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00:00Nous sommes avec Louis de Reynel. Bonsoir Louis. Bonsoir Laurence.
00:02Catherine Ney nous a rejoint. Bonsoir Catherine. Ravi de vous rencontrer.
00:05Gauthier Lebret, journaliste politique. Bonsoir Laurence. Bonsoir.
00:08Nous sommes avec Grégory Geron, qui est syndicaliste policier, Unité, secrétaire général.
00:12Sabrina Medjeber, SIIS. Bonsoir Laurence.
00:13Jean-Sébastien Ferjou, du directeur du site Atlantico. Bonsoir.
00:16On va commencer, si vous le permettez, avant d'évoquer Grenoble,
00:19parce que ce qui se passe à Grenoble est très symptomatique, je le disais,
00:24du bilan sécuritaire des mairies écologistes.
00:27Peut-être d'abord, juste le lendemain des aveux de ce qui s'est passé pour la petite Louise,
00:32et puis aussi ce terrible, cette lettre des parents du jeune Elias,
00:37c'est encore un autre cas.
00:38Un mineur de 14 ans qui a été tué, vous le savez, non pas à coup de couteau,
00:42comme on l'a dit le 24 janvier dernier, mais à coup de machette.
00:46C'est ce que les parents ont révélé hier dans une lettre absolument bouleversante.
00:49Écoutez l'une des avocates qui est l'avocate de la famille d'Elias.
00:55Quand on parle d'un couteau et non pas d'une machette,
00:58à un moment donné, il faut dire les choses.
01:00Et il faut dire les choses sans avoir peur, finalement, de préserver la population.
01:06Les gens ont droit de savoir qu'à Paris, des jeunes de 16 et 17 ans
01:11se promènent dans les rues avec une machette pour faire peur à des jeunes de 14 ans
01:16et des jeunes parfois encore plus jeunes.
01:19Voilà, pour les avocates de la famille d'Elias, Grégory Jouron,
01:23on ne savait pas ce qui s'était passé.
01:25On pensait que c'était un couteau, un coup de couteau, un coup de machette en plein Paris
01:29par deux individus extrêmement bien connus des services de police.
01:32Oui, c'est malheureusement ce qu'on découvre souvent dans les bagarres de gentes bandes,
01:37dans aussi ce qu'on découvre comme armes blanches portées en toute impunité
01:43par justement des individus de plus en plus jeunes.
01:47C'est un vrai sujet.
01:48Vous l'avez déjà traité assez largement.
01:51C'est vrai que nous, policiers, on est assez démunis,
01:52d'autant qu'on est à une réponse pénale qui est forcément dégradée,
01:55parce que quand vous en êtes à ce genre de sujet,
01:57à faire des amendes forfaitaires délictuelles tellement vous êtes débordés
02:01et tellement que lorsque vous faites une vraie procédure, il n'y a aucune réponse,
02:04ça en dit long sur la manière dont on va pouvoir gérer tout ça.
02:07Vous étiez le bret une attaque à la machette.
02:10Oui.
02:11Par des mineurs sur un autre mineur.
02:12Bien sûr.
02:13On est à Paris en 2025, tout va bien.
02:14Par des mineurs qui avaient été jugés quelques semaines plus tôt en octobre
02:19et qui, en raison d'une réforme voulue par Nicole Belloubet
02:22et soumise au vote des députés par Éric Dupond-Moretti,
02:25qui, au lieu de revenir sur le sentiment d'insécurité qu'il a bien prononcé,
02:28ferait bien de faire ce qu'il a...
02:29Il estime que ses propos ont été...
02:31Déformés par Céline Diouf, bien sûr.
02:33Il ferait bien plutôt de faire un mea culpa sur cette césure,
02:35parce que ça s'appelle la césure, donc c'est le deux temps.
02:38On vous juge dans un premier temps et on vous donne votre sanction six mois plus tard.
02:42Si les tueurs d'Elias et notamment celui qui lui a donné le coup de machette
02:47avait été sanctionné dès octobre, Elias serait toujours parmi nous.
02:51Alors, depuis, il y a la loi de Gabriel Attal qui vient de passer au Parlement
02:55sur la comparution immédiate des mineurs.
02:56Il y avait une forme de comparution immédiate qui existait,
02:59qui est supprimée en 2021 par cette même loi de Nicole Belloubet et d'Éric Dupond-Moretti.
03:04Ce n'était pas il y a 20 ans, ce n'était pas il y a 30 ans, c'était il y a 4 ans.
03:07On avait déjà ce phénomène d'une violence inexorable chez les jeunes.
03:11Ils sont allés à contre-courant complètement de l'époque.
03:14Et ensuite, second temps, sur la machette,
03:16il y a eu une volonté de cacher visiblement cette machette,
03:20d'atténuer ce qui s'était passé dans la presse.
03:24L'Agence France-Presse n'a pas repris le terme de machette.
03:27Et donc, tous les médias ont embrayé derrière pour parler de couteau.
03:31Évidemment, quand vous parlez de machette,
03:33la scène de violence est encore un peu plus décuplée.
03:36Mais Catherine Nenay, quand vous voyez ces spectacles,
03:38on va écouter Gabriel Attal parce que lui, il propose quelque chose
03:41pour renforcer la justice des mineurs.
03:43Qu'est-ce que vous pensez ?
03:45Je veux dire qu'il a raison.
03:46D'ailleurs, cette loi, il l'avait préparée quand il était à Matignon.
03:49C'est pour ça, d'ailleurs, qu'il l'a présentée à l'Assemblée,
03:52même s'il n'en était pas le rapporteur.
03:53Mais c'est vrai que là, il avait fait venir tout le groupe
03:57pour avoir un vote positif et il l'a eu et ça va aller au Sénat.
04:01Et donc, les mesures vont entrer en application.
04:04Mais c'est vrai que quand il y a eu la mort du petit Elias
04:09dans des conditions épouvantables,
04:11on n'a pas dit que c'était une machette.
04:12On ne donne pas non plus le nom des adresseurs parce qu'on ne donne pas
04:17les prénoms, même pas parce qu'ils sont mineurs, c'est-à-dire.
04:21Et là, je pense qu'on se demande pourquoi.
04:24Alors, je crois que c'est dans la loi, on n'a pas le droit.
04:26C'est dans la loi, oui.
04:26Donc, il y a des tas de choses à changer.
04:30Mais ce qui est terrible, c'est de voir qu'aujourd'hui,
04:34les mineurs sont deux fois plus représentés dans toutes les affaires
04:38de coups et blessures par rapport à la population générale
04:41et quatre fois plus dans le trafic de drogues.
04:43Et pourquoi ?
04:44Parce que justement, dans les trafics de drogues,
04:47ceux qui les manipulent, ceux qui les paient,
04:49savent qu'ils passeront à travers les mailles du filet et que c'est sans risque.
04:53Voilà, c'est ça.
04:54On écoute juste Gabriel Attal, il vous passe la parole.
04:57Il était tout à l'heure à l'Assemblée.
05:00Est-ce qu'on accepte la dérive d'une partie de notre jeunesse ?
05:04Est-ce qu'on accepte que chaque semaine, maintenant, en France,
05:08on apprenne qu'un jeune a tué un autre jeune pour un téléphone portable,
05:12pour un mot ou pour un regard ?
05:16Est-ce qu'on croit vraiment que les jeunes de 2025
05:19sont les mêmes que ceux de 1945 ?
05:23Alors que les mineurs, aujourd'hui, sont deux fois plus représentés
05:26dans les affaires de coups et blessures que le reste de la population ?
05:30Que les mineurs sont quatre fois plus représentés dans les trafics de stupéfiants
05:33que le reste de la population ?
05:35Que les mineurs sont représentés sept fois plus dans les coups et blessures
05:39que le reste de la population ?
05:41Pour nous, la réponse est non.
05:44Évidemment non.
05:46L'heure est à la responsabilité.
05:49Il faut mettre fin à l'excuse de minorité automatique et systématique
05:53dans des conditions qui sont encadrées et que nous encadrons dans ce texte.
05:58Nous assumons de soutenir les parents sincèrement dépassés,
06:03mais nous assumons aussi de sanctionner les parents volontairement défaillants.
06:08Voilà pour Gabriel Attal, Louis de Ragnel.
06:11Il a raison sur tout ce qu'il dit.
06:13Moi, je voulais rebondir sur ce que disait Gauthier Lebret à l'instant.
06:15Moi, ce qui me saisit dans cette affaire, c'est aussi la nature de l'arme, la machette.
06:19La machette, ce n'est absolument pas une arme culturellement utilisée en France.
06:22Et je trouve que ça dit beaucoup de choses sur l'importation des conflits,
06:25l'importation des modes d'action sur le territoire national.
06:29Et je ne vous dis pas que l'attaque au couteau est plus louable,
06:32mais je trouve que ça dit vraiment quelque chose,
06:33parce que ça vient vraiment de pays dans lesquels on utilise des machettes,
06:37mais absolument pas la France.
06:38Le deuxième élément que je trouve frappant,
06:40le Parisien, cet après-midi, relatait les conditions telles qu'elles sont racontées
06:46par l'auteur, du coup, en garde à vue, donc face à des policiers.
06:50Ce qui se passe quand il est face à Elias.
06:52Exactement. Et alors, il raconte une description absolument incroyable d'inconscience.
06:58Il explique qu'en réalité, il a voulu lui donner un coup.
07:01Il a voulu déchirer la capuche de son manteau.
07:03En réalité, il s'est rendu compte que la machette, en réalité,
07:08l'a transpercée, a touché effectivement la horte.
07:11Et puis, alors qu'Elias est en train d'être en agonie sur le sol,
07:15il donne son téléphone et le compère, le complice de celui qui donne le coup
07:20de couteau, de machette, exactement, demande le code du téléphone à Elias
07:27alors qu'il est en train de ramper par terre.
07:29Et à l'issue, il réalise pas vraiment, en tout cas, c'est ce qu'il déclare
07:33aux policiers et il dit qu'on a fait une dinguerie.
07:36Mais si vous voulez, tout ça est absolument saisissant.
07:39Alors, soit ils essayent d'atténuer leurs responsabilités en montrant
07:42qu'ils sont irresponsables et qu'ils ne sont pas conscients de ce qu'ils font.
07:44Mais s'ils sont conscients de ce qu'ils font et qu'ils réagissent
07:47de cette manière là, là, c'est des vrais problèmes de rapport à l'humanité,
07:50de rapport à la vie, de rapport à la mort.
07:52Et ensuite, simplement pour terminer sur un autre registre
07:55et pour revenir sur les propos de l'avocate de la maman d'Elias,
07:58ce que je trouve très intéressant, c'est que depuis plusieurs semaines,
08:01on nous reproche systématiquement de faire ce qu'on appelle de la récupération.
08:05Et en réalité, ce que font les parents d'Elias lorsqu'ils écrivent la lettre,
08:09lorsqu'ils demandent à leur avocate d'aller sur les plateaux de télévision
08:12pour l'expliquer, c'est exactement ce qui nous est reproché, c'est-à-dire...
08:16Et ils soutiennent le projet de loi d'Attal.
08:17Exactement. Ils ont été voir Gérald Darmanin, Gabriel Attal
08:21et ils leur ont présenté cette lettre, d'ailleurs.
08:23Et en réalité, ce qu'ils font, ils font exactement ce que nous faisons,
08:26c'est-à-dire qu'on essaie d'établir les faits, d'essayer de comprendre
08:29ce qui s'est passé pour que ça ne se reproduise plus.
08:31Et c'est ça qui rend complètement dingue toute l'extrême gauche,
08:35et y compris dans les médias, qui nous reprochent matin, midi et soir.
08:37La gauche tout court.
08:38La gauche tout court, on est d'accord avec vous.
08:40Et je trouve que c'est intéressant parce que là,
08:43on ne pourra pas nous reprocher de faire de la récupération.
08:45Au contraire, on est en train de porter la parole de parents
08:49qui ont perdu leur enfant et qui veulent que plus jamais un autre enfant meure
08:52dans ces conditions.
08:53Ils lisent Elias est mort en raison d'une impunité
08:55dans laquelle se sont sentis les deux mineurs,
08:57malgré une prise en charge éducative et pénale parce qu'ils ont déjà été condamnés.
09:00Un jeune doit pouvoir rentrer chez lui en toute sécurité.
09:02Ne laissons pas des mineurs réitérer librement leurs actions
09:05et mettre en danger la société Gauthier.
09:07Déjà, le courage des parents d'Elias qui viennent de perdre leur fils
09:11et qui réussissent à écrire une lettre à soutenir une proposition de loi
09:15de Gabriel Attal en posant à tous les autres mineurs de ce pays
09:18pour que ça ne se reproduise pas.
09:20Donc, un courage immense.
09:21Effectivement, leurs avocats sont venus les représenter ce matin
09:26chez Pascal Praud sur Europe 1.
09:28Je veux quand même souligner, on est dans un pays formidable
09:31où l'ancien premier ministre d'Emmanuel Macron fait passer une loi
09:35pour rattraper ce qu'ont fait les anciens ministres de la justice
09:38d'Emmanuel Macron.
09:40C'est comme ça que ça se passe.
09:402021, on fait n'importe quoi.
09:43Celui qui a été, pendant un peu moins d'un an,
09:45le premier ministre d'Emmanuel Macron est obligé de rattraper ensuite
09:48pour défaire ce qu'ont fait Eric Dupond-Moretti et Nicole Belloubet.
09:50Que de temps perdu, que de temps perdu.
09:52Jean-Sébastien, rapidement.
09:54Oui, mais effectivement, deux choses d'un, ça n'était pas en plus
09:57ce qu'on apprend la première fois que les deux jeunes garçons en question
10:01venaient avec une machette, c'est-à-dire qu'on tolère en France.
10:04Il y aurait que c'était régulièrement comme ça.
10:05Tous les soirs, il y ait des gamins qui viennent avec une machette,
10:09avec une machette, vous vous rendez compte,
10:10ils ne viennent pas avec leur poing en menaçant, ce qui serait déjà
10:12pas tolérable, mais emmerdés parce qu'il n'y a pas d'autre mot.
10:16Des enfants qui sont là dans des équipements,
10:18dans des équipements sportifs et personne ne réagit
10:21parce que ça paraît malheureusement normal dans le pays qui est aujourd'hui le nôtre.
10:25Quant à Gabriel Attal, oui, il a certainement raison de défendre
10:29la proposition de loi qu'il soutient aujourd'hui.
10:32Enfin, peut-être faudrait-il aussi assumer une fois pour toutes
10:35la dignité en politique, c'est-à-dire quelle a été la logique de la Macronie ?
10:38Quel sens y a-t-il ?
10:39Vous pouvez éventuellement avoir au sein d'un même parti,
10:41au sein d'une même majorité des divergents sur le taux d'imposition
10:45des sociétés, c'est pas un sujet civilisationnel.
10:48Mais quel est le sens du macronisme qui, en permanence,
10:51sur des sujets absolument fondamentaux comme les sujets d'intégration,
10:54comme les sujets de laïcité, comme les sujets, justement, de justice,
10:57de sécurité, avait des divergences aussi grandes ?
11:00Là, on n'est pas dans le fait
11:03d'avoir des sensibilités un peu différentes.
11:05On est dans quelque chose qui, de facto, a produit l'impuissance
11:08et qui est profondément toxique parce que non seulement c'est impuissant,
11:11mais il faisait semblant de nous expliquer que si un jour on dit oui,
11:13le lendemain, on dit noir et c'est pareil.
11:15Prenons les Français, en quelque sorte, pour des imbéciles.
11:17Il y a une forme de perversité à ça.
11:19Je pense qu'il faudra quand même que ce bilan-là,
11:21de ce qu'a été politiquement le macronisme, soit tiré.
11:25Et M. Attal, il n'y aura pas besoin d'en laver les mains.
11:27Il n'y aura pas besoin d'en laver les mains,
11:29parce qu'il a quand même été indépilé,
11:30pas plus que M. Darmanin, d'ailleurs.
11:31Sabrina, un tout petit mot avant la pause.
11:33Oui, juste par rapport à ce que disait Louis, effectivement, ces machettes,
11:38c'est évidemment un dispositif culturel.
11:42Moi, elles me rappellent la guerre du Congo, par exemple,
11:45qui opposait les Zoulous au Boira ou le génocide des Rwandais
11:50entre les Hutus et les Tutsis.
11:51C'est ça, la machette, c'est ça.
11:53La machette est une arme génocidaire.
11:56On est dans un retour vers des archaïsmes,
11:59des plus barbares qui s'installent d'année en année dans nos sociétés.
12:03On a eu récemment un sabre qui avait été exulté à Lorient,
12:09parce que je vous ai demandé la précision.
12:11Donc, on a aujourd'hui des modalités opératoires de prédation
12:14et de destruction de l'autre,
12:16qui, évidemment, nous ramènent à des dispositifs culturels
12:19qui n'existaient pas en France il y a 20 ans.