Invitée à la seconde édition du Paris-Saclay Summit, Edith Heard est une biologiste britannique de renom spécialisée en épigénétique. Elle est aujourd’hui professeure au Collège de France et directrice générale de l’EMBL, l’European Molecular Biology Laboratory, en Allemagne. Pour « Le Point », la scientifique revient sur son parcours, sa soif de tout apprendre qui l’a menée à une carrière brillante, ainsi que ses découvertes sur l’inactivation du chromosome X.
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00:00C'est quand même difficile comme boulot, parce que 95% du temps c'est de l'échec,
00:05mais en fait même des quelques pourcents de temps où c'est une réussite,
00:10c'est une satisfaction immense, parce qu'on cherche la connue, on cherche la vérité.
00:14Edith Hurd est une biologiste britannique de renom spécialisée en épigénétique.
00:18Elle est aujourd'hui professeure au Collège de France
00:21et directrice générale de l'European Molecular Biology Laboratory en Allemagne.
00:26L'épigénétique, c'est un mot qui a été inventé quelque part en 1940.
00:31La première définition de l'épigénétique, c'est de comprendre comment le développement
00:36d'un embryon est lié à l'activité génétique, à l'activité des gènes.
00:41Ma définition, et la définition des chercheurs en épigénétique,
00:45c'est tous les changements d'activité des gènes,
00:48qui n'impliquent pas un changement dans la séquence de l'ADN,
00:52mais ces changements peuvent être stables au cours des divisions cellulaires
00:56et puis ils peuvent être aussi réversibles.
00:58Je suis devenue scientifique, je pense, parce que j'aimais bien comprendre les choses.
01:03Très vite, à l'école, j'aimais beaucoup les maths, comment résoudre les équations.
01:10Mais la biologie, je ne l'ai commencée que très tard, quand j'étais à la fac, en fait.
01:15Et là, pour moi, c'était un moment très important,
01:18parce que j'ai réalisé qu'il y avait plein de questions en biologie
01:21pour lesquelles on n'avait pas des réponses.
01:23Par exemple, une des questions sous lesquelles j'ai ensuite travaillé pendant très longtemps,
01:28c'est l'inactivation du chromosome X.
01:30Chez les femmes, nous avons deux chromosomes X.
01:32Chez les hommes, il y a un X et un chromosome Y.
01:35Et chez les femmes, un des deux chromosomes X est inactivé par un processus épigénétique.
01:41Et cette inactivité est héritée à travers des divisions cellulaires.
01:45Donc, toutes les femmes, en fait, sont des mosaïques, des cellules qui expriment soit un X,
01:50le X du père, ou soit le X de la mère.
01:53Ça ouvre plein de questions,
01:55non seulement sur le fonctionnement en cours de développement des processus épigénétiques,
01:59mais aussi des questions sur, par exemple, la physiologie des femmes.
02:04Donc voilà, je me suis intéressée et je n'ai pas pu arrêter.
02:08Donc, sur l'inactivation du chromosome X,
02:10peut-être une des premières découvertes que j'ai faites avec mon équipe,
02:14nous avons réalisé qu'en fait, au début de l'embryogenèse, en tout cas chez la souris,
02:18le X paternel est inactivé.
02:20Et ensuite, il est réactivé à un moment.
02:22Et ensuite, une inactivation aléatoire, soit du X paternel, soit de l'X maternel a lieu.
02:28Ça, pour nous, cette reprogrammation qui a eu lieu,
02:31c'était vraiment une découverte inattendue
02:34et qui avait des implications pour la manière que les processus épigénétiques peuvent être réversibles.
02:40En 2024, Edith Hurd reçoit la médaille d'or du CNRS.
02:43Il s'agit de la plus haute distinction scientifique française.
02:46C'est vrai que c'est une reconnaissance dans le pays qui, pour moi,
02:50m'a permis quand même de faire la plupart de ma carrière.
02:53Peut-être, je peux dire que, pour moi, cette reconnaissance est en partie
02:57une reconnaissance d'une équipe de travail.
03:00Et c'est aussi peut-être une reconnaissance personnelle de mon compagnon de vie,
03:04qui est maintenant mon mari, qui lui-même est chercheur en épigénétique.
03:08C'est grâce à lui que je suis venue en France, parce qu'il est français,
03:11donc Vincent Collot, et c'est aussi grâce à lui, je dirais,
03:14que j'ai pu mener la recherche que je mène de manière indépendante et avec encouragement.
03:20Il faut quand même souligner que, très souvent, les chercheurs, bien sûr, sont reconnus,
03:24mais on travaille en équipe et on a quand même un entourage, on a une famille, etc.
03:29Donc, pour moi, mon mari a vraiment été une inspiration et un soutien.
03:33C'est vrai que, pour moi, cette médaille est un petit peu, je dirais,
03:37une reconnaissance de ce couple, ainsi que mon équipe de recherche.
03:42C'est autour de moi, bien sûr, surtout dans certains pays en Europe,
03:46c'est moins facile pour une femme d'avoir une carrière en sciences.
03:49Et puis aussi, même dans mon travail, j'ai réalisé qu'il y a des attitudes qui sont très masculines.
03:56J'avoue que j'étais peut-être un peu protégée dans ma vie professionnelle.
04:01Déjà, à l'école, j'étais dans une école des filles.
04:04J'ai choisi de faire sciences parce que j'étais encouragée si je voulais faire sciences.
04:08Ensuite, à la fac, j'ai eu une liberté de choix aussi, donc je me suis sentie soutenue.
04:14Et je dirais même qu'en venant en France, je n'avais pas réalisé,
04:17mais en France, je dirais que les femmes en sciences sont mieux soutenues qu'ailleurs en Europe.
04:21Donc, j'ai eu de la chance.
04:23Aussi parce que mon compagnon de vie m'a beaucoup soutenue.
04:27Et donc, quand on a décidé d'avoir des enfants, de fonder une famille,
04:30tout était simple et facile, je dirais, parce qu'on a partagé tout
04:34et parce que la France est très bien faite pour le garde-enfant, l'éducation publique.
04:40Donc, en fait, je n'ai pas remarqué des obstacles.
04:43C'est que plus récemment que j'ai réalisé qu'il y a des limites
04:46et que pour vraiment permettre la recherche d'être aussi diverse qu'elle doit l'être,
04:51les femmes, on est quand même 50 % de la population, ce n'est pas fini.
04:55C'est quand même un travail qu'il faut faire, il faut soutenir, il faut protéger.
04:59Et donc, je dirais que là, les dernières années que j'ai passées,
05:02où j'ai eu le poste, je dirais, le plus élevé que j'ai jamais eu,
05:05c'est là où j'ai réalisé qu'effectivement, il y a des contraintes.
05:08Ça m'a donné, je dirais, presque le courage ou l'espoir de faire encore plus.
05:13Pour moi, je trouve que la science est fabuleuse,
05:16non seulement parce que c'est un plaisir quand on fait la recherche,
05:19d'avoir cette liberté de poser des questions et essayer d'avoir des réponses.
05:24C'est quand même difficile comme boulot, parce que 95 % du temps, c'est de l'échec,
05:30mais en fait, même des quelques pourcents de temps où c'est une réussite,
05:34c'est une satisfaction immense, parce qu'on cherche la connue, on cherche la vérité.
05:38Et de l'autre côté, je trouve que la science, c'est finalement,
05:42enfin la recherche en tout cas, c'est un métier qui peut être très noble,
05:45parce qu'on cherche à connaître plus et à aider,
05:49à aider que ce soit la santé humaine ou à aider la planète.
05:53Donc, j'encouragerais toujours les jeunes de choisir ce chemin.
05:57Et pour les femmes, je dirais que plus que jamais, il y a des opportunités,
06:01et que plus que jamais, il y a une génération des femmes qui ont eu ces opportunités comme moi,
06:06et nous sommes là pour veiller.
06:08À l'été 2025, Edith Hurd prendra la direction de l'Institut Francis Crick à Londres,
06:12où elle continuera d'inspirer toute une génération de chercheurs.