait, ce qui est intéressant de voir, c'est que l'hydrogène amène
04:22une complémentarité avec la batterie en tant que solution décarbonée de mobilité.
04:27Et l'usage intensif d'un véhicule justifie l'utilisation de l'hydrogène comme technologie
04:34pertinente.
04:35Donc nous ne raisonnons pas en termes de typologie de véhicules qui est adaptée ou pas à l'hydrogène,
04:40mais plutôt en typologie d'usage.
04:42Et c'est pour ça que les taxis montrent sur des véhicules légers que l'usage est
04:45pertinent, puisque là on ouvre et on utilise ces taxis sur une période très large, de
04:496h du matin jusqu'à minuit, voire plus parfois.
04:52Et donc là, on voit que pour résoudre et répondre à ces besoins intensifs, pour des
04:56véhicules légers, mais des véhicules utilitaires légers également pour les livraisons de
04:59marchandises, des transports de personnes avec des autocars, des bus et demain des camions
05:04qui vont avoir des longs rayons d'action, l'hydrogène amène une solution qui est
05:08incontournable pour décarboner notre mobilité qui est encore aujourd'hui le plus gros émetteur
05:12de CO2 en France et en Europe.
05:14Qu'est-ce que vous attendez des pouvoirs publics ? En France d'abord et puis on parlera
05:17peut-être un peu d'Europe ensuite justement pour accélérer encore le développement de
05:23la filière ?
05:24De la continuité.
05:25De la continuité dans la visibilité.
05:27Ce dont ont besoin les industriels qui investissent massivement dans la durée sur ces technologies
05:32qui sont des technologies de rupture, de nouveauté, c'est d'avoir de la visibilité
05:35et donc d'amener cette continuité dans l'accompagnement et la montée en puissance de cette filière
05:42tout simplement parce que cette filière qui est de l'innovation technologique permet
05:46de répondre aux enjeux environnementaux, de transition environnementale, aux enjeux
05:52de souveraineté énergétique et de souveraineté industrielle.
05:55Très clairement, les entreprises françaises et européennes aujourd'hui sont au top
06:00de l'état de l'art mondial en termes de maîtrise de la technologie.
06:03Ce serait dommage de laisser passer cette avance technologique qu'ont les entreprises
06:08au niveau européen pour le laisser à d'autres continents qui seraient ravis de prendre ces
06:13technologies en main.
06:14Est-ce que la commission européenne actuelle née des dernières élections, on a vu que
06:21le centre de gravité avait un peu basculé, que les enjeux environnementaux sont en train
06:26d'être réduits ou pour certains mis sous le tapis, est-ce que vous sentez cette ambition
06:32européenne ? Ou est-ce que vous vous dites qu'on est en période un peu de creux ?
06:36L'ambition européenne a été renouvelée très clairement, on voit qu'il y a eu également
06:40le rapport Drahi qui est sorti l'année dernière et qui a montré les enjeux environnementaux
06:46mais économiques et industriels également.
06:48Et ces enjeux industriels, comme je le disais, nous pouvons nous appuyer aujourd'hui sur
06:52des champions français et européens qui maîtrisent ces technologies au niveau mondial
06:56et qui vont être capables d'être les champions de demain au niveau mondial pour déployer
07:00de manière large et soutenir cette économie et cette industrie française dont nous avons
07:05tout besoin.
07:06Est-ce qu'on a les moyens de soutenir plusieurs filières en même temps ?
07:08Oui.
07:09Parce que vous nous dites qu'on est complémentaire, il y a certaines mobilités, la solution hydrogène
07:13est vraiment la plus efficiente, est-ce qu'un état, parlons de la France qui est très
07:18endettée, a les moyens de soutenir plusieurs filières en même temps ?
07:20Nous ne sommes pas au même niveau de développement technologique, comme je le disais sur des
07:25technologies qui ont déjà été soutenues en phase d'amorçage de manière très intensive
07:29il y a une dizaine d'années et qui maintenant ont besoin de moins de soutien puisqu'on arrive
07:34à des maturités technologiques et des maturités industrielles plus importantes alors que
07:38là l'hydrogène nécessite d'avoir cet accompagnement pour monter en la puissance en maturité
07:42industrielle afin de gagner ses parts de marché mondial.
07:45Il y a toujours des craintes, vous disiez tout à l'heure il faut rassurer le consommateur,
07:49il y a toujours des craintes, peut-être des fantasmes autour de la mobilité hydrogène ?
07:52Oui, peut-être pour continuer sur la création de richesses, ce qu'il faut voir au travers
07:56de ces emplois qui ont été créés et des emplois à créer d'ici 2030 et 2035, il
08:01est démontré par une étude qui a été menée par France Hydrogène d'ailleurs que 1 euro
08:04investi par l'état rapporte 4 euros à l'état en termes de taxes, de cotisations et de création
08:09de richesses derrière.
08:10Le message est bien passé.
08:11Sur les risques ?
08:12Alors les risques, bien entendu, on est sur des technologies qui méritent d'être regardées
08:18au plus haut niveau en termes d'attention sur les sujets sécurité comme je le disais
08:21tout à l'heure et certains incidents derniers nous ont montré que ces sujets-là sont pris
08:27au bon niveau, fonctionnent exactement comme ça doit se passer, on n'est jamais à l'aléa
08:31d'incidents qui se passent d'origine qui peuvent être d'origine malveillante ou d'origine
08:35technique autre que celle de l'hydrogène et les équipements hydrogènes se sont comportés
08:40de manière parfaite et donc on est sur un niveau de maîtrise de la sécurité qui est
08:45excellent.
08:46Merci beaucoup Jean-Michel Amarey, à bientôt sur Be Smart For Change, on passe tout de
08:50suite à notre débat, la préservation de nos ressources en eau.