Le Général Pellistrandi, consultant défense BFMTV, souligne le "rapprochement spectaculaire" entre Donald Trump et Vladimir Poutine pour parvenir à un accord de paix, trois ans après le début de la guerre en Ukraine.
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00:00Et bonjour à tous, un nouveau direct sur BFM2. Avec cette situation en Ukraine, Donald Trump a engagé des discussions avec la Russie déjà depuis plusieurs semaines,
00:09tout en excluant l'Ukraine de Volodymyr Zelensky. Emmanuel Macron, le président français, qui consulte les chefs de partis ainsi que les présidents des assemblées
00:18avant d'accepter la convocation de Donald Trump ce lundi à Washington. Et pour en parler, nous sommes avec le général Pélistrandi. Bonjour général.
00:26Alors d'abord, pourquoi ces consultations et auront-elles un réel effet sur la suite des événements ?
00:32Alors il faut bien comprendre qu'en l'espace maintenant d'à peine dix jours, l'équilibre géopolitique auquel nous étions habitués depuis des années
00:40s'est fracassé suite au rapprochement spectaculaire entre l'administration Trump et la Russie de Vladimir Poutine.
00:49Donc on est en quelque sorte dans l'urgence et c'est la raison pour laquelle le président de la République, Emmanuel Macron, a agi très rapidement en trois phases.
01:01Une première phase avec un certain nombre de dirigeants européens, avant-hier avec d'autres dirigeants européens et non-européens, je pense au Canada.
01:14Et puis également, il ne faut pas l'oublier, bien sûr les principaux chefs de partis politiques hier à l'Élysée parce qu'il y a urgence à avoir une position la plus commune possible entre les Européens
01:29parce qu'il va falloir peser auprès du président américain qui, jusqu'à présent, n'a pas manifesté un grand intérêt ni pour la présence de l'Ukraine à la table de négociation, ni pour l'implication des Européens.
01:43Et justement, pourquoi cette exclusion de Volodymyr Zelensky et des Européens ? Comment on peut l'expliquer ceci ?
01:51Alors d'abord, il faut quand même souligner que c'est une victoire pour Vladimir Poutine parce que Vladimir Poutine a su en quelque sorte reconquérir la place qu'il voulait
02:05et cela, c'est en quelque sorte la conséquence de 20 années de politique russe.
02:10En fait, pour Vladimir Poutine, il veut être l'alter ego de la puissance mondiale que sont les États-Unis.
02:17Et en quelque sorte, Donald Trump a foncé en plein là-dedans.
02:21C'est également ce qu'il prétendait pendant la campagne pour les présidentielles.
02:26Mais là, on a atteint en quelque sorte un point de rupture dans les équilibres avec quasiment presque un basculement d'alliance
02:36où l'administration Trump fait savoir qu'elle est prête à travailler de manière très étroite avec Poutine.
02:45Et puis de l'autre côté, en considérant que l'Ukraine de Volodymyr Zelensky n'est plus légitime, ce qui est complètement aberrant.
02:53D'où le besoin pour le président de la République de pouvoir essayer de contrer cette approche qui est extrêmement dangereuse de la part de Washington.
03:06Et le président américain Donald Trump a lancé des propos plutôt forts envers le président Zelensky en disant « dictateur sans élection ».
03:14Pourquoi ces propos ? Est-ce que ça pourrait faire avancer la cause ?
03:17Non, bien au contraire. Pour Volodymyr Zelensky, c'est une insulte épouvantable.
03:25Et puis c'est dénuer aux Ukrainiens le fait qu'il s'agit d'une démocratie.
03:32Très clairement, oui, les élections présidentielles devaient avoir lieu au mois de mars 2024,
03:39mais du fait de la guerre provoquée par la Russie, il faut bien le rappeler,
03:43depuis bientôt trois ans, la loi martiale a été proclamée.
03:49Et la loi martiale, dans le droit ukrainien, empêche la teneur de ces élections.
03:57Et tous les 90 jours, la Rada, l'équivalent de notre Assemblée nationale, valide le prolongement de la loi martiale.
04:04Et dans le droit ukrainien, les prochaines élections auront lieu au moins six mois après la levée de la loi martiale.
04:17C'est-à-dire que s'il y a accord de cesser le feu, la loi martiale sera levée,
04:21et six mois après, il y aura des élections législatives et présidentielles.
04:24Donc, de la part de Donald Trump, nier le caractère démocratique et la légitimité de Volodymyr Zelensky,
04:34c'est absolument lamentable, et ça va exactement dans le sens de ce que souhaite le Kremlin,
04:40puisque le Kremlin entretient ce discours en disant que Zelensky n'est plus légitime depuis plus d'un an.
04:48Et ce premier déplacement du président français à Washington lundi prochain,
04:53qu'est-ce que ça peut apporter justement à ces discussions, à ces négociations, et à quoi on peut s'attendre ?
05:00Alors, ce déplacement est extrêmement important, et d'ailleurs, il sera suivi dans la semaine par le déplacement du Premier ministre britannique.
05:07Je tiens juste à souligner que tant le président français que le Premier ministre britannique
05:13sont à la tête de deux puissances qui sont membres permanents du Conseil de sécurité et qui sont dotés de l'arme nucléaire.
05:19Dans les discussions avec Donald Trump, où c'est en quelque sorte le rapport de force qui compte, ça compte.
05:26Ce n'est pas anodin, il faut le rappeler.
05:29Et donc, c'est l'opportunité pour le Premier ministre de dire attention avec Vladimir Poutine.
05:35D'abord, on ne peut pas lui faire confiance, et il faut là aussi instaurer un rapport de force avec Vladimir Poutine.
05:41Le problème est que Donald Trump, avec ses initiatives, a en quelque sorte enterriné
05:45un certain nombre de demandes de la Russie sans aucune contrepartie.
05:51Donc, en fait, pour le président de la République, qui est fort en quelque sorte du soutien des partenaires européens,
05:59ça va être un moment extrêmement important, peut-être pas facile sur le plan des discussions,
06:05mais de faire comprendre à Donald Trump qu'il ne peut pas passer par-dessus les Ukrainiens
06:12et qu'il ne peut pas non plus passer par-dessus les Européens.
06:15Général, enfin, cette proximité Trump-Poutine peut-elle mener à un accord de paix possible
06:21dans les prochaines semaines ou dans les prochains mois ?
06:23Alors, peut-être.
06:25On va dire, et c'est ce que le Président de la République a souligné,
06:29c'est que, d'un autre côté, l'activisme de Donald Trump permet peut-être d'accélérer la fin de la guerre.
06:36Mais, et c'est ce qu'il faut souhaiter, à plusieurs conditions,
06:40et en particulier que l'intégrité de l'Ukraine soit respectée en quelque sorte,
06:47même s'il y a peut-être des concessions à faire, tant du côté ukrainien que du côté russe.
06:53Bon, maintenant, il faut quand même être réaliste.
06:56On aura au mieux un arrêt des combats, mais peut-on parler de paix ?
07:02En tout cas, une chose est sûre, c'est qu'il n'y aura pas de processus de réconciliation
07:06entre la Russie et l'Ukraine dans de telles conditions.
07:11Et donc, il y a une véritable guerre froide,
07:14guerre froide en quelque sorte imposée par Moscou,
07:16non seulement à l'égard, bien sûr, de l'Ukraine,
07:19mais également à l'égard de l'Europe,
07:21où d'ailleurs les propos extrêmement durs, mais en même temps lucides,
07:27de la part du Président de la République sur la nécessité que l'Europe se réarme très rapidement.
07:32Merci à vous, Général Jérôme Pélistrandi, consultant BFMTV, consultant Défense BFMTV,
07:38pour ces explications.
07:40Évidemment, on suit cette situation en Ukraine
07:42et les discussions engagées avec la Russie entre Donald Trump et Vladimir Poutine.