Les conseils de notre docteur Brigitte Milhau sur les sujets santé qui vous concernent dans #LaMatinale
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00:00Bonjour docteur, vous nous parlez ce matin du possible lien entre médicaments pour maigrir et baisse de consommation d'alcool, ça mérite une explication.
00:10Oui, alors on va revenir au tout début. Il y a quelques années, on découvre une nouvelle famille de médicaments, les anti-GLPA, les analogues des GLPA, le glucagon, l'ipeptide, bref.
00:24Ces médicaments sont efficaces pour traiter le diabète. Ils font augmenter la sécrétion d'insuline et baisser le taux de sucre dans le sang.
00:32Et puis on s'aperçoit que ces patients qui étaient traités pour le diabète perdaient du poids.
00:37Donc, sachant quand même que le surpoids et l'obésité sont un problème majeur, on décide d'analyser tout ça et on s'aperçoit effectivement que ces médicaments pour traiter le diabète étaient aussi efficaces pour perdre du poids.
00:51Donc, on décide d'en faire une indication. Ils sont indiqués, il y en a trois en France, Saxenda, Vegovie et Mounjaro, qui sont indiqués en cas d'obésité.
01:03Et puis on s'aperçoit que ces patients qui prenaient ces médicaments avaient aussi une diminution, diminuée d'alcool.
01:11Non seulement d'alcool, mais aussi un peu de tabac, moins de cigarettes et aussi moins d'opioïdes.
01:18Les opioïdes, ce sont des anthalgiques comme la morphine, le fentanyl, etc., qui créent souvent des addictions.
01:25Et donc là, on a fait des études. En 2024, on a fait une étude sur l'alcool avec les personnes, ça s'appelle la molécule, c'est l'ozympique, ça s'appelle le sémaglutide.
01:36On a fait des études, certaines personnes prenaient ce médicament, d'autres prenaient d'autres médicaments contre l'alcool, naltrexone, topiramate, macha.
01:47Et on s'est aperçu qu'effectivement, les patients qui prenaient ces médicaments avaient une consommation diminuée de moitié par rapport à ceux qui prenaient les médicaments contre l'alcool.
01:57Là, on s'est dit, il faut qu'on prenne ça au sérieux. Et on a fait une étude où on donnait ce médicament, donc le sémaglutide, la molécule de sémaglutide,
02:08pendant neuf semaines, versus placebo. Donc la moitié avait le vrai médicament en injectable, à petite dose, 0,25 puis 0,5 puis un gramme, et les autres avaient du placebo.
02:20Et bien, on s'est aperçu que chez ces patients qui consommaient beaucoup d'alcool régulièrement et avaient de temps en temps de très fortes consommations d'alcool,
02:28et bien 40% de ceux qui prenaient l'arrêt, le médicament, 40% de ces patients n'avaient pas eu de fortes consommations d'alcool versus 20% pour ceux qui avaient le placebo.
02:40Donc, on le voit, ces médicaments sont efficaces. Après, il faudra une étude beaucoup plus large, sur une population beaucoup plus large et beaucoup plus longue, mais en tout cas, ça ressemble à ça.
02:53Alors, on a cherché à comprendre pourquoi. Alors, on sait que ces médicaments agissent à plusieurs niveaux. Je vais vous montrer les différents niveaux sur lesquels ils agissent.
03:04Ils agissent au niveau du pancréas, puisqu'ils étaient indiqués pour les diabétiques, en faisant augmenter la sécrétion de l'insuline.
03:11Ils agissent aussi au niveau de l'estomac, ils ralentissent la visage, donc on n'a plus faim. Ça, c'était l'indication pour le poids.
03:20Et ils agissent aussi au niveau du cerveau, et ils augmentent la satiété, ce qui veut dire que, OK, pour la nourriture, ils augmentent la satiété, mais peut-être qu'ils augmentent aussi la satiété pour d'autres drogues, pour d'autres substances.
03:33C'est-à-dire qu'en fait, ils n'ont pas besoin d'une grande quantité pour être satisfaits, si vous voulez. Autre explication, on s'est aperçu aussi que ces récepteurs au GLP1 se situaient un peu partout dans le corps.
03:48Et ça, c'est très intéressant, parce qu'on va peut-être avoir, avec cette nouvelle famille de médicaments, d'autres indications, peut-être au niveau vasculaire, on s'est aperçu qu'ils auraient aussi...
04:00On a aussi des récepteurs au GLP1 au niveau vasculaire, peut-être aussi au niveau de l'arthrose, au niveau des articulations, mais surtout, on s'est aperçu qu'il y en avait dans un petit noyau, qui s'appelle le noyau accubens,
04:11on en a deux dans le cerveau, et ce noyau est impliqué dans le circuit de la récompense. C'est-à-dire qu'en fait, c'est un circuit, je goûte ça, ça me plaît, j'y retourne, je goûte, ça me plaît, j'y retourne, je goûte, ça me plaît, j'y retourne.
04:23Et donc, comme ils agiraient en diminuant ce circuit, en l'inhibant un petit peu, je goûte, ça me plaît pas terrible, donc j'y retourne pas, je goûte, ça me plaît pas terrible, donc j'y retourne pas.
04:34Donc c'est peut-être cette raison aussi qui expliquerait cette diminution de la consommation d'alcool, mais encore une fois, vous imaginez, si on arrive à avoir des traitements qui permettent de réduire et la consommation d'alcool et la consommation de tabac, qui sont d'ailleurs très souvent associés, ce serait vraiment une, même si j'aime pas le mot révolution en santé, ce serait une vraie révolution.