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Plusieurs associations demandent un durcissement rapide de la loi suites aux agressions de soignants. La présidente du Syndicat des médecins libéraux, Dr Sophie Bauer, témoigne sur BFM2 des "incivilités" subis par les professionnels de santé depuis plusieurs années.

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00:00Et bonjour à tous, on se retrouve sur ce nouveau direct sur BFM2 avec cette mobilisation des médecins et une colère qui gronde, la violence en milieu hospitalier et médical explose.
00:09Pour en parler, nous sommes en ligne avec le docteur Sophie Bauer, présidente du syndicat des médecins libéraux et également membre du collectif 12 mars.
00:17Merci d'être avec nous. Alors madame docteur, plutôt ce matin, les soignants et médecins ont appelé la mobilisation à des fermetures de cabinet pour marquer la journée européenne contre la violence faite aux soignants.
00:28Plusieurs demandent le durcissement rapide de la loi face aux violences subies par les médecins.
00:33Qu'est ce que vous pouvez nous dire sur ce durcissement et sur cette communication que vous comptez faire également ?
00:40Effectivement, nous avons à faire face à une explosion des actes de violence en tout genre, allant jusqu'à la violence physique qui interdit à certains professionnels de santé de continuer leur exercice pendant plusieurs mois
00:56et même parfois de façon définitive parce qu'ils sont tellement traumatisés qu'ils ne reprennent pas dans leur cabinet.
01:02Donc pour nous, il est urgent que cette loi qui est passée déjà à l'Assemblée nationale avant le changement de mandature vienne prendre sa place rapidement au Sénat puisque cette loi prévoit une aggravation des sanctions.
01:17Elle prévoit qu'il y ait des sanctions plus importantes, même pour unités inférieures à huit jours et en fait une aggravation des sanctions un peu sur le modèle qui a été fait pour les policiers ou les élus locaux parce qu'effectivement ça devient très compliqué de continuer à exercer dans certains endroits
01:44et dans des conditions de pression qui sont intolérables pour les soignants.
01:49Est-ce que vous, docteur, vous avez pu subir des agressions ou avoir été témoin de quelques agressions ou violences qui ont été faites à vos collègues ?
01:59Oui, bien sûr. Nous avons régulièrement à faire face à des incivilités.
02:04Quelquefois, ce sont des patients qui rentrent directement dans votre cabinet sans frapper alors que vous êtes en train d'examiner un autre patient.
02:14Ce sont des invectives à nos secrétaires pour passer plus vite ou pour passer avant ou pour passer plus tôt, pour avoir un rendez-vous plus rapide.
02:22Et effectivement, quelquefois, ça peut être beaucoup plus grave.
02:26J'ai une consœur qui a été molestée gravement, on lui a cassé son ordinateur alors que la réponse qu'elle donnait était légitime.
02:37Les patients voulaient absolument savoir le sexe d'un embryon à une période où, bien sûr, c'était absolument impossible de le faire sans un acte extrêmement invasif.
02:48Donc, elle était dans son droit et elle avait raison de refuser.
02:53Des refus, si vous voulez, sont mal interprétés, en particulier des refus de certains traitements que nous jugeons inutiles.
03:01Nous sommes quand même là aussi pour conseiller les gens de façon intelligente.
03:04Donc, nous jugeons certains traitements totalement inutiles, nous ne les prescrivons pas.
03:08Et quelquefois, ça donne lieu à une montée du ton dans les cabinets, voire à des gestes agressifs.
03:16Et puis, pareil pour les arrêts maladie, il nous arrive de refuser des arrêts de travail qu'on juge absolument inutiles.
03:24Et du coup, on se retrouve parfois avec des patients très agressifs.
03:31C'est le cas aussi parfois à domicile.
03:34J'ai une amie infirmière qui a failli se faire violer les sorties en catastrophe par la fenêtre.
03:38Heureusement que c'était au rez-de-chaussée.
03:40Donc, on entend beaucoup d'histoires comme ça.
03:43Beaucoup de soignants ne déposent pas plainte parce que déposer plainte, c'est compliqué.
03:48Justement, vous avez posé la question.
03:50On a besoin d'un arsenal, effectivement, judiciaire qui soit plus agressif, entre guillemets,
03:58et qui dissuade surtout les patients agressifs de passer à l'acte.
04:03Et justement, pourquoi est-ce que les médecins, les professionnels de santé ne portent pas plainte ?
04:06Est-ce que vous avez une réponse à cela ?
04:08D'abord, c'est compliqué, c'est long, ça prend du temps.
04:11En fait, il faudrait qu'on ait une ligne dédiée, si vous voulez, de façon à pouvoir le faire en ligne.
04:17La deuxième chose, c'est que lorsque vous portez plainte, le patient qui connaissait déjà en général votre cabinet
04:23va pouvoir connaître votre domicile.
04:25Il y a un certain nombre de soignants qui sont réticents parce qu'ils ont peur des représailles sur leur famille ou sur eux-mêmes.
04:29Vous voyez bien ce qui s'est passé récemment avec le domicile d'un élu.
04:34On a le même problème, si vous portez plainte, on voit votre domicile.
04:38Donc une des questions et un des enjeux aussi de la législation qu'on souhaite,
04:43ce serait qu'un syndicat ou l'Ordre puisse porter plainte pour le médecin ou pour le soignant,
04:52ou qu'on puisse se domicilier justement à notre ordre,
04:55de façon à ne plus faire apparaître sur la procédure le domicile du soignant.
05:00On rappelle une violence qui augmente.
05:03Il y a quelques années encore, on vous applaudissait pendant le Covid.
05:06Plusieurs personnes se mettaient à la fenêtre pour remercier votre travail.
05:09Comment vous expliquez ce décalage ? Comment vous expliquez ce revirement de situation ?
05:13Comment la population arrive à ne plus avoir autant de considération pour les médecins ?
05:18Quelque part, c'est incompréhensible parce qu'effectivement, nous sommes là pour soigner.
05:22Nous avons souvent des horaires quand même extensifs dans nos cabinets.
05:27Nous sommes à l'écoute de l'ensemble des patients.
05:29Nous soignons vraiment toute la population et donc c'est incompréhensible.
05:34Alors ce qui se passe, c'est effectivement, je pense,
05:37une montée de toute façon de l'agressivité en général dans la société.
05:42Probablement, pour certains patients, un manque patent d'éducation.
05:46C'est-à-dire qu'on n'a pas tout ce qu'on veut tout de suite.
05:50Eh bien, on verbalise sa frustration, si je puis dire,
05:55et avec un système de santé où les médecins sont à l'os
05:59parce qu'il y a eu un numérosclerosis très important qui n'a pas été levé à temps.
06:03Forcément, il y a plus de délais de soins.
06:06Mais il faut que les patients réalisent quand même qu'on a des systèmes de coup de fil.
06:11C'est-à-dire qu'effectivement, on va prendre à vendre des patients
06:14que nous considérons en état d'urgence ou en semi-urgence.
06:18On a des systèmes de coup de fil.
06:20Mais quelquefois, ces coups de fil se font aussi au détriment de gens qui ont le rendez-vous
06:25et on les fait attendre un peu pour prendre quelqu'un de plus mal en point, si je puis dire.
06:30Et ça, c'est des choses que les gens comprennent de moins en moins.
06:33Alors que quand c'est eux qui sont mal en point,
06:34ils comprennent très bien que c'est bien de passer devant tout le monde.
06:38On comprend, une violence croissante.
06:39On rappelle ces chiffres qui datent de 2023.
06:41Dans les cabinets, une hausse de 27% des attaques.
06:44Vous avez été reçu par le ministère de la Santé, Yannick Nodder.
06:46Qu'est-ce qu'il en est sorti de cette réunion ?
06:48Quelles sont les conclusions ?
06:50Alors d'abord, nous avons eu affaire à un ministre qui visiblement est un homme de terrain,
06:55donc qui comprend et qui connaît bien le problème.
06:57Il est volontaire pour travailler sur la question.
07:00Donc nous avons eu une discussion franche et ouverte.
07:04Et nous pouvons donc espérer avoir des retentissements,
07:10si je puis dire, de notre action et des informations.
07:13Il faut savoir que le docteur Noider avait déjà engagé un dialogue sur la question
07:18avec les organisations syndicales, dont celle que je représente.
07:23Et donc, il y a des travaux en cours.
07:26Bon, nous voudrions évidemment accélérer ces travaux
07:28et puis arriver maintenant à des résultats, enfin des solutions opérationnelles.
07:35Mais nous avons l'espoir d'avoir été entendus, en tout cas.
07:40Et justement, si vous avez un dernier mot à adresser à l'Assemblée, au Parlement
07:44ou au ministre de la Santé pour terminer.
07:47Écoutez, facilitez-nous notre exercice au lieu de nous compliquer à loisir.
07:54Arrêtez de nous mettre des contraintes administratives supplémentaires
07:57qui prennent du temps patient.
07:58Les patients ont besoin de temps de dialogue
08:02et toutes ces contraintes administratives nous empêchent d'avoir parfois
08:06le temps de dialogue que nous souhaiterions avec nos patients.
08:10Effectivement, faites vite, vite de la place à cette loi au Sénat
08:14de façon à ce que la dissuasion, si je puis dire, puisse commencer.
08:20Écoutez-nous et mettez à l'opérationnel un certain nombre de choses
08:25qui nous aideraient au quotidien pour travailler de façon sereine.
08:31L'appel est donc relancé.
08:32Merci à vous, Dr Sophie Bauer, présidente du syndicat des médecins libéraux
08:36et membre du collectif 12 mars.
08:37On retient cette violence accrue envers les médecins et les soignants.
08:41On suit évidemment l'évolution de cette situation
08:43et se retrouve très vite pour un nouveau direct sur BFM2.

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