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Télématin reçoit l'autrice-compositrice-interprète Camélia Jordana à l'occasion de la sortie du film "Reine Mère'.

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Transcription
00:00C'est l'heure d'accueillir notre invitée. Bonjour Camélia Giordano.
00:03Bonjour.
00:04C'est un plaisir de vous recevoir ce matin et pas sur n'importe quelle musique.
00:07On entend là la bande originale de Moulin Rouge.
00:11Parce que j'ai ouï dire que c'est le film Moulin Rouge qui vous avait donné envie un jour de pouvoir être actrice.
00:16C'est vrai.
00:17Pourquoi ?
00:18Écoutez, j'avais 10 ans et je regardais ce film quotidiennement, mais vraiment quotidiennement.
00:22De base d'Herman.
00:23Oui, de base d'Herman.
00:25Et je voyais Nicole Kidman vivre cette histoire d'amour impossible avec Ewan McGregor.
00:30Je les voyais tous danser, chanter, s'exprimer avec plein de danseurs et de danseuses.
00:35Et crier leur amour impossible en musique.
00:37Et vous vouliez être à sa place.
00:39C'est ça la vie. C'est ça que je veux faire.
00:42Et quelle vie.
00:43Bon, vous venez nous voir, non pas pour chanter aujourd'hui, même s'il y a plein d'albums préparation, on en parlera.
00:48Mais pour un très beau film qui est à l'affiche mercredi qui s'appelle Reine mère.
00:51Un film qui dépeint le quotidien d'une famille immigrée.
00:54Alors, effectivement, qui se débat dans une France où ce n'est pas toujours simple de s'intégrer et de trouver sa place.
00:58Vous êtes mariée. Votre personnage est marié.
01:00Mère de deux fils, scolarisée dans la meilleure école de la ville.
01:03Mais le propriétaire de votre appartement, il aimerait bien récupérer les clés.
01:08Et là, les ennuis commencent.
01:10Oui, les ennuis commencent parce que Amel, mon personnage, qui est une femme que j'adore,
01:14haute en couleur, avec un tempérament de feu, souhaite le meilleur pour ses enfants.
01:19Et donc, ces deux filles qui sont scolarisées dans une super école du coin, à Vincennes,
01:24elles en dépendent, elles veulent le meilleur pour ses enfants.
01:28Donc, si on la place dans un logement social à 45 minutes de l'école en question,
01:32ces gamines vont changer d'école.
01:34Donc, en effet, dans les années 90, on parle d'immigration,
01:37mais c'est quand même un film social dans lequel on va parler du logement,
01:40du déclassement social, d'éducation.
01:42On aborde quand même des thèmes assez universels et le tout avec une espèce de fantaisie incroyable.
01:48Je vous laisse dévoiler le mystère.
01:51Oui, parce qu'il y a de la fantaisie, il y a de la couleur, il y a de la poésie.
01:55Et puis, il y a une sorte de folie douce.
01:57C'est vous qui incarnez principalement cette folie douce.
02:00Et puis, il y a une de vos filles qui s'appelle Mouna.
02:02Et Mouna, en fait, elle a un ami imaginaire qui s'appelle Charles Markel.
02:07Ça me rappelle l'école, vous voyez.
02:09Parce qu'on nous en parlait, c'était celui qui, justement, avait repoussé les Arabes à Poitiers en 732.
02:15Et vous aussi, à l'école, c'est une histoire qui vous avait marquée, celle de Charles Markel.
02:19Oui, quand j'ai lu le scénario de Manel, en effet, c'est ce qui m'a beaucoup troublée,
02:22notamment au milieu de Mille Choses, parce que j'ai adoré lire ce scénario.
02:26C'est que je me suis dit, mince, ce qu'elle arrive à transmettre,
02:29ce qu'elle me raconte, de ce que la petite fille Mouna ressent,
02:33depuis le jour où ça m'est arrivé à l'école primaire.
02:36Je n'y avais jamais repensé, mais elle m'a replongée dans ce sentiment.
02:39Mais quel souvenir, justement, vous en gardez ?
02:41Si vous voulez, c'est un début de nourriture à la détestation un peu de soi, à la honte.
02:49Parce qu'en plus, j'ai grandi dans un endroit où il n'y avait pas de mixité.
02:53On était cinq personnes pas blanches dans l'école, même pas un par classe.
02:59Et si vous voulez, du coup, je me disais, mince, les Arabes, c'est moi.
03:04On a été repoussés, ça veut dire qu'on a fait une connerie.
03:07C'est hyper important.
03:08Et c'est vrai que je ne l'avais jamais conscientisé avant de lire ce scénario.
03:13Pour revenir au film, justement, cet ami imaginaire,
03:16il permet de faire passer des messages d'une drôle de manière.
03:19Lesquels ?
03:20Ce qui s'est passé, c'est que Manel Abidi, la réalisatrice du film,
03:25qui a aussi écrit le scénario, quand elle s'est mise à écrire le film,
03:28elle s'est dit, du coup, Charles Martel, il pourrait revenir à la vie comme ça,
03:32dans l'imaginaire de Mouna, ce serait son ennemi imaginaire.
03:35Et puis, elle s'est dit, je vais essayer de me documenter sur ce Charles Martel,
03:38savoir un peu quelle matière on a sur cette personne.
03:41Elle a vraiment galéré à trouver de la matière.
03:43Et puis, elle a fini par trouver les historiens spécialistes absolus de Charles Martel.
03:47Ils ne sont pas nombreux, mais ils existent.
03:49Et je vous avoue qu'elle était hyper étonnée parce qu'elle-même, on lui disait,
03:54non, mais en fait, non, c'est un fantasme absolu,
03:56cette propagande identitaire, nationaliste de Charles Martel
04:00qui repoussa l'invasion barbare de millions de Sarrazin.
04:04Pas du tout, ce n'est vraiment pas ça qui s'est passé.
04:06Et d'ailleurs, on le voit dans le film, à un moment,
04:08quand Mouna, obsédée par ce Charles Martel, accompagnée de Charles Martel himself,
04:12quand elle se retrouve au château de Versailles, devant cette représentation magnifique
04:18qui a été peinte elle-même 700 ans après la bataille en question, la bataille de Poitiers.
04:23Vous avez des femmes au sein nu, des bébés, Charles Martel a une couronne
04:27qui n'a jamais été sur sa tête, les fameuses montagnes de Poitiers, n'est-ce pas ?
04:32Qui n'existent pas.
04:33Enfin voilà, donc c'est une espèce de fantasme.
04:35Et donc Manel, la réalisatrice et autrice du film, scénariste, s'est dit,
04:38mais en fait, si Charles Martel revient aujourd'hui, il pète un câble.
04:42Il se dit, mais ce n'est pas moi.
04:43Et elle s'est dit, mais non, ça ne va pas être son ennemi,
04:45ça va être son ami imaginaire à Mouna et ils vont s'accompagner là-dedans
04:48dans cette crise identitaire tous les deux.
04:50Ils vont être alliés.
04:51Et c'est le but du film.
04:52Regardons justement quelques images.
04:54Avec plaisir.
04:56Et c'est en 732 que Charles Martel arrêta les Arabes.
05:01Je n'ai pas compris.
05:02Qui t'a poursuivi ?
05:03Mouna a cru qu'elle était poursuivie par Charles Martel.
05:06Tu ne dois pas aller souvent au cours de peste.
05:07Tu es partie avant moi, je suis arrivé avant toi.
05:09C'est celui qui arrêta les Arabes en 732.
05:12Les ? Pardon ?
05:15Les Arabes.
05:19Vous êtes au chômage ou sans activité ?
05:21J'élève mes filles.
05:22Enfin, j'en ai deux, mais elles comptent triple.
05:25Ton mari va continuer à travailler jour et nuit parce que tu ne vas pas t'abîmer les mains.
05:29Tu sais qui je suis ?
05:30Moi, c'est ma mère qui employait des femmes de ménage, je sais.
05:34Si on repartait en Tunisie ?
05:36Je vais rester avec papa.
05:37Je ne partirai pas avec toi.
05:38Tu as passé trop de temps chez les cathos, toi.
05:40Je te rappelle que chez nous, tu aimes d'abord ta mère, ensuite ta mère,
05:42après ta mère et seulement après tu aimes ton père.
05:46J'en peux plus qu'on se moque de nous, qu'on nous regarde à tous les coins de rue.
05:49Tu devrais appeler la NASA.
05:50Ils veulent envoyer la première blédarde sur la Lune.
05:52Je suis sûre qu'il y a plein de gens qui t'attendent là-haut.
05:55Tu te la pètes, quoi.
05:59Ce qu'il y a de génial, c'est que vous regardez ces images, Camélia,
06:02vous êtes morte de rire.
06:03Vous nous racontez des anecdotes de tournage.
06:05On va y revenir, vous allez être obligées d'en parler à la télévision.
06:07Et surtout, moi, quand j'ai vu la bande-annonce et quand j'ai vu le film,
06:10je me suis dit que quelque part, il y a du Camélia là-dedans.
06:13Forcément.
06:14Dans ce personnage ou en couleur.
06:16On le voit, là, sur le plateau.
06:17Elle vous ressemble, en fait.
06:19Elle est à la Méditerranée à l'image, quoi.
06:21Si vous voulez, c'est que Manel, elle a réussi à faire ça.
06:23Quand j'ai lu le scénario, j'étais troublée,
06:25parce que je m'identifiais à la fois à Mouna, la petite fille,
06:28et je lisais à Mel, et je me disais, mais c'est ma mère !
06:31Comment elle a fait pour faire ça ?
06:33Et alors, c'était drôle, parce qu'avec Sofiane,
06:35quand on était en préparation...
06:37Il vous donne la réplique et qu'il joue votre...
06:39Oui, Sofiane Zermany, qui est aussi connue en tant que rappeur,
06:42Fianso, qui a une carrière d'acteur magnifique.
06:45Sofiane Zermany, donc, on jouait ce couple de feu, quoi.
06:50Ce couple méditerranéen qu'on adore.
06:52Et quand on jouait au couple en prépa,
06:55pendant qu'on faisait les essayages de maquillage, coiffure, costume,
06:58on était main dans la main, on faisait des photos
07:00pour voir ce que ça allait donner,
07:02et on était tous troublés !
07:04On se disait, mais c'est mon père et ma mère !
07:06Mais moi aussi, c'est mon père et ma mère !
07:08Le père de Sofiane, qui était là, sur le plateau,
07:11pour la séquence, quand on descend les escaliers,
07:13après une visite d'appartement,
07:15il était derrière le combo, derrière le petit retour avec Manel,
07:18et il parlait de la mère de Sofiane,
07:20et on se disait, mais c'est elle, c'est Manel !
07:24Moi, ça me file un coup de vieux,
07:26parce que maintenant, vous jouez des daronnes !
07:28Vous jouez des mamans aussi !
07:30Ça veut dire que nous,
07:32on jouerait des grands-parents !
07:36La vérité, c'est que Manel, à la base,
07:38c'est grâce à Sofiane que j'ai pu faire ce film,
07:40pour être transparente.
07:42On allait travailler sur un film, on venait de se rencontrer,
07:44on est devenus très amis très vite,
07:46ce qui peut se ressentir à l'image d'une complicité assez folle.
07:48Je vous avoue, moi, c'est rare que je me sois vue...
07:50Je me suis rarement vue comme ça à l'image avec quelqu'un.
07:52Et, si vous voulez, Sofiane, on était en prépa,
07:54et il me dit, de notre autre film,
07:56et il me parle de ce projet. Je lui dis, attends, Manel Labidi,
07:58un divan à Tunis, j'ai adoré, s'il te plaît, parle de moi,
08:00envoie-moi le scénario !
08:02Et on s'est amusé avec mon agent à envoyer
08:04des photos de moi vieillie,
08:06parce qu'on l'a tournée il y a un an et demi,
08:08j'avais 30 ans, j'en ai 32 aujourd'hui,
08:10je dois jouer une quarantenaire dans le film !
08:12J'ai envoyé des photos de moi vieillie, fatiguée,
08:14pour dire, non, mais regarde, je peux être une mère de famille
08:16de deux enfants qui charbonne
08:18pour ses enfants.
08:20Il y en a une mère de famille à vos côtés, justement.
08:22Qui a bien envie de vous faire voyager, surtout.
08:24Oui ! J'aurais pu vous embarquer
08:26à Sydney Fridge, dans le quartier d'Ager,
08:28ou à Montmartre, mais j'ai choisi
08:30les cigales, j'ai choisi les chapeaux de paille
08:32et le soleil. On part dans le Var
08:34Camille Lazor d'Alain.
08:36Alors, justement, est-ce que je me trompe pas
08:38si je vous dis que les couleurs de votre enfant sont
08:40le bleu et le blanc.
08:42Et le jaune, même. On est tout bon.
08:44Et je vais vous faire sentir ça, pour vous replonger
08:46dans votre offense
08:48avec les cigales. Chute de romarin !
08:50Chute de romarin, j'adore, mais il faut me faire ça
08:52tous les jours, merci !
08:54Vous naissez à Toulon, vous grandissez
08:56à l'Allon des Morts, c'est bien ça ?
08:58C'était comment, justement, de grandir au bord de la Méditerranée ?
09:00C'était un privilège fou, dont j'avais
09:02aucune conscience à l'époque, parce que j'étais dans un tout petit
09:04village. Moi, je rêvais de la Tour Eiffel,
09:06de Nicole Kidman, du Moulin Rouge,
09:08jusqu'au jour où je l'ai quitté. Alors j'ai beau être très heureuse
09:10maintenant de vivre à Paris,
09:12le sud me manque.
09:14Et le soleil.
09:16Votre premier souvenir de musique, il se passe
09:18à hier, et je voudrais savoir si vous
09:20reconnaissez cet endroit.
09:22Oh !
09:24Vous avez fait ça !
09:26Vous êtes trop forte !
09:28Vous vous souvenez de ce que c'est ?
09:30Je n'étais pas prête pour de l'émotion comme ça, de bon matin.
09:32C'est quoi ?
09:34Merci pour ça. C'est l'église anglicane
09:36d'hier.
09:38Il s'est passé quelque chose là-bas ?
09:40Il s'est passé quelque chose là-bas.
09:42Là-dedans, j'ai vu ma mère
09:44chanter Carmen, et c'est mon
09:46premier souvenir de musique. J'avais 4 ans, il y a même une photo
09:48de moi accroupie dans mes petits collants.
09:50Je n'ai pas réussi à la retrouver.
09:52C'est là que je la garde pour l'instant.
09:54C'est mon premier souvenir de
09:56musique. Et votre maman chantait
09:58Carmen sans micro ? Elle n'en avait pas besoin ?
10:00Non, parce qu'elle a une voix folle. Ma mère,
10:02c'était vraiment...
10:04Elle a une voix de dingue.
10:06Il y a quelqu'un d'autre qui a compté dans votre romance et qui vient du Sud ?
10:08C'est cette personne. Surprise.
10:10Camélia, c'est
10:12un regard, un sourire
10:14avant le rire. C'est l'envie
10:16de dire, et puis
10:18l'envie de partager,
10:20de ressentir, et de vivre.
10:22Pour un instant, ou pour
10:24une heure durant, se retrouver,
10:26s'émerveiller, se raconter un peu du passé
10:28et de l'avenir, et puis se retrouver
10:30peut-être ailleurs. Tu connais la ville
10:32à Magdala ? J'y suis au mois de mai.
10:34Je t'attends. Bisous.
10:36Oh, Sylvie !
10:38C'est Sylvie, votre prof de théâtre.
10:40Sylvie Rémy, ma déesse, ma prof
10:42de théâtre. C'est la première personne
10:44qui m'a
10:46vue jouer, qui m'a faite jouer
10:48et qui m'a dit
10:50c'est bien ce que tu fais, continue.
10:52Et vous voyez la bonté.
10:54Vous voyez la bonté dans sa voix,
10:56dans ses yeux. Vous l'avez marquée,
10:58je pense. Elle aussi, elle m'a beaucoup
11:00marquée. Elle avait
11:02l'école de théâtre, les petits bonhommes,
11:04c'était des moments de joie pour moi.
11:06Je me disais, je vais retrouver Sylvie, je vais retrouver
11:08les élèves, on va pouvoir inventer. C'était génial.
11:10J'adorais ça. Il y a un autre chanteur
11:12qui vous a beaucoup marqué, qui va nous
11:14emmener en pub avant de se retrouver dans quelques minutes.
11:16Charles Aznavour, forcément.
11:18A tout de suite en télé maintenant.

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