Caroline Darian, fille de Gisèle Pelicot et Dominique Pelicot, est l'invitée de BFMTV-RMC ce jeudi matin.
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00:00Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Caroline Darien.
00:06Bonjour.
00:07Merci d'être dans ce studio ce matin. Vous êtes la fille, la seule fille de Gisèle et Dominique Pellicot, votre père.
00:13Dominique Pellicot a été condamné à 20 ans de réclusion pour viol aggravé sur votre mère,
00:19qu'il a drogué, violé et fait violer par au moins 51 autres personnes, 51 autres hommes, tous reconnus coupables en décembre dernier.
00:28Vous publiez un livre de témoignages, votre récit aussi, de la manière dont vous avez traversé tout cela,
00:34et notamment ce procès, ce procès que la France entière, j'allais même dire le monde entier, a suivi.
00:40Pour que l'on se souvienne, c'est votre livre publié cette semaine.
00:43Caroline Darien, je voudrais d'abord vous demander comment vous allez, vous au fond, vous la fille, vous Caroline Darien.
00:51Écoutez, je vais parce que je me bats, parce que j'ai besoin encore aujourd'hui, après ce procès, d'obtenir des réponses,
01:02parce que je sais qu'il s'est passé des choses durant ces dix dernières années, parce que je sais le parcours criminel de mon père,
01:11parce que j'ai besoin de pouvoir me reconstruire et j'ai besoin d'obtenir des réponses.
01:19Donc je me bats.
01:21Ce qui vous tient, c'est ça ? Vous dites, je vais, ni bien ni mal, je vais.
01:25Oui, je vais, je vais parce qu'en fait, je ne peux pas dire que je vais bien.
01:30Dans le fond, il me manque quelque chose d'important pour pouvoir me reconstruire.
01:36Et j'attendais des réponses dans le cadre de cette cour, j'attendais vraiment des réponses, une forme de vérité qui n'est jamais venue.
01:48Et cette vérité n'est jamais venue parce qu'en fait, on n'a pas confronté Dominique à la réalité des faits.
01:55Quand vous dites Dominique, et on va y revenir, évidemment, vous ne dites plus papa, et c'était d'ailleurs l'objet de votre précédent livre.
02:04Vous ne l'appelez plus papa, vous l'appelez Dominique.
02:08Caroline Darrian, vous parlez immédiatement de ce besoin de vérité que vous élevez.
02:13Ce besoin de vérité, c'est sur vous. Il y a eu le procès autour de votre mère, mais il y a les doutes que vous avez sur vous.
02:20Ces photos dans l'ordinateur de votre père, on vous voit en position fétale, inconsciente, en culotte, une culotte beige qui ne vous appartient pas, une culotte que vous n'avez jamais vue.
02:31Les deux photos, d'ailleurs, sont dans des lieux différents, probablement à des moments différents.
02:37Et la légende de la photo dans l'ordinateur de votre père, c'est la fille de la salope, dans un dotier intitulé « Ma fille à poil ».
02:44Ces photos, pour vous, vous n'avez pas de doute, vous dites « Je sais ».
02:48D'abord, il faut comprendre que ces photos, elles ont été expertisées.
02:54En fait, à la base, le dossier était vide quand ils ont ouvert ce dossier.
02:58Elles sont remontées via une expertise informatique parce qu'elles avaient été effacées.
03:04Et donc ces photos, on suppose qu'il y en a d'autres.
03:07Moi, je les situe entre 2016 et 2019.
03:12Mais ces photos, elles sont éloquentes parce qu'elles montrent une vraie mise en scène qui est exactement peu ou prou la mise en scène dans laquelle on retrouve ma mère sur différentes scènes de viol avec des inconnus.
03:26Et ces photos ont été partagées avec des inconnus et ont été commentées.
03:32Ces conversations n'ont jamais été investiguées par les enquêteurs de police.
03:38C'est bien dommage.
03:40Pourquoi ?
03:41Parce qu'en fait, Dominique n'a pas été poursuivi pour administration et tentative de viol ou viol sur sa fille.
03:50Il a été mis en examen, en ce qui me concerne, pour violation en intimité de ma vie privée.
03:57Mais ce n'était pas le sujet.
03:58Moi, depuis le départ, le 3 novembre 2020, quand on me montre ces photos au commissariat de police, je dis aux enquêteurs, attendez là, ce n'est pas les photos d'un voyeur.
04:07Je suis sédatée.
04:09Il y a un problème.
04:10Quand je vais voir la juge d'instruction, Guénola Journaux, durant les deux ans et demi d'instruction, je lui dis, je la vois deux fois, deux fois en deux ans, je lui dis, il y a un problème.
04:20Faites-le parler.
04:21Il s'est passé quelque chose avant les photos et après les photos.
04:26Et en fait, ils n'ont pas eu assez de temps.
04:29Ils n'ont pas pris le temps nécessaire pour investiguer sur ce dommage, sur la vérité de ce qui s'est produit me concernant.
04:39Donc moi, je suis à part.
04:41Ce dossier, il n'a pas été investigué comme il aurait dû l'être.
04:47Je le dis pour ceux qui nous écoutent ou qui nous voient.
04:51Je vous vois avec quelque chose à la fois de bouleversé et de très déterminé.
04:57C'est frappant de ressentir ça, y compris physiquement dans votre présence dans ce studio, Caroline Darrian.
05:02Vous êtes très déterminé.
05:04Mais il y a ce mot quand vous dites je suis à part, à part de votre mère.
05:08Au fond, c'est ça aussi.
05:10Je suis une victime invisible.
05:12J'ai été une victime invisibilisée dans ce dossier.
05:16Et c'est terrible.
05:18C'est terrible.
05:20La justice me doit quelque chose.
05:22Parce que ce n'est pas Dominique qui va parler.
05:25Dominique, dans le cadre de ce procès, même concernant ma mère, on a essayé de lui faire dire des choses.
05:30On n'a même pas réussi à lui faire dire l'acte inaugural, quand est-ce que ça a démarré avec sa propre femme.
05:36Il n'a même pas dit le nombre de personnes qui sont venues à son domicile pour violer son ex-femme, ma mère.
05:43Vous vous rendez compte, tant que Dominique n'est pas mis au pied du mur, avec des preuves tangibles, il ne parle pas.
05:49Il détourne la vérité.
05:51C'est valable dans le dossier de Gisèle, comme c'est valable dans mon dossier, comme c'est valable dans les call case.
05:56Je veux dire, on est en face d'une personnalité qui est vraiment, vraiment très perverse.
06:02Moi, je sais que sur ces photographies, je ne dors pas.
06:06Je sais que ces moments-là m'ont été volés, je veux obtenir la vérité.
06:10Vous ne dormez pas au sens où ce n'est pas un sommeil naturel.
06:14Mais bien sûr que non, bien sûr que non.
06:17Si vous voulez, quand j'ai découvert ces photos, et même aujourd'hui, moi, vraiment, j'ai vraiment besoin de l'aide de la justice,
06:26pour pouvoir prétendre à aller mieux, comme vous me demandez comment je vais.
06:29Moi, j'irai mieux quand j'aurai une part de vérité.
06:32On est là sur la question, évidemment, de la sédation, sur la question du viol, sur la question de l'inceste.
06:39C'est encore autre chose.
06:42Oui, Dominique a évolué dans une famille incestueuse.
06:47Et je pense qu'il a caché, c'est ce que j'explique dans le livre, vraiment, dans le premier, mais dans le deuxième.
06:55Vraiment, ce livre, pour moi, il est important, parce que quand je dis pour que l'on se souvienne, c'est qu'on se souvienne de tout,
07:00même de ce qui n'a pas été évoqué dans le cadre de son parcours et dans ce dossier.
07:06La famille de Dominique Pellicot était dysfonctionnelle.
07:09Notre famille était sans doute aussi dysfonctionnelle.
07:12Voilà.
07:13Quand vous dites notre famille était dysfonctionnelle, c'est quoi ?
07:15Notre famille, avec mes parents, et nous, nous, nous, on n'a rien vu.
07:19On n'a rien vu de son parcours.
07:20Et pour autant, il a quand même...
07:23Vous n'avez rien vu.
07:24Vous n'avez jamais...
07:25C'est-à-dire, avant ce jour où votre mère vous appelle, vous n'avez jamais rien vu.
07:31Jamais.
07:32Jamais.
07:33Je n'ai jamais vu mon père.
07:34Vous n'avez jamais eu de soupçons ? Vous vous êtes jamais dit un truc louche ?
07:37Je n'ai jamais vu mon père dévisager une femme.
07:40Je n'ai jamais surpris mon père.
07:42Moi, j'ai été jusqu'à mes 25 ans chez mes parents.
07:45Surpris mon père en train de regarder un film porno ?
07:47Jamais.
07:48Soupçonné même ?
07:49Jamais.
07:50Jamais.
07:51Jamais.
07:52Moi, qui suis hyper investie pour la cause des femmes depuis très longtemps,
07:56je parlais de ça avec mon père.
07:59Vous vous rendez compte ?
08:00Vous vous rendez compte quand à 41 ans, je découvre qu'en fait,
08:03c'est sans doute l'un des plus grands prédateurs sexuels des 30 dernières années ?
08:07Des 30 dernières années.
08:09C'est terrible pour moi.
08:11Caroline Darrian, vous avez donc à votre tour porté plainte contre votre père
08:15de fait de viol, de tentative de viol, d'agression sexuelle,
08:18d'administration de substances de nature à altérer le discernement
08:21pour commettre des viols et ou des agressions sexuelles
08:24et pour mise en danger d'autrui.
08:26Vous espérez donc qu'il y ait un procès, comme il y a eu un procès autour de Gisèle Pellicot,
08:31qu'il y ait un procès, au fond, autour de vous, Caroline Darrian.
08:35Vous estimez même que la justice vous le doit.
08:37Je reviens quand même sur cette question parce que vous dites,
08:40et je ne crois pas vous l'avoir entendu dire avant,
08:42que votre famille a sans doute été, elle aussi, défaillante.
08:46Je ne parle pas de l'étage de vos grands-parents.
08:48Je parle de l'étage de votre mère.
08:50Évidemment, vous dites comment je vis avec ça, avec mon père.
08:55Mais au fond, on se rend compte que c'est difficile aussi.
08:57Et ça, c'est, je pense, très incompréhensible pour ceux qui nous écoutent.
09:01Gisèle Pellicot est devenue une icône.
09:04Comment on fait pour vivre avec ça quand on est sa fille ?
09:11Moi, je suis fière de ce que ma mère a fait durant ces quatre mois de procès.
09:15Tous les jours, elle est venue dans cette cour.
09:17Tous les jours.
09:19Elle a fait face à ses agresseurs.
09:23Aujourd'hui, elle a 72 ans.
09:25Je ne connais pas beaucoup de femmes qui auraient été capables de faire ça.
09:29Donc, elle a une solidité, une assise qu'il faut quand même lui reconnaître.
09:35Et moi, je salue ça.
09:38En revanche, dans notre famille, Dominique, il a scindé nos armes.
09:48Il a réussi à faire un truc qui est qu'on n'arrive pas à se reconstruire ensemble avec ma mère.
09:55On ne peut pas s'aider mutuellement.
09:57Moi, je suis dans une quête de vérité à l'égard de Dominique
10:00parce que je sais qu'il a un parcours criminel qui dépasse très largement le simple dossier de ma mère.
10:07Pour ma maman, c'est compliqué d'avoir à regarder ça en face.
10:12Caroline Darrian, vous racontez dans votre livre
10:15que vous êtes arrivé à ce procès, le mieux préparé que vous puissiez,
10:20que vous ayez pu l'être, connaissant par cœur le dossier.
10:24Et que surtout, vous êtes arrivé unis avec vos frères, avec votre belle-sœur, avec votre mère.
10:30Mais vous en êtes repartis presque chacun dans votre coin.
10:35En tout cas, avec votre mère, il y a désormais une forme de silence.
10:40Ma mère a décidé de vivre ce procès seule.
10:45Parce que pour elle, c'était son dossier.
10:48Avec mes frères, c'était notre histoire familiale.
10:52Il faut comprendre que dans cette cour, c'est joué une partie de notre vie de famille.
10:58On était tous constitués partie civile.
11:01Nous, les enfants, et nos enfants respectifs, les petits-enfants de Dominique et Gisèle.
11:06Après, je pense que c'est un dossier qui est tellement compliqué
11:11que j'espère que les gens comprendront.
11:14C'est difficile d'être à ce point exposée.
11:18Ma mère a fait le choix d'ouvrir les portes de ce tribunal.
11:22C'est extrêmement courageux et c'est un symbole fort.
11:26Mais ça n'empêche que nous, derrière, il y a des vraies vies, des vrais gens.
11:31Il y a vos enfants, il y a vos neveux et nièces à qui vous dédiez ce livre.
11:34Absolument. Et en fait, on est tous abîmés quelque part.
11:40Mais Caroline Dariens, sur la question de l'inceste,
11:43puisqu'au fond, on le sent bien, c'est presque, j'allais dire, votre croix.
11:49C'est-à-dire qu'on sent qu'aujourd'hui, vous avez dit, j'ai vécu, j'ai enchaîné les épreuves.
11:54Il y a eu les épreuves de la révélation, il y a eu les épreuves de l'accompagnement de votre mère.
11:58Il y a eu les révélations du procès, il y a eu l'épreuve de ces photos de vous.
12:03Il y a l'épreuve aujourd'hui du doute.
12:06Et il y a l'épreuve, on le sent, de ce qui accompagne souvent l'inceste,
12:11mais on a du mal à imaginer que ça l'accompagne,
12:13y compris dans une affaire comme la vôtre,
12:17qui est celui d'une mère qui au fond dit à sa fille,
12:22je ne te crois pas ou en tout cas, ce n'est pas ton moment.
12:27Oui, en fait, la question de l'inceste dans notre famille,
12:31je pense que c'est quelque chose qui est difficilement audible pour ma maman.
12:38Elle a traversé tellement de choses qu'encore aujourd'hui pour elle,
12:42c'est inaudible et inenvisageable.
12:46Elle savait que vous alliez porter plainte ?
12:49Elle le savait, elle le sait depuis le départ.
12:52Ma version des faits n'a pas changé, n'a pas varié d'un iota depuis cinq ans.
12:56Vous avez attendu votre moment ?
12:58Ce procès, j'ai réalisé, c'est vrai,
13:01j'ai réalisé alors que j'étais moi-même dans ce procès.
13:05Il y a un moment donné où je suis devenue spectatrice de ce procès,
13:09alors que c'était quand même mon père et ma mère.
13:12Mais j'ai compris que ce n'était pas là que ma vérité allait se jouer
13:16et par respect pour ma mère, j'ai attendu de déposer cette plainte,
13:20par respect pour elle, parce que c'était son moment.
13:24N'empêche que, voilà, trois mois après la fin du procès,
13:29j'ai beaucoup réfléchi.
13:31Vous savez, cette plainte, elle fait 30 pages, 30 pages.
13:35Ça demande du temps, ça demande de la réflexion.
13:39Voilà, j'espère vraiment que cette plainte sera prise au sérieux.
13:45Est-ce qu'il n'est pas trop tard ? Je ne sais pas.
13:48Pourquoi trop tard ?
13:50Parce que les investigations qui, j'espère, seront lancées
13:56donneront quelque chose, vous voyez ?
13:58Ce n'est pas prescrit ?
13:59Non, ce n'est pas prescrit.
14:00Mais les investigations, s'il y a une enquête qui est lancée,
14:03est-ce qu'on arrivera à...
14:05Est-ce qu'on vous donnera autant d'attention ?
14:07Vous voulez dire qu'il y a quelque chose comme l'une de l'ordre ?
14:10On a déjà beaucoup fait pour cette affaire.
14:12On a déjà beaucoup fait pour ce dossier.
14:16Moi, je suis persuadée qu'il reste encore énormément de choses
14:18à découvrir dans le parcours criminel de Dominique Pellicot
14:21et à l'égard de sa fille.
14:23Caroline Darrian, quand vous dites le parcours criminel,
14:25il y a aussi la question des cold cases, comme vous le disiez,
14:27effectivement, de morts qui, jusqu'à présent, n'avaient pas été expliquées
14:32et dans lesquelles votre père est poursuivi aujourd'hui.
14:36Caroline Darrian, votre père, il nie.
14:39Mais oui, mais il nie tout.
14:43Donc...
14:47En fait, son ADN a été retrouvé dans une tentative de viol
14:51et je peux vous assurer que dans cette tentative de viol de Marion,
14:55qui remonte à 1999, à l'époque, moi, j'avais 20 ans.
14:5820 ans.
15:00Elle avait le même âge que moi.
15:02Pendant...
15:044 heures et demie,
15:06elle a vécu l'enfer.
15:08Elle s'est vue mourir, cette jeune fille.
15:11Mourir.
15:13Si elle ne s'enferme pas dans ce placard,
15:15elle meurt.
15:17Elle meurt.
15:19Moi, je connais la violence de cette scène
15:21qui remonte à plus de 20 ans.
15:23Ça dit énormément de choses
15:25du parcours criminel de Dominique Pellicot
15:28et de la sérialité de ses crimes.
15:31Vraiment, j'insiste.
15:35Aujourd'hui, Caroline Darrian,
15:37ce moment-là que vous avez vécu,
15:40avec le recul,
15:42vous dites, dans le procès,
15:44quand soudain vous finissez par quasiment hurler
15:46votre douleur,
15:48votre détresse,
15:50et que vous dites à votre père
15:52« tu mens »,
15:54vous dites « je regrette parce que finalement
15:56j'ai pas pu obtenir
15:58ce que j'aurais voulu »
16:00parce que ça l'a braqué en quelque sorte
16:02ou il n'a pas, dans ce contexte-là,
16:04fait ses aveux.
16:06Mais vous aviez besoin.
16:08Comment on peut regretter
16:10une sorte de cri du cœur
16:12qui est sorti
16:14sans que vous l'ayez prévu ?
16:16J'ai regretté dans cette cour
16:18le peu de temps qu'on a essayé d'accorder
16:20à la personnalité de Dominique.
16:22J'ai vraiment regretté ça.
16:24Ils étaient 51.
16:26On n'a pas passé assez de temps
16:28pour faire parler Dominique Pellicot.
16:30Moi, ça m'a révoltée.
16:34Donc oui, j'ai eu du mal à garder mon calme
16:36parce que je voyais bien qu'en face de moi
16:38j'avais quelqu'un qui ment,
16:40qui mentait,
16:42quelqu'un qui cherche
16:44à contourner
16:46les choses.
16:48Mais comme dans tout ce qu'il a fait,
16:50dans tous les interrogatoires,
16:52à chaque fois, quand j'ai lu les dépositions
16:54de Dominique,
16:56il contourne la vérité,
16:58il ment systématiquement,
17:00tout le temps.
17:02Et c'est vrai que j'ai eu du mal à garder mon calme
17:04et je me suis dit
17:06mince, est-ce que si j'avais fait preuve
17:08de plus de stratégies comme lui...
17:10Si vous aviez utilisé presque
17:12une forme de perversité, ou en tout cas de ruse.
17:14Exactement.
17:16Parce qu'avec ce genre de personnalité,
17:18j'ai tendance à penser
17:20qu'effectivement, il faut adopter
17:22la même posture.
17:24Vous espérez donc qu'il y aura un procès
17:26et qu'il y aura des investigations plus poussées
17:28à partir de la plainte que vous avez dépossée
17:30et des deux photos
17:32de vous.
17:34Il y aura de toute façon déjà un autre procès,
17:36puisqu'une partie des prévenus
17:38ont fait appel.
17:40Le nouveau procès aura lieu
17:42en octobre prochain.
17:44Est-ce que vous y irez ?
17:46Non. Vous voyez, c'est toute la différence
17:48entre le premier procès et ce procès en appel.
17:50Le premier procès, c'était vraiment
17:52le procès de notre famille.
17:54On était tous constitués partie civile
17:56et on avait notre place,
17:58notre légitimité.
18:00Le procès d'appel, Dominique ne fait pas appel.
18:02Aujourd'hui, ils sont plus que 10 à faire appel,
18:04mais ça pour le coup, c'est vraiment le procès de ma mère.
18:06Je n'ai aucune légitimité à y être
18:08et je pense que mes frères non plus.
18:10C'est toute la différence.
18:12Elle ne veut pas votre soutien ?
18:14Je pense qu'elle n'en éprouve pas le besoin.
18:16Elle vous l'a pas demandé ?
18:18Non. Vous vous parlez ?
18:20Très peu.
18:22Avec ses petits-enfants ?
18:24Elle essaye de maintenir une forme de lien.
18:26Une forme de lien ?
18:28Très peu.
18:30Elle essaye de...
18:32Vous essayez ? Elle répond pas ?
18:34Ou ça s'étarit ?
18:36Je pense qu'elle a du mal à...
18:38Oui, je pense qu'il s'est passé
18:40trop de choses.
18:42On essaye de se reconstruire
18:44elle et moi différemment.
18:46Vos frères sont là ?
18:48Mes frères sont là
18:50et j'ai cette chance
18:52d'avoir ma fratrie à mes côtés.
18:54Vous diriez que vous êtes
18:56encore quelque part quand même une famille ?
18:58Oui.
19:00Oui, il reste quelque chose
19:02de précieux.
19:04Et vous êtes debout parce qu'effectivement,
19:06comme vous le dites, vous attendez ces vérités.
19:08Je suis très frappée par votre détermination
19:10Caroline Darian.
19:12Merci d'être venue témoigner pour nous ce matin.
19:14Je rappelle effectivement que vous portez
19:16plainte à votre tour contre votre père
19:18pour ses faits de viol et de tentatives de viol
19:20et aussi d'administration de substances de nature
19:22à altérer le discernement.
19:24C'est un combat aussi que vous menez parallèlement
19:26avec les associations que vous avez montées.
19:28Caroline Darian, pour que l'on se souvienne,
19:30c'est le livre que vous publiez
19:32et c'est chez Jean-Claude Lattès.
19:34Merci infiniment d'avoir pris le temps
19:36de témoigner ce matin.