L'Assemblée Nationale a voté lundi soir en faveur d'une réforme du métier d'infirmier. 640.000 professionnels pourront désormais prescrire certains médicaments, ou réaliser des consultations pour les soins courants. Le but est d'apporter une solution aux déserts médicaux.
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00:00Le réveil 100% local, ici matin.
00:03La réforme du métier d'infirmier a été approuvée à l'unanimité l'année dernière par les députés à l'Assemblée Nationale.
00:09Nous en parlons et Manuel Champa avec notre invité.
00:12Bonjour Stéphane Adam, infirmier libéral à Cré, président de la Fédération Nationale des Infirmiers dans la Drôme.
00:18Je dois vous appeler docteur ce matin ou pas puisque ce texte prévoit que la consultation infirmière,
00:25je croyais que la consultation c'était juste pour les médecins moi.
00:28Oh non, il y a beaucoup d'autres professions qui font des consultations.
00:31C'est vrai que c'était un peu quelque chose qui était sacralisé pour les médecins et surtout ne m'appelez pas docteur
00:35parce que je suis très fier d'être infirmier et je ne ferai absolument pas la profession d'un médecin qui ne me plaît pas du tout.
00:40Donc nous on reste purement infirmier et quand on lit l'article de loi,
00:44on est vraiment sur une évolution de la profession sans pour autant passer sur un concept purement médical.
00:50Très concrètement, qu'est-ce que vous allez faire de plus demain ?
00:54L'article va pouvoir ouvrir sur la réalisation, alors on est déjà en fait à faire du soin
00:59mais là l'article va changer les missions qui sont attribuées à l'infirmier.
01:04C'est-à-dire qu'aujourd'hui on était vraiment sur des actes précis et là on part sur des thématiques.
01:08Donc l'encadrement des lois aujourd'hui, on avait des freins, on ne pouvait pas faire certaines choses.
01:12Demain, on va pouvoir ouvrir à plus d'évolution dans notre profession.
01:16Très concrètement, vous avec vos patients sur votre secteur à créer,
01:21vous allez faire quoi demain de plus que vous ne faites aujourd'hui ?
01:23Là je vous dirais l'accès direct par exemple.
01:25Aujourd'hui vous vous faites mal, vous êtes obligé d'aller voir votre médecin pour avoir un pansement simple.
01:30Demain, vous allez pouvoir aller voir directement l'infirmier puisque de toute façon c'est l'infirmier qui fait le pansement.
01:35En fait, on élimine finalement une consultation médicale et on permet à l'infirmier d'aller plus vite.
01:40Mais vous êtes capable, vous en venant à la maison, de me dire
01:44ça nécessite juste un petit sparadrap sur la jambe ou alors il faut aller aux urgences ?
01:49Vous avez des compétences ?
01:51En fait, c'est déjà le cas puisque c'est notre formation, on est fait pour ça.
01:58Mais les diagnostics en lui-même ?
02:01Alors non, on ne va pas poser un diagnostic médical, on pose un diagnostic infirmier.
02:05C'est là où il y a une différence.
02:06Maintenant, avec l'expérience et nos années d'études quand même,
02:10parce que les médecins disent 2 mais on est bien à 3,
02:13et attention parce que la réforme aussi va arriver,
02:15on va rajouter encore 400 heures supplémentaires à la formation d'infirmier.
02:18Donc on va arriver progressivement à 3,5-4.
02:25Redites-moi la question, j'ai perdu.
02:27Je vous disais que concernant le diagnostic, effectivement, vous êtes capable.
02:30On a fait des années d'études aussi, alors pas aussi poussées que les médecins bien sûr,
02:34mais on a quand même une vraie formation médicale au départ.
02:36Oui, on sait où sont les freins.
02:38Et aujourd'hui, on a tout un panel d'outils qui nous est offert,
02:40c'est-à-dire qu'on a des formations continues,
02:42mais également on a les possibilités d'avoir des expertises.
02:44C'est-à-dire qu'on peut demander à un médecin aussi une expertise
02:47lorsqu'on a des difficultés, lorsqu'on se dit qu'il y a quelque chose qui ne va pas.
02:51Stéphane Adam, ça fait deux ans maintenant que la profession a réclamé ce texte,
02:55qui vous accorde un peu plus de compétences, en tout cas dans le quotidien.
02:59Vous vous dites, enfin, il a fallu qu'on en arrive à des déserts médicaux
03:03qui se multiplient, y compris en ville,
03:05pour qu'on comprenne que nous aussi on a notre place et une part importante dans le parcours de santé.
03:10Je vais vous dire, on est en France, on fait toujours les choses trop tard.
03:13Mais on les fait quand on est dans l'urgence, c'est ce qui pose problème.
03:17On demande une revalorisation de nos actes qui ne viennent pas,
03:21parce qu'on nous explique qu'il faut qu'on ait un service rendu à la population qui soit meilleur.
03:25Bon, on a négocié pendant de nombreux mois et de nombreuses années.
03:29Aujourd'hui, ce texte paraît.
03:31Il devait paraître l'année dernière, au mois de juin, je crois,
03:35mais avec les gouvernements successifs, ça ne s'est pas fait.
03:37Maintenant, on est super content parce que ça va nous permettre,
03:41ces nouveaux actes vont permettre de pouvoir renégocier, encore une fois, avec la CPM,
03:46pour dire, voilà, il y a des nouveaux actes.
03:48Et nos actes, en fait, qui sont très anciens, il va falloir les revoir.
03:51Oui, parce que pour l'instant, côté revalorisation salariale, il n'y a rien qui est prévu.
03:56Rien du tout. C'est souvent ce qu'on fait, c'est gratuit.
04:00Un point, on a parlé du diagnostic, on a parlé des soins.
04:04Concernant les prescriptions aussi, ce texte vous autorise certaines prescriptions ?
04:09Alors, vous voyez que si on lit le texte correctement,
04:12il y a marqué qu'il y aurait une ouverture un peu plus importante sur les prescriptions.
04:15Il n'y a pas marqué quoi. Ça apparaîtra plus tard par décret.
04:18Ce qui fait que les médecins disent parfois, les infirmiers,
04:23ça serait une sous-médecine parce que les prescriptions, parce que si.
04:26Ce qui se passe, aujourd'hui, vous prenez du paracétamol.
04:30Vous avez le droit d'aller en acheter vous-même.
04:32Je ne peux plus vous en donner si je n'ai pas une prescription derrière.
04:36C'est quand même d'une imbécilité dingue.
04:38On n'est pas sur des médicaments de folie, mais la plupart du temps,
04:41ça sera des choses assez simples.
04:42Aujourd'hui, j'ai déjà le droit de prescription.
04:44On l'oublie souvent, mais je peux vous prescrire par exemple des pansements
04:47ou du petit matériel.