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Jean-Yves Le Drian, ex-ministre des Affaires étrangères, le 19 février 2025 sur franceinfo.

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Transcription
00:00ça va peut-être apporter de l'eau à votre moulin,
00:04à ce que vous nous dites ce matin, cette réponse américaine de Donald Trump
00:08au propos de Volodymyr Zelensky, c'était cette nuit, écoutez.
00:16La situation en Ukraine, c'est qu'il n'y a pas d'élection.
00:19Il y a une loi martiale et le président, je déteste le dire,
00:22mais il est descendu à 4% d'opinion favorable.
00:25Et il veut l'être à la table des négociations,
00:28mais les Ukrainiens pourraient répondre qu'ils n'ont pas eu d'élection depuis longtemps.
00:32Aujourd'hui, j'ai entendu, oh, on n'a pas été invité,
00:35mais vous l'avez été pendant trois ans.
00:37Vous auriez pu arrêter la guerre, vous n'auriez jamais dû la commencer
00:40et vous auriez pu négocier un accord.
00:44Jean-Yves Le Drian, ça confond ce que j'ai dit.
00:46La réalité, c'est que le président Poutine n'a toujours eu qu'une obsession,
00:54empêcher l'Ukraine démocratique d'exister, d'une part,
00:59retrouver progressivement l'espace d'influence qu'avait l'Union soviétique antérieurement,
01:05et puis fragmenter l'Europe.
01:07C'est les trois objectifs de Poutine.
01:08Sauf que là, c'est le président américain qui parle, Jean-Yves Le Drian,
01:10et il dit même dans cette déclaration, l'Ukraine n'aurait pas dû provoquer cette guerre.
01:15Donc c'est l'inversion de la charge de la preuve,
01:17c'est-à-dire c'est l'agressé qui devient agresseur,
01:19ce qui m'incite à dire, je me demande si nous ne sommes pas au début d'un renversement de l'alliance.
01:24Est-ce que vous n'êtes pas un peu trop prudent ?
01:25Je me demande si ce qu'on vient d'entendre, ce n'est pas un lâchage en règle de Volodymyr Zelensky ?
01:32C'est une interrogation lourde sur l'organisation du monde de demain,
01:35et c'est une préoccupation lourde pour nous, Européens,
01:38et pour les Français en particulier,
01:39parce que c'est notre sécurité qui est mise en cause.
01:41Donc il faut qu'on se réveille.
01:43Parce que j'ai fréquenté tous ces acteurs-là, il fut un temps,
01:49l'obsession de Poutine ira jusqu'au bout.
01:53Poutine n'arrête pas.
01:54C'est ça que je veux expliquer à ceux qui nous écoutent et nous regardent, Jean-Yves Le Drian.
01:57Votre expérience, elle nous intéresse ce matin.
02:00Pourquoi ? Parce que vous étiez ministre de la Défense en 2014,
02:02quand les Russes ont envahi la Crimée et le Donbass.
02:05Vous étiez en poste quand les accords de Minsk, ce plan de paix,
02:09ont été scellés entre l'Ukraine et la Russie sous le regard des Européens.
02:13On était là, nous, autour de la table,
02:15et presque dix ans plus tard, on est en pleine guerre,
02:17avec des Russes qui ont obtenu d'autres territoires ukrainiens.
02:21Qu'est-ce qu'on a raté ?
02:22Je vous ai dit tout à l'heure que la logique de Poutine était toujours la même.
02:26Poutine n'arrête pas.
02:28Poutine poursuit son objectif.
02:30Poutine a le temps.
02:31La différence d'ailleurs du moment, c'est que Trump n'a pas beaucoup de temps.
02:35Poutine a tout le temps.
02:37Il a la patience stratégique, comme on dit en langage un peu sophistiqué.
02:40Mais nous avions le temps.
02:42Nous n'avons pas cru que Trump ferait ce qu'il dirait.
02:46Et là, mon expérience montre que Trump fait toujours ce qu'il dit.
02:52Parfois il se trompe, parfois il recule,
02:54mais il fait toujours ce qu'il dit.
02:55Il l'a fait pendant les quatre années où il a été d'abord en responsabilité.
02:59Et là, il est beaucoup plus fort,
03:00parce qu'il a pour lui un résultat électoral non contesté,
03:05il a pour lui le Congrès,
03:06à la fois le Sénat et la Chambre des représentants,
03:08il a pour lui une certaine connivence de la Cour suprême,
03:12et il a pour lui une forme d'opinion publique.
03:14Bref, il a une période là où il fait tout,
03:17il s'institue comme une espèce d'autocrate américain.
03:20D'où ma interrogation,
03:21est-ce que nous ne sommes pas au-devant de ce renversement d'alliance ?

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