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Retrouvez « Retroppop de Camille Diao » dans Zoom zoom zen sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/retropop

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Transcription
00:00Parler pour 1962, d'année musicalement riche, sachant que le tube absolu du 20ème siècle,
00:05Vanina, n'était pas encore sorti.
00:06Oui, nous répond courageusement Camille Diaw.
00:09Bonjour Camille.
00:10Salut Mathieu.
00:11Bonjour tout le monde.
00:12Aujourd'hui, dans Rétropop 1962, l'année où une légende du rock français commence
00:15à forger son propre mythe.
00:17Oui, parce que soyons honnêtes, on n'est jamais mieux servi que par soi-même.
00:20Les gens m'appellent l'idole des jeunes, il en est même qui m'envite.
00:29L'idole des jeunes, on en parlait à l'instant.
00:31En tout cas, c'est un titre que Johnny s'auto-décerne en adaptant un air qui est venu évidemment
00:36des Etats-Unis.
00:37C'est du mot pour mot en plus.
00:46C'est du mot pour mot, la traduction est littérale.
00:49Et Johnny l'américain s'est probablement reconnu en ce Ricky Nelson qui, à l'époque,
00:53tentait de concurrencer Elvis.
00:54Lorsqu'il sort sa propre version, en octobre 1962, Johnny n'en est qu'aux prémices
00:59de la gloire.
01:00Mais il a déjà le vent en poupa.
01:01Au printemps, il a fait un carton avec « Retiens la nuit ». A l'été, il a fait la toute
01:04première couv' de « Salut les copains » avant Dave donc, et il s'apprête à monter
01:08sur la scène de l'Olympia avec cette reprise taillée sur mesure.
01:12L'Olympia est un triomphe.
01:21Sur scène, Johnny, le showman imite James Dean et lance une nouvelle danse qui fait
01:25fureur outre-Atlantique.
01:26Et oui, vous avez bien entendu, en 1962, on danse le « mashed potatoes ».
01:40Ça ne veut pas dire « purée de pommes de terre » ?
01:42Si, exactement.
01:43Littéralement.
01:44Mais c'est aussi une danse.
01:45Popularisée par James Brown, dont « Pluriquin, tu meurs », mais Johnny n'est pas le seul
01:49yé-yé à piocher dans ce répertoire anglo-saxon.
01:52D'ailleurs, je ne sais pas si vous connaissez cette incroyable reprise d'Eddie Mitchell.
01:55On y croit ou pas ?
02:02On y croit à fond !
02:03Evidemment, c'est les Rolling Stones.
02:05Alors, la recette de la reprise américaine peut paraître un peu éculée.
02:08Mais chez Johnny, il y a ce supplément d'âme.
02:10Il a été quasiment élevé par un père américain de substitution à qui il a emprunté le Holiday.
02:15Et il y est allé en Américain en 1962.
02:18Johnny se rend deux fois à Nashville où il donne des concerts et où il enregistre
02:21un album « In English Please ».
02:23« Shake the hand of a man »
02:27Notez son accent, so Frenchy !
02:28« A play it in the game of love and lost again »
02:33Plus qu'une éponge, Johnny, c'est un passeur de la culture américaine.
02:36Et ça, dans la France des années 60, ça fait mouche.
02:39Les ados qui l'adulent ont grandi après la guerre, fascinés par les « chwingums »
02:43et les « lucky strikes » arrivés dans les poches des « G.I.s ».
02:46Son succès raconte cet appétit français pour une Amérique fantasmée.
02:49Mais il y a autre chose que Johnny est allé chercher aux Etats-Unis.
02:52Vous êtes bien mystérieuse Camille.
02:53Il avait les yeux avec.
02:55Et ben oui, ce qu'il est allé chercher aux Etats-Unis, c'est la notion même d'idole des jeunes.
02:59Teen Idol.
03:00Et pour fabriquer une idole des jeunes, il faut trois ingrédients.
03:03Déjà, il faut des jeunes.
03:04Et ça, le baby-boom d'après-guerre s'en est chargé.
03:07Des millions d'enfants, nés dans les années 50, forment une nouvelle catégorie sociale
03:11qu'on appelle la « jeunesse », un nouveau public prêt à consommer.
03:14« Sans doute y'a-t-il plus de jeunes à Paris qu'autrefois.
03:17Ils forment un monde, monde particulier qui a son style et ses modes.
03:20Ciret et banoir sont de règle pour une fille, et talent haut. »
03:24Deuxième ingrédient, il faut une industrie musicale structurée.
03:28Et en 62, on y est, les majors françaises comme Barclay par exemple, ont appris à repérer
03:33les jeunes artistes, à produire leurs disques à grande échelle et à assurer leur promo
03:36dans les nouveaux médias de masse.
03:38Ce qui m'amène au troisième ingrédient, la technologie.
03:41Le 40 cent tours, petit, léger, pas cher, a rendu la musique plus accessible.
03:45Et il n'est pas le seul.
03:46« Un appareil qui fut tout d'abord nommé tourne-disque, et qu'aujourd'hui l'on appelle électrophone.
03:52« Electrophone Philips, c'est encore plus sûr.
03:56« Le poste à transistor est à l'honneur, car le goût de la musique ravage les foules. »
04:00Et je pourrais aussi citer les Scopitones.
04:02Je ne connaissais pas, mais c'est une sorte d'ancêtre des clips qui étaient diffusés
04:05à l'intérieur même des jukebox.
04:07Et c'est Claude Lelouch, pardon, figurez-vous, qui réalise le Scopitone de l'idole des jeunes.
04:12« Et donc ce que vous dites, c'est que Johnny est finalement moins un rebelle qu'un produit, c'est terrible. »
04:15Attention à ce que vous dites sur Johnny quand même.
04:17« Ah bah oui, c'est vous qui me faites dire ça ! »
04:19En réalité, l'un n'empêche pas l'autre.
04:21Surtout au début des années 60 où tout ça est encore très nouveau.
04:24Mais plus les années passent, plus la musique s'industrialise et plus les idoles des jeunes
04:28sont formatées, marquetées.
04:30L'apogée de ce phénomène, ce sont les Boys et les Girls Bands des années 90.
04:34Quand les Spice Girls débarquent, l'écosystème a bien changé.
04:39C'est l'âge des CD de titres, des mini-chanifis, des clips qui tournent en boucle sur MTV.
04:43« Et alors ça donne quoi les Teen Idols aujourd'hui ? »
04:45Aujourd'hui, la Teen Idol ultime, c'est Taylor Swift évidemment.
04:49Une idole qui, à l'heure d'internet, a pu s'émanciper des griffes de l'industrie.
04:53Grâce aux réseaux sociaux, elle maîtrise son image et elle cultive un lien direct avec ses Swifties.
04:58Elle se présente comme une Girl Next Door, une fille comme les autres.
05:01Ça vous rappelle pas un truc ça ?
05:02« Il en est même qui m'envie, mais ils ne savent pas dans la vie que parfois je m'ennuie. »
05:14Et oui, Johnny Abo est l'idole des jeunes.
05:16Il est aussi un garçon comme les autres.
05:181962-2025, la boucle est bouclée.

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