L'infarctus, première cause de mortalité chez les femmes, est souvent mal diagnostiqué. En moyenne, elles sont prises en charge 30 minutes plus tard que les hommes, selon une étude.
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00:00Saviez-vous que l'infarctus est la première cause de mortalité chez les femmes et pourtant elles sont beaucoup moins prises en charge que les hommes ?
00:06Pour en parler, Aurél Guelge, notre consultant santé BFM TV, nous a rejoint. C'est un rapport de l'Académie de médecine qui alerte.
00:12Les femmes sont en moyenne prises en charge 30 minutes plus tard que les hommes. Pourquoi ?
00:17Alors, il est important de comprendre quand même que l'infarctus de la femme, c'est une pathologie qui était un petit peu mise à l'abandon.
00:25Et puis aussi de comprendre que nous, dans notre formation en tant que médecin, malheureusement, la médecine, moi j'avais un maître à penser à l'époque qui me disait
00:32« rappelle-toi d'une chose », c'est pour ça qu'il faut avoir l'esprit critique, la médecine, c'est la médecine de l'homme blanc de 50 ans, parce que c'est finalement, elle a été écrite comme telle.
00:39Alors l'homme blanc, c'est plutôt facile à expliquer pour la partie blanche puisque finalement, les deux derniers siècles, c'est principalement une médecine occidentale,
00:44donc on fait avec les patients qu'on a, donc plutôt des patients blancs, mais pour le côté homme, là par contre, ça se fait poser des vraies questions
00:50puisque même dans notre formation, la majorité du temps, les planches d'anatomie, c'est des planches d'anatomie masculines.
00:55La façon dont on réfléchit sur l'infarctus, c'est l'infarctus masculin, alors que pour le coup, chez une femme, ça peut avoir une présentation, on va parler de tableau un petit peu plus bâtard,
01:03dans le sens où ça va pas être forcément les mêmes symptômes, là où l'homme, c'est le plus classiquement vraiment la douleur thoracique avec les radiations qui partent dans le bras, la mâchoire.
01:12Chez la femme, on aura ça que dans 50% des cas et surtout la chose dont ils font se méfier, c'est quand vous appelez le 15, que vous avez une énorme douleur et par exemple vous dites « j'ai des sueurs, j'ai des sueurs »,
01:19c'est des motifs pour lesquels on va plutôt s'inquiéter.
01:21Mais il y a donc un problème de retard de diagnostic.
01:23Il y a un problème de retard de diagnostic puisque c'est important de le rappeler, puisque pour l'AVC, on a très bien compris, les gens qui nous entourent ont très bien compris
01:29que pour le cerveau, il faut aller très vite, et bien c'est pareil pour le cœur, « time is me a card », c'est-à-dire que le temps qu'on va mettre pour le diagnostic, c'est du temps…
01:36« Time is me a card ».
01:37« Time is me a card ». C'est une façon de dire, le temps que vous allez mettre pour déboucher une artère, c'est du temps où votre cœur, parce qu'infarctus, ça veut dire nécrose, ça veut dire des cellules du cœur qui meurent.
01:46Donc, plus on va attendre, plus la zone qui est mal vascularisée va mourir.
01:49Donc, plus on attend pour diagnostiquer, plus vous risquez d'avoir des séquelles, moins vous allez récupérer post-infarctus.
01:55Qu'est-ce qui peut être fait pour changer la donne, à part travailler sur des mannequins femmes, féminins ?
02:00Comme vous venez de le dire, la formation et puis la sensibilisation, c'est-à-dire bien comprendre que quand on est une patiente, il faut être sensibilisé soi-même à sa propre condition,
02:11que lorsqu'on a mal, ce n'est pas normal et qu'il ne faut pas hésiter à appeler le 15, je suis là pour ça.
02:14Qu'est-ce qui doit alerter la femme, en priorité ?
02:16Évidemment, on a dit, ça reste quand même les mêmes symptômes, la douleur thoracique avec l'oppression, cette sensation d'étau, ça serre, ça serre, ça me fait mal.
02:24Aussi, quand on a une sensation complexe au niveau d'une douleur épigastrique en dessous, où là, ça peut être méfiant, on se dit, c'est bizarre, ce n'est pas comme les brûlures d'estomac habituelles.
02:31Oui, mais on n'hésite pas à appeler le 15.
02:33Et par contre, si on a cette sensation extrêmement bizarre où on se dit, je ne me sens vraiment pas bien, vraiment, ça me fait mal et je ne me sens pas bien,
02:39et derrière, les sueurs qui vont avec, on appelle le 15, on n'hésite pas et c'est notre travail à nous, justement, de nous rassurer et de dire, finalement, il n'y avait pas à s'inquiéter.
02:47Oui, il vaut mieux passer un coup de fil plutôt déplacé, plutôt que de mourir, il n'y a pas de honte à avoir.
02:54Merci docteur, c'est toujours clair avec vous.
02:56Vous me faites plaisir.
02:58Je ne sais pas comment, vous me faîtes toujours clair avec vous, merci beaucoup.