Retrouvez « L'édito éco de Dominique Seux » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-eco
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00:00Dominique, ce comme en France, le futur chancelier allemand se trouve confronté à un Himalaya budgétaire.
00:07Oui mais Nicolas, le sommet visé n'est pas le même, il est même, si j'ose l'image, inversé.
00:11Vous avez l'image, en France, il s'agit de réduire les déficits, en Allemagne de les augmenter.
00:17Chaque pays force sa nature.
00:19De quoi parle-t-on ? Pour financer la hausse des dépenses militaires de l'Allemagne,
00:23Friedrich Schmerz doit trouver de l'argent.
00:25Or, une règle constitutionnelle de 2009 interdit aux pays de s'endetter outre mesure.
00:31C'est ce qu'on appelle le « frein à la dette », pas plus de 0,35% du produit intérieur brut de déficit public,
00:37« fair button », 0,35%, inutile de rappeler où on en est en France.
00:42Et donc, Dominique ?
00:43Patience, j'y viens.
00:44Or, et voilà le camp de base de l'Himalaya.
00:48Le Bundestag, sorti des urnes, ne permettra pas de lever ce frein à la dette.
00:52Parce que l'extrême droite ne veut pas donner de l'argent pour la défense européenne contre Moscou.
00:56Dans ces conditions, le chancelier Merz, le futur chancelier Merz, envisage, il l'a indiqué hier,
01:01de faire voter la chambre sortante, celle où il espère avoir une majorité.
01:06Il se donne 30 jours.
01:07Ici, François Bayrou a dû négocier pied à pied avec les socialistes.
01:11Outre-Rhin, la future équipe va essayer de jouer avec le calendrier.
01:16Résumons, les deux principaux pays européens sont coincés par leur situation politique.
01:21Le temps des majorités claires est passé.
01:23Et au-delà, quel est le projet économique de Merz ?
01:27L'économie allemande risque de connaître sa troisième année de récession.
01:30Il y a donc le feu au lac.
01:31La CDU a promis des allègements d'impôts importants, y compris pour les plus aisés.
01:36Pour les entreprises, réduction de la taxation des bénéfices de 30 à 25%,
01:41débureaucratisation, les allocataires de minima sociaux vont être sous pression.
01:45Au total, la facture, 100 milliards d'euros.
01:48Au total, là encore, miroir exactement inversé entre Paris, où les impôts grimpent,
01:53et Berlin, où ils vont baisser, moment libéral Outre-Rhin.
01:56Et conclusion plus générale ?
01:58Alors écoutez, ici même, jeudi dernier, on évoquait deux scénarios possibles.
02:02Une Allemagne vraiment européenne ou une Allemagne privilégiant la relation exclusive
02:07avec Washington au nom de ses seuls intérêts commerciaux.
02:10Eh bien, ces dernières heures, le futur chancelier a basculé, pour la sécurité,
02:15vers l'idée d'une défense européenne, comme jamais aucun chancelier avant lui.
02:20Il envisage même que la France et le Royaume-Uni offrent à l'Allemagne leur protection nucléaire.
02:25Offre, ne mot, n'est sans doute pas le bon, ça se paiera.
02:28Cela n'exclut pas que Berlin défende ses intérêts commerciaux,
02:31mais on a un début de réponse, il est révolutionnaire,
02:35avec cette fois une convergence entre les deux pays, sur l'essentiel.
02:39Et on a au passage, il faut le dire, la confirmation que la France a eu raison
02:43de défendre depuis si longtemps seule l'idée d'une défense européenne.