À l'occasion du 150e anniversaire de Maurice Ravel, célèbre pour son "Boléro", une œuvre emblématique qui résonne toutes les 15 minutes dans le monde, une exposition a lieu à la Philharmonie de Paris. Elle met en lumière cette œuvre fascinante.
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00:00Ah tiens, on va célébrer un anniversaire, d'ailleurs t'aurais pu apporter un gâteau du coup !
00:05C'est vrai qu'on aurait mâché doucement pendant deux heures et demie !
00:08L'anniversaire de Maurice Ravel, qui aurait eu 150 ans aujourd'hui,
00:12hommage évidemment à son œuvre majeure, le Boléro évidemment, qu'on entend.
00:17Le tube de Ravel, qui est là, interprété par l'Orchestre symphonique de Radio France,
00:22presque 100 ans après la création du morceau, figurez-vous, je sais pas si vous le saviez,
00:26mais il y a un Boléro qui démarre toutes les 15 minutes dans le monde, quelque part dans le monde.
00:31En fait, on baigne dans un Boléro perpétuel parce que le Boléro dure 16 minutes.
00:36Quand il y en a un qui finit, il y en a un qui redémarre, tout simplement.
00:39C'est la musique permanente du monde, tu veux dire ?
00:41Exactement.
00:47Il y a une exposition à la Philharmonie autour du Boléro de Ravel,
00:50uniquement consacrée au Boléro de Ravel, c'est même la première fois qu'il y a une expo
00:54qui se concentre uniquement sur une œuvre, avec par exemple, là vous voyez,
00:59le manuscrit original de la partition du Boléro.
01:02Et voilà, c'est quand même assez rare de consacrer une exposition à une seule œuvre.
01:06Pourquoi ? Parce que le Boléro, en fait, il résume bien Ravel.
01:08A la fois sa fascination pour le bruit de machine, c'est une usine qui a inspiré le Boléro.
01:12Et quand vous l'écoutez, ça paraît évident, en fait, la cadence de l'usine.
01:18On voit aussi dans le Boléro son amour pour l'Espagne, son obsession du rythme.
01:22Et quand on lui demandait à Maurice Ravel quel était son chef d'œuvre,
01:25il répondait, bien sûr, c'est le Boléro, mais malheureusement, il est vide de musique.
01:29Il dénigrait beaucoup le Boléro.
01:31Pour lui, c'était une œuvre expérimentale, mais une œuvre très sain.
01:37C'est ce qu'il dit, voilà, c'est une œuvre qui est vide de musique.
01:40Un élève de conservatoire aurait pu faire l'orchestration.
01:43C'est vrai qu'elle est en do majeure, qu'elle est assez courte, qu'il n'y a que deux thèmes.
01:49Il n'y a pas de développement, si on veut.
01:51L'ostinato, c'est une répétition.
01:53L'accompagnement est quand même vraiment des plus simples.
01:56Et pourtant, c'est une œuvre avant-gardiste, dans le sens où elle anticipe peut-être
02:02les travaux de Philippe Glasse et des autres minimalistes d'un demi-siècle.
02:07Ça semble simple, le Boléro, mais faites l'exercice.
02:09Et essayez de siffloter le Boléro en respectant le rythme et la structure.
02:14Et vous allez voir que ce n'est pas évident du tout.
02:16Christophe s'est déjà abandonné.
02:18La construction est beaucoup plus compliquée qu'on ne le croit.
02:21Dans cette exposition, vous voyez aussi des objets rares.
02:23Vous allez voir sur les images de Nicolas Béart le bureau sur lequel Ravel a composé le Boléro
02:26pendant l'été 1928.
02:28C'est là qu'il a passé des nuits à chercher l'inspiration en fumant ses cigarettes caporales
02:32parce que le Boléro, c'est une commande.
02:35Et donc, il a fallu réfléchir à ça.
02:37Et puis, c'est un chef-d'œuvre populaire.
02:39Et comme toute œuvre populaire, il a été repris maintes et maintes fois.
02:42Tout n'est pas entendable.
02:43J'en ai écouté beaucoup, des reprises du Boléro.
02:45C'est vrai.
02:46Mais il y avait certaines reprises qui valent le détour.
02:48Écoutez version jazz.
02:56Carinétiste du jazz, Benny Goodman, fan de classique,
03:00qui avait repris notamment le Boléro.
03:02Allez, une autre ambiance.
03:06Un peu sale.
03:07Chanté.
03:08Los Barones de Apocada.
03:09Dakar, pardon.
03:10C'est le groupe mexicain des années 80.
03:12Incroyable.
03:13C'est très dansant.
03:14Ravel voulait que ça se danse.
03:16Et ça, c'est Franck Zappa.
03:17En 1991, cette version avait fait couler beaucoup d'encre.
03:21Elle avait choqué.
03:22Et les yandois s'étaient même opposés à la commercialisation du disque.
03:25Et puis, je voulais parler d'un pianiste pour terminer.
03:27Parce que lui, il a joué tellement de fois le Boléro.
03:30C'est le pianiste Bertrand Chamayou, qui est fan de Ravel devant l'Eternel.
03:34Il jouera d'ailleurs ce soir l'intégrale de l'œuvre de Ravel pour piano à la Philharmonie de Paris.
03:39Et pour lui, il faut dépasser le côté froid de Ravel.
03:42Et de Ravel, c'est ce qu'il a expliqué à Nicolas Baer.
03:45On a dit beaucoup de Ravel que c'était un compositeur qui a un artisanat parfait,
03:49qui est vraiment un compositeur qui connaît tout,
03:53qui écrit magnifiquement, que tout est absolument magique, etc.
03:56Mais on lui reprochait, notamment de son vivant, d'être peut-être un peu froid.
03:59Stravinsky l'appelait l'horloge suisse.
04:01Et c'est vrai qu'il y a ce côté extrêmement parfait d'écriture, etc., où rien ne dépasse.
04:06Mais moi, je trouve que c'est un compositeur au très grand cœur.
04:08Je sens ça dans sa musique.
04:09Et justement, matinée d'une certaine pudeur, ce que je trouve très touchant.
04:13D'autant plus touchant.
04:15Très cher Boléro, en tout cas, puisque les ayants-droit contestent l'entrée dans le domaine public du Boléro de Ravel, évidemment.
04:22Et il y a un nouveau procès qui doit se tenir en 2026.
04:25C'est toujours pas fini, c'est toujours pas terminé, cette histoire.
04:27C'est un véritable Euréglio.
04:28Allez, on s'offre quelques musiques.
04:39Il y en a un qui débute dans le monde tous les quarts d'heure.
04:41Eh bien, pour ce quart d'heure-là, c'était celui de première édition.
04:44Tout de suite, c'est la météo demain.