Chaque jour, Marguerite Dumont et ses équipes répondent à vos questions sur l'actualité.
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00:00Cette découverte forcément interpelle, j'aimerais qu'on regarde à nouveau
00:04l'image de cette bombe de la Seconde Guerre Mondiale, très impressionnante,
00:08500 kg, près d'un mètre de long, alors est-ce fréquent ? Cédric Mass,
00:12vous allez tout nous raconter, nous expliquer, vous êtes historien militaire,
00:16tout d'abord, est-ce qu'il y a encore beaucoup d'engins explosifs
00:20datant de la Seconde Guerre Mondiale sur le sol français ?
00:24Alors c'est assez rare d'en trouver dans des zones habitées comme cela,
00:28mais c'est toujours possible parce que le déminage qui a été effectué
00:32juste après la guerre s'est trouvé en concurrence avec l'objectif
00:36de reconstruire très rapidement le pays, ce qui était nécessaire pour reloger
00:40les habitants, reconstruire les voies ferrées, rétablir les services publics
00:44et la continuité de l'Etat, donc les arbitrages qui ont été faits
00:48n'ont pas nécessairement toujours permis d'enlever toutes les bombes,
00:52j'ai souvenir d'un certain nombre d'autres bombes qui ont été découvertes comme cela,
00:56ce qui est intéressant aussi, c'est que c'est quelque part une réminiscence,
01:00au-delà des tracas que cela inflige aux usagers, c'est une réminiscence
01:04des combats qu'il a fallu et des souffrances que les français ont dû endurer
01:08pour être libérés de l'occupation allemande, et notamment en ce qui concerne
01:12cette bombe, puisque c'est une bombe aérienne de 300 kg, il est vraisemblable
01:16qu'il s'agit d'une des bombes qui a été larguée lors du bombardement,
01:20terrible bombardement qui a frappé la zone dans la nuit du 20 au 21 avril 1944,
01:24pour préparer le débarquement, qui visait les voies ferrées,
01:28et qui a occasionné plus de 640 morts parmi les civils parisiens,
01:32alors même qu'il a été assez précis par rapport à d'autres, puisqu'il n'y a que 10% des bombes
01:36qui sont tombées en dehors des objectifs, selon les évaluations de l'époque.
01:40– Alors, Cédric Maas, ce qui est intéressant aussi, c'est une lapalissade,
01:43mais là où il y a le plus de bombes enterrées et non déclenchées,
01:45c'est là où il y a le plus de bombardements, ça veut dire que c'est les régions
01:48qui ont été les plus touchées par les bombardements, ou ça arrive le plus souvent,
01:50ce genre d'événement, non ?
01:52– Alors, c'est différent, là, les bombes aériennes,
01:54la particularité c'est que ça vise essentiellement les centres,
01:57les agglomérations, les centres industriels,
01:59Paris a subi un certain nombre de bombardements
02:01parce qu'il y avait des usines réutilisées par les Allemands,
02:04qui collaboraient avec l'effort de guerre allemand,
02:06les voies ferrées, les ponts, on se souvient des bombardements
02:10pour couper les ponts sur la Seine ou sur le Rhône notamment,
02:13et puis aussi la ligne de front, mais sur la ligne de front,
02:16ce sont plus des projectiles non explosés de type obus,
02:19et donc on pense notamment aux munitions qui sont chaque année
02:23neutralisées par les services de déminage,
02:26dont il faut saluer le courage et le travail.
02:28– Oui, parce que ce sont des munitions qui sont indemnes souvent en plus.
02:30– Oui, elles ont été tirées, elles n'ont juste pas explosé,
02:33mais enfin le détonateur, tout est enclenché,
02:35vous avez aussi dans la région de Normandie,
02:38aussi avec le débarquement, et donc toutes les zones de combat,
02:42donc essentiellement la partie nord-est de la France,
02:45ce sont des zones qui sont particulièrement propices,
02:47mais quand c'est au milieu d'un champ, ça fait moins de…
02:50ça mobilise moins les médias, alors qu'il en arrive chaque semaine,
02:53que quand c'est au milieu de Paris, un vendredi,
02:57de départ ou de retour de la France.
02:59– Évidemment, ça crée plus de pagaille en effet.
03:01Juste une dernière question, très rapidement Cédric Masse,
03:04ces bombes de la Seconde Guerre mondiale qui ont été retrouvées,
03:07ces munitions n'ont jamais explosé d'elles-mêmes ?
03:11Il y a toujours eu une opération de déminage avant ?
03:14– Non, non, alors ces munitions, elles sont en état d'explosifs,
03:18mais elles n'ont pas explosé, ce sont des ratés,
03:20comme il y en a régulièrement, et c'est pour cela que quand…
03:24et c'est un message qu'on peut envoyer de prudence,
03:26si un jour, en se promenant, on tombe comme ça,
03:28sur un projectile non explosé, surtout s'il est ancien,
03:31avec la corrosion etc., il ne faut surtout pas le manipuler
03:34et tout de suite alerter les services, parce qu'avec l'usure,
03:38il est totalement instable et donc totalement imprévisible,
03:43et donc il faut faire très très attention.
03:45Ces bombes ont été amorcées, on voit le détonateur là,
03:49donc elles étaient en état d'exploser, sauf qu'elles n'ont pas explosé,
03:52il y a des ratés, comme toujours, statistiquement.
03:55Là, si c'est une bombe du bombardement dont je vous parlais,
03:59il y a eu 2000 bombes pour 1245 tonnes d'explosifs
04:01qui ont été larguées en une nuit, en quelques heures,
04:03donc évidemment il y en a certaines qui n'ont pas explosé,
04:06qui ont pu tomber et qu'on a pu oublier après,
04:08au moment de la reconstruction.
04:09Donc prudence surtout si vous tombez sur des projectiles comme ça,
04:12même récents, même anciens,
04:14ce n'est pas parce qu'ils sont très anciens et corrodés
04:17qu'il faut les manipuler.
04:19Merci infiniment à Cédric Maas,
04:21on a bien compris en tout cas le caractère délicat de l'opération
04:23qui est menée en ce moment du côté de Saint-Denis.