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00:00J'étais fou de partir.
00:03J'avais jamais fait plus de 50 km en vélo.
00:05Je ne me suis jamais dit que je n'allais pas y arriver.
00:07Il y a eu des galères.
00:08J'ai tellement mal, putain.
00:10Mais bon, moi j'étais parti chercher de l'humanité.
00:13Je l'ai trouvé en puissance 1000.
00:18J'ai décidé de partir de Saint-Raphaël et de rejoindre Dakar
00:21parce qu'il y avait une déception humaine
00:24avec un patron qui avait complètement switché le côté humain.
00:29C'est ça qui m'a motivé à faire ce voyage.
00:32Et puis la destination, au final, c'était le pays de ma femme.
00:37Ma seule inquiétude, c'était de ne pas arriver
00:40avant ma femme et les enfants au Sénégal.
00:42Là, je pars pour une aventure de au moins 5000 km.
00:45Je vais quitter la France, je vais traverser l'Espagne
00:48pour partir sur un autre continent, l'Afrique.
00:50Tout ça, c'est vraiment que de l'inconnu.
00:52Bien sûr, forcément, beaucoup d'appréhension.
00:55Au moment de partir, il y a un ami qui me dit
00:58« Écoute Emmanuel, tu n'as pas de matériel.
01:01Je ne sais pas par où tu vas passer.
01:03Tu ne vas pas pouvoir réussir à arriver à Dakar. »
01:05Mon copain, je suis en train de galérer de fou
01:08pour attacher les bordels.
01:12Il y a lui qui me casse la tête.
01:14C'est lui, il est trop long.
01:16Je suis en train de serrer.
01:18Depuis ce matin, je suis en train de péter un câble.
01:20Je n'étais pas bien équipé, donc j'avais mon vélo de tous les jours
01:23avec lequel je partais au boulot depuis des années.
01:25J'avais le gros matelas gonflable qui était au milieu de mes jambes.
01:28Je pédalais avec une jambe sur le côté.
01:30C'était tout saucissonné.
01:32Ça n'avait pas de sens.
01:33Je sors de chez moi, de mon immeuble.
01:35Je mets cinq coups de pédale.
01:36Il y a ma voisine qui était en haut, qui me regarde.
01:38Et là, j'essaye de commencer à faire une montée
01:40et tout qui se casse la gueule, tout qui tombe.
01:42Elle m'a dit « Tu vois, lui, il ne va pas arriver à Roquebrune. »
01:44J'ai dit « Bon, ce n'est pas grave. »
01:45J'ai attaché comme je pouvais, tout de travers.
01:48Et je suis parti.
01:49Je me suis dit « Il faut que je parte
01:50parce que si je ne pars pas, je ne partirai jamais. »
01:55J'arrive à Montpellier.
01:56Je suis comme un zombie.
01:57Je suis mort de chez mort.
01:58Je me dis « Non, je ne vais pas réussir. »
02:00La question que je me pose,
02:01c'est comment je peux arriver à dire que je ne vais pas le faire
02:04sans perdre la face.
02:06On m'a volé mon vélo.
02:08Et là, je me dis « Non, ce n'est pas possible
02:09parce que j'ai acheté un AirTag.
02:10J'ai mis un AirTag sur le vélo. »
02:11Et même à un moment, je pense à un truc qui est ridicule.
02:13Je me dis « Il faut que je mette le feu à mon vélo. »
02:15Non, un vélo, ça ne brûle pas.
02:17J'étais mort, en fait.
02:18Finalement, je me suis bien reposé.
02:20J'ai bien dormi.
02:21J'ai bien mangé.
02:22Et le lendemain, à 13 heures, je repars de Montpellier
02:24comme si c'était un nouveau départ de l'aventure.
02:28Ce qui devait arriver arriva.
02:29Quand je disais que j'étais parti,
02:31que j'avais mis le minimum,
02:33mais que c'était quand même trop,
02:35on a pété là, à l'instant, dans les chemins.
02:37Des beaux petits chemins comme ça,
02:39pleins de cahuts.
02:42Forcément, tout ne s'est pas toujours bien passé.
02:45Il y a eu des galères.
02:46Il m'est arrivé des galères aussi physiques.
02:49Une piste, là, je me suis découpé la main.
02:51Je vais regarder, là.
02:52Là, j'ai mis mes strips.
02:54Et comme c'est propre, comme c'est beau,
02:56je vais mettre un petit pansement.
02:58Dans le désert, vu que je ne pouvais pas mettre
03:00beaucoup d'eau et que j'avais que 3 litres d'eau
03:04et que je faisais parfois plus de 100 km,
03:06j'ai fini par faire une colique néphritique.
03:09J'ai tellement mal, putain.
03:12Je ne sais pas combien de temps ça va durer.
03:14Combien de temps je vais pouvoir supporter.
03:17Il y a des trucs comme ça, évidemment, qui se sont passés.
03:20Mais bon, malgré tout ça,
03:23les choses positives d'un voyage comme ça,
03:27elles sont mais 100 fois, 1000 fois supérieures
03:30à tes petites désaventures.
03:32Parce que des rencontres incroyables avec des personnes.
03:36Moi, j'étais parti chercher de l'humanité.
03:39Je vais être bouleversé,
03:41je vais être inondé de ces rencontres,
03:43de cet accueil, cette bienveillance, cette gentillesse.
03:46Bonjour, j'ai rencontré la dame sur la route.
03:48Oui, c'est ça, merci.
03:49Elle est très contente.
03:50Moi aussi, je suis contente de le rencontrer.
03:53C'est comme mon fils.
03:55Ce côté humain que j'étais parti pour chercher,
03:59je l'ai trouvé en puissance 1000.
04:02Il a fait demi-tour, il m'a rappelé
04:04et il a tenu à m'inviter pour prendre un petit déjeuner.
04:07L'hospitalité marocaine,
04:09il n'y a rien à dire.
04:13Dans ce monde, il y a beaucoup de bonnes personnes.
04:16C'est ça qui m'a fait prendre conscience.
04:18En vrai, dans mon cœur, je suis rempli de grâce.
04:22Je rayonne.
04:23Et franchement, je n'ai pas de mots.
04:26Je suis roi du monde.
04:27Mon aventure va forcément à un moment prendre fin.
04:30Parce que je vais arriver à Dakar le 13 décembre.
04:33Je vais pouvoir accueillir ma femme et mes enfants à l'aéroport.
04:36On va bien s'occuper de toi.
04:37Tu vas manger que du chèvoudienne.
04:41Je vais prendre conscience que ça va commencer.
04:45La partie la plus difficile de mon voyage,
04:47ça veut dire que ça va être la fin.
04:48Ça veut dire le retour en France.
04:50Je sais comment je vais gérer ça en fait.
04:53En me tournant vers les bonnes personnes.
04:55Et je vais redistribuer.
04:58Tout ce qu'on m'a donné, l'accueil et la générosité,
05:00j'ai commencé à Dakar en donnant mon vélo
05:03à un jeune garçon au Sénégal
05:05qui en a besoin pour travailler, pour aller faire ses courses.
05:08Je suis dans ça maintenant.
05:10J'ai envie de restituer ce qu'on m'a donné sur ce voyage.
05:14Allez, ciao, au revoir.