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Ce dimanche, des élections anticipées se tiennent en Allemagne. L'AfD, parti d'extrême droite, arrive deuxième dans les sondages. Ses discours eurosceptiques et anti-immigration infusent de plus en plus dans le paysage politique et mettent en tension le cordon sanitaire.
Amandine Crespy est professeure de science politique au Cevipol et à l'Institut d'études européennes de l'ULB. Elle revient sur les origines de l'AfD, sur le parcours d'une de ses dirigeantes, Alice Weidel et sur l'ingérence américaine dans cette élection majeure.

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Transcription
00:00La FD pouvait être considérée comme un parti marginal quand elle a été créée il y a une dizaine d'années,
00:08puisqu'il n'y avait pas de partis significatifs d'extrême droite à l'époque.
00:12Mais du fait de sa montée en puissance vraiment exponentielle,
00:16elle va potentiellement doubler son score électoral,
00:19passer de 10% à 20% des voix lors des élections de cette année.
00:25On voit qu'elle n'est plus marginale.
00:27Elle s'est imposée comme un acteur à part entière avec un groupe au sein du Parlement,
00:34si bien qu'aujourd'hui, le leader des conservateurs allemands de la CDU-CSU, Friedrich Merz,
00:41a tenté de faire passer une loi avec le soutien et les voix de la FD.
00:47Donc, elle devient de moins en moins marginale et a fortiori, elle a le vent en poupe,
00:53comme de très nombreux partis d'extrême droite au sein de l'Union européenne.
00:57On voit qu'autour, dans les pays voisins aussi,
01:00les partis d'extrême droite engrangent des scores électoraux et se hissent au pouvoir.
01:04On a Giorgia Meloni qui dirige l'Italie.
01:07On voit Marine Le Pen accéder plusieurs fois au second tour de l'élection présidentielle en France.
01:14On voit Herbert Kickl du FPE autrichien prétendre aujourd'hui à la chancellerie.
01:19Donc, c'est une évolution qui se joue à l'échelle européenne et on peut le déplorer,
01:26mais on voit que l'Allemagne aujourd'hui a atteint une normalisation.
01:32Elle est un pays européen comme les autres, avec une extrême droite de plus en plus forte.
01:40Alice Weidel, c'est une femme encore assez jeune puisqu'elle a 45 ans.
01:46Elle est blonde aux yeux bleus, en tout cas, elle correspond,
01:49elle renvoie à l'image d'un certain stéréotype de la femme germanique.
01:54Je dirais d'abord que c'est une néolibérale.
01:57Elle a grandi en Rhénanie du Nord, en Westphalie, où elle a fait des études de business et d'économie.
02:03Et puis, elle a travaillé notamment pour Goldman Sachs, la Bank of China et puis comme consultante.
02:09Et c'est aussi une idéologue convaincue des idées d'extrême droite.
02:12C'est une militante de la première heure de la FD.
02:15Elle y entre au moment où le parti est créé en 2013.
02:19Rapidement, elle s'impose dans le leadership du parti.
02:24Elle est élue députée dès 2017 et puis en tandem dans la direction même de la FD.
02:33C'est quelqu'un qui a un discours assez disruptif, qui n'hésite pas à être eurosceptique
02:41et qui, ces derniers temps, de plus en plus souvent, critique ce qu'elle appelle
02:46la culture de la culpabilité par rapport au passé nazi de l'Allemagne.
02:51Elle a un grand-père SS dont elle dit qu'elle ne savait rien.
02:56En revanche, elle parle volontiers de son père qui a été expulsé des territoires allemands
03:04qui avaient été annexés par le Reich et qui ne l'étaient plus après la Seconde Guerre mondiale.
03:09Avec ce passé familial lourd, elle en fait un tremplin pour finalement briser ce tabou.
03:17Et puis pour finir, je dirais que c'est quelqu'un qui assume et qui même utilise de manière
03:23extrêmement instrumentale et stratégique des contradictions.
03:29D'abord, la contradiction qu'il peut y avoir entre les idées économiques néolibérales
03:34et les idées d'extrême droite et les idées réactionnaires extrêmement conservatrices de l'extrême droite.
03:41Et puis sur un plan plus personnel, on sait, et elle n'en fait pas mystère,
03:47qu'elle vit en couple avec une femme avec qui elle élève ses enfants.
03:51Et malgré tout, avec son parti, elle défend une figure de la famille traditionnelle
03:56qui colle de nouveau aux idées d'extrême droite tout en étant capable peut-être de séduire
04:02un électorat qui, spontanément, ne se dirigerait pas vers l'extrême droite.
04:07Donc, je dirais qu'elle a ainsi, en quelque sorte, rafraîchi, renouvelé le leadership
04:15d'un parti d'extrême droite ou de l'extrême droite en général,
04:19comme on pût le faire ailleurs aussi, à la fois Georgia Melloni ou Marine Le Pen en France.
04:27En tout cas, c'est un cadeau électoral énorme, puisque pour la FD,
04:32c'est l'occasion de montrer qu'elle est dans l'air du temps, qu'elle a le vent en poupe
04:39dans le sillage de l'accession au pouvoir du président américain lui-même,
04:45donc l'un des personnages, sinon le personnage le plus politiquement puissant.
04:51C'est vraiment une opération de communication extrêmement marquante pour Alice Weidel et par
05:00laquelle Elon Musk se permet une intrusion dans les dynamiques politiques européennes.
05:08Si on voulait tracer le parallèle avec les discussions qu'on peut avoir sur la
05:14déstabilisation de l'État de droit et les incursions d'agents au service de Vladimir
05:21Poutine et de la Russie de Poutine dans les élections européennes, on pourrait y voir
05:26ici un parallèle en provenance des États-Unis et de son nouveau pouvoir,
05:31qui se veut lui aussi disruptif et qui s'affiche volontiers en toute proximité
05:37avec les partis d'extrême droite les plus radicaux d'Europe.

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