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Jean-Yves Le Drian, ex-ministre des Affaires étrangères, le 19 février 2025 sur franceinfo.

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Transcription
00:00Volodymyr Zelensky ne se rendra finalement pas à Riyad, en Arabie Saoudite, aujourd'hui, pour participer aux discussions sur la fin du conflit en Ukraine.
00:07Il réclame des pourparlers équitables, incluant l'Union Européenne, le Royaume-Uni et la Turquie.
00:13Est-ce qu'il a des chances d'être entendu par les Américains et les Russes ?
00:16— Il a raison de s'exprimer, parce que la réalité de la situation, c'est qu'on est en train d'assister à une espèce de quitus donné par les États-Unis
00:27à l'agression russe en Ukraine. Et il a raison, en Ukraine, c'est chez moi. Et que si on discute du territoire ukrainien, il faut le faire avec moi.
00:37— Ça veut dire que les pourparlers, pour le moment, ne sont pas équitables.
00:39— Pardon ? Non. La réalité, je vais vous dire le fond de ma pensée. Tout se présente comme si nous étions dans une espèce de renversement d'alliance.
00:52Les mots sont forts, mais je le ressens comme ça. Nous n'y sommes pas encore. Mais quand je remarque, depuis que le président Trump est arrivé aux responsabilités,
01:03d'abord, toutes les piques qui ont été envoyées s'adressent uniquement aux amis historiques des États-Unis, que ce soit le Canada, que ce soit le Danemark,
01:12que ce soit la Grande-Bretagne, que ce soit l'Allemagne... — Ou les Européens.
01:17— Oui, la Grande-Bretagne. Je rappelle l'espèce d'humiliation que le vice-président Vance a commise à l'égard des autorités allemandes lorsqu'il est allé à Munich.
01:27Bref, tout se passe comme si on justifiait les opérations menées par Poutine contre la sécurité européenne, tout se passe comme si on justifiait
01:37l'agression de la Russie en Ukraine. Ça fait 3 ans. Et tout cela est au grand bénéfice de Poutine. Donc tout se passe comme s'il y a des amorces de renversement d'alliance.
01:47— Renversement d'alliance, c'est important, ce que vous dites, ce matin, Jean-Yves Le Drian. Ça veut dire que les Américains ne sont plus nos alliés, ce sont les alliés des Russes.
01:54— Je dis « tout se passe comme si ». Alors j'espère que je me trompe. Mais aujourd'hui, quand on lit les journaux, quand on regarde ce qui se passe,
02:01on s'aperçoit qu'il y a un accord complet entre les États-Unis et entre le président Trump et Poutine pour faire en sorte que l'agression russe à l'égard de l'Ukraine
02:14soit reconnue et qu'on passe à autre chose. Ce qui fait qu'on est en train d'assister à la reconstitution de grandes zones d'influence dans le monde.
02:23C'est-à-dire que le président Trump considère que la partie américaine, c'est chez lui, d'où le Canada, d'où le golfe d'Amérique à la place du golfe du Mexique.
02:32Et finalement, tout cela, c'est le continentalisme américain qui revient un peu au XIXe siècle. Et puis de l'autre côté, les Russes, vous faites ce que vous voulez dans votre zone.
02:40On vous laisse faire. Et c'est comme ça la loi du plus fort. Donc c'est extrêmement grave, ce qui se passe. C'est un renversement de l'État du monde depuis 1945.
02:49Alors, Marco Rubio lui-même dit, l'ordre du monde d'aujourd'hui, c'est une arme contre les États-Unis. Bref, la situation est très inquiétante.

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