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Alexey Meshkov, ambassadeur de la Fédération de Russie en France, s'exprime à la suite de l'accord trouvé entre Ukraine et États-Unis pour un cessez-le-feu. 

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00:00Merci d'être avec nous ce soir dans Tout le monde veut savoir et d'avoir accepté de répondre à nos questions dans ce moment crucial.
00:06Je cite « La balle est dans le camp de la Russie ». Voilà ce que dit désormais l'administration Trump alors que l'Ukraine soutient la proposition d'un cessez-le-feu de 30 jours
00:15dans un moment où votre pays, la Russie, est qualifiée, je cite, de « menace existentielle par Emmanuel Macron ».
00:22Vous vous êtes accusé aussi, souvent de façon documentée, de mener des opérations de déstabilisation contre la France, d'ingérence dans des pays étrangers
00:30ou des processus électoraux, on en parlera. Mais d'abord, monsieur l'ambassadeur, Alexei Meshkov, les yeux sont donc rivés vers Moscou
00:36en attente de la réponse de la Russie à la proposition de cesser le feu de 30 jours. Question simple pour commencer, la Russie va-t-elle accepter de cesser
00:45les combats pendant 30 jours ? C'est ce que demandent les Etats-Unis et l'Ukraine est d'accord.
00:51– Avant tout, je tiens à dire une chose, c'est encore trop tôt pour donner des évaluations.
01:06Les accords entre la partie ukrainienne et la partie américaine ont été conclus, mais la partie russe n'a pas encore été informée
01:17sur les résultats de ces négociations en Arabie saoudite à Jida. Vous savez, il y a un proverbe qui dit que le diable est dans les détails.
01:31Donc on voudrait d'abord connaître les détails, apprendre les détails, mais sinon, bien évidemment, la partie russe s'est toujours prononcée
01:41pour une solution diplomatique et politique de ce conflit.
01:45– Une solution diplomatique, en même temps, monsieur l'ambassadeur, moi j'ai le souvenir de ce que disait votre ministre des Affaires étrangères,
01:51Sergei Lavrov, qui le 28 décembre dernier disait la chose suivante, cesser le feu en Ukraine maintenant ne mènerait nulle part.
01:59Vous dites bien sûr, il faut attendre d'avoir les détails de ce qui s'est conclu et de voir les éventuels échanges entre les Etats-Unis et la Russie,
02:06mais est-ce que ce cesser le feu vous paraît plausible ? Est-ce qu'il vous paraît être une possibilité pour la Russie ?
02:14– Oui, bien sûr. Effectivement, la Russie est très intéressée à trouver une solution, on va dire, radicale de ce problème,
02:28à savoir parvenir à un accord définitif. Malheureusement, nos partenaires occidentaux nous ont leurré, nous ont dupé à ma entreprise à cet égard.
02:38Je vais vous donner un exemple des accords de Minsk. Lorsque les accords ont déjà été convenus, notamment sur l'arrêt des hostilités, des combats,
02:50mais ni la partie ukrainienne ni les partenaires occidentaux n'ont pas voulu mettre en œuvre les accords de Minsk en réalité.
03:01Donc oui, je le répète, la Russie a tout l'intérêt de voir les accords en réel pour qu'ils puissent assurer notre sécurité.
03:11– Pour être très précis, et on reviendra dans un instant sur ce que vous dites et sur la façon dont vous mettez en cause les occidentaux,
03:18les désaccords de Minsk qui datent d'après l'annexion de la Crimée par la Russie.
03:22Mais pour être très concret, quelles seraient les conditions dans lesquelles votre pays, la Russie, accepterait un cessez-le-feu ?
03:29Quelles sont au fond vos lignes rouges, ce que vous allez dire, ce que la Russie, le Kremlin va dire à l'administration de Donald Trump ?
03:39– Nos positionnements sur cette question sont bien connus, ils ont été énoncés à plusieurs reprises.
03:54Il s'agit d'avoir un accord qui soit déjà basé sur les accords russo-ukrainiens en date d'avril 2022,
04:09qui prévoyait première chose, non-adhésion de l'Ukraine à l'OTAN.
04:14Deuxième chose, non-déploiement des troupes de l'OTAN sur le territoire de l'Ukraine.
04:19Troisième point, un renoncement à toute manœuvre et exercice de l'OTAN sur le territoire ukrainien.
04:29Et aussi un nombre de questions relatives à la dite démilitarisation et dénazification de l'Ukraine.
04:39La démilitarisation, de quoi s'agit-il ?
04:42Ce sont bien des propositions qui, d'ailleurs, à l'origine, provenaient du côté ukrainien
04:52et qui portaient sur les effectifs militaires de l'Ukraine,
04:57à prévoir, en fait, il y avait des chiffres bien concrets en termes des effectifs militaires,
05:03le nombre des chars, le nombre d'avions et ainsi de suite.
05:07Tandis que le terme de nazification décrit l'abolition des lois qui ont été adoptées par l'Ukraine
05:17et qui, par leur essence, étaient très proches de l'idéologie nazie.
05:26Il s'agissait d'interdire l'utilisation de la langue russe, ces lois piétinées,
05:31les droits des minorités, non seulement des populations russophones, mais aussi des populations bulgares, hongroises.
05:39Et bien sûr, tout simplement, il faut aussi tenir compte de la réalité sur le terrain.
05:44Il ne faut pas oublier qu'aujourd'hui, il y a quatre régions.
05:48Je ne parle même pas de la Crimée.
05:50Mais en outre, il y a quatre régions ukrainiennes, le Donbass et la Nouvelle-Russie,
05:57qui font désormais partie de la Fédération de Russie.
06:02Et du coup, leurs droits sont consacrés, sont scellés par la Constitution russe.
06:06– Des régions que vous évoquez, Monsieur l'Ambassadeur,
06:08et qui, je rappelle, ont été envahies par les troupes russes en février 2022.
06:14Je reviens sur l'expression que vous utilisez, la dénazification.
06:18C'était un objectif qui avait été posé par votre Président, le Président Poutine,
06:21et qui signifiait, pour dire les choses, au moment où les troupes marchaient sur Kiev,
06:26le fait de vouloir prendre toute la souveraineté territoriale de l'Ukraine,
06:30faire tomber le Président Zelensky.
06:33Ça veut dire que cet objectif-là est toujours le vôtre,
06:35que c'est une condition pour obtenir un arrêt des combats ?
06:51– En fait, nous ne l'avons jamais formulé de cette manière.
06:55Nous n'avons jamais fixé cet objectif de renverser le Président Zelensky.
06:59Cette question relève de la volonté des Ukrainiens.
07:02C'est à eux de décider qui ils veulent voir à la tête de leur État.
07:07Mais notre réflexion est basée surtout sur le fait que ce qui restera de l'Ukraine actuelle
07:17ne devra pas être une structure antirusse.
07:22À savoir, cette entité devra adopter des lois démocratiques,
07:30il devra représenter un système qui finalement permettra
07:35à y vivre différentes personnes en dépendant de leur nationalité.
07:39– Vous dites que les règles démocratiques,
07:40le Président ukrainien Volodymyr Zelensky a été élu par les Ukrainiens.
07:44Est-ce que vous fixez là encore comme condition pour un cesser le feu
07:49pour d'éventuelles négociations en vue d'une paix durable,
07:51le départ de Volodymyr Zelensky ?
07:54– C'est quelque chose que le Président Poutine disait aussi,
08:03nous restons ouverts, nous restons disposés à mener en dialogue
08:06avec la partie ukrainienne, notamment avec les personnes
08:11qui font partie de l'entourage direct, on va dire, du Président Zelensky.
08:17La question est très simple en fait, il s'agit de savoir la chose suivante.
08:23Déjà, le Président Zelensky a promulgué un décret
08:27interdisant de mener des négociations avec la Russie.
08:30Donc, naturellement, ce décret devrait être aboli
08:34s'il interdit de parler avec la Russie.
08:36De quelles négociations parle-t-on ?
08:38Le deuxième point, comme vous le savez, une année s'est écoulée,
08:44presque, depuis que le Président Zelensky n'est plus Président de l'Ukraine.
08:51Donc, on pourrait parler de l'usurpation du pouvoir, pourquoi ?
08:56– Qu'est-ce que vous voulez dire en disant qu'il n'est plus Président de l'Ukraine ?
09:04– Son mandat présidentiel a expiré en mai dernier
09:07et les élections n'ont pas été organisées.
09:09– Vous savez, Monsieur l'Ambassadeur, que les règles constitutionnelles
09:11ukrainiennes veulent que quand un pays est en guerre,
09:15il n'y a pas d'élections qui sont organisées,
09:17que par ailleurs tous les sondages montrent qu'en Ukraine,
09:19la population est derrière le Président Zelensky,
09:21considérant que des élections ne peuvent pas être organisées
09:23parce qu'il y a des zones qui sont en guerre.
09:26Quand on compare par ailleurs la façon dont le Président Poutine
09:29exerce le pouvoir depuis désormais le début des années 2000,
09:33on pourrait dans ce cas-là se poser les mêmes questions pour le Président Poutine.
09:38– Contrairement au Président Zelensky,
09:42le Président Poutine a été réélu en mars dernier
09:46et malgré toute la situation actuelle,
09:52les élections en Russie ont été organisées de façon démocratique.
09:57Pour ce qui est de l'Ukraine,
10:01conformément justement à la Constitution de l'Ukraine,
10:06je n'ai pas d'autres références.
10:08Je parle de la Constitution ukrainienne.
10:11Si les élections ne sont pas organisées,
10:16le chef légitime de l'État ukrainien,
10:20c'est le Président du Parlement ukrainien
10:24et pas la personne qui se dit Président
10:32malgré l'absence des élections.
10:34– Vous dites que le Président Poutine a été élu démocratiquement,
10:36je vous poserai une question à l'issue de cet interview à ce sujet,
10:39mais juste avant, pour rester sur les conditions d'un cessez-le-feu,
10:42de ce qui pourrait se passer,
10:44il y a un débat entre les pays européens
10:47sur la possibilité d'envoyer des troupes européennes en cas de cessez-le-feu
10:50pour s'assurer de la garantie de ce cessez-le-feu
10:54entre l'Ukraine et la Russie,
10:56des troupes européennes, ça pourrait être des troupes britanniques,
10:58également des troupes françaises.
11:00Est-ce que ça c'est une ligne rouge pour la Russie
11:03ou est-ce que la Russie pourrait accepter qu'il y ait par exemple
11:06un contingent de 20 000, 30 000 soldats
11:08pour s'assurer que ce cessez-le-feu soit effectif ?
11:10– Je pense que vous avez entendu tous
11:18ce que c'est que les troupes de maintien de la paix,
11:21ce sont des forces qui sont déjà neutres
11:29qui sont déployées conformément à l'accord des deux parties du conflit.
11:34Alors de quelles forces du mention de la paix de l'Union européenne,
11:37de l'OTAN, de la France, du Royaume-Uni peut-on parler ?
11:44Si ces pays, en fait, sont en état de guerre
11:49par procuration contre la Russie,
11:51bien évidemment la Russie n'acceptera jamais
11:55de voir les troupes de ces pays déployées
12:00le long de la frontière, disons,
12:02et qu'ils fassent partie de la solution
12:04parce que ce ne sont pas justement des forces du mention de la paix.
12:07– Donc des troupes françaises, des troupes britanniques
12:09qui ne seraient pas des troupes dans le cadre d'un conflit,
12:12ce ne seraient pas des troupes combattantes
12:14mais des troupes pour s'assurer que le cessez-le-feu,
12:16que la paix est maintenue, ça pour vous c'est non ?
12:19– Je tiens à le répéter, si la France livre des armements
12:27qui servent à tuer nos enfants, nos vieux, nos femmes…
12:34– Ce sont des armes, Monsieur l'Ambassadeur, pardonnez-moi,
12:36ce sont des armes qui aident l'Ukraine à résister
12:40contre l'invasion de la Russie,
12:42la Russie qui a envahi un pays souverain en février 2022.
12:46Ce ne sont pas des armes qui servent à tuer des civils russes.
12:57– Si vous voulez, on peut vraiment commencer
12:59dès le point de départ.
13:01En février 2014, il y a eu un coup d'État en Ukraine,
13:08coup d'État militaire.
13:11Et même avant, un jour avant ce coup d'État,
13:15il y a eu un accord qui a été signé entre le président en exercice
13:20et les oppositions avec les garants la France, l'Allemagne, la Pologne.
13:28Et dès le lendemain, cet accord a été violé.
13:34Alors si cela n'avait pas été le cas,
13:37on ne verra jamais aucun combat.
13:43Après, on passe à l'année 2015.
13:48Même encore en 2014, des unités, des troupes ont été envoyées
13:54pour pacifier entre les parenthèses les populations du Donbass,
13:58donc la population qui n'a pas été d'accord
14:00avec ce coup d'État à Kiev,
14:02ce qui a engendré finalement ce qui nous a conduits
14:09aux accords de Minsk.
14:11Et là encore, selon les aveux d'Hollande, Merkel
14:15et le président ukrainien de l'époque, Poroshenko,
14:19ils n'avaient aucune intention de respecter ces accords de Minsk,
14:24eux qui se portaient garants des mêmes accords.
14:28Donc tout cela nous a amenés à l'évolution des choses en 2022.
14:36Monsieur l'Ambassadeur, le processus a été long,
14:39le Donbass a été bombardé.
14:40Votre vision de la façon dont les choses se sont passées en 2022,
14:43je voudrais qu'on parle des mots du président de la République,
14:46Emmanuel Macron, qui a qualifié dans ce contexte la Russie
14:49de menace existentielle pour l'Europe.
14:51Il a qualifié également votre président Vladimir Poutine
14:53d'impérialiste révisionniste.
14:55Vous êtes une menace, monsieur l'ambassadeur de Russie en France,
15:00pour l'Europe, pour la France ?
15:09Oui, cette fameuse déclaration, ces propos télévisés
15:14ont été qualifiés par notre ministre des Affaires étrangères,
15:17comme vous savez, des propos assez drôles, même marrants.
15:21Vous pouvez ouvrir un manuel d'école, un manuel d'histoire ?
15:32Est-ce qu'une seule fois, la Russie a menacé la France ?
15:37La France, oui.
15:40L'histoire de nos relations n'a pas toujours été facile.
15:43On peut se rappeler Napoléon Ier, puis la guerre de Crimée,
15:49avec Napoléon III.
15:51Mais la Russie n'a jamais menacé la France.
15:54En outre, après la Seconde Guerre mondiale,
15:58en fait, la Russie et la France ont été les deux puissances principales
16:03qui ont œuvré à ce qu'un nouvel ordre équitable et pacifique
16:15soit créé en Europe.
16:19Voilà trois exemples, et pour cela j'ai pris trois photos
16:22pour illustrer cela auprès de ceux qui nous regardent ce soir.
16:25La première photo, vous la voyez ici,
16:27c'est un avion de chasse russe SU-35 qui, il y a quelques jours,
16:31a frôlé un drone français à plusieurs reprises.
16:33Un comportement dangereux qui aurait pu entraîner
16:36la perte de contrôle du drone, a dit le ministre des Armées.
16:38Voilà la première photo, je vous la montre, monsieur l'ambassadeur.
16:41La deuxième ici, ce sont des étoiles de David
16:44taguées sur des murs à Paris.
16:47Ça avait créé beaucoup d'émoi.
16:48Au début, certains pensaient à des actes antisémites.
16:51Il s'avère qu'en réalité, c'était des opérations téléguidées
16:54par des réseaux russes, notamment à Moldave,
16:57dont on s'était rendu compte qu'il était effectivement
16:59très proche des combats du Kremlin.
17:02Et puis la troisième photo, c'est celle-ci.
17:04C'est l'hôpital de Corbeillessen qui, en 2022,
17:07a été visé par une cyberattaque qui l'a tout à fait paralysé.
17:11Et là encore, derrière cette cyberattaque,
17:13il y avait des hackers russes.
17:16Monsieur l'ambassadeur, ces trois exemples,
17:18ils sont extrêmement précis.
17:19Comment est-ce que vous justifiez ces attaques contre la France ?
17:46Qu'est-ce que vous entendez par cela ?
18:17D'où viennent les problèmes de cet hôpital ?
18:21Vous pouvez vous poser la question.
18:28Attendez un second, on va venir à l'avion.
18:31On n'est pas encore là.
18:37La Russie, c'est un pays avec 200 différentes ethnies.
18:44Et l'un des diasporas les plus grands,
18:47c'est justement le diaspora juif.
18:49Vous l'avez dit vous-même dans votre question.
18:58Ce n'est pas la Russie qui a dessiné ces étoiles de David à Paris.
19:05Je vais vous proposer de poser cette question
19:09à la présidente Moldave,
19:11qui était en visite officielle à Paris hier.
19:14Si je me souviens bien, d'où viennent ces étoiles ?
19:17Là encore, ça n'a rien à voir avec la Russie.
19:19Bon, on va venir finalement à cet avion de chasse.
19:24Ce qui concerne l'avion...
19:33Vous êtes sûre que c'est un avion pro-Russie ?
19:39C'est drôle.
19:42Vous êtes des gens sérieux.
19:44On a quand même une conversation sérieuse.
19:46Et alors sur l'avion de chasse ?
19:52Oui, pour revenir à l'avion de chasse.
19:57Déjà, je vais avouer que je ne connais pas
20:00les détails de la situation.
20:02J'aurais du mal à donner un commentaire détaillé.
20:07D'ailleurs, c'était où ?
20:13C'était dans quelle zone ?
20:15Le drone est survolé quoi comme territoire ?
20:22D'accord.
20:25Bon, il ne l'a pas détruit quand même.
20:31Après, pour dire s'il y avait vraiment un risque ou pas,
20:33je ne sais pas.
20:34Est-ce qu'il y avait un risque pour ce drone ?
20:36De quoi parle-t-on ?
20:55Je pense que dans les milieux militaires,
20:57il existe des procédures bien concrètes
20:59pour définir, identifier le niveau du risque.
21:03Alors moi-même, n'étant pas militaire,
21:05je m'arrêterai là.
21:08Plus généralement, et vous vous répondez point par point,
21:10et là encore ceux qui nous regardent se feront un avis,
21:12une idée, si j'ose dire,
21:13comment est-ce que vous qualifiez les relations
21:15entre la France et la Russie aujourd'hui ?
21:17Vous parliez tout à l'heure de ce qu'avait dit Vladimir Poutine
21:19qui a comparé Emmanuel Macron à Napoléon.
21:21C'est-à-dire que Napoléon était exactement un allié
21:23de la Russie impériale.
21:24Pour vous, Emmanuel Macron, c'est quoi ?
21:26C'est un ennemi ?
21:27C'est un adversaire de la Russie aujourd'hui ?
21:35Moi-même, je suis l'ambassadeur qui est accrédité
21:37en France auprès du président Macron.
21:43Donc bien sûr, je vais m'abstenir à donner
21:47des évaluations, des estimations quelconques
21:49à l'égard du président Macron.
21:54Par ailleurs, le président Poutine,
21:59je pense que c'est aujourd'hui l'un des leaders
22:02qui respecte le plus ses partenaires.
22:07En fait, il n'a pas nommé le président Macron en personne,
22:12mais après, bien évidemment, par association,
22:15on peut faire des liens.
22:19Est-ce qu'il y a eu un lien téléphonique
22:20avec Emmanuel Macron ?
22:27Ce n'est pas nous, ce n'est pas la Russie
22:29qui a brisé la communication avec la France.
22:32Ce n'est pas le président Poutine qui a arrêté
22:34de parler au président Macron.
22:36Donc ce n'est pas à nous de donner un coup de fil.
22:38Si le président Macron en a envie,
22:46s'il le considère utile, nécessaire,
22:48d'appeler Poutine, le président russe,
22:53ne refuse jamais ce genre de communication
22:56à ses contacts internationaux.
22:58– Un mot encore, monsieur l'ambassadeur,
23:00puisque vous le dites, vous êtes donc ambassadeur
23:02de Russie en France, sur une opposante
23:04au président de la République, Marine Le Pen,
23:06qui, elle, a considéré qu'Emmanuel Macron
23:08jouait avec les peurs.
23:09Cette même Marine Le Pen avait rencontré
23:11Vladimir Poutine au Kremlin en 2017.
23:14Est-ce qu'il y a une proximité entre votre pays,
23:17la Russie, et le Rassemblement national,
23:19comme le disent certains des opposants à Marine Le Pen ?
23:28– Vous le dites vous-même, elle était au Kremlin quelle année ?
23:32– En 2017.
23:36– Mais aujourd'hui, on est en 2025.
23:39Est-ce que j'ai bien répondu à la question, je pense ?
23:41– Je ne sais pas, puisque ça pose la question
23:43encore aujourd'hui.
23:44Est-ce que, par exemple, dans le cadre
23:46d'une candidature de Marine Le Pen,
23:47est-ce que vous aimeriez…
23:48Est-ce que ce serait une bonne nouvelle
23:49pour les relations entre la France et la Russie,
23:51que Marine Le Pen accède au pouvoir ?
23:59– Là encore, la Russie ne fait pas d'ingérence
24:02dans la politique antérieure nationale de la France.
24:07Mais sinon, nous sommes disposés à maintenir les contacts
24:10avec tous les partis parlementaires de la France.
24:14– Vous parlez d'ingérence, il y a des ingérences russes
24:17qui ont été documentées dans des élections,
24:19dans des processus électoraux en Roumanie.
24:22Récemment également, des enquêtes journalistiques
24:24ont démontré qu'il y avait eu des tentatives d'ingérence
24:26dans le processus électoral allemand.
24:28Est-ce qu'il faut s'attendre à ce qu'il y ait des ingérences russes
24:30dans la prochaine élection présidentielle en 2027 ?
24:40– Oui, ça me fait quand même bizarre d'entendre
24:42ce genre de questions.
24:44Le vice-président américain Vance, je pense,
24:46en a déjà beaucoup parlé.
24:49Il a donné une réponse exhaustive à ce qui se passe en Roumanie.
24:53En fait, c'est un scandale européen.
24:56La personne qui a remporté une victoire au premier tour d'élection,
25:02après, pour des raisons que personne ne connaît,
25:05est privée du droit de participer aux élections.
25:08Et les élections sont annulées.
25:11La Russie n'a rien à voir avec les élections en Roumanie.
25:14– Parce que le droit roumain a démontré, la cour constitutionnelle
25:16a considéré qu'il y avait eu des ingérences contraires
25:18au processus électoral.
25:20– Après, si vous ne croyez pas à la Russie,
25:23vous pouvez peut-être écouter le vice-président Vance,
25:27qui l'a caractérisé, qui a donné son évaluation à Munich,
25:32qui a donné son évaluation à la façon dont l'Union européenne
25:36s'est comportée à l'égard des élections en Roumanie.
25:42– Je pense que c'est le manque de respect.
25:45Votre question, c'est le manque de respect à l'égard des électeurs français.
25:52Comment un autre pays, la Russie, ou un autre pays,
25:59comment peut-il influer sur le choix du peuple français,
26:04le choix souverain ?
26:06– Avec la manipulation de réseaux sociaux, mais là encore ici,
26:10pas de jugement, pas de mépris, des questions.
26:12J'ai encore, monsieur l'ambassadeur, deux questions précises à vous poser.
26:15La première, certains se posent la question
26:18de quelles seront les ambitions de Vladimir Poutine
26:21si d'aventure il obtenait gain de cause en Ukraine.
26:24Les pays baltes, certains ont peur de ce que pourrait faire Vladimir Poutine.
26:28La Roumanie, la Moldavie, est-ce que ces pays sont les prochains
26:33à être envahis par Vladimir Poutine ?
26:35Est-ce qu'ils sont les prochains sur la liste ?
26:39– C'est une ineptie absolue.
26:44La Russie ne menace personne, elle ne l'a jamais fait.
26:47La Russie n'a pas l'intention d'envahir quelque chose.
26:52La crise en Ukraine est avant tout liée au fait que les droits
27:06des populations russophones ont été piétinés.
27:10Ce sont des populations qui ont toujours vécu sur leur sol historique.
27:14Grâce à la Russie, les accords de Minsk ont été conclus
27:17et conformément aux accords de Minsk, le Donbass,
27:21qui fait aujourd'hui partie de la Fédération de Russie,
27:25devait rester comme faisant partie de l'Ukraine.
27:31Donc il n'y aura jamais, sur ces territoires,
27:36et la France et l'Allemagne n'ont pas respecté leurs propres obligations.
27:43– Donc il n'y aura jamais d'invasion de la Moldavie,
27:45de la Transnistrie qui est une région moldave, de la Roumanie,
27:48il n'y aura jamais d'invasion russe dans ces pays ?
27:51– Non.
27:54– Une toute dernière question, Monsieur l'Ambassadeur.
27:58– Nous espérons que la Roumanie ne va pas envahir la Moldavie non plus.
28:04– Je ne crois pas que ça fasse partie des plans
28:06du futur président ou de la future présidente roumaine.
28:08Une dernière question, Monsieur l'Ambassadeur.
28:10– Oui, ça ne fait pas partie de nos plans non plus.
28:13– Et c'est pour ça que j'ai posé la question.
28:15Une toute dernière question, on a entendu le président américain,
28:18Donald Trump, qualifier il y a quelques jours,
28:20même si ensuite il était revenu sur ses mots,
28:23Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, de dictateur sans élection.
28:26Et certains ont répondu, observateurs internationaux,
28:29le vrai dictateur c'est Vladimir Poutine.
28:32C'est un dictateur, Vladimir Poutine ?
28:35– Non, Poutine n'est pas un dictateur.
28:40C'est une personne qui a été élue, réélue par la voie démocratique,
28:45par son peuple, avec un grand nombre d'observateurs étrangers.
28:54Bon, en ce qui concerne les évaluations
28:58que Monsieur Trump a données à Zelensky,
29:03oui, je partage cette caractéristique.
29:06– Donc quand on enferme des opposants politiques,
29:08qui sont parfois assassinés,
29:10qu'il n'y a ni liberté d'expression, ni liberté de la presse,
29:12qu'un dirigeant est au pouvoir depuis 25 ans,
29:15c'est quoi, c'est une démocratie ?
29:18– Ce sont deux choses différentes.
29:24Bon, vous savez, Angela Merkel,
29:28elle a été chancelière de l'Allemagne,
29:33là, je ne vous donnerai pas la date exacte,
29:37mais pendant 17 ans, le président Poutine,
29:40à chaque fois, a été réélu dans le cadre de l'élection.
29:47Avec des opposants politiques
29:50qui étaient le plus souvent disqualifiés des élections,
29:53voire enfermés dans les prisons.
30:01Bon, les opposants politiques ont toujours participé aux élections.
30:06Il y avait toujours des alternatives, vous savez,
30:09il y avait toujours d'autres candidats.
30:13Vous parlez de la liberté de la presse,
30:18mais quelle est la situation des journalistes en France aujourd'hui ?
30:24Russia Today France a été fermée, tout simplement.
30:31Pourquoi ? Quelle est la raison ?
30:34Depuis 2017, nos journalistes ne sont pas admis
30:38aux conférences de presse à l'Elysée, au Quai d'Orsay.
30:42Les journalistes français, par contre, fréquentent le ministère russe.
30:55Mais quelle ingérence.
31:05Non, je pense qu'en fait, c'est un corps,
31:08c'est un corps, c'est du mépris à l'écart du peuple français
31:11de lui dire qu'il y a quelqu'un qui est capable
31:14d'exercer cette ingérence.
31:16Et que le peuple français doit suivre ceux qui en gèrent.
31:22La nation française est quand même une grande nation.
31:25Un citoyen français, avec toute l'histoire de la révolution française et tout,
31:29n'est-il pas capable d'avoir sa propre lecture,
31:33sa propre vision des informations qu'il reçoit.
31:36Il s'agit d'avoir la globalité des informations.
31:40Si vous regardez aujourd'hui la télé russe,
31:46le spectateur russe a accès à toutes les informations
31:49qui sont les vôtres que vous diffusez.
31:51Après, oui, on peut donner des commentaires.
31:54Mais en tout cas, on peut avoir accès à la source.
31:58Tandis que le spectateur français n'a pas cette possibilité.
32:03Il n'a pas le moyen d'écouter le point de vue russe.
32:09Donc voilà, poser la question sur la démocratie,
32:12ce n'est pas si simple que ça.
32:13– Merci monsieur l'ambassadeur.
32:14En tout cas, ces sujets-là ont été abordés avec une liberté.
32:17Et là encore, ceux qui nous regardent ce soir
32:19se font un avis parfois sur les parallèles qui sont faits
32:21entre nos deux pays.
32:22Merci en tout cas d'avoir accepté de répondre aux questions de BFM TV
32:25ce soir et tout le monde veut savoir.
32:26Merci.
32:27– Pour moi, c'était un grand plaisir
32:31de faire partie de votre émission.
32:33Merci.

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