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00:00Il est 20h45 sur Europe 1, Europe 1 Soir, week-end, 19h21, à toujours avec Nathan Devers et Georges Fenech.
00:09À l'instant, je découvre l'interview d'Edouard Philippe, candidat à la présidentielle, je vous le rappelle, Edouard Philippe, candidat à la présidentielle, dans les colonnes du Figaro.
00:18Que dit Edouard Philippe ? Puisque nous étions en train de parler justement de notre situation à l'international.
00:24La question lui a été posée, faut-il revenir à un service militaire ? Oui, nous devons augmenter le volume de nos forces.
00:29Je milite pour la création d'un service militaire volontaire, donc pas imposé, volontaire, qui permettrait de former chaque année au moins 50 000 hommes et femmes.
00:36Ces réservistes seraient susceptibles d'être appelés régulièrement pendant 5 ans après leur formation, en contrepartie d'une contribution de l'Etat au financement de leurs études ou de leurs projets professionnels.
00:46Qu'en pensez-vous messieurs ? La parole est à Nathan Devers.
00:49Oui, puisqu'il est mobilisable lui.
00:51Oui, c'est vrai ça, Nathan Devers, c'est sur la base du volontariat, cher Georges Fenech.
00:55Il sera volontaire, bien sûr.
00:56Je ne suis pas sûre. Vous seriez volontaire ? C'est une bonne question Nathan Devers.
01:00Je serais déjà contre le service militaire obligatoire.
01:02Ah bon d'accord, il n'y a aucune chance pour Georges Fenech qu'il soit invité.
01:04Je serais contre et j'étais favorable.
01:06Non mais s'il s'est volontaire, est-ce que vous y allez Nathan Devers ?
01:08Alors ça dépend du contexte, si c'est un contexte...
01:10Non mais je vous réponds, si on est en 40 et qu'il faut se battre pour un contexte où la France est attaquée, c'est une chose.
01:16Dans un contexte de paix, et c'est pour ça que je suis contre le service militaire obligatoire,
01:20c'est que je pense qu'on n'est pas obligé, dans l'épanouissement d'un individu, d'en passer par des expériences de type militaire.
01:27Et que d'ailleurs, la réalité de la guerre aujourd'hui, c'est qu'on est de plus en plus dans des armées de métiers,
01:32qui sont des armées de pointe, et qui demandent des gens qui sont beaucoup moins nombreux, mais qui ont des compétences très précises.
01:38Mais servir sa patrie, ce n'est pas un épanouissement en soi ?
01:40Je crois qu'on ne sert pas forcément sa patrie en faisant des pompes dans une caserne, dans les années 80, le service militaire.
01:50Il y a d'autres manières de le faire.
01:52Mais je crois qu'on sert sa patrie en faisant de la littérature, on sert sa patrie en faisant mille choses, pas forcément du militaire.
01:58En revanche, un service militaire volontaire me paraît être une bonne idée, et je donnerai un exemple, c'est qu'au moment des attentats de 2015,
02:05il y a eu la mission Sentinelle, et il y a eu énormément de jeunes qui se sont investis volontairement pour la protection de la patrie, de la France, à ce moment-là.
02:15Et donc je pense que l'idée d'Edouard Philippe, c'est une idée qui est mesurée, c'est pas le rétablissement qui n'aurait aucun sens,
02:20et c'est en même temps la conscience que l'armée doit se réinvestir pour les prochaines années.
02:26Moi je crois qu'on a commis une erreur grave d'avoir supprimé le service militaire obligatoire.
02:31Mais pourquoi on l'a supprimé ? Est-ce que vous pouvez nous rappeler, Georges Fenech, à l'époque ?
02:34On l'a supprimé à l'époque avec Jacques Chirac et Charles Millon, que je citais à l'restaurant, parce que l'évolution...
02:39D'abord on ne pensait pas qu'il pourrait y avoir de nouvelles guerres conventionnelles.
02:42À quoi ça sert, toutes ces armées de conscrits, etc., chaque année, alors qu'aujourd'hui, la dotation nucléaire nous permet d'être tranquilles,
02:51et on n'a pas eu de guerre d'ailleurs depuis la seconde guerre mondiale, sur le territoire national.
02:55Et puis c'est vrai que c'était l'époque où on faisait des armées de métier très sophistiquées.
03:01Mais vous voyez, ne serait-ce que déjà pour recréer le creuset républicain dans ce pays.
03:07Souvent, d'ailleurs quand vous voyez les sondages, il y a 61% des Français qui sont pour le rétablissement du service militaire.
03:12D'autres pays en Europe l'ont fait, mais de manière obligatoire.
03:16C'est-à-dire donner un temps de sa jeunesse, de sa formation, de son...
03:23L'amour, oui, il faut le dire, l'amour de sa patrie, c'est-à-dire le service du pays, ça ne peut être que bénéfique dans l'épanouissement d'un individu.
03:32Bien sûr qu'il y a d'autres manières de servir aussi son pays.
03:35Mais celle-ci, elle avait au moins le mérite de mettre toutes les classes sociales au même endroit, d'apprendre à vivre ensemble.
03:42Non, c'est pas mal ça, Nathan Devers.
03:45Peut-être pas un an, mais quelques mois.
03:47Je pense qu'on pourrait régler d'autres problèmes que celui purement militaire.
03:50On pourrait recréer un creuset pour la nation qui fait tant d'efforts dans certains quartiers, vous voyez ce que je veux dire.
03:56Nathan Devers.
03:58Moi je suis assez réticent face à cette idée, parce que je crois que le service militaire, que j'ai évidemment pas fait, puisque je suis arrivé après,
04:07mais qu'il y a aussi cette idée de venir imposer à un individu l'esprit d'une seule institution.
04:14Alors quand c'est une partie de la société qui est militaire, c'est bien, mais quand toute la société est passée par l'esprit militaire, je pense que c'est une perte.
04:21Je pense que c'est un appauvrissement global.
04:24Vous avez vu dans mes pensées, j'allais dire qu'en Israël, il y a tout un débat, très profond, dans la société israélienne.
04:30C'est trois ans pour les femmes.
04:33Les religieux ultra-orthodoxes, il y a une partie d'entre eux, importante, qui estiment qu'ils ne veulent pas faire l'armée.
04:39Et ils disent parce que nous, on ne veut pas être conditionné par l'esprit militaire, et on estime qu'on sert notre pays en étudiant la Bible.
04:44Et bien, même si une grande majorité de la population israélienne leur donne tort, pour ma part, je pense qu'ils le voient juste sur ce point.
04:50Ça veut dire qu'il n'y a pas que l'esprit militaire dans une société, et qu'on peut aussi s'épanouir en passant par d'autres choses.
04:55Évidemment que quand on fréquente une institution pendant un an ou deux, il en reste quelque chose, l'institution vient nous imprégner.
05:01Et je ne suis pas sûr que 100% des français doivent être imprégnés par la même institution.
05:06C'est ça ce que je dis. Il n'y a rien de méprisant contre l'armée.
05:09C'est intéressant ce que dit Nathan Devers, d'accord.
05:11Penser que c'est une forme de bourrage de crâne qui n'est pas nécessaire pour l'ensemble des français.
05:15Pour ceux qui ne sont pas faits pour ça, je pense que ça les permet.
05:17On avait un statut qui était dérogatoire, qui était la clause de conscience.
05:21Ceux qui ne veulent absolument pas porter d'armes, ils servaient autrement, dans les eaux et forêts.
05:27C'était une autre forme de servir son pays, c'était la clause de conscience.
05:32On pouvait faire jouer sa clause de conscience.
05:34Mais c'était très mal vu j'imagine, non ?
05:36C'était mal vu, mais c'était un droit, la clause de conscience.
05:40Alors il y avait ceux qui allaient jusqu'au bout, qui ne voulaient même pas porter les sceaux en quelque sorte.
05:45C'est-à-dire ne pas faire de quelque manière que ce soit, une aide à l'armée.
05:49Ceux-là, c'était des déserteurs et ils étaient condamnés.
05:53Moi je me souviens, j'étais président d'un tribunal militaire aussi.
05:57Et je voyais ces jeunes témoins de Géova, notamment, qui refusaient toute forme.
06:03Et qu'on envoyait malheureusement un an en prison.
06:07Ils se tenaient très bien, d'ailleurs ils faisaient le nettoyage, tout ça.
06:09On leur avait appris depuis leur temps d'enfance qu'ils allaient passer par là.
06:13J'ai trouvé ça, c'était terrible, pour moi c'était terrible de condamner ces jeunes.
06:17Donc je pense qu'il faut rétablir le service militaire.
06:20C'est le moment aujourd'hui, compte tenu du délitement social de notre société, de ses fractures,
06:25que nous avons tous ces jeunes qui cassent, etc.
06:28Le service militaire c'est déjà l'école de la vie, où on apprend à respecter l'autre.
06:34Après, effectivement, ça serait une force de réserve, comme a dit Edouard Philippe.
06:3750 000 jeunes, c'est pas mal.
06:39Et ils auraient une contrepartie, vous avez vu, ils seraient aidés dans leurs études,
06:43ou dans leur apprentissage professionnel.
06:45Donc c'est gagnant-gagnant en réalité.
06:47Pourquoi pas, pourquoi pas, effectivement, Nathan Devers, pourquoi pas.
06:50En tout cas, est-ce que ça permettrait pas peut-être d'apprendre à mieux se connaître
06:53si tout le monde est obligé finalement d'en passer par là ?
06:56Moi ce que j'aime dans l'idée d'Edouard Philippe, c'est qu'il n'y a pas d'obligation.
06:59C'est que c'est volontaire.
07:00Avec une récompense, entre guillemets, des aides dans les études.
07:03Là, ça garantit aussi plus de justice sociale.
07:05Cette idée, moi vraiment, je n'ai absolument rien contre.
07:08L'obligation, je maintiens que j'y vois un problème.
07:11Je crois que l'armée est une institution centrale,
07:15qui participe de la grandeur de la France.
07:17Vous méfiez de l'armée, Nathan Devers, vous n'aimez pas trop l'armée.
07:20Je me méfie des situations où le collectif vient s'imposer à un individu,
07:24en supprimant en lui toute forme de singularité.
07:26Choisir l'armée, l'armée de métiers, comme disait le général de Gaulle.
07:29Choisir une armée de métiers, c'est différent,
07:31parce qu'un individu décide de lui-même d'aller dans l'armée.
07:34Il estime que c'est sa vocation.
07:36Il estime qu'il y trouvera le sens de son existence.
07:38Donc ça, je ne remets absolument pas ça en cause.
07:41En revanche, quand on impose l'expérience militaire à quelqu'un,
07:44je pense qu'il y a un appauvrissement personnel, intellectuel, spirituel.
07:47C'est très intéressant ce que dit Nathan Devers.
07:49On est d'accord, on n'est pas d'accord, mais c'est très intéressant.
07:51C'est respectable.
07:52C'est ce que vous dites aussi, ce que tout le monde dit.
07:54Je n'y avais pas pensé, pour être tout à fait honnête, Nathan Devers.
07:56Je n'y avais pas pensé.
07:57J'étais un peu sur la ligne de Georges en me disant
07:59que ça permettrait au contraire de recréer une cohésion et l'amour de la nation.
08:03L'amour commun de la nation.
08:05On entend très bien ce que vous dites, c'est très intéressant.
08:07Merci beaucoup, Georges Fenech, Nathan Devers.
08:10Ah oui, c'est fini déjà ?
08:11Oui, ça passe tellement vite.
08:13C'était un plaisir comme d'habitude avec vous, Pascal.
08:15Bien sûr, mes plaisirs partagés, 19h, 21h, tous les week-ends.
08:18Ça passe à une allure, évidemment.

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