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"Bétharram, est-ce que ce ne serait pas un scandale inventé par la France insoumise pour mettre Bayrou dans l'embarras et demander sa tête ? Un truc inventé par Mélenchon et Plenel ? C'est en tout cas la thèse défendue par le directeur de la rédaction du Figaro, Alexis Brézet."

Nouvel épisode de Rhinocéros, par Usul et Lumi.

Chroniqueurs : Lumi, Usul
Montage : Harkiadel
Images : Hamza Benkirane
Production : Red Pop
Graphisme : Morgane Sabouret
Directeur des programmes : Mathias Enthoven
Co-directrice de la rédaction : Soumaya Benaïssa
Directeur de la publication : Denis Robert

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00:00Bonjour, bienvenue dans L'Innocéros. Aujourd'hui, on va se pencher sur l'affaire Bétharame
00:11et on va se demander quelles questions les médias auraient pu se poser avec cette affaire.
00:15Alors déjà, est-ce qu'il y a une affaire Bétharame ? Parce que, est-ce que ce ne serait
00:19pas un scandale inventé par la France Insoumise pour mettre Bayrou dans l'embarras et demander
00:23sa tête ?
00:24Ben oui, un truc inventé par Mélenchon et Plenel, un complot. En plus, c'est son super
00:28copain, tout le monde le sait.
00:30C'est en tout cas la thèse défendue par le directeur de la rédaction du Figaro, Alexis
00:34Brezet.
00:35Car elle est là, la réalité que chacun commence à voir. Les Insoumis, qui ont échoué
00:39à censurer François Bayrou sur le budget, ont choisi pour leur revanche le terrain de
00:44la calomnie. Tout cela est une gigantesque opération de déstabilisation politique,
00:50orchestrée par le procureur Mélenchon et mise en musique par Mediapart et par le grand
00:55inquisiteur Edouid Plenel.
00:57L'affaire Bétarame intéresse surtout la gauche, c'est vrai. C'est même comme
01:01ça que l'a présenté l'AFP dans un de ses tweets qui nous disait que François
01:05Bayrou était soupçonné par la gauche d'avoir menti.
01:07Le message a depuis été supprimé parce qu'en fait, il n'y a pas que la gauche
01:10qui soupçonne Bayrou d'avoir menti. D'ailleurs maintenant, c'est même plus des soupçons
01:14en fait.
01:15Et puis surtout, la gauche, c'est qui ? Est-ce qu'ils mettaient Mediapart dans le
01:18même sac que les députés de gauche ?
01:20Est-ce que pour l'AFP, la gauche c'est les partis et la presse de gauche et que
01:24du coup, la droite c'est les partis et la presse de droite ? Et ces gens-là, ils
01:27ont chacun leur propre régime de vérité. Alors quand on ne sait pas, quand on ne veut
01:30pas trancher, on dit selon la gauche. Voilà, je ne sais pas.
01:34Sauf qu'il y a un moyen de trancher quand même. Quand on n'est pas sûr, quand des
01:37gens mentent, on cherche des faits. Et dans le cas de l'affaire Bétarame, on a quand
01:41même de la matière.
01:4231 janvier 1995, un élève de 5ème reçoit une gifle de la part d'un CPE, ce qui lui
01:48causera une perte d'audition, certificat médical à l'appui. Les parents de l'adolescent
01:53ont l'air de confiance et maintiennent leur fils dans l'établissement. Mais quelques
01:57mois plus tard, le 5 décembre, ce même élève est puni par un surveillant.
02:01On ne pensait pas qu'il y aurait récidive. Bien, il y a eu récidive. Là c'est un surveillant
02:06de dortoir qui l'a mis au perron, dehors, au bord de l'eau, de l'eau, avec une température
02:11de zéro degré.
02:12Ce petit sujet de France 3 date de 1996 par exemple. A l'époque, cette affaire de violence
02:18avait intéressé la presse locale mais aussi la presse nationale. Puisqu'en cherchant
02:22un peu, on tombe sur cet article de Libé, daté lui aussi d'avril 1996, et intitulé
02:28« Bétharame, le lycée fier de ses châtiments ».
02:31Sur la porte de l'institution, ce vendredi, des articles de journaux sur l'affaire.
02:36La mère d'un garçon de 6ème hausse l'épaule. « Si François Bayrou n'avait pas un fils
02:40ici, personne n'en aurait parlé ! ». Jusque-là, la présence de Calixte, fils du ministre
02:45de l'éducation nationale, s'expliquait par la renommée de Bétharame. L'enfant
02:49devient encombrant. Sans lui, l'histoire serait restée banale.
02:52Donc dès 1996, on parlait d'une affaire Bétharame dans la presse nationale parce
02:57que l'établissement privé catholique en question accueillait un des gamins de Bayrou.
03:00Donc déjà, il y avait un lien entre lui, à l'époque ministre de l'éducation nationale,
03:04et ces histoires de violence. En fait, ça fait 30 ans que toute la région de Pau sait
03:08qu'il y a au moins eu cette affaire. D'autant que d'autres affaires ont suivi, et ces
03:12dernières années encore, de nouvelles victimes sont sorties du silence. Il y a un an par
03:16exemple, un ancien surveillant de l'établissement a été accusé de viol par d'anciens élèves.
03:20Cette enquête de France 3 Nouvelle Aquitaine en parlait il y a quelques semaines, avant
03:23que l'affaire n'arrive jusqu'à l'Assemblée Nationale, avant même que Mediapart ne produise
03:27l'article qui allait mettre le feu aux poudres.
03:30Bétharame, la fin du silence, une enquête réalisée avec Laure Bignalet, Romain Auville,
03:34Florian Dumont et Christophe Warronne.
03:36Notre-Dame de Bétharame. D'immenses bâtiments austères, nichés entre la montagne et le
03:43Gave de Pau, à quelques kilomètres de Lourdes. Dans les murs de cette école catholique, fondée
03:48et dirigée par une congrégation de prêtres, d'anciens pensionnaires racontent avoir subi
03:52des agressions sexuelles, des années 1950 à 2010.
03:57On vous encourage à aller voir cette enquête, elle est dispo sur Youtube. Dedans il y a
04:01des faits, il y a des témoins, il y a des récits. On y apprend notamment que l'établissement
04:04a toujours eu cette réputation d'être un établissement à la dure.
04:07Et on y découvre que dans la région, ça se savait. Mais bon, on se serait bien passé
04:11du scandale.
04:12Au village, la médiatisation de cette affaire vient troubler les habitants.
04:17Ça vous dérange pas ?
04:20Oui, oui, pour le coin, oui. Moi, j'ai été à Bétharame, je ne le regrette pas. Mes
04:29enfants y ont été, mes petits-enfants y ont été. Les arrière-petits-enfants, je
04:34ne sais pas ce qu'ils feront, mais c'est tout.
04:36Alors ok, pendant des années, le silence était la règle. Peut-être que Bayrou ne
04:40pouvait pas s'imaginer qu'il y avait autant de violences sexuelles. Par contre, il était
04:44élu local là-bas, il était maire de Pau, il a été ministre de l'éducation nationale
04:48pendant l'affaire de la BAF, ses enfants étaient scolarisés là-bas, son fils était
04:51dans la classe du gamin qui s'est pris une BAF et qui est devenu sourd. Sa femme elle-même
04:55a donné des cours de catéchisme à Bétharame. On peut raisonnablement penser qu'il savait
05:00au moins pour les violences, pour le climat à la dure, l'ambiance rude.
05:05Sauf qu'à l'Assemblée, le 11 février, il a dit ça.
05:08Alors j'affirme que j'ai évidemment, je n'ai jamais été informé de quoi que ce
05:16soit de violences ou de violences à fortiori sexuelles. Jamais.
05:22Vous estimez qu'il y a mensonge ?
05:24Non, c'est pas que j'estime, Apolline de Malherbe, c'est factuel, enfin pardonnez-moi.
05:27Non, mais François Bayrou, lui, il dit, je n'ai pas menti, j'ai dit que je n'avais pas
05:30la moindre information sur les violences sexuelles. Voilà ce qu'il dit.
05:33Mais ce n'est pas ce qu'il a dit. Est-ce que je me trompe quand je dis que,
05:36mardi devant l'Assemblée nationale, François Bayrou a dit, je n'ai jamais été informé de
05:40quoi que ce soit de violences ou de violences à fortiori sexuelles. Jamais. Voilà. Je cite
05:44exactement les propos tenus par François Bayrou.
05:46Il a menti, il doit démissionner.
05:47Évidemment. Mais là, en fait, c'est Bayrou qui s'est foutu dans la merde tout seul parce
05:51que c'est à partir de ce moment-là que l'affaire va prendre de l'ampleur. Le problème, c'est le mensonge.
05:55D'autant plus que ce mensonge, il était là pour couvrir un autre mensonge.
05:59Parce que quand Bayrou se défend en disant qu'il n'a jamais été informé de violences
06:02à fortiori sexuelles, c'est pour répondre à une question de Paul Vannier, le député
06:05insoumis qui siège à la commission éducation et qui était tombé sur cet article de Mediapart
06:10daté du 5 février.
06:11Cet article, de David Perrotin et Antione Rouget, fait mention de plusieurs témoignages,
06:15dont celui d'un juge d'instruction. Tous ces gens affirment avoir interpellé Bayrou,
06:19pas seulement sur les châtiments corporels et les brimades physiques à Betaram, mais
06:23également sur les affaires d'agressions sexuelles.
06:25L'article accuse aussi Bayrou d'avoir toujours soutenu Betaram, même pendant cette histoire
06:29d'affaires de gifle en 1995, alors qu'il était ministre de l'éducation nationale.
06:32Un mois après le dépôt de la plainte pour les violences physiques sur le fils de Jérôme,
06:36tandis que le scandale avait mis la région en ébullition, le ministre de l'éducation
06:39s'était même rendu directement à Notre-Dame de Betaram pour apporter son soutien à l'établissement
06:44à l'occasion de la réception de travaux de toiture, révèlent les archives du quotidien
06:47Sud-Ouest.
06:48François Bayrou et Philippe Doustoblasy, ministres respectifs de l'éducation nationale
06:52et de la culture, ont communié hier après-midi dans la même piété mariale.
06:56Indique un article daté du 5 mai 1996.
06:59Avant de citer ces mots prononcés par François Bayrou devant la presse.
07:02Nombreux sont les Béarnés qui ont ressenti ces attaques avec un sentiment douloureux
07:09et un sentiment d'injustice.
07:10Pour ce qui est des affaires d'agressions sexuelles, l'article nous parle d'un François
07:14Bayrou plutôt incrédule.
07:15Il sait par exemple qu'un prêtre qu'il avoue connaître de vue est accusé nommément,
07:20mais il ne veut pas y croire.
07:21Ce prêtre, le père Karika, a fini par être envoyé au Vatican par sa hiérarchie, puis
07:26il a été convoqué par la justice française et a mis fin à ses jours.
07:29La femme de Bayrou aurait assisté à ses obsèques.
07:31Bref, tout ça c'est pour les faits.
07:33Alors quand on lit « Selon la gauche, François Bayrou a menti », non là je suis désolé,
07:37là François Bayrou a menti.
07:39C'est factuel, il a menti.
07:40Je n'ai jamais été informé de quoi que ce soit de violences ou de violences à fortiori
07:48sexuelles.
07:49Jamais.
07:50Voilà, ça c'est un mensonge, et c'est un mensonge d'autant plus grave qu'il résonne
07:54avec toute l'affaire Bétarame, qu'il est une affaire d'omerta, c'est-à-dire de silence
07:58et de mensonge.
07:59Personne ne disait rien.
08:00Celles et ceux qui ont essayé de parler ont été intimidés, ou alors on ne les a pas
08:04cru, ou alors on les a convaincus qu'il valait mieux se taire.
08:06Que c'était mieux comme ça, que c'était mieux pour la région, mieux pour la famille,
08:10mieux pour l'établissement.
08:11France 3 a retrouvé une ancienne enseignante qui a accepté de parler à visage caché.
08:15Elle raconte une punition qui l'avait choquée en 1995, mais elle raconte aussi comment avait
08:20procédé l'établissement pour que rien ne sorte des murs de Bétarame.
08:24Le lendemain, ils ont réuni tous les profs, et là, nous avons eu un serment, nous disant
08:28qu'il était hors de question que nous parlions, ni à des journalistes, ni à la police, ni
08:35à des enquêteurs de quelque ordre que ce soit, parce que ce serait mettre l'école en faillite
08:41et que nous perdrions notre emploi.
08:42Malgré la pression, l'enseignante assure avoir alerté le diocèse et François Bayrou,
08:48alors ministre de l'Éducation nationale et député.
08:50Est-ce que Bayrou savait tout ? Sans doute pas.
08:53Mais il n'a pas voulu savoir.
08:54Et il a couvert Bétarame.
08:56C'est de ça dont l'accuse Médiapart.
08:58Ce silence fait écho à toute l'affaire Bétarame.
09:01Est-ce que c'est un silence compli, c'est un silence coupable ?
09:04En tout cas, le silence sur l'affaire Bétarame, c'est encore du Bétarame.
09:09Depuis les années 90, on en a vu pas mal des affaires de ce genre.
09:13Des affaires d'abus dans l'église, des affaires avec des abus sur mineurs, des affaires
09:17qui peuvent se passer dans des familles, comme celle qu'a racontée Camille Kouchner dans
09:20son livre La Familia Grande, dans lequel elle nommait l'agresseur de son frère, Olivier Duhamel.
09:25Camille Kouchner, le visage grave, a dit que sa joie de vivre a disparu dans les années 80,
09:29quand son jumeau lui confie les viols répétés.
09:32Il se taise pour ne pas faire de peine à leur mère, puis se confie en 2008, elle minimise.
09:36Vous avez entendu ? La mère de Camille Kouchner, elle-même a minimisé.
09:40Et c'est pas fou, c'est même assez banal.
09:42Quand on connaît ce genre d'affaires, on sait qu'elles tiennent sur le silence.
09:45Et que même quand les adultes savent, en fait, ils ne veulent pas savoir.
09:48Et quand ils sont confrontés, ils minimisent.
09:51Et en ça, l'attitude de Bayrou face à Bétarame n'est pas si surprenante.
09:55Oui, il avait des soupçons sur l'établissement, mais il y a quand même scolarisé ses enfants.
10:00Et en fait, c'est une attitude tristement banale.
10:03Et pourtant, c'est l'inverse qu'on entend sur les plateaux.
10:05Si Bayrou savait, il aurait scolarisé ses enfants ailleurs.
10:09C'est du bon sens.
10:10Qui peut croire un instant que s'il avait su, il aurait laissé trois de ses enfants
10:15dans cet établissement ? C'est délirant.
10:17Mais ça constitue quand même du bon sens de père de famille.
10:19Je ne crois pas.
10:20Peut-être précisément parce que M. Bayrou, du fait du rôle qu'il occupe, du rôle public
10:25qu'il occupe, je pense que tout le monde peut imaginer que malheureusement, dans ce
10:29type de cas, si des enfants devaient être victimes de violences et de violences sexuelles,
10:33ce ne sont sans doute pas les enfants de M. Bayrou qui seraient concernés.
10:36Si vous, vous aviez connaissance d'un dossier pareil, vous mettriez vos enfants dans l'établissement ?
10:40Ah non, certainement pas.
10:41Si c'est le cas, il est peut-être audible quand même.
10:43Mais en fait, non.
10:44Surtout s'ils n'y croyaient pas.
10:46Et c'est tout le problème.
10:47Il avait connaissance d'accusations mais ne voulait pas y croire.
10:50Et on faisait comme ça à l'époque.
10:51On fait comme ça dans les familles de notable de toute façon.
10:54Et même s'ils se disent qu'il y a des petites violences sur les enfants, bon, ils
10:57vont s'en remettre.
10:58Le plus important, c'est de préserver l'ordre, de préserver la famille, de préserver l'institution.
11:02Il faut éviter le scandale, quitte à fermer les yeux, quitte à soutenir des agresseurs
11:07ou du moins des accusés.
11:08C'est également ce qu'a fait Philippe Devilliers par exemple, lorsqu'un de ses
11:11fils a accusé son frère de viol répété.
11:13Tout commence en 2006.
11:15Laurent Devilliers porte plainte pour viol contre son frère aîné, Guillaume, pour
11:18des faits qui se seraient déroulés entre 1994 et 1997.
11:22En portant ces accusations à l'époque, Laurent Devilliers sait à quoi s'attendre.
11:26Ils ne me pardonneront jamais d'avoir brisé le silence et d'avoir remis en cause le clan,
11:34la famille.
11:35C'est intouchable le sang, surtout chez les aristocrates.
11:37Après 4 ans d'enquête, la cour d'appel de Versailles conclut à un non-lieu.
11:41Pour Philippe Devilliers, l'affaire était avant tout politique.
11:43Son fils, celui qui portait l'accusation, avait été sans doute manipulé.
11:47Comme il l'avait fait dès 2006, à la suite de la première plainte pour viol de son fils
11:51Laurent contre son aîné Guillaume, Philippe Devilliers crie aujourd'hui au complot.
11:55« Interrogez-vous pour savoir qui avait intérêt à m'abattre.
11:58Vous croyez que c'était mon fils Guillaume qui était la cible de tout ça ? Mais Guillaume,
12:02tout le monde s'en foutait.
12:03Pas un seul journaliste ne lui a d'ailleurs parlé.
12:06C'était moi la cible.
12:07Il y a des choses plus importantes que la vérité et la sécurité des enfants pour
12:11les gens de droite.
12:12La réputation, la réputation de la famille, de l'entreprise de l'un, de la carrière
12:15politique de l'autre.
12:16Et dans le cas de Betaram, en effet, il s'agissait de protéger une institution, un écosystème,
12:21des amitiés.
12:22Et c'est en mettant tout ça bout à bout qu'on comprend mieux le silence de Bayrou.
12:25On comprend mieux aussi pourquoi il est si difficile de parler de cette affaire sur les
12:29plateaux télé.
12:30D'autant plus que dans cette affaire, le silence qui entoure l'affaire fait écho
12:32au silence qui entoure toutes les affaires d'agressions sexuelles sur enfants.
12:36Une personne sur dix a été victime de violences sexuelles dans son enfance.
12:40C'est ce que révèle trois ans de recherches menées par la Commission indépendante sur
12:44l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, la CIVIS.
12:47Un travail colossal et inédit en France.
12:50Son rapport, qui s'appuie sur près de 30 000 témoignages, documente un phénomène
12:54extrêmement massif, mais encore tabou.
12:56Le tabou est toujours la règle, en fait.
12:58Et Bayrou semble avoir respecté les règles, comme un homme de son temps.
13:02Du coup, sur les plateaux, on minimise.
13:04Bayrou a menti ? Non.
13:07Il a été maladroit.
13:09Si on en reste à ses maladresses, ses à-peu-près, dites à l'Assemblée,
13:16je pense de bonne foi, je crois qu'il est sincèrement persuadé
13:20que s'il avait su qu'il y avait vraiment des violences sexuelles atroces
13:24dans cet établissement, il n'aurait pas laissé ses enfants.
13:27Il s'en persuade, en tout cas, et je pense qu'il est honnête là-dessus.
13:31En fait, là aussi, on minimise.
13:32On minimise pour éviter quoi ? Pour éviter le désordre.
13:35Bayrou était sous la menace d'une censure, quand même.
13:37Et sur le plateau de ses dents l'air, c'était surtout la censure
13:39qui préoccupait l'éditorialiste du Point, Sylvie-Pierre Brossolette.
13:43S'il n'y a pas d'élément nouveau, je ne vois pas en quoi le raisonnement
13:48de la semaine dernière, qui était on ne veut pas mettre le chaos,
13:51elle serait reprise la semaine prochaine.
13:52Mais on est toujours à la merci d'un élément nouveau
13:55ou d'une faute de quart du Premier ministre
13:57ou d'un témoignage qui bouleverserait l'opinion.
14:00Ce genre d'affaires est très dangereuse parce que complètement émotionnel
14:04et donc quelquefois irrationnel.
14:06Et les votes, malheureusement, pour l'émotion de censure,
14:08quelquefois ça tient à ça.
14:09Eh oui, il y a un contexte.
14:11Et dans ce contexte, l'affaire est inflammable.
14:13Alors sur les plateaux, pour préserver l'ordre,
14:16pour ne pas rajouter du scandale au scandale, on défend Bayrou-Ango.
14:19Et pour ça, il y a différentes manières de procéder, regardez.
14:21Par ailleurs, est-ce que vous entendez la voix de certains qui disent
14:24attention à ne pas regarder ces fêtes d'il y a 30 ans avec les lunettes d'aujourd'hui.
14:28Peut-être qu'il y a aussi, ce n'est absolument pas une défense de ma part,
14:32mais un gap générationnel, que les choses ont évolué sur le sujet
14:37et que ce qu'il se passait il y a 30 ans n'était pas traité de la même manière
14:41qu'elles le sont aujourd'hui.
14:42Alors, elle ne prend pas sa défense, mais elle prend quand même un peu sa défense.
14:45Oui, surtout qu'en fait, on est au cœur du problème là.
14:47Oui, on traitait ces affaires comme ça il y a 30 ans,
14:49c'est-à-dire qu'on ne les traitait pas, on laissait le truc pourrir.
14:52Sauf que c'est ce qu'on lui reproche.
14:53A Bayrou, c'est d'avoir fait comme on faisait il y a 30 ans, là, maintenant.
14:55Sauf qu'en fait, même si c'était la règle tacite, ce n'était pas la loi.
14:59C'est-à-dire que l'entrave à la justice et la non-dénonciation,
15:02tout ça, c'était déjà punissable à l'époque.
15:04Ce n'est pas juste une histoire de meurtre,
15:06il y a des trucs qui tombent peut-être sous le coup de la loi.
15:08Passons sur BFM TV.
15:09Là, c'était plus mouvementé et on a vu que Sarah Legrun galérait à en placer une.
15:13Dès qu'elle avançait un élément, elle était coupée par des intervenants
15:16qui relayaient les éléments de la défense de Bayrou.
15:19Pour parler d'ailleurs en plus…
15:19En 98, juste pour préciser les dates…
15:21Et en 98, il était quoi ?
15:22Il était président du département, c'était juste plus ministre…
15:25Non, je te donne juste les faits.
15:26Il n'était plus ministre de l'éducation nationale.
15:28Et donc il est député, par exemple, moi, comme députée,
15:30si ça m'arrivait, je mobiliserais l'article 40 pour dire,
15:34attendez, là, je pense que…
15:35Tu es un peu moins…
15:36J'ai juste les dates, c'est tout.
15:37Je dis juste.
15:38À ce moment-là, je les…
15:39Et mieux que ça, on a aussi eu le journaliste
15:41qui a carrément relayé les éléments des défenseurs de Betaram,
15:44ceux qui visaient à jeter le discrédit sur la seule enseignante qui avait osé parler,
15:48celle qui avait fini par démissionner et dont on vous parlait tout à l'heure.
15:51Je tiens à insigner que la seule personne qui est partie de l'établissement,
15:54c'est une des femmes qui avait parlé, qui avait dénoncé l'effet de violences.
15:57Et qui voulait s'en prendre, selon ce rapport,
15:59qui voulait détruire cet établissement aussi.
16:01Il y avait visiblement une décharge très particulière de cette femme.
16:03Je l'ai lue, c'est pour ça que je me permets de le dire.
16:05Elle voulait détruire l'établissement.
16:06Comme on dit toujours, pour les personnes qui dénoncent les violences,
16:08il y avait aussi une infirmière qui avait parlé
16:10et il y avait un certain nombre de gens qui avaient parlé.
16:12Elle voulait détruire l'établissement.
16:14Pas forcément à cause de ce qui s'y passait.
16:15Peut-être qu'il y avait d'autres raisons,
16:17peut-être qu'elle était méchante, peut-être qu'elle était folle.
16:19Enfin, peut-on vraiment la croire ?
16:21Mais en fait, on peut complètement la croire.
16:22Pas sur parole, mais ne serait-ce que parce qu'il y a d'autres témoignages.
16:26Il y a eu près de 112 plaintes contre Bétharame.
16:28Donc là, si t'es journaliste et que t'as fait correctement ton boulot,
16:31tu le sais.
16:32Tu relances pas en disant « peut-être qu'on sait pas ».
16:34Si, on sait là !
16:35Et les journalistes qui ont interviewé tous les autres responsables politiques
16:38ces derniers jours, est-ce qu'ils ont bien fait leur boulot ?
16:40Manuel Bompard a été très attentif et il a noté quelque chose.
16:43Ce matin, sur BFMTV, le ministre d'Armanin a été interrogé 30 minutes
16:47sans qu'une seule question lui soit posée sur le scandale de Bétharame
16:50et les mensonges de Bayrou.
16:51Hier soir, dans C'est à vous, pas une seule question abardait là
16:53en une heure d'interview.
16:54Le sujet n'a pas non plus été évoqué une seule fois hier matin
16:57dans l'interview de la ministre Aurore Bergé sur CNews,
16:59du ministre Laurent Saint-Martin sur France 2
17:01ou de l'ex-ministre Priska Tévénot sur TF1.
17:03Enfin, sur France Info, quand on aborde le sujet,
17:05c'est pour que Renaud Dely se fasse l'avocat de Bayrou
17:08et s'en prenne à la France Insoumise.
17:10Pourquoi une telle omerta ?
17:11Qui donne les consignes ?
17:12Où est la presse libre et indépendante ?
17:14Ah oui, il faut écouter l'édito de Renaud Dely,
17:16il a raison de noter ça.
17:17Moi, je fais ça tous les matins.
17:18C'est important, t'as tous les éléments de langage du gouvernement dedans
17:21en pas longtemps.
17:21D'ailleurs, je vous ai fait un best-of, vous allez voir.
17:23Ses enfants étaient scolarisés dans l'établissement
17:25et il ne les y aurait évidemment pas laissés s'il avait su.
17:29Est-ce qu'on peut dire pour autant qu'il y a eu une affaire Bayrou ?
17:31Non, non Benjamin.
17:32Mais depuis trois jours, la rumeur et les propos
17:34de certains responsables politiques entretiennent un flou dévastateur.
17:37On entend « Bayrou savait » mais que savait-il et quand ?
17:41Et puis, il y a aussi une part d'exploitation politique.
17:43Quand les Insoumis hurlent au scandale d'État,
17:45réclament accord et écrivent la démission de France à Bayrou.
17:48Il n'est pas impossible Benjamin qu'ils espèrent aussi prendre leur revanche
17:51sur l'échec de leurs quatre motions de censure successives
17:53et mettre d'ailleurs au passage un peu plus la pression
17:55sur leurs anciens alliés socialistes qui n'ont pas voté ces motions.
17:58Bah voilà, tout ça c'est encore les Insoumis qui hurlent,
18:01qui font du scandale sur rien.
18:03Non mais y'en a marre un peu de eux là, non ?
18:04Oui, t'écoutes les grands médias, t'as l'impression
18:06qu'il n'y a que les Insoumis qui sont choqués.
18:07Pour les autres, ça passe.
18:09Oui, alors, il y a quand même un député écolo qui a interrogé Bayrou
18:12et qui a même demandé sa démission.
18:13Ah oui, mais c'est les Insoumis le problème, ils hurlent, on l'a dit.
18:17Puis des fois, ils veulent parler de ça alors qu'il n'y a pas le temps.
18:20Mais moi, ce soir, on m'a invité à cette émission
18:21en me disant qu'on parlerait du scandale de Bétharame.
18:24C'est un scandale d'État.
18:25On n'a pas le temps.
18:26Exactement, qui est un scandale d'État qui n'a même pas été mentionné
18:30au titre d'actualité tout à l'heure.
18:31Et sur les agences de l'État, si vous voulez que je vous réponde.
18:34Bon, là, il n'y avait pas le temps.
18:36Mais quand il y a le temps, il faut toujours rappeler
18:38que c'est les Insoumis qui instrumentalisent l'affaire.
18:40Là, on peut prendre le temps.
18:41C'est ce qu'a fait la communicante Magali Vicente de l'agence Leedon.
18:45Voilà, attention, c'est une professionnelle.
18:47Vous n'êtes pas prêts pour ce niveau d'expertise.
18:49On est toujours sur France Info.
18:51Oui, il y a une instrumentalisation politique, il faut le dire.
18:55Même si vous demandez aujourd'hui à l'intelligence artificielle
18:58son avis sur le sujet.
19:00Vous avez essayé ?
19:01Voilà, j'ai essayé hier soir.
19:02Je me suis dit, tiens, on va voir ce qu'il en pense sur tous les réseaux que j'ai testés.
19:07Même l'intelligence artificielle exprime qu'il y a une récupération,
19:10une instrumentalisation politique de l'affaire Bétarame.
19:12Dis-moi, Tchad GPT, quand on est invité sur un plateau télé
19:15et que notre seule expertise consiste à dire qu'on a demandé à Tchad GPT
19:20pour avoir une analyse politique, est-ce que c'est bien sérieux ?
19:23C'est compréhensible de se poser la question.
19:25Cela peut paraître léger d'utiliser une IA pour une analyse politique.
19:29C'est tout ?
19:30Et sur Mélenchon, tu ne l'as pas demandé ?
19:32La meuf, elle a dit sur le plateau,
19:34oui, Mélenchon a instrumentalisé l'affaire Bétarame politiquement.
19:38Je le sais parce que j'ai demandé à une IA.
19:40Tu penses qu'une IA est en mesure de fournir des réponses pertinentes
19:44à des questions si politiques ?
19:46Les IA peuvent donner un aperçu basé sur des données,
19:48mais elles ne remplacent pas une expertise humaine,
19:50surtout pour des questions aussi nuancées que la politique.
19:53Donc la meuf, c'est une tanche.
19:55On pourrait dire qu'elle manque peut-être de prudence dans son approche.
19:58Mes règles ne me permettront pas de parler de ça.
20:00Est-ce que je peux t'aider avec quelque chose d'autre ?
20:02Putain, elle est en train d'appeler le FBI.
20:05J'ai rien dit, j'ai rien dit !
20:06Et non, c'est pas très sérieux le traitement de cette affaire.
20:08On a quand même l'impression que les journalistes de plateau
20:10sont tellement obsédés par les petits jeux politiciens
20:13qu'ils finissent par réduire toute cette scandaleuse histoire de Bétarame à ça.
20:16Et c'est marrant parce qu'ils accusent la France Insoumise
20:18de vouloir déstabiliser Bayrou
20:20et d'instrumentaliser l'affaire pour ça,
20:23au lieu de la traiter sérieusement.
20:24Mais eux-mêmes, ils font tout sauf la traiter sérieusement, cette affaire.
20:26Tout ce qui les intéresse, c'est Bayrou.
20:28C'est l'angle qui revient le plus.
20:30Alors certes, l'affaire prend parce qu'elle colle à Bayrou depuis 30 ans
20:33et que le premier article de Mediapart avait choisi
20:36de mettre l'accent sur le silence de Bayrou.
20:38Mais même à partir de là, il y a plein de questions qui se posent.
20:40Vous avez entendu Alexis Brézé, Thomas Soto ou Greno Deli nous dire
20:44que si Bayrou savait, pourquoi aurait-il scolarisé ses enfants là-bas ?
20:48En fait, ils croient avoir clos la question.
20:50Mais non, au contraire.
20:51Là, ils avaient la bonne question, les gars.
20:53Mais ça ne devrait pas être votre point d'arrivée, ça.
20:55Ça devrait être votre point de départ.
20:56Comment ça marche, le silence ?
20:58Comment des institutions comme Notre-Dame de Bétarame
21:00obtiennent ce silence ?
21:01Celui des parents, celui des victimes,
21:03et puis celui de Bayrou, qui n'est qu'un silence parmi les autres ?
21:06Ça, c'est une vraie question.
21:07C'est la vraie question.
21:09Mais c'est peut-être pas la question la plus passionnante.
21:10C'est moins passionnant que de savoir si Bayrou va rester en poste,
21:13s'il est insoumis, je ne sais pas quoi.
21:15Bayrou n'a pas voulu savoir parce qu'il voulait éviter le scandale.
21:18Mais vous, c'est votre boulot d'essayer de savoir,
21:21de provoquer le scandale même, parce que la presse, c'est un contre-pouvoir.
21:25À moins qu'on en soit arrivés à un stade où les grands médias préfèrent l'ordre au scandale.
21:28Et là, on ne peut plus vraiment parler de contre-pouvoir.
21:32Et si vous aussi, vous voulez soutenir un vrai contre-pouvoir,
21:35n'hésitez pas à soutenir Blast.
21:36Évidemment, on vous le dit à chaque fois, mais on en a besoin.

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