Cette semaine dans Sports Stream, un Expert du handball est parmi nous : William Accambray. L'arrière gauche a tout gagné dans cette équipe de France imbattable : les Jeux Olympiques à Londres, trois fois champions du monde, champion d'Europe. Après une carrière en club exceptionnelle (Montpellier, PSG, Veszprém...), il évolue désormais à 36ans à Saran, en deuxième division.
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00:00:00Salut tout le monde, bienvenue dans SPORTSTREAM, chaque semaine dans le canap' un athlète
00:00:12pour une discussion en tête-à-tête.
00:00:14Mon invité n'a plus 20 ans mais toujours un bras surpuissant.
00:00:17Quand il entre sur le terrain, ses adversaires ne sont pas sereins.
00:00:20Il a la puissance de Thor, un palmarès en or.
00:00:23Alors vous l'avez compris, je ne suis pas Jacques Prévert, mais lui par contre, c'est
00:00:26bel et bien un expert.
00:00:27William Acambray est mon invité.
00:00:32Salut William, ça va ? Tu vas bien ?
00:00:34Ouais, installe-toi.
00:00:36Eh oui, William Acambray, un bras surpuissant, le handballeur William Acambray évidemment
00:00:40qui rentre sur le plateau sur du Coolio, Gangsta Paradise.
00:00:43Pourquoi ce choix William ?
00:00:45Parce que vous m'avez demandé et que je n'ai jamais trop d'idées quand on me demande
00:00:51quelle musique je préfère ou des choses comme ça, donc c'est toujours selon mon
00:00:54humeur et là, mon humeur a été dirigée sur cette musique-là.
00:00:58Bon choix.
00:00:59C'est vrai qu'elle met de bonne humeur cette musique.
00:01:02Tu vas me dire William, on va passer à une autre musique.
00:01:04Je crois que tu écoutes ça avant les matchs des fois.
00:01:10Ça t'arrive ?
00:01:12Dans Okuduro.
00:01:13Avant les matchs, non, mais je serais curieux de savoir pourquoi vous avez choisi celle-là.
00:01:17J'ai fait quelques recherches et j'ai vu qu'une fois, tu avais proposé cette musique
00:01:22en disant que tu écoutais ça avant les matchs.
00:01:23Peut-être que tu avais fait la même chose, parce que le journaliste t'avait demandé
00:01:26une musique et tu avais sorti ça en chantant des verres.
00:01:28Quand elle était sortie, cette musique, je la trouvais vachement entraînante et c'est
00:01:31vrai que je l'écoutais vraiment pas mal.
00:01:33Non, ça me va aussi, ça met de bonne humeur aussi.
00:01:37Ah nickel, on est bien.
00:01:38Autre chose qui va nous mettre de bonne humeur, c'est de regarder le palmarès complètement
00:01:41fou de William McAmbray.
00:01:42Regardez ça.
00:01:43On a essayé de tout mettre William, on a peut-être oublié certaines choses parce
00:01:47qu'il est complètement dingue ce palmarès.
00:01:48Neuf fois champion de France, sept Coupes de France, huit Coupes de la Ligue, cinq trophées
00:01:52des champions.
00:01:53Tu es vainqueur de la Coupe de Hongrie, champion de Slovénie, de Biélorussie, puis en sélection
00:01:56évidemment, champion d'Europe en 2014, triple champion du monde 2011, 2015, 2017 et puis
00:02:02le Graal, champion olympique en 2012 et puis alors il y a le meilleur buteur du championnat
00:02:06de France à plusieurs reprises, meilleur joueur du championnat.
00:02:08Voilà.
00:02:09William, ce palmarès, il est complètement dingue.
00:02:11Est-ce que ça t'arrive parfois, maintenant tu as 36 ans, tu joues à Sarran en Pro League,
00:02:16ça t'arrive de te poser, de te dire, waouh, j'ai effectué tout ça dans ma carrière,
00:02:20j'ai gagné tout ça ?
00:02:21Je me le dis surtout quand j'ai des discussions avec des gens qui m'en parlent, de moi-même
00:02:27non, je ne regarde pas vraiment ce que j'ai fait auparavant, d'ailleurs on a des interventions
00:02:35dans les classes, dans les écoles souvent et justement il y a des questions des enfants,
00:02:42parfois ils demandent combien on a gagné une médaille, des choses comme ça et c'est
00:02:47vrai que je pense que je n'ai même pas la réponse parce que je pense que je réponds
00:02:51une trentaine mais je n'ai pas compté exactement donc non, c'est quelque chose que je ne regarde
00:02:56pas, je ne regarde pas en arrière en général mais c'est vrai qu'en tout cas c'est des
00:02:58moments qui font plaisir quand on te rappelle que tu as gagné autant de choses, ça veut
00:03:02dire qu'on a accompli quelque chose d'assez bien.
00:03:04Oui mais c'est clair, vous avez marqué toute une génération, justement ça te fait quoi
00:03:08aussi de te dire que tu as inspiré une nouvelle génération ? Je suppose que tu as peut-être
00:03:12des jeunes aussi, même à Sarran actuellement en Pro League, des jeunes qui ont été inspirés
00:03:15par ton parcours, par ce que tu as fait sur le terrain, ça te fait quoi quand tu entends
00:03:19ça ?
00:03:20Ça fait plaisir, je pense que le plus beau des compliments c'est quelqu'un qui puisse
00:03:24venir te dire, c'est grâce à vous que je me suis mis au handball, on me l'a sorti
00:03:30quelques fois dans ma vie donc c'est vraiment des choses qui font plaisir à entendre parce
00:03:37qu'on se dit qu'on a été l'inspiration pour quelqu'un à un moment donné dans sa
00:03:42vie aussi donc ça réchauffe le coeur.
00:03:47Moi je vais te dire William, j'ai fait beaucoup de handball, tu m'as inspiré, alors tu te
00:03:50doutes bien que je ne jouais pas arrière gauche comme toi, j'étais élié évidemment
00:03:54avec le gabarit, mais en tout cas tu m'as beaucoup inspiré aussi et ça me fait très
00:03:58plaisir de t'avoir sur le plateau ce soir.
00:03:59Merci à vous.
00:04:00On va parler évidemment, William tu peux me tutoyer, ici on se tutoie.
00:04:04Visez-vous pour l'ensemble de l'équipe.
00:04:07Ok ça va, oui parce qu'on a aussi Nicolas Bayet, notre réalisateur qui fait encore
00:04:11du handball, donc qui est très content de ta venue également.
00:04:13William on va parler de toi dans cette émission, de ton parcours, mais avant ça on va rebondir
00:04:17sur l'actualité, il y en a pas mal avec l'équipe de France qui sort de deux grosses compétitions,
00:04:21les Jeux Olympiques et le Mondial, tu suis encore toi de très près les résultats des
00:04:25bleus William ? De très près non parce que je ne regarde pas tous les matchs, déjà
00:04:31parce qu'il y a des contraintes d'entraînement parfois, de timing, après ça dépend aussi
00:04:37les matchs, mais les résultats oui je les suis bien évidemment.
00:04:41Tu as quand même suivi quelques matchs du Mondial ? Le Mondial j'en ai regardé qu'un,
00:04:47j'ai regardé la demi-finale contre la Croatie, les matchs précédents j'ai vu les résultats
00:04:53évidemment mais j'ai pas vu l'ensemble des matchs.
00:04:56Alors on va prendre plus globalement, on ne va pas détailler chaque compétition, mais
00:04:59il y a eu une désillusion totale aux Jeux Olympiques avec cette élimination précoce
00:05:03des quart de finale face à l'Allemagne avec un scénario digne d'un film mais qui
00:05:07se finit très très mal pour l'équipe de France et puis donc la médaille de bronze
00:05:10au Mondial, l'équipe de France a quand même réussi à rebondir en allant chercher une
00:05:14médaille.
00:05:15Globalement qu'est-ce que tu penses de cette équipe là, du jeu qu'elle produit, qu'est-ce
00:05:19que tu en penses ? C'est une très belle équipe, déjà je pense
00:05:25que ce n'est pas évident de gagner une médaille donc il faut se rendre compte aussi des choses.
00:05:29Aujourd'hui l'équipe de France est souvent critiquée si elle ne finit pas dans le dernier
00:05:33carré ou même si elle ne va pas glaner un titre alors que c'est très difficile de
00:05:39glaner un titre au final parce que les autres équipes ont aussi envie.
00:05:42L'équipe de France actuelle c'est une équipe qui est remplie de talents, il y a beaucoup
00:05:49de joueurs qui jouent dans les meilleurs clubs au monde, il y a beaucoup de talents donc
00:05:55aujourd'hui je trouve qu'ils sont jugés assez sévèrement et assez rapidement aussi.
00:06:02Une troisième médaille aux championnats du monde c'est quand même un bel exploit.
00:06:06Les JO ça a été une grosse désillusion mais au final c'est une désillusion qui passe
00:06:11à côté pour un but et peut-être une erreur sur une action sur la compétition.
00:06:16La compétition n'avait pas été parfaite auparavant mais ils sont arrivés jusqu'où
00:06:20ils sont arrivés et il fallait déjà le faire donc je pense qu'il faut avoir plusieurs
00:06:27regards sur cette équipe, il ne faut pas seulement avoir un regard de toujours attendre
00:06:32l'or, l'or constamment parce que ce n'est pas évident d'aller chercher l'or à chaque
00:06:35fois.
00:06:36Très difficile aussi de passer après cette génération dans laquelle tu as fait partie,
00:06:39les experts, vous avez tout raflé sur votre passage, qu'est-ce qu'avait en plus cette
00:06:43équipe des experts William ? Comment on peut expliquer qu'elles gagnaient tout à chaque
00:06:47compétition ?
00:06:48L'expliquer je ne pourrais pas le dire parce que gagner une compétition c'est un mélange
00:06:55de beaucoup de choses, il y a le talent forcément, il y a le travail qu'il y a autour, il y a
00:07:01une part de chance aussi comme dans n'importe quelle compétition.
00:07:04Cette génération a gagné énormément de titres, les a enchaînés même, d'où aussi
00:07:13le surnom des experts et je pense aussi que c'était un nom pas facile à porter tous
00:07:17les jours parce que quand on t'appelle les experts, il faut assumer aussi le nom derrière
00:07:22donc ce n'est pas facile de passer derrière une génération où les gars s'appelaient
00:07:28les experts.
00:07:29Quel nom tu donnes aux générations suivantes ? Là c'est très compliqué, il faut assumer
00:07:33aussi le palmarès de tes aînés avant.
00:07:35Qu'est-ce que la génération des experts avait en plus ? Je ne sais pas mais en tout
00:07:39cas on s'est retrouvé à un moment donné dans une équipe où tu avais quand même
00:07:43cinq mecs qui avaient été les meilleurs joueurs du monde et qui jouaient dans la même
00:07:48équipe.
00:07:49Si je te dis William aujourd'hui sur ce plateau que les experts c'est la meilleure équipe
00:07:52de l'histoire du handball, est-ce que tu me contredis ou pas ?
00:07:54Au jour d'aujourd'hui, je pense que ça l'est au niveau palmarès, je pense que c'est peut-être
00:08:00l'équipe qui a gagné le plus de médailles dans un court laps de temps.
00:08:05Après aujourd'hui quand on regarde le Danemark à l'heure actuelle, ça arrive très très
00:08:09fort.
00:08:10Je crois que c'est la quatrième fois d'affilée qu'ils sont champions du monde il me semble.
00:08:15Je ne dis pas de bêtises, c'est du jamais vu.
00:08:19Ils ont une génération extraordinaire, tout le monde pensait qu'après la génération
00:08:23un peu de Michael Hansen, ça allait peut-être baisser un peu mais on voit qu'au contraire.
00:08:29Aujourd'hui, aller battre le Danemark c'est encore une marche au-dessus, notamment pour
00:08:37cette équipe de France qui est en place.
00:08:38Il y a quand même quelques rescapés de cette génération des experts qui faisaient encore
00:08:43partie de cette équipe, un seul d'ailleurs Nicolas Karabatic qui a disputé les Jeux
00:08:47et qui a officiellement pris sa retraite.
00:08:48Toi tu as joué avec lui, tu as joué en club à Montpellier, tu as joué en équipe de
00:08:51France.
00:08:52Est-ce que tu peux me parler un peu de lui, de ce qu'il t'a apporté peut-être et plus
00:08:56globalement de ce qu'il a apporté au handball français et mondial ?
00:08:59Je pense qu'il a apporté une façon de célébrer différente parce que quand on regarde le
00:09:11handball avant, j'ai l'impression que ça a été vraiment une des premières personnes
00:09:18à montrer sa rage après un but.
00:09:21Je me souviens quand j'avais commencé le handball, il n'y avait pas encore toutes
00:09:24ces célébrations.
00:09:25Un gardien qui faisait un arrêt, il n'allait pas devant la foule essayer de les remonter
00:09:31un peu.
00:09:32Un joueur qui marquait un but, il revenait tout de suite en défense.
00:09:35Je pense que le caractère de Nico a fait que justement il a impulsé un petit truc
00:09:41en plus au handball.
00:09:42Je pense que ça a démarré un peu de lui cette espèce de célébration, de marquer
00:09:46un but.
00:09:47Ça a mis un peu tout le monde dans cet esprit-là aussi.
00:09:50Au meilleur, derrière, dès qu'il faisait un arrêt, c'était pareil.
00:09:54C'était limite s'il n'allait pas provoquer le tireur en lui faisant tête contre tête.
00:09:58Je pense que c'est parti un peu de cette génération-là.
00:10:01Nico, il était inspirant de par le fait que ça a toujours été quelqu'un de très
00:10:07talentueux, peut-être le meilleur joueur de handball au monde.
00:10:11Mais toujours très professionnel, toujours très travailleur.
00:10:15Aux entraînements, quelqu'un qui a envie de s'arracher, même à l'entraînement,
00:10:20pas seulement en compétition.
00:10:21C'est quelqu'un qui seulement par sa présence tirait l'équipe vers le haut ou pas ?
00:10:26Oui, parce que Nico, il a une aura de par son expérience, de par les clubs où il est
00:10:31passé, de par ce qu'il a gagné, de par son exemplarité professionnelle aussi.
00:10:39Et puis quand tu joues avec Nico, tu n'as pas envie de perdre parce que déjà il est
00:10:44très mauvais perdant, il n'accepte pas la défaite.
00:10:47C'est quelqu'un qui est entraînant.
00:10:51Quand on joue avec Nico, il faut être un gagnant aussi.
00:10:55Il y a un expert évidemment sur le terrain, il y avait avec Nico Karabatic, il y en a
00:11:00un autre sur le banc, Guillaume Gilles, qui est entraîneur de cette équipe de France.
00:11:03Toi, tu as joué avec lui, je crois même qu'il a été ton assistant coach vers la
00:11:07fin de ta carrière en équipe de France, quand Didier Dinard était à la tête de
00:11:10cette équipe.
00:11:11Est-ce que le joueur qu'il était, Guillaume Gilles, colle avec l'entraîneur qu'il est
00:11:15devenu ?
00:11:16Je ne sais pas, parce que lorsque je l'avais eu, surtout quand il était second coach,
00:11:25il prenait beaucoup moins la parole justement, c'était plus Didier Dinard qui était mis
00:11:30en avant.
00:11:31Moi, Guillaume, je le connais comme quelqu'un de très naturel, qui dégage beaucoup de
00:11:40bonne humeur dans un groupe.
00:11:42En tant qu'entraîneur, je suis justement, ne faisant pas partie vraiment de la génération
00:11:49actuelle, j'aurais un peu de mal à me prononcer, parce qu'après, c'est toujours pareil.
00:11:53Maintenant, il y a aussi les réseaux sociaux, les médias, tout ça, donc entre ce que je
00:11:57vois des fois en commentaire dans les médias, et ce qui est la réalité dans un groupe,
00:12:02pour moi, il y a toujours un décalage, donc je ne pense pas être le mieux placé pour
00:12:06dire aujourd'hui s'il a le même caractère dans le groupe actuel de l'équipe de France.
00:12:09Par contre, il y a quelque chose qu'on a tous vu, et toi aussi, je pense, en regardant
00:12:12quelques matchs, c'est que sur les temps morts, ils laissent beaucoup de liberté aussi
00:12:15aux joueurs.
00:12:16Ils les laissent s'exprimer, ils les laissent donner leur avis sur la situation.
00:12:19Toi, tu as été coaché par Claude Onesta, en équipe de France, qui est une légende
00:12:23du coaching, un coach dur, mais un coach qui a fait gagner aussi cette équipe de France.
00:12:27Est-ce que lui se comportait pareil que Guillaume Jelowski ? Vous laissez autant de liberté
00:12:30pendant les temps morts ? Est-ce qu'il vous laissait vous exprimer ?
00:12:32Je pense que si le management est comme ça aujourd'hui en équipe de France, c'est
00:12:40justement à cause, entre guillemets, de Claude.
00:12:43Claude le dit lui-même, il a fait un livre, il explique même dans son livre qu'en fait
00:12:50il ne se considérait pas comme un coach, parce qu'il le disait, il disait « est-ce
00:12:54que vous pensez vraiment que j'ai besoin d'aller coacher Thierry Omeyer, comment
00:12:59faire un arrêt, à Didier Dinard, comment défendre, à Nikola Karabatic, comment attaquer
00:13:02? » Il a dit « moi, je suis juste là pour gérer les égaux et pour que tous ces égaux
00:13:07dans un même groupe se mêlent bien les uns avec les autres.
00:13:10» Aujourd'hui, l'intelligence qu'avait eu Claude, c'est d'être conscient que tu
00:13:15avais les meilleurs joueurs du monde et comment faire jouer les meilleurs joueurs du monde
00:13:19et leur donner un objectif commun.
00:13:22Il était plus dans un rôle de manager que de coach.
00:13:25Aujourd'hui, est-ce que c'est la même chose avec Guillaume Gilles ? Je pense qu'il continue
00:13:30un peu dans le fait que ce soit beaucoup d'échanges entre le staff et les joueurs, je ne pense
00:13:37pas que le staff soit très directif sur les façons de jouer, je pense qu'à chaque fois
00:13:44il consulte les joueurs, est-ce que ça vous va, est-ce que vous voulez modifier quelque
00:13:48chose.
00:13:49Dans ce sens-là, c'est ce qu'on voit de l'extérieur sur les temps morts comme tu disais.
00:13:54Guillaume, on va en reparler de l'équipe de France dans cette émission, mais on va
00:13:57faire un retour dans le passé, parce que toi tu as grandi dans une famille ultra-sportive.
00:14:00Ton papa Jacques était lanceur de marteau, il a participé deux fois aux Jeux Olympiques
00:14:03en 72 et 76, ta mère Isabelle pratiquait le lancer de disque, logiquement tu débutes
00:14:08par l'athlétisme je suppose ? Je pense que j'ai commencé par faire un an de natation
00:14:13déjà.
00:14:14Ok, tu étais bon ? J'essayais de ne pas couler, c'était le début où j'apprenais
00:14:18à nager.
00:14:19D'accord, tu étais très jeune.
00:14:21Non ça va, j'ai commencé par le handball, j'ai fait du handball avant de faire de l'athlétisme,
00:14:30c'est ma mère qui m'a un peu poussé entre guillemets aussi à faire de l'athlétisme,
00:14:36parce qu'elle venait de l'athlé et qu'elle considérait aussi que c'est un peu la base
00:14:39de tous les sports, donc courir, lancer, sauter, c'est vrai qu'on retrouve un peu toutes
00:14:44ces choses-là dans tous les sports, c'est un peu l'athlétisme, c'est vrai que c'est
00:14:50un peu l'école du sport, en plus j'ai toujours en tête cette remarque que m'a fait le décathlonien
00:14:56Romain Barras une fois, il venait souvent aux matchs de handball à Montpellier, et
00:15:00il m'a dit c'est marrant parce que quand on te regarde courir, il m'a dit tu cours
00:15:04comme un mec qui court un sprint, t'es l'un des seuls qui courent placés, ça se voit
00:15:07que t'as fait de l'athlétisme en fait, donc ça m'a fait rigoler un peu cette petite
00:15:12anecdote.
00:15:13Quand il y a eu un papa qui a participé deux fois aux Jeux Olympiques, le haut niveau
00:15:18c'était tout de suite un objectif pour toi assez tôt ?
00:15:22Non, pas du tout, déjà pourquoi j'ai arrêté l'athlé au bout d'un moment après en avoir
00:15:28fait plusieurs années, parce que je préférais être au handball et justement m'amuser au
00:15:34ballon avec les copains plutôt qu'être sur un stade à attendre mon épreuve un peu
00:15:38tout seul parfois, donc justement moi c'était le côté ludique qui m'intéressait, j'étais
00:15:43pas dans l'optique que plus tard je vais être en valeur professionnelle, en fait
00:15:49ça s'est fait naturellement, petit à petit, mais c'est vrai qu'on me le rabâchait sans
00:15:55arrêt depuis que j'étais jeune, on m'a dit mais de toute façon t'es voué à finir
00:15:58en équipe de France, tu vas finir en équipe de France, j'étais bon, à chaque fois que
00:16:02j'étais dans un niveau, je jouais avec le niveau supérieur, j'avais des facilités
00:16:07donc...
00:16:08Tu te posais des questions à ce moment-là ? Je me dis que ça doit être assez dur à
00:16:11gérer quand il y a autant d'attentes, quand on te dit de toute façon toi tu finiras en
00:16:15équipe de France, il y a quand même beaucoup de pression sur les épaules, est-ce que tu
00:16:18l'as ressenti un peu comme ça toi ?
00:16:19Non pas du tout parce que moi je prenais du plaisir et que...
00:16:21T'étais pas dans le calcul ?
00:16:23Non je n'étais pas dans le calcul et que j'ai toujours pris plaisir à gagner en fait
00:16:27donc je prenais du plaisir à être le meilleur donc je n'étais pas en train de calculer
00:16:34est-ce que je vais jouer là, est-ce que je vais faire ça, en fait ça a commencé un
00:16:38peu à se mettre en place quand j'ai intégré le sport étudiant à Nice, j'ai vraiment
00:16:41commencé à prendre conscience que je pouvais faire du handball mon métier.
00:16:47Je sais qu'en plus toi tu es fidèle quand même à tes premières couleurs, t'es parrain
00:16:50du handball des collines, c'est important pour toi de t'investir dans tes clubs formateurs,
00:16:55de ne pas oublier d'où tu viens ?
00:16:56Oui parce que quoi qu'il arrive, en plus j'ai toujours des connexions justement avec
00:17:05les gens entre guillemets et aussi avec qui j'ai pu commencer le handball, les gens ont
00:17:13la vision des sportifs de haut niveau, les mecs jouaient dans des grandes salles remplies
00:17:19mais au final on a tous commencé aussi dans un petit village, sur un petit terrain, moi
00:17:24j'ai commencé le handball c'était en extérieur, c'était même pas dans un gymnase, c'était
00:17:27sur du goudron à l'extérieur donc je sais où j'ai commencé, quand on me demande un
00:17:35service, si je peux rendre service justement, aller voir des fois des gamins à l'école
00:17:39ou aider une association, j'essaie de le faire avec plaisir en fonction aussi de l'emploi
00:17:42du temps et de mes disponibilités mais en tout cas c'est un plaisir de le faire.
00:17:47Tu sais quoi, le parrain du handball des collines a le droit à un petit message, on écoute ça.
00:17:53Salut William, on nous a demandé de dire un petit mot à propos de toi, Cédric et
00:17:58Stéphane qui sont tes premiers coachs quand t'étais enfant ne sont pas là aujourd'hui
00:18:01donc là on est tous les garçons et les filles des seniors du handball des collines,
00:18:06on voulait juste te poser une petite question, on a les filles qui sont qualifiées pour
00:18:09les 16ème de finale de la Coupe de France dans 15 jours et les garçons ils ont aussi
00:18:13cet objectif là, on voulait se demander si après ta carrière tu ne voudrais pas nous
00:18:17rejoindre pour essayer de nous aider à aller à Bercy pour faire une finale.
00:18:24Avant de répondre à la question tu nous dis quand même qui c'est William, cette personne
00:18:28qui t'adresse le message ? C'est David Venturelli qui s'occupe justement, qui a créé le handball
00:18:34des collines et qui justement gère au quotidien ce club, c'est pas évident, il y a des hauts
00:18:40et il y a des bas mais en tout cas c'est un passionné et c'est bien qu'il puisse en
00:18:45faire profiter les gens justement dans ce petit village qui est au Rouré, juste à
00:18:49côté en plus de chez ma mère.
00:18:51Et alors la réponse à la question ? La réponse à la question c'est non, le jour où j'arrêterai
00:18:56ma carrière j'arrêterai et je ne me remettrai pas sur un terrain de handball parce que déjà
00:19:01je considère que c'est dangereux, parce que quand on a joué au niveau et que tout
00:19:08le monde t'a regardé un peu aussi à la télévision tout le temps, je pense qu'il
00:19:14y a toujours quelqu'un pour essayer de vouloir se faire la main sur, faire un peu son exploit
00:19:19de carrière entre guillemets aussi et d'essayer de te mettre un gros contact ou quelque chose
00:19:24comme ça, on fait quand même un sport de contact donc je considère que c'est un peu
00:19:26dangereux d'essayer d'aller dans les plus petits clubs en fin de carrière.
00:19:31Et donc tes premiers coachs qui n'étaient pas là à ce moment-là, Cédric Venturelli
00:19:36et l'autre ? Cédric Fratani aussi.
00:19:38Et donc c'est eux qui t'ont fait découvrir le handball, David justement me disait que
00:19:44quand tu étais petit, tu étais réservé, introverti et surtout que tu jouais beaucoup
00:19:48pour les autres.
00:19:49Ouais, introverti oui, j'étais beaucoup plus timide que maintenant, je jouais beaucoup
00:19:57pour les autres oui parce que justement mon plaisir c'était de jouer avec mes potes.
00:20:02Après je ne sais pas quelle image on peut avoir de moi quand j'étais petit parce que
00:20:07je pense que je tirais quand même aussi souvent.
00:20:12Non je ne sais pas, ça c'est à eux de le dire, ce n'est pas trop à moi.
00:20:18T'inquiète, on va prendre des souvenirs plus récents William, on va ouvrir ensemble
00:20:21l'album de ta carrière, on va te proposer quelques photos qui vont traper des souvenirs
00:20:25et à partir de ces photos, on va discuter ensemble toi et moi.
00:20:27Ok, ça te va ?
00:20:28Ça me va.
00:20:29Allez c'est parti.
00:20:30La première photo.
00:20:31Allez les cheveux courts.
00:20:33Début pro à Montpellier, premier contre un pro, là on est en 2008, t'as 20 ans.
00:20:39Devenir pro William, on sait que c'est un chemin semé d'embûches pour certains,
00:20:45t'as l'impression que ça a plutôt été assez simple presque, t'as passé les étapes
00:20:49sans trop avoir de difficultés pour accéder à ce niveau-là ?
00:20:51Oui, ça s'est fait un peu dans la suite naturelle, j'avais intégré le sport études
00:20:58de Nice.
00:20:59Sport études de Nice, ensuite il y a Patrice Canailler qui m'a appelé pour que je vienne
00:21:05intégrer le centre de formation à Montpellier, à l'époque Montpellier était le club qui
00:21:09gagnait tout avec tous les internationaux justement, la moitié des gars de Montpellier
00:21:13étaient en équipe de France.
00:21:14Là on est en 2005, c'est ça, t'intègres le centre de formation ?
00:21:17Oui, quand Montpellier t'appelle, c'est difficile de refuser, surtout qu'à l'époque les matchs
00:21:26qui étaient diffusés à la télé c'était pratiquement que Montpellier à chaque fois.
00:21:31Quand Montpellier m'a proposé de venir, je n'ai pas réfléchi beaucoup, j'y suis allé,
00:21:37et c'est vrai que ça s'est fait assez vite, j'ai joué avec le centre de formation, mais
00:21:40dès ma première année, même avec le centre de formation, j'ai intégré le groupe pro
00:21:43et je ne les ai jamais vraiment quittés, donc mon premier contrat pro était en 2008,
00:21:48tu as dit il me semble, mais j'ai commencé à jouer dès la saison 2005-2006, je jouais
00:21:55déjà avec les pros en fait.
00:21:56Tu te rappelles, t'as un souvenir marquant de tes premiers entraînements ou de ton premier
00:22:00match avec le maillot montpellien ?
00:22:02En pro, oui, je sais que j'avais fait des exercices de 1 contre 1, il y avait Damien
00:22:13Cabenguélé qui était un défenseur très rugueux à l'époque, et je lui mets un énorme
00:22:17vent, je lui mets un rond de bras, il est à l'ouest complet, avec tous les mecs qui
00:22:21gueulent à côté, ouah ce qu'il t'a mis, sauf qu'en fait il avait toujours sa main
00:22:26sur mon ventre, il était très énervé avec tout le monde de chambre, et en fait il m'a
00:22:32ramené d'un seul coup et il m'a mis sur le cul avec une bonne clé de bras, le truc
00:22:38qui se fait absolument pas, mais juste par amour propre pour dire ok tu m'as peut-être
00:22:43mis un vent, mais t'es pas allé jusqu'au but gamin, donc ça c'était assez drôle.
00:22:49Oui parce que c'est vrai que tu l'as dit, t'arrives dans cet effectif qui domine outrageusement
00:22:52le championnat, à l'époque il y a Montpellier et puis il n'y avait pas le PSG, donc il y
00:22:55a Montpellier et Chambéry qui se tirent un peu la bourre chaque saison, mais Montpellier
00:22:59domine malgré tout, une équipe bourrée de stars, toi t'as des difficultés à t'imposer
00:23:03dans ce groupe, parce que, tu vois là tu le dis, alors c'est une petite anecdote marrante
00:23:06mais t'arrives, t'es un jeune, t'as les dents longues, t'as envie de prouver, mais
00:23:10t'as aussi les anciens qui sont là installés et qui veulent leur place.
00:23:14En fait je m'intègre vraiment très bien, j'ai pas de soucis d'intégration, je suis
00:23:21accepté vraiment très rapidement, malgré mon âge j'ai déjà la mentalité un peu
00:23:27des anciens, je suis capable même à 17 ans je vais les vanner sans problème, je m'en
00:23:32fous que tu sois champion du monde ou ce que tu veux, si j'ai besoin de te vanner je te
00:23:36vanne, je montre que j'ai du répondant, que j'ai de l'orgueil, après ce qui était
00:23:40pas simple c'est les premiers entraînements, parce que c'était quand même une génération
00:23:44comme tu l'as dit, si tu voulais intégrer le groupe, fallait prouver, même si t'étais
00:23:50un jeune talentueux, et même si moi j'ai quand même gagné ma place assez rapidement
00:23:56dans ce groupe, mais il y a des entraînements, je rentrais chez moi, même des fois j'avais
00:24:00pas envie d'aller à l'entraînement, parce que des fois ils te faisaient comprendre que
00:24:04ça allait être dur si tu voulais vraiment ta place, même on va dire des fois c'est
00:24:10certains professionnels qui faisaient la faute, c'était pas toi, ils te faisaient croire
00:24:15que la faute était pour toi, donc mentalement il fallait s'accrocher, et c'est pour ça
00:24:18que tout le monde n'a pas réussi à cette époque dans l'équipe de Montpellier, parce
00:24:21que certains n'arrivaient pas au niveau mental à suivre aussi cette génération-là.
00:24:26Tu te raccrochais à quoi justement, tu parles du mental, peut-être que ça se faisait moins
00:24:31que maintenant à l'époque, mais est-ce que tu étais suivi là-dessus, est-ce que
00:24:33tu pouvais en parler de ce que tu vivais, rien de grave évidemment, mais tu parlais
00:24:39un peu de ce moment où toi tu essaies de t'imposer dans un groupe bourré de stars,
00:24:43et où on essaie un peu aussi de te faire comprendre que tu dois rester à ta place.
00:24:46Non je m'accrochais, et au final je prenais du plaisir dans cette difficulté-là, c'était
00:24:53une difficulté, mais pour moi c'était un booster, donc je prenais du plaisir, c'est
00:25:02ça qui m'a permis d'être un gros compétiteur encore plus que je ne l'étais auparavant,
00:25:07je me disais bon le talent je l'ai, j'ai ma place dans ce groupe, mais maintenant
00:25:12il faut que je montre aux autres aussi que niveau mentalité je suis là, mais c'est
00:25:17pour ça que c'est même une des périodes que je préférais, parce que je me sentais
00:25:24vraiment la mentalité de la génération d'avant moi en fait.
00:25:27Tu vas me dire si je me trompe, mais à t'écouter parler, je n'ai pas l'impression que toi
00:25:31quand tu étais plus jeune tu as été forcément très fan de joueurs de hand que tu as pu
00:25:36côtoyer par l'avenir.
00:25:37Je ne l'ai jamais été.
00:25:38Je le vois un peu dans tes propos.
00:25:39J'aurais été plus fan d'un Michael Jordan, alors oui je lisais les magazines de hand,
00:25:47je regardais un Jackson Richardson comme tout le monde j'adorais, mais je n'étais
00:25:53pas spécialement fan d'un joueur de hand.
00:25:56Quand tu arrives à Montpellier en fait tu ne te dis pas ah waouh, lui il est là, je
00:26:00le regardais quand j'étais jeune, il n'y a pas ça.
00:26:02Si, on se le dit un peu forcément, quand c'est des mecs qu'on voyait plus à la télé
00:26:07et qu'on les voit en vrai on se le dit, pour moi on va dire le joueur le plus magique
00:26:11de l'époque justement, celui que je trouvais qui faisait des trucs fantastiques c'était
00:26:15Grégory Anctil, parce que je trouve qu'au niveau qualité de handball et de folie sur
00:26:22un terrain, c'était vraiment un Elie extraordinaire.
00:26:25Si j'avais un peu cet effet là, mais j'idolâterais pas quelqu'un en particulier en tout cas.
00:26:34William, impossible de parler de ce club sans parler du coach emblématique Patrice
00:26:37Canaillé qui a pris d'ailleurs sa retraite en juin 2024, après 30 ans au club, 42 trophées.
00:26:44Comment il était au quotidien ? On a parlé de Claude Onesta tout à l'heure qui était
00:26:46un coach assez dur, Patrice Canaillé avait aussi son caractère, je suppose que tu ne
00:26:52vas pas me contredire là-dessus.
00:26:53Quelle relation toi t'entretenais avec Patrice Canaillé ?
00:26:55Quand on est avec Patrice Canaillé, on n'a pas trop de relation en fait avec lui, justement
00:27:01parce qu'au niveau humain c'est quelqu'un de très difficile, qui met une barrière,
00:27:11mais en tout cas c'est toujours très carré, très protocolaire.
00:27:14C'est quelqu'un qui était aussi très maniaque dans sa manière de gérer les matchs,
00:27:22donc c'était vraiment un peu toujours le même schéma, toujours la même chose, toujours
00:27:25carré.
00:27:26Après, très gros travailleur, très perfectionniste, très grand tacticien au niveau handball.
00:27:33Il décryptait les images, il te faisait comprendre sa manière dont il voulait qu'on joue les
00:27:39matchs et il avait souvent de bonnes analyses.
00:27:42Si on regardait ses temps morts à Patrice, tu voyais que tout était précis, rien n'était
00:27:49laissé au hasard.
00:27:50Mais c'est vrai que comme personne à côté, les relations c'était souvent bonjour, il
00:27:54y avait peu de discours avec Patrice, mais avec le recul et avec l'âge que j'ai pris
00:27:58aussi maintenant, c'est quelqu'un que j'apprécie toujours de voir parce que j'ai encore pas
00:28:03mal à Montpellier, c'est quelqu'un que je croise encore parfois et en tout cas j'ai
00:28:07toujours plaisir à le voir parce que ça a été mon premier entraîneur en professionnel
00:28:11et pour moi c'est peut-être un, si ce n'est le meilleur coach que j'ai eu.
00:28:15En club, tu as aussi joué au PSG handball, à Aix, à l'étranger, maintenant tu joues
00:28:19à Saran.
00:28:20Montpellier, ça reste tes plus belles années dans ta carrière William ? Celle où tu as
00:28:24passé le plus de temps, mais est-ce que ça reste tes plus belles années ?
00:28:26Sans doute, parce que premier contre un pro, dans la meilleure équipe de France à l'époque,
00:28:37j'ai fait partie aussi de la génération qui a commencé les matchs de ligue des champions
00:28:42dans la grande aréna de Montpellier, j'ai fait partie aussi de la génération qui a
00:28:47commencé à gagner les matchs en ligue des champions à l'extérieur, parce que les
00:28:52générations d'avant, souvent on voyait Montpellier mettre des grosses fessées au club à domicile
00:28:58mais sans prendre de grosses à l'extérieur.
00:29:00Et si je ne dis pas de bêtises, on a peut-être été la première équipe de Montpellier à
00:29:04gagner à Vesprem, à gagner dans ces clubs-là, en fait j'ai fait partie de la génération
00:29:08qui a commencé vraiment à gagner dans les grands clubs en Europe, donc il y avait aussi
00:29:12un grand projet, c'était de former une équipe avec Omeyer, Karabatic, on devait aussi avoir
00:29:18une grosse équipe, il y avait un gros projet à un moment donné pour faire vraiment de
00:29:22Montpellier une des grosses plateformes européennes.
00:29:25Et puis en plus, la longévité est dingue, parce que même encore maintenant, Paris évidemment
00:29:30domine le championnat, mais Montpellier est encore là, c'est là qu'on se rend compte
00:29:33vraiment de la structure incroyable qu'est ce club de Montpellier, en parlant du handball.
00:29:38On va passer à la prochaine photo qui va te rappeler aussi des bons souvenirs William, je pense.
00:29:44T'étais jeune là-dessus.
00:29:45Le 19 mars 2009, face au Portugal lors des qualifications à l'Euro 2010, c'est ta toute
00:29:50première sélection, ton tout premier match en équipe de France.
00:29:53Ouais, je n'étais pas coiffé surtout.
00:29:57Ouais, c'était au Portugal, je mets deux buts, il me semble, je crois que je mets
00:30:03deux buts.
00:30:04Je parle un peu avec Jérôme Fernandez à la fin du match, il me dit quelque chose
00:30:09comme bien joué et tout, moi j'étais content.
00:30:11T'as l'air très détaché, alors t'as du recul, mais est-ce qu'à ce moment-là c'était
00:30:16vraiment ça, t'apprends ta sélection, tu enfiles le maillot bleu pour la première fois ?
00:30:19Ouais, j'étais, je ne sais pas, je jouais sereinement, je n'avais pas de pression
00:30:24d'outre-mesure, pour moi j'étais avec des potes et je jouais avec des potes.
00:30:28Donc voilà, mais c'est comme si là maintenant tu me redemandes c'est quoi mon premier match
00:30:35en première division, je ne suis même pas sûr de me rappeler, il me semble, si je ne
00:30:40dis pas de bêtises, ça devait peut-être être contre Villefranche, mais je ne sais
00:30:43même plus en fait.
00:30:44Si là je te demande un souvenir de ton premier but que t'as inscrit en équipe de France,
00:30:47tu t'en rappelles l'action à peu près, comment c'était ?
00:30:49Pas du tout, je ne sais pas.
00:30:51Ce n'est pas quelque chose à laquelle tu accordes une grande importance, toi c'était
00:30:54vraiment être là, te faire plaisir, porter le maillot.
00:30:56Oui, non, c'était prendre du plaisir et je savais qu'il y en aurait d'autres qui arriveraient
00:31:03derrière, donc non, je n'oublie vite ces choses-là.
00:31:07Et là c'est pareil, tu arrives en équipe de France, c'est un peu comme à Montpellier,
00:31:11il y a des meilleurs joueurs du monde quasiment à chaque poste, une équipe qui vient d'être
00:31:14championne olympique, qui vient d'être championne du monde aussi.
00:31:16Tu as un peu le même état d'esprit que quand tu arrives à Montpellier ? Tu te dis oui,
00:31:20j'arrive dans un groupe bourré de stars, mais moi je suis William Acambray et je compte
00:31:23bien m'imposer.
00:31:25Oui, j'ai un peu le même état d'esprit.
00:31:29D'ailleurs, c'est Patrice, la première fois que je suis en équipe de France, avant d'y
00:31:32aller, c'est Patrice qui me l'annonce sur un déplacement.
00:31:35On se met en place dans le bus pour aller en déplacement et il m'a dit « tiens, Claude
00:31:40m'a appelé et il va te prendre pour la prochaine sélection d'équipe de France », donc
00:31:44oui, j'étais content.
00:31:45Après, c'est le même effet que quand j'arrivais à Montpellier, c'est que des internationaux,
00:31:51les meilleurs joueurs du monde.
00:31:53Après, ça a été un peu difficile aussi au début parce qu'au final, j'intègre l'équipe
00:31:57de France en 2009, mais ma première compétition officielle, c'est en 2011, donc la compétition
00:32:01de 2009 et de 2010, je ne les ai pas vécues.
00:32:04Donc ça, ça a été un peu « une souffrance », parce que ce n'est pas facile à vivre
00:32:09quand tu fais une prépa entière avec une équipe et que tu ne vas pas à la compétition
00:32:12derrière.
00:32:13Donc 7 mars 2009, une semaine avant ton premier match en équipe de France, est-ce qu'on
00:32:20peut redire ? On me donne quelques infos dans l'oreillette qui sont très intéressantes
00:32:23concernant William.
00:32:24Vous vous imposez avec Montpellier à Vechprem et c'était la première fois de l'histoire
00:32:29du club, c'est la seule fois de l'histoire où vous réussissez à vous imposer à Vechprem.
00:32:32C'est quand même une performance énorme.
00:32:34Oui, et en plus, on gagne avec une équipe de jeunes, parce que dans cette équipe-là,
00:32:41s'il ne dit pas de bêtises, il y avait Rémi Salou, Adrien Dipanda, il y avait beaucoup
00:32:49de blessés à Montpellier, ou alors quelques-uns avaient été mis en pause, je ne sais plus.
00:32:53Et vraiment, avec une équipe de jeunes, je ne vais pas dire qu'on domine Vechprem,
00:32:59mais on va gagner à Vechprem et personne ne nous attendait, on a gagné là-bas, donc
00:33:04oui.
00:33:05On revient sur l'équipe de France.
00:33:06Tu nous parlais de 2011, tu as dû patienter avant de disputer ta première compétition,
00:33:10ça tombe bien.
00:33:11C'est la prochaine photo.
00:33:12J'aimerais que tu visionnes et on va en discuter, parce que moi je te le dis personnellement,
00:33:17c'était mon meilleur souvenir sportif en tant que fan de handball à l'époque, entre
00:33:22deux Danois.
00:33:23C'était tout simplement une compétition complètement dingue, vous vous imposez contre
00:33:27le Danemark après prolongation 37-35, comment tu as vécu cette première compétition officielle
00:33:34avec le maillot bleu ?
00:33:35Très bien, parce que déjà j'étais content d'y être et c'est vrai qu'au final,
00:33:43première compétition, première médaille et la plus belle de toutes en plus, avec justement
00:33:47ce scénario un peu incroyable à la fin où la sensation que le match est interminable.
00:33:55Ça a été vraiment le sens un peu du devoir accompli, d'avoir fait tout ce qu'il fallait,
00:34:03surtout que la compétition à un mondial, ça peut paraître long des fois, donc c'était
00:34:12contraignant pour le corps, pour le physique, t'arrives en quarte finale, t'as déjà
00:34:16mal partout.
00:34:17Le dernier match en plus, c'est vraiment un gros combat, ça met des coups, ça joue
00:34:25très bien au moment de balle, mais ça joue énormément physique.
00:34:27Je crois qu'il y a l'ancienne intendant Michel Barbeau, t'es à son âme, qui regardait
00:34:35ce match d'ailleurs, il a sauté à un moment donné de sa chaise qui s'est repliée, il
00:34:39est tombé à la renverse, il s'est ouvert la moitié du crâne.
00:34:42Quelqu'un a dû lui mettre une agrafeuse, lui mettre des agrafes sur le crâne à ce
00:34:46match-là.
00:34:47C'était assez drôle, mais c'est marrant de voir cette photo, je ne sais pas si c'est
00:34:53cette photo ou une autre, mais j'avais été élu meilleure photo du mondial.
00:34:58C'est Stéphane Piot qui avait pris la photo, première compétition, on avait élu sa photo
00:35:05avec moi dessus, qui avait été élu plus belle photo du mondial.
00:35:09Et d'ailleurs, on va continuer à en parler de ces championnats du monde 2011, on va se
00:35:12mettre un peu dans l'ambiance avec une musique qui va attraper des souvenirs, William, forcément,
00:35:17Final Countdown, la musique qui vous a bercé pendant toute cette compétition, j'ai envie
00:35:25de dire.
00:35:26Mais surtout, William, on dit souvent quand on parle des athlètes, la phrase un peu bateau
00:35:30le groupe vit bien.
00:35:31Moi j'ai vraiment eu, en tout cas devant ma télé quand je regardais ces championnats
00:35:34du monde 2011, j'ai eu cette sensation, c'est une bande de potes qui s'éclate, qui s'amuse
00:35:39comme si vous aviez 12-13 ans et que vous jouiez au handball, mais qui est championne
00:35:43du monde.
00:35:44Oui, c'est Manu Roux qui nous avait fait une espèce de vidéo, il commence à nous
00:35:54tendre des perruques, des perruques frisées, il nous dit faites des mouvements de tête
00:35:59comme ça, on va mettre cette musique en fond.
00:36:02Alors nous, quand l'attaché de presse de l'équipe de France à l'époque nous dit
00:36:05bon, va un peu avec le journaliste.
00:36:08Journaliste France Télévisions, Manu Roux, spécialisé dans l'Europe.
00:36:12Oui, et justement, chacun pensait à chaque fois qu'on va faire une interview, une petite
00:36:17vidéo un peu bateau et au final non, ça a été un truc, et tout le monde nous en
00:36:21a parlé de cette vidéo parce que ça a été vraiment très drôle, ça a été vraiment
00:36:26complètement en décalage avec le sérieux de la compétition et en plus, je ne sais
00:36:30plus quand on l'a fait, on a dû le faire avant la demi-finale.
00:36:32Oui, je vois, c'était à la fin de la compétition.
00:36:35C'était vraiment rigolo.
00:36:37Non mais c'est clair qu'en tout cas, cette compétition m'a fait vibrer, ça reste vraiment,
00:36:43c'est difficile toujours cette question de demander ton meilleur souvenir en équipe
00:36:46de France mais ça, ça doit être l'un des plus marquants non ?
00:36:49Lequel ?
00:36:502011.
00:36:51La victoire ?
00:36:52Oui.
00:36:53C'est dur, c'est dur à chaque fois parce que moi, dans ma carrière, tout le monde
00:36:58me parle à chaque fois de 2012 parce que la victoire aux Jeux Olympiques, etc.
00:37:02Mais c'est vrai que 2011 d'un côté, ça a été la première médaille d'or, champion
00:37:08du monde.
00:37:09Je n'arrive pas à détacher un fait marquant en fait.
00:37:15Je pense qu'un jour, je vais te répondre c'est 2011 la première médaille d'or, un
00:37:19autre jour, je vais te dire 2012, et un autre jour, je te répondrai encore, ben non, c'est
00:37:24peut-être mes souvenirs d'enfance où je m'amusais avec mes copains.
00:37:27Mais tu as eu l'impression d'être passé un peu dans une autre dimension après ce
00:37:30titre ? Je parle dans le handball, parce que quand tu es revenu dans le championnat de
00:37:34France, est-ce que tu as eu l'impression que les défenses te respectaient plus, que
00:37:37les adversaires te respectaient plus ?
00:37:38Non, je ne pense pas parce que les défenses, je leur faisais déjà mal.
00:37:41Oui, c'est vrai.
00:37:42C'est vrai.
00:37:43Non, parce que ça a été ma première compétition en équipe de France en 2011 mais ça faisait
00:37:46quand même six ans que je jouais en première division donc tous les joueurs me connaissaient
00:37:54un peu et je jouais déjà aussi en ligue des champions contre les meilleurs joueurs
00:37:57du monde donc tous les joueurs internationaux me connaissaient aussi.
00:38:02C'est un peu la confirmation finalement, tu me disais tout à l'heure quand j'étais
00:38:05jeune, on n'arrêtait pas de me dire, toi de toute façon tu finiras en équipe de France,
00:38:09là tu es champion du monde.
00:38:10Oui, alors une confirmation, non, mais pour moi c'était le début de quelque chose parce
00:38:16que déjà ce n'est pas évident d'être dans un groupe où quand tu es arrière-gauche
00:38:22et quand tu regardes les autres arrière-gauches du groupe, tu as Daniel Narcis, Jérôme Fernandez,
00:38:26Nicolas Karabatic.
00:38:27Donc en fait, tu es un arrière-gauche qui joue avec les autres meilleurs arrière-gauches
00:38:32du monde donc il faut se rendre compte aussi du collectif qu'il y avait donc c'était
00:38:39un collectif où personne, il n'y a pas tout le monde qui pouvait jouer 60 minutes vu le
00:38:43nombre de noms qu'il y avait dans cette équipe de France donc c'était déjà bien d'y être
00:38:47et de gagner quelque chose.
00:38:48Champion du monde et puis évidemment l'année d'après, champion olympique à Londres en
00:38:532012.
00:38:54Alors des Jeux, après un résultat un peu catastrophique pour cette équipe en tout
00:38:59cas qui raflait tout à cette époque, l'Euro 2012, vous faites onzième et à ce moment-là,
00:39:05même en tant que suiveurs, on se prend tous un peu une claque en se disant, wow, ok, finalement
00:39:09les experts ne sont peut-être pas invincibles.
00:39:11Comment ça a été vécu au sein du groupe cette claque, finir onzième à un Euro ?
00:39:16C'est mal vécu parce que tu as l'impression justement d'avoir peut-être la meilleure
00:39:23équipe qu'il y ait jamais eue en équipe de France avec justement que des noms connus,
00:39:31que tous les meilleurs joueurs du monde à leur poste et tu fais vraiment une contre-performance
00:39:36alors que tout le monde t'attend, tout le monde te met en favori donc ouais, ça met
00:39:40une grosse claque mais finalement, est-ce que ce n'est pas la claque qui nous a servi
00:39:44derrière et être champion olympique, c'est peut-être un mal pour un bien.
00:39:47Justement, Claude Onesta, toi il te sélectionne en tant que remplaçant, tu es 15e joueur
00:39:51donc en cas de blessure ou de choix du coach, tu peux intégrer le groupe, ce n'est pas
00:39:55facile je suppose de voir les copains s'entraîner, partir au match et toi tu restes un peu sur
00:39:59le côté.
00:40:00Tu as souffert de cette situation au début de la compétition ? C'était le premier
00:40:04jeu on rappelle.
00:40:05Un peu oui, après je faisais tout avec le groupe, je m'entraînais avec le groupe,
00:40:08je faisais tout avec le groupe, il n'y a que les matchs que je ne faisais pas où j'allais
00:40:12dans les tribunes.
00:40:13Oui, c'est parce que tu es aux Jeux olympiques et les Jeux olympiques forcément tu as envie
00:40:17de les jouer.
00:40:18Après depuis le début, Claude avait dit à partir des quartes finales, normalement
00:40:24on a le droit de faire un changement que sur blessure, il m'a dit donc on tâchera de
00:40:27blesser quelqu'un et on fera le changement à ce moment-là, tu rentreras sur le quart
00:40:32de finale, quoi qu'il arrive, tu rentreras.
00:40:35Entre ce qu'il dit et ce qu'il va faire, tu ne sais pas ce qui va se passer ou non.
00:40:42Quoi qu'il arrive, tu te prépares en conséquence sans savoir comment va vraiment se dérouler
00:40:46la compétition.
00:40:47Et puis voilà, il a fait ce qu'il avait dit et tant mieux, ça a aidé l'équipe derrière.
00:40:52Comment ça se passait, tu étais au village olympique avec eux ?
00:40:54Oui, je faisais tout, j'étais aux entraînements, j'étais dans les chambres avec eux, on faisait
00:41:01tout.
00:41:02Il n'y avait absolument rien de différent si ce n'est de ne pas être sur le terrain
00:41:05pendant les matchs.
00:41:06J'ai lu dans un article, tu vas me dire si cette histoire est vraie, qu'une chambre d'hôtel
00:41:09t'avait été proposée à Londres et que toi tu as préféré dormir dans le couloir
00:41:13entre deux appartements des handballeurs français sur un petit matelas.
00:41:16C'est vrai ça ?
00:41:17Non, c'est faux.
00:41:18En fait, il y a des appartements et dans les appartements, tu as des chambres fermées
00:41:24avec portes et comme dans tout appartement, tu as un espace salon, tu avais la terrasse
00:41:29et moi j'avais mon lit dans le salon.
00:41:31Au lieu d'être dans une chambre fermée où il y avait deux ou trois joueurs, j'avais
00:41:35mon lit dans le salon.
00:41:36Le seul inconvénient, c'était qu'en gros, j'étais toujours le premier à réveiller
00:41:40parce que c'était Jérôme Fernandez qui se levait en premier et qui allait faire son
00:41:44café.
00:41:45La machine à café, elle me réveille forcément, donc j'étais tout le temps le dernier couché,
00:41:50le premier debout.
00:41:51Tu étais en chambre avec qui d'habitude dans les compètes, Xavier Baraché ?
00:41:54Ça dépend.
00:41:55Le Mondial 2011, j'étais avec Nico Karamatic.
00:41:59Les autres compètes, non, j'étais avec Samuel Onrubia.
00:42:04Bon évidemment, voilà, Claude Onesta a respecté ses engagements.
00:42:11Quart de finale face à l'Espagne, match ultra important, quart de finale dans une
00:42:15compétition.
00:42:16Si tu perds, tu ressors, tu es sûr de ne pas avoir de médaille.
00:42:20Donc, Claude Onesta l'a dit, on va faire en sorte de blesser un joueur, Guillaume Joly
00:42:24qui a une petite gêne va sortir du groupe, toi tu l'intègres.
00:42:27Qu'est-ce qu'il te dit à ce moment-là, Claude Onesta ? Est-ce qu'il te donne des consignes
00:42:30particulières ? Qu'est-ce qu'il attend de toi ?
00:42:31Il ne me dit rien de spécial.
00:42:34Il m'a dit, c'est Guillaume qui va sortir et toi qui vas rentrer dans le groupe.
00:42:38Et puis voilà, après le match de l'Espagne, on est solide en défense mais très en difficulté
00:42:47en attaque.
00:42:48On marque pratiquement pas de but, on n'arrive pas à marquer, notamment sur la base arrière.
00:42:53Même fin de première mi-temps, il m'a dit à un moment donné, va t'échauffer, tu vas
00:42:57rentrer.
00:42:58Je crois que c'est Jérôme qui met un but à ce moment-là et du coup, au final, il
00:43:01ne me fait même pas rentrer.
00:43:02Mais c'est pareil, l'équipe continue à galérer en attaque.
00:43:06Par contre, à la mi-temps, il dit bon, prépare-toi, tu vas commencer la seconde mi-temps, c'est
00:43:12toi qui vas commencer.
00:43:13Et puis, je commence, je mets un but, puis deux buts et en fait, au-delà de ma performance
00:43:20personnelle, ça a surtout remis en marche le groupe.
00:43:27Le jeu est devenu plus fluide.
00:43:29D'ailleurs, je crois que ma première action, c'est un décalage à Mikael Guigou, si je
00:43:35me souviens bien.
00:43:36Donc, c'était pas au-delà de mes buts, c'était plus justement remettre l'équipe
00:43:40dans le sens de la marche.
00:43:41Ça a reboosté tout le monde.
00:43:42Même Xavier Baraché me l'a dit à la fin du match.
00:43:44Il m'a dit en fait, c'est tout bête, mais dès que tu as été sur le terrain, il m'a
00:43:48dit, ça m'a ré-énervisé.
00:43:50Oui, parce qu'on précise le contexte, 12-9 à la pause, aucun tireur français n'arrive
00:43:55à trouver la solution face à Arpad Sterbic qui est stratosphérique.
00:43:59Je crois qu'il a 61% d'arrêt à la pause, pour un gardien, c'est complètement dingue.
00:44:03Toi, t'arrives en deuxième période et en une seule période, tu marques 7 buts, dont
00:44:08le but de la victoire.
00:44:09Ça par contre, tu t'en rappelles de ce but, je suppose.
00:44:11Est-ce que tu peux me le décrire, William ?
00:44:12Il y a un temps mort.
00:44:16Il vous dit quoi, Clodon Estas, sur ce temps mort-là ?
00:44:18Il reste 20-25 secondes.
00:44:19Je ne sais même plus ce qu'il dit, honnêtement.
00:44:23Il y a un temps mort, on fait un enclenchement, je me retrouve de l'autre côté, vers le
00:44:29poste d'arrière-droit.
00:44:30Il y a la défense qui monte à un moment donné, je vois l'espace s'ouvrir en dessous
00:44:37de la défense, donc je cours en poste de pivot pour réclamer le ballon.
00:44:40Nico a la balle, il décide de tirer, donc il tire sur la poitrine de Sterbic.
00:44:45Je ne sais plus combien de temps il reste, je sais qu'il reste pratiquement une ou deux
00:44:49secondes.
00:44:50Je vois la balle en l'air, je me suis dit, je saute et tu la renvoies dans les filets.
00:44:53Et puis voilà.
00:44:54Il se passe quoi ? Quand tu me l'expliques comme ça, évidemment, c'était en 2012, donc
00:44:58on est 13 ans plus tard.
00:44:59Mais tu as l'air de me parler de ça comme si c'était un match, alors que c'est quand
00:45:04même un quart de finale des Jeux, c'est tes premiers Jeux, l'enjeu est énorme.
00:45:07Si l'équipe de France sort en quart, alors qu'elle reste sur un titre de champion olympique
00:45:10en 2008, c'est une désillusion.
00:45:13Donc tu permets à cette équipe de continuer à progresser dans la compétition, tu inscris
00:45:17ce but.
00:45:18Qu'est-ce qui se passe ? Là, tu exultes, c'est le bonheur absolu.
00:45:20Ce qui se passe déjà, c'est que je lève les yeux, parce que je ne sais pas si est-ce
00:45:23que le but est mis dans les temps, est-ce que je l'ai mis après ? Je vois qu'il est
00:45:28valide, donc là je suis content.
00:45:30Je ne sais pas trop.
00:45:32Tu es un peu en mode sauveur de la nation, héros des Jeux, c'est parce que tu as beaucoup
00:45:37dit ça.
00:45:38Je ne le prends pas comme ça.
00:45:39Je ne le prends pas comme n'importe quel match de hand que je fais, où justement je
00:45:42suis un compétiteur et j'ai envie de gagner le truc.
00:45:44Et là, je suis conscient, je sais que j'ai fait un bon match, et en plus c'est devant
00:45:48une salle de 15 000 personnes, la salle est pleine, tu as tous les sportifs de tous les
00:45:52autres sports qui sont venus voir ce match, je crois en plus qu'il y avait vraiment beaucoup
00:45:56de sportifs français.
00:45:57Et c'est drôle parce que ce match-là, je me prends un contrôle anti-dopage à la fin,
00:46:04et je n'ai pas envie de pisser pendant un long moment.
00:46:07En fait, il y a toute la salle qui se vide, même les gars de l'équipe, tout le monde
00:46:11se barre et je reste tout seul à la salle.
00:46:13Et en fait, au moment où je finis mon contrôle anti-dopage, il n'y a plus personne, je ne
00:46:17prends même pas le bus, je rentre à pied, je mets 20 minutes à rentrer tout seul à
00:46:21pied avec mon sac.
00:46:23Et là, c'est rigolo aussi, c'est pareil, je regarde, j'allume mon téléphone et je
00:46:26crois que je n'ai jamais eu autant de messages.
00:46:28Les messages, ça ne s'arrêtait pas de sonner, les réseaux sociaux, ça avait explosé.
00:46:32C'était rigolo.
00:46:34Après, évidemment, cette victoire face à la Croatie en demi, et puis finale face à
00:46:38la Suède.
00:46:39Comment ça se passe la veille d'une finale olympique ? Est-ce que tu arrives à trouver
00:46:43le sommeil ? Est-ce que c'est simple ?
00:46:44Je ne sais même plus, parce que déjà, je sais que je me couchais tard à chaque fois.
00:46:49Non, mais je crois que j'ai réussi à bien dormir, ça allait, je n'étais pas stressé
00:46:55outre mesure, j'étais plutôt serein, je me suis dit qu'on arrive en finale, il n'y
00:47:00a plus qu'à gagner maintenant.
00:47:02Je suppose que c'était un ressenti collectif, toute l'équipe était plutôt sereine, savait
00:47:07ce qu'elle devait faire.
00:47:08Oui, je pense que le fait de passer justement l'Espagne et la Croatie, on s'est dit qu'on
00:47:14arrivait à un moment où on ne peut plus perdre.
00:47:16On s'était dit que ce n'était pas la Suède qui allait nous gagner et on ne les a pas
00:47:19laissés gagner.
00:47:20Quoi qu'il arrive, ça n'a pas été forcément les mêmes scénarios qu'avant.
00:47:24Je pense que la Suède, on les a quand même dominés depuis le début sur cette finale
00:47:28et on a montré que c'était nous qui allions être champions.
00:47:31Vous vous imposez 22-21, champion olympique, c'est le graal d'une carrière pour un handballeur
00:47:36également.
00:47:37J'en parlais en introduction.
00:47:38C'est vrai que tu dis le score parce que quand tu me dis 22-21, aujourd'hui quand je regarde
00:47:43les scores de handball, les matchs se finissent à des 35-34.
00:47:47C'est là aussi que je me rends compte que les défenses étaient beaucoup plus rugueuses
00:47:52avant aussi.
00:47:53C'est les défenses qui étaient plus rugueuses ou alors les attaques qui sont plus développées
00:47:59Il y a peut-être plus de jeux sur contre-attaque mais pour moi, les shooters n'étaient pas
00:48:04moins bons avant en tout cas.
00:48:05C'est là que je me dis que les défenses avant étaient vraiment plus…
00:48:09Je n'avais même aucune idée du score de cette finale olympique par exemple.
00:48:14C'est marrant, tu me rappelles des choses que j'avais zappées.
00:48:18On me dit en finale des Jeux, un 39-26 pour le Danemark.
00:48:21Les scores sont extrêmement élevés à Paris.
00:48:25Je te disais, champion olympique, le Graal, surtout que ton père Jacques a fait deux
00:48:28fois les Jeux en 72 et 76.
00:48:30Je ne sais pas si tu fais le lien ou si c'est un truc de famille où tu étais encore plus
00:48:37fier d'être champion olympique avec le parcours qu'a eu ton père ?
00:48:39Non, je pense que c'est l'inverse.
00:48:42Je pense que c'est plus mes parents qui étaient fiers de ça que moi je ne l'étais.
00:48:47Moi j'ai pris ça comme c'est cool, je suis champion olympique.
00:48:52C'est intéressant de voir, nous on reçoit beaucoup d'athlètes ici de plein de disciplines
00:48:57différentes.
00:48:58On en a reçu qui ont disputé les Jeux de Paris, je pense à Manon Apitie-Brunet qui
00:49:01a été championne olympique des scrims, qui est arrivée sur le plateau comme si c'était
00:49:06le rêve d'une vie qui s'est réalisé.
00:49:10J'ai l'impression qu'il y a un détachement, on s'est amusé, c'était cool, on est champion
00:49:16olympique, c'est cool.
00:49:17Même sur le moment, tu réagissais comme ça ?
00:49:20Oui, je prenais ça comme une continuité des choses.
00:49:23Je me suis dit, j'ai fait champion du monde, maintenant il faut que je fasse champion olympique.
00:49:26L'équipe de France était championne olympique l'Olympiade d'avant, il faut que je fasse
00:49:31la même chose.
00:49:32Et puis voilà, une fois que c'est fini, on passe à autre chose.
00:49:35Là où je me suis rendu compte plus de l'impact, c'est quand on est revenu un peu à la vie
00:49:41normale, c'est vrai que la redescente est compliquée parce qu'au final, je n'ai pas
00:49:45été chez moi pendant deux mois et demi, trois mois.
00:49:49J'arrive chez moi, il y a du monde devant chez moi, il y a des amis, il y a de la famille.
00:49:54Je suis déjà crevé parce qu'on a fait la bringue en gagnant les JO.
00:49:59On revient en France, il y a des cérémonies à Paris avec les sponsors, avec tous les
00:50:04sportifs.
00:50:05Là, tu fais encore un peu la bringue, tu es fatigué de trois jours déjà, tu rentres
00:50:11enfin chez toi, tu te dis, ça va être plus calme, mais au final tu as des gens qui t'attendent
00:50:14chez toi avec des bouteilles de champagne, tu as dormi trois heures en trois jours, là
00:50:18tu te dis, ça ne va jamais s'arrêter, donc c'était rigolo un peu.
00:50:21Mais c'est là que tu te rends compte de l'impact que ça a eu aussi sur les gens autour de
00:50:24toi.
00:50:25Et ça t'a fait du bien du coup, le retour un peu à la normale, à une vie plus classique
00:50:28en tout cas après les Jeux ?
00:50:29Oui, comme je dis, je pense que quand tu deviens champion olympique, c'est un peu le Graal,
00:50:36donc je pense que la redescente, elle est un peu compliquée.
00:50:40J'avais vu des interviews de sportifs après les JO de Paris, ils m'ont dit qu'on vit des
00:50:45trucs qu'on n'aurait pas dans nos sports, qu'il n'y a pas un tel engouement pour nos
00:50:50sports, donc on peut vivre ça que pendant les JO et là on gagne une médaille aux JO
00:50:53et il se passe ça.
00:50:54En fait, tu es dans ta bulle, tu es sur une autre planète, tu n'as pas envie que ça
00:51:00s'arrête en fait.
00:51:01Et c'est vrai qu'il y a cet effet-là.
00:51:02J'ai connu pas mal de sportifs qui ont mal vécu les après-jeux olympiques parce qu'ils
00:51:07ont vécu quelque chose de fou et ils n'ont pas envie que ça s'arrête et c'est vrai
00:51:10que tu retombes un peu dans la vie plus calme, dans d'autres sports aussi, dans un peu plus
00:51:15d'anonymat.
00:51:16La célébration Usain Bolt sur le podium, ça vient de qui l'idée ?
00:51:19Je ne sais plus.
00:51:21Je sais qu'on en a parlé juste avant d'aller sur le podium en tout cas.
00:51:27Il y a une petite tradition en équipe de France, c'est de faire toujours un petit
00:51:30truc.
00:51:31Justement à l'époque des barjots, il y avait des trucs avec les bérets, la baguette, il
00:51:35y a toujours eu des petits trucs un peu.
00:51:37Et là, Usain Bolt était en pleine exposition et c'était un peu un symbole de victoire
00:51:42ce qu'il faisait.
00:51:43Je ne sais plus qui a lancé l'idée, mais on s'est dit on va faire ça.
00:51:46La complexité du truc, c'était de le faire tous dans le même sens parce que s'il y
00:51:52en a un qui se loupait sur la photo, il y a de l'autre côté, c'est bon, on a été
00:51:56pas mal.
00:51:57Oui, ça va, c'est pas mal.
00:51:58En tout cas, cette médaille forcément vous a lié à vie, ce groupe.
00:52:02Je ne sais pas, vous savez, tu vois, entre vous, vous faites des bouffes de temps en
00:52:05temps, vous vous retrouvez tous ensemble, vous avez un groupe WhatsApp, j'en sais rien,
00:52:07tu vois, un truc du genre.
00:52:08Non, même pas, même pas.
00:52:09Je pense qu'il y a même certains joueurs qui ne se parlent même plus, justement.
00:52:12Toi, tu es encore en contact avec certains du groupe ?
00:52:16Oui, avec pas mal, avec pas mal.
00:52:19De temps en temps, quand j'ai un peu de temps de libre, j'essaie d'aller voir le match
00:52:24des copains au PSG à côté, quand je suis à Montpellier, s'il y a un peu de temps,
00:52:28je vais voir et je vais à Montpellier.
00:52:29Donc, ça dépend où je suis et ça dépend de mon emploi du temps aussi.
00:52:33Mais oui, j'en vois quelques-uns de temps en temps, oui.
00:52:36Héros, enfin non, je ne dis pas héros parce que tu n'aimes pas trop, mais en tout cas,
00:52:39voilà, tu as réalisé des Jeux Olympiques, vous avez réalisé des Jeux Olympiques monstrueux,
00:52:42champion olympique en 2012, mais quatre ans plus tard, tu ne disputes pas les Jeux de
00:52:46Rio à Rio, forcément, tu te blesses au genou, donc une grave blessure qui tient éloigné
00:52:51des terrains assez longtemps, tu n'es pas sélectionné.
00:52:53Comment tu le vis ? C'est un peu du rêve au cauchemar, quoi, non ?
00:52:58Un peu, oui.
00:52:59En fait, je me fais les ligaments croisés sur la saison d'avant et je reviens un peu,
00:53:09je fais ma rééducation, tout ça.
00:53:11La saison est compliquée, le PSG change d'entraîneur, ils font venir Noka Serdaruzic qui est quelqu'un
00:53:17quand même d'assez dur et qui jouait avec, on avait au PSG, on avait un très gros groupe,
00:53:26mais il jouait pratiquement qu'avec neuf, dix joueurs et moi, je revenais d'une grosse
00:53:32blessure, donc pas énormément de temps de jeu sur le moment où je reviens et quand
00:53:36on revient d'une grosse blessure, ce qu'il faut justement, c'est au contraire, c'est
00:53:39jouer pour reprendre du rythme, que le corps se réhabitue, donc je suis sélectionné pour
00:53:45la prépa des JO, je fais la prépa des JO, mais moi, je sens que je suis encore un peu
00:53:50boitillant sur les entraînements et que j'ai de l'appréhension, donc je me prends un peu
00:53:54une porbe dans la gueule lorsqu'il dit que je ne suis pas sélectionné, là c'est vrai
00:54:00que je m'y attendais forcément parce que je le voyais même moi aux entraînements
00:54:05que j'étais pas honnêtement, j'étais pas apte à y aller.
00:54:07Comment est-ce que l'annonce, il t'appelle, c'est un truc que tu vois dans les médias ?
00:54:11Il fait une réunion d'équipe juste avant le rendez-vous avec les médias, il dit ceux
00:54:17qui vont être pris ou ceux qui ne vont pas être pris et il enchaîne avec le rendez-vous
00:54:21médias derrière.
00:54:22En plus, vu qu'il y a le rendez-vous médias derrière, ça veut dire que les articles
00:54:28de journaux sortent une heure, une demi-heure après dans la foulée, donc là tu reçois
00:54:34les messages.
00:54:35En fait, je n'avais même pas envie de répondre à ma famille, je recevais des messages et
00:54:39pourquoi et machin, c'est pas un super moment.
00:54:45Ce qu'on retiendra en tout cas William, c'est comme je le disais au début de l'émission,
00:54:48champion d'Europe, triple champion du monde, champion olympique.
00:54:51William, je vais te poser quelques questions à la volée, tu dois répondre assez rapidement,
00:54:55ça te va ?
00:54:56Le joueur le plus fort avec lequel tu as joué ?
00:54:57Nico Carra.
00:55:00Le joueur le plus fort contre qui tu as joué ?
00:55:03Contre qui j'ai joué ?
00:55:06À la volée, elle est dure cette question.
00:55:13Qui t'a posé le plus de difficultés ?
00:55:16Ça va, c'est bon signe déjà si tu galères à trouver.
00:55:21Oui, c'est dur.
00:55:22Je vais arrêter un joker si tu veux.
00:55:25Oui, je dirais Didier Dinard, quand il joue à Sud-Arial en défense, c'est très très
00:55:32fort.
00:55:33Patron de la défense.
00:55:34Le gardien qui t'a posé le plus de difficultés ?
00:55:36Aucun, je l'aurai tous mis de misère.
00:55:39Le coéquipier le plus drôle que tu aies eu dans le vestiaire ?
00:55:43Greg Anctil, très très marrant, très très bout en train.
00:55:49L'équipe contre laquelle tu adorais jouer ?
00:55:51J'adorais Chambéry, à l'époque des grands duels Montpellier-Chambéry, j'adorais ces
00:56:02matchs-là.
00:56:03L'ambiance la plus folle que tu as vécu ?
00:56:05Carbe finale Ligue des champions à Bougnole, on jouait contre les Russes de Tchékov et
00:56:16je me rappelle, ça faisait un tel boucan que je n'entendais pas Issam Tej qui était
00:56:21un mètre à ma droite, c'est ce qu'il me disait, on n'entendait vraiment rien sur
00:56:25le terrain.
00:56:26Incroyable.
00:56:27Le plus gros trash talker que tu aies croisé, un mec qui n'arrêtait pas de brancher sur
00:56:30le terrain ?
00:56:32Le gardien, Henning Fritz, mais j'aimais bien, je pense justement qu'il fait partie
00:56:38de ceux qui ont lancé un peu le fait d'arranguer les joueurs un peu comme Thierry Omeyer, j'ai
00:56:42pensé partie de ces mecs-là un peu.
00:56:44La pire galère ou l'anecdote la plus marrante en déplacement ou en compétition ?
00:56:47Si tu en avais une en tête.
00:56:49Que le coach adjoint ait dormi dans la rue.
00:56:54Vas-y, donne des détails là.
00:56:57Au Jour League des Champions, il y a eu une soirée un peu arrosée, un peu trop de verre,
00:57:03un des coachs adjoint était resté faire une petite sieste au bord d'un immeuble.
00:57:09La fête, c'est le lendemain de l'heure aussi, ça y va.
00:57:12Un coéquipier qui avait un rituel complètement loufoque, un peu bizarre avant des matchs ?
00:57:16Oui, Vitka Vtichnik, déjà il faisait toujours les mêmes gestes quand il se changeait dans
00:57:26le vestiaire.
00:57:27Il attachait toujours un bout de strap à côté de sa place et il jouait toujours avec
00:57:33le même slip.
00:57:34Il fallait que ce soit ce slip là, en plus ce slip était horrible.
00:57:38Je me souviens que Niko Karabatic, qui est un de ses meilleurs amis en plus, un jour
00:57:42de l'époque où ils jouaient à Kiel ensemble, il lui avait découpé son slip et je crois
00:57:46qu'il lui avait vraiment fait la gueule, mais pendant un long moment.
00:57:50Michy Batshuayi, je ne sais pas si tu sais un peu le foot, mais il fait la même chose.
00:57:54Il a un caleçon Bob L'Éponge.
00:57:56Toi, tu avais un rituel un peu avant les matchs ? Une petite superstition ?
00:58:00Non, moi j'aime bien conjurer le sort justement, donc moi je suis le premier, si je vois un
00:58:03échafaudage, je suis le premier à aller en dessous en fait.
00:58:06Si tu devais choisir un seul match à rejouer, lequel ce serait ?
00:58:10La finale de la Ligue des Champions avec le PSG, parce qu'on perd un but à la dernière
00:58:20seconde et que c'est le seul titre qui me manque.
00:58:23Oui, face au Vardar Scope Jeux.
00:58:25Le coach qui t'a le plus marqué, en bien ou en mal ? A toi de me dire.
00:58:34Ce n'est pas facile, t'en as eu Claudio Nesta, Patrice Canaille, Serdar Uzić, mais là c'est
00:58:40plus en mal peut-être.
00:58:41En bien, je dirais Patrice Canaille, en mal, peut-être Serdar Uzić.
00:58:46Tu as été bon, tu as été bon.
00:58:49William, pour conclure cette émission, un petit point d'actualité, puisque tu joues
00:58:52encore en handball à 36 ans, tu joues à Sarran depuis 2023.
00:58:55Cette saison, le club est voulu en Pro Ligue, c'est la deuxième division du handball.
00:58:58Vous êtes troisième ex-Eco actuellement.
00:59:01L'objectif, c'est clair, c'est de remonter dans l'élite ?
00:59:03Oui, c'est de remonter.
00:59:06On n'a pas fait un début de saison top parce qu'on a eu un tiers de l'équipe blessée
00:59:11à un moment donné.
00:59:12Il fallait aussi, il y avait sept nouveaux joueurs, le temps que tout le monde comprenne
00:59:16un peu l'échemme du coach et là on s'est remis un peu dans le bain.
00:59:19On est en train de gratter, de revenir au fur et à mesure.
00:59:24L'objectif, c'est qu'avant qu'il y ait les playoffs, d'essayer de finir à la première
00:59:29place pour justement s'éviter ces playoffs-là en fin de saison.
00:59:32Quel est ton rôle, toi William, dans l'équipe actuellement à 36 ans, avec la carrière
00:59:37que tu as, le palmarès que tu as ?
00:59:38Mon rôle, je ne sais pas, ce serait plus à un entraîneur de le dire.
00:59:43Et toi, comment tu le ressens ?
00:59:45Moi, j'essaie justement de faire ce que j'ai toujours fait, d'être performant sur le terrain,
00:59:50que ce soit des deux côtés du terrain, que ce soit en attaque ou en défense.
00:59:55Forcément, quand on arrive à un certain âge, on compte moins sur toi que quand j'avais
01:00:0025 ans.
01:00:01Mon rôle est un peu redistribué, le coach essaie justement d'avoir un jeu avec des joueurs
01:00:10plus jeunes.
01:00:12Moi, j'essaie d'apporter ma pierre, d'apporter ce que je sais faire pour pouvoir en tout
01:00:17cas faire en sorte que l'équipe ait les meilleurs résultats.
01:00:20Est-ce qu'il y a toujours la même passion pour le handball ou est-ce que la tête et
01:00:24le corps commencent à s'user un petit peu, William ?
01:00:27Un peu moins, parce que je crois que c'est ma 20e saison en professionnel, que je joue
01:00:34en professionnel.
01:00:35J'ai commencé à 6 ans, donc ça fait quand même un bon bout de temps que je fais du
01:00:40handball.
01:00:41Non, honnêtement, la passion, ce n'est plus la même.
01:00:44Après, oui, je prends toujours du plaisir à être sur un terrain, à marquer des buts,
01:00:48à gagner des matchs.
01:00:49Ce plaisir-là, je l'ai.
01:00:50Mais je ne peux pas dire que mon intérêt pour le handball n'est pas le même maintenant
01:00:55qu'il y a 10 ans en arrière.
01:00:58Tu te donnes encore combien de temps ? C'est quoi l'objectif ?
01:01:00Je me donne encore un ou deux ans, grand maximum.
01:01:05Je suis encore performant, je suis capable de faire de belles choses encore.
01:01:10J'en ai encore un peu sous le pied.
01:01:12Et puis aussi, le fait de parler avec plein de joueurs qui ont pris leur retraite.
01:01:18Je parlais encore avec Lucas Balot récemment.
01:01:19Il m'a dit « tant que tu peux continuer, continue ».
01:01:21Honnêtement, ce n'est pas la même vie derrière, donc profite, même si ce n'est pas la même
01:01:26passion à la fin qu'au début.
01:01:27Il me dit « mais profite encore des années qui te restent, si tu peux encore en faire,
01:01:31fais-les ».
01:01:32Tu redoutes ou pas ? Ça te fait peur ou pas, la fin d'une carrière de sportif de haut
01:01:36niveau ? C'est une grande partie de ta vie quand même ?
01:01:39Je dirais que non, mais je pense que quelque part, oui un peu, parce que je pense avoir
01:01:46fait les choses correctement.
01:01:48Depuis que j'ai eu mes premiers contrats, mes premiers salaires, j'ai toujours fait
01:01:52en sorte d'essayer de mettre de côté, d'investir intelligemment pour ne pas me retrouver justement
01:01:56dos au mur à la fin de carrière.
01:01:58Et puis, je me suis toujours dit « bon, je n'ai pas envie d'un jour arrêter le handball
01:02:02et de me dire mince, je ne sais pas quoi faire, je n'ai rien prévu.
01:02:08Aujourd'hui, je fais en sorte de tout préparer pour réenchaîner sur la vie active directement
01:02:14derrière et ne pas avoir ce petit moment de vide qui peut amener parfois beaucoup de
01:02:18sportifs à la dépression.
01:02:19Qu'est-ce qui te plairait ? Qu'est-ce que tu aurais envie de faire après la carrière
01:02:23?
01:02:24Je ne sais pas.
01:02:25J'ai repris une école de commerce, je suis en quatrième année, il me reste l'année
01:02:29prochaine pour valider mon master 2 en école de management.
01:02:33Tu fais à distance ?
01:02:34Je fais à distance, oui.
01:02:35Je fais à distance.
01:02:36J'ai des appartements, j'avais un resto que j'ai revendu, je réfléchis à de l'entrepreneuriat,
01:02:43je réfléchis à être manager d'un club.
01:02:47Le coaching ne m'intéresse pas forcément, mais manager d'un club, ça pourrait m'intéresser.
01:02:52Et finir par un petit titre avant de quitter les terrains, ça pourrait le faire ?
01:02:57On prend ce qu'il y a à prendre maintenant.
01:03:00Exactement.
01:03:01Je voudrais terminer cette émission, vous l'avez sûrement appris, suivie par une terrible
01:03:06nouvelle.
01:03:07Le monde du handball est endeuillé par la mort brutale de Jemima Kabeya, la gardienne
01:03:12de Plancuc.
01:03:13Elle était âgée de 21 ans, elle était ancienne internationale française junior et
01:03:17elle est décédée lundi d'une méningite foudroyante.
01:03:20Toutes nos pensées vont à sa famille et à ses proches forcément.
01:03:24William, je te remercie vraiment beaucoup d'être passé sur le plateau de SporStream.
01:03:27C'est un plaisir de refaire un peu tout le cours de ta carrière, d'essayer d'aborder
01:03:32un peu chaque point et de te remémorer des bons souvenirs.
01:03:35Merci à toi.
01:03:36Tu m'as remémoré plein de choses que j'avais un peu zappées, donc c'est bien d'en reparler.
01:03:41Magnifique.
01:03:42Dernière question.
01:03:43On a mis plein de petites photos un peu partout.
01:03:44Si tu avais le choix de repartir avec une d'entre elles, tu prendrais laquelle ? Il
01:03:47y en a derrière toi, il y en a là, c'est pas facile.
01:03:51Celle-là, je l'ai.
01:03:52Celle-là, je ne suis pas coiffé et je n'aime pas.
01:03:56Non, je dirais celle-là, j'aime bien.
01:04:01Championnat du monde 2011, le premier titre de champion du monde de William Acambray.
01:04:05Merci beaucoup William, vraiment, c'était vraiment un plaisir.
01:04:08Merci à toi.
01:04:09Et puis je remercie évidemment toute l'équipe en régie, Esteban Lepicot, St-Julien Perronet
01:04:12à l'édition et Nicolas Bayet à la réalisation.
01:04:15Merci à tous de nous avoir suivis.
01:04:16On se retrouve dans deux semaines, début mars, pour une nouvelle émission.
01:04:19À bientôt, prenez soin de vous, bye bye.