• il y a 8 mois
En octobre 2022, Laura Chaubard est devenue directrice générale de l'École polytechnique, prestigieux établissement où elle a elle-même fait ses armes. Pour Le Point, l'ingénieure générale de l'armement revient sur son parcours et sur la place de la femme dans le monde scientifique.

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Transcription
00:00 Je suis une femme mateuse, voire même informaticienne.
00:04 Je suis une femme ingénieure et je suis une femme militaire.
00:06 Donc j'ai été amenée à évoluer dans des milieux
00:09 où les hommes étaient extrêmement majoritaires.
00:12 Lorsque j'étais adolescente, lycéenne,
00:25 je ne me posais pas vraiment cette question d'orientation.
00:29 Je savais que j'aimais les maths et j'aimais les sciences.
00:32 Et j'étais dans un environnement familial
00:34 qui me laissait penser que tout était possible.
00:36 J'ai exercé toute la première partie de ma carrière
00:49 au sein du ministère des Armées sur des projets technologiques,
00:53 et notamment sur la structuration du domaine de l'intelligence artificielle
00:56 au sein du ministère des Armées.
00:58 Cela m'a amenée à servir dans le cabinet auprès de Florence Parly,
01:02 le cabinet de la ministre,
01:03 sur les sujets d'innovation et de numérique,
01:06 et notamment de contribuer à la création de l'Agence pour l'innovation de défense,
01:10 et aussi d'un fonds d'investissement souverain pour les PME de défense.
01:14 Je suis une femme mateuse, voire même informaticienne.
01:18 Je suis une femme ingénieure et je suis une femme militaire.
01:20 Donc j'ai été amenée à évoluer dans des milieux
01:23 où les hommes étaient extrêmement majoritaires.
01:26 Ces environnements non mixtes sont structurellement déséquilibrés
01:29 pour les femmes qui évoluent.
01:31 Elles sont mécaniquement plus visibles,
01:35 mais plus observées aussi, et parfois plus exposées.
01:38 Cela peut être porteur d'opportunités,
01:41 ou de menaces et de situations d'atteinte sexiste et sexuelle.
01:47 J'ai eu la chance de ne pas avoir été confrontée à des intérêts graves,
01:51 mais oui, évidemment, j'ai été témoin de sexisme ordinaire tout au long de ma carrière.
01:56 J'ai toujours fait le choix de dire ce qui ne me convenait pas, de réagir.
02:01 Et ce n'est pas toujours facile d'avoir la répartie nécessaire,
02:05 la propos pour poser une ligne jaune, une ligne orange,
02:10 lorsque de manière consciente ou simplement maladroite,
02:16 les situations deviennent inconfortables pour les femmes.
02:20 J'ai toujours pris le parti de le dire,
02:24 et souvent, les hommes qui avaient créé cette situation
02:30 ont tout de suite réagi et ont rectifié le tir.
02:33 J'ai ressenti évidemment une grande fierté.
02:42 J'étais très honorée de la confiance que plaçait en moi
02:45 le ministre des Armées Sébastien Lecornu.
02:47 La fierté que j'ai ressentie à cette nomination,
02:50 je ne pense pas l'avoir perçue très spécifiquement en tant que femme.
02:54 En revanche, le regard qui a été porté, les réactions,
02:57 notamment des élèves polytechniciennes en cours de scolarité
03:01 ou des diplômés que je peux avoir dans mon entourage,
03:04 m'ont fait percevoir cette émotion particulière
03:08 provoquée par la nomination d'une femme à ce poste,
03:11 parce que c'était la première fois.
03:12 Le fait d'être une femme à ce poste,
03:14 je ne le prends pas comme une pression supplémentaire
03:16 parce que je défends la cause des femmes et de l'égalité
03:20 dans tous les milieux professionnels
03:22 et dans tous les postes que j'ai pu occuper.
03:25 Je sais aussi malheureusement que nommer une femme
03:28 ne suffit pas à régler la question de la féminisation
03:31 des filières scientifiques,
03:32 et particulièrement des filières mathématiques et numériques.
03:34 Je ne me considère pas comme un modèle pour les jeunes filles.
03:38 J'ai conscience d'avoir fait des choix professionnels
03:42 encore atypiques pour une femme aujourd'hui.
03:45 Si ça peut simplement démontrer
03:47 que des études scientifiques mènent à une diversité de métiers
03:51 et que tous sont ouverts aux femmes, tant mieux.
03:53 Il me semble qu'aujourd'hui, il n'y a plus de profession
03:56 réservée aux hommes ou de parcours d'études
03:59 qui soient exclusivement masculins.
04:01 Pour autant, on constate que les choix d'orientation
04:05 des jeunes femmes et des jeunes hommes
04:07 ne sont toujours pas les mêmes.
04:09 Pour autant, il n'est pas exact de dire
04:11 que les femmes ne font pas de science.
04:12 Elles sont majoritaires dans les filières de sciences du vivant,
04:16 elles sont extrêmement majoritaires dans les filières médicales.
04:20 Simplement, elles sont encore trop minoritaires
04:24 dans des filières scientifiques à dominante mathématique
04:28 ou informatique, et notamment dans les cursus d'ingénieur.
04:30 Les biais qui peuvent expliquer ce déséquilibre
04:34 dans le choix des jeunes femmes et des jeunes hommes,
04:36 ils sont profondément culturels.
04:38 Ils ont trait, je pense, à l'image et à l'enseignement des mathématiques
04:42 dans le secondaire et dans la société,
04:45 qui sont encore trop vues comme une science abstraite,
04:48 inaccessible, exigeante et quelque peu aride,
04:52 alors que c'est par définition la science de l'imagination
04:56 et de la créativité.
04:57 Je crois qu'aujourd'hui, la société a beaucoup évolué
05:00 et la tolérance au sexisme en rondinaire
05:05 s'est beaucoup abaissée, et c'est une excellente chose.
05:07 Donc, aux femmes qui auraient envie aujourd'hui
05:10 de se lancer dans une carrière scientifique,
05:11 je leur dis d'abord que les portes sont grandes ouvertes.
05:14 Face aux défis de la transition écologique,
05:16 face aux défis de la souveraineté française et européenne,
05:20 on a besoin d'énormément de sciences,
05:22 d'énormément de scientifiques et de femmes scientifiques.
05:25 Les portes des études supérieures scientifiques
05:27 et les portes des carrières d'ingénieurs scientifiques
05:30 sont grandes ouvertes aux jeunes hommes comme aux jeunes femmes,
05:32 et il y a des opportunités fantastiques.
05:35 Sous-titrage Société Radio-Canada
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