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00:00En marge de l'allocution solennelle du Président ce soir, Sophie Primat, porte-parole du gouvernement,
00:06s'est exprimée il y a quelques instants sur l'aide de la France à l'Ukraine lors du compte-rendu du Conseil des ministres.
00:11La France et l'Europe doivent donc désormais prendre leurs responsabilités.
00:15L'Europe est forte. La France, en tant que puissance militaire autonome, sous l'autorité du Président de la République,
00:22chef des armées, du Premier ministre et du ministre des armées Sébastien Lecornu,
00:26est donc prête à intensifier son soutien à l'Ukraine, à mobiliser des ressources
00:31et à garantir avec nos partenaires que notre continent construira sa propre souveraineté.
00:37Pour cela, nous devons accélérer le renforcement de nos capacités,
00:41organiser notre autonomie stratégique et investir davantage pour notre sécurité.
00:47Voilà Sophie Primat qui donne le ton, porte-parole du gouvernement.
00:50Bonjour David Amiel.
00:52Bonjour.
00:53Députés Ensemble pour la République de Paris, merci de nous accorder quelques minutes dans cette Europe 1-13h.
00:58Alors ce soir, on l'a dit, le Président de la République va donc prendre la parole.
01:02Est-ce que c'est d'abord un exercice de pédagogie à l'usage des Français ?
01:06C'est un exercice très important. Il y a des semaines où se jouent des décennies.
01:12C'est comme ça dans l'histoire et on est à un moment comme ça.
01:14Chacun voit bien que l'Europe doit se transformer pour résister d'une part à la pression militaire russe à l'Est
01:20et d'autre part à la pression économique américaine à l'Ouest.
01:23On tenait pour acquis la paix en Europe, l'Alliance Atlantique
01:28et on a vu en quelques semaines que ce n'était le cas ni de l'une ni de l'autre.
01:32Le Président de la République s'est beaucoup mobilisé ces dernières semaines sur le plan européen,
01:37vis-à-vis de l'Ukraine et évidemment vis-à-vis des États-Unis.
01:41Il a été à l'avant-garde de cette mobilisation continentale
01:44et donc je pense que c'est très important qu'il puisse rendre compte aux Français
01:47des actions qu'il a menées dans les semaines précédentes
01:50et de celles qu'il entend mener pour les semaines suivantes.
01:52Rendre compte aux Français, oui, et lever aussi beaucoup de flous et d'incertitudes.
01:56Il y a beaucoup d'inquiétudes de la part des Français.
01:59Évidemment, ils ont raison d'être inquiets. Cette inquiétude, on la partage.
02:03Et le Président de la République la partage.
02:05Évidemment, j'en suis convaincu.
02:07On est à un moment de bouleversement majeur de la géopolitique mondiale.
02:12Le monde sur lequel on s'était reposé lors des 30 dernières années est en train de s'effondrer.
02:17Les organisations internationales ne fonctionnent plus.
02:19L'Alliance Atlantique est menacée.
02:21La guerre revient avec une intensité renouvelée en Europe,
02:25avec évidemment la menace imminente sur l'Ukraine,
02:28mais une menace qui pèse sur l'ensemble de nos frontières européennes et orientales.
02:32Et il faut être évidemment capable de pouvoir mener un réarmement complet,
02:36réarmement militaire, réarmement économique,
02:38réarmement technologique et réarmement politique et moral.
02:41Jules Torres.
02:42Oui, bonjour Monsieur le député.
02:44J'ai une petite question.
02:46Est-ce que vous pensez que l'Ukraine peut tenir le combat face à la Russie sans l'aide américaine,
02:52étant donné que Donald Trump a temporairement et brutalement gelé l'aide militaire à l'Ukraine ?
02:59Oui, je crois que l'Europe a les moyens de pouvoir renforcer son aide financière vis-à-vis de l'Ukraine.
03:06Ça doit être d'ailleurs notre priorité absolue
03:08pour permettre à l'Ukraine de continuer à s'engager, à s'approvisionner en munitions, en armes pour les prochains mois.
03:14Mais l'étape d'après, c'est évidemment de pouvoir aussi être capable,
03:18le jour où il y aura un cessez-le-feu ou un accord de paix en Ukraine,
03:22de lui apporter des garanties de sécurité, à la fois d'ailleurs à l'Ukraine elle-même
03:26et à l'ensemble des pays de l'Est qui peuvent être menacés par les Russes.
03:31C'est le cas des Pays-Bas, c'est le cas de la Moldavie, c'est le cas de la Roumanie,
03:34c'est en partie le cas de la Pologne.
03:36Et pour tout cela, on a besoin que l'Europe se réorganise,
03:39parce qu'elle s'était totalement reposée ces dernières années sur la présence des troupes américaines dans le cadre de l'OTAN.
03:45David Damiel, député Ensemble pour la République de Paris, avec nous dans ce studio, Nathan Devers.
03:49Oui, bonjour David Damiel, j'ai une question à vous poser.
03:51Ça fait 20 ans que Vladimir Poutine teste les unes après les autres les limites de l'Europe et de l'Occident
03:57et notre fragilité. Il l'a fait en Géorgie, il l'a fait en Tchétchénie, il l'a fait en Syrie et il l'a fait en Ukraine.
04:03On savait depuis un certain temps quand même que Donald Trump avait des fortes chances de revenir à la Maison-Blanche
04:08et puis quand il a été élu en novembre, qu'il allait se passer quelques mois avant qu'il arrive
04:12et son programme était quand même assez clair.
04:14Il avait dit qu'il allait faire la paix en 24 heures, c'est-à-dire qu'il allait acter une sorte de soumission russe et de capitulation de l'Ukraine.
04:20La question que je voulais vous poser, c'est pourquoi l'Europe donne-t-elle l'impression d'avoir attendu
04:25qu'il y ait cette scène lunaire et catastrophique à la Maison-Blanche
04:29pour vraiment montrer qu'elle faisait un sursaut ?
04:31Pourquoi elle n'a pas commencé à faire ce réveil en novembre et peut-être même avant ?
04:36Vous avez entièrement raison, c'est incompréhensible.
04:38A l'exception de la France, en partie du Royaume-Uni, il y a eu une léthargie européenne
04:43non seulement ces dernières années mais ces derniers mois et encore ces dernières semaines.
04:46Jusqu'au bout, une grande partie des Européens qui avaient confié leur destin dans les mains américaines
04:51ont voulu croire que d'abord le premier mandat de Donald Trump n'était qu'une parenthèse
04:55puis que le second allait en fait être beaucoup moins agressif
05:00que ce que les promesses de campagne avaient laissé entendre.
05:03C'est une profonde erreur.
05:04Toute l'expérience qu'on a de Donald Trump montre que pour le meilleur et pour le pire,
05:08et surtout pour le pire, il fait à peu près ce qu'il a dit.
05:11Et on se retrouve dans cette situation-là.
05:14Vous avez parfaitement raison de le souligner.
05:16Ça fait sept ans que la France appelle à une autonomie stratégique, à une souveraineté européenne.
05:21Il a fallu ce choc-là pour entendre ces mots dans la bouche des Allemands.
05:26C'est le cas de Friedrich Merz le soir des élections législatives.
05:30C'est le cas évidemment de la Pologne, d'un certain nombre de pays européens.
05:34Mais vous avez raison, ce réveil il est très tardif.
05:36David Amiel, député Ensemble pour la République de Paris.
05:38Une dernière question sur les oppositions, les divisions.
05:41L'Assemblée nationale est très divisée sur la stratégie à adopter.
05:44Comment comptez-vous faire ?
05:46Je crois que ce n'est pas l'Assemblée nationale qui est divisée.
05:49On a eu une fracture nette avec le Rassemblement national et la France insoumise.
05:54Nathan Devers le rappelait très bien.
05:56La Russie de Poutine, elle a un projet impérial explicite.
05:59C'est la replication de l'Empire des Tsars.
06:00C'est devenu le carburant du régime.
06:02C'est son outil de légitimation.
06:03Il ne peut pas s'en passer pour survivre.
06:05Et pourtant, on a vu à l'Assemblée, comme dans l'ensemble des médias,
06:09le Rassemblement national ressortir un peu toujours la même rengaine de Moscou.
06:13Vous savez, c'est un peu comme l'adipte qui dirait une dernière invasion pour la route.
06:17Et après, c'est fini, je vous le promets.
06:19C'est ce qui a été dit après la Tchétchénie.
06:21C'est ce qui a été dit après la Géangie.
06:22C'est ce qui a été dit après la Crimée.
06:24Et c'est ce que les mèmes disent maintenant à propos de l'Ukraine.
06:26Et qui est relayé par le Rassemblement national.
06:28Bon, on ne sait pas vraiment si c'est de la bêtise ou de la soumission.
06:31Mais dans tous les cas, ça met évidemment gravement en danger la sécurité européenne.
06:34Heureusement, le Rassemblement national et la France insoumise sont isolés
06:38au sein de l'Assemblée nationale.
06:40Puisque l'ensemble des autres forces politiques ont exprimé clairement leur soutien à la stratégie française.
06:43Jules Thorez, une réaction à ce que vient de dire David Damiel concernant le Rassemblement national ?
06:46Oui, une réaction et une question.
06:48Est-ce que vous n'avez pas l'impression que, justement,
06:50les positions qui sont portées aujourd'hui par le Rassemblement national et la France insoumise
06:55sont celles que partagent les Français ?
06:57C'est-à-dire qu'ils ne veulent pas qu'on augmente leurs impôts pour sauver l'Ukraine.
07:01Ils ne veulent pas envoyer de troupes en Ukraine.
07:04Est-ce que vous n'avez pas l'impression que, finalement,
07:07les réactions de l'opposition sont celles des Français ?
07:11Je ne crois absolument pas que les Français souhaitent une politique étrangère
07:15dictée par l'alliance avec Vladimir Poutine
07:19et relayée par le Rassemblement national ou la France insoumise.
07:22Tout le contraire. Je crois que les Français sont une grande idée de la France.
07:25Personne ne propose d'alliance avec Vladimir Poutine en France.
07:29Ils ont proposé d'abandonner l'Ukraine depuis plusieurs années.
07:32C'est exactement ce qui en résulterait.
07:34Et donc, les échanges que j'ai avec les Français sont très différents.
07:37C'est une grande conscience de la gravité du moment,
07:39un grand patriotisme.
07:40Et c'est très loin de l'attitude antipatriotique qu'on a vue sur ces bancs-là.
07:44Un grand merci, David Damiel, à Débuté Ensemble pour la République de Paris
07:47pour ces quelques minutes avec nous dans ce studio.
07:49Et on se retrouve, nous, dans quelques instants avec Nathan Devers et Jules Torres
07:52pour poursuivre les débats et décrypter ce qui pourrait se dire ce soir
07:56autour de cette allocution d'Emmanuel Macron à 20h.
07:59A tout à l'heure.
08:0013h, 14h.
08:01Europe 1, 13h.
08:02Merci de nous rejoindre.
08:03Vous écoutez Europe 1 avec Céline Giraud jusqu'à 14h.
08:06Et avec vous aujourd'hui pour décrypter l'actualité,
08:08vos deux chroniqueurs, Céline Nathan Devers et Jules Torres.
08:10Et on va revenir sur cet entretien que nous avons eu il y a quelques instants
08:14avec le député renaissance David Damiel, député renaissance de Paris, Jules Torres.
08:19Bon, en creux, il accuse clairement le Rassemblement National et LFI
08:23d'être dans une alliance pro-Poutine.
08:25Oui, finalement, on revit les mêmes débats qu'on avait pu avoir en 2022
08:29lors de l'invasion en Ukraine que tout le monde a dénoncé.
08:33Il faut quand même le dire que tout le monde a reconnu dès le début
08:36que la Russie était l'agresseur et que l'Ukraine était agressée.
08:39Et aujourd'hui, on a les mêmes débats, les mêmes débats de politique politicienne
08:45sur vous êtes accusé de poutinisme.
08:47D'autres, le RN et la France Insoumise font exactement pareil
08:51en accusant Emmanuel Macron de vouloir brader l'Europe.
08:54La question, vous savez, de cette dissuasion et le partage de la dissuasion nucléaire,
08:57Emmanuel Macron, a été ambigüe et ça a été précisé ensuite
09:02par Sébastien Lecornu, mais les oppositions,
09:04et notamment le RN et la France Insoumise,
09:06ont pendant plusieurs jours maintenu cet élément de langage
09:10alors qu'on savait qu'il était faux.
09:12Donc, on voit bien que le débat politique s'enflamme
09:15à mesure que la tension monte sur ce conflit ukrainien.
09:19Moi, je pense qu'il faut écouter les dirigeants,
09:22pas ces débats de politique politicienne.
09:24Quand il y a des sommets, quand il y a des conclaves, si je puis dire,
09:28et des déclarations dans les sommets,
09:31je pense que c'est ça plutôt qu'il faut écouter.
09:33Et ça nous intéresse davantage que les petits débats,
09:36débats de très petits niveaux qu'on peut avoir à l'Assemblée nationale.
09:39D'un ton de vert.
09:40L'affaire est plus profonde que LFIRN.
09:42En fait, depuis 20 ans, il y a toute une partie de la classe politique française,
09:47dans plusieurs bords politiques différents, à gauche comme à droite,
09:51qui estiment qu'il faut avoir des relations d'amitié
09:55avec la Russie de Vladimir Poutine.
09:57Ça a été le cas de la présidence de Chirac,
10:00c'était un autre Poutine, de Nicolas Sarkozy,
10:04il y a eu un tournant avec François Hollande,
10:06mais donc on a eu beaucoup de gens, encore une fois,
10:08de beaucoup de bords différents,
10:10qui, par exemple sur l'Ukraine, disaient
10:12mais jamais Vladimir Poutine n'envahira l'Ukraine,
10:15c'est de la politique fiction, vous êtes fous, arrêtez d'être alarmistes.
10:18Ou qui ont dit, comme M. Mélenchon,
10:21en Ukraine, c'est l'Occident qui provoque la Russie.
10:24Ça, c'est la grande version de la France insoumise.
10:28Ou qui ont, comme Mme Le Pen, eu des relations,
10:31alors même des relations, on sait, les emprunts, etc.
10:33mais qui étaient extrêmement proches de Vladimir Poutine
10:35au moment des élections de 2017, notamment,
10:37et qui sont restées extrêmement complaisants sur certains points,
10:40l'emprisonnement de M. Navalny,
10:42qui n'avait pas été dénoncé au Parlement européen par les députés RN,
10:44l'annexion de la Crimée en 2014, etc.
10:47Face à cela, je crois qu'il faut dire que ceux
10:50qui ont fait le bon diagnostic sur Vladimir Poutine
10:53depuis 20 ans, et ils ne sont pas forcément très nombreux,
10:56et quand ils les faisaient, on les traitait d'alarmistes,
10:58on les traitait de vatanguers, on les traitait d'excités,
11:01et ces gens-là, c'est eux qu'il faut écouter.
11:03Parce qu'ils ont bien compris, ils prennent au sérieux Vladimir Poutine.
11:06Il y a une revue qui s'appelle Le Grand Continent,
11:08qui publie les idéologues de l'entourage de Vladimir Poutine,
11:11une revue française, qui publiait notamment Douguin,
11:14qui en publie d'autres, et quand on lit ces idéologues,
11:17et il faut les lire, c'est très important,
11:19on voit bien que ces gens-là détestent l'Europe que nous sommes,
11:22détestent les démocraties libérales,
11:24détestent les sociétés qui garantissent les droits individuels
11:27avant de garantir la volonté générale,
11:30et donc ils sont dans une logique de conflit ouvert contre nous.
11:33Et je crois que c'est dans cette logique qu'il faut bien,
11:36il ne s'agit pas de faire des instrumentalisations politiciennes,
11:38il faut bien remarquer que là, il y a eu un camp qui s'est trompé
11:41sur Vladimir Poutine.
11:42Non, il y a eu des camps.
11:43Des camps, mais en tout cas, il y a eu une partie de la classe politique,
11:45mais vraiment importante, qui s'est trompée complètement sur Poutine.
11:48Emmanuel Macron dit qu'il lui pense impensable, impossible,
11:52que la Russie envahisse l'Ukraine.
11:55Lui aussi a fait partie de cette naïveté collective
11:58qui a été celle de Jean-Luc Mélenchon,
12:00qui a été plus particulièrement celle de Marine Le Pen,
12:03qui a été celle de Nicolas Sarkozy, celle de Jacques Chirac.
12:06Il y a beaucoup de spécialistes.
12:07Ce n'est pas tout à fait la même chose, si je peux me permettre,
12:09parce que Jean-Luc Mélenchon, d'abord, sur la guerre en Syrie,
12:12il avait eu cette phrase que je cite souvent,
12:14où il avait dit que Poutine faisait le travail en Syrie.
12:16Il faisait massacrer des centaines de milliers de civils.
12:18Donc ce n'est pas seulement qu'il était naïf,
12:20c'est qu'il approuvait la chose.
12:22Premièrement, Marine Le Pen, pareil, l'annexion de la crivée, elle l'a approuvée.
12:25Emmanuel Macron, il a fait une erreur, comme vous le dites,
12:27c'est que quand il a été élu en 2017,
12:29il a reçu toute suite Poutine à Versailles.
12:33Personne n'est Madame Irma, personne n'est Nostradamus.
12:36Oui, la politique, c'est une affaire complexe.
12:39Parfois, on n'arrive pas à calculer ce qui va se passer.
12:43Parfois, l'imprévisible en politique, c'est comme un...
12:47Et là, il y a quand même une accélération.
12:49Ces dernières heures, ça va très vite quand même.
12:51Quand on pense que douze heures seulement, c'est par le moment où,
12:54effectivement, Volodymyr Zelensky se fait clasher.
12:58Il réagit très vite derrière, il envoie cette lettre.
13:00Moi, ce que je trouve intéressant, et c'est ce que Nathan effleurait tout à l'heure,
13:03c'est qu'il a fallu aux Européens une altercation qu'on n'avait jamais vue
13:07dans le bureau ovale à la Maison Blanche,
13:10pour que les Européens se réveillent enfin
13:12et qu'ils se disent, enfin, peut-être qu'on va arrêter l'atlantisme,
13:15peut-être qu'on va arrêter d'être à la botte des Américains
13:19et qu'on va augmenter nos budgets de défense,
13:21qu'on va réfléchir à 27,
13:23qu'il y a eu un électrochoc, ça c'est sûr,
13:27mais ça fait des années qu'un certain nombre de politiques
13:31disent que dans l'Union Européenne, il faut des nations souveraines,
13:33il faut des nations fortes,
13:34il faut des nations qui puissent avoir des budgets de défense
13:37pour rivaliser avec les nouvelles menaces que l'on a.
13:39On parle souvent de la Russie, il y a la menace du terrorisme,
13:42et face à cela, les Européens, pendant des années,
13:44ils n'ont pas accusé la menace existentielle qui planait.
13:48Sur l'Europe, je suis totalement d'accord avec vous.
13:50Je trouve que c'était vraiment une faute criminelle de l'Europe
13:54que d'être rentré dans cette sorte de vassalisation,
13:57de soumission joyeuse aux Américains.
13:59Très peu de dirigeants européens s'en sont rendus compte.
14:02De Gaulle s'en est rendu compte tout de suite.
14:04Certains intellectuels, de droite comme de gauche,
14:07ont pensé pendant la guerre froide
14:09que la France et l'Europe devaient être une troisième voie,
14:11ne pas être soumis aux Américains,
14:12parce que c'était extrêmement dangereux.
14:13Et on voit bien que ce qui se passe avec Donald Trump,
14:15ce n'est pas seulement les fous cas de Donald Trump,
14:17c'est un mouvement de repli qui a été commencé,
14:19notamment sous Obama.
14:20Mais juste une chose, la grande question aujourd'hui,
14:22c'est est-ce que Poutine va s'arrêter là ?
14:24Alors, en effet, personne n'est Mme Irma,
14:26personne n'est devin.
14:27Ensuite, d'un point de vue épistémologique,
14:28on peut faire du probabilisme.
14:29Ça veut dire dire parmi les hypothèses,
14:31au regard de ce qui s'est déjà passé,
14:32quelle est l'hypothèse la plus probable ?
14:34L'hypothèse la plus probable,
14:36si on analyse froidement ce qu'a fait Vladimir Poutine,
14:38c'est qu'il ne s'arrête pas là.
14:39C'est qu'il dise j'ai eu une victoire en Ukraine,
14:41je vais continuer de voir avec d'autres pays européens.
14:43Une victoire, ça veut dire j'ai gagné un bras de fer
14:45contre l'Occident, et en effet, l'Occident est faible.
14:47Il avait dit qu'il allait aller à Kiev en trois jours,
14:48ça a duré trois ans.
14:49Oui, mais pardonnez-moi, il l'a récupéré seulement
14:52d'après ce que l'on sait.
14:53Et un million de morts.
14:54Voilà, mais il y a beaucoup, beaucoup de morts,
14:55beaucoup trop de morts, ça c'est sûr.
14:56Les deux côtés, russes et ukrainiens et civils.
14:58Mais quand on voit par exemple la Pologne,
14:59qui est sans doute le nouvel État qui a compris,
15:02il a porté son budget de défense à 5%.
15:05C'est sûr qu'il craint, il a 210 km de frontières
15:08avec la Russie via l'enclave de Kaliningrad.
15:11Mais pardonnez-moi, Vladimir Poutine en trois ans
15:14n'a pas réussi à prendre 15% de l'Ukraine.
15:16Donc moi je veux bien que les politiques français,
15:18européens aient peur, qu'on nous dise que bien,
15:21la guerre est à nos portes.
15:23Pardonnez-moi, non, moi je n'ai pas l'impression
15:25que Vladimir Poutine soit à nos portes.
15:28Je pense que la Russie est une menace existentielle
15:30pour l'Europe, mais que la guerre n'est pas à nos portes.
15:32Mais ce que vous ne voyez pas, à mon avis,
15:33quand vous dites ça, c'est que Vladimir Poutine,
15:36quand on regarde, encore une fois, c'est pour ça que je répète
15:38sur les 20 ans, c'est un incroyable tacticien.
15:41C'est un excellent joueur d'échec.
15:43C'est quelqu'un qui a tout son temps.
15:44Lui ce n'est pas un président qui est là pour 5 ans.
15:46Il a tout son temps. Il prend son temps.
15:48Ça fait 20 ans qu'il observe la manière dont l'Europe est faible.
15:51Qu'il avance extrêmement lentement.
15:53Au moment de la guerre en Syrie,
15:54tout le monde disait qu'il était fini.
15:56Tout le monde disait que Bachar allait tomber.
15:58Il a fini par tomber, mais pour d'autres raisons.
16:00Mais il a gagné la guerre en Syrie.
16:02Il a gagné la Géorgie.
16:03Il a gagné la Tchétchénie.
16:04Et chaque fois, il y avait des gens pour dire qu'il allait s'arrêter.
16:06Il est allé trop loin.
16:07Là, c'est la dernière goutte.
16:09Et donc, à partir de là, évidemment, il n'a pas pris Kiev.
16:12Parce que Zelensky a résisté.
16:13Et là, il a fait une erreur de stratégie.
16:15Il a pensé que Zelensky allait partir,
16:17comme le président afghan est parti
16:18quand les Américains se sont retirés de l'Afghanistan.
16:20Mais, s'il a tout son temps devant lui,
16:22s'il a encore 10 ans,
16:23il n'a aucune raison de s'arrêter.
16:25Lui ou son successeur,
16:26ils n'ont aucune raison de s'arrêter dans cette logique.
16:28En attendant, l'incertitude,
16:30elle est aussi dans les mots d'Emmanuel Macron
16:32qui le dit dans ce moment de grande incertitude
16:35où le monde est confronté à ses plus grands défis.
16:37Je m'adresserai à vous ce soir à 20h.
16:40Écoutez David Lissnard, le maire LR de Cannes.
16:43Il a réagi à cette annonce.
16:44Moi, ce qui m'intéresse, c'est surtout qu'on sorte du théâtre,
16:47du théâtrodrome, des postures dans lesquelles on est.
16:49La situation est incertaine depuis des années.
16:51Depuis des années, les gens responsables savent
16:54qu'il faut armer le régalien,
16:56qu'il faut mettre un terme à un système social
16:59qui ne fonctionne plus.
17:00Donc, quels sont les pouvoirs du président de la République
17:03aujourd'hui de surcroît depuis qu'il a 10 sous ?
17:05Donc, si c'est pour une posture politicienne de puce,
17:07je le dis sans agressivité,
17:09pour jouer sur le mélo et l'exagération,
17:11ça me paraît peu intéressant.
17:13Moi, ce qui m'intéresse, c'est
17:14quels sont les intérêts de la France ?
17:15Comment on construit à nouveau une ambition collective
17:18puissante française et européenne
17:20et en sortant des effets d'annonce et du théâtre ?
17:25Voilà, David Dissner, il en a marre du théâtre,
17:27il veut du concret.
17:28Ce soir, il y a quand même un exercice de pédagogie,
17:30je le disais, pour le français.
17:31En fait, il veut rassurer les français,
17:32peut-être tracer une voie.
17:33Gilles Torres, à quoi il faut s'attendre ?
17:34Pardonnez-moi, moi, je ne suis pas de ceux
17:37qui a des mots positifs pour le président de la République
17:42de manière récurrente,
17:43mais sur la question des armées,
17:44c'est sans doute l'un des seuls,
17:46dès qu'il est arrivé en 2017,
17:48qui nous a parlé lors de son premier discours
17:50de la Sorbonne de l'autonomie stratégique,
17:52qu'il l'a redit en 2024.
17:54Il a augmenté le budget de l'armée de 32 milliards
17:58en 2017, quand il est arrivé,
17:59et là, on est à peu près entre 50 et 55 milliards.
18:02Donc, moi, je veux bien qu'on blâme Emmanuel Macron,
18:04son bilan sécuritaire, son bilan économique,
18:06son bilan migratoire,
18:07tous les bilans qu'on peut avoir sur le bilan militaire,
18:10sur le bilan des armées,
18:11notamment avec Sébastien Lecornu.
18:13Il a eu des avancées,
18:14il fait partie des pays européens, en tout cas,
18:17qui ont connu une hausse significative.
18:20Il va parler de défense européenne,
18:22je pense qu'il va aussi prendre à témoin
18:24les oppositions,
18:25il va faire du David Damiel en mieux,
18:27si je puis dire.
18:28C'est-à-dire qu'il va, sans doute,
18:30s'en prendre à la France insoumise,
18:31sans doute s'en prendre à la France nationale,
18:32mais surtout, il va redire ce qu'il a dit
18:34depuis maintenant sept ans,
18:35l'autonomie stratégique,
18:36une défense européenne,
18:38peut-être pas une armée européenne,
18:39peut-être pas le partage de la dissuasion nucléaire,
18:41mais il va redire ce qu'il dit
18:43depuis sept ans.
18:45Un effort de garde aussi,
18:47et là se posera la question
18:48du consentement des populations,
18:49parce que Mme van der Leyen,
18:51qui nous parle de 800 milliards
18:52pour aider l'Ukraine,
18:54moi je veux bien,
18:55mais avec quel argent,
18:56avec quelle troupe,
18:57avec quel pays ?
18:58On voit bien que l'Europe des 27,
18:59tout le monde n'est pas sur la même longueur d'onde,
19:01donc là, c'est là où le Président de la République,
19:03ça va être plus compliqué pour lui.
19:04Nathan Devers, à quoi vous attendez-vous ce soir ?
19:06Pour le coup, je pense que David Lissner,
19:07il soulève un point qui est majeur.
19:09Quand il parle d'ambition collective,
19:11l'ambition d'Emmanuel Macron
19:13et de la France,
19:14et du Royaume-Uni,
19:16sur la question ukrainienne,
19:17elle est assez claire.
19:19Il n'y a pas de problème là-dessus.
19:20Je pense qu'il n'y aura pas de grand suspense
19:22sur ce que va pouvoir dire Emmanuel Macron
19:24ce soir à 20h,
19:25peut-être qu'il y aura des annonces,
19:26mais voilà.
19:27Le problème de l'Europe,
19:28et on le voit,
19:29le problème de l'Europe,
19:30on l'a vu sur toutes les crises,
19:31on l'a vu sur la guerre en Syrie,
19:33vous vous souvenez quand même,
19:34sur les exilés,
19:35c'était une catastrophe cette cacophonie.
19:37On l'a vu pendant le coronavirus, etc.
19:39C'est qu'il n'y a pas de parole unique.
19:43Heureusement qu'il n'y a pas une parole unique,
19:47mais ensuite il faut qu'il y ait une décision unique.
19:49Il faut qu'à un moment,
19:50quand on parle de sursaut,
19:51un sursaut ce n'est pas possible,
19:52si vous avez sans cesse des palinodies,
19:54vous avez quelqu'un qui nous fait un bras de fer,
19:56et en même temps,
19:57on discute,
19:58on va dans un sens ou dans l'autre,
19:59on recule,
20:00on fait des réunions qui durent 4000 heures.
20:01On est quatre dans ton studio,
20:02on n'est pas d'accord,
20:03donc imaginez à 27.
20:04On n'est pas,
20:05si vous voulez,
20:06quand vous êtes 27 dirigeants
20:07attaqués par une puissance impériale
20:09à vos portes,
20:10ça devient problématique,
20:11cette logique de réunionnites
20:13qui engendre des communiqués
20:15qui sont vides de contenu.
20:17Et donc là-dessus,
20:18quand David Dissner parle d'ambition collective,
20:20ou en tout cas il faut dans ce cas-là
20:21que la France ait un leadership
20:22qui, quels que soient les autres pays,
20:24ce qu'ils peuvent dire,
20:25impose ce leadership avec le Royaume-Uni.
20:27Ça c'est central.
20:28On en saura plus à 20h,
20:29une allocution solennelle de 15 minutes environ,
20:32évidemment on suivra ça sur Europe 1.

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