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En imposant une pax americana à l’Ukraine, Donald Trump précipite l’Europe dans un nouveau paradigme: se défendre seule face à une Russie impérialiste. Aussi, Emmanuel Macron tente-t-il de préparer l’opinion a un effort de guerre. La France consacre aujourd’hui 2% de son PIB à la défense. Elle va devoir faire plus. Beaucoup plus. C’est-à-dire, je cite le chef de l’Etat, “revisiter ses choix budgétaires”. En a-t-elle la capacité ? [...]

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00:00En imposant une Pax Americana à l'Ukraine, Donald Trump précipite l'Europe dans un nouveau paradigme.
00:15Se défendre seul face à une Russie impérialiste.
00:19Aussi, Emmanuel Macron tente-t-il de préparer l'opinion à un effort de guerre.
00:25La France consacre aujourd'hui 2% de son PIB à la défense.
00:29Elle va devoir faire plus, beaucoup plus.
00:32C'est-à-dire, je cite le chef de l'État, « réviser ses choix budgétaires ».
00:37Alors, en a-t-elle la capacité ?
00:39C'est le sujet de mon billet libéral.
00:42Effort de guerre, ça veut dire quoi ?
00:44Écoutez Thierry Breton, l'ancien commissaire européen.
00:47Passer à une économie de guerre a un coût.
00:5040 milliards d'euros supplémentaires par an pour passer à 3,5% du PIB consacré à la défense.
00:57Et 80 milliards pour aller jusqu'à 5%.
01:01Pour rappel, le budget de la défense est prévu pour 50 milliards d'euros cette année.
01:07Comment financer cet effort ? On connaît la chanson.
01:10D'abord par la dette, bien sûr.
01:12Au niveau européen, si les États membres parviennent à se mettre d'accord.
01:16Et au niveau national, avec là encore l'aide européenne,
01:20Bruxelles pourrait permettre d'exclure du calcul des 3% de déficit les investissements de défense.
01:26Malgré ce traitement spécial, le déficit et la dette françaises
01:31resteront largement au-delà des niveaux autorisés.
01:35D'où l'idée de redéfinir nos priorités budgétaires.
01:40Face ici de l'histoire, au moment même où il est question d'effort de guerre,
01:45notre pays s'engage dans une renégociation de la réforme des retraites
01:49avec l'objectif d'alléger l'effort demandé aux Français pour redresser les comptes.
01:55Anachronique et dangereux, je vous explique.
01:59Avec la chute du mur de Berlin, en novembre 1989,
02:03se sont multipliées les théories sur la victoire définitive des démocraties libérales sur le communisme.
02:09Résultat, les démocraties ont baissé la garde.
02:13Elles ont renoncé à préparer la guerre pour préserver la paix.
02:18Bruno Chrétien, président de l'Institut de la protection sociale, raconte
02:23C'était le temps des illusions, où Laurent Fabius annonçait les « dividendes de la paix ».
02:29On parlait alors de réduire les dépenses militaires pour ceux des endettés.
02:33Et de fait, dès 1990, le plan Armée 2000 engage le pays
02:39dans une politique de baisse des dépenses militaires.
02:42En moins d'un quart de siècle, elles passeront de 3,4% à 2,1% du PIB,
02:49soit une baisse d'un tiers de l'effort de défense.
02:53Le budget de la défense, d'ailleurs, va devenir une variable
02:57d'ajustement des finances lors des discussions budgétaires.
03:00C'est fini.
03:02Comme le dit le ministre des Armées,
03:04le temps des « dividendes de la paix » est définitivement révolu.
03:08D'accord, mais à quoi ont servi ces fameux « dividendes de la paix »
03:13qu'il s'agit à présent de récupérer ?
03:15C'est là que les choses se compliquent.
03:19Écoutons encore Bruno Chrétien.
03:21Nous avons bien eu la réduction drastique des dépenses militaires,
03:25mais en contrepartie, l'augmentation des dépenses sociales
03:29et de l'endettement public.
03:31Plus que tout autre pays, la France a profité de ces années
03:35pour laisser filer ses dépenses sociales.
03:38Entre 1990 et 2015, les dépenses de protection sociale
03:43sont passées de 25% à 32% du PIB,
03:47soit 180 milliards d'euros par an en valeur 2023.
03:51C'est énorme.
03:53Conclusion acide de notre expert,
03:56nous n'avons pas distribué les « dividendes de la paix »,
03:59nous avons gaspillé notre capital.
04:02D'où ce constat, la seule solution budgétaire tenable
04:06pour financer l'effort de guerre,
04:08c'est une baisse drastique des dépenses sociales,
04:11à commencer par les retraites.
04:13On revient toujours au même sujet, au même déni national.
04:17Les partenaires sociaux, les Français,
04:19sont-ils prêts à entendre ce discours ?
04:22On peut en douter.
04:24C'est pourtant la signification cachée
04:26de cette « révision des choix budgétaires »
04:29annoncée par le président de la République.

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